Deuxième partie: les évolutions des dispositifs de recherche

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Deuxième partie: les évolutions des dispositifs de recherche
Deuxième partie: Les évolutions des dispositifs
de recherche agricole
2 france and the cgiar: partnering in agricultural research and development
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Introduction
La recherche agricole s’insère dans des systèmes de connaissance agricole plus vastes, articulés aux
niveaux géographiques nationaux, régionaux et internationaux. La deuxième partie de la publication
s’attache à décrire l’évolution de ces dispositifs au niveau national français (Chapitre 2.1), au niveau
européen (Chapitre 2.2) et au niveau multilatéral (Chapitre 2.3).
Le système de connaissance agricole en France présente plusieurs caractéristiques notables: i) il se
compose de trois sous ensembles formés par la recherche, l’enseignement et la formation, et le secteur
dit du « développement » qui concerne les activités de diffusion des technologies, ii) aux cotés de la
recherche privée, il existe une recherche publique importante menée par des instituts spécialisés de
recherche comme l’INRA et le CEMAGREF, iii) il dispose d’une recherche publique dédiée de façon
exclusive ou importante à la recherche agricole pour le développement comme le CIRAD et l’IRD, iv) la
création récente d’une Agence nationale de la recherche (ANR) vise à favoriser une organisation de la
recherche par programmes, (par association d’équipes d’instituts différents sur des projets de recherche ou d’activités communs) et une organisation de partenariats multiples notamment public-privé.
Au niveau de la région Europe, la construction d’un Espace européen de la recherche, s’accompagne de
plusieurs mécanismes de coordination en construction comme « l’Initiative européenne pour la recherche agricole pour le développement » (EIARD ou le « Forum européen de la recherche agricole pour le
développement » (EFARD).
Au niveau multilatéral, on rappelle l’établissement du CGIAR comme une alliance de gouvernements,
d’organisations internationales et de fondations privées en vue de promouvoir la sécurité alimentaire
et de réduire la pauvreté. La réforme de structure engagée à partir de 2000, avec notamment la mise
en place d’un Conseil scientifique et l’introduction des Programmes pour relever les défis associant les
systèmes nationaux de recherche, vise à renforcer les synergies par rapport à ces objectifs globaux en
insistant également sur la protection de l’environnement dans les Pays en développement et les activités de transfert.
Un article sur l’ICRA traite des enjeux de formation des capacités des agents en charge des projets de
développement dans les domaines de l’agronomie et du développement rural.
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Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
2.1 France
Le système de connaissance agricole en France
La France a mis en place, à côté de la recherche agricole privée, un ensemble d’organismes et de réseaux ayant en
charge la recherche, l’enseignement et les activités de transferts technologiques et d’appui technique agricoles, ainsi
que le renforcement de leurs interfaces respectives et l’élargissement de la coopération en Europe et à l’échelle internationale.
La recherche agricole est une composante d’un système de connaissance plus vaste qui comprend également le secteur
de l’enseignement et de la formation et le secteur dénommé « développement » qui assure le transfert de technologie
et l’appui technique. Le système compte 35 000 chercheurs, ingénieurs et enseignants. L’enseignement agricole accueille 190 000 élèves dont 12 500 dans l’enseignement supérieur et 1 000 boursiers étrangers post-doctorants et
assure l’animation de nombreux réseaux géographiques internationaux pour les actions de coopération décentralisée. Les
actions du secteur du développement concernent le transfert de technologie et l’appui technique auprès de 600 000
agriculteurs et 4 000 petites et moyennes entreprises agro-alimentaires. Le système de connaissance agricole recherche-formation-developpement mobilise annuellement 2,6 milliards d’euros, essentiellement à partir de financements
publics. Plusieurs départements ministériels sont concernés, à savoir les ministères chargés de l’éducation nationale, de
l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’agriculture, de l’environnement et des affaires étrangères.
La recherche agricole publique
Le dispositif public de recherche dans le secteur agricole s’appuie sur les organismes qui ont des liens privilégiés avec
le ministère chargé de l’agriculture comme l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), le Centre
national du machinisme agricole du génie rural des eaux et des forêts (CEMAGREF), l’Institut français de recherche
pour l’exploitation de la mer (IFREMER) et l’Institut national de recherche agronomique (INRA) ainsi que les organismes
de recherche davantage orientés vers le développement et l’international, placés sous la tutelle des ministères chargés
de la recherche et des affaires étrangères, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le
développement (CIRAD) et l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Le Muséum national d’histoire naturelle
(MNHN), l’Institut national de la santé, des études et de la recherche médicale (INSERM) et le Centre national de la
recherche scientifique (CNRS) contribuent également au dispositif selon leurs domaines de compétence et pour la partie
concernée de leur activité. Les organismes publics mettent en œuvre des priorités de recherche établies dans le cadre de
grands programmes et objectifs. Le Programme IV concerne la « Gestion des agrosystèmes et des ressources naturelles »
dans lequel sont inclus les budgets du CEMAGREF, du CIRAD de l’INRA et de l’IRD. Les missions confiées à chacun des
organismes répondent aux spécificités de leurs mandats, moyens et compétences.
L’AFSSA constitue l’outil national d’évaluation des risques sanitaires et nutritionnels des aliments. L’Agence développe
en priorité des programmes concernant la salubrité des denrées alimentaires d’origine animale ou végétale et la protection sanitaire des animaux, la conception et l’utilisation de nouvelles techniques, l’établissement de normes et de
méthodes analytiques applicables aux aliments, notamment sous les aspects organoleptiques et nutritionnels. Cette
démarche est conduite en liaison avec d’autres organismes. La priorité est donnée à cinq thématiques transversales: i)
l’émergence ou réémergence microbienne et d’agents de zoonoses potentielles, ii) les encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles, iii) l’alimentation animale et ses risques sanitaires pour l’homme, iv) l’appréciation quantitative
des risques, v) la composition des aliments et les risques nutritionnels. Contact: www.afssa.fr
Le CEMAGREF accorde une priorité aux recherches sur le fonctionnement des hydrosystèmes de surface (ressources,
milieux, usages, gestion de l’eau) et des technologies et services pour l’eau et les déchets à travers deux actions: i)
la prévention des risques naturels liés à l’eau, ii) la gestion intégrée des hydrosystèmes et des systèmes terrestres.
D’autre
D’après « La recherche agricole au service du développement rural durable », document français pour la vingt-quatrième Conférence régionale
de la FAO pour l’Europe, Montpellier 5-7 mai 2004, 44 pages.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 121
part, les recherches sur les technologies agricoles et les procédés alimentaires se concentrent sur
l’agriculture de précision, économe en intrants, et la maîtrise de la qualité des produits. Contact:
www.cemagref.fr
Le CIRAD concentre ses travaux sur trois champs: i) l’approche durable de la production agricole
(notamment la gestion intégrée des écosystèmes cultivés et l’amélioration des variétés végétales et
des espèces animales locales), ii) la gestion durable des ressources naturelles et de l’environnement
(en particulier la connaissance des ressources biologiques tropicales et subtropicales et la biodiversité, la gestion des sols, la gestion durable des forêts, la prévention et le traitement des risques sanitaires), iii) la qualité et la sûreté des produits (déterminants agricoles, biologiques, technologiques et socio-économiques
de la qualité tout au long des filières (traçabilité et gestion du risque dans les filières de qualité). Contact: www.cirad.fr
L’IFREMER développe ses capacités de recherche, d’expertise et de développement technologique pour i) mettre en
valeur et exploiter durablement des ressources de la mer, ii) connaître, évaluer et prévoir l’évolution de celles-ci, iii)
améliorer les méthodes de surveillance, de prévision, de protection et de mise en valeur du milieu marin et côtier et
enfin, iv) favoriser le développement socio-économique du monde maritime. Contact: www.ifremer.fr
L’INRA engage son dispositif scientifique sur les trois champs majeurs constitués par l’alimentation, l’environnement et
l’agriculture. Les priorités scientifiques, au nombre de cinq, articulent les dynamiques endogènes de la recherche avec
les besoins et attentes de la société: i) les sciences de l’environnement (génie écologique, valorisation des ressources
biologiques, systèmes agraires et forestiers, appui à l’évaluation des politiques publiques), ii) la biologie intégrative
(génomique, exploration du génome des espèces cultivées — arabidopsis et riz — et gestion durable des ressources
génétiques), iii) la bio-informatique, iv) l’alimentation humaine et la sécurité sanitaire des aliments (interactions nutrition-métabolisme, microbiologie, micro-organismes), v) les sciences économiques et sociales (compréhension des
changements et des défis auxquels le monde agricole et rural est confronté, aider à la décision). Contact: www.inra.fr
L’IRD compte deux départements scientifiques qui traitent plus directement les questions relatives au développement
agricole. Les principales questions prises en compte concernent: i) l’impact des changements climatiques sur les activités humaines (sécheresses, inondations), la gestion intégrée des eaux continentales, la compréhension des mécanismes
d’altération physique des sols (érosion) et chimique (dissolution, salinisation, alcanisation); ii) l’étude des plantes tropicales cultivées (physiologie, symbioses, génétique, génomique), iii) l’étude de la biodiversité agricole et microbienne,
ainsi que iv) l’écologie aquatique et halieutique. Contact: www.ird.fr
Le MNHN dispose de sept départements scientifiques qui assurent des missions de gestion et de conservation de collections ainsi que d’enseignement et de recherche. Contact: www.mnhn.fr
L’enseignement et la formation
La répartition du dispositif d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire, agro-industriel, forestier et environnemental sur l’ensemble du territoire national lui confère un rôle stratégique en termes d’aménagement du territoire
et d’animation des zones rurales. Il est construit selon deux ensembles, évoluant tous deux parallèlement des niveaux
« baccalauréat plus deux années » à « baccalauréat plus huit années ». Un premier ensemble placé sous la tutelle du
ministère chargé de l’éducation nationale comprend les universités, les instituts universitaires technologiques et des
écoles d’ingénieurs. Le second ensemble, sous la tutelle du ministère chargé de l’agriculture, comprend les classes
de techniciens supérieurs de certains lycées agricoles et des écoles d’ingénieurs, les écoles vétérinaires et des écoles
d’application. Les lycées d’enseignement général et technologique agricole publics (LEGTA) et lycées professionnels
agricoles (LPA), au nombre de 218, ainsi que les établissements d’enseignement privés délivrent chaque année plus de
10 000 brevets de technicien supérieur agricole (BTSA).
Les établissements d’enseignement supérieur agricoles, au nombre de 27, dont sept établissements privés sous contrat
avec l’État, sont placés sous la responsabilité du ministère chargé de l’agriculture. Ils se répartissent en quatre familles:
i) 21 écoles d’ingénieurs, d’où sortent chaque année 2 000 diplômés, dont près de 100 au titre de la formation continue, ii) une école du paysage qui forme près de 50 paysagistes par an, iii) quatre écoles vétérinaires, formant chaque
année près de 500 vétérinaires et iv) une école de formation des professeurs de l’enseignement technique agricole. Ces
établissements forment les cadres supérieurs des domaines agronomique et forestier, agro-industriel et vétérinaire ainsi
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Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
que des secteurs de l’environnement et de l’aménagement de l’espace rural et côtier. En outre, ils contribuent à former
des ingénieurs et des vétérinaires étrangers, en grande partie originaires de pays francophones du Sud. Les établissements s’organisent au sein de six pôles régionaux d’enseignement, de recherche et de développement.
