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ISSN 2253-0061 Dépôt légal 188-2012 SOMMAIRE Actualité Juin 2014 N° 31 Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé Edité par Media Pub Santé Adresse: Coopérative El Mehdia, Bt N°2, les Vergers, Bir Mourad Raïs, Alger. Tél./Fax: +213 (0) 21 44 91 11 Mob.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23 Site web: www.santemag-dz.com Email: [email protected] Directeur de la publication: ACHOURI Abdelkader Directeur de la rédaction: ACHOURI Mohamed Email: [email protected] Coordinatrice de la rédaction: ACHOURI Amina Directrice technique: ABDELATIF Rabea Comité de rédaction: AIT Tanina MAYA Harcha ZAHAF Loubna NAHLIL Djaouida SOLTANE Hania BADREDINE Sawsen RAMZY Chahra HAMDI Rania Secrétaire de la rédaction: FORTAS Fifi 2 3 4 4 5 5 6 7 7 8 9 l’Algérie, l’un des pays africains ayant enregistré le plus d’avancées... La nouvelle loi sur la santé soumise au Parlement avant fin 2014 De nouvelles mesures, pour la sécurisation des établissements hospitaliers, seront prises Don de sang: Et si ce 14 juin vous sauviez des vies? Anticancéreux falsifiés: deux nouveaux produits concernés Le centre anti-cancer de Batna effectuera sa première radiothérapie... Un programme national, 2015 -2019, de lutte anti-cancer La formation continue des médecins: une priorité absolue "Aucune intention" de rattacher la CNAS au secteur de la Santé Des psychologues appellent à la réhabilitation de l’enseignement de la psychanalyse... 120 médecins accompagnent les pèlerins aux Lieux Saints de l'Islam 10 Formulaire d’abonnement à Santé Mag Évènement 11 12 13 14 16 20 22 26 1.200 participants aux Assises nationales de la santé, au Palais des nations Proposition de rehausser le ministère de la Santé en ministère de souveraineté Assises de la santé: les problèmes des régions du Sud et des Hauts-plateaux soulevés Sellal réaffirme l’engagement de l’Etat en faveur du développement du secteur de la santé Dr Mahmoud Boudarene: il faut évaluer, avec lucidité, le coût de la santé... Pr. Farid Chaoui: Le système de santé algérien navigue à vue... PASS: Clôture de la session de formation pédagogique des ressources humaines... Dr Mohamed Bekkat-Berkani: ...une sérieuse volonté, pour pousser les lignes 27 28 30 31 32 32 Recherches médicales L’envol de l’immunothérapie Pr Mohamed Bradai: Le diagnostic prénuptial de la drépanocytose... Découverte d'une nouvelle molécule capable de tuer les cellules cancéreuses Pr Kamel Senhadji: De nouvelles molécules, contre la maladie du Sida, testées... Les vapoteurs sont-ils des fumeurs ? Avant ou après le petit déjeuner, la première cigarette de la journée .... 36 38 39 40 41 Dossier Pr Ismail Benkaidali: La Commission Européenne a réévalué et confirmé l’AMM de Diane35 Dermatologie: environ 70 % des adolescents, en Algérie, souffrent d’acné Diane35®, le retour triomphal Sages-femmes: Formation médicale continue Les pays pauvres en mal de sages-femmes 42 44 47 48 Bien être Dr Tahar Naïli: je recommande un réajustement du comportement alimentaire... Ramonez vos artères naturellement Stop à la cigarette: une vraie économie Le soleil, au rayon santé Conception: BRIKH Kamel Correction: GHARNAOUT Amar Comité scientifique: Pr Mohamed Bradai Pr Farid Chaoui Pr Kamel Senhadji Pr Ismail Benkaidali Dr Mohamed Bekkat-Berkani EDITORIAL Nous voici arrivés au terme de deux années de labeur, à l'issue desquelles nous avons tenté de tenir deux paris importants: 1. inscrire, dans le champ de la communication, un magazine à caractère médical, destiné à un public averti et susceptible, par ailleurs, d’intéresser une communauté scientifique exigeante, prête à l’écoute des découvertes dans son domaine, qui est celui des pratiques médicales, ou dans les avancées pharmaceutiques. 2. couvrir l’actualité, au mieux, grâce à une équipe de journalistes spécialisés, à travers ses différentes manifestations, en Algérie et dans le monde et être à jour des dernières découvertes, en matière de techniques de transplantation, de pratiques opératoires et de traitements. Au vu de l’audience, atteinte par Santé Mag, nous ne pouvons qu’être satisfaits du travail accompli durant ces deux années de labeur. Nous nous assignons, dès lors, pour cette troisième année qui se dessine, l’objectif de toucher un lectorat aussi nombreux et large que possible, grâce à une formule d’abonnement annuel (que vous retrouvez à partir du n° 23 de notre magazine) et qui se promet de le faire parvenir, mensuellement, à tous nos abonnés, quel que soit le lieu où ils se trouvent; et ce, grâce à un système de distribution, qui est mis en œuvre à partir du mois de janvier 2014. Nous demeurerons fidèles à notre ligne éditoriale, qui consiste à suivre les grands événements scientifiques et à être au fait des découvertes du monde médical. Nous restons, ainsi, au contact des avancées médicales et pharmaceutiques, nécessaires pour mieux soigner et mieux guérir. Et dans tout cela, un seul baromètre: celui de nos lecteurs qui saura nous encourager, nous en sommes convaincus – c’est un gage de pérennité - à aller de l’avant, en s’inscrivant dans notre démarche de formule d’abonnement et nous permettre, par la même, de les satisfaire toujours plus et toujours mieux. La rédaction ACTUALITÉ Santé l’Algérie, l’un des pays africains ayant enregistré le plus d’avancées, pour la réalisation des OMD (OMS) Le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, Louis Sambo, a relevé, à Alger, que l’Algérie figure parmi les africains qui ont réalisé le "plus d’avancées", en matière de santé, dans le cadre de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). D ans une déclaration à l'APS, en marge des travaux des Assises nationales de la santé, M. Sambo, a fait observer que "même si des progrès ont été enregistrés, par certains pays africains, dans le domaine de la santé, à l’instar de l’Algérie, cela n’est pas suffisant, pour atteindre tous les objectifs, d’ici 2015, pour l’ensemble du continent". "Maintenant, il faut être réaliste, en procédant à l’évaluation et la relance des services de santé, dans les pays africains, en vue d’atteindre tous les citoyens et leur fournir des soins Dr. Louis Sambo 4 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 de qualité et selon les priorités de santé publique", a-t-il ajouté. Il a salué, à cette occasion, l’engagement du gouvernement algérien, à travers, notamment, l’organisation des Assises nationales de la santé, destinées à développer le secteur et d’assurer l’accès aux soins à tous les citoyens. La garantie de l’accès à la santé est l’une des missions majeures de l’Etat et relève de ses engagements qu’il n’aura de cesse d’honorer, a indiqué, auparavant, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, réaffirmant sa détermination pour le développement de ce secteur, à tous les niveaux. Dans son allocution d’ouverture des assises, M. Sellal a souligné que "la garantie de la santé publique est la première voie vers la justice sociale", réaffirmant l’engagement de l’Etat de poursuivre ses efforts, pour le "développement de ce secteur vital". Il a, notamment, indiqué que les recommandations, qui découleront de ces assises, "constitueront la base sur laquelle s’appuiera le gouvernement, dans l’élaboration d’une nouvelle loi, qui définira les grandes lignes du système national de santé, pour les années à venir et encadrera ses activités et ses modes de gestion afin, a-t-il dit, d’assurer aux citoyens une couverture sanitaire et des services publics au niveau des standards internationaux, en la matière" ACTUALITÉ Les Objectifs du Millénaire pour le Développement PRINCIPE FONDATEUR DES OMD L'être humain doit être mis au centre de tous les programmes, pour aider, dans le monde entier, des hommes, des femmes et des enfants à vivre mieux. Kofi Annan, Rapport du Millénaire, avril 2000 La nouvelle loi sur la santé soumise au Parlement avant fin 2014 La nouvelle loi sur la santé sera soumise au Parlement avant la fin 2014, a annoncé le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. HUIT OMD L PETITE HISTOIRE DES OMD: 2000: Sommet du Millénaire, plus grand rassemblement de chefs d'État de tous les temps: adoption de la Déclaration du Millénaire, qui définit les OMD. 2008: Bilan demi-parcours: progrès inégaux, certains OMD sont privilégiés par rapport à d'autres, et des disparités régionales persistent. 2011: Nouveau bilan: grands progrès quant à l'extrême pauvreté, la réduction de la mortalité infantile et l'accès au traitement pour les personnes vivant avec le VIH; mais des défis majeurs à relever, comme la faim et la précarité de l'emploi. 2015: Date butoir: les OMD devront tous être atteints, d'ici là. e ministre de la Santé, qui pré- les régions du pays. A cette occasion, sidait la clôture des travaux des M. Boudiaf a donné des instructions, Assises nationales sur la santé, a fermes, aux directeurs de la santé, pour annoncé l'installation, prochaine, une bonne prise en charge des citoyens; de deux commissions: la première veil- notamment, durant le ramadhan. Il a, lera au suivi de l'application des recom- d'autre part, appelé au renforcement de mandations des assises et la deuxième l'hygiène et à l'intensification des camà l'élaboration de la nouvelle loi sur la pagnes de sensibilisation; outre, la lutte santé, à la lumière de ces recommanda- contre les décharges sauvages proches tions. Le ministre a souligné qu'il pré- des agglomérations. senterait, pour examen, une copie de la Lors d'une conférence de presse animée première mouture du projet de loi sur la au terme de la rencontre, M. Boudiaf santé à tous les partenaires du secteur, a insisté sur l'importance des Assises avant la fin de l'été. nationales sur la santé, qu'il a qualifiées M. Boudiaf avait assisté à une ren- de plate-forme, pour la nouvelle loi sur la santé. Les quescontre avec les directions des journalistes teurs de wilaya de la ont, essentiellement, santé, pour écouter porté sur les activités leurs préoccupations complémentaires et le et évaluer le suivi des réformes engaservice civil. Ces deux questions seront défigées, au cours de nitivement tranchées, laquelle les intervedès que les acteurs du nants avaient relevé secteur parviendront à la disponibilité des un consensus, a affirmé médicaments et des Dr. Abdelmalek Boudiaf le ministre vaccins dans toutes N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 5 ACTUALITÉ De nouvelles mesures, pour la sécurisation des établissements hospitaliers, seront prises Don de sang Et si ce 14 juin vous sauviez des vies? C De nouvelles mesures de sécurisation des établissements hospitaliers seront prises par le ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, conformément aux instructions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a indiqué, à Alger, le ministre du secteur, Abdelmalek Boudiaf. "Nous avons reçu des instructions du Président de la république, pour sécuriser les établissements publics de santé", a souligné M. Boudiaf, en marge de la séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN), consacrée aux questions orales, ajoutant que des mesures "vont être prises". Il a expliqué que ces mesures s'inscrivent dans le cadre de l'amélioration de la qualité de service de santé en direction du citoyen, sans, pour autant, donner plus de précisions quant à la nature de ces mesures. Le président de la République insiste, a-t-il précisé, sur le fait de hisser le niveau de la 6 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 qualité de service, dans le secteur de la santé, dans toutes les structures et à tous les niveaux." Il faut savoir qu'il y a, quotidiennement, de nouvelles mesures dans le secteur, car nous recherchons les meilleurs moyens, pour garantir un service à la hauteur des aspirations des citoyens, y compris dans ce qui a trait à la sécurité", a relevé Abdelmalek Boudiaf. Le ministre de la Santé, qui répondait à une question des journalistes, sur l'affaire de l'enlèvement du nourrisson à Constantine, a estimé qu'il est "inadmissible" qu'un nouveau-né soit enlevé d'un établissement hospitalier. "Cela ne se reproduira plus", a-t-il martelé. Un nouveau-né, rappelle-t-on, a été kidnappé, le 27 mai dernier, du service de maternité de la structure hospitalière de Constantine. Le petit Leith Kaou a été retrouvé, quelques jours après, dans la région de Tamalous, dans la wilaya de Skikda, au grand soulagement de sa famille haque année, le 14 juin marque la Journée mondiale du donneur de sang. Pour l’édition 2014, le thème retenu «Un sang sécurisé pour sauver des mères», met l’accent sur un accès rapide à des produits sanguins sécurisés. Une démarche essentielle, dans la prévention des décès maternels. Chaque année, le 14 juin, les pays du monde entier célèbrent la Journée mondiale du donneur de sang. Pourquoi cette date ? C’est, en fait, l’année de naissance de Karl Landsteiner, médecin et biologiste autrichien, à l’origine de la découverte du système ABO des groupes sanguins. «La manifestation a pour but de sensibiliser au besoin de sang et de produits sanguins sécurisés», explique l’OMS. Elle vise, surtout, à «remercier les donneurs de sang volontaires, non rémunérés, de leur don, qui contribue à sauver des vies». «UN SANG SÉCURISÉ, POUR SAUVER DES MÈRES» Chaque jour, près de 800 femmes meurent de complications de la grossesse, ou de l’accouchement. La quasi-totalité de ces décès survient dans des pays en développement (la moitié, en Afrique subsaharienne et presque un tiers, en Asie du sud). «Une hémorragie grave, au cours de l’accouchement (et après), est une cause majeure de mortalité, de morbidité et d’incapacité, à long terme», continue l’OMS. Pour cette campagne, l’agence onusienne demande aux ministères de la santé et aux services nationaux de transfusion sanguine «d’améliorer l’accès au sang et aux produits sanguins sécurisés, provenant de donneurs volontaires, pour les parturientes» ACTUALITÉ Anticancéreux falsifiés deux nouveaux produits concernés L a liste des médicaments anticancéreux volés, récemment, dans un hôpital italien s’allonge. L’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) annonce que deux nouveaux produits (Avastin et Mab Thera) sont concernés. De ce côté des Alpes, «aucune falsification n’a été mise en évidence, dans les services où sont administrés ces traitements aux patients» rassure, toutefois, l’Agence. Rappel des faits. L’ANSM a été informée, le 11 avril 2014, de la présence d’un médicament anticancéreux (Herceptin 150 mg) falsifié en Allemagne, au Royaume-Uni et en Finlande, suite à un vol de médicaments, dans un hôpital italien. Deux autres médicaments, concernés par ce méfait, ont ensuite été identifiés (Remicade et Alimta). Ce 4 juin, l’Agence a annoncé que deux nouveaux produits (Avastin et Mab Thera) étaient, aussi, concernés par ce vol. L’ANSM tient, toutefois, à préciser que «la présence d’un de ces cinq médicaments falsifiés sur le territoire français, dans le circuit légal, reste hautement improbable». Pour autant, elle demande «à tous les professionnels de santé, qui pourraient être confrontés à des produits suspects (notamment, sous la forme d’un conditionnement en langue italienne) de l’en informer immédiatement, via l’adresse e-mail: [email protected] Le centre anti-cancer de Batna effectuera sa première radiothérapie dans moins d’un mois L e centre anti-cancer (CAC) de Batna effectuera sa première radiothérapie "dans moins un mois", a déclaré le ministre de la Santé, de la population et la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. Le ministre, qui a effectué, symboliquement, la mise en service du premier des trois accélérateurs de cette structure, a souligné que cet acquis s’ajoute aux équipements du CAC de Sétif, qui se trouve au même niveau d’avancement que celui de Batna, en attendant ceux d’Annaba et de Tizi-Ouzou, qui seront opérationnels "avant la fin de l’année en cours". M. Boudiaf a fait part, dans ce contexte, de "l’opportunité", pour les physiciens médicaux du CAC de Batna, d’effectuer une formation au centre d’Oran, déjà opérationnel et dont les équipe- ments sont identiques à ceux de Batna. S’agissant des anciens équipements de traitement du cancer des hôpitaux d’Alger, de Constantine et d’Oran, le ministre a indiqué qu’au titre d’un accord avec le fournisseur des nouveaux accélérateurs, ces derniers seront démontés et remplacés par des accélérateurs neufs. Par ailleurs, rappelant l’organisation, à partir du 22 juin, à Oran, Mostaganem, Alger, Skikda et Annaba, d’une première université d'été de la santé, à l'intention des gestionnaires des établissements de santé, afin de contribuer à régler les problèmes de gestion, actuellement posés, M. Boudiaf a annoncé que la wilaya de Batna a bénéficié d’en centre, de référence, de prise en charge des malades du SIDA N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 7 ACTUALITÉ Un programme national, 2015 -2019, de lutte anti-cancer Un programme national, 2015-2019, de lutte anti-cancer sera prochainement élaboré, a annoncé, à Alger, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. L e ministre, qui répondait à une question d'une députée de l'Assemblée populaire nationale (APN), du Front de la justice et du développement, Meriem Derradji, sur les insuffisances enregistrées à l'hôpital Adbelhamid-Ibn-Badis, dans la wilaya de Constantine, a précisé que son département "compte élaborer un programme national, 2015-2019, de lutte anti-cancer, pour renforcer la prévention contre cette maladie". Ce programme vise à "renforcer la prévention contre cette maladie, à travers un diagnostic précoce et à assurer les moyens nécessaires au traitement; notamment, la radiothérapie", selon le ministre. M. Boudiaf a, dans ce sens, cité les moyens médicaux, dont dispose le CHU de Constantine, qui accueille des malades issus de 17 wilayate du pays, ajoutant que "cet hôpital dispose 8 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 d'équipements médicaux de traitement du cancer, dont deux appareils de scintigraphie et de mammographie". Il a, dans ce cadre, souligné que l'ouverture de centres, dans d'autres wilayate du pays, s'imposait, citant l'ouverture de deux nouveaux centres de radiothérapie, dans les wilayas d'Ouargla et Sétif et d'un autre dans la wilaya de Batna, pour "prendre en charge 240 malades/ jour". La réalisation d'autres centres est prévue dans les wilayate de Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Annaba et Tizi-Ouzou, avant la fin de l'année en cours et le début du premier trimestre de l'année prochaine. Le ministre a affirmé qu'il n'y avait pas de pénurie de médicaments et de vaccins de prévention et de traitement du cancer. Concernant la prise en charge des insuffisants rénaux, dans la wilaya de Jijel, le ministre a indiqué que cette wilaya disposait de 53 appareils de dialyse, dans trois centres spécialisés. La wilaya de Jijel a été dotée de deux nouveaux centres, dont un dans la région de Tahir, qui dispose de 10 appareils de dialyse. Le deuxième centre est prévu à Milia et sera doté de 16 appareils de dialyse. 292 centres existent à travers tout le territoire national, dont 160 centres publics et 131 privés, conventionnés avec la Caisse de sécurité sociale. Le ministère de la Santé compte effectuer des concertations avec le ministère du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, pour l'ouverture de 37 nouveaux centres pour insuffisants rénaux, a-t-il indiqué ACTUALITÉ La formation continue des médecins: une priorité absolue L a formation continue des médecins constitue une "priorité absolue", a indiqué, à Tipasa, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf. Le ministre a affirmé, lors des neuvièmes journées médico-chirurgicales, tenues à Bou-Ismail, sa "disponibilité" à accompagner toutes les initiatives visant à assurer une formation continue aux praticiens, qui représente, selon lui, "la priorité des priorités". Il a estimé que cette rencontre scientifique, organisée par le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), est une opportunité, permettant aux praticiens de s’imprégner des nouveautés enregistrées dans le domaine des sciences médicales. La formation continue concerne, également, les gestionnaires des responsables des établissements hospitaliers, a jouté M. Boudiaf, faisant état de l’intention du ministère d’organiser plusieurs rencontres régionales et nationales, au profit des directeurs d’hôpitaux et des directeurs locaux du secteur. Il a appelé, à cette occasion, les syndicats à "jouer un rôle positif, à travers des propositions et des initiatives à même de constituer une valeur ajoutée, pour le secteur ". Le ministre a, en outre, réitéré son soutien au secteur privé, "qui œuvre, dans un cadre organisé, à travers l’édification de nouvelles structures hospitalières, conformément à un cahier de charges préalablement établi et qui assure une complémentarité avec le secteur public". De son côté, le président du SNPSSP, Mohamed Yousfi, a déclaré que la prise en charge des patients, au niveau des établissements de santé publics, a connu une "amélioration sensible", ces dernières années, mettant en valeur la disponibilité des médicaments et la dotation de ces structures d’équipements de haute technologie "Aucune intention" de rattacher la CNAS au secteur de la Santé L e ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a réfuté, à Alger la "moindre intention" de rattacher la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) au secteur de la Santé. Les recommandations de certains ateliers, à la faveur des Assises nationales sur la santé, des 16 et 17 juin, ont porté sur la nécessité de rattacher la CNAS au secteur de la Santé. Le "rattachement" de la CNAS à la Santé n'est qu'une "simple proposition", formulée par certains ateliers. Cela ne signifie pas qu'elle sera concrétisée et "il n'y a aucune intention de le faire", a expliqué le ministre, pour rassurer les gestionnaires de la CNAS. Il a rappelé, à titre d'exemple, la gratuité des soins, un acquis autour duquel une polémique s'est engagée, également, parmi les participants aux ateliers des Assises sur la santé. Le secteur ne va pas, pour autant, remettre cet acquis en question, a-t-il, encore, soutenu. M. Boudiaf a, par ailleurs, appelé les responsables du secteur de la Sécurité sociale à accomplir leur mission, sans "trop s'attarder" sur les propos colportés, ces derniers jours, par certains médias N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 9 ACTUALITÉ Des psychologues appellent à la réhabilitation de l’enseignement de la psychanalyse, en Algérie Des psychologues et psychiatres ont appelé, à Alger, à la réhabilitation de l’enseignement de la psychanalyse et de la pensée freudienne dans les cursus universitaires, en Algérie. L ’enseignement de la psychanalyse et de la pensée freudienne est incontournable dans les sciences humaines, notamment en psychologie, étant donné que Sigmund Freud est le père de l’une des plus importantes méthodes d’investigation du mental; en l’occurrence, la psychanalyse", ont indiqué, les participants à un séminaire sur "Sigmund Freud, père de la psychanalyse", organisé par l’université d’Alger2, en partenariat avec l’ambassade d’Autriche. La psychanalyse est une méthode d’investigation psychologique, visant à élucider la signification inconsciente des conduites. Elle permet de mieux se connaître, grâce à l’introspection et à exploration de l’inconscient. Cette méthode a été fondée par Sigmund Freud, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Elle prend en compte les souvenirs, les rêves, les associations d’idées et d’images pour comprendre et dénouer les conflits intérieurs. La vice-recteur de l’université d’Alger 2, Ratiba Guidoune, a indiqué, à l’APS, en marge de ce séminaire, que cette journée d’études a été organisée en vue de faire connaître le personnage de Sigmund Freud, de vulgariser ses travaux et de faire découvrir ses méthodes thérapeutiques, au grand public. Elle a ajouté, qu’en vue de généraliser cette approche psychologique, en Algérie, des perspectives de coopération, entre des universités algériennes et autrichiennes, en matière de psychanalyse, sont menées. S’agissant du recours à la psychanalyse, par les psychologues, le Dr. Mahmoud Benkhalifa, enseignant en psychologie à l’université d’Alger 2, a rappelé que Sigmund Freud avait produit de nombreux ouvrages, traitant de l’importance de la 10 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 culture dans le fonctionnement mental de l’individu, précisant que les psychologues devaient prendre en compte cette dimension, dans l’approche thérapeutique. Le Dr. Benkhalfa a ajouté que les psychologues devaient mettre en confiance leurs patients et les inciter à se dévoiler et à parler, car la liberté d’expression est indispensable, pour arriver à l’inconscient du malade. Abordant le sujet du suicide chez les jeunes, le Pr. Dalila Haddadi, enseignante en psychologie à l’université d’Alger 2, a expliqué que c’était difficile, pour les jeunes, d’exprimer leurs pensées, précisant que les jeunes en mal-être devaient consulter et faire confiance à leurs thé- rapeutiques, pour un accompagnement efficace, voie vers la guérison. De son côté, le Pr. Mohamed Bakiri, chef de service de psychiatrie, au CHU Frantz Fanon de Blida, a appelé à l’introduction, dans la formation des psychologues cliniciens, de l’aspect pratique, en milieu hospitalier; car, l’enseignement théorique est très insuffisant. Pour sa part, l’ambassadeur d’Autriche, Aloisia Worgetter, a souligné que cette journée d’étude était une occasion, pour les psychologues et psychiatres algériens, d’échanger avec leurs confrères autrichiens, pour l’acquisition, mutuelle, de nouvelles données cliniques ACTUALITÉ 120 médecins accompagnent les pèlerins aux Lieux Saints de l'Islam Cent vingt (120) médecins accompagneront les pèlerins aux Lieux Saints de l'Islam, a indiqué, à Alger, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelamelk Boudiaf, en marge de la séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre de la santé a souligné que 120 médecins accompagneront les pèlerins algériens aux Lieux Saints de l'Islam, s'abstenant de faire un commentaire, concernant l'impact du coronavirus. "Laissez la commission mise en place faire son travail et à la lumière de ses recommandations, on apportera les réponses adéquates", a précisé le premier responsable du secteur de la santé. Concernant le cancer, M. Boudiaf a indiqué que les moyens nécessaires "existent, que ce soit en matière de centres, ou en médicaments". "Les personnes concernées n'ont qu'à se présenter et elles seront prises en charge", a-t-il noté, précisant qu'"un accompagnement important est perceptible". Le ministre a fait savoir, en outre, concernant la prise en charge des pathologies rénales, que des contacts sont cours, entre le ministère de la Santé et celui du Travail et la Sécurité sociale, pour l'établissement de conventions entre la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) et 37 nouvelles structures de santé, en matière d'hémodialyse. Revenant sur les Assises de la santé, tenues au cours de cette semaine, M. Boudiaf a relevé qu'elles ont permis à tout un chacun de donner son avis; ce qui a donné lieu à des recommandations riches et de qualité, ajoutant que les commissions installées, entameront le travail incessamment Le stock de l'Algérie, en médicaments et vaccins, est suffisant Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a affirmé que le stock de l'Algérie en médicaments et vaccins était suffisant. "Les médicaments et les vaccins sont disponibles, en Algérie", a indiqué le ministre, dans une déclaration à la presse, en marge du débat du plan d'action du gouvernement, au Conseil de la nation. "Si un manque de médicaments est enregistré, au niveau d'un établissement hospitalier, c'est que le staff supervisant ce dernier n'a pas assumé son devoir, pour assurer la disponibilité des médicaments", a ajouté M. Boudiaf. Il a, en outre, rappelé les différentes mesures prises par le ministère, comme "l'autorisation des responsables des établissements hospitaliers à acqué- rir les médicaments de n'importe quel pays, en cas de manque". Par ailleurs, M. Boudiaf a précisé que les problèmes de soins, pour les cancéreux "ont été réglés, après que les différents centres aient été dotés en équipements nécessaires", indiquant qu'après l'inauguration d'un centre anti-cancer dans la wilaya de Sétif et d'un autre dans la wilaya de Batna, un troisième sera ouvert, en octobre prochain, dans la wilaya de Annaba. A la fin de l'année en cours, deux centres anti-cancer seront ouverts à Tlemcen et à Tizi-Ouzou. "Lorsqu’on parviendra à assurer les soins à 240 malades, par jour, dans un même centre, c'est que le problème des rendezvous de longue durée est réglé", a-t-il ajouté N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 11 Votre Magazine mensuel de la Santé BULLETIN D’ABONNEMENT Date et signature : OUI, je souhaite m’abonner, à la revue mensuelle, Santé MAG (Abonnement pour 12 numéros par an) Algérie : 2000 DA TTC Étranger : 200 € TTC MES COORDONNÉES*: M. Mme Mlle N om : MODE DE PAIEMENT P r é n om : Abonnement : Adresse personnelle Adresse professionnelle Établissement : Bulletin à compléter et à nous retourner accompagné de votre chèque ou d'une copie du virement à: Adresse : Code postal : Té l : Chèque ou virement à l’ordre de: Media Pub Santé Compte N° 00500194400205793046 Agence 194 BDL Blida Ville : Fa x : E-mail : * pour institutions, collectivités, sociétés, nombre d’exemplaires Adresse: Coopérative El Mehdia, Bt N°2, les Vergers, Bir Mourad Raïs, Alger. 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Les experts examineront, deux jours durant, la réalité et les perspectives du système de santé, en Algérie, le Plan national de lutte contre le cancer (2015-2019), l'information sanitaire, le financement et la présentation des expériences de certains pays ayant un système de santé développé. Parallèlement, sept ateliers seront organisés sur le système de santé, la déontologie professionnelle, l'organisation de la profession, le gouvernement et le financement du secteur, la prévention, la protection et la promotion du ce système, la politique de santé, les ressources humaines, la recherche scientifique et la santé dans les régions des Hauts Plateaux et du Sud. Lors de la deuxième journée, des recommandations seront soumises aux autorités publiques, en prélude à l'élaboration de la nouvelle loi sur la santé N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 13 ÉVÈNEMENT Proposition de rehausser le ministère de la Santé en ministère de souveraineté Le rehaussement du ministère de la Santé en ministère de souveraineté a été recommandé, à l’issue des travaux des Assises nationales de la santé. L a révision, voire la suppression" de la réglementation du temps complémentaire des professionnels de santé, ainsi que le service civil, ont été recommandés par les participants aux assises, qui ont appelé, notamment, au "rattachement" des organismes de la Sécurité sociale au département de la santé. Les recommandations ont été axées, d’autre part, sur la nécessité de "renforcer la complémentarité" entre les trois secteurs de la santé (public, privé, et parapublic), l’introduction de nouveaux outils de gestion et d’évaluation, ainsi que la répartition "rationnelle et équi14 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 table" de soins, à travers, notamment, l’élaboration de référentiels nationaux, tous secteurs confondus. Le renforcement des programmes nationaux de prévention est, également, recommandé; outre, la prise en compte, dans la politique nationale de santé, de la spécificité des régions du Sud, des Hauts plateaux et des zones enclavées. En matière d’éthique et de déontologie, il est jugé nécessaire de valoriser l’enseignement de la déontologie, dans les cursus de formation, la réactivation du Conseil national de l’éthique des sciences de la santé. Concernant la gouvernance, les inter- venants ont mis l’accent sur la nécessité de la consécration de l’autorité sanitaire nationale, dans ses missions de puissance publique de contrôle, de coordination, de normalisation, de régulation et d’évaluation. En matière de financement, les participants ont souligné l’importance du maintien de la participation de l’Etat, pour garantir le financement du système national de santé. S’agissant de la prévention, il est jugé nécessaire de réviser les textes réglementaires et de développer un système de veille sanitaire et de suivi, ainsi que l’évaluation des programmes de pré- ÉVÈNEMENT vention, au niveau local, régional et national. Les participants ont, également, préconisé la promotion du dépistage des maladies transmissibles et non transmissibles, selon les stratégies appropriées, ainsi que le renforcement des programmes de prévention générale et de prévention en milieux spécifiques. Sur un autre volet, ils ont appelé à instaurer une politique de management de l’industrie, en imposant, aux unités de production, des audits internes et externes par des organismes accrédités. Ils ont jugé utile, aussi, la création d’une Agence nationale du médicament, comme ils ont encouragé l’investissement dans la fabrication locale des médicaments essentiels. En matière de distribution, il est recommandé d’élaborer un cahier des charges de bonnes pratiques et la mise en place du contrôle périodique des unités de production. A propos de la pharmacie d’officine, les intervenants ont plaidé pour une répartition équilibrée des officines pharmaceutiques et l’élaboration du statut de pharmacien, assistant d’officine pharmaceutique. Ils ont, d’autre part, mis l’accent sur l’élaboration d’une nomenclature des métiers, l’amélioration des conditions de travail, la mise à niveau permanente des connaissances, ainsi que la promotion de la recherche en santé. Les recommandations ont, en outre, porté sur la santé, dans le Sud et les Hauts plateaux, avec la nécessité de consacrer la "complémentarité" des secteurs public et libéral, de revoir les modalités de couverture sanitaire, dans les zones indiquées et de redynamiser les conseils régionaux de santé, créés en 1995. Les participants ont, en outre, plaidé pour l’intégration du secteur libéral dans les réseaux de soins, la création de pôles régionaux mutualisant toutes les compétences, ainsi que la réhabilitation de la fonction de l’omnipraticien, dans la prise en charge des pathologies courantes et chroniques, dans ces régions. Il a, également, été question de la mise en position d’activités des spécialistes, restreints au service civil, dans les structures à statut libéral, dans le Sud et les Hauts plateaux Assises de la santé les problèmes des régions du Sud et des Hauts-plateaux soulevés Les problèmes du manque d’effectifs sanitaires et du transport, dont souffrent les régions du Sud et des Hauts-plateaux, ont été soulevés, au deuxième jour des travaux des Assises nationales de la santé, qui se poursuivent à Alger. A cet effet, Zakia Boudouh, inspectrice de santé à Biskra, a déploré l'absence de médecins spécialistes dans cette wilaya, à l’exception de l’équipe médicale cubaine "qui ne peut, à elle seule, répondre aux besoins locaux; notamment, en ce qui concerne la pédiatrie et la gynécologie". De son côté, M. Wissat, professionnel de la santé à El Bayadh, a indiqué que cette wilaya souffre d’un "manque flagrant" en matière de spécialistes et en matériels de radiologie et d’imagerie; ce qui oblige les patients à faire de longs déplacements, pour se faire soigner. Il a estimé que les opérations de jumelages, entre les structures sanitaires du Nord et celles du Sud et des Hauts-plateaux, "ne suffisent pas", pour remédier à ces problèmes, jugeant, à cet égard, "nécessaire" d’encourager le secteur privé, pour apporter son soutien, en vue d’une "meilleure prise en charge des citoyens". Pour sa part, Bensalem Mohamed, de l’hôpital d'Ain Salah (Tamanrasset), a salué les efforts déployés par l’Etat; à travers, notamment, le service civil. Il a, toutefois, relevé que les problèmes resurgissent, en raison de l’interruption de ce service, appelant à assurer un service continu. Le directeur de l’hôpital de Tamanrasset, Kada Bika, a jugé, quant à lui, que la durée du service civil est "très courte"; ce qui n’aide pas à assurer une meilleure couverture des régions reculées. Zahi Farouk, ancien cadre au ministère de la Santé, a soulevé, lui aussi, plusieurs problèmes liés, notamment, au manque de spécialistes en pédiatrie, et en gynécologie. Enfin, Choutibi Zahra, membre de l’Union nationale des sages-femmes, a fait part du problème de surcharge des malades, à l'hôpital de Tamanrasset, où il exerce, qui dépasse les normes; ce qui se répercute sur la santé de la sagefemme. D’où, la nécessité, selon elle, de fournir davantage de moyens; notamment, en ce qui concerne la radiologie et mener, également, un travail de sensibilisation, auprès des femmes N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 15 ÉVÈNEMENT Sellal réaffirme l’engagement de l’Etat en faveur du développement du secteur de la santé La garantie de l’accès à la santé est l’une des missions, majeures, de l’Etat et relève de ses engagements, qu’il n’aura de cesse d’honorer, a indiqué, à Alger, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, réaffirmant sa détermination pour le développement de ce secteur, à tous les niveaux. Par Tanina Ait D ans son allocution d’ouverture des Assises nationales de la santé, M. Sellal a souligné que "la garantie de la santé publique est la première voie vers la justice sociale", réaffirmant l’engagement de l’Etat de poursuivre ses efforts, pour le "développement de ce secteur vital". Il a indiqué, à cet égard, que le développement économique et social qu'a connue l’Algérie, ces dernières années, a induit "des défis nouveaux", dans le domaine de la santé, qu’"il nous faut relever; notamment, en matière de prise en charge des maladies chroniques, de préventions contre les phénomènes pathologiques nouveaux et de la nécessité d’améliorer la qualité du service public de la santé. Rappelant les "moyens colossaux" déployés par l’Etat, pour moderniser les structures de santé, augmenter leurs capacités et les répartir, équitablement, à travers le territoire national, il a, cependant, relevé que "beaucoup reste à faire", pour répondre aux besoins sanitaires croissants des citoyens. La réforme et le développement du secteur de la santé 16 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 "passe obligatoirement" par deux éléments essentiels, selon le Premier ministre. Il s’agit, a-t-il précisé, de "mettre le citoyen et le malade au cœur de notre conception du système national de prévention et de soins", et d’"accorder toute son importance à la ressource humaine, médicale, paramédicale et gestionnaire, car, a-t-il soutenu, c’est eux qui seront appelés à concrétiser, sur le terrain, notre vision future de la santé, en Algérie". M. Sellal a ajouté, dans le même cadre, que la gratuité des soins est un "acquis national, qu’il faut consacrer et préserver"; et ce, à travers la mise en place d’"un cadre rénové, qui garantisse la modernisation de la gestion, la rationalisation et la maîtrise des dépenses, ainsi que la généralisation des mécanismes du tierspayant". Evoquant l’industrie pharmaceutique, il a fit part de "détermination" du gouvernement à poursuivre sa démarche de développement de ce secteur "en encourageant l’investissement et le partenariat" afin, d’une part, de "couvrir les besoins nationaux en médicaments" et d’autre part, "parce que cette activité est un domaine porteur et créateur de richesse et d’emplois", a-t-il expliqué. Le Premier ministre a appelé, par ailleurs, de changer de vision sur le secteur privé. "Notre regard sur le secteur privé de la santé doit changer", a-t-il fait savoir, insistant sur le fait que ce secteur "doit, dorénavant, être considéré comme un partenaire du système national de santé", et appelant à "être à l’écoute de ceux qui y activent et les associer dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale de santé". Le Premier ministre a indiqué que les recommandations, qui découleront de ces Assises, "constitueront la base, sur laquelle s’appuiera le gouvernement, dans l’élaboration d’une nouvelle loi, qui définira les grandes lignes du système national de santé, pour les années à venir et encadrera ses activités et ses modes de gestion, afin, a-t-il dit, d’assurer aux citoyens une couverture sanitaire et des services publics au niveau des standards internationaux, en la matière" ÉVÈNEMENT Nécessité d’évaluer les politiques précédentes de santé, pour en tirer les "enseignements" L’évaluation des politiques menées, par le passé, en matière de santé, est nécessaire, pour en tirer les "enseignements", a plaidé, à Alger, le Pr Messaoud Zitouni, appelant à une réforme du secteur, "centrée sur le malade". "Nous n’évaluons jamais ce que nous avons fait, par le passé, en matière de santé, vue de tirer les enseignements qui s’imposent", a déploré le Pr Messaoud Zitouni, chargé du Plan anti-cancer, lors de son intervention aux Assises nationales de la santé, appelant à revoir la stratégie de réforme de la santé, de sorte à ce qu’elle soit "centrée sur le malade". Soutenant l’existence d’un "décalage" entre les problèmes soulevés par les responsables du secteur de la santé et ceux évoqués par les patients, l’intervenant a ajouté qu’il suffit de s’en convaincre en observant le "parcours" que mènent ces derniers pour se faire suivre. Le spécialiste, qui note la "complexité" des causes de cette maladie, estime que le "seul vrai traitement demeure la prévention", rappelant que durant les cinq