Le festival théâtrothèque - Institut national de l`audiovisuel

Transcription

Le festival théâtrothèque - Institut national de l`audiovisuel
7 janvier 2010
communiqué de presse
Dans le cadre des propositions
au Studio-Théâtre les 22, 23 et 24 janvier 2010
En partenariat
avec l’
Le festival théâtrothèque
Trois jours en hommage à Antoine Vitez, animés par Pierre Notte
Vingt ans après la disparition d’Antoine Vitez, la Comédie-Française et l’Ina célèbrent la mémoire du
metteur en scène, comédien et poète, par des diffusions de documents rares et de pièces filmées. Né
le 20 décembre 1930, Antoine Vitez fut le secrétaire d’Aragon, professeur au Conservatoire,
fondateur en 1972 du théâtre des Quartiers d’Ivry. Visionnaire, metteur en scène à l’esthétique
rigoureuse et novatrice, il illumine des œuvres de Sophocle, Shakespeare, Molière, Beaumarchais,
Claudel ou Brecht. Il transforme les acteurs qui l’entourent, métamorphose le corps en mouvement
et la langue théâtrale, réinvente les signes de la représentation par une chorégraphie et une diction
particulières. Il prend la direction du Théâtre National de Chaillot, il devient en 1988 administrateur
général de la Comédie-Française. Il meurt à Paris le 30 avril 1990.
Antoine Vitez et Ludmila Mikaël,
répétition de Partage de midi de Claudel, 1975,
© Claude Angelini
Projections au Studio-Théâtre
Galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris.
Prix des places de 4 € à 7 € la journée, placement libre
Renseignements et location : par téléphone au 01 44 58 98 58 du mercredi au dimanche de 14h à
17h, sur le site internet www.comedie-francaise.fr
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Programme du festival théâtrothèque
Antoine Vitez fut un témoin essentiel de la vie intellectuelle et artistique de la seconde moitié du XXe
siècle. Cheminer avec Antoine Vitez dans les archives de l’Ina c’est découvrir une mémoire, une
culture, l’engagement intellectuel d’un homme qui était tout à la fois comédien, poète, traducteur,
photographe, directeur d’acteurs et metteur en scène, et qui a traversé tous les grands moments du
théâtre du siècle dernier, de l’épopée de la décentralisation jusqu’à la direction de la ComédieFrançaise. Les programmes présentés lors de l’édition 2010 de la théâtrothèque, sélectionnés par la
Comédie-Française et l’Ina, font revivre ses grandes mises en scène théâtrales : Partage de midi de
Paul Claudel filmé par Jacques Audoir, Le Misanthrope de Molière filmé par Marcel Bluwal et,
présentée pour la première fois dans un festival audiovisuel, l’extraordinaire expérience de l’intégrale
du Soulier de Satin de Claudel filmée par Yves-André Hubert lors de sa représentation à Chaillot en
1989. Contrairement à de nombreux metteurs en scène de son époque qui pensaient (et pensent
toujours) que le théâtre est l’art de l’éphémère, Antoine Vitez a non seulement accepté la captation
de certains de ses spectacles par la télévision mais a aussi réfléchi et accepté d’échanger avec des
réalisateurs, pour sortir du cadre traditionnel de l’adaptation pure et simple, pour tenter des
alchimies plus subtiles aboutissant à la production de « films de théâtre » produits par l’Ina à
l’initiative de Claude Guisard, qui fut le directeur des programmes de création et de recherche
jusqu’en 1999. Antoine Vitez écrivait à Hugo Santiago lors de la réalisation du film Electre en 1986 :
« Mémoire filmée du théâtre, ou cinéma du théâtre, ou archive, ou traduction, les définitions ne
manquent pas pour qualifier cette opération qui consiste à capter l’espace à volonté du théâtre afin
de le faire entrer dans l’espace choisi du cinéma. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’espace ». Et
Hugo Santiago lui répondait : « Il fallait rendre, avec des moyens autres, cette émotion rare qu’on
gardait en quittant la cérémonie superbe par toi ordonnée admirablement…. Si cela est, (malgré les
imperfections), je vous aurai été, à Sophocle, à toi, fidèle » Une collaboration qui se renouvela avec La
Vie de Galilée avec les Comédiens Français. Les archives proposées ici font revivre non seulement des
œuvres et des créations théâtrales mais aussi l’homme puisque des sujets et interviews de et sur Vitez
émailleront la programmation. Le monde se vit désormais par l’image.