Le secteur du « développement agricole »: transfert de technologies et appui technique
Les instituts et centres techniques des secteurs agricoles et agro-alimentaires, au nombre de 61, participent à un vaste
mouvement de transfert de technologie en conduisant les actions de recherche appliquées et les expérimentations nécessaires, en veillant à l’articulation des besoins formulés par les acteurs finals du dispositif, les producteurs et les indus­triels,
avec les grands organismes publics de recherche. Concernant le secteur agricole stricto sensu, l’Agence de développement agricole et rural (ADAR) a pour mission l’élaboration, le financement, le suivi et l’évaluation du programme national
pluriannuel de développement agricole. L’organisme s’appuie, pour la mise en œuvre de programmes de développement
sectoriels et géographiques, sur deux réseaux d’opérateurs. À l’échelon national, il y a 16 Instituts et centres techniques
agricoles (ICTA) regroupés au sein l’Association de coordination technique agricole (ACTA, contact www.acta.asso.fr) et
à l’échelon territorial, il y a les Services d’utilités agricoles et de développement (SUAD) des Chambres d’agriculture.
L’ADAR met également en œuvre les programmes d’innovation et de prospective résultant d’appels à projets. L’originalité
du dispositif repose sur un système décentralisé associant les acteurs de terrain et une profession agricole partenaire diffusant les savoirs et construisant des solidarités entre régions, secteurs de productions et professionnels.
Dans le secteur de l’industrie agro-alimentaire, le fonctionnement de l’appui au développement et son financement sont
différents. L’Association de coordination de l’industrie agroalimentaire (ACTIA) fédère 45 Instituts et centres techniques
de l’industrie agro-alimentaire (ICTIA), chacun ayant une compétence thématique propre selon laquelle s’organisent les
programmes croisant les besoins de recherche et d’expérimentation des entreprises et des professionnels en relation
avec les grands organismes publics de recherche.
Les interfaces recherche-formation-développement
Un effort particulier est accompli pour renforcer les interfaces respectives du tripode formation-recherche-développement et différentes formes de partenariat sont mises en œuvre.
Les Unités mixtes de recherche (UMR) constituent une forme importante de structuration du partenariat scientifique
et permettent à des équipes provenant de différents instituts publics de recherche, d’universités ou d’établissements
d’enseignement supérieur de se regrouper sur des projets de recherche communs. Les UMR disposent d’un budget
propre. Elles sont agréées par le ministère chargé de la recherche. Leur évaluation est effectuée tous les quatre ans et
elles peuvent être reconduites.
Les Groupements d’intérêt scientifique (GIS) peuvent se former sur des sujets, des domaines ou des zones géographiques
d’intérêt commun entre différents partenaires scientifiques. Par exemple: le GIS « Bureau des ressources génétiques »
regroupe cinq ministères, l’INRA, le MNHN, le CNRS, l’IRD, le CIRAD et l’IFREMER pour conduire des études dans
les domaines scientifique, socio-économique et juridique concernant les ressources génétiques. Ou bien encore le GIS
« Agrice » qui coordonne les recherches concernant l’utilisation des matières premières végétales renouvelables d’origine
agricole pour l’énergie, la chimie et les matériaux. Voir aussi encadré concernant le GIS Alpes du nord, p. 124.
Les Groupements d’intérêt public (GIP) peuvent être constitués afin de regrouper des partenaires scientifiques et des
collectivités locales et autres organismes publics. Dans cet esprit, l’association AGROPOLIS regroupe sur Montpellier
un pôle scientifique, qui concentre des compétences de recherche, de formation et d’expertise de dimension mondiale
dans le champ « agriculture-alimentation-environnement-sociétés » en réunissant plus d’une vingtaine d’établissements
de recherche, d’universités et autres structures d’enseignement, avec la participation des collectivités territoriales et
d’entreprises privées (voir encadré AGROPOLIS, p. 125).
Le partenariat public-privé peut se constituer sous forme contractuelle à l’image du groupement « Génoplante » qui
regroupe des organismes publics de recherche (INRA, CIRAD, CNRS et IRD) et des partenaires privés afin de développer des recherches sur la structure et le fonctionnement des plantes cultivées. Le partenariat « Génoplante » articule
plusieurs dispositifs opérationnels sur les génomes modèles (arabidopsis, riz) et des réseaux de recherche dédiés à différentes espèces d’intérêt agronomique (maïs, blé, colza, tournesol, pois). L’évaluation est confiée à un conseil scientifique indépendant, composé majoritairement d’experts internationaux. Le succès de « Génoplante », premier programme
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 123
Un programme de recherche-développement pour l’agriculture,
la nature et la société dans les Alpes du nord
Les avantages des groupes d’intérêts scientifiques sont mis en évidence avec l’exemple du GIS « Alpes du nord »
qui soutient l’agriculture professionnelle, développe et améliore la production fromagère, protège l’environnement
alpin en menant une action éducative auprès des différents partenaires participant au programme.
Créé en 1985 à l’initiative de l’INRA et des organisations professionnelles, le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) « Alpes du
nord » est une convention de partenariat entre des institutions de recherche (INRA, CEMAGREF, Université de Savoie, Institut
technique des fromages), des organismes de développement agricole (trois Chambres d’agriculture), des collectivités territoriales (trois Conseils généraux) et des organisations économiques (filières fromagères sous signe de qualité).
Le projet est fondé sur les principes d’une recherche orientée vers l’action et conduite en partenariat. Les ingénieurs recherchedéveloppement interviennent à la fois sur la conduite des recherches, la production de connaissances et d’outils et sur leur
appropriation par les acteurs. Cette appropriation commence dès la phase de conception des recherches et se complète par la
diffusion de résultats avec des documents et fiches techniques, l’organisation de sessions de formation (50 à 100 stagiaires par
an) et l’appui méthodologique à une cinquantaine de projets de développement.
Les recherches ont contribué à caractériser l’effet du terroir sur la qualité sensorielle et nutritionnelle des fromages ainsi que
les mécanismes d’ensemencement naturels du lait cru à la production, sans ajout de ferments industriels. Elles ont permis de
mieux gérer les ressources naturelles du milieu alpin en prenant davantage en compte la multifonctionnalité de l’agriculture.
Le GIS joue le rôle de pôle de recherche-développement pour l’ensemble de la production fromagère sous signe de qualité des
Alpes du nord. Il a apporté les fondements technologiques et organisationnels qui ont accompagné le développement de la
production du Beaufort et du Reblochon. Le prix du lait de vache payé aux producteurs est le plus élevé de France. Ce dynamisme a permis un meilleur maintien des exploitations professionnelles dans les Alpes du nord et contribue ainsi à l’entretien
des prairies sur versants et des parcours qui abritent une biodiversité exceptionnelle. En identifiant et en réduisant les apports
de phosphore par l’agriculture, la concentration en phosphore du lac Léman a diminué de moitié entre 1980 et 2000 et doit
encore se réduire pour endiguer la prolifération des algues indésirables.
Les connaissances et outils résultant de la recherche sont diffusés et valorisés avec des agriculteurs, des responsables professionnels, des conseillers agricoles, des collectivités locales, des protecteurs de la nature, des coopératives fromagères, des enseignants. Les problématiques analysées peuvent s’étendre facilement à l’Arc alpin, entre Méditerranée et Danube. Le GIS coordonne un programme européen mobilisant quatre pays de l’arc alpin (Allemagne, Autriche, Italie, Suisse) en vue d’expérimenter
localement des plans d’action d’agriculture durable.
d’envergure en biotechnologie des plantes a fait école en Allemagne, Belgique, Espagne, Pays-Bas et Royaume-Uni, pays
dont les programmes nationaux se réunissent aujourd’hui dans un projet « Plant Genomics » incontournable à l’échelle
européenne.
Par ailleurs, des programmes scientifiques mobilisateurs permettent de concentrer les efforts de recherche des organismes
sur des sujets prioritaires comme les programmes de recherche financés par l’Agence nationale de la recherche (ANR).
La coopération européenne et internationale
La coopération des différents organismes de recherche, d’enseignement et de développement avec leurs homologues
étrangers s’exprime particulièrement dans le cadre bilatéral à partir de multiples initiatives nationales, régionales ou locales. Ces coopérations font l’objet d’accords et de conventions sur des thèmes divers et nombreux. Tous les instituts de
recherche et les établissements d’enseignement supérieur disposent d’une direction des affaires internationales qui gère
les différents contacts et les échanges. Le CIRAD et l’IRD animent plus d’une centaine de représentations à l’étranger
dont certaines sont communes.
Au niveau européen, les instituts français de recherche participent aux Programmes cadre de recherche et de développement technologique de l’Union européenne (PCRDT). Ces derniers exercent une action intégratrice forte des systèmes de
recherche nationaux avec la mise en œuvre des nouveaux instruments, projets intégrés ou réseaux d’excellence sur des
domaines très ciblés, comme la qualité et la sécurité des aliments ou les relations entre l’agriculture et l’environnement.
Par ailleurs concernant la recherche agricole pour le développement, le dispositif ERA-ARD (voir article, p. 130) et
l’Initiative EIARD (voir article, p. 127) facilitent la concertation entre les pays en particulier au sein du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale.
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Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
La plate-forme de génomique pour le Sud d’AGROPOLIS (1999-2004):
expérimentation d’une formule originale de partenariat
La plate forme de génomique pour le Sud d’AGROPOLIS a expérimenté une collaboration innovante entre les
instituts français, les Centres internationaux du CGIAR et les systèmes nationaux de recherche agricole.
Suggérée par le président du CGIAR, Ismaïl Serageldin, en 1997, l’idée d’utiliser les plates-formes technologiques des pays
développés comme outil de partenariat a attiré l’attention des organismes français et de leurs ministères de tutelle. En 1999,
AGROPOLIS a fédéré une offre française avec des avantages spécifiques significatifs:
• encadrement scientifique: la plate-forme permet un accueil direct au sein d’équipes pluridisciplinaires ayant l’expérience
des agricultures du monde tropical, de leurs plantes et de leurs systèmes de culture - notamment des systèmes complexes
caractéristiques de la petite agriculture familiale;
• intérêt et bénéfices partagés: les recherches, plus fondamentales, des équipes françaises menées sur les plantes tropicales
trouvent, par ces coopérations, une meilleure application et un plus grand impact;
• apprentissage et “transfert de technologie”, mais aussi réelle collaboration scientifique avec les meilleures équipes, pour
permettre aux chercheurs du Sud d’être des acteurs du développement scientifique et technologique et non de “simples utilisateurs”; la plate-forme leur permet notamment de contribuer à l’avancement de leur recherche nationale (et de compléter
leur formation), pas simplement d’apprendre des techniques sophistiquées (sur un tout autre sujet et matériel que le leur)
que pour beaucoup ils n’auront plus les moyens d’utiliser de retour dans leur pays;
• ministères de tutelle et principaux organismes de recherche français ont démontré avec le 2ème appel d’offres de la plateforme AGROPOLIS, qu’il était possible de consolider une offre française, thématique, coordonnée, intégrant et garantissant
à la fois un encadrement optimal et un financement complet de l’accueil dans les laboratoires français.
Cinq projets ont été sélectionnés lors du premier appel à proposition, lancé en 1999. Ils impliquaient quatre centres internationaux de recherche agricole, membres du CGIAR. Les scientifiques participants, pour deux de ces projets, étaient des
chercheurs d’instituts nationaux (Brésil et Côte d’Ivoire). Neuf projets ont été sélectionnés en 2001, à partir de 25 propositions reçues (tableau 1).
Tableau 1. Liste des partenaires des 14 projets sélectionnés dans le cadre des deux appels à propositions de la plate-forme
AGROPOLIS de génomique pour le Sud.
Projet
Plantes ou
matériel
Organismes
français
Centres
internationux
Partenaires du
Sud
2000-1
manioc
UP-CNRS, IRD
CIAT
2000-2
riz
CIRAD
CIAT
2000-3
sorgho
CIRAD
ICRISAT
2000-4
banane
CIRAD
IPGRI
Brésil
2000-5
riz
IRD
WARDA
Côte d’Ivoire
CIAT
2001-1
haricot
INRA
2001-2
arabidopsis
INRA, CNRS
Mexique
2001-3
canne à sucre
CIRAD
IPGRI
Inde, Mexico
2001-4
pois d’Angole
CIRAD
ICRISAT
Inde
2001-5
Bt
CNRS
Tunisie
2001-6
hévéa
CIRAD, INRA
Thaïlande
2001-7
café
IRD
Inde
Afrique du Sud
2001-8
blé
INRA
ICARDA
Maroc
2001-9
banane
CIRAD
IPGRI
Mexique, Inde
B.t. = Bacillus thuringiensis, CIAT = International Center for Tropical Agriculture, CIRAD = Centre de coopération internationale en
recherche agronomique pour le développement, ICARDA = International Center for Agricultural Research in the Dry Areas, ICRISAT =
International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics, INRA = Institut national de la recherche agronomique, IPGRI = International Plant Genetic Resources Institute, IRD = Institut de la recherche pour le développement, UP-CNRS = Université de PerpignanCentre national de la recherche scientifique, WARDA = Africa Rice Center.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 125
Au niveau multilatéral, la France est membre du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) depuis sa création en 1971. La contribution de la France au CGIAR comprend
trois éléments: i) une dotation annuelle au budget des Centres internationaux de recherche agricole
(ii) une contribution en nature correspondant à la mise à disposition de chercheurs et de soutiens
de programmes par les organismes de recherche français dans le cadre de partenariat avec les Centres et, iii) un soutien financier pluriannuel sur projet ciblé sur les Programmes pour relever les défis
par l’intermédiaire de la mise en œuvre de programmes du Fonds de solidarité prioritaire (FSP),
comme Echel-Eau (voir encadré, p. 94). Le soutien de la France au CGIAR traduit la volonté d’aider
à la mise en œuvre effective de la réforme engagée par le CGIAR et de renforcer son ouverture aux
partenariats scientifiques multiples. Au niveau national, la Commission de la recherche agricole internationale (CRAI)
regroupe les ministères et les organismes de recherche pour coordonner la politique française concernant le CGIAR. La
CRAI coordonne les réflexions pour la définition d’un Plan d’action stratégique France-CGIAR à moyen terme permettant
de donner suite au Rapport d’évaluation du Comité national d’évaluation de la recherche (CNER) sur les relations FranceCGIAR dont les conclusions rendues publiques en 2005 faisaient état d’un partenariat trop dispersé.
La France partage avec la FAO la volonté d’œuvrer en faveur du développement durable de l’amélioration de l’agriculture
et de l’alimentation des populations, aussi bien en terme de quantité que de qualité. Elle souhaite contribuer aux efforts engagés pour renforcer les synergies et les complémentarités entre la FAO et les organisations internationales concernées par ces sujets, plus particulièrement le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme
alimentaire mondial (PAM). L’accord cadre entre la FAO et la France a été renouvelé en 2005. Par ailleurs, la France a
marqué son intérêt et plusieurs chercheurs français participent à l’Évaluation internationale des sciences et technologies
agricoles pour le développement (IAASTD) dont les conclusions devraient être connues en 2007.
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Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
2.2 Europe
L’initiative européenne en faveur de la recherche agricole pour le
développement (EIARD)
Groupe de travail d’EIARD1
L’Initiative européenne en faveur de la recherche agricole pour le développement (EIARD) vise à formuler et à appliquer
des politiques européennes cohérentes sur la recherche agricole pour le développement de façon coordonnée aux niveaux
régional et international. Pendant ses dix années d’existence, l’EIARD a apporté nombre de contributions à l’élaboration
des politiques et eu des impacts sur le plan institutionnel et opérationnel. L’un de ses points forts est sa flexibilité et son
mode de fonctionnement auto-organisé.
La proposition d’initiative européenne relative à la recherche agricole internationale pour le développement (Agricultural
research for development ou ARD) a été lancée par la France à l’occasion de la réunion du Conseil de recherche qui
s’est tenue le 29 septembre 1994 et a reçu l’appui de la présidence, (française, à l’époque) de l’Union européenne lors
de la rencontre interministérielle du 9 et 10 février 1995. Le 1er juin 1995, le Conseil du développement a insisté, lui
aussi, sur l’importance de la recherche destinée au développement.
En 1997, le Conseil de l’Europe et le Parlement européen ont publié la communication émanant de la Commission européenne qui définit l’Initiative européenne en faveur de la recherche agricole pour le développement (COM (97)126).
Objectifs
Les objectifs de l’Initiative européenne en faveur de la recherche agricole pour le développement (European initiative
for agricultural research for development ou EIARD) figurent dans le document stratégique d’EIARD pour 2005-2010.
Son but est « une politique européenne cohérente en matière d’ARD exprimée et appliquée de manière coordonnée à
l’échelon international, régional et sous-régional ». EIARD a défini trois domaines d’action pour parvenir à ce but.
n
n
n
La gestion et l’échange de l’information concernant l’ARD en Europe, pour soutenir l’établissement de partenariats
dans l’élaboration de politiques et la recherche.
La formulation de positions européennes sur les questions, les politiques et les stratégies d’ARD définies et appuyées par les membres d’EIARD.
L’aide à la prise de décisions en rapport avec l’ARD par les membres d’EIARD et les organisations internationales,
régionales, sous-régionales et nationales.
Membres et structure d’EIARD
Les membres d’EIARD sont les États membres de l’Union européenne auxquels s’ajoutent la Norvège, la Suisse et la
Commission européenne (DG RTD, DG DEV, DG AIDCO). Chacun des membres s’est doté d’un réseau national EIARD
composé de personnes investies d’un pouvoir de décision en ARD au sein des ministères et services compétents de
l’administration, ainsi que de leurs conseillers. La coordination de chaque réseau national EIARD est assurée par un
point national de contact. Les réseaux nationaux regroupent plus de 200 personnes.
Dans son sens le plus large, la recherche agricole pour le développement (ARD) correspond à la recherche qui analyse les défis agricoles
auxquels se trouvent confrontés pays en développement, pays émergents et pays en transition. Elle englobe la recherche, au plan biologique,
économique et social, sur la production, l’entreposage, le conditionnement et la vente des récoltes, arbres, fourrage sec et vert, le bétail et la
pisciculture, la gestion des ressources naturelles, l’élaboration de politiques, la diffusion, le transfert et l’application du savoir, le renforcement
des capacités, la mise en œuvre des résultats à plus grande ou à plus petite échelle ainsi qu’à la distribution et à la mise à contribution des
produits de la recherche.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 127
La mise en œuvre d’EIARD est confiée à un Groupe de coordination européen (European Coordination Group ou ECG) qui
comprend des représentants des bailleurs de fonds en faveur de l’ARD qui ont été nommés par leurs administrations res­
pectives et par la Commission européenne. L’ECG est donc comptable à la fois devant les pouvoirs publics des pays membres d’Europe, le Conseil des ministres de l’Union européenne et le Parlement européen, par le biais de la Commission.
Un groupe de travail (Working Group ou WG), de plus petite taille que l’ECG, veille au déroulement des activités courantes d’EIARD et fait office de comité directeur. Il se réunit environ quatre fois par an et est comptable devant l’ECG, qui
se retrouve en réunion plénière une fois par an. Le groupe de travail reçoit l’appui de groupes de coordination ad hoc et
d’experts qui formulent des positions sur des questions déterminées, aux fins d’approbation par le groupe de travail et,
finalement, par l’ECG.
Un Secrétariat exécutif EIARD est assuré par l’un des pays membres et accueilli par la Commission européenne (DG
RTD). Le Secrétariat exécutif assume la gestion courante d’EIARD.
EIARD est donc une plateforme informelle de coordination de politique, qui opère en dehors des procédures courantes
de « comitologie », en vigueur dans l’Union européenne. Son efficacité provient de ses représentants dans les pays et du
fait de la légitimité que lui confèrent le Conseil et le Parlement européen.
Réalisations
Impacts institutionnels
Au nombre des impacts institutionnels d’EIARD, citons son concours aux créations suivantes:
n Forum européen sur la recherche agricole pour le développement (European forum on agricultural research for development EFARD) et ses forums nationaux constituants.
n
n
n
n
n
n
ARD-InfoSys+, système de gestion d’informations ARD pour l’Europe.
Organisations axées sur l’ARD à l’échelon régional (comme le Forum pour la recherche agricole en Afrique [FARA])
et sous-régional (comme l’Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique orientale et centrale
(Association for Strengthening Agricultural Research in Eastern and Central Africa [ASARECA]) et du Conseil ouest
et centre africain pour la recherche et le développement agricole [CORAF]).
Forum mondial sur la recherche agricole (Global Forum on Agricultural Research ou GFAR).
Fonds fiduciaire mondial pour la diversité des cultures (Global Crop Diversity Trust ou GCDT), soit une enveloppe
de 250 millions de dollars pour financer de manière durable les principales collections de ressources phytogénétiques.
Réseaux européens de recherche thématique, comme IPM-Europe (Integrated pest management ou lutte intégrée
contre les ravageurs), BUROTROP (cultures oléagineuses), ETFRN (forêts tropicales) et le groupe de recherche sur
l’élevage qui regroupe plusieurs agences.
Projet « European Research Area — Agricultural Research for Development » (ERA-ARD), financé par la Commission européenne dans le cadre du sixième Programme cadre de recherche, dont l’objectif est d’améliorer la synergie
entre les programmes d’ARD des pays européens.
Représentant le plus important groupe de donateurs pour le financement du CGIAR, EIARD a soutenu l’initiative de réforme du système CGIAR et accompagné le processus de changement en préparant des notes et positions, et en assurant
ses mandats de représentation au sein des organes de gouvernance du CGIAR.
Impacts politiques
S’agissant de l’élaboration de politiques, la contribution d’EIARD a pris, entre autres, les formes suivantes:
n Elaboration d’« une stratégie 2005-2010 pour EIARD » (2004), qui énonce un cadre stratégique pour les investissements des ses membres en matière de soutien à l’ARD.
n
n
128
Préparation de documents intitulés « Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) — Repères stratégiques » (2000) et « Mise en œuvre de la stratégie de la Commission pour le CGIAR » (2000), en vue
d’éclairer la Commission européenne dans le soutien financier qu’elle apporte au CGIAR.
Contributions des membres d’EIARD en vue de mener à bien les négociations relatives à l’Initiative internationale
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
sur les ressources phytogénétiques et au Traité international ultérieur concernant les ressources phytogénétiques destinées à l’alimentation et à l’agriculture.
n
Avis des membres d’EIARD sur la caractérisation des dimensions internationales du cinquième,
sixième et septième Programmes cadre de recherche de l’Union européenne.
Impacts opérationnels
Les membres d’EIARD:
n Octroient plus de la moitié du soutien des donateurs au profit de l’ARD au niveau mondial.
n
n
n
n
n
n
n
Continuent à sensibiliser les décideurs au sujet des contributions essentielles que l’ARD apporte à la sécurité alimentaire et à l’éradication de la pauvreté.
Maintiennent le soutien cumulé en Europe envers l’ARD à un niveau qui est resté plus ou moins constant, ces cinq
dernières années.
Fournissent 44% du financement du CGIAR.
Ont apporté leur contribution à l’élaboration et à la récente mise en place par le CGIAR des « Programmes pour relever les défis » (Programmes entre partenaires multiples, délimité dans le temps, international et interdisciplinaire
sur des problèmes de portée mondiale ou régionale qui se prêtent à la recherche).
Encouragent les changements programmatiques et institutionnels au sein du CGIAR, à travers leur participation active aux groupes de réflexion chargés d’étudier et de recommander de tels changements, puis aux délibérations en
la matière des organes de décision du CGIAR.
Appuient le GFAR ainsi que ses organisations régionales et sous-régionales dans leurs activités de concertation et
de coordination.
Ont accru le soutien de l’Europe à ces organisations, ces dernières années.
Conclusion
EIARD a maintenant dix ans, ce qui est une période suffisamment longue pour s’efforcer de tirer quelques enseignements sur ce mécanisme de coordination original.
Les deux points forts d’EIARD sont sa flexibilité et son fonctionnement basé sur la participation volontaire des pays
membres et de la Commission. Un troisième est la conviction que l’Europe parlant d’une seule voix est bien mieux entendue qu’à travers l’addition des voix de ses membres s’exprimant individuellement.
Les enseignements tirés nous indiquent que le renforcement des capacités en recherche agricole pour le développement
ne peut se cantonner à la formation des chercheurs; il est d’une importance cruciale que leurs institutions puissent faire
un usage optimal de leurs compétences. Ce qui suppose non seulement de la fiabilité dans le financement, l’infrastructure
et les outils mais aussi la faculté d’accéder à l’information et de se positionner dans la sphère internationale.
L’isolement est un frein à la recherche n’importe où dans le monde et il n’y a guère de doute que la dimension internationale que l’Espace européen de la recherche (European research area ou ERA) confère à l’ARD puisse contribuer à
surmonter cette difficulté.
Les chercheurs des pays d’Europe et du Sud ont une multitude de buts, de problèmes, de défis et d’occasions à saisir en
commun; la dimension internationale de l’Espace européen de la recherche, si elle n’est pas une condition « suffisante »,
est sans aucun doute indispensable à cette collaboration.
1
Le groupe de travail d’EIARD se compose de représentants de la Commission européenne, de l’Espagne, de la Finlande, de la France, de l’Italie,
de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède et de la Suisse. Le groupe de travail d’EIARD est animé par la présidente d’EIARD,
la représentante de l’Italie, Dr Marina Puccioni de l’Istituto Agronomico per l’Oltremare, installé à Florence, en Italie.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 129
Contribution française à la construction de l’Espace européen
de la recherche agricole pour le développement
Christian Hoste 1 et Jean-Luc Khalfaoui 2
Pendant la dernière décennie, l’Europe a accompli des progrès sur le plan de la création de réseaux et de forums pour
coordonner sa recherche agricole pour développement aux niveaux des politiques, des programmes et des projets. Des
progrès ont également été réalisés en matière d’établissement de liens avec les forums de recherche du Sud, tout particulièrement avec l’Afrique. Par ailleurs, dans le domaine de la recherche agricole internationale, l’Europe acquiert une
influence qui correspond plus étroitement à ses importantes contributions financières.
La Commission européenne, avec la mise en œuvre du sixième Programme cadre de recherche et de développement
technologiques (PCRDT) en 2002, a décidé d’accélérer la construction de l’ « Espace européen de la recherche » (EER).
L’enjeu pour les États membres de l’Union européenne qui soutiennent financièrement et/ou scientifiquement la « Recherche agricole pour le développement » (Agricultural research for development ou ARD) a donc été (et est toujours)
de positionner l’ARD au sein de l’EER. Les objectifs recherchés sont triples: i) une reconnaissance de ce domaine de
recherche au niveau européen; ii) un soutien financier ciblé accru; iii) une meilleure coopération et coordination des
contributions des États membres et de la Commission européenne à l’ARD pour en augmenter l’efficacité et permettre à
l’Europe de jouer pleinement son rôle dans le système mondial de l’ARD qui est en cours de construction.
Cet effort de coordination entre les États membres, et avec la Commission européenne n’est pas une nouveauté puisqu’il
a débuté au milieu des années 90, avec le lancement du Forum mondial de la recherche agricole (GFAR), dans lequel
l’Europe, et la France en particulier, ont joué un rôle majeur.
La France est, pour des raisons tant historiques que socio-économiques et culturelles, l’État européen qui investit le
plus, et de très loin, dans l’ARD. Cela explique qu’elle ait pris de nombreuses initiatives et joue un rôle moteur pour
favoriser l’émergence de la composante ARD au sein de l’EER. Ces initiatives ont fortement contribué à la mise en place
du dispositif de coordination présenté ci-dessous. Dans cette dynamique, le rôle joué par la Commission, à la fois intellectuellement et financièrement, a été constant et essentiel.
Les spécificités de l’ARD au sein de l’EER
Dans le cadre de la construction de l’EER, la Commission européenne reconnaît trois niveaux de coordination: les politiques, les programmes et les projets de recherche. Dans les États membres, l’ARD impliquant le plus souvent trois
ministères (Recherche, Agriculture et Affaires étrangères) et ceux-ci intervenant à plusieurs niveaux, la distinction entre,
et au sein de ces trois niveaux, tant au niveau national qu’européen n’est pas toujours aisée.
Une deuxième « originalité » de l’ARD au sein de l’EER est qu’il s’agit d’organiser et de coordonner les ressources (humaines, financières et infrastructures) existant en Europe pour les mettre au service de pays tiers, principalement les
plus pauvres de la planète et non pas directement au service de l’Europe.
Une dernière particularité de l’ARD est que la composante « recherche » ne peut être dissociée d’une composante
« développement des compétences » et qu’elle implique impérativement de multiples acteurs tant dans la définition des
programmes que dans leur exécution ou leur suivi et les études d’impact.
Les principaux mécanismes de coordination de l’ARD au niveau européen
En dix ans, le dispositif de coordination européen de l’ARD a peu à peu été construit par les États membres, avec
l’implication et le soutien actif de la Commission (DG Recherche, Développement et AIDCO), en ciblant chacun des trois
niveaux d’intervention.
130
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
La coordination au niveau des politiques: EIARD (1995)
La coordination du niveau politique a été logiquement la première à être recherchée. Proposée
par la France au Conseil de la recherche du 29 septembre 1994, « Initiative européenne pour la
recherche agricole internationale » (EIARD) a été officialisée en 1997 par la communication de
la Commission au Conseil et au Parlement européen (voir article, p. 127). La France a assuré la
présidence tournante d’EIARD de 1995 à 1996 et de 2000 à 2002 et en assure actuellement le
secrétariat exécutif.
Le mandat de coordination d’EIARD, tel que décrit dans la communication de la Commission est en fait très large
puisque qu’il couvre l’ensemble des trois niveaux (politiques, programmes, projets). EIARD s’est donc efforcé au cours
des années à assurer son rôle au niveau de la coordination des politiques et à favoriser la mise en place des instruments
européens de coordination aux deux autres niveaux. C’est le cas de la coordination de l’ensemble des acteurs européens
de l’ARD, au travers d’EFARD, et des programmes des États européens, au travers d’ERA-ARD.
Un élément essentiel pour améliorer la coordination des acteurs a été la mise en place, à l’initiative d’EIARD, d’un
système d’information spécialisé, ARD-InfoSys+ (http://www.infosysplus.org). Il intègre maintenant les activités européennes, notamment grâce à ERA-ARD et les réseaux africains du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA).
(Pour en savoir plus: http://fara.infosysplus.org)
La coordination de l’ensemble des acteurs européens de l’ARD: EFARD (1997)
EFARD est le Forum européen de la recherche agricole pour le développement. Il a été lancé en 1997 à Montpellier
pour répondre aux attentes et participer activement aux activités du Forum mondial de la recherche agricole (GFAR).
EFARD offre une plateforme permettant un dialogue stratégique entre les différents acteurs européens de l’ARD afin de
promouvoir des partenariats de recherche entre acteurs européens et acteurs du Sud. Toutes les catégories d’acteurs sont
parties prenantes d’EFARD: universités, institutions de recherche, secteur privé, organisations non gouvernementales,
organisations de producteurs et décideurs politiques. Tous les pays de l’Union européenne plus la Norvège et la Suisse
en sont membres. EFARD s’appuie sur des forums nationaux indépendants, qui sont à des niveaux de développement
encore très variables.
La mission d’EFARD est de renforcer la contribution de l’ARD européenne aux trois grands défis mondiaux que sont: i)
la réduction de la pauvreté et la lutte contre la faim; ii) la sécurité alimentaire; et iii) la garantie d’un développement
durable. EFARD suit les grands principes du GFAR et contribue à la mise en œuvre de son plan d’actions en partenariat
avec les forums régionaux du Sud. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’une de ses conférences triennales à Rome en 2002,
EFARD a établi, en étroite consultation avec les forums du Sud, une liste de programmes prioritaires de recherche à
exécuter conjointement qui font actuellement l’objet d’un réexamen dans le cadre du projet ERA-ARD présenté ci-dessous. (Pour en savoir plus: http://www.efard.org)
La coordination au niveau des programmes: ERA-ARD (2005)
ERA-ARD (European Research Area — Agricultural Research for Development) est un projet financé par la Commission
européenne, qui a pour ambition de renforcer la coopération et la coordination entre les responsables des programmes
nationaux européens de recherche agricole pour le développement. Le CIRAD, France, en est le coordonnateur. 14 États
membres (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Italie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne,
Royaume-Uni, Slovénie, Suisse) sont engagés dans ce projet qui dispose d’un budget total de près de 3,5 millions
d’euros sur quatre ans. Ce projet a débuté en avril 2005.
Quatre grandes catégories d’activités sont programmées dans le cadre de ce projet: i) échange systématique d’informations
et de bonnes pratiques sur les programmes existants; ii) mise en évidence et analyse de questions stratégiques d’intérêt
commun; iii) élaboration d’activités conjointes entre programmes nationaux ou régionaux; et iv) mise en œuvre d’activités
de recherche transnationales.
Après un an d’existence, les membres d’ERA-ARD ont une meilleure compréhension de ce qu’est l’ARD dans chaque
État membre participant, disposent d’une première cartographie des principaux programmes et de leurs modes de gouvernance et sont en train d’identifier les programmes ou sous-programmes qui bénéficieraient le plus d’une coordination
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 131
accrue et de la mise en œuvre d’activités conjointes et/ou transnationales. (Pour en savoir plus: http://www.era-ard.org)
La coordination au niveau des projets
La coordination au niveau des universités spécialisées en agriculture pour le développement: NATURA (1994)
NATURA est le « Network of European Agricultural (Tropically and Subtropically Oriented) Universities and Scientific
Complexes Related with Agricultural Development » créé en octobre 1988 et enregistré en tant qu’association internationale depuis novembre 1994. NATURA est actuellement composé de 28 membres provenant de toute l’Europe.
Ses objectifs sont de: i) développer des actions concertées dans le domaine de l’agriculture, de la foresterie, de
l’alimentation et de la nutrition humaine ainsi que de la médecine vétérinaire tropicales et sub-tropicales entre les
institutions européennes membres et des partenaires dans les pays en développement; ii) faciliter l’accès des pays en
développement aux connaissances européennes; iii) promouvoir le renforcement institutionnel des universités et des
centres de recherche partenaires dans les pays en développement; iv) mieux cibler le potentiel scientifique et technique
des membres de NATURA; et v) mobiliser les fonds permettant d’atteindre ces objectifs.
Parmi les activités récentes de NATURA, on peut citer: i) une initiative conjointe avec l’ICRA pour renforcer les compétences dans le cadre d’un partenariat renouvelé pour une approche intégrée de l’ARD en Afrique sub-saharienne; ii)
une proposition de projet au programme Marie Curie du sixième Programme cadre de la commission européenne; et iii)
la formulation et mise en œuvre d’un projet de Master européen ERASMUS-MUNDUS sur le développement durable en
agriculture. (Pour en savoir plus: http://natura.czu.cz.)
La coordination au niveau des organismes recherche: ECART-GEIE (2004)
ECART est le « European Consortium for Agricultural Research for the Tropics », créé en 1992 et établi en tant que
Groupement européen d’intérêt économique (GEIE) en novembre 2004. Il a pour mandat de mieux coordonner la recherche européenne et de faciliter l’accès aux compétences et au savoir-faire européens dans le domaine de la recherche
agricole pour le développement (ARD). Le GEIE est composé de six institutions de recherche de cinq États membres
(France: CIRAD et IRD; Italie: IAO; Pays-Bas: WUR; Portugal: IICT; et Royaume-Uni: NRI) et regroupe plus de 1 600
scientifiques et agents techniques. Il est hébergé par le CIRAD à Paris, qui en assure la direction.
ECART-GEIE réalise chaque année, en partenariat avec NATURA, l’évaluation des projets de recherche du CGIAR financés par la Commission européenne. Il est également responsable, pour le compte du Forum africain de la recherche
agricole (FARA), des études d’impact du « Programme pour relever les défis » du CGIAR sur l’Afrique sub-saharienne.
ECART développe également un partenariat avec la FIPA (Fédération internationale des producteurs agricoles) avec
laquelle il compte lancer un projet pour renforcer le pouvoir des producteurs sur les marchés et un projet sur la gestion
des risques pour l’agriculture familiale. (Pour en savoir plus: http://www.ecart-eeig.org)
Implications au niveau du partenariat avec le CGIAR
Historiquement, le soutien au CGIAR a été le premier des dossiers d’ARD à faire l’objet d’une concertation entre les européens. Ce sont d’ailleurs les donateurs publics européens au CGIAR qui constituèrent les membres fondateurs d’EIARD
en 1995. L’objectif politique de cette coordination est de permettre à l’Europe de peser dans le système du CGIAR un
poids politique équivalent à son poids financier, puisque l’Europe constitue de très loin le premier donateur du CGIAR
avec environ 45 % de son budget total, et d’y développer sa contribution intellectuelle en terme de recherche.
Si ce rééquilibrage est toujours en cours, en dix ans, l’Europe a indiscutablement réussi au travers d’EIARD, à se faire
reconnaître et entendre au sein du CGIAR. Elle y défend des approches de la recherche agronomique différentes, en
particulier plus systémiques, plus en phase avec la demande des pays en développement et plus partenariales dans leur
mise en œuvre.
Parmi les acquis récents du CGIAR pour lesquels l’action des Européens a été déterminante, on peut citer la mise en
place des « Programmes pour relever les défis » (« Challenge Programs »). Une illustration de l’orientation impulsée par
les Européens aux « Programmes pour relever les défis » est la décision de la Commission européenne de financer, à travers le GFAR, la mise en place d’un « Comité des partenaires » du Programme « Génération », qui associe des représentants des associations de producteurs, et des ONG de la recherche du Sud et du Nord, afin de conseiller le Programme
132
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
en matière de pertinence des objectifs de recherche par rapport aux besoins de développement, de communication,
d’accessibilité et de diffusion des résultats.
Une avancée récente du CGIAR, pour laquelle l’impulsion des Européens a également été essentielle, est la réforme en
cours de l’intervention du CGIAR en Afrique.
Conclusions
Cela fait une dizaine d’années que les différents acteurs de l’ARD au niveau européen ont pris conscience de la nécessité de mettre en place des mécanismes de coordination. Ces mécanismes se sont d’abord construits par communauté
d’intérêt (par exemple décideurs politiques, universités, organismes de recherche, etc.). Ce n’est que très récemment
qu’une réflexion s’est engagée pour mettre en place quelques chaînons manquants (par exemple, ERA-ARD au niveau
des programmes) et préciser l’articulation entre ces différents mécanismes de coordination. Il s’agit donc d’un travail
de longue haleine, aux résultats significatifs mais encore fragiles et incomplets. Il s’inscrit dans le grand chantier de la
construction européenne.
La France et notamment le CIRAD, son organisme de recherche dédié à la recherche agricole pour le développement,
ont joué un rôle important dans la construction de ces différents mécanismes de coordination de l’ARD et s’efforcent de
les consolider et de mieux les articuler au niveau européen.
Au niveau des partenaires du Sud, le développement de mécanismes de coordination similaires est en plein essor,
notamment en Afrique. La coordination entre l’Europe et les partenaires du Sud demande encore beaucoup d’attention
mais progresse rapidement. L’exemple le plus récent en est la mise en place d’une alliance stratégique entre EFARD,
représenté par ECART et NATURA, et FARA le forum africain, que la Commission européenne vient d’accepter de soutenir financièrement.
En ce qui concerne la coordination entre l’Europe et les Centres de recherche internationaux du CGIAR, elle progresse
également de manière significative, notamment grâce à une mobilisation des chercheurs européens au sein des « Programmes pour relever les défis » mis en place par le CGIAR avec un appui fort de l’Europe.
Tous ces efforts de coordination justifient le fait que l’ARD est souvent considérée comme étant, au sein des différents
domaines de recherche pour le développement, celui qui est le mieux organisé au niveau mondial par ses différents
acteurs (institutions de recherche, ministères et agences gouvernementales, organisations de la société civile, secteur
privé). Elle pourrait à ce titre constituer un modèle de gouvernance intéressant pour d’autres secteurs de recherche, tel
que celui de la recherche médicale.
Le prochain défi à relever sera celui de l’articulation entre la recherche agricole européenne traitant des problématiques
plus spécifiquement européennes et la recherche agricole européenne dédiée aux questions de développement. Dans un
monde « globalisé » où beaucoup de questions auxquelles la recherche doit répondre concernent l’ensemble des acteurs
et des continents, des convergences doivent être très rapidement recherchées.
1
CIRAD (Direction des relations européennes et internationales), Directeur d’ECART-GEIE et Coordonnateur d’ERA-ARD
2
CIRAD (Expert national détaché auprès de la Commission européenne), Secrétaire exécutif de l’Initiative européenne pour la recherche agricole
internationale (EIARD)
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 133
2.3 Multilatéral
Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
(CGIAR)
Les Centres internationaux de recherche agricole du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR)
conduisent des recherches créatrices de biens publics mondiaux. À mesure que le CGIAR s’est développé et complexifié
après sa création en 1971, le Groupe, de caractère informel, a entrepris à l’initiative de ses membres, d’améliorer son
fonctionnement et la cohérence de son action. Le programme de réforme lancé en 2001, a notamment permis que le
CGIAR se dote d’une charte qui définit les rôles, les responsabilités et les fonctions des composantes du système.
Le CGIAR est une alliance stratégique de pays, d’organisations internationales et régionales et de fondations privées
qui soutient un réseau de 15 Centres internationaux de recherche agricole (CIRA) ayant vocation à collaborer avec des
systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA), les associations de la société civile et le secteur privé.
Depuis la création du CGIAR en 1971, les Centres illustrent de façon probante l’importance de l’effet multiplicateur
de l’investissement dans la recherche agricole internationale, menée en collaboration. En effet, une étude récente du
Comité permanent d’évaluation des impacts du CGIAR, a établi qu’un investissement de 1 $ dans le système entraîne
un accroissement supplémentaire de 9 $ de la production agricole des pays en développement.
Le CGIAR a pour mission de renforcer la sécurité alimentaire, de faire reculer la pauvreté et de protéger l’environnement
dans les pays en développement grâce à la recherche scientifique et aux activités connexes dans les domaines de
l’agriculture, de l’élevage, de la sylviculture, des pêches, des politiques et de la gestion des ressources naturelles.
Le réseau de Centres internationaux de recherche agricole est le bras opérationnel du CGIAR. Grâce au soutien financier
des membres du CGIAR et d’autres bailleurs de fonds, les Centres mènent des recherches qui contribuent à augmenter
le revenu des personnes démunies dans les pays en développement, sans que l’environnement en pâtisse. Les résultats
de ces recherches qui tirent parti à la fois de la connaissance scientifique la plus élaborée et de l’expérience et des savoir
faire locaux, sont des biens publics mondiaux à disposition de tous.
Parrains et fondateurs
Le CGIAR est coparrainé par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture
Organization ou FAO), la Banque mondiale (Banque internationale pour la reconstruction et le développement), le Fond
international pour le développement de l’agriculture (FIDA) et le Programme des nations unies pour le développement
(PNUD).
Les trois coparrains de départ (FAO, PNUD et Banque mondiale) ont démontré une détermination sans faille en créant
le Groupe consultatif comme un instrument destiné à appuyer la recherche agricole à travers le monde. Leur but et celui
des autres fondateurs du CGIAR était d’élargir au delà de l’Asie les succès de la recherche agricole internationale qui
ont permis des récoltes record de nouvelles variétés de riz et de blé éloignant la famine qui menaçait cette région à la
fin des années 60.
La première réunion officielle du CGIAR a eu lieu le 19 mai 1971, sous l’égide de Richard H. Demuth, directeur du
département des services de développement à la Banque mondiale. Depuis lors, la Banque mondiale continue à offrir
au CGIAR un président, un directeur et un secrétariat. Elle est aussi une base stable de son financement. Le président
du CGIAR, qui est généralement un vice-président de la Banque mondiale, est choisi par le président de la Banque
mondiale. Le directeur du CGIAR, qui est recruté à l’issue d’une procédure de sélection internationale, fait office de
président-directeur général et dirige le secrétariat du CGIAR.
134
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
En plus des coparrains de départ, le CGIAR compte les autres membres fondateurs suivants (par ordre alphabétique):
l’Allemagne (anciennement République fédérale d’Allemagne), la Banque africaine de développement, la Banque interaméricaine de développement, le Canada, le Centre international de recherches sur le développement, le Danemark,
les États-Unis, la Fondation Ford, la Fondation Kellog, la Fondation Rockfeller, la France, la Norvège, les Pays-Bas, le
Royaume-Uni et la Suède.
Évolution du système du CGIAR
Le CGIAR a commencé par apporter son appui à quatre centres internationaux de recherche agricole qui avaient été
créés par les Fondations Ford et Rockefeller: le CIAT (implanté en Colombie et axé sur l’agriculture tropicale) et le CIMMYT (situé au Mexique et cherchant à améliorer le maïs et le blé), l’IITA (installé au Nigeria et s’intéressant aussi à
l’agriculture tropicale) et l’IRRI (dont le siège se trouve aux Philippines et les recherches portent sur l’amélioration des
variétés de riz). Au fil des ans, le nombre des adhérents au groupe a augmenté, tout comme le nombre de centres et les
projets de recherche se sont diversifiés.
Le CGIAR a été établi pour servir, à la fois, de mécanisme de coordination des politiques et des actions des bailleurs de
fonds et de forums de discussion. Fidèle à sa structure informelle, le CGIAR a été créé sans charte, normes de procédures ou jeu de conditions et de formalités d’adhésion. Les membres fondateurs ont estimé que la prise de décisions par
voie de vote aurait un caractère trop formel, lui préférant la formule du consensus.
Au fur et à mesure que le groupe gagnait en envergure, les projets du CGIAR augmentaient en nombre et les recherches
entreprises se complexifiaient. C’est alors qu’apparut la nécessité de structure et de cohérence. Plusieurs unités du
CGIAR ont alors adopté des lignes directrices, termes de références et règles de procédure. La toute dernière initiative
dans ce sens a été le Programme de réforme du CGIAR, qui a été lancé en 2001. Le résultat est que, désormais, le
CGIAR dispose d’une charte qui énonce les rôles, les responsabilités et les fonctions de ses grandes composantes. Les
documents relatifs à ce programme de réforme peuvent être consultés en accédant à la base de données de la collection
centrale du CGIAR (www.cgiar.org, cliquer sur « Search »).
Structure et gouvernance
Le système du CGIAR est un réseau constitué d’institutions indépendantes dédiées à la même mission et entretenant
des contacts réguliers. Il se compose des institutions suivantes:
n
le CGIAR;
n
le Conseil scientifique;
n
quinze Centres internationaux de recherche agricole.
L’Assemblée générale annuelle des membres (Annual General Meeting ou AGM) est l’organe décisionnel du système.
Le Conseil d’administration (Executive Council ou ExCo) oriente, par délégation de l’AGM, les travaux des différentes
composantes du Groupe consultatif. Il comprend des représentants des différents partenaires, des Comités permanents
et du bureau du système. Le Conseil d’administration facilite la prise de décisions au sein du Groupe et contrôle leur
Caractéristiques des priorités de recherche du CGIAR pour 2005–2015
Recherche sur les problèmes majeurs qui se posent à long terme.
Élaboration de contributions spécifiques concourrant aux objectifs de développement pour le Millénaire.
Recherche pour le développement — et non pour le développement en soi.
Accent explicitement mis sur la création de revenus chez les pauvres.
Nouvelles approches participatives pour les recherches sur les fruits et légumes.
Recherche sur les échanges, les marchés et la sécurité alimentaire.
Focalisation des recherches sur la sécheresse, l’acidité des sols et le stress du aux variations de température.
Application des techniques de la biologie moléculaire moderne.
Approches intégrées en matière de gestion des ressources agricoles et naturelles.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 135
application en formulant des recommandations, compte tenu de l’analyse d’informations recueillies par le biais de mécanismes de surveillance variés.
Au nombre des mécanismes de surveillance, à l’échelle du système, figure la Revue externe de programme et de gestion
(External Program and Management Reviews ou EPMR) qui est un bilan quinquennal de l’efficacité des programmes
de recherche menée par les Centres, de leur gouvernance et de leur gestion. Un autre mécanisme est le plan tournant,
à moyen terme, sur trois ans (MTP) pour chaque Centre, dans lequel figure les résultats attendus et les objectifs des
programmes de recherche. Ces plans sont présentés au CGIAR aux fins de discussion, de modification et d’approbation
finale. Dernièrement, le CGIAR a mis en place un système de mesure de la performance au terme duquel chaque Centre
doit rendre compte, tous les ans, de ses programmes de recherche et de sa gouvernance, selon un canevas commun et
un jeu d’indicateurs convenu.
Le Conseil d’administration reçoit les avis du Conseil scientifique sur les questions intéressant la recherche axée sur le
développement. La mission globale du Conseil scientifique, organe indépendant et consultatif, est de promouvoir et de
renforcer la qualité, la pertinence et l’impact des sciences sur le système CGIAR, de manière à ce qu’il poursuive, avec
plus d’efficacité, les missions de la recherche agricole internationale. Quatre Comités permanents qui travaillent respectivement sur l’évaluation de l’impact, la mobilisation de la science, la gestion et l’évaluation, les priorités et la stratégie,
sont associés au Conseil scientifique.
Les quinze Centres internationaux de recherche agricole sont des organismes indépendants qui ont, chacun, leur charte,
conseil d’administration international, directeur général et effectifs propres.
Le système du CGIAR bénéficie aussi de services importants de la part du bureau du système. Il s’agit d’un mécanisme
virtuel destiné à parfaire la coordination entre diverses unités de service centrales qui œuvrent à l’appui des Centres, des
membres et d’autres parties intéressées. Le secrétariat du CGIAR, qui est l’unité de service principale, offre un point foca­
lisant les relations avec les partenaires extérieurs, dont les personnes ayant pouvoir de décision au sein de l’administration,
les scientifiques qui travaillent pour les secteurs public et privé, les organisations de la société civile et le grand public.
Parmi les autres unités du système du CGIAR, citons: i) le Service consultatif central pour la propriété intellectuelle, ii)
le Programme Technologie de l’information et des communications – Gestion du savoir, iii) le Bureau de l’Alliance, iv) le
Programme de promotion de la parité entre sexes et de la diversité, v) le Service consultatif stratégique pour les ressources
humaines, vi) l’Unité d’audit interne, vii) l’Unité des médias et viii) le Secrétariat du Conseil scientifique.
Un système complet de recherche agricole en partenariat
À ce jour, plus de 8 500 scientifiques du CGIAR et autres employés des Centres soutenus par le CGIAR travaillent dans
une centaine de pays. Treize de ses centres sont installés dans des pays en développement. En conférant une priorité
toute particulière à l’Afrique, les Centres apportent une contribution majeure aux efforts menés pour parvenir aux objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) par le biais de partenariats de recherche. Le Groupe consultatif souscrit
également aux grandes conventions internationales, dont celles sur la biodiversité, les changements climatiques et la
désertification.
Les recherches menées sous les auspices du CGIAR portent sur chaque composante du secteur agricole et mettent
l’accent sur les cinq thèmes ci-après:
n
n
n
n
n
136
Gestion durable des récoltes, de l’élevage, des zones de pêche, des forêts et des ressources naturelles.
Renforcement des systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) au moyen de recherches conjointes, d’appui à
la politique, de formation et de partage du savoir.
Amélioration du germoplasme pour les plantes, le bétail, les arbres et les poissons.
Conservation du germoplasme, dont la collecte, la caractérisation et l’entretien du patrimoine génétique; le CGIAR est
le dépositaire public de l’une des plus grandes collections de graines au monde, qui est à la disposition de tous.
Politiques publiques; le CGIAR encourage la recherche sur les politiques concernant l’agriculture, l’alimentation, la
santé, la diffusion des technologies et la gestion des ressources naturelles.
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
Nouvelles priorités de recherche
Des forces de changement puissantes agissent sur le travail du CGIAR, dont les défis de sécurité
alimentaire en évolution constante, l’urbanisation, la mondialisation, la participation accrue du
secteur privé aux recherches agricoles et le souci international d’assurer la gestion durable des
ressources naturelles. Sur cette toile de fond, le CGIAR vient de formuler un nouvel ensemble de
priorités, en consultation étroite avec les parties intéressées et sous l’égide de son Conseil scientifique. Cette démarche répond à un dessein à long terme du CGIAR, en tant que fournisseur de biens
publics internationaux, à l’aide de recherches agricoles destinées à faire reculer la pauvreté.
Les cinq domaines prioritaires suivants ont été définis:
n
Pérenniser la biodiversité pour les générations actuelles et à venir.
n
Produire des aliments meilleurs, en plus grande quantité et à moindre coût, grâce aux améliorations génétiques.
n
n
n
Faire reculer la pauvreté en milieu rural grâce à la diversification agricole et à l’émergence de nouveaux créneaux
pour les denrées de base et les produits de grande valeur.
Promouvoir la lutte contre la pauvreté et la gestion durable des ressources hydriques, foncières et sylvicoles.
Améliorer les politiques et œuvrer à l’appui de l’innovation institutionnelle, pour une politique de réduction durable
de la pauvreté et de la faim.
Ces priorités ont été définies en fonction de trois critères: i) impact attendu, ii) capacité de la recherche à produire un
bien public international et iii) existence d’autres sources pour obtenir ces résultats. Le CGIAR envisage de déléguer
progressivement certaines recherches de terrain aux SNRA, en prenant soin de renforcer les capacités des partenaires
en Afrique sub-saharienne.
Le CGIAR poursuit ses objectifs de recherche agricole pour le développement au moyen des Programmes propres de ses
Centres, d’initiatives étendues à tout son système, de Programmes écorégionaux et des Programmes pour relever les défis.
Les Programmes pour relever les défis (Challenge Programs)
Depuis 2003, le CGIAR a lancé quatre Programmes pour relever les défis. Il s’agit de projets de recherche à impact fort
qui s’attèlent à l’étude de défis majeurs du développement mondial, fonctionnent sur la base d’un partenariat de grande
ampleur et facilitent la recherche participative. Dispositifs importants contribuant aux ODM, ces programmes offrent une
nouvelle option attrayante pour de nouveaux investissements dans les recherches du Groupe (38 millions de dollars en
2004). Quatre Programmes sont en cours de réalisation:
n
n
n
n
Programme HarvestPlus. Le programme se focalise sur la mise au point de semences « biofortifiées » des plantes
vivrières en vue d’accroître l’apport en micronutriments, notamment en fer, zinc et vitamine A. L’amélioration micronutritionnelle des plantes cultivées par les agriculteurs permet d’offrir une alternative durable à la distribution
de suppléments vitaminés, qui doivent être fournis, à grands frais, d’une année à l’autre.
Programme Eau et alimentation. Le programme articule les efforts de 150 organisations partenaires qui travaillent
à l’amélioration de la productivité de l’eau en agriculture dans neuf des grands bassins hydrographiques du monde
en développement.
Programme Génération. Le programme est centré sur l’amélioration de la diversité des plantes du monde pour
fournir aux agriculteurs des semences qui tolèrent davantage la sécheresse.
Programme Afrique sub-saharienne. Le programme est mené en collaboration avec les communautés rurales de
plusieurs « pôles d’apprentissage » clés, en vue de montrer comment les compétences scientifiques des experts
combinées à la connaissance des agriculteurs peuvent, de concert, déboucher sur la formulation de solutions pratiques destinées à renforcer la sécurité alimentaire, permettre aux producteurs d’accéder aux marchés et améliorer
la gestion des ressources naturelles.
Les Programmes pour relever les défis apportent au CGIAR des partenariats scientifiques et des modes de fonctionnement
nouveaux, qui mobilisent des soutiens additionnels au plan intellectuel, technique et financier et permettent d’accroître
l’impact de la recherche.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 137
Impact de la recherche agricole internationale
Les quinze Centres du CGIAR ont accumulé une somme importante de réalisations et d’impacts. Une manière d’évaluer
l’importance de ce travail est de se représenter, ainsi que nous le résumons ci-après, à quoi aurait ressemblé la production agricole dans le monde ces dernières décennies, sans leurs contributions (Evenson et Rosegrant 2003):
n
n
n
n
n
la production alimentaire mondiale aurait été de 4 à 5 % plus faible, et les pays en développement auraient fourni
7 à 8 % de production agricole en moins, ce qui aurait aggravé la faim, la malnutrition et la pauvreté,
les cours mondiaux des denrées alimentaires et des céréales destinées au bétail auraient été de 18 à 21 % plus
élevés, ce qui aurait durement éprouvé les consommateurs démunis,
la superficie destinée aux récoltes vivrières dans les pays en développement aurait été nettement plus étendue (entre 11 à 13 millions d’hectares plus vaste selon les estimations), ce qui aurait diminué d’autant la surface occupée
par les forêts primaires et d’autres terres écologiquement fragiles à forte concentration de biodiversité,
la consommation alimentaire par habitant dans les pays en développement aurait régressé de 5 % en moyenne, et
jusqu’à 7 % dans les régions les plus pauvres, ce qui aurait gravement compromis la sécurité alimentaire,
quelque 13 à 15 millions d’enfants supplémentaires auraient été victimes de malnutrition, principalement en Asie
du sud, où l’incidence de la faim est la plus forte.
Conclusion
Le système du CGIAR est ouvert à tous les pays et organisations qui s’engagent à soutenir un programme commun de
recherche et sont prêts à y apporter un soutien financier ainsi que des ressources humaines et techniques. De douze
membres en 1971, le nombre d’adhérents au Groupe est passé aujourd’hui à 64, un chiffre qui comprend une majorité
de pays en développement. Ce nombre pourrait progresser encore.
Les contributions des membres du CGIAR ont atteint la somme de 450 millions de dollars en 2005, soit le plus gros
investissement en biens publics consenti en vue de mobiliser la science au profit des communautés agricoles démunies,
à travers le monde.
Références
Evension RE, Rosegrant M. 2003. The economic consequences of crop genetic improvement programmes. Dans Evenson RE,
Gillin D (rév.). Crop variety improvement and its effect on productivity: The impact of agricultural research. Oxon, Royaume-Uni:
CABI Publishing. Pp 473-497.
138
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
Le renforcement des capacités pour la recherche agricole pour le
développement: l’expérience de l’ICRA
Jon Daane1
Le Centre international pour la recherche agricole orientée vers le développement (ICRA) a été fondé en 1981 par six
pays d’Europe pour d’offrir des formations pédagogiques permettant de développer le savoir, les qualifications et les
attitudes nécessaires en vue d’intégrer, dans la recherche agricole pour le développement, les contributions de diverses
disciplines, institutions et parties prenantes dans les processus d’action collective en milieu rural. Depuis 2003, la
stratégie de l’ICRA est d’encourager l’établissement de partenariats nationaux et régionaux visant le renforcement des
capacités et le changement institutionnel. Il s’agit là d’une évolution marquée dans son mode de fonctionnement témoignant du déplacement de son centre de gravité à destination des pays du Sud.
Le Centre international pour la recherche agricole orientée vers le développement (International Centre for development
oriented Research in Agriculture ou ICRA) a été établi, en 1981, à l’initiative de six membres européens du CGIAR: la
Belgique, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse. La France apporte un appui en termes
de ressources financières et humaines qui représente, en moyenne 14 % des recettes totales de l’ICRA. Les membres
fondateurs reconnaissent que, dans le but de servir une recherche agricole axée sur le développement qui soit pertinente
et à l’écoute des besoins des agriculteurs démunis et autres parties prenantes qui leur sont liées, les institutions de
recherche et développement (R&D) et leurs effectifs doivent avoir des compétences qui vont bien au-delà de celles que
l’on acquière dans le cadre d’études formelles, qui sont communément axées autour d’une discipline. De nos jours,
l’ICRA jouit d’une solide réputation en tant que prestataire des programmes pédagogiques axés sur l’acquisition des
connaissances, des qualifications et des attitudes requises en vue d’intégrer les contributions de différentes disciplines,
institutions et parties concernées dans des processus d’innovation collective en milieu rural.
La nécessité de renforcer les capacités entre les disciplines et entre les institutions
Si le contexte dans lequel évolue la recherche agricole pour le développement s’est considérablement modifié depuis la
création de l’ICRA, le besoin de disposer de telles compétences intégrées ne fait que continuer à croître. Sur fond de mondialisation rapide, la faculté des économies et des sociétés rurales à engendrer un développement durable et équitable
dépend de plus en plus de leur capacité à anticiper et à suivre l’évolution rapide de leur environnement politique, marchand, institutionnel, physique et social. Une capacité qui se reflète dans leur faculté collective à réagir à la complexité et
à accéder, sans tarder au savoir, et à produire puis utiliser, à bon escient, les connaissances dans le but d’innover.
De plus en plus, les rôles et les processus interinstitutionnels qui servent à générer et à appliquer le savoir et qui, souvent, reposent sur des paradigmes linéaires et réductionnistes, se révèlent inopérants pour l’analyse de ces complexités.
C’est ainsi que d’autres approches ont été mises au point. Si, au départ, elles ont privilégié la participation des agriculteurs, des moutures plus récentes reconnaissent la nécessité d’une part, d’associer un plus large éventail de parties
concernées au sein de partenariats novateurs interinstitutionnels et, d’autre part, de couvrir plus d’échelles. Plusieurs
formules mettent davantage l’accent sur le marketing et des créneaux de valeur ajoutée en tant qu’angles d’attaque pour
améliorer les moyens de subsistance. Dans toutes ces approches, l’acquisition des connaissances et de savoir faire par
voie interactive joue un rôle d’une importance croissante.
Si la nécessité de développer des compétences et des approches plus intégrées n’est plus à démontrer et si l’on est
plus sensibilité au fait que l’acquisition de ces compétences exige de nouveaux moyens d’apprendre et que l’application
de ces approches demande un changement institutionnel pour ouvrir effectivement la voie à l’innovation collective en
milieu rural, il s’est révélé difficile d’apporter ces changements et rares ont été les établissements d’enseignement à
intégrer l’élaboration de ces compétences dans leur pratique courante.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 139
Les programmes de renforcement des capacités offerts par l’ICRA, dans le domaine de la recherche
agricole pour le développement
L’ICRA a joué, et continue à jouer, un rôle pionnier dans l’expérimentation de nouveaux moyens d’élaborer des capacités basées sur l’intégration dans la recherche agricole pour le développement (Agricultural research for development
ou ARD). Depuis toujours, les programmes de l’ICRA réunissent et étoffent les connaissances et compétences expertes
provenant d’organismes d’ARD en Europe, dans les pays du Sud et dans des instituts internationaux de R&D agricole,
dont l’ISNAR et le CIAT. Les programmes uniques qui sont le fruit de cette intégration émergent donc de partenariats
probants qui constituent l’artère nourricière de l’ICRA.
La logique de ces programmes pédagogiques est que les compétences d’intégration qu’il faut réunir pour que l’innovation
collective aboutisse, ne se développent pas par l’acquisition de connaissances individuelles, comme dans le cadre
d’études supérieures classiques ou de cours post-académiques. Il faut, pour ce faire, des approches pédagogiques fondées sur l’expérience et l’action au titre desquelles on apprend en faisant, en travaillant au sein d’équipes hétérogènes
et, par le biais d’une réflexion collective sur ce que fait l’équipe. On acquiert non seulement le savoir mais aussi les quali­
fications et, point peut-être plus important encore, la mentalité requise pour collaborer, avec efficacité, à l’innovation en
milieu rural. Ces formules d’apprentissage basées sur l’action doivent être incorporés dans un processus de changement
institutionnel, de sorte que le développement des capacités humaines serve à l’évolution des structures, des systèmes,
des valeurs et des mesures d’incitation existant dans les organismes responsables.
Scénarios & stratégies
Analyse marchés & pol.
Policy Analysis
Faciliter proc. multi-acteurs
Analyse moyens subs.
Participation
Analyse agro-écologique
0LAN
Durabilité
Analyser
options
Formuler
stratégie
!PPL
Dévelop. des entreprises
Action collective
Prog. & déf. priorités
Apprentissage interactif
2ÏFLÏCHIR
Parvenir à
une vision
commune
2ÏFLÏCHIR
4IRER
LE¥ONS
Démarche
ARD
2ÏFLÏCHIR
Réflexion systèmes
Interdisciplinarité
Génération de savoir
connaissance
!PPL
Apprendre par exp.
0LAN
Mettre en
œuvre
stratégie
0LAN
Chang. institutionnel
Intérêts par. prenantes
!PPL
4IRER
LE¥ONS
Formuler propositions
Grand défi dʼinnovation
0LAN
4IRER
LE¥ONS
Equité entre sexes
2ÏFLÏCHIR
!PPL
Former
partenariat
4IRER
LE¥ONS
Communication
Gestion des conflits
Négociation
Gestion de lʼéquipe
Innovation & changement
• Occasion à saisir
• Marchés
• Problème
• Organisation
• Institutions
• Politique
• Technologie
Figure 1. Démarche, modules d’apprentissage et approche pédagogique basée sur l’expérience
ARD de l’ICRA.
Tous les programmes pédagogiques de l’ICRA sont conçus de manière à guider les équipes interinstitutionnelles et
interdisciplinaires et autres parties prenantes au travers d’un processus dont les buts sont d’établir des partenariats
visant l’innovation et des opportunité d’innovations qui demandent un apprentissage interactif et des actions collectives,
et que chaque partenaire ne peut donc pas atteindre séparément. Dans le souci de faciliter l’acquisition des connaissances, l’ICRA a mis au point une approche générique – « le processus ARD ICRA » – pour relever de tels défis complexes d’innovation en milieu rural, au moyen de quatre activités de caractère itératif. Au lieu de mettre à disposition, au
hasard, un ensemble dispersé de modules sur les notions, les approches et outils employés, l’ICRA les organise autour de
l’application progressive de ce processus ARD, de sorte que ceux qui participent aux programmes pédagogiques font le
lien entre concepts, outils et processus et, ce faisant, concrétisent ce potentiel d’innovation. Ce principe est illustré par la
140
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
figure 1. Les modules reposent sur l’apprentissage par l’expérience. Ils ont un contenu de caractère
générique, ce qui permet à plusieurs équipes de participer à un même programme pédagogique, en
travaillant chacun sur une question d’innovation différente, ce qui enrichit l’acquisition de connaissances par voie interactive.
C’est la pratique en équipe qui réside au cœur de tous les programmes pédagogiques, pratique du
monde professionnel réel, de pair avec la réflexion sur cette expérience directe pour en tirer des
enseignements et les consolider en les utilisant.
Les deux premières décennies de l’ICRA: 1981-2002
Dans le courant de ses deux décennies d’existence, l’ICRA a offert ce type de programmes pédagogiques, individuellement, à des participants à Wageningen (en anglais) et, depuis 1991, à Montpellier (en français). De temps à autre, au
cours de cette période, l’ICRA a aussi dispensé des programmes pédagogiques similaires ou plus conçus sur mesure,
en région (en Amérique latine, en espagnol) ou dans des pays du Sud, en partenariat avec des instituts de recherche
et d’enseignement nationaux. Tous les programmes s’adressaient à des professionnels d’échelon moyen oeuvrant à
l’innovation en milieu rural dans les pays du Sud (pour des ressortissants de ces pays et d’Europe) et représentant tant
les sciences naturelles que sociales, dans une optique de développement rural. Ils travaillaient pour des instituts de
recherche et des établissements d’enseignement, des services de l’administration actifs dans le développement, des
organisations non gouvernementales (ONG) et des associations d’agriculteurs.
Tous ces programmes pédagogiques prévoyaient des périodes assez longues de travail sur le terrain effectués dans le
cadre d’équipes interdisciplinaires, en liaison avec les organisations partenaires de l’ICRA en recherche ou développement dans les pays du Sud. Depuis le début des années 90, l’ICRA a noué des liens de partenariat à long terme avec
diverses organisations dans le souci de développer les capacités institutionnelles à appliquer les approches ARD et de
réunir une masse critique de professionnels compétents. Ce sont les organisations partenaires qui ont défini le défi
d’innovation auquel les équipes ont été priées de remédier et qui ont fourni certains membres de l’équipe. Par le biais
de cette expérience sur le tas, des professionnels apprennent à travailler dans le cadre d’équipes interdisciplinaires,
représentant de multiples institutions et avec d’autres parties prenantes en vue d’analyser des défis complexes et de
négocier, planifier et appliquer des plans d’action pour générer les connaissances requises. Des plans d’action qui font
l’objet d’un suivi de la part des membres locaux de l’équipe, de leurs institutions et d’autres parties concernées.
Ces programmes pédagogiques ont été constamment adaptés en s’inspirant largement des enseignements tirés de
l’expérience des participants. Ils combinent donc les points forts d’une formule éprouvée par le temps et la capacité de
s’adapter à des optiques et à des besoins en évolution constante.
Impact des deux premières décennies
Grâce à ces programmes, l’ICRA et ses partenaires ont renforcé les capacités de 874 professionnels de R&D (dont 26 %
de femmes et 74 % d’hommes) au sein de 83 pays et divers types d’organisations. Les acquis ont été mesurés pendant, et à la fin de chaque programme pédagogique, pour partie, en expérimentant des formes novatrices d’évaluation
de la performance par les pairs (membres de l’équipe), en termes de contribution de chaque membre de l’équipe à la
démarche et au contenu de l’analyse et du plan de travail. Pour en évaluer l’impact, l’on a demandé, de temps à autre,
à des anciens stagiaires quelques années plus tard, de rendre compte de l’usage fait des compétences nouvellement
acquises à l’échelon personnel, de l’équipe ou de l’organisation. Dans un cas, ces rapports ont été obtenus en sollicitant
la présentation d’un article à un séminaire international. La revue externe du programme et de la gestion de l’ICRA a été
menée par des comités d’évaluation qui ont sondé, par questionnaire, des anciens stagiaires et leurs employeurs.
Toutes ces évaluations révèlent un grand degré de satisfaction envers ce que beaucoup jugent être une expérience
pédagogique exceptionnelle, dont l’impact sera sensible toute la vie durant. Elles montrent aussi que les nouvelles compétences ont été assez largement appliquées, tout particulièrement en environnement institutionnel favorable. Plusieurs
anciens stagiaires ont fait des progrès marqués dans leur carrière. Il ressort d’un sondage sur le suivi donné aux plans
d’actions des travaux de terrain qui avaient été entrepris dans le cadre des programmes pédagogiques de l’ICRA (130
comptes-rendus d’équipe, au total, sur des travaux de terrain effectués en Afrique sub-saharienne [78], en Asie [29],
au Maghreb [14] et en Amérique latine [9]) que la moitié environ des activités planifiées ont été entreprises. Et grâce à
des publications renseignant sur le contenu des programmes pédagogiques de l’ICRA (manuels, CD-ROM et un jeu en
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 141
expansion de matériels pédagogiques à partir d’un site web, libre d’accès [www.icra-edu.org]), en anglais, français et,
dans bien des cas, en espagnol, l’ICRA a aussi nettement contribué à combler les manques d’information qui séparent
anglophones et francophones dans leurs approches respectives en matière d’innovation en milieu rural.
Déplacer vers le sud le centre de gravité de l’ICRA: de 2003 jusqu’à présent
Comme nous l’avons écrit, la demande envers ce type de développement de capacités continue à augmenter. L’ICRA
reçoit plus de demandes qu’elle ne peut en honorer en matière de services « sur mesure » visant le perfectionnement
des capacités. La demande porte sur des services de coût moindre, au bénéfice d’un plus grand nombre de participants,
dispensés sur le terrain plutôt qu’en Europe, exigeant moins de temps et permettant une combinaison plus souple des
modules pédagogiques, un apprentissage par l’action sur le terrain et des activités professionnelles en continu. Il est
aussi régulièrement demandé à l’ICRA d’aider à l’intégration du renforcement des compétences ARD dans les programmes de cours universitaires. Les demandes proviennent des services nationaux de R&D et universités des pays du
Sud, et des organisations internationales et institutions de R&D européennes qui collaborent avec des partenaires situés
dans les pays du Sud.
Pour répondre à la demande croissante qui vise ses services, l’ICRA suit, depuis 2003, une stratégie mondiale de partenariat qui a modifié, de manière marquée, son mode de fonctionnement, déplaçant son centre de gravité vers le Sud.
Les deux éléments centraux de cette stratégie sont que l’ICRA réponde à une demande lorsque les services sollicités
s’inscrivent dans un processus de changement institutionnel à l’échelon national et peuvent être dispensés en partenariat avec d’autres organisations dans les pays du sud, en y associant, de préférence, d’anciens stagiaires de l’ICRA.
L’ICRA est fermement convaincu que le développement des capacités d’ARD doit s’inscrire dans un processus de changement institutionnel pour que la génération de connaissances, qui permet d’innover en milieu rural par voie d’action collective, gagne en pertinence, en efficacité et en efficience. C’est ainsi que, en répondant à une demande de services,
l’ICRA incite l’organisation demandeuse et d’autres grands acteurs à établir un partenariat d’innovation à l’échelle nationale. Les membres de ce partenariat peuvent être des instituts de R&D, des ministères et des organes de développement
publics, des associations d’agriculteurs et des organes du secteur privé ainsi que des établissements d’enseignement.
L’ICRA incite ces partenariats à formuler une vision nationale et à planifier les moyens d’institutionnaliser des approches
collectives pour l’innovation en milieu rural et de concrétiser le développement des capacités et le changement institutionnel requis. Des processus que vient grandement faciliter le déploiement de représentants régionaux de l’ICRA dans
le pays demandeur.
Dans bien des cas, faire du renforcement des capacités en partenariat avec des organisations du sud exige un investissement préalable dans le renforcement des capacités de ces partenaires et de leurs effectifs afin qu’ils puissent assurer lesdits services. Par conséquent, les programmes pédagogiques de l’ICRA dispensés à partir de Wageningen et de
Montpellier ont été remaniés dans le souci de renforcer les compétences d’équipes nationales en ARD, issues des pays
demandeurs dont les membres sont nommés par les partenariats nationaux d’innovation. C’est aller au-delà de la simple
« formation de formateurs » puisque renforcer les capacités en ARD n’exige pas seulement de faciliter la démarche
d’apprentissage par l’action mais aussi d’avoir des acteurs qui connaissent bien les systèmes d’innovation en milieu
rural et qui, de pair avec les facilitateurs, peuvent créer des opportunités permettant aux apprenants de participer à une
démarche d’innovation autour de plusieurs acteurs.
Premières expériences d’application de la stratégie nouvelle
Au cours des trois dernières années, l’ICRA, de concert avec divers partenaires nationaux et internationaux, a expérimenté cette nouvelle stratégie qui a atteint différentes phases de développement en Afrique du sud, en Arménie, au
Bénin, à Cuba, au Ghana, au Kenya, à Madagascar, au Mali, au Mexique, au Nicaragua, en Ouganda et au Venezuela.
La stratégie visant un changement institutionnel à long terme, il est encore trop tôt pour en estimer l’impact, mais l’on
peut d’ores et déjà faire quelques remarques d’ordre préliminaire.
En premier lieu, cette stratégie destinée à promouvoir l’établissement de partenariat à long terme pour le changement
institutionnel à l’échelle du système tout entier, repose, au départ du moins, sur le financement à court terme de certains
volets de ce processus évolutif qui servent les besoins immédiats des organisations demandeuses, lesquelles, en première phase, ont tendance à se voir comme client exigeant un service d’un prestataire. Pour convaincre des potentialités
de ces nouvelles approches pédagogiques comme instruments de changement institutionnel, il faut prouver le succès de
ces démarches, ce qui demande du temps et des ressources en vue d’accumuler l’expérience nécessaire.
En deuxième lieu, les diversités des expériences vécues dans les pays mentionnés constituent une nouveauté pour tous
142
Les évolutions des dispositifs de recherche agricole
les partenaires nationaux et internationaux et offre donc de belles occasions d’engager un apprentissage bidirectionnel et
interactif entre les pays du Nord et du Sud, d’une part, et entre les nations du Sud, d’autre part. En troisième lieu, cette
stratégie a aidé l’ICRA à renforcer, en étendue et en profondeur, ses liens de partenariat avec des organisations situées
tant au nord qu’au sud. Petit acteur animé de grandes ambitions, l’ICRA a cherché, et réussi à jouer, un rôle dans de
vastes initiatives internationales comme le Programme pour relever les défis pour l’Afrique sub-saharienne, qui prévoit
une collaboration entre l’IITA et le CIAT. L’ICRA stimule des contacts étroits avec ces initiatives diverses qui, souvent,
poursuivent des buts complémentaires cadrant bien dans la stratégie du Centre et qui opèrent dans les mêmes pays et
avec les mêmes partenaires. De la sorte, il y a création de synergies importantes.
Plusieurs de ces initiatives portent sur des projets de collaboration entre l’ICRA et les centres du CGIAR. Mis à part le
Programme pour l’Afrique sub-saharienne, une de ces initiatives est un projet en liaison avec le CIAT dans le but de préparer un programme pédagogique en ligne sur la gestion des processus d’innovation collective en milieu rural et un travail de terrain conjoint avec l’IPGRI dans le cadre de projets de préservation in-situ, qui a débouché sur une proposition
commune ICRA-IPGRI pour renforcer les capacités des groupes pluri-acteurs en matière de gestion de l’agrobiodiversité
et de son utilisation pour améliorer les moyens de subsistance des personnes habitant en milieu rural. Comme indiqué,
l’ICRA a toujours entretenu des liens étroits avec l’ISNAR et les systèmes nationaux de recherche et de vulgarisation
agricole (SNRVA).
Perspectives d’avenir
Cette stratégie nouvelle n’est manifestement pas sans risque étant donné le caractère ambitieux de son objectif qui est
de mettre le développement des capacités au service du changement institutionnel. L’ICRA, qui est un intervenant de
petite envergure, ne contrôle que quelques facteurs contribuant à l’impact et au succès de cette stratégie. Beaucoup
dépendra de la capacité de l’ICRA, d’une part, à établir des synergies par la mise en réseau d’initiatives différentes et
à former de larges partenariats avec des acteurs plus puissants et, d’autre part, à prouver en continu la valeur ajoutée
que présente sa contribution exceptionnelle à ces partenariats et initiatives. À l’avenir, l’ICRA devra renforcer le rôle
de catalyseur qui lui est reconnu dans le but de rassembler des partenaires divers et de continuer à les mobiliser au
profit d’intérêts à long terme et résister à la tentation d’accorder plus de poids à des intérêts individuels, de caractère
plus immédiat et à court terme. Si, par le truchement de ses partenaires, l’ICRA est parvenu à obtenir un financement
pour assurer des services déterminés, le Centre devra trouver de nouvelles sources d’argent pour financer ses dépenses
de base afin de jouer ce rôle essentiel de catalyseur, des frais qu’aucun partenaire pris individuellement ne sera prêt à
couvrir, du moins, au départ. Rassembler des partenaires exige un investissement de base initial non négligeable, dans
un rôle de mentor surtout pour appuyer les représentants régionaux de l’ICRA. Une augmentation du budget de base de
l’ICRA financé par les bailleurs de fonds serait fort utile pour surmonter ces difficultés.
L’ICRA vient juste de commencer à évoluer d’une organisation qui offrait des programmes pédagogiques à un centre qui
encourage l’établissement de partenariats aux fins de développement des capacités et de changement institutionnel.
En appuyant les programmes locaux de développement des capacités en situation professionnelle et la modification des
cursus universitaires, l’ICRA continuera à évoluer et à se diversifier grâce à l’échange mutuel de connaissances entre
institutions. L’ICRA aura aussi besoin d’effectifs de plus en plus divers tout en restant de taille suffisamment limitée
pour ne perdre ni sa souplesse, ni sa structure horizontale. Au fur et à mesure que l’expérience s’accumule, l’ICRA sera
également bien armé, à l’avenir, pour promouvoir un échange mutuel de connaissances dans le cadre de partenariats
établis par delà les pays, les régions et les continents du Nord et du Sud et les barrières linguistiques.
1
Jon Daane est directeur de l’ICRA depuis 1992. À titre de chercheur individuel et de membre d’une équipe interdisciplinaire, l’auteur a une
longue expérience de recherches de terrain sur l’interaction entre l’organisation sociale et l’innovation technologique en Asie du sud-est et en
Afrique de l’ouest. Il est titulaire d’un doctorat de l’université de Wageningen. Il y a enseigné la sociologie du développement rural ainsi qu’à
l’Université nationale du Bénin (UNB). Il a aussi coordonné pendant de nombreuses années un programme de renforcement institutionnel à
long terme avec des universités hollandaises et l’UNB.
la france et le cgiar: des résultats scientifiques pour la recherche agricole internationale 143

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