entretien des portes d`immeubles anciennes fiche de prescriptions
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entretien des portes d`immeubles anciennes fiche de prescriptions
ENTRETIEN DES PORTES D'IMMEUBLES ANCIENNES FICHE DE PRESCRIPTIONS (Sur la base d'un premier document établi par M. Thibaudo, menuisier-ébéniste du quartier des pentes, complété par E. Didier, Architecte des Bâtiments de France, SDAP du Rhône) La porte d'un immeuble marque d'abord la limite entre l'espace public, celui de la rue, et l'espace privé, celui de l'habitat. Elle hiérarchise ces lieux, signifiant l'accès ou l'issue, le seuil, le passage, la propriété, le rang social, etc. En effet, si une porte est faite avant tout pour s'ouvrir ou se fermer régulièrement, à cette fonction s'en ajoutent d'autres, décorative, artistique voire symbolique. Depuis l'échelle urbaine jusqu'à celle de l'architecture, la porte en bois fait partie intégrante d'une façade, composée selon la trame constructive de l'immeuble, à la jonction du soubassement et des travées, au contact direct des passants. Ainsi par son matériau et sa mise en œuvre, ses qualités intrinsèques, la porte est également un support d'expression artistique, témoignant pour beaucoup encore de l'époque d'origine de l'immeuble : une belle porte ancienne mérite d'être appréciée davantage comme composante d'une architecture, cohérente avec son contexte, plutôt que comme unique œuvre de menuiserie. Ayant ainsi traversé les siècles jusqu'à nous (certaines près de 4...), ces portes font d'abord partie d'un héritage architectural local, qu'il nous faut transmettre aux générations suivantes, telles qu'elles ont subsisté, aussi nombreuses qu'intéressantes : il importe avant tout de les identifier, surtout de les entretenir pour assurer leur bonne conservation, et si nécessaire les restaurer. Ainsi au delà de la Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager des Pentes de la Croix-Rousse, c'est également au titre du Patrimoine Mondial de l'Unesco que le maintien de ces ouvrages de menuiseries prend toute sa dimension. Souvent par méconnaissance ou manque de bon sens, le sort d'une porte ancienne abîmée se réduit à un remplacement pur et simple sans tentative de traiter l'objet malade, par une porte moderne, en bois exotique et d'une facture quasi industrielle, sans rapport avec l'immeuble dont elle assure la fermeture... Tel un médecin, le menuisier attentif et spécialisé saura immédiatement identifier la cause du désordre (altération du bois par manque d'entretien, pourrissement par l'humidité ou les champignons, vieillissement des assemblages, interventions récentes malencontreuses, vandalisme, etc.). Dans ces cas probables, l'opération de consolidation voire de restauration s'impose, cette dernière tendant vers un retour à l'état d'origine, comme pour un édifice, et ce, de façon la plus pérenne possible. Avant cet ultime recours, l'entretien reste néanmoins la meilleure garantie d'une vie durable : effectué à bon escient, des portes du XlVème siècle ont été préservées jusqu'à nos jours... Voici donc quelques règles non exhaustives de bon usage pour faire effectuer des opérations de nettoyage par des entreprises qualifiées, à suivre évidemment après avoir étudié "l'histoire" de la porte, sa nature, sa conception, les interventions qu'elle a pu subir etc. La consultation préalable du Service Départemental de l'Architecture et du Patrimoine (architectes des bâtiments de France) est préférable pour compléter ces diverses informations. Histoire et Couleurs D'une façon générale, il faut rappeler que les portes étaient peintes jusqu'au milieu du XIXème siècle, à l'huile, dans diverses couleurs comme l'ocre rouge, le bordeaux au XVIIème, le gris, gris bleu ou vert anglais au XVIIIème ; ainsi la majorité des portes des immeubles du quartier devraient être peintes, à l'inverse d'une interprétation contemporaine subjective qui voudrait que le matériau brut soit plus esthétique...ce qui est en réalité un anachronisme, et un non sens pour la bonne préservation du bois. Nettoyage De même, il faut savoir que certaines techniques d'aujourd'hui comme le sablage ou d'autres procédés agressifs de décapage au moyen de produits acides mutilent totalement le bois : les beaux chênes ou noyers anciens sont ravinés, et les moulurations dégradées de façon irréversible. Ainsi pour obtenir un bois propre, les produits décapants disponibles à la vente peuvent convenir, à condition d'être composés de produits "inertes", et d'avoir procédé à des essais préalables. Après plusieurs passes, rincer abondamment, et laisser sécher minimum 4 jours durant. Remise en peinture -portes du XVIIème - XVIIIème siècle Pour repeindre une porte ancienne, prévoir un support sain et propre - il n'est pas obligatoire de décaper, un simple ponçage préalable, dans le sens des veines du bois est souvent suffisant - et appliquer une peinture à l'huile (se méfier des peintures trop élaborées, contenant des produits pétroliers et autres adjuvants figeant les échanges hygrométriques); la teinte est à choisir selon le style de la porte et de l'immeuble, en harmonie avec la façade, en rapport avec la teinte des menuiseries des fenêtres. Bois apparents vernis -à partir du milieu XIXème Fissures et autres éclats sont d'autant plus visibles : à défaut d'une greffe de bois de même essence pour certaines réparations, le bois de synthèse (produit + durcisseur) disponible dans le commerce est acceptable, à condition de trouver la teinte correspondante (coloris du merisier au chêne). Le vernis s'applique ensuite par couches successives (au moins 3 pour recréer le glacis protecteur), en prenant soin de bien laisser sécher entre chaque passe. Avant les vernis, le bois apparent s'entretenait régulièrement au moyen d'huile de lin : à délayer aujourd'hui à part égale avec de l'essence de térébenthine, cette méthode traditionnelle permet de protéger et nourrir le bois durablement, à condition d'être appliquée sur des bois poncés et propres, débarrassés de toute poussière ou salissure. Elle nécessite des interventions plus rapprochées. Graffitis, Tags... Le nettoyage des peintures couvertes de graffitis se fait au moyen d'acétone ou d'essence de térébenthine, passés à la laine d'acier (double zéro). Il demeure néanmoins un "spectre" de nettoyage. Afin de supprimer ces traces, un peu de cire incolore sur la peinture permet de retrouver son lustre, résistant d'autant mieux à de nouvelles agressions. Cette technique convient également aux bois apparents vernis. Lorsque les peintures ou vernis sont anciens, le nettoyage est d'autant moins facile et efficace, la surface de la porte pouvant être devenue poreuse. Serrurerie Les portes sont maintenues, fixées, ou ornées de divers éléments métalliques, le plus souvent en fer forgé : impostes, poignées, heurtoirs, pentures, gonds, clous, attaches etc. Il convient également de tout mettre en œuvre pour les conserver en place, car ils sont conçus sur mesure, correspondent à une fonction bien précise mais aussi au parti décoratif de la porte.