Ina
Vendredi 22 janvier
À 17h
Hommage à Antoine Vitez : Océaniques, 1990, réalisation : Jacques Meny, 10 min.,
prod. Ina (FR3).
À l’occasion de sa mort, ce document retrace la vie d’Antoine Vitez, à partir d’images
d’archives issues de ses mises en scène et d’interviews.
Partage de midi de Paul Claudel : 1977, réalisation : Jacques Audoir, mise en scène :
Antoine Vitez, 1 heure 54, prod. Ina/Comédie-Française (TF1).
Décors : Yannis Kokkos, avec les Comédiens-Français : Michel Aumont (Amalric), Patrice
Kerbrat (Mesa), Jérôme Deschamps (De Ciz), Ludmila Mikaël (Ysé).
Pièce enregistrée en studio avec une mise en scène dépouillée inspirée du théâtre
japonais.
Rencontre avec Patrice Kerbrat, ancien sociétaire de la Comédie-Française et comédien
dans Partage de midi.
À 20h30
Le Misanthrope de Molière : 1980, réalisation : Marcel Bluwal, mise en scène : Antoine
Vitez, 2 heures 33 min., prod. Ina (Antenne2).
Décors : Claude Lemaire, avec la troupe du théâtre des Quartiers d’Ivry : Jean-Claude
Durand (Acaste), Dominique Valadié (Éliante), Nada Strancar (Arsinoe), Daniel Soulier
(Philinte), Didier Sandre (Oronte), Daniel Martin (Clitandre), Jany Gastaldi (Célimène),
Marc Delsaert (Alceste), Murray Gronwall (un garde), Gilbert Vilhon (Du Bois), Richard
Fontana (Basque).
Cette mise en scène, présentée au festival d’Avignon en 1978, a été enregistrée au
Théâtre de la porte Saint-Martin. Les acteurs font partie du Théâtre des Quartiers d’Ivry
qui a été dirigé par Antoine Vitez. Marcel Bluwal, l’un des réalisateurs de télévision le
plus connu, a été l’initiateur de la fiction tournée en direct dans les années soixante.
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Samedi 23 janvier
À 10h
Introduction par Antoine Vitez du Soulier de satin : 1989, 6 min., La sept/Ina
Le Soulier de satin de Paul Claudel : 1989, réalisation : Yves-André Hubert, mise en
scène : Antoine Vitez, 9 heures 40 min. La Sept/Ina.
Musique : Georges Aperghis, Image : Gilbert Perrot Minot, décors : Yannis Kokkos. Avec
la troupe du Théâtre national de Chaillot : Pierre Vial (L'annoncier), Jeanne Vitez (celle
qui accompagne l'Annoncier, la Charmille, statue de la Vierge), Serge Maggiani (le Père
jésuite), Antoine Vitez (Don Pelage), Alexis Nitzer (Don Balthazar), Ludmila Mikaël
(Dona Prouheze), Robin Renucci, (Don Camille), Anne Benoit (Dona Isabel), Redjep
Mitrovitsa (Don Luis), Jean-Marie Winling (le Roi d'Espagne), Igor Tyczka (le Chancelier
Don Fernand), Didier Sandre (Don Rodrigue), Daniel Martin (le Chinois), Elisabeth
Catroux (la Négresse Jobarbara), Gilles David (le Sergent napolitain), Jany Gastaldi
(Dona Musique), Aurélien Recoing (l'Ange gardien), Philippe Girard (l'Alférès), Valérie
Dreville (Dona Sept Epées), Madeleine Marion, Dominique Valadié.
La pièce est interprétée par la troupe du Théâtre national de Chaillot que dirigeait alors
Antoine Vitez, et représentée au Théâtre national de Belgique. La pièce, découpée en
quatre journées, a été diffusée tout au long de la journée. Un événement exceptionnel
que Vitez qualifiait lui-même de « folie ».
