a la recherche du nouveau plouc

Transcription

a la recherche du nouveau plouc
À LA RECHERCHE DU NOUVEAU PLOUC.
Une nouvelle de Paracelse.
Thomas en avait marre de se taper tous ces ploucs depuis deux heures. Le jury se
composait de Thomas Edmond, un célèbre producteur de musique et coureur de jupons, de
Viniwow, ancien bassiste d’un groupe à succès du début des années 90 et raëlien, de Myrtille,
le professeur d’expression scénique et adepte du New Age, de Misquamacus, le chanteur
charismatique du groupe de heavy métal « les enragés de la mort », et de Maerlyn, un parolier
de génie qui avait écrit entre autres pour K-maro, Lorie, Billy Crawford et Mpokora. Le
groupe formé le nouveau jury de la sixième édition de « A LA RECHERCHE DE LA
NOUVELLE STAR ».
— Au suivant ! gueula Thomas.
À ce moment-là, Maerlyn sentit son nez le picoter et approcha rapidement sa main droite
dans la direction de son nez. Atchoum ! un bon centilitre de morve échoua dans sa main, il
resta dans cette position en espérant que personne ne s'en était rendu compte. Le problème
c'était qu'il n'avait aucun mouchoir sur lui.
— Fais chier, je vais devoir finir l'émission dans cette position, pensa Maerlyn.
Un homme de petite taille fit son apparition dans la pièce. Il portait un costume de ninja
sans cagoule, avec un long Katana plus grand que lui, suspendu à sa ceinture de soie et qui
traînait sur le sol.
— Encore un qui se croit drôle, murmura Thomas à ses acolytes.
Le jeune homme s’approcha du jury, et attendit qu’on lui donnât ses instructions.
— Nom, âge et passions, aboya Thomas, excédé et à bout de nerfs.
— Je m’appelle Paracelse, j’ai 32 ans et toutes mes dents ! Ah ah ah ! J’aime la musique,
le cinéma et je suis passionné des arts ninja ! Ah ah ah !
Le jury resta de marbre et tous pensèrent à peu près la même chose : « mais quel con ! »
— Sinon, je suis aussi très admiratif du travail de Mr Maerlyn, et j'aimerais bien venir lui
serrer la main, fit Paracelse.
— Oh le con ! pensa Maerlyn. Il fallait qu'il trouve une solution au plus vite, rapidement il
repéra la veste de Misquamacus, et discrètement s'essuya la main dessus.
— Si on me pose des questions, j'aurais qu'à dire que c'est sûrement un candidat qui a fait
ça pour se venger, pensa-t-il.
Paracelse se dirigea vers son idole, et lui serra la main les yeux émerveillés.
— Tiens, il a les mains moites, pensa-t-il.
— D’où vous vient ce surnom de Paracelse? demanda Viniwow.
— Ah, mais ce n’est pas un surnom, c’est mon vrai prénom, c’est mon père qui …
— Ouais OK super ! L’interrompit Thomas. Bon qu’est-ce que vous voulez nous
interprétez ?
— Comme un ouragan de Stéphanie de Monaco !
— Vous êtes sûr, dit Myrtille d’un ton ironique.
— Oh ! oui, je la connais par cœur.
— Et ben dit donc, il y en a qui n’ont pas peur ! murmura Misquamacus.
— Bon allez commencez ! aboya Thomas.
Paracelse prit une grande inspiration, ce qui le fit tousser aussitôt. Ce qui énerva Thomas
au plus haut point, tout en se disant à lui-même « eh ben, on n’est pas sorti de l’auberge ».
Paracelse prit son courage à deux mains, et se lança.
— Comme un ouragan qui …
— Stop ! Un peu plus fort, dit Thomas.
— Et puis mettez-y un peu plus de conviction et de vie dans votre interprétation, on dirait
un mormon atteint de paralysie faciale, fit Myrtille.
— Et puis reculez d’un bon mètre ou allez vous laver les dents, vous n’êtes pas tout seul
dans cette pièce ! dit Viniwow.
Le petit con s’exécuta aussitôt.
— Vous n’auriez pas une autre chanson plutôt ? lui demanda Myrtille.
— Euhhhhh… Ah si, comme une boule de flipper de Corinne Charby.
— La grande classe ! fit Maerlyn. Ce qui ravit Paracelse.
Thomas resta bouche bée et, se tournant vers Viniwow, lui dit :
— Mais comment ça se fait qu’un naze pareil puisse exister ! Il est né à Tchernobyl ou
quoi !
— C’est comme une boule de flipper qui roule, qui roule …
Thomas se leva d’un bond de sa chaise, et vociféra :
— Allez dégage !
— Mais je n’ai pas fini !
— Dégage, j’te dis, rentre chez ta mère ! gueula Thomas.
— NON, je compte aller jusqu’au bout !
Thomas, furieux, s’apprêta à se lancer dans la direction de sa proie.
À cet instant, Viniwow le saisit par le bras :
— Calme-toi Tom ! N’oublie pas qu’on est filmé, si tu veux après le tournage, on le suit et
on le défonce ! dit-il à voix basse.
— Je m’en fous, je veux me le faire maintenant !
Paracelse comprit qu’il était en danger. Instinctivement il fouilla dans les poches secrètes
de son kimono, et lança un shuriken en direction du producteur. Thomas eut juste le temps de
l’esquiver. Il s’élança aussitôt en direction de Paracelse en grimpant sur la table.
L’apprenti ninja refouilla rapidement dans sa poche, et jeta une boule au sol qui eut pour
effet de créer un écran de fumée opaque. On le revit aussitôt six mètres plus loin, venant juste
de se prendre un mur en pleine tête, ce qui eut pour résultat de le faire s'écrouler comme une
larve à deux pas de la porte de sortie.
Thomas s’approcha lentement du corps inerte, avec les yeux d’un fauve injecté de sang. Il
prit le Katana, le dégaina de son fourreau et d’un geste furieux le planta dans l’abdomen du
jeune homme en gueulant :
— Crève charogne !
Thomas sentit quelqu’un le secouer de plus en plus fort.
— Thomas Thomas Thomas !
Il se réveilla en sueur, les yeux livides et se retourna, puis reconnut sa femme. Il la fixa
d’un air interrogateur.
— Tu as encore fait un cauchemar mon chéri ! J’en ai marre Thomas, maintenant ces
toutes les nuits, il faut que tu trouves une solution !
Reprenant son souffle, Thomas lui dit :
— Aujourd’hui, je démissionne !
Fin.