Ils se marièrent, vécurent heureux - Joelle Ingber

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Ils se marièrent, vécurent heureux - Joelle Ingber
ILS SE MARIERENT, VECURENT ENSEMBLE, ET EURENT BEAUCOUP….
D’ENNUIS
par Joëlle INGBER
▪ Jean et Sophie sont
ensemble depuis 17 ans.
Sophie a traversé de
longues périodes de
maladie, et Jean a été
très présent, jusqu’à être
contrôlant. Récemment,
Jean a découvert que
Sophie vit depuis 2 ans une histoire d’amour avec son collègue ; il ne peut pas lui
pardonner compte tenu de ce qu’il a « mis comme énergie pour la soutenir lors des
périodes difficiles », ni envisager de vivre sans elle. Elle lui en veut des années de
contrôle excessif où elle s’est sentie enfermée. Il souffre, lui fait raconter encore et
encore tous les détails, pleure, lui en veut, la menace et la supplie tour à tour, et
souhaite continuer avec elle. Elle ne sait plus si elle veut continuer avec lui. Ils vivent
quotidiennement un enfer.
▪ Marta et Jacqueline sont ensemble depuis 4 ans : elles s’aiment, partagent passions et
valeurs, mais Marta est accrochée à la cocaïne qu’elle consomme de manière
régulière. Cela engendre un problème d’agressivité lorsqu’elle est sous effet, une
difficulté financière pour le couple, surtout depuis la naissance de leur bébé de 6
mois. Plus Jacqueline tente de contrôler la consommation de Marta, plus Marta
cache et consomme. Jacqueline pose un ultimatum désespéré à Marta car elle ne peut
plus supporter les mensonges, dissimulations, consommation régulière et crises qui la
rendent incapable de s’occuper de leur fille.
▪ Elise et Thomas, mariés il y a deux ans, n’ont quasi plus de relations sexuelles depuis 8
mois : le désir d’Elise a disparu de manière soudaine et inexpliquée. Elle aime
Thomas, donnerait tout pour retrouver sa libido, mais elle n’a plus de désir. Ils en
parlent sans cesse, se disputent à ce propos. Plus il lui demande ou lui
propose, moins elle a envie de relations sexuelles car elle se sent obligée et coincée, et
moins encore elle a de désir. Ils sont au bord de la rupture alors que par ailleurs tout
fonctionne merveilleusement entre eux.
▪ Charles et David vivent ensemble depuis 18 ans, mais Charles ne supporte plus la
violence de David et en a peur. Charles n’arrête pas de dire à David « qu’il devrait se
faire soigner ». Un cap a été passé lorsqu’ils se sont roués de coups suite à une soirée
arrosée.
▪ Hélène ne retrouve plus l’homme qu’elle a épousé en Eric, depuis qu’il a décidé de
devenir religieux, 5 ans après leur vie en commun. Elle l’aime mais ne peut plus
continuer. