international - Crédit Agricole d`Ile de France
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INTERNATIONAL P.2 SINGAPOUR : PLAQUE TOURNANTE/HUB INTERNATIONAL DES AFFAIRES EN ASIE DU SUD-EST! P.3 UNE REPRISE CYCLIQUE SANS VÉRITABLE ACCÉLÉRATION P.4 INGREDIA LE LAIT, PRODUIT HIGH-TECH L’innovation, moteur de l’exportation POINT DE VUE T out a été dit, depuis deux ans et le fameux « rapport Gallois », sur le déclin industriel français. Il est désormais établi et admis qu’il trouve, pour l’essentiel, ses racines dans un coût du travail excessif, qui pénalise les entreprises : insuffisamment rentables, elles ne sont pas en mesure d’investir comme elles le devraient pour faire face à une concurrence de plus en plus aiguë. Le résultat de cet affaiblissement se lit dans quelques chiffres qui se passent de commentaire : la part de l’industrie dans la valeur ajoutée totale est tombée à 12 % (la France est désormais 15e sur 17 dans la zone euro…), ce qui a conduit à la destruction de 2 millions d’emplois en 30 ans. Pour se convaincre de l’ampleur de ce décrochage, il suffit d’observer l’évolution du commerce extérieur français : excédentaire il y a douze ans, le solde de la balance commerciale est désormais déficitaire de 61,9 milliards d’euros. Pour dire les choses autrement, nos entreprises parviennent de moins en moins à vendre leurs produits hors de leurs frontières, mais également en France, où les consommateurs achètent de plus en plus « étranger ». Le pacte de responsabilité imaginé par le gouvernement, fondé sur une baisse de la fiscalité et des charges sociales, marque enfin le signe d’une prise de conscience nationale de ce déclassement. En plaçant le renforcement des entreprises au cœur des priorités, il consacre la conversion de la France à une politique de l’offre porteuse d’espoirs : plus fortes et plus rentables, les entreprises pourront investir, imaginer de nouveaux produits, s’ouvrir de nouveaux marchés et, in fine, créer des emplois. Gagner ce pari prendra du temps car il suppose de miser sur l’innovation, qui ne produit ses effets qu’à moyen terme. C’est pourtant la seule voie possible pour permettre à la France de retrouver son rang dans la compétition mondiale. Car si nos entreprises peinent LETTRE D’INFORMATION DU CRÉDIT AGRICOLE No 82 JUIN 2014 FICHE LES PRATIQUES BANCAIRES INTERNATIONALES STANDARD POUR L’EXAMEN DES DOCUMENTS EN VERTU DES RÈGLES ET USANCES UNIFORMES tant à s’imposer face à leurs concurrentes étrangères – à l’exception de quelques secteurs comme le luxe, l’aéronautique ou la pharmacie –, c’est que leur affaiblissement les a entraînées dans le peloton du milieu de gamme. Trop souvent, leurs produits ne présentent pas une qualité assez différenciante pour gagner des marchés face aux acteurs du haut de gamme, ni un prix suffisamment compétitif pour battre les champions du low cost. La stratégie d’une confrontation avec les producteurs à bas prix des pays émergents, insoutenable socialement, étant perdue d’avance, le salut ne pourra venir que d’une montée en gamme, assortie de coûts de « La France possède production maîtrisés. Cette ambition n’est pas hors de nombreux atouts de portée. Avec ses grandes pour être une terre écoles d’ingénieurs et de mathématiciens, ses centres d’innovation. » de recherche performants et ses grands laboratoires, la France possède de nombreux atouts pour être une terre d’innovation. Ses très grandes entreprises, implantées partout dans le monde, peuvent irriguer des filières entières et les entraîner derrière elles sur de nouveaux marchés. Son système bancaire, solide et puissant, a la capacité de financer la modernisation de notre appareil de production, ainsi que des projets novateurs et porteurs d’avenir. Seul manque un environnement réglementaire et fiscal plus favorable à l’entreprise en général et à la prise de risque en particulier, pour relancer l’innovation made in France. Et transformer, enfin, cette industrie vieillissante en une industrie performante et ambitieuse, prête à repartir à la conquête du monde. Gaëtan de Capèle Directeur adjoint de la rédaction Le Figaro 2 Singapour : plaque tournante/hub international des affaires en Asie du Sud-Est HORIZONS L a ville-état de Singapour est une place économique et financière très dynamique, multiculturelle, avec une population composée en grande majorité de Chinois (plus de 70 %), mais aussi de Malais, d’Indiens et de nombreux expatriés. La croissance du PNB est structurellement forte (3,7 % en 2013, 