Téléchargez Santé MAG N°31 en PDF

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Téléchargez Santé MAG N°31 en PDF
ISSN 2253-0061 Dépôt légal 188-2012
SOMMAIRE
Actualité
Juin 2014 N° 31
Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé
Edité par Media Pub Santé
Adresse: Coopérative El Mehdia, Bt N°2, les Vergers,
Bir Mourad Raïs, Alger.
Tél./Fax: +213 (0) 21 44 91 11
Mob.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23
Site web: www.santemag-dz.com
Email: [email protected]
Directeur de la publication:
ACHOURI Abdelkader
Directeur de la rédaction:
ACHOURI Mohamed
Email: [email protected]
Coordinatrice de la rédaction:
ACHOURI Amina
Directrice technique:
ABDELATIF Rabea
Comité de rédaction:
AIT Tanina
MAYA Harcha
ZAHAF Loubna
NAHLIL Djaouida
SOLTANE Hania
BADREDINE Sawsen
RAMZY Chahra
HAMDI Rania
Secrétaire de la rédaction:
FORTAS Fifi
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l’Algérie, l’un des pays africains ayant enregistré le plus d’avancées...
La nouvelle loi sur la santé soumise au Parlement avant fin 2014
De nouvelles mesures, pour la sécurisation des établissements hospitaliers, seront prises
Don de sang: Et si ce 14 juin vous sauviez des vies?
Anticancéreux falsifiés: deux nouveaux produits concernés
Le centre anti-cancer de Batna effectuera sa première radiothérapie...
Un programme national, 2015 -2019, de lutte anti-cancer
La formation continue des médecins: une priorité absolue
"Aucune intention" de rattacher la CNAS au secteur de la Santé
Des psychologues appellent à la réhabilitation de l’enseignement de la psychanalyse...
120 médecins accompagnent les pèlerins aux Lieux Saints de l'Islam
10 Formulaire d’abonnement à Santé Mag
Évènement
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1.200 participants aux Assises nationales de la santé, au Palais des nations
Proposition de rehausser le ministère de la Santé en ministère de souveraineté
Assises de la santé: les problèmes des régions du Sud et des Hauts-plateaux soulevés
Sellal réaffirme l’engagement de l’Etat en faveur du développement du secteur de la santé
Dr Mahmoud Boudarene: il faut évaluer, avec lucidité, le coût de la santé...
Pr. Farid Chaoui: Le système de santé algérien navigue à vue...
PASS: Clôture de la session de formation pédagogique des ressources humaines...
Dr Mohamed Bekkat-Berkani: ...une sérieuse volonté, pour pousser les lignes
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Recherches médicales
L’envol de l’immunothérapie
Pr Mohamed Bradai: Le diagnostic prénuptial de la drépanocytose...
Découverte d'une nouvelle molécule capable de tuer les cellules cancéreuses
Pr Kamel Senhadji: De nouvelles molécules, contre la maladie du Sida, testées...
Les vapoteurs sont-ils des fumeurs ?
Avant ou après le petit déjeuner, la première cigarette de la journée ....
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Dossier
Pr Ismail Benkaidali: La Commission Européenne a réévalué et confirmé l’AMM de Diane35
Dermatologie: environ 70 % des adolescents, en Algérie, souffrent d’acné
Diane35®, le retour triomphal
Sages-femmes: Formation médicale continue
Les pays pauvres en mal de sages-femmes
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Bien être
Dr Tahar Naïli: je recommande un réajustement du comportement alimentaire...
Ramonez vos artères naturellement
Stop à la cigarette: une vraie économie
Le soleil, au rayon santé
Conception: BRIKH Kamel
Correction: GHARNAOUT Amar
Comité scientifique:
Pr Mohamed Bradai
Pr Farid Chaoui
Pr Kamel Senhadji
Pr Ismail Benkaidali
Dr Mohamed Bekkat-Berkani
EDITORIAL
Nous voici arrivés au terme de deux années de labeur, à l'issue desquelles
nous avons tenté de tenir deux paris importants:
1. inscrire, dans le champ de la communication, un magazine à
caractère médical, destiné à un public averti et susceptible, par
ailleurs, d’intéresser une communauté scientifique exigeante, prête
à l’écoute des découvertes dans son domaine, qui est celui des
pratiques médicales, ou dans les avancées pharmaceutiques.
2. couvrir l’actualité, au mieux, grâce à une équipe de journalistes
spécialisés, à travers ses différentes manifestations, en Algérie et
dans le monde et être à jour des dernières découvertes, en matière
de techniques de transplantation, de pratiques opératoires et de
traitements.
Au vu de l’audience, atteinte par Santé Mag, nous ne pouvons qu’être
satisfaits du travail accompli durant ces deux années de labeur.
Nous nous assignons, dès lors, pour cette troisième année qui se dessine,
l’objectif de toucher un lectorat aussi nombreux et large que possible,
grâce à une formule d’abonnement annuel (que vous retrouvez à partir
du n° 23 de notre magazine) et qui se promet de le faire parvenir,
mensuellement, à tous nos abonnés, quel que soit le lieu où ils se
trouvent; et ce, grâce à un système de distribution, qui est mis en œuvre
à partir du mois de janvier 2014.
Nous demeurerons fidèles à notre ligne éditoriale, qui consiste à suivre
les grands événements scientifiques et à être au fait des découvertes du
monde médical. Nous restons, ainsi, au contact des avancées médicales
et pharmaceutiques, nécessaires pour mieux soigner et mieux guérir.
Et dans tout cela, un seul baromètre: celui de nos lecteurs qui saura nous
encourager, nous en sommes convaincus – c’est un gage de pérennité
- à aller de l’avant, en s’inscrivant dans notre démarche de formule
d’abonnement et nous permettre, par la même, de les satisfaire toujours
plus et toujours mieux.
La rédaction
ACTUALITÉ
Santé
l’Algérie, l’un des pays africains
ayant enregistré le plus d’avancées,
pour la réalisation des OMD (OMS)
Le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, Louis Sambo, a relevé, à Alger, que l’Algérie
figure parmi les africains qui ont réalisé le "plus d’avancées", en matière de santé, dans le cadre de la réalisation des Objectifs
du millénaire pour le développement (OMD).
D
ans une déclaration à l'APS,
en marge des travaux des
Assises nationales de la santé,
M. Sambo, a fait observer que
"même si des progrès ont été enregistrés, par certains pays africains, dans
le domaine de la santé, à l’instar de
l’Algérie, cela n’est pas suffisant, pour
atteindre tous les objectifs, d’ici 2015, pour
l’ensemble du continent".
"Maintenant,
il faut être réaliste,
en procédant à l’évaluation et la relance
des services de santé,
dans les pays africains,
en vue d’atteindre
tous les citoyens et
leur fournir des soins Dr. Louis Sambo
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Santé-MAG
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de qualité et selon les priorités de santé
publique", a-t-il ajouté.
Il a salué, à cette occasion, l’engagement
du gouvernement algérien, à travers,
notamment, l’organisation des Assises
nationales de la santé, destinées à développer le secteur et d’assurer l’accès aux
soins à tous les citoyens.
La garantie de l’accès
à la santé est l’une
des missions majeures
de l’Etat et relève de
ses
engagements
qu’il n’aura de cesse
d’honorer, a indiqué,
auparavant, le Premier
ministre, Abdelmalek
Sellal, réaffirmant sa
détermination pour le
développement de ce
secteur, à tous les niveaux. Dans son
allocution d’ouverture des assises, M.
Sellal a souligné que "la garantie de la
santé publique est la première voie vers
la justice sociale", réaffirmant l’engagement de l’Etat de poursuivre ses
efforts, pour le "développement de ce
secteur vital". Il a, notamment, indiqué
que les recommandations, qui découleront de ces assises, "constitueront la
base sur laquelle s’appuiera le gouvernement, dans l’élaboration d’une nouvelle loi, qui définira les grandes lignes
du système national de santé, pour les
années à venir et encadrera ses activités et ses modes de gestion afin, a-t-il
dit, d’assurer aux citoyens une couverture sanitaire et des services publics au
niveau des standards internationaux, en
la matière"
ACTUALITÉ
Les Objectifs
du Millénaire pour
le Développement
PRINCIPE FONDATEUR DES OMD
L'être humain doit être mis au centre de
tous les programmes, pour aider, dans le
monde entier, des hommes, des femmes
et des enfants à vivre mieux.
Kofi Annan, Rapport du Millénaire, avril
2000
La nouvelle loi sur la santé
soumise au Parlement
avant fin 2014
La nouvelle loi sur la santé sera soumise au Parlement avant la fin 2014, a annoncé
le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek
Boudiaf.
HUIT OMD
L
PETITE HISTOIRE DES OMD:
2000:
Sommet du Millénaire, plus grand rassemblement de chefs d'État de tous les
temps: adoption de la Déclaration du
Millénaire, qui définit les OMD.
2008:
Bilan demi-parcours: progrès inégaux,
certains OMD sont privilégiés par rapport à d'autres, et des disparités régionales persistent.
2011:
Nouveau bilan: grands progrès quant
à l'extrême pauvreté, la réduction de la
mortalité infantile et l'accès au traitement pour les personnes vivant avec le
VIH; mais des défis majeurs à relever,
comme la faim et la précarité de l'emploi.
2015:
Date butoir: les OMD devront tous être
atteints, d'ici là.
e ministre de la Santé, qui pré- les régions du pays. A cette occasion,
sidait la clôture des travaux des M. Boudiaf a donné des instructions,
Assises nationales sur la santé, a fermes, aux directeurs de la santé, pour
annoncé l'installation, prochaine, une bonne prise en charge des citoyens;
de deux commissions: la première veil- notamment, durant le ramadhan. Il a,
lera au suivi de l'application des recom- d'autre part, appelé au renforcement de
mandations des assises et la deuxième l'hygiène et à l'intensification des camà l'élaboration de la nouvelle loi sur la pagnes de sensibilisation; outre, la lutte
santé, à la lumière de ces recommanda- contre les décharges sauvages proches
tions. Le ministre a souligné qu'il pré- des agglomérations.
senterait, pour examen, une copie de la Lors d'une conférence de presse animée
première mouture du projet de loi sur la au terme de la rencontre, M. Boudiaf
santé à tous les partenaires du secteur, a insisté sur l'importance des Assises
avant la fin de l'été.
nationales sur la santé, qu'il a qualifiées
M. Boudiaf avait assisté à une ren- de plate-forme, pour la nouvelle loi
sur la santé. Les quescontre avec les directions des journalistes
teurs de wilaya de la
ont, essentiellement,
santé, pour écouter
porté sur les activités
leurs préoccupations
complémentaires et le
et évaluer le suivi
des réformes engaservice civil. Ces deux
questions seront défigées, au cours de
nitivement tranchées,
laquelle les intervedès que les acteurs du
nants avaient relevé
secteur parviendront à
la disponibilité des
un consensus, a affirmé
médicaments et des
Dr. Abdelmalek Boudiaf
le ministre
vaccins dans toutes
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ACTUALITÉ
De nouvelles mesures,
pour la sécurisation des
établissements hospitaliers,
seront prises
Don de sang
Et si ce 14 juin
vous sauviez des vies?
C
De nouvelles mesures de sécurisation des établissements hospitaliers seront prises par le ministère de la Santé, de la population
et de la réforme hospitalière,
conformément aux instructions
du président de la République,
Abdelaziz Bouteflika, a indiqué,
à Alger, le ministre du secteur,
Abdelmalek Boudiaf.
"Nous avons reçu des instructions
du Président de la république,
pour sécuriser les établissements
publics de santé", a souligné M.
Boudiaf, en marge de la séance
plénière de l'Assemblée populaire
nationale (APN), consacrée aux
questions orales, ajoutant que
des mesures "vont être prises". Il
a expliqué que ces mesures s'inscrivent dans le cadre de l'amélioration de la qualité de service
de santé en direction du citoyen,
sans, pour autant, donner plus de
précisions quant à la nature de
ces mesures. Le président de la
République insiste, a-t-il précisé,
sur le fait de hisser le niveau de la
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Santé-MAG
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qualité de service, dans le secteur
de la santé, dans toutes les structures et à tous les niveaux." Il faut
savoir qu'il y a, quotidiennement,
de nouvelles mesures dans le
secteur, car nous recherchons les
meilleurs moyens, pour garantir
un service à la hauteur des aspirations des citoyens, y compris
dans ce qui a trait à la sécurité", a
relevé Abdelmalek Boudiaf.
Le ministre de la Santé, qui répondait à une question des journalistes, sur l'affaire de l'enlèvement
du nourrisson à Constantine, a estimé qu'il est "inadmissible" qu'un
nouveau-né soit enlevé d'un établissement hospitalier. "Cela ne
se reproduira plus", a-t-il martelé.
Un nouveau-né, rappelle-t-on, a
été kidnappé, le 27 mai dernier, du
service de maternité de la structure hospitalière de Constantine.
Le petit Leith Kaou a été retrouvé,
quelques jours après, dans la région de Tamalous, dans la wilaya
de Skikda, au grand soulagement
de sa famille
haque année, le 14 juin marque la Journée mondiale du donneur de sang.
Pour l’édition 2014, le thème retenu
«Un sang sécurisé pour sauver des
mères», met l’accent sur un accès rapide à des
produits sanguins sécurisés. Une démarche
essentielle, dans la prévention des décès
maternels.
Chaque année, le 14 juin, les pays du monde
entier célèbrent la Journée mondiale du donneur de sang. Pourquoi cette date ? C’est, en
fait, l’année de naissance de Karl Landsteiner,
médecin et biologiste autrichien, à l’origine de la
découverte du système ABO des groupes sanguins. «La manifestation a pour but de sensibiliser au besoin de sang et de produits sanguins
sécurisés», explique l’OMS. Elle vise, surtout, à
«remercier les donneurs de sang volontaires,
non rémunérés, de leur don, qui contribue à sauver des vies».
«UN SANG SÉCURISÉ, POUR SAUVER DES
MÈRES»
Chaque jour, près de 800 femmes meurent de
complications de la grossesse, ou de l’accouchement. La quasi-totalité de ces décès survient
dans des pays en développement (la moitié, en
Afrique subsaharienne et presque un tiers, en
Asie du sud). «Une hémorragie grave, au cours
de l’accouchement (et après), est une cause majeure de mortalité, de morbidité et d’incapacité,
à long terme», continue l’OMS.
Pour cette campagne, l’agence onusienne demande aux ministères de la santé et aux services
nationaux de transfusion sanguine «d’améliorer
l’accès au sang et aux produits sanguins sécurisés, provenant de donneurs volontaires, pour les
parturientes»
ACTUALITÉ
Anticancéreux falsifiés
deux nouveaux
produits
concernés
L
a liste des médicaments anticancéreux
volés, récemment, dans un hôpital italien
s’allonge. L’Agence nationale de Sécurité
du Médicament (ANSM) annonce que
deux nouveaux produits (Avastin et Mab Thera)
sont concernés. De ce côté des Alpes, «aucune
falsification n’a été mise en évidence, dans les
services où sont administrés ces traitements aux
patients» rassure, toutefois, l’Agence.
Rappel des faits. L’ANSM a été informée, le 11 avril
2014, de la présence d’un médicament anticancéreux (Herceptin 150 mg) falsifié en Allemagne,
au Royaume-Uni et en Finlande, suite à un vol
de médicaments, dans un hôpital italien. Deux
autres médicaments, concernés par ce méfait,
ont ensuite été identifiés (Remicade et Alimta).
Ce 4 juin, l’Agence a annoncé que deux nouveaux produits (Avastin et Mab Thera) étaient,
aussi, concernés par ce vol.
L’ANSM tient, toutefois, à préciser que «la présence d’un de ces cinq médicaments falsifiés
sur le territoire français, dans le circuit légal,
reste hautement improbable». Pour autant, elle
demande «à tous les professionnels de santé,
qui pourraient être confrontés à des produits
suspects (notamment, sous la forme d’un conditionnement en langue italienne) de l’en informer
immédiatement, via l’adresse e-mail:
[email protected]
Le centre anti-cancer
de Batna effectuera sa
première radiothérapie
dans moins d’un mois
L
e
centre
anti-cancer
(CAC) de Batna effectuera sa première radiothérapie "dans moins un mois",
a déclaré le ministre de la Santé,
de la population et la réforme
hospitalière, Abdelmalek Boudiaf.
Le ministre, qui a effectué, symboliquement, la mise en service
du premier des trois accélérateurs de cette structure, a souligné que cet acquis s’ajoute aux
équipements du CAC de Sétif,
qui se trouve au même niveau
d’avancement que celui de Batna,
en attendant ceux d’Annaba et
de Tizi-Ouzou, qui seront opérationnels "avant la fin de l’année
en cours". M. Boudiaf a fait part,
dans ce contexte, de "l’opportunité", pour les physiciens médicaux
du CAC de Batna, d’effectuer une
formation au centre d’Oran, déjà
opérationnel et dont les équipe-
ments sont identiques à ceux de
Batna.
S’agissant des anciens équipements de traitement du cancer
des hôpitaux d’Alger, de Constantine et d’Oran, le ministre a indiqué qu’au titre d’un accord avec
le fournisseur des nouveaux
accélérateurs, ces derniers seront
démontés et remplacés par des
accélérateurs neufs.
Par ailleurs, rappelant l’organisation, à partir du 22 juin, à Oran,
Mostaganem, Alger, Skikda et
Annaba, d’une première université d'été de la santé, à l'intention
des gestionnaires des établissements de santé, afin de contribuer à régler les problèmes de
gestion, actuellement posés, M.
Boudiaf a annoncé que la wilaya
de Batna a bénéficié d’en centre,
de référence, de prise en charge
des malades du SIDA
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ACTUALITÉ
Un programme national, 2015 -2019,
de lutte anti-cancer
Un programme national, 2015-2019, de lutte anti-cancer sera prochainement élaboré, a annoncé, à Alger, le ministre de la
Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf.
L
e ministre, qui répondait à une
question d'une députée de
l'Assemblée populaire nationale
(APN), du Front de la justice et
du développement, Meriem Derradji, sur
les insuffisances enregistrées à l'hôpital
Adbelhamid-Ibn-Badis, dans la wilaya
de Constantine, a précisé que son département "compte élaborer un programme national, 2015-2019, de lutte
anti-cancer, pour renforcer la prévention
contre cette maladie".
Ce programme vise à "renforcer la prévention contre cette maladie, à travers
un diagnostic précoce et à assurer les
moyens nécessaires au traitement;
notamment, la radiothérapie", selon
le ministre. M. Boudiaf a, dans ce sens,
cité les moyens médicaux, dont dispose
le CHU de Constantine, qui accueille
des malades issus de 17 wilayate du
pays, ajoutant que "cet hôpital dispose
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Santé-MAG
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d'équipements médicaux de traitement
du cancer, dont deux appareils de scintigraphie et de mammographie". Il a,
dans ce cadre, souligné que l'ouverture
de centres, dans d'autres wilayate du
pays, s'imposait, citant l'ouverture de
deux nouveaux centres de radiothérapie, dans les wilayas d'Ouargla et Sétif
et d'un autre dans la wilaya de Batna,
pour "prendre en charge 240 malades/
jour". La réalisation d'autres centres est
prévue dans les wilayate de Tlemcen,
Sidi Bel-Abbès, Annaba et Tizi-Ouzou,
avant la fin de l'année en cours et le
début du premier trimestre de l'année
prochaine.
Le ministre a affirmé qu'il n'y avait pas
de pénurie de médicaments et de vaccins de prévention et de traitement
du cancer.
Concernant la prise en charge des insuffisants rénaux, dans la wilaya de Jijel,
le ministre a indiqué que cette wilaya
disposait de 53 appareils de dialyse,
dans trois centres spécialisés. La wilaya
de Jijel a été dotée de deux nouveaux
centres, dont un dans la région de Tahir,
qui dispose de 10 appareils de dialyse.
Le deuxième centre est prévu à Milia et
sera doté de 16 appareils de dialyse. 292
centres existent à travers tout le territoire national, dont 160 centres publics
et 131 privés, conventionnés avec la
Caisse de sécurité sociale.
Le ministère de la Santé compte effectuer des concertations avec le ministère
du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, pour l'ouverture de 37 nouveaux centres pour insuffisants rénaux,
a-t-il indiqué
ACTUALITÉ
La formation continue
des médecins:
une priorité absolue
L
a formation continue des
médecins constitue une
"priorité absolue", a indiqué, à Tipasa, le ministre de
la Santé, de la population et de la
réforme hospitalière, Abdelmalek
Boudiaf.
Le ministre a affirmé, lors des neuvièmes journées médico-chirurgicales, tenues à Bou-Ismail, sa "disponibilité" à accompagner toutes
les initiatives visant à assurer une
formation continue aux praticiens,
qui représente, selon lui, "la priorité des priorités". Il a estimé que
cette rencontre scientifique, organisée par le Syndicat national des
praticiens spécialistes de la santé
publique (SNPSSP), est une opportunité, permettant aux praticiens
de s’imprégner des nouveautés
enregistrées dans le domaine des
sciences médicales.
La formation continue concerne,
également, les gestionnaires des
responsables des établissements
hospitaliers, a jouté M. Boudiaf, faisant état de l’intention du ministère
d’organiser plusieurs rencontres
régionales et nationales, au profit
des directeurs d’hôpitaux et des directeurs locaux du secteur. Il a appelé, à cette occasion, les syndicats
à "jouer un rôle positif, à travers
des propositions et des initiatives
à même de constituer une valeur
ajoutée, pour le secteur ".
Le ministre a, en outre, réitéré
son soutien au secteur privé, "qui
œuvre, dans un cadre organisé, à
travers l’édification de nouvelles
structures hospitalières, conformément à un cahier de charges préalablement établi et qui assure une
complémentarité avec le secteur
public".
De son côté, le président du
SNPSSP, Mohamed Yousfi, a déclaré
que la prise en charge des patients,
au niveau des établissements de
santé publics, a connu une "amélioration sensible", ces dernières
années, mettant en valeur la disponibilité des médicaments et la
dotation de ces structures d’équipements de haute technologie
"Aucune intention"
de rattacher la
CNAS au secteur
de la Santé
L
e ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière,
Abdelmalek Boudiaf, a réfuté, à Alger
la "moindre intention" de rattacher
la Caisse nationale des assurances sociales
(CNAS) au secteur de la Santé. Les recommandations de certains ateliers, à la faveur
des Assises nationales sur la santé, des 16 et
17 juin, ont porté sur la nécessité de rattacher
la CNAS au secteur de la Santé. Le "rattachement" de la CNAS à la Santé n'est qu'une
"simple proposition", formulée par certains
ateliers. Cela ne signifie pas qu'elle sera
concrétisée et "il n'y a aucune intention de le
faire", a expliqué le ministre, pour rassurer les
gestionnaires de la CNAS. Il a rappelé, à titre
d'exemple, la gratuité des soins, un acquis
autour duquel une polémique s'est engagée,
également, parmi les participants aux ateliers
des Assises sur la santé. Le secteur ne va pas,
pour autant, remettre cet acquis en question,
a-t-il, encore, soutenu. M. Boudiaf a, par ailleurs, appelé les responsables du secteur de
la Sécurité sociale à accomplir leur mission,
sans "trop s'attarder" sur les propos colportés, ces derniers jours, par certains médias
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ACTUALITÉ
Des psychologues appellent
à la réhabilitation de l’enseignement
de la psychanalyse, en Algérie
Des psychologues et psychiatres ont
appelé, à Alger, à la réhabilitation de
l’enseignement de la psychanalyse et
de la pensée freudienne dans les cursus
universitaires, en Algérie.
L
’enseignement de la psychanalyse et de la pensée freudienne
est incontournable dans les
sciences humaines, notamment
en psychologie, étant donné que Sigmund Freud est le père de l’une des plus
importantes méthodes d’investigation
du mental; en l’occurrence, la psychanalyse", ont indiqué, les participants à un
séminaire sur "Sigmund Freud, père de
la psychanalyse", organisé par l’université d’Alger2, en partenariat avec l’ambassade d’Autriche.
La psychanalyse est une méthode
d’investigation psychologique, visant
à élucider la signification inconsciente
des conduites. Elle permet de mieux se
connaître, grâce à l’introspection et à
exploration de l’inconscient. Cette méthode a été fondée par Sigmund Freud,
à la fin du XIXe siècle et au début du
XXe. Elle prend en compte les souvenirs, les rêves, les associations d’idées et
d’images pour comprendre et dénouer
les conflits intérieurs.
La vice-recteur de l’université d’Alger
2, Ratiba Guidoune, a indiqué, à l’APS,
en marge de ce séminaire, que cette
journée d’études a été organisée en
vue de faire connaître le personnage de
Sigmund Freud, de vulgariser ses travaux et de faire découvrir ses méthodes
thérapeutiques, au grand public. Elle a
ajouté, qu’en vue de généraliser cette
approche psychologique, en Algérie,
des perspectives de coopération, entre
des universités algériennes et autrichiennes, en matière de psychanalyse,
sont menées.
S’agissant du recours à la psychanalyse,
par les psychologues, le Dr. Mahmoud
Benkhalifa, enseignant en psychologie à
l’université d’Alger 2, a rappelé que Sigmund Freud avait produit de nombreux
ouvrages, traitant de l’importance de la
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Santé-MAG
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culture dans le fonctionnement mental
de l’individu, précisant que les psychologues devaient prendre en compte
cette dimension, dans l’approche thérapeutique. Le Dr. Benkhalfa a ajouté que
les psychologues devaient mettre en
confiance leurs patients et les inciter à
se dévoiler et à parler, car la liberté d’expression est indispensable, pour arriver
à l’inconscient du malade.
Abordant le sujet du suicide chez les
jeunes, le Pr. Dalila Haddadi, enseignante
en psychologie à l’université d’Alger 2,
a expliqué que c’était difficile, pour les
jeunes, d’exprimer leurs pensées, précisant que les jeunes en mal-être devaient
consulter et faire confiance à leurs thé-
rapeutiques, pour un accompagnement
efficace, voie vers la guérison.
De son côté, le Pr. Mohamed Bakiri, chef
de service de psychiatrie, au CHU Frantz
Fanon de Blida, a appelé à l’introduction, dans la formation des psychologues cliniciens, de l’aspect pratique, en
milieu hospitalier; car, l’enseignement
théorique est très insuffisant.
Pour sa part, l’ambassadeur d’Autriche,
Aloisia Worgetter, a souligné que cette
journée d’étude était une occasion, pour
les psychologues et psychiatres algériens, d’échanger avec leurs confrères
autrichiens, pour l’acquisition, mutuelle,
de nouvelles données cliniques
ACTUALITÉ
120 médecins
accompagnent les pèlerins
aux Lieux Saints de l'Islam
Cent vingt (120) médecins accompagneront les pèlerins aux Lieux Saints
de l'Islam, a indiqué, à Alger, le ministre
de la Santé, de la population et de la
réforme hospitalière, Abdelamelk Boudiaf, en marge de la séance plénière de
l'Assemblée populaire nationale (APN).
Le ministre de la santé a souligné que
120 médecins accompagneront les
pèlerins algériens aux Lieux Saints de
l'Islam, s'abstenant de faire un commentaire, concernant l'impact du coronavirus. "Laissez la commission mise en
place faire son travail et à la lumière de
ses recommandations, on apportera les
réponses adéquates", a précisé le premier responsable du secteur de la santé.
Concernant le cancer, M. Boudiaf a
indiqué que les moyens nécessaires
"existent, que ce soit en matière de
centres, ou en médicaments". "Les personnes concernées n'ont qu'à se présenter et elles seront prises en charge",
a-t-il noté, précisant qu'"un accompagnement important est perceptible". Le
ministre a fait savoir, en outre, concernant la prise en charge des pathologies
rénales, que des contacts sont cours,
entre le ministère de la Santé et celui
du Travail et la Sécurité sociale, pour
l'établissement de conventions entre
la Caisse nationale de sécurité sociale
(CNAS) et 37 nouvelles structures de
santé, en matière d'hémodialyse.
Revenant sur les Assises de la santé,
tenues au cours de cette semaine,
M. Boudiaf a relevé qu'elles ont permis
à tout un chacun de donner son avis;
ce qui a donné lieu à des recommandations riches et de qualité, ajoutant que
les commissions installées, entameront
le travail incessamment
Le stock de l'Algérie, en médicaments et vaccins, est suffisant
Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière,
Abdelmalek Boudiaf, a affirmé que
le stock de l'Algérie en médicaments et vaccins était suffisant.
"Les médicaments et les vaccins sont
disponibles, en Algérie", a indiqué
le ministre, dans une déclaration
à la presse, en marge du débat du
plan d'action du gouvernement, au
Conseil de la nation. "Si un manque
de médicaments est enregistré, au
niveau d'un établissement hospitalier, c'est que le staff supervisant ce
dernier n'a pas assumé son devoir,
pour assurer la disponibilité des médicaments", a ajouté M. Boudiaf. Il a,
en outre, rappelé les différentes mesures prises par le ministère, comme
"l'autorisation des responsables des
établissements hospitaliers à acqué-
rir les médicaments de n'importe
quel pays, en cas de manque".
Par ailleurs, M. Boudiaf a précisé
que les problèmes de soins, pour les
cancéreux "ont été réglés, après que
les différents centres aient été dotés
en équipements nécessaires", indiquant qu'après l'inauguration d'un
centre anti-cancer dans la wilaya de
Sétif et d'un autre dans la wilaya de
Batna, un troisième sera ouvert, en
octobre prochain, dans la wilaya de
Annaba. A la fin de l'année en cours,
deux centres anti-cancer seront
ouverts à Tlemcen et à Tizi-Ouzou.
"Lorsqu’on parviendra à assurer les soins à 240 malades, par
jour, dans un même centre, c'est
que le problème des rendezvous de longue durée est réglé",
a-t-il ajouté
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
11
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de la Santé
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Email: [email protected]
ÉVÈNEMENT
1200 participants
aux Assises nationales de la santé,
au Palais des nations
Plus de 1.200 participants, représentant
différentes spécialités et corps de la
santé, ainsi qu'une vingtaine d'experts,
venus de 5 pays étrangers, assisteront
aux Assises nationales de la santé,
prévues les 16 et 17 juin au Palais des
Nations à Alger.
L
ors de ces assises qui se dérouleront en présence de membres
du gouvernement, du directeur
régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Afrique,
le Dr. Luis Sambo et de nombre d'ambassadeurs de pays frères et amis, il
sera question de la présentation des
objectifs de cette rencontre et l'examen des propositions, issues des assises régionales de la santé, organisées
mi-mai dernier dans sept wilayate du
pays.
Les experts examineront, deux jours
durant, la réalité et les perspectives
du système de santé, en Algérie, le
Plan national de lutte contre le cancer
(2015-2019), l'information sanitaire,
le financement et la présentation des
expériences de certains pays ayant un
système de santé développé.
Parallèlement, sept ateliers seront
organisés sur le système de santé, la
déontologie professionnelle, l'organisation de la profession, le gouvernement et le financement du secteur,
la prévention, la protection et la promotion du ce système, la politique
de santé, les ressources humaines, la
recherche scientifique et la santé dans
les régions des Hauts Plateaux et du
Sud.
Lors de la deuxième journée, des recommandations seront soumises aux
autorités publiques, en prélude à l'élaboration de la nouvelle loi sur la santé
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
13
ÉVÈNEMENT
Proposition de rehausser
le ministère de la Santé
en ministère de souveraineté
Le rehaussement du ministère de la Santé en ministère de souveraineté a été recommandé, à l’issue des travaux des Assises
nationales de la santé.
L
a révision, voire la suppression"
de la réglementation du temps
complémentaire des professionnels de santé, ainsi que le
service civil, ont été recommandés par
les participants aux assises, qui ont
appelé, notamment, au "rattachement"
des organismes de la Sécurité sociale
au département de la santé.
Les recommandations ont été axées,
d’autre part, sur la nécessité de "renforcer la complémentarité" entre les trois
secteurs de la santé (public, privé, et
parapublic), l’introduction de nouveaux
outils de gestion et d’évaluation, ainsi
que la répartition "rationnelle et équi14
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
table" de soins, à travers, notamment,
l’élaboration de référentiels nationaux,
tous secteurs confondus.
Le renforcement des programmes nationaux de prévention est, également,
recommandé; outre, la prise en compte,
dans la politique nationale de santé, de
la spécificité des régions du Sud, des
Hauts plateaux et des zones enclavées.
En matière d’éthique et de déontologie, il est jugé nécessaire de valoriser
l’enseignement de la déontologie, dans
les cursus de formation, la réactivation
du Conseil national de l’éthique des
sciences de la santé.
Concernant la gouvernance, les inter-
venants ont mis l’accent sur la nécessité de la consécration de l’autorité
sanitaire nationale, dans ses missions
de puissance publique de contrôle, de
coordination, de normalisation, de régulation et d’évaluation.
En matière de financement, les participants ont souligné l’importance du
maintien de la participation de l’Etat,
pour garantir le financement du système national de santé.
S’agissant de la prévention, il est jugé
nécessaire de réviser les textes réglementaires et de développer un système
de veille sanitaire et de suivi, ainsi que
l’évaluation des programmes de pré-
ÉVÈNEMENT
vention, au niveau local, régional et
national.
Les participants ont, également,
préconisé la promotion du dépistage des maladies transmissibles et
non transmissibles, selon les stratégies appropriées, ainsi que le renforcement des programmes de prévention générale et de prévention en
milieux spécifiques.
Sur un autre volet, ils ont appelé à
instaurer une politique de management de l’industrie, en imposant, aux
unités de production, des audits internes et externes par des organismes
accrédités.
Ils ont jugé utile, aussi, la création
d’une Agence nationale du médicament, comme ils ont encouragé
l’investissement dans la fabrication
locale des médicaments essentiels.
En matière de distribution, il est recommandé d’élaborer un cahier des
charges de bonnes pratiques et la
mise en place du contrôle périodique
des unités de production.
A propos de la pharmacie d’officine,
les intervenants ont plaidé pour une
répartition équilibrée des officines
pharmaceutiques et l’élaboration du
statut de pharmacien, assistant d’officine pharmaceutique.
Ils ont, d’autre part, mis l’accent sur
l’élaboration d’une nomenclature des
métiers, l’amélioration des conditions de travail, la mise à niveau permanente des connaissances, ainsi
que la promotion de la recherche en
santé.
Les recommandations ont, en outre,
porté sur la santé, dans le Sud et les
Hauts plateaux, avec la nécessité de
consacrer la "complémentarité" des
secteurs public et libéral, de revoir
les modalités de couverture sanitaire, dans les zones indiquées et de
redynamiser les conseils régionaux
de santé, créés en 1995.
Les participants ont, en outre, plaidé
pour l’intégration du secteur libéral
dans les réseaux de soins, la création de pôles régionaux mutualisant
toutes les compétences, ainsi que la
réhabilitation de la fonction de l’omnipraticien, dans la prise en charge
des pathologies courantes et chroniques, dans ces régions.
Il a, également, été question de la
mise en position d’activités des spécialistes, restreints au service civil,
dans les structures à statut libéral,
dans le Sud et les Hauts plateaux
Assises de la santé
les problèmes des régions
du Sud et des Hauts-plateaux
soulevés
Les problèmes du manque d’effectifs sanitaires et du transport, dont souffrent
les régions du Sud et des Hauts-plateaux, ont été soulevés, au deuxième jour des
travaux des Assises nationales de la santé, qui se poursuivent à Alger.
A
cet effet, Zakia Boudouh, inspectrice de santé à Biskra, a
déploré l'absence de médecins spécialistes dans cette
wilaya, à l’exception de l’équipe médicale cubaine "qui ne peut, à elle seule,
répondre aux besoins locaux; notamment, en ce qui concerne la pédiatrie et
la gynécologie".
De son côté, M. Wissat, professionnel de la santé à El Bayadh, a indiqué
que cette wilaya souffre d’un "manque
flagrant" en matière de spécialistes et
en matériels de radiologie et d’imagerie; ce qui oblige les patients à faire
de longs déplacements, pour se faire
soigner.
Il a estimé que les opérations de jumelages, entre les structures sanitaires du
Nord et celles du Sud et des Hauts-plateaux, "ne suffisent pas", pour remédier
à ces problèmes, jugeant, à cet égard,
"nécessaire" d’encourager le secteur
privé, pour apporter son soutien, en
vue d’une "meilleure prise en charge
des citoyens".
Pour sa part, Bensalem Mohamed, de
l’hôpital d'Ain Salah (Tamanrasset), a
salué les efforts déployés par l’Etat; à
travers, notamment, le service civil. Il
a, toutefois, relevé que les problèmes
resurgissent, en raison de l’interruption
de ce service, appelant à assurer un
service continu.
Le directeur de l’hôpital de Tamanrasset, Kada Bika, a jugé, quant à lui,
que la durée du service civil est "très
courte"; ce qui n’aide pas à assurer une
meilleure couverture des régions reculées.
Zahi Farouk, ancien cadre au ministère
de la Santé, a soulevé, lui aussi, plusieurs problèmes liés, notamment, au
manque de spécialistes en pédiatrie, et
en gynécologie.
Enfin, Choutibi Zahra, membre de
l’Union nationale des sages-femmes, a
fait part du problème de surcharge des
malades, à l'hôpital de Tamanrasset, où
il exerce, qui dépasse les normes; ce
qui se répercute sur la santé de la sagefemme. D’où, la nécessité, selon elle, de
fournir davantage de moyens; notamment, en ce qui concerne la radiologie
et mener, également, un travail de sensibilisation, auprès des femmes
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
15
ÉVÈNEMENT
Sellal réaffirme l’engagement de
l’Etat en faveur du développement
du secteur de la santé
La garantie de l’accès à la santé est l’une des missions, majeures, de l’Etat et relève de ses engagements, qu’il n’aura de cesse
d’honorer, a indiqué, à Alger, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, réaffirmant sa détermination pour le développement de ce
secteur, à tous les niveaux.
Par Tanina Ait
D
ans son allocution d’ouverture
des Assises nationales de la
santé, M. Sellal a souligné que
"la garantie de la santé publique est la première voie vers la justice
sociale", réaffirmant l’engagement de
l’Etat de poursuivre ses efforts, pour le
"développement de ce secteur vital". Il a
indiqué, à cet égard, que le développement économique et social qu'a connue
l’Algérie, ces dernières années, a induit
"des défis nouveaux", dans le domaine
de la santé, qu’"il nous faut relever; notamment, en matière de prise en charge
des maladies chroniques, de préventions
contre les phénomènes pathologiques
nouveaux et de la nécessité d’améliorer
la qualité du service public de la santé.
Rappelant les "moyens colossaux" déployés par l’Etat, pour moderniser les
structures de santé, augmenter leurs
capacités et les répartir, équitablement,
à travers le territoire national, il a, cependant, relevé que "beaucoup reste à faire",
pour répondre aux besoins sanitaires
croissants des citoyens. La réforme et le
développement du secteur de la santé
16
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
"passe obligatoirement" par deux éléments essentiels, selon le Premier ministre. Il s’agit, a-t-il précisé, de "mettre
le citoyen et le malade au cœur de notre
conception du système national de prévention et de soins", et d’"accorder toute
son importance à la ressource humaine,
médicale, paramédicale et gestionnaire,
car, a-t-il soutenu, c’est eux qui seront
appelés à concrétiser, sur le terrain, notre
vision future de la santé, en Algérie". M.
Sellal a ajouté, dans le même cadre, que
la gratuité des soins est un "acquis national, qu’il faut consacrer et préserver";
et ce, à travers la mise en place d’"un
cadre rénové, qui garantisse la modernisation de la gestion, la rationalisation
et la maîtrise des dépenses, ainsi que la
généralisation des mécanismes du tierspayant".
Evoquant l’industrie pharmaceutique,
il a fit part de "détermination" du gouvernement à poursuivre sa démarche
de développement de ce secteur "en
encourageant l’investissement et le partenariat" afin, d’une part, de "couvrir les
besoins nationaux en médicaments" et
d’autre part, "parce que cette activité
est un domaine porteur et créateur de
richesse et d’emplois", a-t-il expliqué.
Le Premier ministre a appelé, par ailleurs, de changer de vision sur le secteur
privé. "Notre regard sur le secteur privé
de la santé doit changer", a-t-il fait savoir, insistant sur le fait que ce secteur
"doit, dorénavant, être considéré comme
un partenaire du système national de
santé", et appelant à "être à l’écoute de
ceux qui y activent et les associer dans
l’élaboration et la mise en œuvre de la
politique nationale de santé".
Le Premier ministre a indiqué que les
recommandations, qui découleront
de ces Assises, "constitueront la base,
sur laquelle s’appuiera le gouvernement, dans l’élaboration d’une nouvelle loi, qui définira les grandes lignes
du système national de santé, pour les
années à venir et encadrera ses activités et ses modes de gestion, afin, a-t-il
dit, d’assurer aux citoyens une couverture sanitaire et des services publics au
niveau des standards internationaux,
en la matière"
ÉVÈNEMENT
Nécessité d’évaluer les politiques précédentes de santé,
pour en tirer les "enseignements"
L’évaluation des politiques menées,
par le passé, en matière de santé, est
nécessaire, pour en tirer les "enseignements", a plaidé, à Alger, le Pr Messaoud Zitouni, appelant à une réforme
du secteur, "centrée sur le malade".
"Nous n’évaluons jamais ce que nous
avons fait, par le passé, en matière de
santé, vue de tirer les enseignements
qui s’imposent", a déploré le Pr Messaoud Zitouni, chargé du Plan anti-cancer, lors de son intervention aux Assises
nationales de la santé, appelant à revoir
la stratégie de réforme de la santé, de
sorte à ce qu’elle soit "centrée sur le malade". Soutenant l’existence d’un "décalage" entre les problèmes soulevés
par les responsables du secteur de la
santé et ceux évoqués par les patients,
l’intervenant a ajouté qu’il suffit de s’en
convaincre en observant le "parcours"
que mènent ces derniers pour se faire
suivre.
Le spécialiste, qui note la "complexité"
des causes de cette maladie, estime que
le "seul vrai traitement demeure la prévention", rappelant que durant les cinq
dernières années, l’Algérie a enregistré
20.000 nouveaux cas de cancer faisant,
ainsi, passer le nombre de cancers de
30.000 à, environ, 50.000 actuellement. Relevant la "particularité" de cette
pathologie, le Pr Zitouni fait remarquer
que le cancer "transcende la simple
dimension médicale, pour concerner la
sphère sociale et politique", dans le sens
où, explique-t-il, elle est "révélatrice" de
l’état de prise en charge de l’ensemble
des maladies. S’il se félicite que les pouvoirs publics aient décidé d’en faire un
problème de "santé publique majeur",
l’orateur note que cela signifie "automatiquement" une prise en charge de la
pathologie. Il rappelle à ce propos qu’un
plan cancer quinquennal (2015-2019)
est mis en place à cet effet et au sujet
duquel il émet un nombre de propositions, en priorité la nécessité de solutionner la "crise" de la radiothérapie, de
même qu’il a plaidé pour une implantation "équilibrée" des centres anti-cancer,
intégrés à travers le territoire national.
Une utilisation "rationnelle" des allocations budgétaires destinées au secteur
est, par ailleurs, recommandée par le
spécialiste, qui informe de la tenue, en
septembre prochain, d’une conférence
nationale sur le cancer, axée principalement sur le plan anti-cancer mis en
place par les pouvoirs publics
Pour une large implication de tous les acteurs,
dans la définition de la nouvelle politique de santé
Les Assises nationales de la santé, dont
les travaux ont débuté à Alger, se fixent
pour objectif, une large implication de
l'ensemble des acteurs concernés, dans
la définition de la nouvelle politique du
secteur.
"Impliquer et faire participer les différents acteurs et partenaires sociaux,
ainsi que les professionnels de la santé,
dans la définition de la nouvelle politique
de santé", constitue l’un des principaux
objectifs de ces assises. Il s'agit, également, de débattre des différents voies
et moyens, afin de rétablir l’équilibre
dans l’offre de soins dans les régions du
Sud, des Hauts-plateaux et des zones
enclavées.
Cette rencontre vise, en outre, à renforcer
le cadre juridique et réglementaire régissant les produits pharmaceutiques, ainsi
que les aspects éthiques, bioéthiques
et déontologiques, en matière de santé.
Les participants à ces assises auront à se
pencher sur la nécessité d'optimiser et
mutualiser les moyens financiers, dans le
cadre d’une nouvelle organisation et restructuration de la carte sanitaire "dans
une optique globale de bonne gouvernance". Il sera question, aussi, de "valoriser la ressource humaine", afin d’assurer une "meilleure prise en charge des
malades"; de même que la promotion de
l’utilisation du système d’information et
des différents réseaux, pour une "meilleure fluidité" de l’information.
Les travaux des Assises sont axés sur
"l’importance et la consolidation du rôle
de l’inter-sectorialité, dans l’offre globale de soins", la "consolidation des fondements du système national de santé,
par le renforcement et la poursuite des
programmes nationaux de préservation
et de promotion de la santé", ainsi que
les "voies et moyens de développement
de la recherche médicale".
La garantie de l’accès à la santé est l’une
des "missions majeures" de l’Etat et relève de ses engagements "qu’il n’aura de
cesse d’honorer", a indiqué le Premier
ministre, Abdelmalek Sellal, à l'ouverture des travaux, réaffirmant sa "détermination" pour le développement de ce
secteur, à tous les niveaux
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
17
ÉVÈNEMENT
Dr Mahmoud Boudarene*, à Santé Mag,
il faut évaluer, avec lucidité, le
coût de la santé; en tenant compte
de la réalité de l’environnement
économique, national et international
Il y a bien longtemps que ce projet, généreux et juste, qu’est la médecine gratuite, n’est plus en cours, dans notre pays. Le système
de santé est à deux vitesses, en Algérie; où, paradoxalement, la médecine gratuite ne profite qu’à la caste de privilégiés. Aussi,
selon le Dr Mahmoud Boudarene, psychiatre à Tizi-Ouzou, la refonte de ce système passe, obligatoirement, par une réelle
volonté politique de s’y engager.
Ecoutons monsieur Boudarene.
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: On parle de médecine gratuite. Qu’en est-il, réellement, lorsque
les moyens techniques ne suivent pas et
que le citoyen se voit obligé de se diriger vers le secteur privé, dont les prix
des actes sont exorbitants et non remboursés, de surcroît, par la CNAS ?
Dr. Boudarene: Oui, la médecine est
gratuite, si l’on s’en tient aux disposi18
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
tions de la loi 73-65, du 26 décembre
1973, qui a instauré les soins gratuits,
dans notre pays, depuis quarante ans.
La loi 85-05 du 16 février 1985, relative
à la protection et à la promotion de la
santé, a mis en place, par son chapitre
III (articles 20, 21 et 22), les modalités
d’application de la gratuité des soins.
Mais, dans la réalité de nos concitoyens,
il y a longtemps que la médecine n’est
plus gratuite. Si elle l’est encore, quelque
fois, c’est pour les riches et les privilégiés. Le citoyen «Lambda», le zaouali
n’y pas accès. Il rencontre tellement
d’obstacles, dans sa quête de soins, qu’il
est obligé de s’adresser à la médecine
libérale, pour se soigner; en particulier,
pour faire un examen spécialisé, radiologique, biologique, etc. Allez faire un
scanner, ou une IRM, dans le secteur pu-
ÉVÈNEMENT
blic et vous verrez ce que l’on vous dira.
Même quand vous êtes hospitalisé et
que vous devez subir des soins dans un
CHU, on vous demande de faire des examens complémentaires chez le privé, ou
encore, d’acheter vos médicaments en
officine libérale.
Seules les compétences médicales et
paramédicales sont fournies aux malades.
Par contre, si vous êtes Mr X ou Y et que
vous faites partie des privilégiés, c’est
le DG, en personne, qui prendra soin
de vous et qui mettra tous les moyens
à votre disposition, pour vous satisfaire,
même quand il s’agit d’un petit bobo. Et
si cela ne suffit pas, il y a, toujours, la
prise en charge à l’étranger. C’est encore
mieux… Non, il y a bien longtemps que
ce projet, généreux et juste, qu’est la
médecine gratuite, n’est plus en cours,
dans notre pays. C’est, aujourd’hui, un
système de santé essoufflé, moribond,
parce qu’il n’a plus les moyens (financiers, bien sûr) de sa politique et obsolète, parce qu’il est en décalage avec
l’environnement économique national
(l’économie de marché), qui lui est, totalement, hostile.
Le secteur de la santé est considéré,
par les pouvoirs publics, comme improductif et de surcroît, budgétivore.
C’est pourquoi les budgets qui lui sont
alloués, au cours des arbitrages du gouvernement, sont insuffisants, pour son
bon fonctionnement et c’est la raison
pour laquelle les structures de santé
publiques sont dans un état lamentable,
qu’elles sont repoussantes et qu’elles
n’ont pas les moyens d’offrir des soins
de qualité à la population. J’en veux,
pour preuve, l’incapacité de notre système de santé à prendre en charge, de
façon efficace, nos concitoyens atteints
de maladies chroniques; en particulier,
ceux atteints du cancer. Ces derniers,
chacun le sait, sont abandonnés à leur
sort; c’est-à-dire, à une mort certaine.
D’abord, pour des raisons de pénuries
endémiques des médicaments, malgré
les dépenses financières colossales de
l’Etat et ensuite, du fait de l’impossibilité d’accéder aux cures de radiothérapie;
ce qui est, aujourd’hui, impossible dans
notre pays.
La gratuité des soins, en Algérie, est un
vieux souvenir, une chimère. Quand bien
même, celle-ci est consacrée par les
textes de loi de la République. Par ailleurs, vous dites que les tarifs des prestations médicales sont, dans le secteur
privé, exorbitants et non remboursés
par la Sécurité sociale. Je crois que vous
faites fausse route, dans votre appréciation de la situation. Les prix des prestations, dans ce secteur de la santé, sont
justes et alignés sur le coût de la vie. Ils
sont en harmonie avec l’environnement
économique national, avec le prix du kg
de patates, de tomates, d’oranges, de
cerises, ou encore, du kg de viande. Ces
coûts ont été multipliés, par 15, depuis
la fin des années 80; seul, celui (le coût)
de la santé est resté figé et en dépit
du bon sens, les prestations médicales
continuent d’être remboursées, par la
Sécurité sociale, en l’état. Une incohérence.
Je pense qu’il faut évaluer, avec lucidité, le coût de la santé, en tenant
compte de la réalité de l’environnement
économique national et international.
C’est le principe de base que les pouvoirs publics doivent adopter, pour
bâtir un système de santé juste et qui
réponde aux réels besoins de soins de
nos concitoyens. Cela, d’un point de vue
de l’économie de la santé. Une fois cette
donnée intégrée, le point de vue idéologique devient accessoire. Si les décideurs veulent, toujours, la gratuité des
soins, alors ils doivent doter ce système
de santé des budgets suffisants, pour
qu’il ait les moyens de sa politique. A
côté de cela, il faudra déterminer le rôle
de la Sécurité sociale, dans le dispositif et comment elle doit contribuer à la
politique de santé publique.
Pourquoi y a-t-il des difficultés de remboursement; notamment, des soins en
radiothérapie, alors que le citoyen cotise
au budget de la CNAS ?
Il n’y a pas de difficultés de remboursements. Il n’y a, d’ailleurs, pas de remboursements du tout pour ce qui est
de la radiothérapie, dans la mesure où
elle est effectuée dans le secteur public.
Ce problème se posera, certainement,
à l’avenir, quand la médecine libérale
pourra proposer cette technique de
soins; il se posera avec encore plus
d’acuité quand le secteur public présentera, à la Sécurité sociale, la facture des
prestations servies à ses cotisants (adhérents). Une situation qui se présentera, sans doute, dans un futur proche
si l’Etat a réellement l’intention de procéder à la refonte de notre système de
santé.
C’est pourquoi je soulignais, plus haut,
la nécessité de redéfinir la place que
devra occuper la Sécurité sociale, dans
ce dispositif. Jusque-là, cet organisme
contribue en versant, annuellement,
dans les caisses de l’Etat, une somme
forfaitaire pour, nous a-ton dit, «soutenir l’effort de
la médecine gratuite, dans
notre pays». Une espèce
de mécénat…
Si la Sécurité sociale devait rembourser, au réel,
toutes les prestations,
données à ses cotisants
dans le secteur public,
elle aurait - j’en ai la
conviction – mis, depuis
longtemps, la clé sous
la porte ! Les dépenses
de santé sont tellement importantes qu’il
lui serait impossible
d’y répondre. Dans
les faits, la Sécurité
sociale ne rembourse
que le citoyen qui a
recourt à la médecine libérale, avec
les tarifs que chacun
de nous connaît.
Ce n’est pas le
cas, quand le sujet
malade s’adresse
au secteur public.
Celui-ci est pris en
charge par le circuit de la médecine gratuite. Une
situation qui donne l’impression qu’il
y a deux systèmes de santé, parallèles,
dans notre pays: celui de la médecine
gratuite et celui pris en charge par la
Sécurité sociale. Pour autant, le rôle de
cette dernière (la Sécurité sociale) est
de garantir le paiement des prestations
de soins à ses cotisants - c’est le contrat
qui la lie à ces derniers - de la même façon, dans le secteur privé comme dans
le secteur public. Les choses seront,
ainsi, claires et si l’Etat veut garantir des
soins gratuits à ceux qui ne sont pas
assurés, il lui sera plus aisé de le faire.
Redéfinir le rôle de la Sécurité sociale,
dans notre système de soins, est, donc,
un véritable impératif économique.
Même, à prendre le risque de mettre
en difficulté cet organisme. Mais, voilà
une «excuse» qui ne doit pas amener
les Pouvoirs publics à différer, comme
cela a été, jusque-là, le cas, la difficulté. Je crois que le moment est venu
de faire preuve d’audace et d’affronter
cette situation avec lucidité. Afin, d’une
part, de ne pas laisser cet organisme (la
Sécurité sociale) s’effondrer et d’autre
part, de bâtir un système de santé rationalisé, qui réponde, avec efficacité, aux
besoins de santé des citoyens.
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
19
ÉVÈNEMENT
Les hôpitaux des grandes villes sont
saturés; notamment, lorsqu’il s’agit des
soins d’urgences. Comment remédier à
ce problème ?
Notre système de santé et nos structures de soins ne sont pas rassurants.
Pourquoi? Parce que la répartition des
compétences et des moyens n’est pas
juste et l’accès à des soins de qualité
n’est pas garanti de la même façon, selon que l’on réside en ville, ou à la campagne. Les citoyens n’ont pas confiance
dans les structures de santé, qui existent
en zone rurale, ou en périphérie des
grands centres urbains. Ils pensent
qu’ils n’y recevront pas les soins appropriés. Quelques fois, à tort; mais, souvent, à raison. Parce que ces structures
périphériques sont particulièrement inquiétantes, angoissantes - par leur état
de vétusté et que, bien souvent, elles
ne disposent pas des plateaux techniques, indispensables, pour y donner
les meilleurs soins. Cela est notoire - les
associations de praticiens et de malades
l’ont, de nombreuses fois, dénoncé - et
c’est pour cela que les usagers préfèrent
s’adresser directement aux centres hospitaliers, aux CHU, mieux équipés et que
les médecins, qui travaillent dans les policliniques, ne prennent aucun risque et
abondent dans ce sens. Vous savez, des
citoyens sont morts de rage, faute de
sérum antirabique, d’autres sont morts
de tétanos, faute, également, de sérum
20
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
et de vaccin. Des prestations élémentaires; mais, souvent, indispensables
que ces policliniques ne fournissent pas;
à l’instar de nombreux autres produits.
Les citoyens le savent et c’est pourquoi,
quand ils ont des soucis de santé, ils
boudent- je devrai dire, ils évitent -, les
structures de santé de proximité.
Des projets de nouveaux centres de
soins sont en cours de réalisation.
Cela, contribuera, sans doute, à l'accès
aux soins de qualité du citoyen, à long
terme. Cependant, il y a des cas pathologiques; en l’occurrence, les cancers
qui ne peuvent pas attendre. Que faut-il
faire, donc, dans l’immédiat ?
Je ne sais pas si le problème réside
dans le nombre de centres de soins. Si
l’on s’en tient aux chiffres que l’on nous
donne, l’Algérie possède les structures
suffisantes, pour prendre en charge
les problèmes de santé du citoyen. Je
pense que le problème réside dans l’optimisation des structures existantes et
dans la bonne répartition des dépenses
de santé. Pour l’instant, dans sa fuite en
avant, l’Etat algérien s’est inscrit dans
une politique de dépenses tous azimuts.
Une gabegie qui ne résous, pas les problèmes que rencontre notre système de
soins; mais, une solution de facilité, du
fait de la richesse, du moment, de notre
pays. C’est ainsi, par exemple, que des
équipements - IRM, scanner, micros-
copes, équipements pour examens biologiques…- ont été acquis à des prix faramineux, lesquels équipements ne sont
pas mis à la disposition du citoyen, faute
de médecins spécialistes. Nous pouvons
en dire autant, concernant les médicaments. Plusieurs milliards de DA ont été
dépensés, mais les pénuries sont, toujours, là. Franchement, je ne crois pas
que le problème se pose en termes de
réalisation de structures supplémentaires; en tout cas, pour résoudre la crise
actuelle. Le cas des pathologies cancéreuses est très particulier. Il met en relief
la responsabilité des ministres de la Santé qui se sont succédé à ce portefeuille
ministériel et plus généralement, celle
de l’Etat. Depuis plusieurs années, des
centres anti-cancer sont en construction (une douzaine). Aucun n’est encore
prêt. Pourquoi? Sommes-nous incapables, dans ce pays, de réaliser, dans
les temps impartis, des structures de
soins? Est-ce un problème de compétence ? Est-ce un problème d’incurie
et d’irresponsabilité? Il y a, sans doute,
tout cela, à la fois. Mais, la responsabilité
première incombe à l’Etat, qui n’est pas
capable de mener, à terme et dans les
délais, ce type de projets.
De mon point de vue, et concernant le
problème des sujets atteints du cancer,
il y a non-assistance à personne en danger. Ces malades ont droit à des soins et
l’Etat est tenu de les garantir. A ce titre,
ÉVÈNEMENT
je voudrais rappeler à vos lecteurs pour
que chacun connaisse bien ses droits
que la constitution algérienne, par son
article 54, «garantit la protection de la
santé pour tous les citoyens». En l’occurrence, dans le cas des sujets atteints
du cancer, il y a carence, faute. Une violation de la loi, par l’Etat. Ce que dit l’article 21, de la loi 85-05, est intéressant à
souligner: «l’Etat met en œuvre tous les
moyens, destinés à protéger et à promouvoir la santé, en assurant la gratuité
des soins». Les soins doivent, donc, être
donnés gratuitement, quelles que soient
les circonstances. Cela voudrait dire que,
si les soins ne peuvent pas être donnés
dans les structures de santé existantes,
l’Etat est tenu de tout mettre en œuvre,
pour garantir la protection de la santé
des personnes. Le transfert à l’étranger
est, dans ce cas, un droit pour le malade
et une obligation pour l’Etat. C’est le
cas de ceux atteints du cancer et qui
ne peuvent pas accéder aux cures de
radiothérapie. J’ai bien conscience qu’il
n’est pas évident d’envoyer des milliers
de malades à l’étranger, pour des cures
de ce type. Pourtant, certains sujets privilégiés y accèdent sans difficulté.
C’est pourquoi, les citoyens doivent
connaître la Loi et avoir entre les mains
les instruments juridiques indispensables, pour défendre leurs droits et agir
en conséquence, quand ceux-ci (leurs
droits) ne sont pas respectés.
L’inégalité de l’accès aux soins, dans
notre pays, est flagrante. Comment en
venir à bout ?
Cette question trouve une partie de sa
réponse dans la précédente. La République, je le soulignais, garantit la santé
pour tous. L’article 54 de la constitution
est clair et dit bien qu’il n’y a pas de privilèges, dans l’accès aux soins. Il en est
de même concernant la loi 85-05. L’inégalité que vous évoquez est due, essentiellement, à l’incohérence de notre
système de santé, aux manques de
moyens et à la mauvaise répartition des
ressources humaines et financières. Le
résultat d’une désastreuse gouvernance
et de l’irresponsabilité; sans doute, aussi, de l’incurie des personnes, qui ont eu
la charge de ce secteur. Une situation
qui pénalise la population. Bien sûr, le
préjudice ne concerne pas les privilégiés de ce pays. Ceux-là bénéficient de
passe-droits nombreux; notamment, de
l’accès aux meilleurs soins et même, à la
prise en charge, à l’étranger.
Notre système de santé est très mau-
vais. Le constat est unanime. Les pouvoirs publics ont en conscience et
évoquent, aujourd’hui, la nécessité
d’une nouvelle Loi sanitaire. Des Assises
nationales de la Santé doivent se tenir.
Que vont-elles apporter? En ce qui me
concerne, je pense que le constat est
fait. Les raisons du délabrement de
notre système de soins sont évidentes.
La politique de santé, dans notre pays,
est prisonnière de l’idéologie… de la médecine gratuite, une politique mise en
place au début des années 70, dans les
conditions politiques que l’on connaît;
mais, qui est, aujourd’hui, anachronique
et en décalage avec les réalités économiques nationales. Les pouvoirs publics
- s’ils ont la réelle volonté de changer les
choses, doivent faire preuve d’imagination et d’audace. Ils doivent mettre en
place une politique de santé cohérente,
en harmonie avec les exigences économiques du moment et émancipée de
toute considération idéologique. Libéré
de cette contrainte, le futur système de
santé, sans abandonner le principe de la
solidarité, qui doit se manifester avec,
notamment, nos concitoyens qui ont en
auront besoin - pourra offrir des prestations de qualité, avec des impératifs
budgétaires bien déterminés. Cela est
possible et c’est cela qui viendra à bout
de l’inégalité de l’accès aux soins.
L’Algérie dépense beaucoup d’argent,
dans l’importation des produits pharmaceutiques; malgré cela, on constate
des pénuries. Pourquoi ?
En 2008 - j’étais, alors, député à l’Assemblée nationale -, nous avions voté
des amendements à la Loi 85-05, loi
relative à la protection et à la promotion
de la Santé. Ces amendements avaient
pour objectif de créer l’Agence nationale des produits pharmaceutiques, une
agence censée garantir un approvisionnement, régulier, du marché en quantité
et en qualité. La mission qui est attribuée à «l’Agence», ainsi dénommée, par
l’article 194-15 est d’«… assurer la régulation du marché des produits pharmaceutiques… et veiller à la disponibilité et
l’accessibilité des produits pharmaceutiques». De toute évidence, cet objectif
n’a pas été atteint, puisque la pénurie
des médicaments a atteint son sommet,
critique, durant les années qui ont suivi;
en particulier, en 2012. Il faut dire qu’il
a fallu plusieurs années pour que cette
agence soit installée et sauf erreur de
ma part, elle n’est, toujours, pas opérationnelle. Sans doute, parce qu’elle dé-
range des intérêts. Oui, des sommes colossales ont été dépensées, pour l’achat
des produits pharmaceutiques: 281 milliards de DA, pour les dépenses de santé, pour le plan quinquennal 2010-2014;
2 milliards de DA, pour l’année 2009,
pour importer des médicaments, «le
seul pays de la région à dépenser 8% de
son PIB pour les dépenses de santé», a
dit non sans fierté Djamel Ould- Abbas,
alors ministre de la santé.
Beaucoup d’argent, des sommes considérables, qui ont profité non pas aux citoyens malades, mais aux importateurs
et autres intermédiaires. Une gabegie
criminelle, pour un système de santé
moribond, en faillite.
Je voudrais ajouter un mot sur la politique de prévention, le parent pauvre
de notre politique de santé. Pourtant,
une action en amont, qui ferait faire
des économies substantielles au pays.
Un aspect, totalement, ignoré par les
responsables. Une politique de prévention offensive aurait pu et dû être
mise en place, pour un certain nombre
de pathologies; notamment, chronique,
comme le diabète, les affections cardiorespiratoires, ou encore, les cancers. A
titre d’exemple, je soulignerais les ravages que fait le tabac. Notre pays est
l’un des rares pays du monde à n’avoir
rien fait pour éradiquer l’usage du tabac
dans les lieux publics. C’est l’OMS (organisation mondiale de la santé) qui fait ce
constat. Pour autant l’arsenal législatif
existe depuis des années mais celui-ci
n’est pas mis en application. L’aéroport
d’Alger se singularise par l’odeur du
tabac qui prend au nez le voyageur, à
sa descente d’avion. Le seul, de la planète, où l’on continue à fumer, quand
bien même des panneaux interdisant de
fumer y sont installés.
Début 2012 - j’étais, encore, député -, j’ai
demandé, dans une interpellation écrite,
au ministre de la santé de l’époque, de
me dire pourquoi la loi, interdisant le tabac dans les lieux publics, n’est pas entrée en vigueur, dans notre pays. Je n’ai
jamais eu de réponse. Le tabac continue
à faire son œuvre, chez les consommateurs et surtout, chez ceux qui n’ont pas
choisi de fumer
* Dr Mahmoud Boudarene,
- psychiatre et docteur en sciences biomédicales.
- Auteur de l’ouvrage: "Le stress, entre
bien-être et souffrance", aux éditions
Berti.
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
21
ÉVÈNEMENT
Pr. Farid Chaoui*, à Santé Mag,
Le système de santé algérien
navigue à vue,
car la base idéologique, qui devait
être la sienne, a disparu
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Que peut-on retenir, globalement, des Assises nationales de la
santé, qui se sont tenues au Palais des
Nations?
Pr F. Chaoui: La volonté, pour une
réforme du système de santé, existe,
indéniablement et nous ne pouvons
remettre en doute cette volonté, chez
les différents responsables politiques à
vouloir changer les choses, pour améliorer le niveau de santé.
Pourquoi ? Parce qu’il y a une réelle
pression de la rue, de plus en plus
22
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
grande. La population crie son raz le
bol et veut être soignée d’une manière
un peu plus convenable et surtout, de
manière équitable. Maintenant, il faut
chercher les raisons qui font que cette
volonté n’arrive pas à se traduire sur le
terrain.
Pour ma part, je pense que cette situation s’explique par des motifs politiques; à savoir: Le système de santé
algérien navigue à vue; car la base
idéologique; qui devait être la sienne; a
disparu. Celle-ci a fondu, pratiquement,
à la fin des années 1970. En effet, on ne
sait plus comment organiser les choses
au bénéfice de qui ? Au dépend de qui
? Avec quel argent ? D’où proviendra
cet argent ? Où va-t-il ? Etc… Tout ceci,
donc, se traduit par des insuffisances
organisationnelles, sur le terrain,
lorsqu’il n y a pas une politique clairement énoncée, expliquée, admise, soutenue par l’ensemble des intervenants,
médecins, paramédicaux, administration, les représentants des associations
de malades….
En l’absence de cette politique, on
s’installe dans la dérive.
ÉVÈNEMENT
Vous dites: «on s’installe dans la dérive». Pouvez-vous être plus explicite ?
La dérive, ce sont des groupes de pression, qui vont s’organiser, chacun, pour
essayer de tirer le maximum du bénéfice de la rente, qui est attribuée à la
santé.
Nous sommes, dans ce cas de figure et
c’est la raison pour laquelle les responsables politiques font de beaux projets,
apportent de belles résolutions; mais,
lorsqu’ils passent à l’action, eh bien, il y
a un parasitage énorme de ces actions,
sur le terrain, par des réseaux occultes.
Ce fonctionnement par réseaux fait que
tout est dévoyé et à la fin, on aboutit à
la situation actuelle.
Ces Assises augurent-elles d’une meilleure situation à venir?
Je crois qu’il faut, d’abord, sortir le
débat du Club des Pins et l’exposer
dans la rue. Il faut que la population ait
conscience des enjeux.
Tout ce que nous avons dit, lors de ces
deux journées d’Assises nationales de
la santé; notamment, sur les moyens
qui manquent, la volatilité du prix des
hydrocarbures etc…. ceci, il faut que
les gens le sachent. Il importe que ce
débat ne soit uniquement un débat de
spécialistes, dans une enceinte fermée.
Le débat doit être diffusé à travers l’ensemble de la population, par l’intermédiaire des médias.
En effet, Il y a lieu d’expliquer à la population et ceci est très important, que
des décisions douloureuses vont être
prises, car on ne pourra pas soigner nos
malades comme à Paris, ou à Marseille,
par exemple; faute, effectivement, de
moyens.
Néanmoins, tous doivent être soignés
de manière équitable; c'est-à-dire,
qu’on ne mettra pas plus d’argent, pour
soigner un algérien, par rapport à un
autre. Ainsi, aucune discrimination ne
doit être tolérée.
Cette prise en charge de la santé de
nos concitoyens suppose une création
de richesses par eux-mêmes, conséquence de leur travail et de leur engagement à mieux faire, au quotidien.
C’est une partie de cette richesse, qui
constituera, alors, le budget de la santé
et ce n’est qu’ainsi que la situation sanitaire va s’améliorer dans notre pays,
en sortant du piège de la rente. C’est
une nécessité impérieuse que de dire la
vérité à l’ensemble de la population. Il
faut, donc, ouvrir un débat et c’est cela
le projet de société et le rôle du politique. Il faut en parler et déflorer ce su-
jet, aux yeux de la population et qu’elle
sache quels sont les enjeux réels. Ensuite, bien évidemment, s’il existe une
démocratie, c’est aux partis politiques
de saisir ces données et de les traduire
en programme politique, dans les domaines de la santé et du social, si tant
est qu’ils arriveront demain au pouvoir,
pour les appliquer, avec le soutien de
la population; mais, malheureusement,
on n’en est pas, encore, là. C’est ainsi,
donc, qu’on va continuer à tourner en
rond.
Plus précisément, quelle solution, pour
sortir le système de santé de ce qui le
ronge ?
La solution est de régler le problème
de la démocratie, dans le pays. Et
tout ce que je viens de dire, en ce qui
concerne le débat public et du rôle des
partis politique, c’est, précisément, le
fait des sociétés démocratiques. Les
pays qui ont construit des systèmes
démocratiques, aujourd’hui, vivent
dans une société solidaire, équitable et
fraternelle. Les régimes démocratiques
sont les seuls garants d’une protection
des Droits de l’homme: droit à l’information, à la liberté d’expression et
décentralisation de la décision, à tous
les niveaux; c'est-à-dire: local, régional
et national et dans tous les secteurs et
de manière permanente. En effet, le débat démocratique permet un échange
d’informations du sommet à la base et
inversement; ce qui rend compte de la
pertinence, éventuelle, de la décision
prise et de son application, cohérente,
sur le terrain. Ainsi, c’est l’appréciation
par les populations concernées des
decisions à prendre par l’autorité politique, qui permet l’amélioration de la
situation.
En dernière instance, la parole revient
au peuple. Tout cela relève du fonctionnement d’une société démocratique.
Concrètement, qu’en est-il du droit à la
parole du citoyen ?
Bien sûr qu’il a droit à la parole et c’est
pour cela que je précise qu’il faut développer un débat et j’ai l’impression que
la population est mal informée et qu’il
serait important de l’informer. Je pense
que, pour le moment, les médias, en
particulier, ‘’vendent’’ une information
«tranquille», des anecdotes… mais, on
n’arrive pas à discuter, d’une manière
sereine, sur l’état des lieux actuel du
système de santé, sur les défis à venir
dans les prochaine années et sur les
grandes décisions, qui sont prises par
le ministre actuel et à appliquer, dans
5 ans ou 10 ans, par exemple, ne vont
pas tomber en désuétude avant terme,
avec le départ du premier responsable
du secteur. Or, lorsque la population
aura compris les enjeux de la politique
y afférente, elle exigera, alors, d’ellemême, la continuité de l’action; c’està-dire, maintenir la barre dans la direction choisie, parce qu’il y va de la bonne
santé de la génération actuelle et des
générations futures. Malheureusement,
nous ne sommes pas, encore, là. On
continue à réagir au coup par coup,
selon la conjoncture.
Ainsi, lorsqu’un problème se pose, on
réunit des experts, qui développent,
effectivement, des programmes, plus
ou moins sophistiqués; mais, on s’aperçoit, très vite que l’application sur le
terrain rencontre des difficultés, pour
les raisons de blocages que j’ai citées
plus haut.
Peut-on être optimiste ?
Ce qui me rend optimiste, c’est qu’il y a
une prise de conscience, des politiques,
de la gravité de la situation; pas seulement, en termes anecdotiques, sur
tel ou tel sujet; comme, par exemple,
l’insuffisance de la prise en charge du
cancer, par le manque de radiothérapie, ou de médicaments. Ceci est, en
soit, on ne peut plus sérieux; cependant, cela se situe au niveau conjoncturel. Ce qui est, encore, plus grave et
dont les politiques ont pris, désormais,
conscience et j’en suis satisfait, relève
de l’organisationnel, d’une politique
d’une formation pertinente et du mode
de financement du système de santé;
c'est-à-dire, tous les préalables à une
bonne politique de santé, avec tous les
enjeux que cela suppose.
C’est, du moins, ce que j’ai compris, au
niveau de ces assises et que, dorénavant, les problèmes doivent être pensés
de manière scientifique, pour développer, ensuite, des programmes pertinents, raisonnables; c'est-à-dire, applicables sur le terrain. C’est, à mon avis,
une avancée; mais, je pense qu’il faut
beaucoup de temps, pour que cette
avancée se traduise, véritablement, en
règle et en norme, qui soit édictée par
le sommet et respectée par la base
* Pr. Farid Chaoui,
Spécialiste en gastroentérologie
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
23
ÉVÈNEMENT
Programme d’Appui au Secteur de la Santé (PASS)
Clôture de la session de formation
pédagogique des ressources humaines
et management des établissements
hospitaliers
Par Tanina Ait
Le mardi 10 juin 2014 s’est tenu, à
l’hôtel El Djazaïr (Alger), le séminaire
de clôture de la formation pédagogique
des ressources humaines (RH) en
milieu hospitalier, qui rentre dans le
programme du Programme d’Appui au
Secteur de la Santé (PASS).
A
près la présentation, introductive, par le directeur du
PASS, le Dr Nacer Grim, les
experts, liés au programme,
se sont succédé, pour témoigner des
expériences menées, dans ce cadre.
On aura remarqué, en l’occurrence,
l’exposé conjoint du Pr Berrnard Chanfreau et du Dr Belgacem Sabri, relatif
à la planification stratégique au niveau
du système de santé; thème ayant fait
l’objet d’un séminaire, au profit de 200
cadres et praticiens du secteur. Séminaire qui s’est avéré productif, de par
l’implication et la motivation des séminaristes; ce qui augure bien du prochain lancement des Assises nationales
de la santé. Il aura été noté, également,
l’intervention de Mr Carlos Martin Herrera, portant sur le managment des
établissements de santé; ce, dans un
souci d’optimisation des soins, par une
gestion-qualité des structures, conformément à ce qui est, aujourd’hui,
incontournable; à savoir, l’application
des normes ISO.
Le rapport-bilan, présenté par Christine Tregouet-Perissé, sur la formation
aux nouvelles techniques de gestion
des Ressources humaines, au profit de
138 cadres hospitaliers, de juin 2013 à
février 2014, a montré l’engouement,
pour ce séminaire. Seul bémol constaté,
cette éternelle résistance au changement, se traduisant par des blocages;
d’où, un décalage entre ce qui doit se
faire et ce qui est fait. En tout état de
24
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
cause, ces obstacles doivent être levés,
pour le bien de tous et aucune chasse
gardée ne doit être tolérée; car, toute
réforme ne vaut que par ceux qui l’appliqueront.
On aura beau penser le meilleur système de santé possible, celui-ci restera
un vœu pieux, si ceux, chargés de l’application, sont réticents, ou incompétents; car, il demeure bien évident que
le capital le plus précieux est l’homme.
D’où, l’importance de la gestion des
Ressources humaines, tant au niveau
stratégique, qu’opérationnel.
Tel est, donc, le sens à retenir de l’intervention de Madame Christine TregouetPerissé.
A cet effet, nous avons, donc, interviewé trois autres experts, dans le domaine. Ecoutons leur propos
ÉVÈNEMENT
Sandra Sorinin,
Expert en ingénierie de formation, chef d’équipe, à Santé Mag,
L’actif principal de toute entreprise,
y compris des établissements
hospitaliers demeure l’homme
C
’est une journé importante,
notera Madame Sandra Sornin, car on présente les résultats du premier projet, qui a
été mis en œuvre pendant une période
de 18 mois. C’est essentiel de faire part,
à tout le monde, des axes de notre projet, car nous avons fixé des objectifs à
atteindre et au cours de ce séminaire de
clôture, on aura enregistré les impressions positives, des bénéficiaires de la
formation dispensée».
En effet, il a été constaté, en plénière,
leur engouement pour ce stage, car
fort contents des avantages qu’ils
en ont tirés. La confirmation de cette
performance est patente à travers
les communications, présentées par
les experts intervenants, qui ont bien
montré l’engagement des stagiaires,
provenant de toutes les structures
concernées. «Ce projet ne s’arrête pas
là, dira Sandra Sornin, vu que nous nous
sommes fixé d’autres challenges, dans
un souci d’amélioration continue des
performances constatées. Pour ce faire,
il y a lieu de conclure avec des recommandations, lors de cette journée, afin
que cela nous serve de feuille de route,
pour nos actions futures», fera-t-elle
remarquer.
En tout état de cause, ces actions de
formations sont opportunes et pertinentes, car il ne faut pas oublier que
l’actif principal de toute entreprise
demeure l’homme. Aussi, la gestion
des ressources humaines devient un
enjeu stratégique et donc, un personnel performant est, sans aucun doute,
un avantage, concurrentiel, pour tout
organisme. En effet, on aura beau
construire des établissements de santé
de pointe dotés d’équipements les plus
sophistiqués, si on ne renforce pas les
capacités des hommes cela ne sert
strictement à rien, a-t-elle ajouté.
«Enfin, c’est, aussi, une journée importante; car, cela permet aux gens de se
rencontrer, dans un espace d’échanges
et de convivialité», conclut Madame
Sandra Sornin.
Effectivement, nous sommes bien d’accord que: «c’est en discutant que jaillit
la lumière»
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
25
ÉVÈNEMENT
Dr Nacer Grim, à Santé Mag,
Monsieur le ministre de la Santé
a la volonté bien chevillée au corps,
pour ce qui concerne la politique de
formation à appliquer
A
ujourd’hui, nous clôturons un
de nos grands projets, dont
nous nous sommes fixés la
réalisation. C’est un projet de
formation, qui a touché, environ, 1500
cadres du secteur de la santé, dont 1200
en face-à-face pédagogique.
Ce contrat de formation a duré 18 mois
et a concerné les différents niveaux du
système de santé algérien: de la polyclinique jusqu'au ministère, bien entendu,
avec des créneaux particuliers dans les
domaines; notamment, de la planification stratégique en santé, les systèmes
d’information, la qualité de soins , le management hospitalier et la gestion des
ressources humaines, notera le Dr Nacer
Grim, ajoutant que: «suite à ces face-àface pédagogiques, nous avons sélectionné les meilleurs, parmi les équipes
qu'on appelle les référents. Ces référents
ont été formés pour qu’ils deviennent de
futurs formateurs. Ainsi, dans le cadre
des séminaires ont été étudiés, notamment, les questions des bio-similaires, la
télémédecine, le téléenseignement, les
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Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
pratiques d’inspection, les démarches
d’accréditation et enfin, la communication en santé.
«Le présent séminaire est, par conséquent, une journée de restitution et de
débriefing, dont les résultats seront
consolidés et capitalisés, au niveau de la
Tutelle. Monsieur Nacer Grim témoigne,
par-là, une satisfaction générale des stagiaires aux différents cycles de formation. Preuve en est, le renouvellement de
demandes, en l’occurrence.
Cependant, la prochaine étape de l’objectif sera, plutôt, l’élaboration d’un plan
général de formation, à la lumière des
résultats obtenus. «Ainsi, nous considérons maintenant, dira le directeur du
PASS, que les cadres retenus sont bien
outillés et ceci, grâce, également, aux
échanges internationaux qu’ils ont entrepris, à travers leur voyage d’études, pour
élaborer une stratégie de formation, à
l’échelle nationale et sa mise en œuvre».
Il soulignera, alors, que: «les stagiaires
ont, effectivement, des capacités et
sont aptes, à leur tour, de dispenser leur
savoir aux générations montantes; ce
dont ils ont, d’ailleurs, conscience. Deuxièmement, il s’agira, dorénavant, de
cibler différentes populations, chacune
en ce qui la concerne, selon les priorités du moment, pour qu’elles reçoivent
des enseignements pratiques et adaptés
aux nécessités de l’heure, dans un souci
d’amélioration continue des connaissances; conformément aux normes
internationales, qui prévalent dans le
domaine de la Santé. Enfin et troisièmement, nous aurons constaté que le fait de
mieux communiquer et d’échanger des
idées crée une synergie, laquelle impulse
une dynamique nouvelle dans le secteur
de la santé; ce qui se traduira, inévitablement, par une optimisation de la qualité
des soins».
Pour le Docteur Nacer Grim, effectivement, le saut qualitatif effectué est
patent, tant au plan intellectuel purement, que moral, par l’engagement de
bien faire, dans l’amélioration des soins,
à prodiguer aux patients. Ceci est, d’ailleurs, le vœu de tous et les médias, par
ailleurs, n’ont de cesse de le rappeler.
En outre, il nous a été rapporté que, dans
le cadre du PASS, d’autres activités sont
menées, dont les résultats seront donnés
au fur et à mesure de l’état d’avancement
des travaux y afférents; notamment, le
projet d’organisation et de management
des établissements hospitaliers et il est à
remarquer, à ce propos, que les besoins
sont importants et que les ressources
financières ne sont pas illimitées.
Le directeur du PASS rappellera, au demeurant, que la contribution financière
de l’Union européenne au PASS est inferieure à celle de la partie algérienne.
C’est dire la difficulté de l’équation à résoudre. Néanmoins, monsieur le ministre
à la volonté bien chevillée au corps, pour
ce qui concerne la politique de formation à appliquer
ÉVÈNEMENT
Olivier Kuperminc, à Santé Mag,
Nous souhaitons, vivement,
que la réforme hospitalière envisagée
prenne la mesure de tous ces aspects
L
e Dr Olivier Kuperminc dirige
Conseil Santé, qui est une structure française totalement privée,
dont le métier est le conseil, ingénierie et développement en santé.
Ce métier particulier consiste à mettre
en place de l’assistance technique, sur
demande des bailleurs de fonds et
des pays récipiendaires de cette aide
financière, dans le cadre de conventions signées. Ce cabinet réalise, donc,
des contrats de toutes tailles, de toutes
sortes, dans tous les domaines possibles; mais, il se spécialise dans le
secteur de la Santé. Il vend, ainsi, de
l’expertise; mais, il n’a pas d’activité
commerciale, ou de production. C’est,
par conséquent, un prestataire de service. Conseil-Santé intervient à tous les
niveaux de la santé publique, en général: les systèmes de formation, le management de système de santé, la gestion
des médicaments, la nutrition en milieu
hospitalier….
«Le principe d’une opération comme la
nôtre consiste à appuyer, dans le cadre
d’un projet bien déterminé, appelé le
PASS, le ministère de la Santé, dans sa
réforme du système de santé, en Algérie». Notre contribution, à travers ce
contrat, se limite à renforcer les capacités d’un certain nombre de personnes,
dans le système de santé algérien. Ainsi,
1500 personnes ont été formées, sur
une période de 18 mois, dans différents
domaines; en fonction, évidemment,
des besoins identifiés par le ministère et
les services; en l’occurrence, monsieur
Nacer Grim.
A cet effet, nous nous sommes rendus
dans, quasiment, toutes les régions d’Algérie et au besoin, nous avons invité des
participants à venir chez nous. En fait le
but, à travers cette opération, est de dispenser des connaissances aux stagiaires
et qu’ils soient à même de les appliquer
sur le terrain; autrement dit, un savoir et
un savoir-faire.
Notre interlocuteur expliquera: «acquérir des capacités, c’est une chose; c'està-dire, la connaissance et la mettre en
œuvre, c’est acquérir des compétences
et ceci est une autre affaire. Toutefois, il
importe que cela se fasse dans un cadre
concerté et évidemment, à l’intérieur de
l’hôpital, dans lequel ce personnel travail».
Interrogé sur le bilan de cette opération,
l’expert le juge très positif, malgré la
contrainte-temps et les aléas, comme,
par exemple, les défections de dernières
minute, ou quelques problèmes d’organisation et de logistique; ce qui a entraîné, par moment, la réadaptation du
programme. «Après notre intervention,
dira l’expert, il a été remarque beaucoup
d’insuffisances, au niveau du management des hôpitaux; ce dont nous avons
fait état. Certains problèmes peuvent
être résolus par le biais de la formation
et à ce propos, nous avons remarqué une
motivation, pour apprendre, chez nos
participants et c’est fantastique ! Nous
souhaitons, vivement, que la reforme
hospitalière envisagée prenne la mesure
de tous ces aspects
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
27
ÉVÈNEMENT
Dr Mohamed Bekkat-Berkani*, à Santé Mag,
Nous constatons, lors des Assisses
nationales de la santé, une sérieuse
volonté, pour pousser les lignes
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Quels sont les sujets abordés dans les différents ateliers, lors de
ces journées des Assises nationales de
la santé ?
Dr Bekkat-Berkani: Les différents intervenants de ces ateliers ont, franchement, abordé tous les problèmes; voire,
l’ensemble des perspectives relatives à
la politique de la santé. La prochaine loi
sanitaire va prendre, certainement, en
considération les différentes propositions y afférentes, qui ont été débattues;
à savoir: complémentarité public/privé,
modèle de financement, formation, décentralisation…. Tous ces compartiments
constitueront, je l’espère, une véritable
plate-forme de la santé publique, dans
notre pays. En effet, si les recommandations de ces assises sont mises en application, on aura, alors, optimisé, sans
aucun doute, les moyens engagés par
l’Etat dans le secteur; ce qui n’est pas le
cas, aujourd’hui car, malgré des financements colossaux, les résultats obtenus
demeurent très faibles. Il est à souhaiter que, cette fois-ci, nous arriverons à
trouver une solution pérenne à nos problèmes, en l’occurrence.
Quelles sont, dans l’ensemble, les recommandations ?
Le fait de réunir tous les acteurs de santé, sans exclusive, permet de donner une
image, en temps réel, des dysfonctionnements, bien entendu; mais, aussi, des
solutions à trouver, parce que toute la
problématique est d’essayer de trouver
des solutions, qui soient adéquates à la
situation. Il y a urgence, car la prise en
charge de la santé des citoyens ne peut
attendre. En effet, le malade éprouve
des difficultés à se soigner. C’est une
réalité, que ce soit dans les centres hospitaliers, dans les dispensaires et même,
au niveau des structures hospitalières
de référence. En outre, la situation se
complique, avec la transition épidémio28
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
logique que connaît le pays. Aussi, la
question centrale est comment faire de
la prévention pertinente. Enfin, le rôle de
la Sécurité sociale est, également, à étudier en profondeur, car elle gère l’argent
du peuple, qui attend, en retour, un service à la mesure des efforts de sa contribution au budget de cet organisme qui,
en principe, est, en quelque sorte, le moteur de la politique de la santé publique.
L’organisme de la Sécurité sociale est–il
présent, aujourd’hui, aux Assises ?
Pour des raisons que je n’expliquerai pas,
quelques représentants, seulement, sont
venus; mais, en fait, la discussion est une
discussion politique. Que faire de la Sécurité sociale ? Faut-il la laisser intégrée
au Ministère du travail, dont elle prend
sa source? C’est une réalité, la source
financière de la Sécurité sociale ce sont
les cotisants qui travaillent. Donc, finalement, a-t-elle le droit de disposer de ces
cotisations, pour pouvoir, dans un autre
ministère, jouer un rôle différent ?
On a remarqué, sincèrement, qu’il y a
une petite discordance entre les deux
ministères. Donc, il faut que, politiquement, les autorités trouvent une solution
adéquate. D’aucuns pensent qu’il y a lieu
de rattacher la Sécurité sociale au ministère de la Santé (cela se fait dans certains pays) et d’autres disent non, il faut
la laisser et l’individualiser, pour qu’elle
puisse rendre des comptes; mais, seulement, il faut établir de véritables ponts
entre les deux ministères concernés:
ministère de la Santé; c'est-à-dire, celui
qui agrée les médicaments et celui qui
les rembourse. Ce qui n’est pas, souvent,
le cas.
Un mot, pour conclure, quant à l’avenir
du système de santé, en Algérie ?
Je dirais que nous avons la promesse
politique de l’installation d’un comité de
suivi des recommandations. Il ne faut
pas se leurrer, les professeurs en santé
ont fait des propositions; lesquelles,
bien entendu, dans le cadre d’un Etat de
droit, vont constituer l’avant-projet de la
loi, à soumettre à l’appréciation des différentes assemblées élues. Ces dernières
ne manqueront pas de l’enrichir et il sera,
par la suite, adopté, pour être érigé en
mode de pensée et de conduite à tenir,
dans tous les domaines relevant de la
santé du citoyen. Si cela est, nous aurons,
ainsi, défini un système de santé à court,
moyen et long terme. Je dirais, enfin,
que c’est pour la première fois que nous
constatons une sérieuse volonté d’agir
* Docteur Mohamed Bekkat-Berkani,
président du Conseil de l’Ordre
des médecins.
RECHERCHES MÉDICALES
L’envol de l’immunothérapie
L’immunothérapie a été l’un des deux
sujets les plus débattus à Biovision
A
l’occasion de Biovision, le forum mondial des sciences de
la vie, qui s’est tenu à Lyon,
les 5 et 6 juin, l’immunothérapie a été au cœur des discussions.
Pour Destination Santé, le Dr Brigitte
Autran, responsable du département
d’immunologie de l’hôpital de la PitiéSalpêtrière, fait le point sur ces traitements, qui ont, déjà, sauvé des millions
de vie. Le principe de l’immunothérapie
est assez simple à comprendre. Elle
consiste à stimuler les défenses naturelles de l’organisme, pour aider celui-ci
à lutter contre la maladie.
«C’est le cas des vaccins», explique
le Dr Autran. «Découverts il y a plus
de 200 ans, ils sont administrés, pour
générer des défenses immunitaires et
éviter d’être infecté par un virus». Cela
est, aussi, vrai pour des patients, déjà,
Dr Autran
malades. «Là, encore, il peut s’agir, soit
d’un vaccin; mais, aussi, d’un médicament, qui sert à moduler le système
immunitaire, pour l’aider à mieux combattre la maladie. L’exemple le plus emblématique, c’est l’administration d’un
vaccin antirabique, chez un sujet mordu
par un chien infecté par la rage».
UN AVENIR PROMETTEUR ?
Aujourd’hui, nous assistons à une véritable explosion de traitements, reposant sur l’immunothérapie contre les
cancers.
«Les laboratoires de recherche et les
industriels ont réussi à produire, à très
grandes échelles, des anticorps», indique le Dr Brigitte Autran. «Ces derniers peuvent être injectés au patient et
cibler, directement, les éléments déficients du système immunitaire».
Au cours de Biovision, les spécialistes
se sont penchés sur les traitements du
futur. «Nous sommes en phase d’expansion majeure. Le potentiel thérapeutique est extraordinaire»,
s’enthousiasme le Dr Autran.
«Mais, il est essentiel de stimuler davantage les recherches,
de faciliter les interactions entre
chercheurs et industriels, pour
que les progrès aillent plus vite.
Enfin, les Etats doivent, aujourd’hui, comprendre l’intérêt d’investir dans ce domaine, riche en innovations
thérapeutiques»
Immunothérapie
L'immunothérapie est un traitement qui
consiste à administrer des substances qui
vont stimuler les défenses immunitaires de
l'organisme afin de lutter contre différentes
maladies, en particulier certains cancer hématologiques (autrement dit, du sang), les
maladies dégénératives et les maladies de
système. Par extension, l'immunothérapie
désigne également toute thérapie utilisant
des protéines produites par les cellules du
système immunitaire, en particulier les immunoglobulines, sans que l'objectif de cette
thérapie soit nécessairement la stimulation
de l'immunité. Les premiers essais d'immunothérapie remontent aux années 1970 et
utilisaient des anticorps polyclonaux. Actuellement différentes molécules sont utilisées :
en premier lieu les immunoglobulines monoclonales, les interférons et les interleukines.
On distingue deux types d'immunothérapies:
l'immunothérapie locale dont les applications sont peu fréquentes et l'immunothérapie générale beaucoup plus fréquente.
À noter que l'immunoscintigraphie est une
application diagnostique reposant aussi sur
l'utilisation d'anticorps comme sonde spécifique, mais marqués par fluorescence ou
radioactivité faible et visualisés in vivo par
imagerie. En immunothérapie, on utilise des
anticorps modifiés pour être, seulement mais
de façon plus critique, «humanisés», afin
d'éviter les réactions de défense immunitaire
parce que les quantités employées sont justement plus fortes
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
29
RECHERCHES MÉDICALES
Pr Mohamed Bradai*, à Santé Mag,
Le diagnostic prénuptial
de la drépanocytose et de toutes
les autres maladies de l’hémoglobine
devrait être obligatoire
La drépanocytose est une maladie génétique grave, héréditaire, touchant les globules rouges du sang. D’après les statistiques,
la drépanocytose touche près de 50 millions de personnes dans le monde, faisant d’elle la maladie génétique la plus répandue
au monde.
Le professeur Mohamed Bradai, spécialiste dans le domaine, dans cette interview.
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: Qu’est-ce que la drépanocytose ?
Pr M. Bradai: La drépanocytose est une
maladie héréditaire du globule rouge, qui
rentre dans le cadre des anémies hémolytiques congénitales. Elle se caractérise
par une hémoglobine anormale, appelée
hémoglobine S. Cette hémoglobine S
ressemble à l’Hb A, normale, sauf sur un
seul acide aminé; ce qui modifie, complètement, ses propriétés. La maladie
est transmise par les parents, qui sont
porteurs sains, à leurs enfants, qui seront
malades. Cette Hb S anormale a la propriété de former des faisceaux à l’inté30
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
rieur du globule rouge, qui se déforme et
prend la forme d’une faux, ou drépanos
(en latin), d’où l’appellation de drépanocytose, ou anémie falciforme, ou encore,
sickle cell disease des anglo-saxons.
Comment se manifestent les signes cliniques de la drépanocytose:
Classiquement, la maladie drépanocytaire s’exprime par un trépied clinique,
qui comprend:
Une anémie: qui se manifeste, cliniquement, par une pâleur de la peau et des
muqueuses, un ictère (jaunisse), et une
splénomégalie (une rate augmentée de
taille),
Des crises douloureuses, dites vasoocclusives: en fait les globules rouges
déformés vont obstruer les vaisseaux de
la microcirculation; ce qui engendre la
douleur. La douleur est le maître-symptôme de la maladie. Il s’agit, essentiellement, de douleurs osseuses, localisées
ou généralisées; parfois, prises, à tort,
pour des douleurs du rhumatisme articulaire aigu (RAA). Elles sont imprévisibles, source de souffrance et d’anxiété;
aussi bien pour le patient, que pour son
entourage. Elles sont, souvent, provoquées par le froid, le manque d’oxygène,
les infections, la déshydratation. Leur répétition marque la gravité de la maladie,
RECHERCHES MÉDICALES
Les infections: les malades drépanocytaires ont une tendance à faire des
infections fréquentes et sévères, qui
sont une cause de mortalité importante;
surtout, lors de la première enfance.
Y-a-t-il des populations à risque?
Si on prend en considération l’origine de
la maladie, on peut la considérer comme
étant raciale, puis que son origine est
africaine (essentiellement, l’ouest de
l’Afrique et l’Afrique sub-saharienne).
Mais, avec les mouvements des populations, le métissage, le brassage des
populations font que la maladie soit
devenue ubiquitaire et on la retrouve
dans tous les continents. Il s’agit de la
première maladie génétique humaine.
En France, par exemple, le dépistage de
la maladie concerne des enfants d’origine africaine et maghrébine. En Algérie, on ne peut pas parler d’un groupe à
risque, mais il existe des régions à forte
prévalence de la maladie, dites foyers
drépanocytaires, très particulièrement à
l’est algérien, où l’on dénombre le plus
grand nombre de malades. La situation
particulière de l’Algérie, pays africain et
méditerranéen, a permis la coexistence
de la drépanocytose et de la thalassémie et leur association, chez un malade,
donne la drépano-thalassémie, qui se
manifeste, cliniquement, comme une
drépanocytose; ce qui accroît le risque
de survenue de la maladie. Comme la
maladie ne s’exprime pas chez l’hétérozygote, qui est porteur sain, il est
impossible de prévoir la survenue de la
maladie chez tout algérien, en dehors
d’un dépistage.
Faut-il un diagnostic prénuptial et un
diagnostic prénatal?
Pour le diagnostic prénuptial, il devrait
être obligatoire. Il s’agit de pratiquer
chez le couple, avant le mariage, un examen simple, peu coûteux, pour dépister,
non seulement la drépanocytose, mais
toutes les autres maladies de l’hémoglobine et procéder au conseil génétique.
Ce conseil est suggestif, qui consiste à
expliquer au couple le risque encouru
pour leur descendance, s’ils sont tous
les deux porteurs de la maladie et les
dissuader de faire cette union.
Concernant le diagnostic prénatal, qui
consiste à faire, chez une femme enceinte, à risque d’avoir un enfant malade, un prélèvement sur son fœtus. Le
but est de déceler la maladie très précocement et de proposer une interruption
médicale de grossesse. Sa faisabilité nécessite trois préalables: un obstétricien
qualifié, pour faire le prélèvement, un
laboratoire de biologie moléculaire de
référence, et enfin, un cadre légal; c'està-dire, un texte législatif autorisant sa
pratique, en plus du consentement des
parents.
Quelles sont les complications de la
maladie?
Elles sont multiples, et sont variables
avec l’âge. Pendant l’enfance ce sont
les complications infectieuses, les crises
douloureuses et l’aggravation de l’anémie qui prédominent. Certaines complications aigues sont très graves et
engagent le pronostic vital, ou fonctionnel, du malade. Il s’agit, notamment,
des crises pulmonaires (dites syndrome
thoracique aigu), des accidents vasculaires cérébraux, qui se manifestent par
une paralysie, des nécroses au niveau du
rein, d’épisodes de priapisme, etc... Les
complications chroniques apparaissent
vers l’âge adulte et affectent, pratiquement, tous les organes: rein, cœur,
poumon, foie, cerveau, rétine, os, peau...
Elles témoignent de la souffrance de ces
organes, due à l’obstruction, répétée,
des vaisseaux. Deux situations à risque
sont particulières, chez ces malades: les
interventions chirurgicales et les grossesses, qui nécessitent une attention
particulière.
Il est important de signaler que la gravité de la maladie est très variable.
Environ, 10 à 20% des malades expriment une forme sévère, qui nécessite
un traitement rigoureux. Mais, quelle
que soit la gravité initiale, les complications graves peuvent survenir, de façon
imprévisible.
Existe-il des traitements curatifs et préventifs de la maladie?
Il n’y a, à l’heure actuelle, qu’un seul traitement, qui soit curatif: c’est la greffe
de moelle osseuse. Mais, ce traitement,
non dénué de risques et qui nécessite
un donneur compatible, s’adresse aux
formes très sévères. Ses indications
sont restreintes.
Pour la question du traitement préventif: si on veut prévenir la maladie et réduire son incidence, il faut, absolument,
faire un programme de dépistage, pour
dépister les porteurs de la maladie et
élaborer un plan, pour le conseil génétique. Ce travail nécessite la collaboration d’un groupe de travail et la création
d’un réseau et surtout, l’adhésion et
l’investissement du personnel médical
et paramédical et une volonté politique.
Il s’agit d’un travail de longue haleine
et ses fruits ne seront perçus qu’à long
terme.
Maintenant, si on prend le malade affecté, il y a des mesures préventives
simples, pour éviter la survenue de
complications graves, des traitements
à bases de transfusions, ou des médicaments particuliers, peuvent éviter des
complications; autrefois, mortelles. Il est
important de noter que la médiane de
survie de ces malades, dans les pays
développés, dépasse 50 ans, pour avoisiner 60 ans; et ceci, grâce aux mesures
thérapeutiques et préventives et surtout, grâce à une meilleure connaissance et compréhension de la maladie.
Quel est l’état des lieux de cette pathologie de la maladie?
Il est indéniable que beaucoup d’efforts
ont été consentis, pour optimiser la
prise en charge de la drépanocytose, en
Algérie et un progrès non négligeable
a pu être réalisé. Les résultats sont, à
mon avis, disparates et ne sont pas uniformes, dans tout le pays. La prise en
charge, effective et continue, ne peut
être réalisable que dans les centres
dotés de moyens humains et matériels et nécessite une formation continue; aussi bien du personnel médical,
que paramédical. Une prise en charge
optimale exige un cumul de plusieurs
années d’expérience. Dans les pays de
forte prévalence de la maladie, il existe
des centres labellisés, spécialisés dans
la prise en charge de la maladie et on
les retrouve, non seulement dans les
pays développés, mais même dans des
pays dits sous-développés, qui ont pris
conscience de la particularité de ce type
d’affection.
Où en sommes-nous de la recherche?
Je n’ose pas parler, encore, de recherche
dans notre pays. Il faut, d’abord, se
mettre à niveau, sur le plan formation et
sur le plan de la qualité de la prise en
charge classique. Ensuite, il faut faire de
véritables enquêtes épidémiologiques,
élaborer un programme de dépistage
et arriver à assurer le conseil génétique,
dans le cadre de la prévention. L’idée
de création de centres référents, qui
s’occuperont des toutes les maladies
héréditaires du globule rouge, me paraît
judicieuse.
*Professeur Mohamed Bradai,
CHU de Blida
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
31
RECHERCHES MÉDICALES
Médecine
Découverte d'une nouvelle molécule
capable de tuer les cellules
cancéreuses
Des chercheurs de l'Institut Karolinska et de l'Université d'Uppsala ont découvert une nouvelle molécule, capable d'éliminer
les cellules cancéreuses, se trouvant en état de dormance, au sein d'une tumeur. Ces cellules cancéreuses sont localisées dans
les parties les moins oxygénées des tumeurs solides et sont, généralement, résistantes aux traitements classiques. Cet article est
publié dans la revue Nature Communications.
U
ne tumeur est une excroissance
de tissus, provoquée par la
prolifération anormale de certaines cellules, se multipliant
plus rapidement que les cellules voisines.
Contrairement aux idées reçues, une
tumeur n'est pas, forcément, cancéreuse.
Il existe deux types de tumeurs, les
tumeurs bénignes, qui ne donnent pas
naissance à des tumeurs filles (métastases) comme, par exemple, les verrues,
ou les grains de beauté. Les tumeurs malignes, quant à elles, sont désignées sous
le terme de cancer. Les tumeurs solides
cancéreuses, comme les carcinomes, ou
les sarcomes, forment des amas cellulaires, plus ou moins volumineux.
En plus d'attaquer les tissus avoisinants,
elles produisent des métastases, qui
se propagent à travers le sang, ou la
lymphe.
32
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
Cette publication met en évidence
l'incapacité des cellules dormantes,
se trouvant dans les profondeurs de
la tumeur, à compenser le déficit mitochondrial (production d'énergie).
"Nous avons identifié une petite molécule appelée VLX 600 ayant un effet
inhibiteur, dans des modèles in-vitro et
in-vivo, sur des cellules tumorales en
état de dormance, se
trouvant dans le colon
et qui sont, par ailleurs,
très difficile d'accès.
VLX600 inhibe la respiration mitochondriale
des cellules dormantes;
ce qui résulte d'une
augmentation de la
glycolyse. Les cellules
dormantes
meurent
Stig Linder
par manque de nutri-
ments", souligne Stig Linder, qui est le
directeur de cette recherche et professeur au département d'oncologie-pathologie, de l'Institut Karolinska.
La molécule VLX600 a été développée
en coopération avec la société Vivolux AB, située à Uppsala et l'Institut
Karolinska.
Une étude clinique est prévue avec des
chercheurs américains,
pour cette année. La
recherche a été financée
par la société suédoise
du cancer, la fondation
de recherche sur le cancer de Radiumhemmet,
le conseil suédois de la
recherche, la Fondation
Alex, Eva Wallström et la
Fondation suédoise pour
la recherche stratégique
RECHERCHES MÉDICALES
Pr Kamel Senhadji*, à Santé Mag,
De nouvelles molécules,
contre la maladie du Sida, testées sur
les animaux, sont prometteuses
De nouvelles recherches sont en cours, pour trouver un traitement efficace et permettant la guérison, totale, des malades
atteints du sida et non pas seulement, bloquer l’évolution de la maladie, a indiqué, le Pr Kamel Senhadji, directeur de recherche
en immunologie, au CHU de Lyon.
Par Tanina Ait
L
e virus du sida, ou syndrome
de l’immunodéficience acquise,
est une maladie immunitaire,
due à un virus nommé VIH, qui
s’attaque aux globules rouges et réduit,
considérablement, le système immunitaire du malade, qui ne peut plus se
défendre, contre les organismes pathogènes. Le syndrome d'immunodéficience acquise, plus connu sous son
acronyme sida, est un ensemble de
symptômes, consécutifs à la destruction de plusieurs cellules du système
immunitaire, par un rétrovirus. Le sida
est le dernier stade de l'infection, par
ce virus et finit par la mort de l'organisme infecté, des suites de maladies
opportunistes.
En France, une personne malade du sida
est désignée par le terme sidéen (au Canada, on emploie le terme sidatique).Il
existe plusieurs rétrovirus, responsables
du sida, chacun infectant une espèce
particulière. Le plus connu d'entre eux
est le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), infectant l'homme. D'autres
virus sont le VIS, infectant les singes et
le VIF, pour le chat. Les traitements,
actuels, contre cette pathologie immunologique, appelée quadrithérapie, ne
font que réduire la charge virale du virus
dans l’organisme, en bloquant son évolution, mais n’assurent pas, au patient,
une guérison totale. Avec les molécules
nouvelles, testées sur les animaux, le
virus sera éliminé de l’organisme, progressivement, jusqu’à atteindre une
charge virale nulle, a expliqué le Pr Senhadji. Le spécialiste en immunologie a
expliqué que les nouvelles molécules
étudiées ont la forme du récepteur du
virus du sida (CD4) dans la cellule (globule rouge), précisant que le récepteur
synthétique se liguera au maximum
de cellule virale, l’empêchant, ainsi,
de contaminer les cellules; des traitements efficaces, chez les animaux. Le
conférencier s’est dit optimiste, quant à
l’avancée de la recherche, précisant que,
dans un avenir proche, la science élaborera un médicament, qui guérira le sida.
Par ailleurs, le Pr Senhadji a abordé une
autre maladie immunitaire, touchant
les nouveau-nés, appelée syndrome du
déficit immunitaire combiné «bébésbulles» et qui naissent sans défense
immunitaire. L’intervenant a souligné
que cette maladie était génétique éthérisée de parents porteurs du gène délétère. S’exprimant sur le traitement de la
pathologie, le directeur de recherche a
informé que de nouvelles méthodes de
traitement, avec des cellules souches,
donnaient de bons résultats. La méthode de soins consiste à greffer le
malade avec des cellules souches, qui
se différencieront, avec le temps, en
cellules immunitaires (de défense) et
protégeront l’organisme d’éventuelles
agressions extérieures.
Pour l’éventualité de traitement du sida,
par les cellules souches, le Pr Senhadji a
indiqué que ce n’était pas «réalisable»,
car le virus de l’immunodéficience est
présent dans tout le corps du malade,
précisant que, pour greffer la personne
atteinte de sida par les cellules souches,
il fallait atteindre une charge virale nulle.
Le Pr Senhadji a, aussi, rappelé que
l’espérance de vie des personnes, atteintes du sida, s’était considérablement
améliorée, avec la quadrithérapie, qui
apporte un certain confort au malade;
contrairement aux molécules utilisées il
y a une vingtaine d’années
*Pr Kamel Senhadji,
spécialiste du VIH, directeur de recherche au CHU de Lyon.
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
33
RECHERCHES MÉDICALES
Les vapoteurs
sont-ils des fumeurs ?
Le tabagisme concerne, toujours, le
nombre effarant de 16 millions de
Français.
U
tilisée au moins une fois, par
9,2 millions de Français, l’e-cigarette peut aider à arrêter de
fumer. Mais, au-delà de réduire
les risques liés au tabagisme, elle constitue, aussi, une porte d’entrée vers le tabac, pour les non-fumeurs. Notamment,
chez les jeunes car, tout comme le tabac
– produit psychoactif le plus consommé
par les jeunes – l’e-cigarette attire très
tôt, dès l’âge de 15 ans.
Vapoter incite-t-il les non-fumeurs à
prendre de mauvaises habitudes ? Si le
risque existe, les plus grands adeptes du
vapotage restent les fumeurs réguliers;
lesquels «combinent cigarette classique
et électronique, pour arrêter de fumer,
ou par simple plaisir», confirment les
auteurs d’une étude américaine, publiée
sur le site Tobacco Control. Très peu de
non-fumeurs utiliseraient, donc, ce dispositif; à tel point que, tout âge confondu, seul 1 non-fumeur sur 100 a, déjà,
vapoté, contre 4,4% d’anciens fumeurs
et 20,3% des fumeurs réguliers. Et au
total, 4% des accros au tabac explique
avoir investi dans une e-cigarette, pour
essayer d’arrêter de fumer.
LES ADOLESCENTS AUSSI …
Menée à travers 27 pays de l’Union Européenne, ce travail met, aussi, en évidence le jeune âge auquel les consommateurs se tournent vers l’e-cigarette.
«La majorité des vapoteurs ont entre 15
et 24 ans, fument plus de 20 cigarettes
par jour et ont, déjà, essayé d’arrêter au
moins une fois, au cours de l’année»,
résument les auteurs de l’étude.
Enfin, ce travail a mis en lumière de
fortes disparités entre les pays, au niveau de la consommation. Ainsi, plus du
tiers des vapoteurs européens (36%) se
concentrent au Danemark, contre 8% en
Norvège
Avant ou après le petit déjeuner, la première cigarette
de la journée est, aussi, un objet d’étude scientifique
Vous êtes fumeur ? Combien de temps
s’écoule-t-il entre votre réveil et votre
première cigarette ?
La question n’est pas anodine. D’après
des chercheurs américains, plus le délai
est court, plus le risque de cancer pulmonaire serait élevé…
Le Dr Fangyi Gu et son équipe du National Cancer Institute de Bethesda (EtatsUnis) ont travaillé à partir de questionnaires, administrés dans le cadre de
deux études: l’une (baptisée EAGLE)
réalisée auprès d’une population de
fumeurs, ou anciens fumeurs, en Italie.
L’autre (PLCO) établie à partir des données issues des dépistages des cancers
de la prostate, du poumon, du colon/
rectum et des ovaires, aux Etats-Unis.
34
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
Les auteurs ont analysé les réponses
à une question principale: combien de
temps, après votre réveil, fumez-vous
votre première cigarette? Moins de 5
minutes, de 6 à 30 minutes, de 31 minutes à une heure, ou plus d’une heure?
Ils ont, ensuite, travaillé à partir des
patients, qui souffraient d’un cancer du
poumon, au sein des deux cohortes. Les
médecins ont, ainsi, découvert une «association, statistiquement significative»,
entre le risque de développer cette
maladie et la précocité de la première
cigarette de la journée. Le délai entre le
réveil et cette première cigarette représentait déjà un marqueur d’addiction à
la nicotine.
Il se pourrait, maintenant, que ce comportement devienne un nouveau facteur
de risque de cancer; au même titre que
le nombre d’unités consommées, au
quotidien et l’ancienneté, dans le tabagisme.
Mais, les chercheurs précisent que des
«études complémentaires devront être
réalisées, pour confirmer, ou infirmer, ce
résultat»
DOSSIER
Pr Ismail Benkaidali*, à Santé Mag,
La Commission Européenne
a réévalué et confirmé l’AMM
de Diane35, au niveau européen
Propos recueillis par Tanina Ait
38
Santé Mag: Où en est-on de la polémique, relative à l’utilisation de la molécule Diane 35 ?
ces investigations, il est apparu que le
rapport bénéfice-risque était en faveur
de l’utilisation de la molécule Diane 35.
Pr Benkaidali: En effet, en 2013, en
France, notamment et dans certains
pays, il y a eu une polémique concernant l’utilisation de la molécule Diane
35, qui contient un anti-androgène
(2 mg d'acétate de cyprotérone) et un
œstrogène (35 μg d'éthinylestradiol),
ainsi que ces génériques; suite, soi-disant, à des accidents de thrombose chez
des patientes et il a été, même, rapporté
des accidents mortels. Devant cet état
de fait, la Commission Européenne a réagi, en diligentant une mission ad-hoc,
au niveau de l’Agence Européenne du
Médicament, après le retrait de Diane
35 du marché français, au mois de mai
de la même année. Toute une enquête
a, donc, été menée et il a été établi des
choses réelles et les choses fausses. Il
fallait, donc, un peu de transparence,
quant à cette polémique. A la lumière de
Qu’en est-il, en Algérie ?
Il faut savoir qu’en Algérie, aussi, il y a
eu une polémique au niveau médias; en
l’occurrence, nous avons rencontré des
problèmes avec nos patientes souffrant
d’acné et qui étaient traitées par la Diane
35, au plan dermatologique et non pas
à titre de contraceptif. Nous avons, toujours, utilisé cette molécule, on l’utilise
encore et on l’utilisera toujours, contre
les problèmes de l’acné. Je suis dermatologue et je mesure mes mots: depuis
1985, Diane 35 est prescrite contre les
problèmes acnéiques, lorsqu’il y a des
troubles hyper-androgénies. Effectivement, cette molécule est utilisée comme
traitement, lorsque les applications
locales ne donnent pas de bons résultats, ou en rajout avec celles-ci. Nos patientes se sont affolées, en effet, suite à
cette polémique; mais, Diane 35 n’a pas
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
été suspendue chez nous, pourquoi ?
Parce que nous avons pris le soin de les
rassurer et notre tutelle a mis en place
une Commission constituée d’experts,
qui ont statué en faveur du maintien de
Diane 35 et surtout, comme traitement
anti-acnéique. Nous nous sommes,
donc, alignés sur les autres pays européens. En outre et par conséquent, Il
faut savoir que le 25 juillet 2013, après
les décisions arrêtées par la Commission Européenne du Médicament, cette
molécule a été, à nouveau, commercialisée officiellement. Ainsi, Bruxelles a
demandé à la France de remettre cette
molécule anti-acnéique sur le marché.
Au demeurant, j’ajouterai qu’à partir de
la fin janvier 2014, la Diane 35 est remise
sur le marché français et qu’en Algérie
elle n’a jamais été retirée. On continue à
la prescrire comme traitement de l’acné
et de l’hirsutisme. Je précise qu’on n’a
jamais connu d’accident, lié à ce traitement, chez nos patientes, depuis son
utilisation, en 1980.
DOSSIER
Ceci dit, aucun danger quant à l’utilisation de
Diane 35, dans les traitements de l’acné et de
l’hirsutisme ?
Aucun danger et nous sommes en train de rassurer nos patientes, quant à l’utilisation de ce
traitement, lorsqu’il est indiqué par le médecin
traitant, après échec d’un traitement topique,
ou de traitements antibiotiques systémiques.
Diane 35 est indiqué pour le traitement des
acnés modérées à sévères, liées à une sensibilité androgénique (avec, ou sans séborrhée)
et/ou un hirsutisme, chez la femme en âge de
procréer. Sachant que Diane 35 est, aussi, une
hormone contraceptive, elle ne doit pas être
associée avec d’autres hormones contraceptives.
La conférence en photo
Comment expliquer, alors, cette polémique
autour de ce traitement ?
Peut-être, suite aux accidents, sur des personnes "tarées", qui n’ont pas respecté les
recommandations, strictes, liées à ce médicament comme l’âge, les antécédents de thrombose et de thrombolie familiaux. Lorsqu’on est
hypertendue, diabétique, accros au tabac, ce
qu’on oublie souvent, il y a lieu d’éviter cette
molécule. A ce propos, j’insiste pour dire qu’il
faut lutter contre le tabagisme; pas seulement
lorsqu’on est sous Diane 35, mais pour se prémunir, aussi, de la survenue d’autres pathologies (cancer du poumon, maladies cardio-vasculaires etc…).
Avant de prescrire Diane 35, quelles sont vos
recommandations ?
Comme tout autre médicament, un examen
général de la patiente est obligatoire, avant
de prescrire Diane 35; en l’occurrence, des
examens gynécologique, cardio-vasculaire,
ophtalmologique et il faudra, surtout, pratiquer l’anamnèse, qui est obligatoire, pour s’assurer que la patiente ne souffre pas d’autres
troubles.
Un mot, pour conclure ?
Je dirais, enfin, que la Diane 35 a été prescrite
comme une hormone contraceptive, hors Autorisation de Mise sur le Marché (AMM); mais,
c’est, aussi, un produit anti-acnéique et elle
continuera, toujours, à être prescrite comme
hormone contraceptive hors AMM). En plus,
ce que nous conseillons, sur la base des dernières recommandations internationales, c’est
que ce médicament, devant être utilisé comme
moyen contraceptif, alors il faut le prescrire à
la femme qui est acnéique, pour lui administrer, ainsi, un traitement deux-en-un, si je peux
m’exprimer ainsi
* Professeur Smail Benkaidali,
chef de service dermatologie du CHU Mustapha Pacha (Alger) et président de la Société
algérienne de dermatologie.
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
39
DOSSIER
Dermatologie
environ 70 % des adolescents,
en Algérie, souffrent d’acné
Environ 70 % des adolescents, en Algérie, souffrent d’acné et doivent consulter un dermatologue, pour éviter les séquelles physiques et psychologiques de cette maladie, a indiqué le Pr Smail Benkaidali, chef de service dermatologie, du CHU Mustapha
Pacha (Alger) et président de la Société algérienne de dermatologie.
L
’acné est fréquent, chez les adolescents et touche, environ, 70 %
d’entre eux. Cette maladie doit
être traitée, dès l’apparition des
premiers boutons, pour éviter les aggravations", a précisé le Pr Benkaidali, lors
d’une conférence-débat, au forum du
journal DK News. Il a, également, fait
savoir que 20% des consultations en
dermatologie sont liées à l’acné, précisant que les boutons disparaissent dans
90% des cas, lorsque le traitement est
administré précocement.
L’acné est une maladie inflammatoire
chronique, due à un déséquilibre hormonal et est d’origine génétique. Elle
se caractérise par l’apparition de points
noirs et points blancs sur le visage, qui
s’aggravent en pustules. L’exposition
au soleil, la sueur, le stress et certains
produits cosmétiques sont considérés comme des facteurs aggravants de
cette pathologie.
40
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
Le Pr Benkaidali a expliqué, à ce sujet,
que l’acné présente plusieurs stades
de sévérité et que le traitement varie
en fonction du degré de gravité. Pour
l’acné sévère, des stades 3 et 4, un traitement hormonal est nécessaire, pour
réguler l’excès de sécrétion de sébum, à
l’origine de la maladie.
Evoquant Diane35, l'orateur affirmera
que La Commission européenne avait
réévalué et confirmé son AMM au niveau
européen, en accord avec tous les Etats
membres.
Dans ce cadre, Diane35® ne doit être
utilisée qu’«après échec d’un traitement
topique, ou de traitements antibiotiques
systémiques». Il doit, en outre, «être
contre-indiqué chez les patientes ayant
des antécédents de thrombose veineuse». Enfin, son utilisation «concomitante avec un autre contraceptif hormonal est contre-indiquée».
Les bénéfices de Diane 35, un traite-
ment contre l’acné du laboratoire Bayer,
largement utilisé comme contraceptif oral, sont largement supérieurs aux
risques, pour «certaines populations
de patientes», a estimé l’Agence européenne du médicament (EMA)..:
Diane 35 est indiqué pour le traitement
des acnés, modérées à sévères, liées à
une sensibilité androgénique (avec ou
sans séborrhée) et/ou un hirsutisme,
chez la femme en âge de procréer.
Sachant que Diane 35 est aussi une hormone contraceptive, elle ne doit pas être
associée avec d’autres hormones contraceptives. Pour une meilleure utilisation
de Diane35, les précautions d’emploi ont
été renforcées. Selon le même spécialiste, il n’existe aucun lien entre l’alimentation, l’hygiène et l’acné. La prolifération des boutons est indépendante des
facteurs exogènes, a-t-il affirmé
DOSSIER
Diane35®, le retour triomphal
LA PILULE DIANE35 DE RETOUR
DANS LES PHARMACIES
FRANÇAISES
La Commission européenne a tranché:
le traitement, anti-acnéique, Diane35®
conservera son autorisation de mise sur
le marché (AMM) européenne. En conséquence, il sera, bientôt, à nouveau disponible, en France. Suspendu, depuis
la fin du mois de mars 2013, ce médicament était largement prescrit, hors-AMM,
comme contraceptif. C’est dans ce cadre
qu’il avait fait l’objet de vives critiques,
au même titre que les pilules de 3ème et
accusé de provoquer des thromboses veineuses et artérielles. Les 4 décès, survenus dans l’Hexagone, depuis 1987 et attri-
AMM, au niveau européen, après avis
de l’EMA et accord de tous les Etats
membres (seule la France avait émis
une réserve)», indique son porte-parole
Santé. Toutefois, les prescriptions seront
restreintes et une meilleure information
sur ses contre-indications devra être apportée, par les fabricants.
UNE PRESCRIPTION MIEUX ENCADRÉE
Son utilisation et sa prescription seront
«restreintes, uniquement, au traitement
de seconde intention de l’acné, modérée à sévère, chez les femmes en âge
de procréer», précise l’ANSM. Dans ce
cadre, Diane35® et ses génériques ne
La Commission européenne vient de
«terminer le processus de réévaluation de Diane 35 et de confirmer son
AMM au niveau européen, après avis
de l’EMA et accord de tous les Etats
membres: 26 sur 27 (seule la France
avait émis une réserve)».
bués à la prise de Diane35®, avaient incité
l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) à
suspendre son utilisation. Très largement
prescrit comme ‘’pilule’’, ce médicament
d’un contraceptif hormonal; sans, pour
autant, être indiqué dans ce but.
En mai, l’ANSM prenait «acte de la recommandation du PRAC (Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance), première étape du processus
européen de réévaluation de l’AMM». Pour
autant, avait-elle ajouté, «la décision finale
reviendra à la Commission Européenne».
C’est chose faite.
L’ANSM VA PROCÉDER À LA LEVÉE DE
LA DÉCISION DE SUSPENSION
La Commission européenne vient de
«terminer le processus de réévaluation
de ce médicament et de confirmer son
LE TRAITEMENT DE L’ACNÉ A ÉTÉ
CONFIRMÉ
Dans ce cadre, Diane35® ne doit être
utilisée qu’«après échec d’un traitement topique, ou de traitements
antibiotiques systémiques». Il doit, en
outre, «être contre-indiqué, chez les
patientes ayant des antécédents de
thrombose veineuse». Enfin, son utilisation, «concomitante avec un autre
contraceptif hormonal, est contre-indiquée. Les bénéfices de Diane 35, un
traitement contre l’acné du laboratoire
Bayer, largement utilisé comme contraceptif oral, dépassent les risques, pour
«certaines populations de patientes»,
estime l’Agence européenne du médicament (EMA), après la décision des
autorités françaises de suspendre ce
médicament, à la fin du mois de mars
2013.
La Commission européenne a tranché:
le traitement anti-acnéique Diane35®
conservera son autorisation de mise
sur le marché (AMM) européenne. En
conséquence, il est, à nouveau, disponible en france.
CE MÉDICAMENT ÉTAIT LARGEMENT
PRESCRIT, HORS-AMM, COMME
CONTRACEPTIF
C’est, dans ce cadre, qu’il avait fait l’obété accusé de provoquer des thromboses veineuses et artérielles. Très
largement prescrit comme ‘’pilule’’,
doivent être utilisés qu’«après échec
d’un traitement topique, ou de traitements antibiotiques systémiques». Ils
devront, en outre, «être contre-indiqués
chez les patientes ayant des antécédents
de thrombose veineuse». Enfin, son utilisation «concomitante avec un autre
contraceptif hormonal est, également,
contre-indiquée».
La Commission a, aussi, demandé une
révision des notices d’utilisation.
Et les titulaires des autorisations de mise
sur le marché de ce médicament et de
ses génériques devront «soumettre un
plan, complet, de gestion des risques,
dans les trois mois»
caractéristiques d’un contraceptif hormonal; sans, pour autant, être indiqué
dans ce but.
«Le Comité pour l’évaluation des
risques, en matière de pharmacovigilance (PRAC), de l’Agence européenne
du médicament, a conclu que le rapport bénéfice/risque de Diane 35 et
de ses génériques est positif, selon un
communiqué de l’EMA. Il souligne que
«ces médicaments doivent être utilisés,
uniquement, pour le traitement de l’acné modérée, ou sévère (...) et/ou pour
le traitement de l’hirsutisme à savoir la
pilosité excessive non désirée, chez les
femmes en âge de procréer».
L’EMA relève, cependant, que le Diane
35 a des propriétés de pilule contraceptive et qu’il ne doit, donc, pas être
utilisé «en combinaison avec un autre
contraceptif hormonal». Les recommandations du PRAC (Comité pour
l’évaluation des risques en matière de
pharmacovigilance), incluent les éléments suivants: Diane 35 est indiqué
pour le traitement des acnés modérées
à sévères, liées à une sensibilité androgénique (avec ou sans séborrhée) et/
ou un hirsutisme, chez la femme en
âge de procréer. Pour le traitement de
l’acné, Diane 35 ne sera utilisé qu’après
un traitement local, ou lorsqu’une antibiothérapie systémique a échoué.
Sachant que Diane 35 est, aussi, une
hormone contraceptive, elle ne doit
pas être associée avec d’autres hormones contraceptives. Pour mieux
comprendre le risque et les facteurs de
risque de thrombo-embolie, en relation
avec l’utilisation de Diane 35 (ex. âge
avancé, tabagisme, sédentarité), les
mises en garde et précautions de ces
risques ont été renforcés
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
41
DOSSIER
Sages-femmes
Formation médicale continue
Des spécialistes préconisent la généralisation d’une formation continue, pour les sages-femmes.
Des spécialistes ont préconisé, à Alger, la généralisation d’une formation continue en gynécologie et autres spécialités médicales, pour les sages-femmes et les médecins généralistes, en vue d’un meilleur suivi de la femme enceinte.
L
a sage-femme et le médecin généraliste jouent un rôle, important, dans la prise en charge de
la femme enceinte et doivent,
donc, faire l’objet d’une bonne formation continue, afin de réduire les cas
de mortalité maternelle et infantile, ont
souligné des gynécologues et sagesfemmes, à l’occasion d’une journée de
formation, au profit des sage-femmes et
des médecins généralistes.