Dimanche 24 janvier
À 14h
Documents sur les mises en scène d’Antoine Vitez :
Cours d’Antoine Vitez au conservatoire : 1976, 4 min., prod. Ina (Antenne 2)
Le Mariage de Figaro à la Comédie-Française : 1989, 3 min., prod. Ina (Antenne 2)
Antoine Vitez sur La Celestine : 1989, 3 min., prod. Ina (France 3)
Electre de Sophocle : 1987, réalisation : Hugo Santiago, mise en scène : Antoine Vitez, 1
heure 44 min. Ina/La Sept.
Décors : Yannis Kokkos, traduction : Antoine Vitez. Avec : Evelyne Istria (Electre), JeanClaude Jay (le Pédagogue), Redjep Mitrovitsa (Orestre), Grégoire Ingold (Pylade), Alain
Ollivier (le Choryphée), Charlotte Clamens (le Choeur), Hélène Avice (Le choeur), Cécile
Viollet (Le choeur), Maïté Nahyr (Chrysothemis), Éric Frey (Égisthe), Valérie Dreville
(Clytemnestre).
La pièce, réalisée d’après le spectacle créé en avril 1986 au Théâtre national de Chaillot,
offre au cinéaste Hugo Santiago l’occasion de réaliser son premier film de théâtre
produit par l’Ina.
Rencontre animée par Pierre Notte avec Muriel Mayette, Evelyne Istria, Claude Guisard et
Hugo Santiago (sous réserve).
À 18h
Interview d’Antoine Vitez sur La Vie de Galilée : 1990, 3 min., prod.Ina (France 3).
La Vie de Galilée de Bertolt Brecht : 1992, réalisation : Hugo Santiago, mise en scène :
Antoine Vitez, 2 heures 10 min. (Ina/Comédie-Française/La Sept)
Adaptation : Éloi Recoing, musique : Hanns Eisler, image : Ricardo Aronovich, décors :
Yannis Kokkos. Avec les Comédiens-Français : Roland Bertin (Galilée), François Beaulieu
(le Cardinal Bellarmin), Dominique Rozan (Sagredo et Mucius), Marcel Bozonnet (le
Cardinal Barberini puis le Pape Urbain VIII), Martine Chevallier (Madame Sarti), Jacques
Sereys (le cardinal inquisiteur), Valérie Dreville (Virginie Galilée), Loïc Brabant
(Ludovico Marsili), Jean-Yves Dubois (Andrea Sarti), Claude Mathieu (la femme du
chanteur), Thierry Hancisse (le Mathématicien), Claude Lochy (le chanteur des rues),
Dominique Liquière (le moine très maigre), Michel Favory (Federzomi et Vanni le
fondeur), Pierre Vial (le Curateur de l'université), Éric Frey (le philosophe, un religieux,
Gaffone), Christian Blanc (le Vieux Cardinal), Philippe Torreton (le Petit Moine).
La pièce est filmée d’après le spectacle de la Comédie-Française créé le 24 mars 1990 et
tournée au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Il s’agit de la troisième version écrite par
Bertolt Brecht pour le Berliner Ensemble, adaptée en français par Eloi Recoing. Pour
rester fidèle à la mise en scène de Vitez et « retrouver un certain type d’émotion », Hugo
Santiago a demandé aux comédiens un travail considérable d’adaptation aux mouvements
de la caméra.
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Antoine Vitez (1930-1990)
Le lundi 30 avril 1990, durant l’après-midi, Antoine Vitez meurt terrassé par une rupture
d’anévrisme. Avec lui disparaît le premier des intellectuels parmi les artistes de son temps : un poète ;
un traducteur exceptionnel qui maîtrise le russe, le grec et l’allemand ; un essayiste dont les écrits
sur le théâtre comptent plusieurs milliers de pages ; un metteur en scène bien sûr, un maître absolu
du théâtre, admiré, craint, adulé, décrié ; un homme d’une immense culture et un professeur
austère ; un artiste radicalement engagé en politique ; un grand directeur de théâtre.
Presque soixante ans plus tôt, le 20 décembre 1930, Antoine naît chez un couple de photographes,
Paul et Madeleine Vitez. Artistes et pédagogues, les Vitez fréquentent le théâtre. À dix ans, leur fils
voit la création d’Ondine de Giraudoux par Jouvet et L’Avare mis en scène par Charles Dullin. Lycéen
brillant, il apprend le russe avec passion. Pour ses 18 ans, il trace sa voie : intellectuel et artiste.
Simultanément, il s’inscrit à l’École des langues orientales et au cours de théâtre du VieuxColombier. Il joue son premier rôle sur la scène de Chaillot en décembre 1949. Un article
retentissant sur Stanislavski le fait connaître de Bernard Dort et de Roland Barthes.
Les années 1950 sont pour lui une longue période d’incertitudes où il joue peu et traduit avec
fébrilité : Aouezov, Tchekhov, Tolstoï. En 1957, aboutissement de son engagement politique, il
adhère au parti communiste. Un an plus tard, Louis Aragon fait de lui son secrétaire et l’entraîne en
URSS. Devenu régisseur à Marseille, il organise des lectures, rédige des articles, poursuit une œuvre
poétique et ses traductions de Maïakovski et Gorki. Il se consacre à l’œuvre monumentale du prix
Nobel de littérature Mikhaïl Cholokhov, Le Don paisible, dont il est le premier et reste le seul
traducteur en français. En 1966, enfin, il signe sa première mise en scène, Électre de Sophocle. Il ne
quittera plus désormais le plateau que pour se consacrer à son œuvre littéraire : journaux,
traductions, philologie, poésie, essais. Scène et écriture en un travail incessant où les deux arts
dialoguent.
En 1971, avec l’appui d’Aragon, il convainc la mairie d’Ivry, aux portes de Paris, d’accepter son projet
d'activité de création théâtrale fondée sur le principe du théâtre de quartier. Il y alterne répertoire et
création contemporaine, ouvre un cours où ses leçons deviennent bientôt un événement. De 1972 à
1974, il est de surcroît directeur artistique de Chaillot, alors dirigé par Jack Lang. Le Conservatoire,
qui ne l’a pas voulu comme élève, le nomme professeur. Autour de Vitez, une pléiade d’acteurs se
constitue en troupe : Madeleine Marion, Pierre Vial, Nada Strancar, Jean-Baptiste Malartre, Richard
Fontana, Jany Gastaldi, Didier Sandre, Dominique Valadié, Aurélien Recoing. C’est pour eux, après le
triomphe de sa mise en scène de Partage de Midi de Claudel à la Comédie-Française, qu’il monte
quatre pièces de Molière en 1978 au festival d’Avignon.
La reconnaissance publique est au rendez-vous. En juin 1981, après l’élection de François Mitterrand,
il est nommé directeur du Théâtre national de Chaillot qu’il ouvre avec le programme d’un « théâtre
élitaire pour tous ». Auparavant, il a quitté le parti communiste et vit cette séparation comme un
deuil cruel. Dirigeant son théâtre en philosophe, homme des lumières qui explore la condition
humaine, il mélange les genres, le théâtre de répertoire et les écritures expérimentales, préoccupé de
construire une pensée qui soit l’écho et la réflexion de son temps. Pour toute une génération, il
devient un maître et une conscience. Faust et Électre, La Mouette, Hamlet, Hugo, Racine, Claudel
mais aussi Guyotat, Ben Jelloun, Axionov, Kalisky hantent la colline de Chaillot. En 1987, il met en
scène l’intégrale du Soulier de satin dans la Cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon, douze
heures de représentation offertes comme un véritable manifeste pour le temps présent, insolent,
désespéré et pourtant enthousiaste, intensément poétique.
En 1988, il accepte la direction de la Comédie-Française. Il ouvre son mandat par Le Mariage de
Figaro puis invite Jeanne Moreau et Lambert Wilson pour une Célestine à la Cour d’honneur et fait
entrer La Vie de Galilée de Brecht au répertoire quelques jours avant sa mort. Trois destins face à la
liberté, à l’engagement et au présent bouclent son parcours. Alors que vingt ans après sa disparition,
l’œuvre scénique du maître s’estompe, magnifiée par la mémoire, diluée par l’absence, transmise
mais trahie par la captation vidéo, il faut se souvenir de l’exigence qu’il fixait au théâtre et qu’il avait
ainsi formulée à propos de l’œuvre de Giorgio Strehler qu’il admirait : « Que son seul sujet soit le
temps. Non pas la mémoire mais le temps. »
P.N.
Contacts presse et partenariat média
Comédie-Française, Vanessa Fresney : Tél 01 44 58 15 44 - Email [email protected]
Ina, Agnès Baraton : Tél 01 49 83 20 95 - Email [email protected]
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