dernières années, l’Algérie a enregistré 20.000 nouveaux cas de cancer faisant, ainsi, passer le nombre de cancers de 30.000 à, environ, 50.000 actuellement. Relevant la "particularité" de cette pathologie, le Pr Zitouni fait remarquer que le cancer "transcende la simple dimension médicale, pour concerner la sphère sociale et politique", dans le sens où, explique-t-il, elle est "révélatrice" de l’état de prise en charge de l’ensemble des maladies. S’il se félicite que les pouvoirs publics aient décidé d’en faire un problème de "santé publique majeur", l’orateur note que cela signifie "automatiquement" une prise en charge de la pathologie. Il rappelle à ce propos qu’un plan cancer quinquennal (2015-2019) est mis en place à cet effet et au sujet duquel il émet un nombre de propositions, en priorité la nécessité de solutionner la "crise" de la radiothérapie, de même qu’il a plaidé pour une implantation "équilibrée" des centres anti-cancer, intégrés à travers le territoire national. Une utilisation "rationnelle" des allocations budgétaires destinées au secteur est, par ailleurs, recommandée par le spécialiste, qui informe de la tenue, en septembre prochain, d’une conférence nationale sur le cancer, axée principalement sur le plan anti-cancer mis en place par les pouvoirs publics Pour une large implication de tous les acteurs, dans la définition de la nouvelle politique de santé Les Assises nationales de la santé, dont les travaux ont débuté à Alger, se fixent pour objectif, une large implication de l'ensemble des acteurs concernés, dans la définition de la nouvelle politique du secteur. "Impliquer et faire participer les différents acteurs et partenaires sociaux, ainsi que les professionnels de la santé, dans la définition de la nouvelle politique de santé", constitue l’un des principaux objectifs de ces assises. Il s'agit, également, de débattre des différents voies et moyens, afin de rétablir l’équilibre dans l’offre de soins dans les régions du Sud, des Hauts-plateaux et des zones enclavées. Cette rencontre vise, en outre, à renforcer le cadre juridique et réglementaire régissant les produits pharmaceutiques, ainsi que les aspects éthiques, bioéthiques et déontologiques, en matière de santé. Les participants à ces assises auront à se pencher sur la nécessité d'optimiser et mutualiser les moyens financiers, dans le cadre d’une nouvelle organisation et restructuration de la carte sanitaire "dans une optique globale de bonne gouvernance". Il sera question, aussi, de "valoriser la ressource humaine", afin d’assurer une "meilleure prise en charge des malades"; de même que la promotion de l’utilisation du système d’information et des différents réseaux, pour une "meilleure fluidité" de l’information. Les travaux des Assises sont axés sur "l’importance et la consolidation du rôle de l’inter-sectorialité, dans l’offre globale de soins", la "consolidation des fondements du système national de santé, par le renforcement et la poursuite des programmes nationaux de préservation et de promotion de la santé", ainsi que les "voies et moyens de développement de la recherche médicale". La garantie de l’accès à la santé est l’une des "missions majeures" de l’Etat et relève de ses engagements "qu’il n’aura de cesse d’honorer", a indiqué le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l'ouverture des travaux, réaffirmant sa "détermination" pour le développement de ce secteur, à tous les niveaux N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 17 ÉVÈNEMENT Dr Mahmoud Boudarene*, à Santé Mag, il faut évaluer, avec lucidité, le coût de la santé; en tenant compte de la réalité de l’environnement économique, national et international Il y a bien longtemps que ce projet, généreux et juste, qu’est la médecine gratuite, n’est plus en cours, dans notre pays. Le système de santé est à deux vitesses, en Algérie; où, paradoxalement, la médecine gratuite ne profite qu’à la caste de privilégiés. Aussi, selon le Dr Mahmoud Boudarene, psychiatre à Tizi-Ouzou, la refonte de ce système passe, obligatoirement, par une réelle volonté politique de s’y engager. Ecoutons monsieur Boudarene. Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: On parle de médecine gratuite. Qu’en est-il, réellement, lorsque les moyens techniques ne suivent pas et que le citoyen se voit obligé de se diriger vers le secteur privé, dont les prix des actes sont exorbitants et non remboursés, de surcroît, par la CNAS ? Dr. Boudarene: Oui, la médecine est gratuite, si l’on s’en tient aux disposi18 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 tions de la loi 73-65, du 26 décembre 1973, qui a instauré les soins gratuits, dans notre pays, depuis quarante ans. La loi 85-05 du 16 février 1985, relative à la protection et à la promotion de la santé, a mis en place, par son chapitre III (articles 20, 21 et 22), les modalités d’application de la gratuité des soins. Mais, dans la réalité de nos concitoyens, il y a longtemps que la médecine n’est plus gratuite. Si elle l’est encore, quelque fois, c’est pour les riches et les privilégiés. Le citoyen «Lambda», le zaouali n’y pas accès. Il rencontre tellement d’obstacles, dans sa quête de soins, qu’il est obligé de s’adresser à la médecine libérale, pour se soigner; en particulier, pour faire un examen spécialisé, radiologique, biologique, etc. Allez faire un scanner, ou une IRM, dans le secteur pu- ÉVÈNEMENT blic et vous verrez ce que l’on vous dira. Même quand vous êtes hospitalisé et que vous devez subir des soins dans un CHU, on vous demande de faire des examens complémentaires chez le privé, ou encore, d’acheter vos médicaments en officine libérale. Seules les compétences médicales et paramédicales sont fournies aux malades. Par contre, si vous êtes Mr X ou Y et que vous faites partie des privilégiés, c’est le DG, en personne, qui prendra soin de vous et qui mettra tous les moyens à votre disposition, pour vous satisfaire, même quand il s’agit d’un petit bobo. Et si cela ne suffit pas, il y a, toujours, la prise en charge à l’étranger. C’est encore mieux… Non, il y a bien longtemps que ce projet, généreux et juste, qu’est la médecine gratuite, n’est plus en cours, dans notre pays. C’est, aujourd’hui, un système de santé essoufflé, moribond, parce qu’il n’a plus les moyens (financiers, bien sûr) de sa politique et obsolète, parce qu’il est en décalage avec l’environnement économique national (l’économie de marché), qui lui est, totalement, hostile. Le secteur de la santé est considéré, par les pouvoirs publics, comme improductif et de surcroît, budgétivore. C’est pourquoi les budgets qui lui sont alloués, au cours des arbitrages du gouvernement, sont insuffisants, pour son bon fonctionnement et c’est la raison pour laquelle les structures de santé publiques sont dans un état lamentable, qu’elles sont repoussantes et qu’elles n’ont pas les moyens d’offrir des soins de qualité à la population. J’en veux, pour preuve, l’incapacité de notre système de santé à prendre en charge, de façon efficace, nos concitoyens atteints de maladies chroniques; en particulier, ceux atteints du cancer. Ces derniers, chacun le sait, sont abandonnés à leur sort; c’est-à-dire, à une mort certaine. D’abord, pour des raisons de pénuries endémiques des médicaments, malgré les dépenses financières colossales de l’Etat et ensuite, du fait de l’impossibilité d’accéder aux cures de radiothérapie; ce qui est, aujourd’hui, impossible dans notre pays. La gratuité des soins, en Algérie, est un vieux souvenir, une chimère. Quand bien même, celle-ci est consacrée par les textes de loi de la République. Par ailleurs, vous dites que les tarifs des prestations médicales sont, dans le secteur privé, exorbitants et non remboursés par la Sécurité sociale. Je crois que vous faites fausse route, dans votre appréciation de la situation. Les prix des prestations, dans ce secteur de la santé, sont justes et alignés sur le coût de la vie. Ils sont en harmonie avec l’environnement économique national, avec le prix du kg de patates, de tomates, d’oranges, de cerises, ou encore, du kg de viande. Ces coûts ont été multipliés, par 15, depuis la fin des années 80; seul, celui (le coût) de la santé est resté figé et en dépit du bon sens, les prestations médicales continuent d’être remboursées, par la Sécurité sociale, en l’état. Une incohérence. Je pense qu’il faut évaluer, avec lucidité, le coût de la santé, en tenant compte de la réalité de l’environnement économique national et international. C’est le principe de base que les pouvoirs publics doivent adopter, pour bâtir un système de santé juste et qui réponde aux réels besoins de soins de nos concitoyens. Cela, d’un point de vue de l’économie de la santé. Une fois cette donnée intégrée, le point de vue idéologique devient accessoire. Si les décideurs veulent, toujours, la gratuité des soins, alors ils doivent doter ce système de santé des budgets suffisants, pour qu’il ait les moyens de sa politique. A côté de cela, il faudra déterminer le rôle de la Sécurité sociale, dans le dispositif et comment elle doit contribuer à la politique de santé publique. Pourquoi y a-t-il des difficultés de remboursement; notamment, des soins en radiothérapie, alors que le citoyen cotise au budget de la CNAS ? Il n’y a pas de difficultés de remboursements. Il n’y a, d’ailleurs, pas de remboursements du tout pour ce qui est de la radiothérapie, dans la mesure où elle est effectuée dans le secteur public. Ce problème se posera, certainement, à l’avenir, quand la médecine libérale pourra proposer cette technique de soins; il se posera avec encore plus d’acuité quand le secteur public présentera, à la Sécurité sociale, la facture des prestations servies à ses cotisants (adhérents). Une situation qui se présentera, sans doute, dans un futur proche si l’Etat a réellement l’intention de procéder à la refonte de notre système de santé. C’est pourquoi je soulignais, plus haut, la nécessité de redéfinir la place que devra occuper la Sécurité sociale, dans ce dispositif. Jusque-là, cet organisme contribue en versant, annuellement, dans les caisses de l’Etat, une somme forfaitaire pour, nous a-ton dit, «soutenir l’effort de la médecine gratuite, dans notre pays». Une espèce de mécénat… Si la Sécurité sociale devait rembourser, au réel, toutes les prestations, données à ses cotisants dans le secteur public, elle aurait - j’en ai la conviction – mis, depuis longtemps, la clé sous la porte ! Les dépenses de santé sont tellement importantes qu’il lui serait impossible d’y répondre. Dans les faits, la Sécurité sociale ne rembourse que le citoyen qui a recourt à la médecine libérale, avec les tarifs que chacun de nous connaît. Ce n’est pas le cas, quand le sujet malade s’adresse au secteur public. Celui-ci est pris en charge par le circuit de la médecine gratuite. Une situation qui donne l’impression qu’il y a deux systèmes de santé, parallèles, dans notre pays: celui de la médecine gratuite et celui pris en charge par la Sécurité sociale. Pour autant, le rôle de cette dernière (la Sécurité sociale) est de garantir le paiement des prestations de soins à ses cotisants - c’est le contrat qui la lie à ces derniers - de la même façon, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Les choses seront, ainsi, claires et si l’Etat veut garantir des soins gratuits à ceux qui ne sont pas assurés, il lui sera plus aisé de le faire. Redéfinir le rôle de la Sécurité sociale, dans notre système de soins, est, donc, un véritable impératif économique. Même, à prendre le risque de mettre en difficulté cet organisme. Mais, voilà une «excuse» qui ne doit pas amener les Pouvoirs publics à différer, comme cela a été, jusque-là, le cas, la difficulté. Je crois que le moment est venu de faire preuve d’audace et d’affronter cette situation avec lucidité. Afin, d’une part, de ne pas laisser cet organisme (la Sécurité sociale) s’effondrer et d’autre part, de bâtir un système de santé rationalisé, qui réponde, avec efficacité, aux besoins de santé des citoyens. N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 19 ÉVÈNEMENT Les hôpitaux des grandes villes sont saturés; notamment, lorsqu’il s’agit des soins d’urgences. Comment remédier à ce problème ? Notre système de santé et nos structures de soins ne sont pas rassurants. Pourquoi? Parce que la répartition des compétences et des moyens n’est pas juste et l’accès à des soins de qualité n’est pas garanti de la même façon, selon que l’on réside en ville, ou à la campagne. Les citoyens n’ont pas confiance dans les structures de santé, qui existent en zone rurale, ou en périphérie des grands centres urbains. Ils pensent qu’ils n’y recevront pas les soins appropriés. Quelques fois, à tort; mais, souvent, à raison. Parce que ces structures périphériques sont particulièrement inquiétantes, angoissantes - par leur état de vétusté et que, bien souvent, elles ne disposent pas des plateaux techniques, indispensables, pour y donner les meilleurs soins. Cela est notoire - les associations de praticiens et de malades l’ont, de nombreuses fois, dénoncé - et c’est pour cela que les usagers préfèrent s’adresser directement aux centres hospitaliers, aux CHU, mieux équipés et que les médecins, qui travaillent dans les policliniques, ne prennent aucun risque et abondent dans ce sens. Vous savez, des citoyens sont morts de rage, faute de sérum antirabique, d’autres sont morts de tétanos, faute, également, de sérum 20 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 et de vaccin. Des prestations élémentaires; mais, souvent, indispensables que ces policliniques ne fournissent pas; à l’instar de nombreux autres produits. Les citoyens le savent et c’est pourquoi, quand ils ont des soucis de santé, ils boudent- je devrai dire, ils évitent -, les structures de santé de proximité. Des projets de nouveaux centres de soins sont en cours de réalisation. Cela, contribuera, sans doute, à l'accès aux soins de qualité du citoyen, à long terme. Cependant, il y a des cas pathologiques; en l’occurrence, les cancers qui ne peuvent pas attendre. Que faut-il faire, donc, dans l’immédiat ? Je ne sais pas si le problème réside dans le nombre de centres de soins. Si l’on s’en tient aux chiffres que l’on nous donne, l’Algérie possède les structures suffisantes, pour prendre en charge les problèmes de santé du citoyen. Je pense que le problème réside dans l’optimisation des structures existantes et dans la bonne répartition des dépenses de santé. Pour l’instant, dans sa fuite en avant, l’Etat algérien s’est inscrit dans une politique de dépenses tous azimuts. Une gabegie qui ne résous, pas les problèmes que rencontre notre système de soins; mais, une solution de facilité, du fait de la richesse, du moment, de notre pays. C’est ainsi, par exemple, que des équipements - IRM, scanner, micros- copes, équipements pour examens biologiques…- ont été acquis à des prix faramineux, lesquels équipements ne sont pas mis à la disposition du citoyen, faute de médecins spécialistes. Nous pouvons en dire autant, concernant les médicaments. Plusieurs milliards de DA ont été dépensés, mais les pénuries sont, toujours, là. Franchement, je ne crois pas que le problème se pose en termes de réalisation de structures supplémentaires; en tout cas, pour résoudre la crise actuelle. Le cas des pathologies cancéreuses est très particulier. Il met en relief la responsabilité des ministres de la Santé qui se sont succédé à ce portefeuille ministériel et plus généralement, celle de l’Etat. Depuis plusieurs années, des centres anti-cancer sont en construction (une douzaine). Aucun n’est encore prêt. Pourquoi? Sommes-nous incapables, dans ce pays, de réaliser, dans les temps impartis, des structures de soins? Est-ce un problème de compétence ? Est-ce un problème d’incurie et d’irresponsabilité? Il y a, sans doute, tout cela, à la fois. Mais, la responsabilité première incombe à l’Etat, qui n’est pas capable de mener, à terme et dans les délais, ce type de projets. De mon point de vue, et concernant le problème des sujets atteints du cancer, il y a non-assistance à personne en danger. Ces malades ont droit à des soins et l’Etat est tenu de les garantir. A ce titre, ÉVÈNEMENT je voudrais rappeler à vos lecteurs pour que chacun connaisse bien ses droits que la constitution algérienne, par son article 54, «garantit la protection de la santé pour tous les citoyens». En l’occurrence, dans le cas des sujets atteints du cancer, il y a carence, faute. Une violation de la loi, par l’Etat. Ce que dit l’article 21, de la loi 85-05, est intéressant à souligner: «l’Etat met en œuvre tous les moyens, destinés à protéger et à promouvoir la santé, en assurant la gratuité des soins». Les soins doivent, donc, être donnés gratuitement, quelles que soient les circonstances. Cela voudrait dire que, si les soins ne peuvent pas être donnés dans les structures de santé existantes, l’Etat est tenu de tout mettre en œuvre, pour garantir la protection de la santé des personnes. Le transfert à l’étranger est, dans ce cas, un droit pour le malade et une obligation pour l’Etat. C’est le cas de ceux atteints du cancer et qui ne peuvent pas accéder aux cures de radiothérapie. J’ai bien conscience qu’il n’est pas évident d’envoyer des milliers de malades à l’étranger, pour des cures de ce type. Pourtant, certains sujets privilégiés y accèdent sans difficulté. C’est pourquoi, les citoyens doivent connaître la Loi et avoir entre les mains les instruments juridiques indispensables, pour défendre leurs droits et agir en conséquence, quand ceux-ci (leurs droits) ne sont pas respectés. L’inégalité de l’accès aux soins, dans notre pays, est flagrante. Comment en venir à bout ? Cette question trouve une partie de sa réponse dans la précédente. La République, je le soulignais, garantit la santé pour tous. L’article 54 de la constitution est clair et dit bien qu’il n’y a pas de privilèges, dans l’accès aux soins. Il en est de même concernant la loi 85-05. L’inégalité que vous évoquez est due, essentiellement, à l’incohérence de notre système de santé, aux manques de moyens et à la mauvaise répartition des ressources humaines et financières. Le résultat d’une désastreuse gouvernance et de l’irresponsabilité; sans doute, aussi, de l’incurie des personnes, qui ont eu la charge de ce secteur. Une situation qui pénalise la population. Bien sûr, le préjudice ne concerne pas les privilégiés de ce pays. Ceux-là bénéficient de passe-droits nombreux; notamment, de l’accès aux meilleurs soins et même, à la prise en charge, à l’étranger. Notre système de santé est très mau- vais. Le constat est unanime. Les pouvoirs publics ont en conscience et évoquent, aujourd’hui, la nécessité d’une nouvelle Loi sanitaire. Des Assises nationales de la Santé doivent se tenir. Que vont-elles apporter? En ce qui me concerne, je pense que le constat est fait. Les raisons du délabrement de notre système de soins sont évidentes. La politique de santé, dans notre pays, est prisonnière de l’idéologie… de la médecine gratuite, une politique mise en place au début des années 70, dans les conditions politiques que l’on connaît; mais, qui est, aujourd’hui, anachronique et en décalage avec les réalités économiques nationales. Les pouvoirs publics - s’ils ont la réelle volonté de changer les choses, doivent faire preuve d’imagination et d’audace. Ils doivent mettre en place une politique de santé cohérente, en harmonie avec les exigences économiques du moment et émancipée de toute considération idéologique. Libéré de cette contrainte, le futur système de santé, sans abandonner le principe de la solidarité, qui doit se manifester avec, notamment, nos concitoyens qui ont en auront besoin - pourra offrir des prestations de qualité, avec des impératifs budgétaires bien déterminés. Cela est possible et c’est cela qui viendra à bout de l’inégalité de l’accès aux soins. L’Algérie dépense beaucoup d’argent, dans l’importation des produits pharmaceutiques; malgré cela, on constate des pénuries. Pourquoi ? En 2008 - j’étais, alors, député à l’Assemblée nationale -, nous avions voté des amendements à la Loi 85-05, loi relative à la protection et à la promotion de la Santé. Ces amendements avaient pour objectif de créer l’Agence nationale des produits pharmaceutiques, une agence censée garantir un approvisionnement, régulier, du marché en quantité et en qualité. La mission qui est attribuée à «l’Agence», ainsi dénommée, par l’article 194-15 est d’«… assurer la régulation du marché des produits pharmaceutiques… et veiller à la disponibilité et l’accessibilité des produits pharmaceutiques». De toute évidence, cet objectif n’a pas été atteint, puisque la pénurie des médicaments a atteint son sommet, critique, durant les années qui ont suivi; en particulier, en 2012. Il faut dire qu’il a fallu plusieurs années pour que cette agence soit installée et sauf erreur de ma