Le Dr Omar Assouak, directeur de formation, auprès de l’organisme spécialisé en formation médicale «Multimédia et Media», a souligné, en marge de
la journée, qu’un besoin important, en
matière de recyclage permanent, était
exprimé par les sages-femmes et les
médecins généralistes. Concernant les
sages-femmes, il a rappelé à ce sujet
que ces dernières travaillaient en complémentarité avec les gynécologues,
42
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
ajoutant qu’elles doivent être à jour, sur
les nouvelles données médicales. Pour
le Dr Assouak, la formation des sagesfemmes et des médecins généralistes
doit se faire dans toutes les spécialités
médicales et à travers tout le territoire
national.
Pour sa part, la sage-femme Laila Taleb,
de l’Etablissement public de santé de
proximité (EPSP) d’Alger, a appelé à
l’application du programme national de
maîtrise du taux de mortalité maternelle
et infantile, par la multiplication des
journées de formation et la disponibilité
du matériel médical.
Elle a souligné, à ce propos, que les
causes de mortalité maternelle et néonatale sont liées au mauvais suivi de
la grossesse et au non recyclage des
sages-femmes qui ne sont pas à jour
sur les nouvelles techniques de soins. La
femme enceinte doit être bien conseillée
par le personnel soignant, durant toute
la grossesse, pour éviter les fausses
couches et les hémorragies de la grossesse, pouvant causer la mort, a ajouté
la sage-femme.
S’agissant du traitement de l’acné, chez
la femme enceinte, le Pr Ismail Benkaidali, chef de service dermatologie, au
CHU Mustapha Pacha, a indiqué que la
pilule de 3ème génération (Diane 35)
donnait de bons résultats. Il a expliqué,
à ce sujet, que cette pilule avait une
double efficacité; car, elle traite, à la
fois, les acnés sévères et joue un rôle de
contraception.
Pour le Pr Benkaidali, la Diane 35, médicament des laboratoires Bayer, ne peut
être administrée qu’après un examen
clinique complet (gynécologique, cardiovasculaire et ophtalmique), précisant que ce médicament pouvait être à
l’origine de problèmes thrombotiques
DOSSIER
(cardiaques), chez les femmes âgées
de plus de 40 ans, ayant des antécédents cardiaques et consommant du
tabac. Il a, toutefois, précisé qu’une
enquête avait déterminé que le rapport bénéfice/risque est en faveur de
l’utilisation de ce médicament et que
le ministère de la Santé avait décidé de
le maintenir sur le marché. En Algérie,
il n y a pas eu d’accidents depuis son
utilisation, remontant aux années 80,
a-t-il fait remarquer.
Par ailleurs et concernant le marché
européen, le traitement anti-acnéique
Diane35® conservera son autorisation
de mise sur le marché (AMM) européenne. En conséquence, il est, à nouveau, disponible sur le marchés.
Diane 35 est indiqué pour le traitement
des acnés modérées à sévères, liées à
une sensibilité androgénique (avec ou
sans séborrhée) et/ou un hirsutisme,
chez la femme en âge de procréer.
Pour le traitement de l’acné, Diane 35
ne sera utilisé qu’après un traitement
local, ou lorsqu’une antibiothérapie
systémique a échoué, a ajouté le spécialiste.
Sachant que Diane 35 est, aussi, une
hormone contraceptive, elle ne doit
pas être associée avec d’autres hormones contraceptives
Création, prochaine,
d’un conseil de déontologie national
des sages-femmes
Un conseil de déontologie national des
sages-femmes sera créé, le 17 juin, à
Alger, a annoncé, à Mila, la présidente
de l’Union nationale des sages-femmes
algériennes (UNSFA), Akila Guerrouche.
Intervenant au cours d’une journée
d’étude, organisée à la maison de la
culture de Mila, à l’initiative du bureau
de wilaya de cette organisation professionnelle, Mme Guerrouche a mis
l’accent sur "l’importance de la mise en
place d’une telle instance" (conseil de
déontologie).
La rencontre, qui a réuni les sagesfemmes exerçant dans la wilaya de
Mila, a donné lieu à plusieurs interventions portant sur la planification familiale, le dépistage des cancers gynécologiques, la tension artérielle chez la
femme enceinte, la lutte contre la mor-
talité des femmes et des nouveau-nés,
lors de l’accouchement et les aspects
législatifs de la profession.
Le Dr. Mohamed Aâraâr, de l’hôpital
d’Oued Athmania, est intervenu sur la
question de la mortalité en couches,
pour souligner que, dans une maternité, la sage-femme doit être protégée,
"n’étant pas la seule intervenante dans
l’accouchement".
Il a, également, insisté sur la nécessité de la présence d’un médecin spécialiste. Il a observé que sur 48 nouveau-nés, décédés au cours de l’année
2013, dans les dix jours qui ont suivi la
naissance, il y avait une insuffisance du
suivi de la mère, après la sortie de la
maternité. Il a précisé, dans ce même
contexte, que la wilaya de Mila a enregistré, au cours de la même année, 547
naissances par césarienne, sur 13.058
naissances
Les pays pauvres en mal de sages-femmes
Selon un rapport, publié par le
Fonds des Nations Unies pour
la population (FNUAP), 73 pays
disposent d’un effectif «extrêmement insuffisant» de sagesfemmes.
Ses auteurs recommandent de
nouvelles stratégies, pour sauver
des millions de vies de femmes
et de nouveau-nés. Ce rapport
est centré sur 73 des 75 pays, dits
«à bas revenus». Ces derniers –
d’Afrique, d’Asie et d’Amérique
latine – supportent 96% du fardeau mondial des décès maternels, 91% des cas de mortinatalité
et 93% des décès néonatals. Et
pour cause, seuls 4 d’entre eux
bénéficient de personnels compétents, dans les domaines de la
santé sexuelle, reproductive, maternelle et néonatale. En d’autres
termes, de sages-femmes !
Ces dernières ont, pourtant, un
rôle crucial à jouer, dans la réalisation des Objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD).
«Quand elles sont formées selon
les normes internationales et
qu’elles évoluent dans le cadre
d’un système de santé pleinement fonctionnel, elles peuvent
dispenser 90% des soins essentiels, aux femmes et aux nouveau-nés. Elles sont en mesure
de réduire des deux tiers le
nombre de décès maternels et
néonatals».
Malgré un recul, constant, de la
mortalité maternelle dans les 73
pays qui font l’objet de ce rapport (-3% par an, depuis 1990)
et de la mortalité néonatale
(-1,9% par an, depuis 1990), «les
états en question doivent faire
davantage, pour remédier à la
grave pénurie de soins de sagesfemmes», insistent les représentants du FNUAP.
C’est pourquoi, ils les exhortent
à investir dans l’éducation et la
formation de ces professionnels
de santé. Ils insistent, enfin, pour
que toutes les femmes «aient accès aux services de santé sexuelle,
maternelle et néonatale»
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
43
BIEN-ÊTRE
Dr Tahar Naïli*, à Santé Mag,
je recommande un réajustement du
comportement alimentaire, basé sur
une consommation, plus importante
et diversifiée, de fruits et de légumes
Santé et nutrition, voilà la relation à gérer, avec pertinence, afin d’éviter les pathologies de l’heure, dont les radicaux libres sont,
pour une large part, responsables.
Le point avec le Docteur Tahar Naïli.
Propos recueillis par Tanina Ait
Santé Mag: La Société Algérienne de
Nutrition et de Médecine Ortho-moléculaire (SANMO), dont vous êtes
le-vice-président, a pour objectif de
proposer des formations, pour les médecins et biologistes, dans le but de
prévenir certaines affections médicales,
dont le cancer, par la modification des
comportements et des pratiques nutritionnelles. Pouvez-vous nous en dire
plus ?
Dr. T. Naïli: Merci pour cette question !
44
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
En fait, la médecine ortho-moléculaire
est un concept médical inventé par
Linus Pauling, double prix Nobel; pratique qui n’est pas très loin de la médecine allopathique. La seule différence
est que cette approche se veut préventive et par conséquent, plus logique,
en raison de l’analyse qu’elle établit
au niveau des substances connues par
notre organisme. D’ailleurs, du point de
vue étymologique, le mot ortho-moléculaire veut dire molécule correcte, par
opposition aux substances chimiques
qui, elles, sont étrangères au corps.
Partant de cette logique physio-métabolique, on peut expliquer de très
nombreuses pathologies chroniques,
y compris les maladies néoplasiques,
liées, pour la plupart, au stress oxydatif
et à un déficit en micronutriments, qui
sont les oligo-éléments, les vitamines,
les antioxydants…
Et donc, pour répondre, concrètement, à votre question, je dirais que la
SANMO, par le biais de sa stratégie de
formation, se place dans une optique
BIEN-ÊTRE
de médecine préventive; c’est-à-dire,
œuvrer, tout simplement, à la mise en
place de la médecine de demain.
Maintenant, pour la population générale, je recommande un réajustement
du comportement alimentaire, basé
sur une consommation plus importante
et diversifiée de fruits et de légumes;
ceci, pour leur très grande teneur en
vitamines, en oligo-éléments, en fibres
... Ils sont, aussi, faiblement dosés en
matières grasses et en sodium.
Vous venez de citer le stress oxydatif.
C’est un terme qui est, de plus en plus,
utilisé dans le milieu médical. C’est
quoi, au fait, le stress oxydatif ?
Au fait, le mot stress n’a pas la même
signification que ce qu’on l’on a l’habitude d’entendre par ce terme. Il ne
s’agit, donc, pas du stress psychosocial, ou psycho-socioprofessionnel;
mais, bel et bien, d’une agression, que
subissent les constituants de notre
organisme. La cellule, ainsi que tous
ses constituants, en sont les victimes;
on parle, alors, d’oxydation. Le point
de départ de ce processus provient de
l’oxygène que nous respirons ou, du
moins, une infime partie; de l’ordre de
4 à 5% qui, en échappant au cycle normal de la phosphorylation oxydative de
la chaîne respiratoire mitochondriale,
va se transformer en ce qu’on appelle,
communément, les radicaux libres.
En principe, notre organisme, en situation normale, possède ses propres
capacités naturelles, qui lui permettent
de se défendre contre ces radicaux
libres: ce sont les antioxydants endogènes: superoxyde-dysmutase, glutathion peroxydase, catalase; pour n’en
citer que les plus importants.
Ce n’est que lorsque cet équilibre, entre
la production accrue de radicaux libres
et le pouvoir antioxydant, est rompu,
en faveur des radicaux libres; alors,
on parle de stress oxydatif. On estime,
aujourd’hui, que le stress oxydatif serait responsable de l’apparition de très
nombreuses maladies chroniques; parmi lesquelles on retrouve les affections
neuro-dégénératives, rhumatismales,
cardiovasculaires, le diabète, les maladies broncho-pulmonaires, les maladies virales…
Qu'est-ce qu'un radical libre?
C’est la cause de tous nos malheurs.
Comme je viens de l’expliquer, précédemment, un radical libre est un ensemble d’atomes, ou de molécules, qui
possèdent un nombre impair d’élec-
trons, très instables et donc, très réactifs, provenant de l’oxygène que nous
respirons. Cette instabilité lui confère,
donc, un pouvoir d’agressivité, vis-à-vis
de tous les constituants de notre organisme. En effet, en voulant recouvrir sa
stabilité, il va s’attaquer à nos lipides,
nos protéines, nos sucres, notre ADN
… Ce sont, donc, ces radicaux libres,
agresseurs, qui sont responsables de
la plupart des maladies. Ils sont induits
par des facteurs extérieurs, tels que
les polluants atmosphériques, le tabagisme, les infections, les médicaments
et les drogues, l’exposition prolongée
au soleil, l’exercice physique intense
non contrôlé, une alimentation déséquilibrée…
Que se passe-t-il, lorsqu'il y a une
carence en antioxydants, dans l’organisme?
Quand il y a carence en antioxydants,
l’organisme se trouve en situation de
stress oxydatif. Alors, il réagit, par la
mise en service de ses propres capacités, optimales, de défense, lesquelles
lui sont propres. Maintenant, si l’organisme est déficient, ou insuffisamment préparé, pour assurer sa propre
défense, on fait appel aux sources
extérieures, par le biais d’une complémentation, ou d’un apport nutritionnel
adapté. D’où, l’intérêt de quantifier les
besoins, afin de parer à cela, par des
solutions nutritives. Notre but est, donc,
de sensibiliser le médecin aux techniques de mesure du stress oxydatif et
de son interprétation. Ceci représente,
par ailleurs, un des axes prioritaires,
dans la stratégie établie par la SANMO,
dans la perspective d’une politique de
prévention.
Le PAOT® Technology a été présenté et
testé, en première mondiale, sur deux
patients, par le Pr Smail Meziani, directeur de l’Institut Européen des Antioxydants, lors du séminaire, tenu les 30 et
31 mai 2014, à l’Ecole de formation de
Ben-Aknoun (Sonelgaz). Pouvez-vous
nous expliquer le rôle de cet appareil?
Oui, j’ai eu l’occasion d’assister à la démonstration de cet appareil, ici à Alger.
Le PAOT (Pouvoir antioxydant total),
dont il existe deux variantes (PAOT
liquid et PAOT skin) est un appareil
très performant. Le prototype testé
s’appelle le PAOT skin, basé sur une
méthode non-invasive, pour mesurer le
pouvoir oxydant et non-oxydant, selon
le principe de la voltamétrie. La mise
au point de ce bijou technologique
va, certainement, nous aider, à l’avenir,
dans la mesure où il pourra diagnostiquer les déficiences en antioxydants,
dans l’organisme et permettre, ainsi, de
guider la décision thérapeutique.
Je tiens, par la même occasion, à remercier notre compatriote le Pr Smail
Meziani, pour la primauté de l’événement, en Algérie et dans le monde et
surtout, par le fait que cet appareil fut
testé devant les participants, au cycle
de formation, organisé par la SANMO.
Quel est le degré de performance de
cet appareil ?
Le PAOT skin, comme le l’ai défini,
allie la performance et la simplicité.
Son coté innovant vient du fait, donc,
de sa simplicité d’utilisation et ceci,
pour des résultats très performants.
Un autre détail et non des moindres,
qui est le coût relativement accessible, selon ses concepteurs. En tout
cas, il aurait d’autres applications dans
d’autres domaines différents, tels que
la cosmétologie, la pharmacologie,
l’industrie agroalimentaire. Des études
conjointes, entre l’université de Nancy,
en France et celle de Tomsk, en Russie, ont été lancées, récemment, afin de
faire une évaluation clinique et calculée du statut antioxydant, sur un large
échantillon de la population saine et
porteuse de pathologies chroniques.
Les résultats, tant attendus, de ces travaux, seront dévoilés, lors de la 2ème
Conférence internationale de la SANMO, en janvier 2015, à Alger.
Avez-vous effectué des démarches,
pour l'introduire en Algérie?
Les démarches, dans ce sens, ne sont
pas, encore, à l’ordre du jour; mais,
l’idée de faire une étude, dans différentes wilayate du pays, à l’image de
celle entamée en Russie, a été évoquée
au niveau du comité scientifique de la
SANMO, avec le directeur de l’Institut
européen des antioxydants, le Pr Smail
Meziani.
C’est un projet ambitieux, dont on
attend beaucoup et d’ici-là, on sera,
certainement, fixés, par rapport aux
besoins réels et procéder, ainsi, aux démarches inhérentes à la mise en application pratique, pour son introduction,
en Algérie
* Docteur Tahar Naïli,
vice-président de la SANMO (Société
algérienne de nutrition et de médecine
ortho-moléculaire).
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
45
BIEN-ÊTRE
Ramonez vos artères naturellement
Avec le temps, les rides se creusent, les cheveux grisonnent, tombent, les dents jaunissent, la vue baisse…
Mais, le plus profond changement est invisible. Il se passe à l'intérieur. Et c'est le plus dangereux. Ce sont les vaisseaux sanguins qui s'abîment, inexorablement, sous la pression sanguine, qui forme un pic à chaque battement du cœur. Ce cœur qui a
battu 03 milliards de fois, chez la personne de 80 ans !
VISITE GUIDÉE DE VOS VAISSEAUX
SANGUINS
Vos vaisseaux sanguins sont comme
la tuyauterie de votre maison. Il y a les
tuyaux qui vous apportent l'eau: ce sont
des tuyaux durs, en métal, sous haute
pression; et il y a les tuyaux qui évacuent l'eau: ce sont des tuyaux mous,
en plastique, larges et peu solides, qui
laissent, simplement, l'eau s'écouler.
Les tuyaux qui apportent l'eau sont
comparables aux artères, qui apportent
le sang dans les organes. Les artères
sont des vaisseaux sanguins solides,
épais, parce que le sang y est sous
haute pression, et il ne faut pas qu'elles
craquent. Toutefois, elles ne sont pas
dures comme des canalisations. Elles
ont une certaine élasticité, pour s'adapter aux variations du flux sanguin, selon
les besoins des organes.
Les tuyaux qui évacuent le sang des
organes, et le rapportent jusqu'au cœur,
pour qu'il soit filtré par les poumons,
puis renvoyé dans l'organisme, sont les
46
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
veines. Elles sont souples, peu solides,
mais ce n'est pas grave, car le sang y
coule tranquillement. Comme l'eau de
votre maison, le sang qui arrive par vos
tuyaux sous pression, vos artères, est
propre, de couleur claire. Celui qui repart par vos tuyaux souples, les veines,
est sale, de couleur sombre. Ce sont les
reins et les poumons qui servent de stations d'épuration: ils filtrent les déchets
et rechargent le sang en oxygène. Le
foie est la principale station d'essence,
qui recharge le sang en glucose, qui sert
de carburant aux cellules.
POURQUOI LE SANG NE SE COLLE PAS
DANS LES ARTÈRES
Le sang a cette mauvaise habitude de
se coller partout. Vous vous en apercevez lorsque vous saignez: le sang fait
des taches sur toutes les surfaces où il
passe !
Pourtant, il ne colle pas à la paroi de vos
artères.
Ce miracle permanent est dû à une
fine couche de cellules appelée «épithélium», qui couvre l'intérieur de vos
artères. Elles fabriquent un produit anticoagulant, qui permet au sang de glisser comme de l'eau sur les plumes d'un
canard, de ne jamais adhérer à la paroi.
Malheureusement, le tabac, les radicaux
libres (molécules cannibales), l'homocystéine (substance inflammatoire), la
mauvaise alimentation, le mode de vie
sédentaire, attaquent constamment
l'épithélium de vos artères. Lorsque
l'épithélium est abîmé, les plaquettes
sanguines s'y accrochent et forment
un petit caillot. Cela permet de réparer
l'artère, mais cette réparation laisse des
traces:
LE RÔLE VITAL DES PLAQUETTES
SANGUINES
Le sang n'est pas un liquide rouge homogène. Il est formé d'un liquide jaunâtre et transparent, le plasma, dans
lequel flottent des globules rouges, des
globules blancs et des plaquettes san-
BIEN-ÊTRE
guines. Ces dernières n'ont pas, du tout,
la forme de plaquettes (ce sont, plutôt,
des sortes de chardons). Par ailleurs, le
sang contient du sucre et des protéines
en tout genre qui, comme des petits bateaux, transportent des graisses, dont le
cholestérol.
Le rôle des plaquettes est d'empêcher
les fuites de sang.
À la moindre ouverture d'une veine, ou
d'une artère, les plaquettes sanguines
accourent, se collent ensemble et forment un bouchon, à l'endroit abîmé.
Une sorte de «filet de pêche», en fibrine,
se met, ensuite, dessus; dans lequel se
prennent des globules rouges, des globules blancs et de l'élastine, jusqu'à ce
que le bouchon devienne dur, solide,
presque incassable, même: c'est la coagulation. C'est le même mécanisme
qui arrête les hémorragies et forme les
croûtes sur la peau.
Lorsque ce trou se produit sur la paroi
interne d'une artère, l'épithélium, la
mini-plaie cicatrise, et les cellules de
l'épithélium repoussent, pour recouvrir
le tout. Le sang peut glisser, comme
avant, à cet endroit, sans s'accrocher.
Mais, la paroi de l'artère a un peu grossi,
à l'endroit de la cicatrice. Elle devient
plus rigide. On dit qu'elle se sclérose.
On trouve, au milieu de la lésion, un «cor
lipidique»; c'est-à-dire, une accumulation de graisse et de cholestérol, sous
forme de cristaux, du fer, du cuivre et
du calcium. Cette substance molle s'appelle l'athérome. L'ensemble est donc
appelé athérosclérose. L'athérosclérose
peut disparaître; surtout, quand elle est
récente. Mais, si le mode de vie délétère se poursuit, le phénomène recommence, encore et encore. Au bout de
quelques dizaines d'années, la cicatrice
est beaucoup plus grosse, l'athérome
aussi, l'artère peut se boucher à 80 %.
Si vous vous faites examiner à ce moment-là, votre cardiologue s'inquiétera
de constater ce rétrécissement, appelé
«sténose» de l'artère.
LES DANGERS DE L'ATHÉROSCLÉROSE
Et il a raison d'être inquiet. En effet, il
suffirait que se produise une petite
hémorragie, à l'intérieur de l'athérosclérose. C'est un phénomène courant.
Cette hémorragie peut faire grossir, d'un
coup, la cicatrice; jusqu'à obturer, entièrement, l'artère. Il est, aussi, à craindre
que cette cicatrice, soudain, s'ulcère
(devienne purulente) et qu'un plus gros
caillot se forme dessus. Dans les deux
cas, le sang peut être entièrement bloqué. Vous imaginez bien que, quand
un gros caillot se forme, ainsi, dans vos
artères, c'est très dangereux ! L'organe
en aval est privé d'oxygène, de glucose
et, si la situation se maintient, il meurt !
C'est particulièrement grave quand cet
organe est votre cœur, votre cerveau,
vos reins, vos yeux, ou même, d'ailleurs,
vos jambes… C'est ce qu'on appelle une
thrombose, qui peut déboucher, donc,
sur un infarctus du myocarde (mort des
cellules du cœur) ou, parfois, un AVC,
accident vasculaire cérébral.
Le phénomène d'athérosclérose se
passe, souvent, dans les artères coronaires, celles qui alimentent, en oxygène
et en glucose, le muscle du cœur. On les
appelle coronaires parce qu'elles forment une couronne autour du cœur. Si
vous faites une thrombose dans vos artères coronaires, c'est l'infarctus; donc,
dans 50 % des cas, la mort en quelques
heures!
LES MÉDICAMENTS CONTRE LE CHOLESTÉROL NE CHANGENT RIEN
Si vous examinez au microscope de
quoi est composée l'athérosclérose,
vous constatez qu'il y a, environ, 10% de
cholestérol. Cette observation a conduit
la cardiologie moderne à donner, aux
personnes souffrant d'athérosclérose,
des médicaments, qui font baisser le
taux de cholestérol dans le sang. Les
manuels de médecine enseignent que
faire baisser le taux de cholestérol réduit les progrès de l'athérosclérose et
les risques que se forme un caillot, provoquant une thrombose. Mais, diminuer
le taux de cholestérol n'est pas très efficace. En effet, le cholestérol n'est pas la
cause de l'athérosclérose, et il n'intervient nulle part dans la formation du
caillot. C'est pourquoi, selon la majorité
des études, les médicaments contre le
cholestérol (fibrates, statines) font baisser le taux de cholestérol sanguin, mais
ils ne réduisent pas la mortalité coronaire; ce qui était, tout de même, le but
recherché. [1]
Par contre, réduire le taux de cholestérol
pose des problèmes bien réels à l'organisme. Le cholestérol est une molécule
essentielle, qui entre dans la composition des parois des cellules et assure
leur étanchéité, vis-à-vis des fluides
extérieurs. Si vous diminuez votre taux
de cholestérol, par un régime ou par
des médicaments, vous fragilisez vos
cellules et vous augmentez votre risque
d'AVC hémorragique; un fait avéré par
les récentes études cliniques. [2]
Et malheureusement, les médicaments
contre le cholestérol ont de nombreux
effets indésirables: douleurs musculaires
et ligamentaires [3], impuissance masculine [4], problèmes de mémoire [5], peutêtre, aussi, un risque accru de cancer. [6]
LES MÉDICAMENTS CONTRE LES CAILLOTS SONT À DOUBLE TRANCHANT
Oublions le cholestérol. Mais, puisque
les accidents cardiovasculaires sont
provoqués par des caillots, prenons,
alors, des médicaments qui empêchent
le sang de coaguler (anticoagulants)!
C'est vrai, et c'est exactement ce que
recommandent, en général, les cardiologues. Ils prescrivent une petite dose
quotidienne d'aspirine, qui empêche
les plaquettes de s'agréger. Le problème est que si vous empêchez votre
sang de coaguler, vous augmentez le
risque d'hémorragie dans votre athérosclérose. Hémorragie qui, comme nous
l'avons dit, peut, aussi, être la cause de
la brutale croissance de l'athérosclérose
et de l'obstruction totale de l'artère.
D'autre part, 40 % des AVC sont provoqués par une hémorragie cérébrale, qui
est, elle aussi, la conséquence d'un défaut de coagulation du sang. Certaines
personnes font des AVC hémorragiques,
alors qu'elles ne prennent pas d'anticoagulant; mais, c'est tout comme: leur
mode de vie (manque de sport, en premier lieu), leur nourriture (excès d'oméga-6, manque d'oméga-3) fait que leur
sang coagule mal.
Prendre des médicaments anticoagulants n'est pas, non plus, la solution,
pour éviter les accidents; sauf en cas
d'urgence (pour dissoudre un caillot
dangereux, déjà formé), ou suite à une
opération chirurgicale.
Mais, que pouvez-vous faire contre les
scandales sanitaires à répétition ??
Les scandales sanitaires et médicaux se
suivent et se ressemblent. Vous ne savez plus quoi choisir, quand vous faites
vos courses, comment protéger votre
santé sans tomber dans la paranoïa.
Avez-vous, seulement, une chance, face
au poids des lobbies agro-alimentaires
et pharmaceutiques ?
PONTAGE: LA «SOLUTION» HARD
Puisque faire baisser le cholestérol avec
des médicaments ne sert à rien, et que
les médicaments anti-caillots sont dangereux, reste la chirurgie. On peut, en
effet, littéralement «contourner» le problème de la sténose (rétrécissement)
de l'artère, en vous rajoutant, chirurgicalement, un bout d'artère, pour dériver le sang. Cela marche très bien, les
résultats sont immédiats, vous repartez
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
47
BIEN-ÊTRE
pour un tour. C'est le fameux pontage
coronarien.
Mais, c'est une opération extrêmement
lourde. Il faut une anesthésie générale,
vous ouvrir le thorax et même arrêter
votre cœur car, pour intervenir dessus, il
faut qu'il se tienne tranquille. De plus, il
faut dériver votre sang vers une pompe
externe, pour l'oxygéner et le réinjecter
dans vos vaisseaux; un système indispensable à la survie du patient, mais
que notre organisme apprécie peu,
surtout quand l'opération se prolonge.
Actuellement, on parvient, grâce à des
robots, à faire des pontages sans ouvrir
le thorax et sans circulation extracorporelle. Mais de toute façon, il faut savoir
que le pontage chirurgical n'est qu'un
pis-aller. Comme les médicaments anticoagulants, il peut sauver des vies, en
cas d'urgence.
Normalement, lorsqu'un de vos organes
manque, réellement, de sang; quand
l'artère, qui le nourrit, est, réellement,
trop étroite, se passe un phénomène de
pontage naturel. De nouvelles artères
poussent toutes seules, pour contourner
votre sténose, sans qu'on ait besoin de
vous opérer. Ce phénomène se produit
lorsque vous sollicitez, réellement et
régulièrement, votre organe. Autrement
dit, lorsque vous menez une vie saine,
non sédentaire avec, au minimum, 30
minutes, par jour, d'activité physique,
qui vous essouffle un peu et vous déclenche un début de transpiration.
Si vous subissez un pontage et que
vous ne faites pas d'exercice, les mêmes
causes produisant les mêmes effets, vos
nouvelles artères vont, rapidement, se
scléroser, à leur tour. Vous serez obligé
de passer, à nouveau, sur le billard, avec
tous les risques que cela entraîne (et les
coûts, pour la collectivité). La technique
du pontage aurait dû, en toute logique,
se raréfier, en dehors des interventions
en urgence. Car, le pontage naturel est
plus efficace, moins risqué et moins
coûteux. Les changements de mode de
vie auraient dû être privilégiés, par la
cardiologie. Ils ne l'ont pas été, car les
cardiologues ont cru avoir découvert la
martingale, avec la technique de l'angioplastie, à la fin des années 70; puis,
du stenting, à la fin des années 80.
L'ILLUSION DU PROGRÈS TECHNOLOGIQUE MÉDICAL
L'angioplastie consiste à supprimer la
sténose, sans pontage et sans médicament. Le chirurgien intervient, directement, dans vos artères coronaires, avec
un fil téléguidé, appelé cathéter. Ce
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Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
cathéter remonte jusqu'à l'endroit de la
sténose et écrabouille l'athérosclérose,
avec un petit ballon, gonflé sur place,
à haute pression. Ce système fait éclater l'athérosclérose. L'effet est spectaculaire, au départ. L'artère, subitement
élargie, laisse à nouveau passer le sang.
Mais, comme vous vous en doutez, la
plaque d'athérosclérose écrabouillée
par le ballonnet va, rapidement, cicatriser, avec une prolifération de cellules.
Dans 40 % des cas, on assiste à une resténose, souvent pire que la première, 6
mois après l'angioplastie par ballonnet.
«Qu'à cela ne tienne», ont répondu les
chercheurs en cardiologie, à fin des
années 80, lorsqu'on eut confirmé les
énormes limites de cette technique.
«Nous allons mettre, dans l'artère, un
petit tube à ressort, pour l'empêcher de
se rétrécir, à nouveau».
Ayant baptisé cette invention le «stent»,
on se mit à poser des stents un peu partout. En oubliant que:
une fois posé, le stent ne peut plus être
enlevé; s'il provoque un problème, eh
bien… il faudra que le patient apprenne
à vivre (ou à mourir) avec;
le stent, évidemment, n'est pas, du
tout, lisse comme l'endothélium. Bien
au contraire, les plaquettes sanguines
adorent s'y coller et former un caillot; ce
qui oblige à donner, à l'opéré, des médicaments anticoagulants, qui augmentent le risque hémorragique (donc, AVC
hémorragique);
de toute façon, les cellules des artères
vont, rapidement, coloniser le stent et
une re-sténose peut, quand même, se
produire, dans 25 % des cas.
«Qu'à cela ne tienne» ont, une nouvelle
fois, répondu les chercheurs en cardiologie. Ils ont inventé, au début des années
2000, le stent «actif», c'est-à-dire enrobé de substances qui bloquent la re-sténose. Oui, d'accord; mais, dans ce cas,
si les cellules épithéliales ne reviennent
pas sur le stent, le patient doit prendre
des anticoagulants pendant des années!
Or, qui dit prise de médicaments anticoagulants, sur le long terme, dit, non
seulement, risque hémorragique; mais,
aussi, trous dans l'estomac. Donc, la
nécessité de prendre des médicaments
contre l'acidité, qui ont le (gros) inconvénient d'empêcher la bonne digestion
des aliments, provoquent des carences
en nutriments essentiels et favorisent…
les maladies mortelles en tout genre !!!
LES CARDIOLOGUES AU PIED DU MUR
Longtemps, ces inconvénients ont été
minimisés; mais, actuellement, les car-
diologues sont saisis de doutes affreux.
Depuis 2007, on s'est aperçu que les
AVC hémorragiques étaient beaucoup
plus répandus qu'on ne l'avait imaginé
(40 % des cas) et que, parmi les 60 %
restant, 40 % étaient «cryptogéniques»;
ce qui veut dire, en bon grec, de cause
«inconnue». Cela veut dire, puisqu'on
ne sait pas ce qui se passe, que la plus
grande prudence est de mise et qu'il
faut se garder de toute interférence hasardeuse avec la physiologie du malade,
de peur de provoquer, sans le vouloir,
bien sûr, une catastrophe !!!
C'est pourquoi les cardiologues, les plus
en pointe sur le sujet et parmi eux le
Dr Michel de Lorgeril, du CNRS de Grenoble, appellent aujourd'hui à revenir,
pour tout ce qui touche au cœur et aux
artères, aux méthodes les plus simples,
les plus naturelles, et les moins invasives
et médicamenteuses qui soient.
En 2004, le cardiologue allemand Rainer Hambrecht s'est rendu célèbre en
comparant deux groupes de personnes
souffrant de sténose coronaire. Le premier groupe n'a subi aucune opération,
n'a pris aucun médicament et a fait de
l'exercice physique modéré. L'autre
groupe a été débarrassé de sa sténose
par la pose d'un stent et a repris sa vie
antérieure. Au bout de 12 mois, 42 %
des patients ayant reçu un stent avaient
connu des complications, contre 12 %
seulement dans le groupe qui s'était
simplement entraîné. De plus, dans le
groupe s'étant entraîné, les patients
étaient aussi, évidemment, en meilleure
forme.
Il faut donc, de toute urgence, arrêter de
bourrer de médicaments les personnes
malades du cœur et des artères. Il faut
éviter, autant que possible, toute opération, sauf en urgence. Par contre, que les
personnes souffrant d'athérosclérose,
ou ayant, déjà, eu un accident cardiovasculaire se dépêchent de revenir à un
mode de vie sain, avec de l'exercice modéré tous les jours, une diète méditerranéenne (régime Crétois, recommandé
par Michel de Lorgeril) et surtout pas
de médicaments anti-cholestérol, inefficaces pour prévenir les accidents, mais
lourds d'effets secondaires possibles.
Méfiez-vous, en revanche, des sports
violents ou extrêmes, si vous êtes cardiaque, car c'est le meilleur moyen de
hâter un accident.
COMMENT SE MOTIVER POUR CHANGER DE MODE DE VIE ?
Cette nouvelle génération de cardiologues, consciente de la supériorité de
BIEN-ÊTRE
l'approche douce, se heurte à un grave
problème: ils s'aperçoivent que ce dont
leurs patients ont besoin, ce n'est pas
d'un nouveau médicament, d'un progrès technologique, mais d'un soutien
humain, pour les motiver à changer de
mode de vie. Ce pourquoi personne n'a
pensé à les former en faculté de médecine, où la sélection s'est faite sur les
mathématiques… Car, il est, évidemment, très difficile de modifier, en profondeur, le mode de vie d'une personne.
Même un accompagnement quotidien,
par un «coach», peut ne pas suffire. À
notre époque, tout particulièrement,
nous sommes, souvent, pris dans un
cycle infernal, qui rend l'idée même de
faire, régulièrement, du sport et se mitonner de bons petits plats bio, totalement utopique.
Michel de Lorgeril donne l'exemple suivant, dans son livre «Prévenir l'infarctus
et l'AVC»: «Pour tenir le coup, je fume,
pour me relaxer, je fume; pour tenir le
coup, je sacrifie la qualité des repas,
pour gagner du temps, je saute les
repas; et prendre le temps de faire un
jogging, deux ou trois fois par semaine,
est bien la dernière de mes intentions,
puisque je fume et que ma mauvaise
nutrition me met dans un état de fatigue
chronique» [7]
On mesure là, en effet, toute l'étendue
du problème, et la tentation, parfois
irrésistible, qui existe, pour les cardiologues, de simplement prescrire des
médicaments faisant baisser la pression
sanguine, le taux de cholestérol et la
coagulation, chez leurs patients et de
proposer des opérations chirurgicales.
Les médicaments, tout le monde peut
aller les chercher à la pharmacie et les
avaler, deux ou trois fois par jour, avec
un verre d'eau. Les opérations, ça coûte
très cher; mais, là encore, il «suffit» de
prévoir un créneau, au bloc opératoire.
Le patient arrive le matin, se fait anesthésier, et sort quelques jours plus tard.
Notre système médical est organisé
pour cela.
En revanche, modifier en profondeur son
mode de vie demande des efforts considérables et généralement, tout un travail, sur le sens de la vie du patient, que
plus personne n'est capable ou désireux
de faire. Parce que cela remet trop de
choses en question. Pourquoi devraisje faire des efforts ? Qu'est-ce qui me
motiverait, réellement, à me lever tous
les matins, pour sortir et faire de l'exercice ? Comment renoncer à toutes ces
nourritures, dont je sais qu'elles nuisent
à ma santé; mais qui, pourtant, me sont
indispensables, pour garder le moral et
supporter les agressions et les frustrations de ma vie quotidienne ? Où trouver l'énergie, pour changer de métier et
aller vivre dans un endroit où je gagnerai moins, sans doute, où je serai moins
«reconnu», mais où je mènerai une vie
saine, qui me permettra de vivre plus
longtemps et en meilleure santé ? Au
fond, ai-je vraiment envie d'aller mieux ?
Pour répondre à ces questions, malheureusement, une simple ordonnance ne
suffit pas, ni même quelques entretiens
avec un psy. C'est toute une réflexion
sur «pourquoi je vis» et «pour quoi je
vis» qu'il faut mener. Reprendre, parfois
à zéro, des mauvais choix professionnels, éducatifs, conjugaux, familiaux, qui
ont été faits. Et où trouver des conseils
dignes de confiance ? Comment éviter
les manipulateurs et les incompétents,
qui n'en veulent qu'à notre argent ?
Références
[1] Voir études de Framingham, Wolfson Institute, MR-
FIT, Honolulu, etc.
[2] Voir «Étude de Rotterdam» publiée ce mois d’avril
2014.
[3] Voir étude ILLUMINATE de 2007, publiée dans le
New England Journal of Medicine.
[4] S. Sultan and N. Hynes, «The Ugly Side of Statins.
Systemic Appraisal of the Contemporary Un-Known
Unknowns,» Open Journal of Endocrine and Metabolic
Diseases, Vol. 3 No. 3, 2013, pp. 179-185. doi: 10.4236/
ojemd.2013.33025.
[5] Le cholestérol est essentiel dans la fabrication des
neurones, or les statines réduisent le taux de cholestérol. D’autre part, les statines augmentent le ratio
oméga-6/oméga-3, ce qui favorise le déclin cognitif,
selon Michel de Lorgeril, «Cholestérol, Mensonges et
Propagande», Thierry Souccar Editions, page 211.
[6] Voir étude suédoise publiée en juin 2013 dans la
revue scientifique PlosOne.
[7] Thierry Souccar Editions. Voir page 199.
Stop à la cigarette: une vraie économie
Un paquet de cigarettes, par jour, revient à 2 482 euros annuels; l’équivalent
en cigarettes électroniques coûte entre 1
150 et 2 138 euros (Institut national de
la consommation).
Utilisés pour pallier le manque de nicotine, les substituts nicotiniques (patch,
gommes à mâcher…) reviennent à
moins cher, sur le long terme, que le
tabac. Mais, qu’en est-il de la cigarette
électronique ? A l’unité, la cigarette
électronique coûte entre 40 et 90 euros
et entre 6 à 10 euros, par recharge. Non
répertoriée comme médicament par la
loi, elle ne bénéficie d’aucun remboursement. Mais, selon l’Institut National de
la Consommation (INC), substituer l’ecigarette au tabac, pendant un an, permet d’économiser, en moyenne, 1 000
euros, chez un fumeur consommant
un paquet, par jour; lequel revient à 50
euros, par semaine; soit, 200 euros par
mois et 2 400 euros, par année.
Selon le Dr Marie-Pierre Humeau, «malgré le manque de preuves scientifiques,
évaluant son rapport bénéfice-risque,
l’e-cigarette constitue, aujourd’hui, une
alternative, intéressante, au besoin, incontrôlé, de fumer et présente l’avantage
de ne délivrer ni monoxyde de carbone;
ni aucun des 4 000 produits toxiques,
contenus dans la cigarette classique»
N°31 - Juin 2014 Santé-MAG
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BIEN-ÊTRE
Le soleil,
au rayon
santé
LE SOLEIL EST SOURCE DE BONNE
HUMEUR
Une exposition, excessive, au soleil peut
avoir des conséquences, désastreuses,
sur votre peau. Pour autant, ne fuyez
pas, totalement, ses rayons aux multiples bienfaits. Vitamine D, stimulateur
de votre bonne humeur…
Pour votre santé, vous pouvez profiter
de l’astre solaire, avec modération. Il est
à la source de toute vie sur Terre car, privée de sa lumière et de sa chaleur, notre
planète serait sombre, froide et inhabitée. Le Soleil est l’une des 200 milliards d’étoiles de notre galaxie. Elle est
si grande que l’on pourrait mettre 109
terres dans son diamètre. Si, avec l’apparition du soleil, la nature est en pleine
forme, notre organisme en profite, aussi.
Nos ongles brillent, nos cheveux luisent
50
Santé-MAG
N°31 - Juin 2014
et poussent plus vite. Ce n’est pas tout.
Vous l’avez, déjà, sûrement remarqué,
au printemps, les premiers rayons du soleil boostent votre moral ? C’est normal.
La lumière stimule notre bonne humeur
et permet même, dans certains cas, de
lutter contre la dépression saisonnière.
Notre sensation de bien-être est, également, améliorée. C’est, d’ailleurs, pourquoi les ultraviolets (UV) sont, parfois,
utilisés pour traiter certaines pathologies cutanées, comme le psoriasis et le
vitiligo. Attention toutefois, ici, le degré
d’exposition est rigoureusement contrôlé. Et bien entendu, les professionnels
de santé surveillent, de très près, leurs
patients.
DE LA VITAMINE D, EN RAYONS
Le soleil est, aussi, pourvoyeur de vita-
mine D. Celle-ci est bénéfique à la minéralisation osseuse et donc, à notre
squelette. C’est elle, en effet, qui nous
permet d’absorber le calcium que nous
ingérons. Pour autant, son rôle ne se
limite pas à cela. Selon de récentes
découvertes, elle modulerait le fonctionnement du système immunitaire et
orienterait la réponse immunitaire vers
un profil anti-inflammatoire. Ce rôle
d’inhibiteur de l’inflammation, joué par
la vitamine D, pourrait, également, être
impliqué dans la protection contre certaines pathologies. L’exposition au soleil
suffit à procurer de 80% à 90% de la vitamine D, nécessaire à notre organisme.
Une simple exposition des mains, des
avant-bras et du visage pendant 10 à 15
minutes, par jour, suffit, en fait, à satisfaire nos besoins. Ni plus, ni moins !