Le Train des 1000 Pour la Mémoire et la Démocratie
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Le Train des 1000 Pour la Mémoire et la Démocratie
écoles du monde Le Train des 1000 Pour la Mémoire et la Démocratie 22 sont finalement retenus. « Nous avons préparé le voyage de plusieurs manières, précise l’enseignant, notamment en évoquant le sujet aux cours de français, religion et éducation sociale, en travaillant avec une institution pour personnes avec une déficience mentale, en visitant les archives de la Ville de Mouscron et le Fort de Breendonk, en érigeant un Mur de la Mémoire dans les couloirs de l’école montrant l’état d’avancement du projet, etc. » AMBASSADEURS D’AUSCHWITZ Le Train des 1000 a quitté la gare de Schaerbeek, le 5 mai dernier, pour Auschwitz. Plusieurs écoles de notre réseau étaient du voyage, et les élèves ont pris l’engagement de devenir passeurs de mémoire. U n passage à Auschwitz et Birkenau reste à jamais gravé dans la mémoire. Mais la confrontation directe avec l’une des pages les plus sombres de l’Histoire vise aussi à faire naitre une nouvelle conscience citoyenne chez les participants, incités à prendre la mesure de valeurs comme la démocratie, le respect, la tolérance et le civisme. Le Train des 1000 est une initiative de l’Institut des VétéransINIG, de la Fondation Auschwitz et de la Fédération Internationale des Résistants. Il réunit 720 jeunes Belges et 280 étudiants venus de 12 pays d’Europe. AKTION T4 En 2011, trois professeurs de l’Institut spécialisé Le Tremplin de Mouscron, adeptes du devoir d’histoire et du travail de mémoire, déposent leur candidature au Train des 1000. « AktionT4 », c’est le thème sur lequel ils vont travailler, avec leurs élèves déficients mentaux légers, pour préparer leur participation. Aktion T4 était le nom de la campagne d’euthanasie et de stérilisation orchestrée par les nazis à l’encontre des personnes handicapées physiques et mentales ou considérées comme telles. « Nous avons basé notre projet sur l’opération d’extermination de ceux dont « la vie est sans valeur » ordonnée par HITLER, explique Philippe MICHIELS, enseignant. En tant qu’établissement secondaire professionnel spécialisé, nous sommes très attentifs aux difficultés scolaires rencontrées par nos élèves et à la vision qui peut en être perçue, ainsi qu’aux idéologies discriminatoires et racistes véhiculées par les partis extrémistes. » La candidature de l’école acceptée, les élèves de Phase 3 intéressés écrivent une lettre de motivation pour ce voyage un peu particulier, puis passent un entretien avec les enseignants. Dès le lendemain de leur arrivée à Cracovie, les 1000 sont conduits au camp principal d’Auschwitz. « Nous passons les barbelés et le portique « Arbeit macht frei » de sinistre mémoire, raconte l’enseignant. Des photographies d’époque nous font découvrir la terreur infligée aux détenus. L’atmosphère devient pesante. Le silence se fait spontanément. Les témoignages deviennent insupportables. Le premier choc vient des cheveux, des tonnes de cheveux transformés en rouleaux de tissus. Puis les ustensiles apportés par les déportés : rasoirs, blaireaux, petits bassins en fer émaillé, lunettes, vêtements, boites de cirage, chaussures – surtout les petites chaussures d’enfants, prothèses, valises avec les noms des propriétaires. Impossible de contrôler nos émotions… La guide nous entraine vers la chambre à gaz et les fours crématoires, encore entiers. L’orifice par où le Zyklon B était jeté est là, juste au-dessus de nous. Nous sommes exactement à l’endroit où tant de pauvres gens ont trouvé la mort… Il nous faut un bon moment pour reprendre nos esprits. » Suivront alors une série de visites, notamment à Birkenau et Cracovie, mais aussi quelques moments plus ludiques permettant de reprendre son souffle, et une rencontre avec des personnalités politiques belges (dont le Premier Ministre) qui ont fait le déplacement jusque-là à l’occasion du 8 mai, pour saluer le courage et l’engagement des jeunes. Sur place, plusieurs d’entre eux prêtent le serment d’Auschwitz au nom des 1000. « Nous faisons le bilan avec nos élèves, très marqués par ce qu’ils ont vu et entendu, conclut Ph. MICHIELS. Nous les remercions pour leur écoute et leur comportement citoyen lors des visites. Nous les nommons aussi ambassadeurs d’Auschwitz auprès de leurs futurs conjoints, enfants et collègues. » ■ MARIE-NOËLLE LOVENFOSSE www.traindes1000.be entrées libres < N°71 < septembre 2012 11