part, elle n’est, toujours, pas opérationnelle. Sans doute, parce qu’elle dé- range des intérêts. Oui, des sommes colossales ont été dépensées, pour l’achat des produits pharmaceutiques: 281 milliards de DA, pour les dépenses de santé, pour le plan quinquennal 2010-2014; 2 milliards de DA, pour l’année 2009, pour importer des médicaments, «le seul pays de la région à dépenser 8% de son PIB pour les dépenses de santé», a dit non sans fierté Djamel Ould- Abbas, alors ministre de la santé. Beaucoup d’argent, des sommes considérables, qui ont profité non pas aux citoyens malades, mais aux importateurs et autres intermédiaires. Une gabegie criminelle, pour un système de santé moribond, en faillite. Je voudrais ajouter un mot sur la politique de prévention, le parent pauvre de notre politique de santé. Pourtant, une action en amont, qui ferait faire des économies substantielles au pays. Un aspect, totalement, ignoré par les responsables. Une politique de prévention offensive aurait pu et dû être mise en place, pour un certain nombre de pathologies; notamment, chronique, comme le diabète, les affections cardiorespiratoires, ou encore, les cancers. A titre d’exemple, je soulignerais les ravages que fait le tabac. Notre pays est l’un des rares pays du monde à n’avoir rien fait pour éradiquer l’usage du tabac dans les lieux publics. C’est l’OMS (organisation mondiale de la santé) qui fait ce constat. Pour autant l’arsenal législatif existe depuis des années mais celui-ci n’est pas mis en application. L’aéroport d’Alger se singularise par l’odeur du tabac qui prend au nez le voyageur, à sa descente d’avion. Le seul, de la planète, où l’on continue à fumer, quand bien même des panneaux interdisant de fumer y sont installés. Début 2012 - j’étais, encore, député -, j’ai demandé, dans une interpellation écrite, au ministre de la santé de l’époque, de me dire pourquoi la loi, interdisant le tabac dans les lieux publics, n’est pas entrée en vigueur, dans notre pays. Je n’ai jamais eu de réponse. Le tabac continue à faire son œuvre, chez les consommateurs et surtout, chez ceux qui n’ont pas choisi de fumer * Dr Mahmoud Boudarene, - psychiatre et docteur en sciences biomédicales. - Auteur de l’ouvrage: "Le stress, entre bien-être et souffrance", aux éditions Berti. N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 21 ÉVÈNEMENT Pr. Farid Chaoui*, à Santé Mag, Le système de santé algérien navigue à vue, car la base idéologique, qui devait être la sienne, a disparu Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: Que peut-on retenir, globalement, des Assises nationales de la santé, qui se sont tenues au Palais des Nations? Pr F. Chaoui: La volonté, pour une réforme du système de santé, existe, indéniablement et nous ne pouvons remettre en doute cette volonté, chez les différents responsables politiques à vouloir changer les choses, pour améliorer le niveau de santé. Pourquoi ? Parce qu’il y a une réelle pression de la rue, de plus en plus 22 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 grande. La population crie son raz le bol et veut être soignée d’une manière un peu plus convenable et surtout, de manière équitable. Maintenant, il faut chercher les raisons qui font que cette volonté n’arrive pas à se traduire sur le terrain. Pour ma part, je pense que cette situation s’explique par des motifs politiques; à savoir: Le système de santé algérien navigue à vue; car la base idéologique; qui devait être la sienne; a disparu. Celle-ci a fondu, pratiquement, à la fin des années 1970. En effet, on ne sait plus comment organiser les choses au bénéfice de qui ? Au dépend de qui ? Avec quel argent ? D’où proviendra cet argent ? Où va-t-il ? Etc… Tout ceci, donc, se traduit par des insuffisances organisationnelles, sur le terrain, lorsqu’il n y a pas une politique clairement énoncée, expliquée, admise, soutenue par l’ensemble des intervenants, médecins, paramédicaux, administration, les représentants des associations de malades…. En l’absence de cette politique, on s’installe dans la dérive. ÉVÈNEMENT Vous dites: «on s’installe dans la dérive». Pouvez-vous être plus explicite ? La dérive, ce sont des groupes de pression, qui vont s’organiser, chacun, pour essayer de tirer le maximum du bénéfice de la rente, qui est attribuée à la santé. Nous sommes, dans ce cas de figure et c’est la raison pour laquelle les responsables politiques font de beaux projets, apportent de belles résolutions; mais, lorsqu’ils passent à l’action, eh bien, il y a un parasitage énorme de ces actions, sur le terrain, par des réseaux occultes. Ce fonctionnement par réseaux fait que tout est dévoyé et à la fin, on aboutit à la situation actuelle. Ces Assises augurent-elles d’une meilleure situation à venir? Je crois qu’il faut, d’abord, sortir le débat du Club des Pins et l’exposer dans la rue. Il faut que la population ait conscience des enjeux. Tout ce que nous avons dit, lors de ces deux journées d’Assises nationales de la santé; notamment, sur les moyens qui manquent, la volatilité du prix des hydrocarbures etc…. ceci, il faut que les gens le sachent. Il importe que ce débat ne soit uniquement un débat de spécialistes, dans une enceinte fermée. Le débat doit être diffusé à travers l’ensemble de la population, par l’intermédiaire des médias. En effet, Il y a lieu d’expliquer à la population et ceci est très important, que des décisions douloureuses vont être prises, car on ne pourra pas soigner nos malades comme à Paris, ou à Marseille, par exemple; faute, effectivement, de moyens. Néanmoins, tous doivent être soignés de manière équitable; c'est-à-dire, qu’on ne mettra pas plus d’argent, pour soigner un algérien, par rapport à un autre. Ainsi, aucune discrimination ne doit être tolérée. Cette prise en charge de la santé de nos concitoyens suppose une création de richesses par eux-mêmes, conséquence de leur travail et de leur engagement à mieux faire, au quotidien. C’est une partie de cette richesse, qui constituera, alors, le budget de la santé et ce n’est qu’ainsi que la situation sanitaire va s’améliorer dans notre pays, en sortant du piège de la rente. C’est une nécessité impérieuse que de dire la vérité à l’ensemble de la population. Il faut, donc, ouvrir un débat et c’est cela le projet de société et le rôle du politique. Il faut en parler et déflorer ce su- jet, aux yeux de la population et qu’elle sache quels sont les enjeux réels. Ensuite, bien évidemment, s’il existe une démocratie, c’est aux partis politiques de saisir ces données et de les traduire en programme politique, dans les domaines de la santé et du social, si tant est qu’ils arriveront demain au pouvoir, pour les appliquer, avec le soutien de la population; mais, malheureusement, on n’en est pas, encore, là. C’est ainsi, donc, qu’on va continuer à tourner en rond. Plus précisément, quelle solution, pour sortir le système de santé de ce qui le ronge ? La solution est de régler le problème de la démocratie, dans le pays. Et tout ce que je viens de dire, en ce qui concerne le débat public et du rôle des partis politique, c’est, précisément, le fait des sociétés démocratiques. Les pays qui ont construit des systèmes démocratiques, aujourd’hui, vivent dans une société solidaire, équitable et fraternelle. Les régimes démocratiques sont les seuls garants d’une protection des Droits de l’homme: droit à l’information, à la liberté d’expression et décentralisation de la décision, à tous les niveaux; c'est-à-dire: local, régional et national et dans tous les secteurs et de manière permanente. En effet, le débat démocratique permet un échange d’informations du sommet à la base et inversement; ce qui rend compte de la pertinence, éventuelle, de la décision prise et de son application, cohérente, sur le terrain. Ainsi, c’est l’appréciation par les populations concernées des decisions à prendre par l’autorité politique, qui permet l’amélioration de la situation. En dernière instance, la parole revient au peuple. Tout cela relève du fonctionnement d’une société démocratique. Concrètement, qu’en est-il du droit à la parole du citoyen ? Bien sûr qu’il a droit à la parole et c’est pour cela que je précise qu’il faut développer un débat et j’ai l’impression que la population est mal informée et qu’il serait important de l’informer. Je pense que, pour le moment, les médias, en particulier, ‘’vendent’’ une information «tranquille», des anecdotes… mais, on n’arrive pas à discuter, d’une manière sereine, sur l’état des lieux actuel du système de santé, sur les défis à venir dans les prochaine années et sur les grandes décisions, qui sont prises par le ministre actuel et à appliquer, dans 5 ans ou 10 ans, par exemple, ne vont pas tomber en désuétude avant terme, avec le départ du premier responsable du secteur. Or, lorsque la population aura compris les enjeux de la politique y afférente, elle exigera, alors, d’ellemême, la continuité de l’action; c’està-dire, maintenir la barre dans la direction choisie, parce qu’il y va de la bonne santé de la génération actuelle et des générations futures. Malheureusement, nous ne sommes pas, encore, là. On continue à réagir au coup par coup, selon la conjoncture. Ainsi, lorsqu’un problème se pose, on réunit des experts, qui développent, effectivement, des programmes, plus ou moins sophistiqués; mais, on s’aperçoit, très vite que l’application sur le terrain rencontre des difficultés, pour les raisons de blocages que j’ai citées plus haut. Peut-on être optimiste ? Ce qui me rend optimiste, c’est qu’il y a une prise de conscience, des politiques, de la gravité de la situation; pas seulement, en termes anecdotiques, sur tel ou tel sujet; comme, par exemple, l’insuffisance de la prise en charge du cancer, par le manque de radiothérapie, ou de médicaments. Ceci est, en soit, on ne peut plus sérieux; cependant, cela se situe au niveau conjoncturel. Ce qui est, encore, plus grave et dont les politiques ont pris, désormais, conscience et j’en suis satisfait, relève de l’organisationnel, d’une politique d’une formation pertinente et du mode de financement du système de santé; c'est-à-dire, tous les préalables à une bonne politique de santé, avec tous les enjeux que cela suppose. C’est, du moins, ce que j’ai compris, au niveau de ces assises et que, dorénavant, les problèmes doivent être pensés de manière scientifique, pour développer, ensuite, des programmes pertinents, raisonnables; c'est-à-dire, applicables sur le terrain. C’est, à mon avis, une avancée; mais, je pense qu’il faut beaucoup de temps, pour que cette avancée se traduise, véritablement, en règle et en norme, qui soit édictée par le sommet et respectée par la base * Pr. Farid Chaoui, Spécialiste en gastroentérologie N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 23 ÉVÈNEMENT Programme d’Appui au Secteur de la Santé (PASS) Clôture de la session de formation pédagogique des ressources humaines et management des établissements hospitaliers Par Tanina Ait Le mardi 10 juin 2014 s’est tenu, à l’hôtel El Djazaïr (Alger), le séminaire de clôture de la formation pédagogique des ressources humaines (RH) en milieu hospitalier, qui rentre dans le programme du Programme d’Appui au Secteur de la Santé (PASS). A près la présentation, introductive, par le directeur du PASS, le Dr Nacer Grim, les experts, liés au programme, se sont succédé, pour témoigner des expériences menées, dans ce cadre. On aura remarqué, en l’occurrence, l’exposé conjoint du Pr Berrnard Chanfreau et du Dr Belgacem Sabri, relatif à la planification stratégique au niveau du système de santé; thème ayant fait l’objet d’un séminaire, au profit de 200 cadres et praticiens du secteur. Séminaire qui s’est avéré productif, de par l’implication et la motivation des séminaristes; ce qui augure bien du prochain lancement des Assises nationales de la santé. Il aura été noté, également, l’intervention de Mr Carlos Martin Herrera, portant sur le managment des établissements de santé; ce, dans un souci d’optimisation des soins, par une gestion-qualité des structures, conformément à ce qui est, aujourd’hui, incontournable; à savoir, l’application des normes ISO. Le rapport-bilan, présenté par Christine Tregouet-Perissé, sur la formation aux nouvelles techniques de gestion des Ressources humaines, au profit de 138 cadres hospitaliers, de juin 2013 à février 2014, a montré l’engouement, pour ce séminaire. Seul bémol constaté, cette éternelle résistance au changement, se traduisant par des blocages; d’où, un décalage entre ce qui doit se faire et ce qui est fait. En tout état de 24 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 cause, ces obstacles doivent être levés, pour le bien de tous et aucune chasse gardée ne doit être tolérée; car, toute réforme ne vaut que par ceux qui l’appliqueront. On aura beau penser le meilleur système de santé possible, celui-ci restera un vœu pieux, si ceux, chargés de l’application, sont réticents, ou incompétents; car, il demeure bien évident que le capital le plus précieux est l’homme. D’où, l’importance de la gestion des Ressources humaines, tant au niveau stratégique, qu’opérationnel. Tel est, donc, le sens à retenir de l’intervention de Madame Christine TregouetPerissé. A cet effet, nous avons, donc, interviewé trois autres experts, dans le domaine. Ecoutons leur propos ÉVÈNEMENT Sandra Sorinin, Expert en ingénierie de formation, chef d’équipe, à Santé Mag, L’actif principal de toute entreprise, y compris des établissements hospitaliers demeure l’homme C ’est une journé importante, notera Madame Sandra Sornin, car on présente les résultats du premier projet, qui a été mis en œuvre pendant une période de 18 mois. C’est essentiel de faire part, à tout le monde, des axes de notre projet, car nous avons fixé des objectifs à atteindre et au cours de ce séminaire de clôture, on aura enregistré les impressions positives, des bénéficiaires de la formation dispensée». En effet, il a été constaté, en plénière, leur engouement pour ce stage, car fort contents des avantages qu’ils en ont tirés. La confirmation de cette performance est patente à travers les communications, présentées par les experts intervenants, qui ont bien montré l’engagement des stagiaires, provenant de toutes les structures concernées. «Ce projet ne s’arrête pas là, dira Sandra Sornin, vu que nous nous sommes fixé d’autres challenges, dans un souci d’amélioration continue des performances constatées. Pour ce faire, il y a lieu de conclure avec des recommandations, lors de cette journée, afin que cela nous serve de feuille de route, pour nos actions futures», fera-t-elle remarquer. En tout état de cause, ces actions de formations sont opportunes et pertinentes, car il ne faut pas oublier que l’actif principal de toute entreprise demeure l’homme. Aussi, la gestion des ressources humaines devient un enjeu stratégique et donc, un personnel performant est, sans aucun doute, un avantage, concurrentiel, pour tout organisme. En effet, on aura beau construire des établissements de santé de pointe dotés d’équipements les plus sophistiqués, si on ne renforce pas les capacités des hommes cela ne sert strictement à rien, a-t-elle ajouté. «Enfin, c’est, aussi, une journée importante; car, cela permet aux gens de se rencontrer, dans un espace d’échanges et de convivialité», conclut Madame Sandra Sornin. Effectivement, nous sommes bien d’accord que: «c’est en discutant que jaillit la lumière» N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 25 ÉVÈNEMENT Dr Nacer Grim, à Santé Mag, Monsieur le ministre de la Santé a la volonté bien chevillée au corps, pour ce qui concerne la politique de formation à appliquer A ujourd’hui, nous clôturons un de nos grands projets, dont nous nous sommes fixés la réalisation. C’est un projet de formation, qui a touché, environ, 1500 cadres du secteur de la santé, dont 1200 en face-à-face pédagogique. Ce contrat de formation a duré 18 mois et a concerné les différents niveaux du système de santé algérien: de la polyclinique jusqu'au ministère, bien entendu, avec des créneaux particuliers dans les domaines; notamment, de la planification stratégique en santé, les systèmes d’information, la qualité de soins , le management hospitalier et la gestion des ressources humaines, notera le Dr Nacer Grim, ajoutant que: «suite à ces face-àface pédagogiques, nous avons sélectionné les meilleurs, parmi les équipes qu'on appelle les référents. Ces référents ont été formés pour qu’ils deviennent de futurs formateurs. Ainsi, dans le cadre des séminaires ont été étudiés, notamment, les questions des bio-similaires, la télémédecine, le téléenseignement, les 26 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 pratiques d’inspection, les démarches d’accréditation et enfin, la communication en santé. «Le présent séminaire est, par conséquent, une journée de restitution et de débriefing, dont les résultats seront consolidés et capitalisés, au niveau de la Tutelle. Monsieur Nacer Grim témoigne, par-là, une satisfaction générale des stagiaires aux différents cycles de formation. Preuve en est, le renouvellement de demandes, en l’occurrence. Cependant, la prochaine étape de l’objectif sera, plutôt, l’élaboration d’un plan général de formation, à la lumière des résultats obtenus. «Ainsi, nous considérons maintenant, dira le directeur du PASS, que les cadres retenus sont bien outillés et ceci, grâce, également, aux échanges internationaux qu’ils ont entrepris, à travers leur voyage d’études, pour élaborer une stratégie de formation, à l’échelle nationale et sa mise en œuvre». Il soulignera, alors, que: «les stagiaires ont, effectivement, des capacités et sont aptes, à leur tour, de dispenser leur savoir aux générations montantes; ce dont ils ont, d’ailleurs, conscience. Deuxièmement, il s’agira, dorénavant, de cibler différentes populations, chacune en ce qui la concerne, selon les priorités du moment, pour qu’elles reçoivent des enseignements pratiques et adaptés aux nécessités de l’heure, dans un souci d’amélioration continue des connaissances; conformément aux normes internationales, qui prévalent dans le domaine de la Santé. Enfin et troisièmement, nous aurons constaté que le fait de mieux communiquer et d’échanger des idées crée une synergie, laquelle impulse une dynamique nouvelle dans le secteur de la santé; ce qui se traduira, inévitablement, par une optimisation de la qualité des soins». Pour le Docteur Nacer Grim, effectivement, le saut qualitatif effectué est patent, tant au plan intellectuel purement, que moral, par l’engagement de bien faire, dans l’amélioration des soins, à prodiguer aux patients. Ceci est, d’ailleurs, le vœu de tous et les médias, par ailleurs, n’ont de cesse de le rappeler. En outre, il nous a été rapporté que, dans le cadre du PASS, d’autres activités sont menées, dont les résultats seront donnés au fur et à mesure de l’état d’avancement des travaux y afférents; notamment, le projet d’organisation et de management des établissements hospitaliers et il est à remarquer, à ce propos, que les besoins sont importants et que les ressources financières ne sont pas illimitées. Le directeur du PASS rappellera, au demeurant, que la contribution financière de l’Union européenne au PASS est inferieure à celle de la partie algérienne. C’est dire la difficulté de l’équation à résoudre. Néanmoins, monsieur le ministre à la volonté bien chevillée au corps, pour ce qui concerne la politique de formation à appliquer ÉVÈNEMENT Olivier Kuperminc, à Santé Mag, Nous souhaitons, vivement, que la réforme hospitalière envisagée prenne la mesure de tous ces aspects L e Dr Olivier Kuperminc dirige Conseil Santé, qui est une structure française totalement privée, dont le métier est le conseil, ingénierie et développement en santé. Ce métier particulier consiste à mettre en place de l’assistance technique, sur demande des bailleurs de fonds et des pays récipiendaires de cette aide financière, dans le cadre de conventions signées. Ce cabinet réalise, donc, des contrats de toutes tailles, de toutes sortes, dans tous les domaines possibles; mais, il se spécialise dans le secteur de la Santé. Il vend, ainsi, de l’expertise; mais, il n’a pas d’activité commerciale, ou de production. C’est, par conséquent, un prestataire de service. Conseil-Santé intervient à tous les niveaux de la santé publique, en général: les systèmes de formation, le management de système de santé, la gestion des médicaments, la nutrition en milieu hospitalier…. «Le principe d’une opération comme la nôtre consiste à appuyer, dans le cadre d’un projet bien déterminé, appelé le PASS, le ministère de la Santé, dans sa réforme du système de santé, en Algérie». Notre contribution, à travers ce contrat, se limite à renforcer les capacités d’un certain nombre de personnes, dans le système de santé algérien. Ainsi, 1500 personnes ont été formées, sur une période de 18 mois, dans différents domaines; en fonction, évidemment, des besoins identifiés par le ministère et les services; en l’occurrence, monsieur Nacer Grim. A cet effet, nous nous sommes rendus dans, quasiment, toutes les régions d’Algérie et au besoin, nous avons invité des participants à venir chez nous. En fait le but, à travers cette opération, est de dispenser des connaissances aux stagiaires et qu’ils soient à même de les appliquer sur le terrain; autrement dit, un savoir et un savoir-faire. Notre interlocuteur expliquera: «acquérir des capacités, c’est une chose; c'està-dire, la connaissance et la mettre en œuvre, c’est acquérir des compétences et ceci est une autre affaire. Toutefois, il importe que cela se fasse dans un cadre concerté et évidemment, à l’intérieur de l’hôpital, dans lequel ce personnel travail». Interrogé sur le bilan de cette opération, l’expert le juge très positif, malgré la contrainte-temps et les aléas, comme, par exemple, les défections de dernières minute, ou quelques problèmes d’organisation et de logistique; ce qui a entraîné, par moment, la réadaptation du programme. «Après notre intervention, dira l’expert, il a été remarque beaucoup d’insuffisances, au niveau du management des hôpitaux; ce dont nous avons fait état. Certains problèmes peuvent être résolus par le biais de la formation et à ce propos, nous avons remarqué une motivation, pour apprendre, chez nos participants et c’est fantastique ! Nous souhaitons, vivement, que la reforme hospitalière envisagée prenne la mesure de tous ces aspects N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 27 ÉVÈNEMENT Dr Mohamed Bekkat-Berkani*, à Santé Mag, Nous constatons, lors des Assisses nationales de la santé, une sérieuse volonté, pour pousser les lignes Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: Quels sont les sujets abordés dans les différents ateliers, lors de ces journées des Assises nationales de la santé ? Dr Bekkat-Berkani: Les différents intervenants de ces ateliers ont, franchement, abordé tous les problèmes; voire, l’ensemble des perspectives relatives à la politique de la santé. La prochaine loi sanitaire va prendre, certainement, en considération les différentes propositions y afférentes, qui ont été débattues; à savoir: complémentarité public/privé, modèle de financement, formation, décentralisation…. Tous ces compartiments constitueront, je l’espère, une véritable plate-forme de la santé publique, dans notre pays. En effet, si les recommandations de ces assises sont mises en application, on aura, alors, optimisé, sans aucun doute, les moyens engagés par l’Etat dans le secteur; ce qui n’est pas le cas, aujourd’hui car, malgré des financements colossaux, les résultats obtenus demeurent très faibles. Il est à souhaiter que, cette fois-ci, nous arriverons à trouver une solution pérenne à nos problèmes, en l’occurrence. Quelles sont, dans l’ensemble, les recommandations ? Le fait de réunir tous les acteurs de santé, sans exclusive, permet de donner une image, en temps réel, des dysfonctionnements, bien entendu; mais, aussi, des solutions à trouver, parce que toute la problématique est d’essayer de trouver des solutions, qui soient adéquates à la situation. Il y a urgence, car la prise en charge de la santé des citoyens ne peut attendre. En effet, le malade éprouve des difficultés à se soigner. C’est une réalité, que ce soit dans les centres hospitaliers, dans les dispensaires et même, au niveau des structures hospitalières de référence. En outre, la situation se complique, avec la transition épidémio28 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 logique que connaît le pays. Aussi, la question centrale est comment faire de la prévention pertinente. Enfin, le rôle de la Sécurité sociale est, également, à étudier en profondeur, car elle gère l’argent du peuple, qui attend, en retour, un service à la mesure des efforts de sa contribution au budget de cet organisme qui, en principe, est, en quelque sorte, le moteur de la politique de la santé publique. L’organisme de la Sécurité sociale est–il présent, aujourd’hui, aux Assises ? Pour des raisons que je n’expliquerai pas, quelques représentants, seulement, sont venus; mais, en fait, la discussion est une discussion politique. Que faire de la Sécurité sociale ? Faut-il la laisser intégrée au Ministère du travail, dont elle prend sa source? C’est une réalité, la source financière de la Sécurité sociale ce sont les cotisants qui travaillent. Donc, finalement, a-t-elle le droit de disposer de ces cotisations, pour pouvoir, dans un autre ministère, jouer un rôle différent ? On a remarqué, sincèrement, qu’il y a une petite discordance entre les deux ministères. Donc, il faut que, politiquement, les autorités trouvent une solution adéquate. D’aucuns pensent qu’il y a lieu de rattacher la Sécurité sociale au ministère de la Santé (cela se fait dans certains pays) et d’autres disent non, il faut la laisser et l’individualiser, pour qu’elle puisse rendre des comptes; mais, seulement, il faut établir de véritables ponts entre les deux ministères concernés: ministère de la Santé; c'est-à-dire, celui qui agrée les médicaments et celui qui les rembourse. Ce qui n’est pas, souvent, le cas. Un mot, pour conclure, quant à l’avenir du système de santé, en Algérie ? Je dirais que nous avons la promesse politique de l’installation d’un comité de suivi des recommandations. Il ne faut pas se leurrer, les professeurs en santé ont fait des propositions; lesquelles, bien entendu, dans le cadre d’un Etat de droit, vont constituer l’avant-projet de la loi, à soumettre à l’appréciation des différentes assemblées élues. Ces dernières ne manqueront pas de l’enrichir et il sera, par la suite, adopté, pour être érigé en mode de pensée et de conduite à tenir, dans tous les domaines relevant de la santé du citoyen. Si cela est, nous aurons, ainsi, défini un système de santé à court, moyen et long terme. Je dirais, enfin, que c’est pour la première fois que nous constatons une sérieuse volonté d’agir * Docteur Mohamed Bekkat-Berkani, président du Conseil de l’Ordre des médecins. RECHERCHES MÉDICALES L’envol de l’immunothérapie L’immunothérapie a été l’un des deux sujets les plus débattus à Biovision A l’occasion de Biovision, le forum mondial des sciences de la vie, qui s’est tenu à Lyon, les 5 et 6 juin, l’immunothérapie a été au cœur des discussions. Pour Destination Santé, le Dr Brigitte Autran, responsable du département d’immunologie de l’hôpital de la PitiéSalpêtrière, fait le point sur ces traitements, qui ont, déjà, sauvé des millions de vie. Le principe de l’immunothérapie est assez simple à comprendre. Elle consiste à stimuler les défenses naturelles de l’organisme, pour aider celui-ci à lutter contre la maladie. «C’est le cas des vaccins», explique le Dr Autran. «Découverts il y a plus de 200 ans, ils sont administrés, pour générer des défenses immunitaires et éviter d’être infecté par un virus». Cela est, aussi, vrai pour des patients, déjà, Dr Autran malades. «Là, encore, il peut s’agir, soit d’un vaccin; mais, aussi, d’un médicament, qui sert à moduler le système immunitaire, pour l’aider à mieux combattre la maladie. L’exemple le plus emblématique, c’est l’administration d’un vaccin antirabique, chez un sujet mordu par un chien infecté par la rage». UN AVENIR PROMETTEUR ? Aujourd’hui, nous assistons à une véritable explosion de traitements, reposant sur l’immunothérapie contre les cancers. «Les laboratoires de recherche et les industriels ont réussi à produire, à très grandes échelles, des anticorps», indique le Dr Brigitte Autran. «Ces derniers peuvent être injectés au patient et cibler, directement, les éléments déficients du système immunitaire». Au cours de Biovision, les spécialistes se sont penchés sur les traitements du futur. «Nous sommes en phase d’expansion majeure. Le potentiel thérapeutique est extraordinaire», s’enthousiasme le Dr Autran. «Mais, il est essentiel de stimuler davantage les recherches, de faciliter les interactions entre chercheurs et industriels, pour que les progrès aillent plus vite. Enfin, les Etats doivent, aujourd’hui, comprendre l’intérêt d’investir dans ce domaine, riche en innovations thérapeutiques» Immunothérapie L'immunothérapie est un traitement qui consiste à administrer des substances qui vont stimuler les défenses immunitaires de l'organisme afin de lutter contre différentes maladies, en particulier certains cancer hématologiques (autrement dit, du sang), les maladies dégénératives et les maladies de système. Par extension, l'immunothérapie désigne également toute thérapie utilisant des protéines produites par les cellules du système immunitaire, en particulier les immunoglobulines, sans que l'objectif de cette thérapie soit nécessairement la stimulation de l'immunité. Les premiers essais d'immunothérapie remontent aux années 1970 et utilisaient des anticorps polyclonaux. Actuellement différentes molécules sont utilisées : en premier lieu les immunoglobulines monoclonales, les interférons et les interleukines. On distingue deux types d'immunothérapies: l'immunothérapie locale dont les applications sont peu fréquentes et l'immunothérapie générale beaucoup plus fréquente. À noter que l'immunoscintigraphie est une application diagnostique reposant aussi sur l'utilisation d'anticorps comme sonde spécifique, mais marqués par fluorescence ou radioactivité faible et visualisés in vivo par imagerie. En immunothérapie, on utilise des anticorps modifiés pour être, seulement mais de façon plus critique, «humanisés», afin d'éviter les réactions de défense immunitaire parce que les quantités employées sont justement plus fortes N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 29 RECHERCHES MÉDICALES Pr Mohamed Bradai*, à Santé Mag, Le diagnostic prénuptial de la drépanocytose et de toutes les autres maladies de l’hémoglobine devrait être obligatoire La drépanocytose est une maladie génétique grave, héréditaire, touchant les globules rouges du sang. D’après les statistiques, la drépanocytose touche près de 50 millions de personnes dans le monde, faisant d’elle la maladie génétique la plus répandue au monde. Le professeur Mohamed Bradai, spécialiste dans le domaine, dans cette interview. Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: Qu’est-ce que la drépanocytose ? Pr M. Bradai: La drépanocytose est une maladie héréditaire du globule rouge, qui rentre dans le cadre des anémies hémolytiques congénitales. Elle se caractérise par une hémoglobine anormale, appelée hémoglobine S. Cette hémoglobine S ressemble à l’Hb A, normale, sauf sur un seul acide aminé; ce qui modifie, complètement, ses propriétés. La maladie est transmise par les parents, qui sont porteurs sains, à leurs enfants, qui seront malades. Cette Hb S anormale a la propriété de former des faisceaux à l’inté30 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 rieur du globule rouge, qui se déforme et prend la forme d’une faux, ou drépanos (en latin), d’où l’appellation de drépanocytose, ou anémie falciforme, ou encore, sickle cell disease des anglo-saxons. Comment se manifestent les signes cliniques de la drépanocytose: Classiquement, la maladie drépanocytaire s’exprime par un trépied clinique, qui comprend: Une anémie: qui se manifeste, cliniquement, par une pâleur de la peau et des muqueuses, un ictère (jaunisse), et une splénomégalie (une rate augmentée de taille), Des crises douloureuses, dites vasoocclusives: en fait les globules rouges déformés vont obstruer les vaisseaux de la microcirculation; ce qui engendre la douleur. La douleur est le maître-symptôme de la maladie. Il s’agit, essentiellement, de douleurs osseuses, localisées ou généralisées; parfois, prises, à tort, pour des douleurs du rhumatisme articulaire aigu (RAA). Elles sont imprévisibles, source de souffrance et d’anxiété; aussi bien pour le patient, que pour son entourage. Elles sont, souvent, provoquées par le froid, le manque d’oxygène, les infections, la déshydratation. Leur répétition marque la gravité de la maladie, RECHERCHES MÉDICALES Les infections: les malades drépanocytaires ont une tendance à faire des infections fréquentes et sévères, qui sont une cause de mortalité importante; surtout, lors de la première enfance. Y-a-t-il des populations à risque? Si on prend en considération l’origine de la maladie, on peut la considérer comme étant raciale, puis que son origine est africaine (essentiellement, l’ouest de l’Afrique et l’Afrique sub-saharienne). Mais, avec les mouvements des populations, le métissage, le brassage des populations font que la maladie soit devenue ubiquitaire et on la retrouve dans tous les continents. Il s’agit de la première maladie génétique humaine. En France, par exemple, le dépistage de la maladie concerne des enfants d’origine africaine et maghrébine. En Algérie, on ne peut pas parler d’un groupe à risque, mais il existe des régions à forte prévalence de la maladie, dites foyers drépanocytaires, très particulièrement à l’est algérien, où l’on dénombre le plus grand nombre de malades. La situation particulière de l’Algérie, pays africain et méditerranéen, a permis la coexistence de la drépanocytose et de la thalassémie et leur association, chez un malade, donne la drépano-thalassémie, qui se manifeste, cliniquement, comme une drépanocytose; ce qui accroît le risque de survenue de la maladie. Comme la maladie ne s’exprime pas chez l’hétérozygote, qui est porteur sain, il est impossible de prévoir la survenue de la maladie chez tout algérien, en dehors d’un dépistage. Faut-il un diagnostic prénuptial et un diagnostic prénatal? Pour le diagnostic prénuptial, il devrait être obligatoire. Il s’agit de pratiquer chez le couple, avant le mariage, un examen simple, peu coûteux, pour dépister, non seulement la drépanocytose, mais toutes les autres maladies de l’hémoglobine et procéder au conseil génétique. Ce conseil est suggestif, qui consiste à expliquer au couple le risque encouru pour leur descendance, s’ils sont tous les deux porteurs de la maladie et les dissuader de faire cette union. Concernant le diagnostic prénatal, qui consiste à faire, chez une femme enceinte, à risque d’avoir un enfant malade, un prélèvement sur son fœtus. Le but est de déceler la maladie très précocement et de proposer une interruption médicale de grossesse. Sa faisabilité nécessite trois préalables: un obstétricien qualifié, pour faire le prélèvement, un laboratoire de biologie moléculaire de référence, et enfin, un cadre légal; c'està-dire, un texte législatif autorisant sa pratique, en plus du consentement des parents. Quelles sont les complications de la maladie? Elles sont multiples, et sont variables avec l’âge. Pendant l’enfance ce sont les complications infectieuses, les crises douloureuses et l’aggravation de l’anémie qui prédominent. Certaines complications aigues sont très graves et engagent le pronostic vital, ou fonctionnel, du malade. Il s’agit, notamment, des crises pulmonaires (dites syndrome thoracique aigu), des accidents vasculaires cérébraux, qui se manifestent par une paralysie, des nécroses au niveau du rein, d’épisodes de priapisme, etc... Les complications chroniques apparaissent vers l’âge adulte et affectent, pratiquement, tous les organes: rein, cœur, poumon, foie, cerveau, rétine, os, peau... Elles témoignent de la souffrance de ces organes, due à l’obstruction, répétée, des vaisseaux. Deux situations à risque sont particulières, chez ces malades: les interventions chirurgicales et les grossesses, qui nécessitent une attention particulière. Il est important de signaler que la gravité de la maladie est très variable. Environ, 10 à 20% des malades expriment une forme sévère, qui nécessite un traitement rigoureux. Mais, quelle que soit la gravité initiale, les complications graves peuvent survenir, de façon imprévisible. Existe-il des traitements curatifs et préventifs de la maladie? Il n’y a, à l’heure actuelle, qu’un seul traitement, qui soit curatif: c’est la greffe de moelle osseuse. Mais, ce traitement, non dénué de risques et qui nécessite un donneur compatible, s’adresse aux formes très sévères. Ses indications sont restreintes. Pour la question du traitement préventif: si on veut prévenir la maladie et réduire son incidence, il faut, absolument, faire un programme de dépistage, pour dépister les porteurs de la maladie et élaborer un plan, pour le conseil génétique. Ce travail nécessite la collaboration d’un groupe de travail et la création d’un réseau et surtout, l’adhésion et l’investissement du personnel médical et paramédical et une volonté politique. Il s’agit d’un travail de longue haleine et ses fruits ne seront perçus qu’à long terme. Maintenant, si on prend le malade affecté, il y a des mesures préventives simples, pour éviter la survenue de complications graves, des traitements à bases de transfusions, ou des médicaments particuliers, peuvent éviter des complications; autrefois, mortelles. Il est important de noter que la médiane de survie de ces malades, dans les pays développés, dépasse 50 ans, pour avoisiner 60 ans; et ceci, grâce aux mesures thérapeutiques et préventives et surtout, grâce à une meilleure connaissance et compréhension de la maladie. Quel est l’état des lieux de cette pathologie de la maladie? Il est indéniable que beaucoup d’efforts ont été consentis, pour optimiser la prise en charge de la drépanocytose, en Algérie et un progrès non négligeable a pu être réalisé. Les résultats sont, à mon avis, disparates et ne sont pas uniformes, dans tout le pays. La prise en charge, effective et continue, ne peut être réalisable que dans les centres dotés de moyens humains et matériels et nécessite une formation continue; aussi bien du personnel médical, que paramédical. Une prise en charge optimale exige un cumul de plusieurs années d’expérience. Dans les pays de forte prévalence de la maladie, il existe des centres labellisés, spécialisés dans la prise en charge de la maladie et on les retrouve, non seulement dans les pays développés, mais même dans des pays dits sous-développés, qui ont pris conscience de la particularité de ce type d’affection. Où en sommes-nous de la recherche? Je n’ose pas parler, encore, de recherche dans notre pays. Il faut, d’abord, se mettre à niveau, sur le plan formation et sur le plan de la qualité de la prise en charge classique. Ensuite, il faut faire de véritables enquêtes épidémiologiques, élaborer un programme de dépistage et arriver à assurer le conseil génétique, dans le cadre de la prévention. L’idée de création de centres référents, qui s’occuperont des toutes les maladies héréditaires du globule rouge, me paraît judicieuse. *Professeur Mohamed Bradai, CHU de Blida N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 31 RECHERCHES MÉDICALES Médecine Découverte d'une nouvelle molécule capable de tuer les cellules cancéreuses Des chercheurs de l'Institut Karolinska et de l'Université d'Uppsala ont découvert une nouvelle molécule, capable d'éliminer les cellules cancéreuses, se trouvant en état de dormance, au sein d'une tumeur. Ces cellules cancéreuses sont localisées dans les parties les moins oxygénées des tumeurs solides et sont, généralement, résistantes aux traitements classiques. Cet article est publié dans la revue Nature Communications. U ne tumeur est une excroissance de tissus, provoquée par la prolifération anormale de certaines cellules, se multipliant plus rapidement que les cellules voisines. Contrairement aux idées reçues, une tumeur n'est pas, forcément, cancéreuse. Il existe deux types de tumeurs, les tumeurs bénignes, qui ne donnent pas naissance à des tumeurs filles (métastases) comme, par exemple, les verrues, ou les grains de beauté. Les tumeurs malignes, quant à elles, sont désignées sous le terme de cancer. Les tumeurs solides cancéreuses, comme les carcinomes, ou les sarcomes, forment des amas cellulaires, plus ou moins volumineux. En plus d'attaquer les tissus avoisinants, elles produisent des métastases, qui se propagent à travers le sang, ou la lymphe. 