3,8 % en 2014 et 3,9 % projetée en 2015). Les principaux secteurs économiques de Singapour sont : les activités financières et de service (27 %), logistique et communication (27 %). L’industrie manufacturière et de construction ne représente que 23 % du PIB. Singapour est non seulement la troisième place financière en Asie mais également une plaque tournante du commerce régional (un tiers des flux commerciaux de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est – ASEAN – passe par Singapour), avec une balance commerciale structurellement positive. Pays de négoce, Singapour importe et exporte principalement des machines et équipements, des combustibles minéraux, des biens de consommation. Ses principaux pays fournisseurs sont l’Union européenne, la Malaisie et la Chine, et ses principaux clients Chine/Hong Kong, la Malaisie et l’Indonésie. Singapour joue un rôle actif au sein de l’ASEAN, et un accord de libre-échange avec l’Union européenne devrait être signé au cours de cette année. Les échanges commerciaux entre la France et Singapour sont largement excédentaires en notre faveur. Ils portent essentiellement sur l’aéronautique, l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et électroniques. À SAVOIR La principale langue utilisée est l’anglais, suivi du mandarin. Les Singapouriens sont ponctuels, respectueux de la hiérarchie, et les échanges de cartes de visites sont présentés et reçus à deux mains. Il est essentiel de bien préparer ses rendez-vous pour pouvoir répondre à des questions précises et de fournir une documentation en anglais. Il est conseillé de se faire reconfirmer les rendez-vous une semaine à l’avance. Situé au coeur de l’Asie du Sud-Est, Singapour – disposant par ailleurs d’une grande stabilité politique, d’un environnement juridique performant et d’une fiscalité attractive – est une des économies les plus compétitives au monde, et reconnue comme le pays où il est le plus simple de développer une activité commerciale. Cinq secteurs technologiques ont été définis comme particulièrement stratégiques : l’électronique, le biomédical, les technologies de l’information et la communication, l’ingénierie de précision et des transports ainsi que les technologies propres. S’implanter à Singapour ? CHIFFRES CLÉS Singapour offre une diversité d’aides publiques aux entreprises innovantes, le plus souvent disponibles sans autres POPULATION contraintes que d’être enregis- 5,4 MILLIONS EN 2013 (PROJECTION DE trée et d’investir à Singapour. Différentes approches sont pos- 6,9 MILLIONS D’HABITANTS À 2030) sibles : prospection/étude du marché sans création de struc- PIB PAR HABITANT 51.709 USD ture formelle (portage salarial), création d’un bureau de repré- SUPERFICIE 2 sentation (durée en général 710 KM (environ un quart de la limitée à un an), création d’une superficie du grand-duché Private Limited Company (Pte de Luxembourg). Ltd), la forme sociale la plus répandue. Il est relativement simple et rapide de créer une société à Singapour, mais il est cependant recommandé de se faire conseiller par un avocat ou un consultant. Notre accompagnement CA CIB, la banque de finansur Singapour et l’Asie cement et d’investissedu Sud-Est ment du Crédit Agricole, est présente à Singapour depuis 1905. Elle intervient en appui des clients internationaux en financements structurés, marchés de capitaux et cash management. La Délégation Asie Pacifique, basée à Hong Kong, assure l’accompagnement des clients du groupe Crédit Agricole sur Singapour et sur la région, avec l’assistance de CA CIB et/ou de UOB, une des principales banques de la place avec qui un accord de coopération a été signé en janvier 2014 pour assurer l’accompagnement des clients sur la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie et le Vietnam. La délégation met également la clientèle en contact avec des prestataires de service, tels que cabinets juridiques, fiscaux et comptables, et, pour les aspects commerciaux et l’aide à l’implantation, avec Altios International, partenaire du groupe Crédit Agricole. Michel Demuynck Pierre Finas SCO Singapour, Délégué Asie-Pacifique Malaisie et Indonésie CA CIB CA CIB CRÉDIT AGRICOLE INTERNATIONAL No 82 JUIN 2014 3 Une reprise cyclique sans véritable accélération ÉCONOMIE L ’année 2014 s’annonce comme celle d’une reprise synchrone à l’échelle mondiale avec une croissance positive un peu partout même si les tempos diffèrent. Aux États-Unis, la reprise est en voie de consolidation avec un raffermissement conjoint de l’emploi et de la consommation. Face à cette amélioration cyclique, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait poursuivre le retrait cadencé de sa perfusion monétaire, avec un arrêt probable de son programme de rachats d’actifs (Quantitative Easing ou QE) dans le courant de l’automne. Le calendrier et le rythme du futur resserrement monétaire vont désormais focaliser l’attention des marchés. Un premier geste est attendu au deuxième semestre 2015, suivi d’un processus très lent de normalisation. Les stigmates de la crise restent en effet visibles en particulier sur le marché du travail avec un chômage de longue durée encore élevé, des travailleurs trop souvent découragés ou qui occupent contre leur volonté des emplois à temps partiels. La croissance reste donc prioritaire quitte à accepter transitoirement des taux d’intérêt un peu plus bas que la « normale » pour continuer à soutenir l’activité. Plus de croissance, moins de liquidité En Europe, la surenchère à l’ausUne reprise fragile, vulnérable térité, qu’elle soit budgétaire ou aux chocs salariale, a mis l’ensemble de la zone euro dans une logique d’étiolement et non d’expansion pour résoudre ses problèmes de dette avec une compression des demandes domestiques et régionales dans une zone très intégrée commercialement. Rien d’étonnant à ce que le spectre de la déflation ait refait surface, l’excès de rigueur ayant alimenté un affaiblissement de la demande et une fragilisation du tissu des entreprises. Et notamment les PME-PMI, qui sont essentiellement tournées vers leur marché intérieur, avec des effets rétroactifs sur les bilans bancaires via la remontée des taux de défaut et, en retour, une raréfaction de l’offre de crédit (accentuée par les nouvelles contraintes réglementaires). Le poids de ces ajustements allant en s’allégeant, une timide reprise se dessine en zone euro. Il s’agit de l’accompagner, une tâche dévolue à la Banque centrale européenne (BCE) qui aura à cœur de maintenir des conditions monétaires et financières très accommodantes. Mario Draghi a récemment assoupli son discours et se dit prêt à agir par des moyens, conventionnels ou non, pour conjurer le risque d’une inflation trop basse, symp- CRÉDIT AGRICOLE INTERNATIONAL No 82 JUIN 2014 tôme d’une croissance anémiée et fragile, contrainte par le désendettement. Le maintien de taux bas reste en effet, en phase d’atonie conjoncturelle, un des seuls moyens de soulager les débiteurs et d’alléger le coût de l’assainissement. En retard par rapport à ses voisins, la France a pris le tournant des réformes pour à la fois améliorer sa compétitivité et tenir son budget. Ces efforts vont porter leurs fruits dans la durée mais il faudra encore compter à court terme sur les amortisseurs traditionnels, que sont les prestations sociales et l’épargne, pour soutenir la demande privée et finalement la croissance. Un environnement mondial et européen un peu plus porteur devrait également favoriser un léger rebond des exportations et par suite de l’investissement. Mais le profil de la reprise s’annonce dans tous les cas mou, autour des 1 %-1,5 % ces deux prochaines années. Le virage des réformes Un autre risque plane sur le village global, celui d’un atterrissage plus douloureux qu’anticipé en Chine ou dans d’autres grands émergents. En Chine, nourrir toujours plus d’investissement sur fond de levier grandissant pour une efficacité décroissante avec une croissance qui ralentit n’est pas tenable. Rééquilibrer le modèle en faveur de la consommation est un impératif avec des autorités chinoises aux commandes capables, selon toute vraisemblance, de piloter sans rupture ce processus long de transition. Mais le risque de faux pas ne peut être écarté. Ailleurs, l’hémorragie des capitaux étrangers, suite à l’annonce de la Réserve fédérale américaine d’un arrêt programmé de ses injections de liquidité, est venue révéler le caractère insoutenable d’une croissance fondée sur des déséquilibres financiers croissants. La contrainte financière va rester forte pour les pays à déficit extérieur comme l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, la Turquie ou l’Afrique du Sud sans compter les aléas politiques avec partout des élections, législatives ou présidentielles, et un agenda de réformes remis à plus tard. L’ensemble n’est pas exempt de risque sur la croissance de ces pays, un moteur qui ferait alors défaut pour alimenter la reprise mondiale. Un monde émergent plus instable Isabelle Job-Bazille, Directeur Études économiques Groupe groupe Crédit Agricole INGREDIA Le lait, produit high-tech RENCONTRE 4 Mille neuf cent éleveurs de vaches laitières du Nord-Pas-de-Calais, regroupés en coopérative depuis 1949, ont créé une filiale – Ingredia. Plutôt que de transformer le lait en beurre, crème, yogourts, fromages…, Ingredia a opté pour une activité de haute technologie. Microfiltration, nanofiltration, chromatographie et autres procédés de pointe permettent de séparer les différents constituants du lait : lactosérum, protéines, caséine, etc. Ils sont alors utilisés par l’industrie agroalimentaire et la nutrition santé. Dès l’origine, ces produits sont largement exportés et en 2006, Ingredia prend le tournant de l’internationalisation. Retour sur cette success story avec Sandrine Delory (directeur financier) et Nicolas Herman (trésorier). CHIFFRES CLÉS Pourquoi cette stratégie internationale ? S.D. et N.H. Parce que les grands de l’industrie agroalimentaire française se sont eux-mêmes très vite internationalisés. Et les composants du lait entrent dans la fabrication de très nombreux produits, du yogourt au chocolat, de la mayonnaise aux biscuits. Sans compter les produits diététiques, l’alimentation infantile, etc. Notre position est très forte. Nos constituants sont très sûrs notamment au plan de l’hygiène. Ils se recomposent facilement pour l’élaboration du produit final. Ils augmentent la productivité et la qualité. Ils se transportent facilement… Devant la croissance de la demande, nous avons décidé en 2006 de franchir une nouvelle étape et de créer nos propres filiales dans les pays où sont présents nos plus gros clients. D’abord au Canada, puis aux ÉtatsUnis, à Singapour et à Dubaï. Comment cela s’est-il passé ? S.D. et N.H. Une implantation à l’étranger est une expérience qui diffère radicalement de l’exportation ! Il faut s’insérer dans une culture différente, un environnement réglemenCRÉDIT AGRICOLE INTERNATIONAL No 82 JUIN 2014 taire particulier, mettre la maison mère à l’anglais et, pour les USA, s’habituer à peser en pounds ! Le turnover des personnels diffère dans chaque pays. Bref, il faut s’adapter en permanence. Comment avez-vous procédé au plan bancaire ? S.D. et N.H. Nous avons décidé, dès le début, de partir à l’export avec une banque de notre pool bancaire. Imaginez l’ouverture d’un compte dans une banque américaine. Première question : qui est votre actionnaire ? Expliquer que nous sommes la filiale d’une coopérative à capital variable de 1 900 coopérateurs laitiers, c’est compliqué… Le Crédit Agricole, lui, sait qui nous sommes, et cela facilite l’ouverture des comptes. Il assure pour nous toute la communication financière et nous présente aux banques locales. Nous voulions également que notre banque possède toutes les licences dans tous les pays où nous nous implantons. Aux États-Unis, par exemple, on ne dépose pas son chèque à la banque : on le scanne et on l’envoie par internet. Il fallait suivre cela depuis Arras. CA 2013 400 M E DONT 60 % À L’EXPORTATION EFFECTIFS : 447 PERSONNES Le Crédit Agricole Nord de France possède une forte expertise dans les moyens de paiement internationaux. Ils organisent régulièrement pour nos équipes commerciales des formations sur ces sujets afin qu’elles sachent ce qu’elles peuvent proposer. La banque facilite beaucoup notre travail. Le fait d’avoir un seul interlocuteur qui connaît à fond nos dossiers et les traite de bout en bout est très précieux. Quelles sont vos perspectives d’avenir ? S.D. et N.H. En 2015, il n’y aura plus de quotas laitiers dans l’Union européenne. La production va augmenter et les éleveurs seront à la recherche de rentabilité. Ingredia va se développer car la demande mondiale en produits laitiers est très forte. L’Asie change son alimentation et commence à en consommer. C’est tout dire ! Notre croissance est à l’export ! CRÉDIT AGRICOLE INTERNATIONAL est édité trimestriellement par le GIE GECAM - Fédération nationale du Crédit Agricole, 48 rue La Boétie, 75 008 Paris, tél. 01 49 53 44 05 Directeur de la publication Bertrand Corbeau Rédacteur en chef Jean Salati Comité éditorial C. Dupont, CR Aquitaine ; C. Eydoux, CA CIB ; A. Hemery, CR du Finistère ; M. Jacquet-Lagreze, CA.sa ; C. Planque, CR Nord de France ; N. Renaut, CA.sa ; P. Staehly, CR Alsace Vosges ; J. Tual, CA Corporate & Investment Bank Réalisation et direction technique Paragramme Impression I & D - Dépôt légal : juin 2014 Abonnements Caisses régionales de Crédit Agricole.