32 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 Cette publication met en évidence l'incapacité des cellules dormantes, se trouvant dans les profondeurs de la tumeur, à compenser le déficit mitochondrial (production d'énergie). "Nous avons identifié une petite molécule appelée VLX 600 ayant un effet inhibiteur, dans des modèles in-vitro et in-vivo, sur des cellules tumorales en état de dormance, se trouvant dans le colon et qui sont, par ailleurs, très difficile d'accès. VLX600 inhibe la respiration mitochondriale des cellules dormantes; ce qui résulte d'une augmentation de la glycolyse. Les cellules dormantes meurent Stig Linder par manque de nutri- ments", souligne Stig Linder, qui est le directeur de cette recherche et professeur au département d'oncologie-pathologie, de l'Institut Karolinska. La molécule VLX600 a été développée en coopération avec la société Vivolux AB, située à Uppsala et l'Institut Karolinska. Une étude clinique est prévue avec des chercheurs américains, pour cette année. La recherche a été financée par la société suédoise du cancer, la fondation de recherche sur le cancer de Radiumhemmet, le conseil suédois de la recherche, la Fondation Alex, Eva Wallström et la Fondation suédoise pour la recherche stratégique RECHERCHES MÉDICALES Pr Kamel Senhadji*, à Santé Mag, De nouvelles molécules, contre la maladie du Sida, testées sur les animaux, sont prometteuses De nouvelles recherches sont en cours, pour trouver un traitement efficace et permettant la guérison, totale, des malades atteints du sida et non pas seulement, bloquer l’évolution de la maladie, a indiqué, le Pr Kamel Senhadji, directeur de recherche en immunologie, au CHU de Lyon. Par Tanina Ait L e virus du sida, ou syndrome de l’immunodéficience acquise, est une maladie immunitaire, due à un virus nommé VIH, qui s’attaque aux globules rouges et réduit, considérablement, le système immunitaire du malade, qui ne peut plus se défendre, contre les organismes pathogènes. Le syndrome d'immunodéficience acquise, plus connu sous son acronyme sida, est un ensemble de symptômes, consécutifs à la destruction de plusieurs cellules du système immunitaire, par un rétrovirus. Le sida est le dernier stade de l'infection, par ce virus et finit par la mort de l'organisme infecté, des suites de maladies opportunistes. En France, une personne malade du sida est désignée par le terme sidéen (au Canada, on emploie le terme sidatique).Il existe plusieurs rétrovirus, responsables du sida, chacun infectant une espèce particulière. Le plus connu d'entre eux est le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), infectant l'homme. D'autres virus sont le VIS, infectant les singes et le VIF, pour le chat. Les traitements, actuels, contre cette pathologie immunologique, appelée quadrithérapie, ne font que réduire la charge virale du virus dans l’organisme, en bloquant son évolution, mais n’assurent pas, au patient, une guérison totale. Avec les molécules nouvelles, testées sur les animaux, le virus sera éliminé de l’organisme, progressivement, jusqu’à atteindre une charge virale nulle, a expliqué le Pr Senhadji. Le spécialiste en immunologie a expliqué que les nouvelles molécules étudiées ont la forme du récepteur du virus du sida (CD4) dans la cellule (globule rouge), précisant que le récepteur synthétique se liguera au maximum de cellule virale, l’empêchant, ainsi, de contaminer les cellules; des traitements efficaces, chez les animaux. Le conférencier s’est dit optimiste, quant à l’avancée de la recherche, précisant que, dans un avenir proche, la science élaborera un médicament, qui guérira le sida. Par ailleurs, le Pr Senhadji a abordé une autre maladie immunitaire, touchant les nouveau-nés, appelée syndrome du déficit immunitaire combiné «bébésbulles» et qui naissent sans défense immunitaire. L’intervenant a souligné que cette maladie était génétique éthérisée de parents porteurs du gène délétère. S’exprimant sur le traitement de la pathologie, le directeur de recherche a informé que de nouvelles méthodes de traitement, avec des cellules souches, donnaient de bons résultats. La méthode de soins consiste à greffer le malade avec des cellules souches, qui se différencieront, avec le temps, en cellules immunitaires (de défense) et protégeront l’organisme d’éventuelles agressions extérieures. Pour l’éventualité de traitement du sida, par les cellules souches, le Pr Senhadji a indiqué que ce n’était pas «réalisable», car le virus de l’immunodéficience est présent dans tout le corps du malade, précisant que, pour greffer la personne atteinte de sida par les cellules souches, il fallait atteindre une charge virale nulle. Le Pr Senhadji a, aussi, rappelé que l’espérance de vie des personnes, atteintes du sida, s’était considérablement améliorée, avec la quadrithérapie, qui apporte un certain confort au malade; contrairement aux molécules utilisées il y a une vingtaine d’années *Pr Kamel Senhadji, spécialiste du VIH, directeur de recherche au CHU de Lyon. N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 33 RECHERCHES MÉDICALES Les vapoteurs sont-ils des fumeurs ? Le tabagisme concerne, toujours, le nombre effarant de 16 millions de Français. U tilisée au moins une fois, par 9,2 millions de Français, l’e-cigarette peut aider à arrêter de fumer. Mais, au-delà de réduire les risques liés au tabagisme, elle constitue, aussi, une porte d’entrée vers le tabac, pour les non-fumeurs. Notamment, chez les jeunes car, tout comme le tabac – produit psychoactif le plus consommé par les jeunes – l’e-cigarette attire très tôt, dès l’âge de 15 ans. Vapoter incite-t-il les non-fumeurs à prendre de mauvaises habitudes ? Si le risque existe, les plus grands adeptes du vapotage restent les fumeurs réguliers; lesquels «combinent cigarette classique et électronique, pour arrêter de fumer, ou par simple plaisir», confirment les auteurs d’une étude américaine, publiée sur le site Tobacco Control. Très peu de non-fumeurs utiliseraient, donc, ce dispositif; à tel point que, tout âge confondu, seul 1 non-fumeur sur 100 a, déjà, vapoté, contre 4,4% d’anciens fumeurs et 20,3% des fumeurs réguliers. Et au total, 4% des accros au tabac explique avoir investi dans une e-cigarette, pour essayer d’arrêter de fumer. LES ADOLESCENTS AUSSI … Menée à travers 27 pays de l’Union Européenne, ce travail met, aussi, en évidence le jeune âge auquel les consommateurs se tournent vers l’e-cigarette. «La majorité des vapoteurs ont entre 15 et 24 ans, fument plus de 20 cigarettes par jour et ont, déjà, essayé d’arrêter au moins une fois, au cours de l’année», résument les auteurs de l’étude. Enfin, ce travail a mis en lumière de fortes disparités entre les pays, au niveau de la consommation. Ainsi, plus du tiers des vapoteurs européens (36%) se concentrent au Danemark, contre 8% en Norvège Avant ou après le petit déjeuner, la première cigarette de la journée est, aussi, un objet d’étude scientifique Vous êtes fumeur ? Combien de temps s’écoule-t-il entre votre réveil et votre première cigarette ? La question n’est pas anodine. D’après des chercheurs américains, plus le délai est court, plus le risque de cancer pulmonaire serait élevé… Le Dr Fangyi Gu et son équipe du National Cancer Institute de Bethesda (EtatsUnis) ont travaillé à partir de questionnaires, administrés dans le cadre de deux études: l’une (baptisée EAGLE) réalisée auprès d’une population de fumeurs, ou anciens fumeurs, en Italie. L’autre (PLCO) établie à partir des données issues des dépistages des cancers de la prostate, du poumon, du colon/ rectum et des ovaires, aux Etats-Unis. 34 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 Les auteurs ont analysé les réponses à une question principale: combien de temps, après votre réveil, fumez-vous votre première cigarette? Moins de 5 minutes, de 6 à 30 minutes, de 31 minutes à une heure, ou plus d’une heure? Ils ont, ensuite, travaillé à partir des patients, qui souffraient d’un cancer du poumon, au sein des deux cohortes. Les médecins ont, ainsi, découvert une «association, statistiquement significative», entre le risque de développer cette maladie et la précocité de la première cigarette de la journée. Le délai entre le réveil et cette première cigarette représentait déjà un marqueur d’addiction à la nicotine. Il se pourrait, maintenant, que ce comportement devienne un nouveau facteur de risque de cancer; au même titre que le nombre d’unités consommées, au quotidien et l’ancienneté, dans le tabagisme. Mais, les chercheurs précisent que des «études complémentaires devront être réalisées, pour confirmer, ou infirmer, ce résultat» DOSSIER Pr Ismail Benkaidali*, à Santé Mag, La Commission Européenne a réévalué et confirmé l’AMM de Diane35, au niveau européen Propos recueillis par Tanina Ait 38 Santé Mag: Où en est-on de la polémique, relative à l’utilisation de la molécule Diane 35 ? ces investigations, il est apparu que le rapport bénéfice-risque était en faveur de l’utilisation de la molécule Diane 35. Pr Benkaidali: En effet, en 2013, en France, notamment et dans certains pays, il y a eu une polémique concernant l’utilisation de la molécule Diane 35, qui contient un anti-androgène (2 mg d'acétate de cyprotérone) et un œstrogène (35 μg d'éthinylestradiol), ainsi que ces génériques; suite, soi-disant, à des accidents de thrombose chez des patientes et il a été, même, rapporté des accidents mortels. Devant cet état de fait, la Commission Européenne a réagi, en diligentant une mission ad-hoc, au niveau de l’Agence Européenne du Médicament, après le retrait de Diane 35 du marché français, au mois de mai de la même année. Toute une enquête a, donc, été menée et il a été établi des choses réelles et les choses fausses. Il fallait, donc, un peu de transparence, quant à cette polémique. A la lumière de Qu’en est-il, en Algérie ? Il faut savoir qu’en Algérie, aussi, il y a eu une polémique au niveau médias; en l’occurrence, nous avons rencontré des problèmes avec nos patientes souffrant d’acné et qui étaient traitées par la Diane 35, au plan dermatologique et non pas à titre de contraceptif. Nous avons, toujours, utilisé cette molécule, on l’utilise encore et on l’utilisera toujours, contre les problèmes de l’acné. Je suis dermatologue et je mesure mes mots: depuis 1985, Diane 35 est prescrite contre les problèmes acnéiques, lorsqu’il y a des troubles hyper-androgénies. Effectivement, cette molécule est utilisée comme traitement, lorsque les applications locales ne donnent pas de bons résultats, ou en rajout avec celles-ci. Nos patientes se sont affolées, en effet, suite à cette polémique; mais, Diane 35 n’a pas Santé-MAG N°31 - Juin 2014 été suspendue chez nous, pourquoi ? Parce que nous avons pris le soin de les rassurer et notre tutelle a mis en place une Commission constituée d’experts, qui ont statué en faveur du maintien de Diane 35 et surtout, comme traitement anti-acnéique. Nous nous sommes, donc, alignés sur les autres pays européens. En outre et par conséquent, Il faut savoir que le 25 juillet 2013, après les décisions arrêtées par la Commission Européenne du Médicament, cette molécule a été, à nouveau, commercialisée officiellement. Ainsi, Bruxelles a demandé à la France de remettre cette molécule anti-acnéique sur le marché. Au demeurant, j’ajouterai qu’à partir de la fin janvier 2014, la Diane 35 est remise sur le marché français et qu’en Algérie elle n’a jamais été retirée. On continue à la prescrire comme traitement de l’acné et de l’hirsutisme. Je précise qu’on n’a jamais connu d’accident, lié à ce traitement, chez nos patientes, depuis son utilisation, en 1980. DOSSIER Ceci dit, aucun danger quant à l’utilisation de Diane 35, dans les traitements de l’acné et de l’hirsutisme ? Aucun danger et nous sommes en train de rassurer nos patientes, quant à l’utilisation de ce traitement, lorsqu’il est indiqué par le médecin traitant, après échec d’un traitement topique, ou de traitements antibiotiques systémiques. Diane 35 est indiqué pour le traitement des acnés modérées à sévères, liées à une sensibilité androgénique (avec, ou sans séborrhée) et/ou un hirsutisme, chez la femme en âge de procréer. Sachant que Diane 35 est, aussi, une hormone contraceptive, elle ne doit pas être associée avec d’autres hormones contraceptives. La conférence en photo Comment expliquer, alors, cette polémique autour de ce traitement ? Peut-être, suite aux accidents, sur des personnes "tarées", qui n’ont pas respecté les recommandations, strictes, liées à ce médicament comme l’âge, les antécédents de thrombose et de thrombolie familiaux. Lorsqu’on est hypertendue, diabétique, accros au tabac, ce qu’on oublie souvent, il y a lieu d’éviter cette molécule. A ce propos, j’insiste pour dire qu’il faut lutter contre le tabagisme; pas seulement lorsqu’on est sous Diane 35, mais pour se prémunir, aussi, de la survenue d’autres pathologies (cancer du poumon, maladies cardio-vasculaires etc…). Avant de prescrire Diane 35, quelles sont vos recommandations ? Comme tout autre médicament, un examen général de la patiente est obligatoire, avant de prescrire Diane 35; en l’occurrence, des examens gynécologique, cardio-vasculaire, ophtalmologique et il faudra, surtout, pratiquer l’anamnèse, qui est obligatoire, pour s’assurer que la patiente ne souffre pas d’autres troubles. Un mot, pour conclure ? Je dirais, enfin, que la Diane 35 a été prescrite comme une hormone contraceptive, hors Autorisation de Mise sur le Marché (AMM); mais, c’est, aussi, un produit anti-acnéique et elle continuera, toujours, à être prescrite comme hormone contraceptive hors AMM). En plus, ce que nous conseillons, sur la base des dernières recommandations internationales, c’est que ce médicament, devant être utilisé comme moyen contraceptif, alors il faut le prescrire à la femme qui est acnéique, pour lui administrer, ainsi, un traitement deux-en-un, si je peux m’exprimer ainsi * Professeur Smail Benkaidali, chef de service dermatologie du CHU Mustapha Pacha (Alger) et président de la Société algérienne de dermatologie. N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 39 DOSSIER Dermatologie environ 70 % des adolescents, en Algérie, souffrent d’acné Environ 70 % des adolescents, en Algérie, souffrent d’acné et doivent consulter un dermatologue, pour éviter les séquelles physiques et psychologiques de cette maladie, a indiqué le Pr Smail Benkaidali, chef de service dermatologie, du CHU Mustapha Pacha (Alger) et président de la Société algérienne de dermatologie. L ’acné est fréquent, chez les adolescents et touche, environ, 70 % d’entre eux. Cette maladie doit être traitée, dès l’apparition des premiers boutons, pour éviter les aggravations", a précisé le Pr Benkaidali, lors d’une conférence-débat, au forum du journal DK News. Il a, également, fait savoir que 20% des consultations en dermatologie sont liées à l’acné, précisant que les boutons disparaissent dans 90% des cas, lorsque le traitement est administré précocement. L’acné est une maladie inflammatoire chronique, due à un déséquilibre hormonal et est d’origine génétique. Elle se caractérise par l’apparition de points noirs et points blancs sur le visage, qui s’aggravent en pustules. L’exposition au soleil, la sueur, le stress et certains produits cosmétiques sont considérés comme des facteurs aggravants de cette pathologie. 40 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 Le Pr Benkaidali a expliqué, à ce sujet, que l’acné présente plusieurs stades de sévérité et que le traitement varie en fonction du degré de gravité. Pour l’acné sévère, des stades 3 et 4, un traitement hormonal est nécessaire, pour réguler l’excès de sécrétion de sébum, à l’origine de la maladie. Evoquant Diane35, l'orateur affirmera que La Commission européenne avait réévalué et confirmé son AMM au niveau européen, en accord avec tous les Etats membres. Dans ce cadre, Diane35® ne doit être utilisée qu’«après échec d’un traitement topique, ou de traitements antibiotiques systémiques». Il doit, en outre, «être contre-indiqué chez les patientes ayant des antécédents de thrombose veineuse». Enfin, son utilisation «concomitante avec un autre contraceptif hormonal est contre-indiquée». Les bénéfices de Diane 35, un traite- ment contre l’acné du laboratoire Bayer, largement utilisé comme contraceptif oral, sont largement supérieurs aux risques, pour «certaines populations de patientes», a estimé l’Agence européenne du médicament (EMA)..: Diane 35 est indiqué pour le traitement des acnés, modérées à sévères, liées à une sensibilité androgénique (avec ou sans séborrhée) et/ou un hirsutisme, chez la femme en âge de procréer. Sachant que Diane 35 est aussi une hormone contraceptive, elle ne doit pas être associée avec d’autres hormones contraceptives. Pour une meilleure utilisation de Diane35, les précautions d’emploi ont été renforcées. Selon le même spécialiste, il n’existe aucun lien entre l’alimentation, l’hygiène et l’acné. La prolifération des boutons est indépendante des facteurs exogènes, a-t-il affirmé DOSSIER Diane35®, le retour triomphal LA PILULE DIANE35 DE RETOUR DANS LES PHARMACIES FRANÇAISES La Commission européenne a tranché: le traitement, anti-acnéique, Diane35® conservera son autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne. En conséquence, il sera, bientôt, à nouveau disponible, en France. Suspendu, depuis la fin du mois de mars 2013, ce médicament était largement prescrit, hors-AMM, comme contraceptif. C’est dans ce cadre qu’il avait fait l’objet de vives critiques, au même titre que les pilules de 3ème et accusé de provoquer des thromboses veineuses et artérielles. Les 4 décès, survenus dans l’Hexagone, depuis 1987 et attri- AMM, au niveau européen, après avis de l’EMA et accord de tous les Etats membres (seule la France avait émis une réserve)», indique son porte-parole Santé. Toutefois, les prescriptions seront restreintes et une meilleure information sur ses contre-indications devra être apportée, par les fabricants. UNE PRESCRIPTION MIEUX ENCADRÉE Son utilisation et sa prescription seront «restreintes, uniquement, au traitement de seconde intention de l’acné, modérée à sévère, chez les femmes en âge de procréer», précise l’ANSM. Dans ce cadre, Diane35® et ses génériques ne La Commission européenne vient de «terminer le processus de réévaluation de Diane 35 et de confirmer son AMM au niveau européen, après avis de l’EMA et accord de tous les Etats membres: 26 sur 27 (seule la France avait émis une réserve)». bués à la prise de Diane35®, avaient incité l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) à suspendre son utilisation. Très largement prescrit comme ‘’pilule’’, ce médicament d’un contraceptif hormonal; sans, pour autant, être indiqué dans ce but. En mai, l’ANSM prenait «acte de la recommandation du PRAC (Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance), première étape du processus européen de réévaluation de l’AMM». Pour autant, avait-elle ajouté, «la décision finale reviendra à la Commission Européenne». C’est chose faite. L’ANSM VA PROCÉDER À LA LEVÉE DE LA DÉCISION DE SUSPENSION La Commission européenne vient de «terminer le processus de réévaluation de ce médicament et de confirmer son LE TRAITEMENT DE L’ACNÉ A ÉTÉ CONFIRMÉ Dans ce cadre, Diane35® ne doit être utilisée qu’«après échec d’un traitement topique, ou de traitements antibiotiques systémiques». Il doit, en outre, «être contre-indiqué, chez les patientes ayant des antécédents de thrombose veineuse». Enfin, son utilisation, «concomitante avec un autre contraceptif hormonal, est contre-indiquée. Les bénéfices de Diane 35, un traitement contre l’acné du laboratoire Bayer, largement utilisé comme contraceptif oral, dépassent les risques, pour «certaines populations de patientes», estime l’Agence européenne du médicament (EMA), après la décision des autorités françaises de suspendre ce médicament, à la fin du mois de mars 2013. La Commission européenne a tranché: le traitement anti-acnéique Diane35® conservera son autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne. En conséquence, il est, à nouveau, disponible en france. CE MÉDICAMENT ÉTAIT LARGEMENT PRESCRIT, HORS-AMM, COMME CONTRACEPTIF C’est, dans ce cadre, qu’il avait fait l’obété accusé de provoquer des thromboses veineuses et artérielles. Très largement prescrit comme ‘’pilule’’, doivent être utilisés qu’«après échec d’un traitement topique, ou de traitements antibiotiques systémiques». Ils devront, en outre, «être contre-indiqués chez les patientes ayant des antécédents de thrombose veineuse». Enfin, son utilisation «concomitante avec un autre contraceptif hormonal est, également, contre-indiquée». La Commission a, aussi, demandé une révision des notices d’utilisation. Et les titulaires des autorisations de mise sur le marché de ce médicament et de ses génériques devront «soumettre un plan, complet, de gestion des risques, dans les trois mois» caractéristiques d’un contraceptif hormonal; sans, pour autant, être indiqué dans ce but. «Le Comité pour l’évaluation des risques, en matière de pharmacovigilance (PRAC), de l’Agence européenne du médicament, a conclu que le rapport bénéfice/risque de Diane 35 et de ses génériques est positif, selon un communiqué de l’EMA. Il souligne que «ces médicaments doivent être utilisés, uniquement, pour le traitement de l’acné modérée, ou sévère (...) et/ou pour le traitement de l’hirsutisme à savoir la pilosité excessive non désirée, chez les femmes en âge de procréer». L’EMA relève, cependant, que le Diane 35 a des propriétés de pilule contraceptive et qu’il ne doit, donc, pas être utilisé «en combinaison avec un autre contraceptif hormonal». Les recommandations du PRAC (Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance), incluent les éléments suivants: Diane 35 est indiqué pour le traitement des acnés modérées à sévères, liées à une sensibilité androgénique (avec ou sans séborrhée) et/ ou un hirsutisme, chez la femme en âge de procréer. Pour le traitement de l’acné, Diane 35 ne sera utilisé qu’après un traitement local, ou lorsqu’une antibiothérapie systémique a échoué. Sachant que Diane 35 est, aussi, une hormone contraceptive, elle ne doit pas être associée avec d’autres hormones contraceptives. Pour mieux comprendre le risque et les facteurs de risque de thrombo-embolie, en relation avec l’utilisation de Diane 35 (ex. âge avancé, tabagisme, sédentarité), les mises en garde et précautions de ces risques ont été renforcés N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 41 DOSSIER Sages-femmes Formation médicale continue Des spécialistes préconisent la généralisation d’une formation continue, pour les sages-femmes. Des spécialistes ont préconisé, à Alger, la généralisation d’une formation continue en gynécologie et autres spécialités médicales, pour les sages-femmes et les médecins généralistes, en vue d’un meilleur suivi de la femme enceinte. L a sage-femme et le médecin généraliste jouent un rôle, important, dans la prise en charge de la femme enceinte et doivent, donc, faire l’objet d’une bonne formation continue, afin de réduire les cas de mortalité maternelle et infantile, ont souligné des gynécologues et sagesfemmes, à l’occasion d’une journée de formation, au profit des sage-femmes et des médecins généralistes. Le Dr Omar Assouak, directeur de formation, auprès de l’organisme spécialisé en formation médicale «Multimédia et Media», a souligné, en marge de la journée, qu’un besoin important, en matière de recyclage permanent, était exprimé par les sages-femmes et les médecins généralistes. Concernant les sages-femmes, il a rappelé à ce sujet que ces dernières travaillaient en complémentarité avec les gynécologues, 42 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 ajoutant qu’elles doivent être à jour, sur les nouvelles données médicales. Pour le Dr Assouak, la formation des sagesfemmes et des médecins généralistes doit se faire dans toutes les spécialités médicales et à travers tout le territoire national. Pour sa part, la sage-femme Laila Taleb, de l’Etablissement public de santé de proximité (EPSP) d’Alger, a appelé à l’application du programme national de maîtrise du taux de mortalité maternelle et infantile, par la multiplication des journées de formation et la disponibilité du matériel médical. Elle a souligné, à ce propos, que les causes de mortalité maternelle et néonatale sont liées au mauvais suivi de la grossesse et au non recyclage des sages-femmes qui ne sont pas à jour sur les nouvelles techniques de soins. La femme enceinte doit être bien conseillée par le personnel soignant, durant toute la grossesse, pour éviter les fausses couches et les hémorragies de la grossesse, pouvant causer la mort, a ajouté la sage-femme. S’agissant du traitement de l’acné, chez la femme enceinte, le Pr Ismail Benkaidali, chef de service dermatologie, au CHU Mustapha Pacha, a indiqué que la pilule de 3ème génération (Diane 35) donnait de bons résultats. Il a expliqué, à ce sujet, que cette pilule avait une double efficacité; car, elle traite, à la fois, les acnés sévères et joue un rôle de contraception. Pour le Pr Benkaidali, la Diane 35, médicament des laboratoires Bayer, ne peut être administrée qu’après un examen clinique complet (gynécologique, cardiovasculaire et ophtalmique), précisant que ce médicament pouvait être à l’origine de problèmes thrombotiques DOSSIER (cardiaques), chez les femmes âgées de plus de 40 ans, ayant des antécédents cardiaques et consommant du tabac. Il a, toutefois, précisé qu’une enquête avait déterminé que le rapport bénéfice/risque est en faveur de l’utilisation de ce médicament et que le ministère de la Santé avait décidé de le maintenir sur le marché. En Algérie, il n y a pas eu d’accidents depuis son utilisation, remontant aux années 80, a-t-il fait remarquer. Par ailleurs et concernant le marché européen, le traitement anti-acnéique Diane35® conservera son autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne. En conséquence, il est, à nouveau, disponible sur le marchés. Diane 35 est indiqué pour le traitement des acnés modérées à sévères, liées à une sensibilité androgénique (avec ou sans séborrhée) et/ou un hirsutisme, chez la femme en âge de procréer. Pour le traitement de l’acné, Diane 35 ne sera utilisé qu’après un traitement local, ou lorsqu’une antibiothérapie systémique a échoué, a ajouté le spécialiste. Sachant que Diane 35 est, aussi, une hormone contraceptive, elle ne doit pas être associée avec d’autres hormones contraceptives Création, prochaine, d’un conseil de déontologie national des sages-femmes Un conseil de déontologie national des sages-femmes sera créé, le 17 juin, à Alger, a annoncé, à Mila, la présidente de l’Union nationale des sages-femmes algériennes (UNSFA), Akila Guerrouche. Intervenant au cours d’une journée d’étude, organisée à la maison de la culture de Mila, à l’initiative du bureau de wilaya de cette organisation professionnelle, Mme Guerrouche a mis l’accent sur "l’importance de la mise en place d’une telle instance" (conseil de déontologie). La rencontre, qui a réuni les sagesfemmes exerçant dans la wilaya de Mila, a donné lieu à plusieurs interventions portant sur la planification familiale, le dépistage des cancers gynécologiques, la tension artérielle chez la femme enceinte, la lutte contre la mor- talité des femmes et des nouveau-nés, lors de l’accouchement et les aspects législatifs de la profession. Le Dr. Mohamed Aâraâr, de l’hôpital d’Oued Athmania, est intervenu sur la question de la mortalité en couches, pour souligner que, dans une maternité, la sage-femme doit être protégée, "n’étant pas la seule intervenante dans l’accouchement". Il a, également, insisté sur la nécessité de la présence d’un médecin spécialiste. Il a observé que sur 48 nouveau-nés, décédés au cours de l’année 2013, dans les dix jours qui ont suivi la naissance, il y avait une insuffisance du suivi de la mère, après la sortie de la maternité. Il a précisé, dans ce même contexte, que la wilaya de Mila a enregistré, au cours de la même année, 547 naissances par césarienne, sur 13.058 naissances Les pays pauvres en mal de sages-femmes Selon un rapport, publié par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), 73 pays disposent d’un effectif «extrêmement insuffisant» de sagesfemmes. Ses auteurs recommandent de nouvelles stratégies, pour sauver des millions de vies de femmes et de nouveau-nés. Ce rapport est centré sur 73 des 75 pays, dits «à bas revenus». Ces derniers – d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine – supportent 96% du fardeau mondial des décès maternels, 91% des cas de mortinatalité et 93% des décès néonatals. Et pour cause, seuls 4 d’entre eux bénéficient de personnels compétents, dans les domaines de la santé sexuelle, reproductive, maternelle et néonatale. En d’autres termes, de sages-femmes ! Ces dernières ont, pourtant, un rôle crucial à jouer, dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). «Quand elles sont formées selon les normes internationales et qu’elles évoluent dans le cadre d’un système de santé pleinement fonctionnel, elles peuvent dispenser 90% des soins essentiels, aux femmes et aux nouveau-nés. Elles sont en mesure de réduire des deux tiers le nombre de décès maternels et néonatals». Malgré un recul, constant, de la mortalité maternelle dans les 73 pays qui font l’objet de ce rapport (-3% par an, depuis 1990) et de la mortalité néonatale (-1,9% par an, depuis 1990), «les états en question doivent faire davantage, pour remédier à la grave pénurie de soins de sagesfemmes», insistent les représentants du FNUAP. C’est pourquoi, ils les exhortent à investir dans l’éducation et la formation de ces professionnels de santé. Ils insistent, enfin, pour que toutes les femmes «aient accès aux services de santé sexuelle, maternelle et néonatale» N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 43 BIEN-ÊTRE Dr Tahar Naïli*, à Santé Mag, je recommande un réajustement du comportement alimentaire, basé sur une consommation, plus importante et diversifiée, de fruits et de légumes Santé et nutrition, voilà la relation à gérer, avec pertinence, afin d’éviter les pathologies de l’heure, dont les radicaux libres sont, pour une large part, responsables. Le point avec le Docteur Tahar Naïli. Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: La Société Algérienne de Nutrition et de Médecine Ortho-moléculaire (SANMO), dont vous êtes le-vice-président, a pour objectif de proposer des formations, pour les médecins et biologistes, dans le but de prévenir certaines affections médicales, dont le cancer, par la modification des comportements et des pratiques nutritionnelles. Pouvez-vous nous en dire plus ? Dr. T. Naïli: Merci pour cette question ! 44 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 En fait, la médecine ortho-moléculaire est un concept médical inventé par Linus Pauling, double prix Nobel; pratique qui n’est pas très loin de la médecine allopathique. La seule différence est que cette approche se veut préventive et par conséquent, plus logique, en raison de l’analyse qu’elle établit au niveau des substances connues par notre organisme. D’ailleurs, du point de vue étymologique, le mot ortho-moléculaire veut dire molécule correcte, par opposition aux substances chimiques qui, elles, sont étrangères au corps. Partant de cette logique physio-métabolique, on peut expliquer de très nombreuses pathologies chroniques, y compris les maladies néoplasiques, liées, pour la plupart, au stress oxydatif et à un déficit en micronutriments, qui sont les oligo-éléments, les vitamines, les antioxydants… Et donc, pour répondre, concrètement, à votre question, je dirais que la SANMO, par le biais de sa stratégie de formation, se place dans une optique BIEN-ÊTRE de médecine préventive; c’est-à-dire, œuvrer, tout simplement, à la mise en place de la médecine de demain. Maintenant, pour la population générale, je recommande un réajustement du comportement alimentaire, basé sur une consommation plus importante et diversifiée de fruits et de légumes; ceci, pour leur très grande teneur en vitamines, en oligo-éléments, en fibres ... Ils sont, aussi, faiblement dosés en matières grasses et en sodium. Vous venez de citer le stress oxydatif. C’est un terme qui est, de plus en plus, utilisé dans le milieu médical. C’est quoi, au fait, le stress oxydatif ? Au fait, le mot stress n’a pas la même signification que ce qu’on l’on a l’habitude d’entendre par ce terme. Il ne s’agit, donc, pas du stress psychosocial, ou psycho-socioprofessionnel; mais, bel et bien, d’une agression, que subissent les constituants de notre organisme. La cellule, ainsi que tous ses constituants, en sont les victimes; on parle, alors, d’oxydation. Le point de départ de ce processus provient de l’oxygène que nous respirons ou, du moins, une infime partie; de l’ordre de 4 à 5% qui, en échappant au cycle normal de la phosphorylation oxydative de la chaîne respiratoire mitochondriale, va se transformer en ce qu’on appelle, communément, les radicaux libres. En principe, notre organisme, en situation normale, possède ses propres capacités naturelles, qui lui permettent de se défendre contre ces radicaux libres: ce sont les antioxydants endogènes: superoxyde-dysmutase, glutathion peroxydase, catalase; pour n’en citer que les plus importants. Ce n’est que lorsque cet équilibre, entre la production accrue de radicaux libres et le pouvoir antioxydant, est rompu, en faveur des radicaux libres; alors, on parle de stress oxydatif. On estime, aujourd’hui, que le stress oxydatif serait responsable de l’apparition de très nombreuses maladies chroniques; parmi lesquelles on retrouve les affections neuro-dégénératives, rhumatismales, cardiovasculaires, le diabète, les maladies broncho-pulmonaires, les maladies virales… Qu'est-ce qu'un radical libre? C’est la cause de tous nos malheurs. Comme je viens de l’expliquer, précédemment, un radical libre est un ensemble d’atomes, ou de molécules, qui possèdent un nombre impair d’élec- trons, très instables et donc, très réactifs, provenant de l’oxygène que nous respirons. Cette instabilité lui confère, donc, un pouvoir d’agressivité, vis-à-vis de tous les constituants de notre organisme. En effet, en voulant recouvrir sa stabilité, il va s’attaquer à nos lipides, nos protéines, nos sucres, notre ADN … Ce sont, donc, ces radicaux libres, agresseurs, qui sont responsables de la plupart des maladies. Ils sont induits par des facteurs extérieurs, tels que les polluants atmosphériques, le tabagisme, les infections, les médicaments et les drogues, l’exposition prolongée au soleil, l’exercice physique intense non contrôlé, une alimentation déséquilibrée… Que se passe-t-il, lorsqu'il y a une carence en antioxydants, dans l’organisme? Quand il y a carence en antioxydants, l’organisme se trouve en situation de stress oxydatif. Alors, il réagit, par la mise en service de ses propres capacités, optimales, de défense, lesquelles lui sont propres. Maintenant, si l’organisme est déficient, ou insuffisamment préparé, pour assurer sa propre défense, on fait appel aux sources extérieures, par le biais d’une complémentation, ou d’un apport nutritionnel adapté. D’où, l’intérêt de quantifier les besoins, afin de parer à cela, par des solutions nutritives. Notre but est, donc, de sensibiliser le médecin aux techniques de mesure du stress oxydatif et de son interprétation. Ceci représente, par ailleurs, un des axes prioritaires, dans la stratégie établie par la SANMO, dans la perspective d’une politique de prévention. Le PAOT® Technology a été présenté et testé, en première mondiale, sur deux patients, par le Pr Smail Meziani, directeur de l’Institut Européen des Antioxydants, lors du séminaire, tenu les 30 et 31 mai 2014, à l’Ecole de formation de Ben-Aknoun (Sonelgaz). Pouvez-vous nous expliquer le rôle de cet appareil? Oui, j’ai eu l’occasion d’assister à la démonstration de cet appareil, ici à Alger. Le PAOT (Pouvoir antioxydant total), dont il existe deux variantes (PAOT liquid et PAOT skin) est un appareil très performant. Le prototype testé s’appelle le PAOT skin, basé sur une méthode non-invasive, pour mesurer le pouvoir oxydant et non-oxydant, selon le principe de la voltamétrie. La mise au point de ce bijou technologique va, certainement, nous aider, à l’avenir, dans la mesure où il pourra diagnostiquer les déficiences en antioxydants, dans l’organisme et permettre, ainsi, de guider la décision thérapeutique. Je tiens, par la même occasion, à remercier notre compatriote le Pr Smail Meziani, pour la primauté de l’événement, en Algérie et dans le monde et surtout, par le fait que cet appareil fut testé devant les participants, au cycle de formation, organisé par la SANMO. Quel est le degré de performance de cet appareil ? Le PAOT skin, comme le l’ai défini, allie la performance et la simplicité. Son coté innovant vient du fait, donc, de sa simplicité d’utilisation et ceci, pour des résultats très performants. Un autre détail et non des moindres, qui est le coût relativement accessible, selon ses concepteurs. En tout cas, il aurait d’autres applications dans d’autres domaines différents, tels que la cosmétologie, la pharmacologie, l’industrie agroalimentaire. Des études conjointes, entre l’université de Nancy, en France et celle de Tomsk, en Russie, ont été lancées, récemment, afin de faire une évaluation clinique et calculée du statut antioxydant, sur un large échantillon de la population saine et porteuse de pathologies chroniques. Les résultats, tant attendus, de ces travaux, seront dévoilés, lors de la 2ème Conférence internationale de la SANMO, en janvier 2015, à Alger. Avez-vous effectué des démarches, pour l'introduire en Algérie? Les démarches, dans ce sens, ne sont pas, encore, à l’ordre du jour; mais, l’idée de faire une étude, dans différentes wilayate du pays, à l’image de celle entamée en Russie, a été évoquée au niveau du comité scientifique de la SANMO, avec le directeur de l’Institut européen des antioxydants, le Pr Smail Meziani. C’est un projet ambitieux, dont on attend beaucoup et d’ici-là, on sera, certainement, fixés, par rapport aux besoins réels et procéder, ainsi, aux démarches inhérentes à la mise en application pratique, pour son introduction, en Algérie * Docteur Tahar Naïli, vice-président de la SANMO (Société algérienne de nutrition et de médecine ortho-moléculaire). N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 45 BIEN-ÊTRE Ramonez vos artères naturellement Avec le temps, les rides se creusent, les cheveux grisonnent, tombent, les dents jaunissent, la vue baisse… Mais, le plus profond changement est invisible. Il se passe à l'intérieur. Et c'est le plus dangereux. Ce sont les vaisseaux sanguins qui s'abîment, inexorablement, sous la pression sanguine, qui forme un pic à chaque battement du cœur. Ce cœur qui a battu 03 milliards de fois, chez la personne de 80 ans ! VISITE GUIDÉE DE VOS VAISSEAUX SANGUINS Vos vaisseaux sanguins sont comme la tuyauterie de votre maison. Il y a les tuyaux qui vous apportent l'eau: ce sont des tuyaux durs, en métal, sous haute pression; et il y a les tuyaux qui évacuent l'eau: ce sont des tuyaux mous, en plastique, larges et peu solides, qui laissent, simplement, l'eau s'écouler. Les tuyaux qui apportent l'eau sont comparables aux artères, qui apportent le sang dans les organes. Les artères sont des vaisseaux sanguins solides, épais, parce que le sang y est sous haute pression, et il ne faut pas qu'elles craquent. Toutefois, elles ne sont pas dures comme des canalisations. Elles ont une certaine élasticité, pour s'adapter aux variations du flux sanguin, selon les besoins des organes. Les tuyaux qui évacuent le sang des organes, et le rapportent jusqu'au cœur, pour qu'il soit filtré par les poumons, puis renvoyé dans l'organisme, sont les 46 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 veines. Elles sont souples, peu solides, mais ce n'est pas grave, car le sang y coule tranquillement. Comme l'eau de votre maison, le sang qui arrive par vos tuyaux sous pression, vos artères, est propre, de couleur claire. Celui qui repart par vos tuyaux souples, les veines, est sale, de couleur sombre. Ce sont les reins et les poumons qui servent de stations d'épuration: ils filtrent les déchets et rechargent le sang en oxygène. Le foie est la principale station d'essence, qui recharge le sang en glucose, qui sert de carburant aux cellules. POURQUOI LE SANG NE SE COLLE PAS DANS LES ARTÈRES Le sang a cette mauvaise habitude de se coller partout. Vous vous en apercevez lorsque vous saignez: le sang fait des taches sur toutes les surfaces où il passe ! Pourtant, il ne colle pas à la paroi de vos artères. Ce miracle permanent est dû à une fine couche de cellules appelée «épithélium», qui couvre l'intérieur de vos artères. Elles fabriquent un produit anticoagulant, qui permet au sang de glisser comme de l'eau sur les plumes d'un canard, de ne jamais adhérer à la paroi. Malheureusement, le tabac, les radicaux libres (molécules cannibales), l'homocystéine (substance inflammatoire), la mauvaise alimentation, le mode de vie sédentaire, attaquent constamment l'épithélium de vos artères. Lorsque l'épithélium est abîmé, les plaquettes sanguines s'y accrochent et forment un petit caillot. Cela permet de réparer l'artère, mais cette réparation laisse des traces: LE RÔLE VITAL DES PLAQUETTES SANGUINES Le sang n'est pas un liquide rouge homogène. Il est formé d'un liquide jaunâtre et transparent, le plasma, dans lequel flottent des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes san- BIEN-ÊTRE guines. Ces dernières n'ont pas, du tout, la forme de plaquettes (ce sont, plutôt, des sortes de chardons). Par ailleurs, le sang contient du sucre et des protéines en tout genre qui, comme des petits bateaux, transportent des graisses, dont le cholestérol. Le rôle des plaquettes est d'empêcher les fuites de sang. À la moindre ouverture d'une veine, ou d'une artère, les plaquettes sanguines accourent, se collent ensemble et forment un bouchon, à l'endroit abîmé. Une sorte de «filet de pêche», en fibrine, se met, ensuite, dessus; dans lequel se prennent des globules rouges, des globules blancs et de l'élastine, jusqu'à ce que le bouchon devienne dur, solide, presque incassable, même: c'est la coagulation. C'est le même mécanisme qui arrête les hémorragies et forme les croûtes sur la peau. Lorsque ce trou se produit sur la paroi interne d'une artère, l'épithélium, la mini-plaie cicatrise, et les cellules de l'épithélium repoussent, pour recouvrir le tout. Le sang peut glisser, comme avant, à cet endroit, sans s'accrocher. Mais, la paroi de l'artère a un peu grossi, à l'endroit de la cicatrice. Elle devient plus rigide. On dit qu'elle se sclérose. On trouve, au milieu de la lésion, un «cor lipidique»; c'est-à-dire, une accumulation de graisse et de cholestérol, sous forme de cristaux, du fer, du cuivre et du calcium. Cette substance molle s'appelle l'athérome. L'ensemble est donc appelé athérosclérose. L'athérosclérose peut disparaître; surtout, quand elle est récente. Mais, si le mode de vie délétère se poursuit, le phénomène recommence, encore et encore. Au bout de quelques dizaines d'années, la cicatrice est beaucoup plus grosse, l'athérome aussi, l'artère peut se boucher à 80 %. Si vous vous faites examiner à ce moment-là, votre cardiologue s'inquiétera de constater ce rétrécissement, appelé «sténose» de l'artère. LES DANGERS DE L'ATHÉROSCLÉROSE Et il a raison d'être inquiet. En effet, il suffirait que se produise une petite hémorragie, à l'intérieur de l'athérosclérose. C'est un phénomène courant. Cette hémorragie peut faire grossir, d'un coup, la cicatrice; jusqu'à obturer, entièrement, l'artère. Il est, aussi, à craindre que cette cicatrice, soudain, s'ulcère (devienne purulente) et qu'un plus gros caillot se forme dessus. Dans les deux cas, le sang peut être entièrement bloqué. Vous imaginez bien que, quand un gros caillot se forme, ainsi, dans vos artères, c'est très dangereux ! L'organe en aval est privé d'oxygène, de glucose et, si la situation se maintient, il meurt ! C'est particulièrement grave quand cet organe est votre cœur, votre cerveau, vos reins, vos yeux, ou même, d'ailleurs, vos jambes… C'est ce qu'on appelle une thrombose, qui peut déboucher, donc, sur un infarctus du myocarde (mort des cellules du cœur) ou, parfois, un AVC, accident vasculaire cérébral. Le phénomène d'athérosclérose se passe, souvent, dans les artères coronaires, celles qui alimentent, en oxygène et en glucose, le muscle du cœur. On les appelle coronaires parce qu'elles forment une couronne autour du cœur. Si vous faites une thrombose dans vos artères coronaires, c'est l'infarctus; donc, dans 50 % des cas, la mort en quelques heures! LES MÉDICAMENTS CONTRE LE CHOLESTÉROL NE CHANGENT RIEN Si vous examinez au microscope de quoi est composée l'athérosclérose, vous constatez qu'il y a, environ, 10% de cholestérol. Cette observation a conduit la cardiologie moderne à donner, aux personnes souffrant d'athérosclérose, des médicaments, qui font baisser le taux de cholestérol dans le sang. Les manuels de médecine enseignent que faire baisser le taux de cholestérol réduit les progrès de l'athérosclérose et les risques que se forme un caillot, provoquant une thrombose. Mais, diminuer le taux de cholestérol n'est pas très efficace. En effet, le cholestérol n'est pas la cause de l'athérosclérose, et il n'intervient nulle part dans la formation du caillot. C'est pourquoi, selon la majorité des études, les médicaments contre le cholestérol (fibrates, statines) font baisser le taux de cholestérol sanguin, mais ils ne réduisent pas la mortalité coronaire; ce qui était, tout de même, le but recherché. [1] Par contre, réduire le taux de cholestérol pose des problèmes bien réels à l'organisme. Le cholestérol est une molécule essentielle, qui entre dans la composition des parois des cellules et assure leur étanchéité, vis-à-vis des fluides extérieurs. Si vous diminuez votre taux de cholestérol, par un régime ou par des médicaments, vous fragilisez vos cellules et vous augmentez votre risque d'AVC hémorragique; un fait avéré par les récentes études cliniques. [2] Et malheureusement, les médicaments contre le cholestérol ont de nombreux effets indésirables: douleurs musculaires et ligamentaires [3], impuissance masculine [4], problèmes de mémoire [5], peutêtre, aussi, un risque accru de cancer. [6] LES MÉDICAMENTS CONTRE LES CAILLOTS SONT À DOUBLE TRANCHANT Oublions le cholestérol. Mais, puisque les accidents cardiovasculaires sont provoqués par des caillots, prenons, alors, des médicaments qui empêchent le sang de coaguler (anticoagulants)! C'est vrai, et c'est exactement ce que recommandent, en général, les cardiologues. Ils prescrivent une petite dose quotidienne d'aspirine, qui empêche les plaquettes de s'agréger. Le problème est que si vous empêchez votre sang de coaguler, vous augmentez le risque d'hémorragie dans votre athérosclérose. Hémorragie qui, comme nous l'avons dit, peut, aussi, être la cause de la brutale croissance de l'athérosclérose et de l'obstruction totale de l'artère. D'autre part, 40 % des AVC sont provoqués par une hémorragie cérébrale, qui est, elle aussi, la conséquence d'un défaut de coagulation du sang. Certaines personnes font des AVC hémorragiques, alors qu'elles ne prennent pas d'anticoagulant; mais, c'est tout comme: leur mode de vie (manque de sport, en premier lieu), leur nourriture (excès d'oméga-6, manque d'oméga-3) fait que leur sang coagule mal. Prendre des médicaments anticoagulants n'est pas, non plus, la solution, pour éviter les accidents; sauf en cas d'urgence (pour dissoudre un caillot dangereux, déjà formé), ou suite à une opération chirurgicale. Mais, que pouvez-vous faire contre les scandales sanitaires à répétition ?? Les scandales sanitaires et médicaux se suivent et se ressemblent. Vous ne savez plus quoi choisir, quand vous faites vos courses, comment protéger votre santé sans tomber dans la paranoïa. Avez-vous, seulement, une chance, face au poids des lobbies agro-alimentaires et pharmaceutiques ? PONTAGE: LA «SOLUTION» HARD Puisque faire baisser le cholestérol avec des médicaments ne sert à rien, et que les médicaments anti-caillots sont dangereux, reste la chirurgie. On peut, en effet, littéralement «contourner» le problème de la sténose (rétrécissement) de l'artère, en vous rajoutant, chirurgicalement, un bout d'artère, pour dériver le sang. Cela marche très bien, les résultats sont immédiats, vous repartez N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 47 BIEN-ÊTRE pour un tour. C'est le fameux pontage coronarien. Mais, c'est une opération extrêmement lourde. Il faut une anesthésie générale, vous ouvrir le thorax et même arrêter votre cœur car, pour intervenir dessus, il faut qu'il se tienne tranquille. De plus, il faut dériver votre sang vers une pompe externe, pour l'oxygéner et le réinjecter dans vos vaisseaux; un système indispensable à la survie du patient, mais que notre organisme apprécie peu, surtout quand l'opération se prolonge. Actuellement, on parvient, grâce à des robots, à faire des pontages sans ouvrir le thorax et sans circulation extracorporelle. Mais de toute façon, il faut savoir que le pontage chirurgical n'est qu'un pis-aller. Comme les médicaments anticoagulants, il peut sauver des vies, en cas d'urgence. Normalement, lorsqu'un de vos organes manque, réellement, de sang; quand l'artère, qui le nourrit, est, réellement, trop étroite, se passe un phénomène de pontage naturel. De nouvelles artères poussent toutes seules, pour contourner votre sténose, sans qu'on ait besoin de vous opérer. Ce phénomène se produit lorsque vous sollicitez, réellement et régulièrement, votre organe. Autrement dit, lorsque vous menez une vie saine, non sédentaire avec, au minimum, 30 minutes, par jour, d'activité physique, qui vous essouffle un peu et vous déclenche un début de transpiration. Si vous subissez un pontage et que vous ne faites pas d'exercice, les mêmes causes produisant les mêmes effets, vos nouvelles artères vont, rapidement, se scléroser, à leur tour. Vous serez obligé de passer, à nouveau, sur le billard, avec tous les risques que cela entraîne (et les coûts, pour la collectivité). La technique du pontage aurait dû, en toute logique, se raréfier, en dehors des interventions en urgence. Car, le pontage naturel est plus efficace, moins risqué et moins coûteux. Les changements de mode de vie auraient dû être privilégiés, par la cardiologie. Ils ne l'ont pas été, car les cardiologues ont cru avoir découvert la martingale, avec la technique de l'angioplastie, à la fin des années 70; puis, du stenting, à la fin des années 80. L'ILLUSION DU PROGRÈS TECHNOLOGIQUE MÉDICAL L'angioplastie consiste à supprimer la sténose, sans pontage et sans médicament. Le chirurgien intervient, directement, dans vos artères coronaires, avec un fil téléguidé, appelé cathéter. Ce 48 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 cathéter remonte jusqu'à l'endroit de la sténose et écrabouille l'athérosclérose, avec un petit ballon, gonflé sur place, à haute pression. Ce système fait éclater l'athérosclérose. L'effet est spectaculaire, au départ. L'artère, subitement élargie, laisse à nouveau passer le sang. Mais, comme vous vous en doutez, la plaque d'athérosclérose écrabouillée par le ballonnet va, rapidement, cicatriser, avec une prolifération de cellules. Dans 40 % des cas, on assiste à une resténose, souvent pire que la première, 6 mois après l'angioplastie par ballonnet. «Qu'à cela ne tienne», ont répondu les chercheurs en cardiologie, à fin des années 80, lorsqu'on eut confirmé les énormes limites de cette technique. «Nous allons mettre, dans l'artère, un petit tube à ressort, pour l'empêcher de se rétrécir, à nouveau». Ayant baptisé cette invention le «stent», on se mit à poser des stents un peu partout. En oubliant que: une fois posé, le stent ne peut plus être enlevé; s'il provoque un problème, eh bien… il faudra que le patient apprenne à vivre (ou à mourir) avec; le stent, évidemment, n'est pas, du tout, lisse comme l'endothélium. Bien au contraire, les plaquettes sanguines adorent s'y coller et former un caillot; ce qui oblige à donner, à l'opéré, des médicaments anticoagulants, qui augmentent le risque hémorragique (donc, AVC hémorragique); de toute façon, les cellules des artères vont, rapidement, coloniser le stent et une re-sténose peut, quand même, se produire, dans 25 % des cas. «Qu'à cela ne tienne» ont, une nouvelle fois, répondu les chercheurs en cardiologie. Ils ont inventé, au début des années 2000, le stent «actif», c'est-à-dire enrobé de substances qui bloquent la re-sténose. Oui, d'accord; mais, dans ce cas, si les cellules épithéliales ne reviennent pas sur le stent, le patient doit prendre des anticoagulants pendant des années! Or, qui dit prise de médicaments anticoagulants, sur le long terme, dit, non seulement, risque hémorragique; mais, aussi, trous dans l'estomac. Donc, la nécessité de prendre des médicaments contre l'acidité, qui ont le (gros) inconvénient d'empêcher la bonne digestion des aliments, provoquent des carences en nutriments essentiels et favorisent… les maladies mortelles en tout genre !!! LES CARDIOLOGUES AU PIED DU MUR Longtemps, ces inconvénients ont été minimisés; mais, actuellement, les car- diologues sont saisis de doutes affreux. Depuis 2007, on s'est aperçu que les AVC hémorragiques étaient beaucoup plus répandus qu'on ne l'avait imaginé (40 % des cas) et que, parmi les 60 % restant, 40 % étaient «cryptogéniques»; ce qui veut dire, en bon grec, de cause «inconnue». Cela veut dire, puisqu'on ne sait pas ce qui se passe, que la plus grande prudence est de mise et qu'il faut se garder de toute interférence hasardeuse avec la physiologie du malade, de peur de provoquer, sans le vouloir, bien sûr, une catastrophe !!! C'est pourquoi les cardiologues, les plus en pointe sur le sujet et parmi eux le Dr Michel de Lorgeril, du CNRS de Grenoble, appellent aujourd'hui à revenir, pour tout ce qui touche au cœur et aux artères, aux méthodes les plus simples, les plus naturelles, et les moins invasives et médicamenteuses qui soient. En 2004, le cardiologue allemand Rainer Hambrecht s'est rendu célèbre en comparant deux groupes de personnes souffrant de sténose coronaire. Le premier groupe n'a subi aucune opération, n'a pris aucun médicament et a fait de l'exercice physique modéré. L'autre groupe a été débarrassé de sa sténose par la pose d'un stent et a repris sa vie antérieure. Au bout de 12 mois, 42 % des patients ayant reçu un stent avaient connu des complications, contre 12 % seulement dans le groupe qui s'était simplement entraîné. De plus, dans le groupe s'étant entraîné, les patients étaient aussi, évidemment, en meilleure forme. Il faut donc, de toute urgence, arrêter de bourrer de médicaments les personnes malades du cœur et des artères. Il faut éviter, autant que possible, toute opération, sauf en urgence. Par contre, que les personnes souffrant d'athérosclérose, ou ayant, déjà, eu un accident cardiovasculaire se dépêchent de revenir à un mode de vie sain, avec de l'exercice modéré tous les jours, une diète méditerranéenne (régime Crétois, recommandé par Michel de Lorgeril) et surtout pas de médicaments anti-cholestérol, inefficaces pour prévenir les accidents, mais lourds d'effets secondaires possibles. Méfiez-vous, en revanche, des sports violents ou extrêmes, si vous êtes cardiaque, car c'est le meilleur moyen de hâter un accident. COMMENT SE MOTIVER POUR CHANGER DE MODE DE VIE ? Cette nouvelle génération de cardiologues, consciente de la supériorité de BIEN-ÊTRE l'approche douce, se heurte à un grave problème: ils s'aperçoivent que ce dont leurs patients ont besoin, ce n'est pas d'un nouveau médicament, d'un progrès technologique, mais d'un soutien humain, pour les motiver à changer de mode de vie. Ce pourquoi personne n'a pensé à les former en faculté de médecine, où la sélection s'est faite sur les mathématiques… Car, il est, évidemment, très difficile de modifier, en profondeur, le mode de vie d'une personne. Même un accompagnement quotidien, par un «coach», peut ne pas suffire. À notre époque, tout particulièrement, nous sommes, souvent, pris dans un cycle infernal, qui rend l'idée même de faire, régulièrement, du sport et se mitonner de bons petits plats bio, totalement utopique. Michel de Lorgeril donne l'exemple suivant, dans son livre «Prévenir l'infarctus et l'AVC»: «Pour tenir le coup, je fume, pour me relaxer, je fume; pour tenir le coup, je sacrifie la qualité des repas, pour gagner du temps, je saute les repas; et prendre le temps de faire un jogging, deux ou trois fois par semaine, est bien la dernière de mes intentions, puisque je fume et que ma mauvaise nutrition me met dans un état de fatigue chronique» [7] On mesure là, en effet, toute l'étendue du problème, et la tentation, parfois irrésistible, qui existe, pour les cardiologues, de simplement prescrire des médicaments faisant baisser la pression sanguine, le taux de cholestérol et la coagulation, chez leurs patients et de proposer des opérations chirurgicales. Les médicaments, tout le monde peut aller les chercher à la pharmacie et les avaler, deux ou trois fois par jour, avec un verre d'eau. Les opérations, ça coûte très cher; mais, là encore, il «suffit» de prévoir un créneau, au bloc opératoire. Le patient arrive le matin, se fait anesthésier, et sort quelques jours plus tard. Notre système médical est organisé pour cela. En revanche, modifier en profondeur son mode de vie demande des efforts considérables et généralement, tout un travail, sur le sens de la vie du patient, que plus personne n'est capable ou désireux de faire. Parce que cela remet trop de choses en question. Pourquoi devraisje faire des efforts ? Qu'est-ce qui me motiverait, réellement, à me lever tous les matins, pour sortir et faire de l'exercice ? Comment renoncer à toutes ces nourritures, dont je sais qu'elles nuisent à ma santé; mais qui, pourtant, me sont indispensables, pour garder le moral et supporter les agressions et les frustrations de ma vie quotidienne ? Où trouver l'énergie, pour changer de métier et aller vivre dans un endroit où je gagnerai moins, sans doute, où je serai moins «reconnu», mais où je mènerai une vie saine, qui me permettra de vivre plus longtemps et en meilleure santé ? Au fond, ai-je vraiment envie d'aller mieux ? Pour répondre à ces questions, malheureusement, une simple ordonnance ne suffit pas, ni même quelques entretiens avec un psy. C'est toute une réflexion sur «pourquoi je vis» et «pour quoi je vis» qu'il faut mener. Reprendre, parfois à zéro, des mauvais choix professionnels, éducatifs, conjugaux, familiaux, qui ont été faits. Et où trouver des conseils dignes de confiance ? Comment éviter les manipulateurs et les incompétents, qui n'en veulent qu'à notre argent ? Références [1] Voir études de Framingham, Wolfson Institute, MR- FIT, Honolulu, etc. [2] Voir «Étude de Rotterdam» publiée ce mois d’avril 2014. [3] Voir étude ILLUMINATE de 2007, publiée dans le New England Journal of Medicine. [4] S. Sultan and N. Hynes, «The Ugly Side of Statins. Systemic Appraisal of the Contemporary Un-Known Unknowns,» Open Journal of Endocrine and Metabolic Diseases, Vol. 3 No. 3, 2013, pp. 179-185. doi: 10.4236/ ojemd.2013.33025. [5] Le cholestérol est essentiel dans la fabrication des neurones, or les statines réduisent le taux de cholestérol. D’autre part, les statines augmentent le ratio oméga-6/oméga-3, ce qui favorise le déclin cognitif, selon Michel de Lorgeril, «Cholestérol, Mensonges et Propagande», Thierry Souccar Editions, page 211. [6] Voir étude suédoise publiée en juin 2013 dans la revue scientifique PlosOne. [7] Thierry Souccar Editions. Voir page 199. Stop à la cigarette: une vraie économie Un paquet de cigarettes, par jour, revient à 2 482 euros annuels; l’équivalent en cigarettes électroniques coûte entre 1 150 et 2 138 euros (Institut national de la consommation). Utilisés pour pallier le manque de nicotine, les substituts nicotiniques (patch, gommes à mâcher…) reviennent à moins cher, sur le long terme, que le tabac. Mais, qu’en est-il de la cigarette électronique ? A l’unité, la cigarette électronique coûte entre 40 et 90 euros et entre 6 à 10 euros, par recharge. Non répertoriée comme médicament par la loi, elle ne bénéficie d’aucun remboursement. Mais, selon l’Institut National de la Consommation (INC), substituer l’ecigarette au tabac, pendant un an, permet d’économiser, en moyenne, 1 000 euros, chez un fumeur consommant un paquet, par jour; lequel revient à 50 euros, par semaine; soit, 200 euros par mois et 2 400 euros, par année. Selon le Dr Marie-Pierre Humeau, «malgré le manque de preuves scientifiques, évaluant son rapport bénéfice-risque, l’e-cigarette constitue, aujourd’hui, une alternative, intéressante, au besoin, incontrôlé, de fumer et présente l’avantage de ne délivrer ni monoxyde de carbone; ni aucun des 4 000 produits toxiques, contenus dans la cigarette classique» N°31 - Juin 2014 Santé-MAG 49 BIEN-ÊTRE Le soleil, au rayon santé LE SOLEIL EST SOURCE DE BONNE HUMEUR Une exposition, excessive, au soleil peut avoir des conséquences, désastreuses, sur votre peau. Pour autant, ne fuyez pas, totalement, ses rayons aux multiples bienfaits. Vitamine D, stimulateur de votre bonne humeur… Pour votre santé, vous pouvez profiter de l’astre solaire, avec modération. Il est à la source de toute vie sur Terre car, privée de sa lumière et de sa chaleur, notre planète serait sombre, froide et inhabitée. Le Soleil est l’une des 200 milliards d’étoiles de notre galaxie. Elle est si grande que l’on pourrait mettre 109 terres dans son diamètre. Si, avec l’apparition du soleil, la nature est en pleine forme, notre organisme en profite, aussi. Nos ongles brillent, nos cheveux luisent 50 Santé-MAG N°31 - Juin 2014 et poussent plus vite. Ce n’est pas tout. Vous l’avez, déjà, sûrement remarqué, au printemps, les premiers rayons du soleil boostent votre moral ? C’est normal. La lumière stimule notre bonne humeur et permet même, dans certains cas, de lutter contre la dépression saisonnière. Notre sensation de bien-être est, également, améliorée. C’est, d’ailleurs, pourquoi les ultraviolets (UV) sont, parfois, utilisés pour traiter certaines pathologies cutanées, comme le psoriasis et le vitiligo. Attention toutefois, ici, le degré d’exposition est rigoureusement contrôlé. Et bien entendu, les professionnels de santé surveillent, de très près, leurs patients. DE LA VITAMINE D, EN RAYONS Le soleil est, aussi, pourvoyeur de vita- mine D. Celle-ci est bénéfique à la minéralisation osseuse et donc, à notre squelette. C’est elle, en effet, qui nous permet d’absorber le calcium que nous ingérons. Pour autant, son rôle ne se limite pas à cela. Selon de récentes découvertes, elle modulerait le fonctionnement du système immunitaire et orienterait la réponse immunitaire vers un profil anti-inflammatoire. Ce rôle d’inhibiteur de l’inflammation, joué par la vitamine D, pourrait, également, être impliqué dans la protection contre certaines pathologies. L’exposition au soleil suffit à procurer de 80% à 90% de la vitamine D, nécessaire à notre organisme. Une simple exposition des mains, des avant-bras et du visage pendant 10 à 15 minutes, par jour, suffit, en fait, à satisfaire nos besoins. Ni plus, ni moins !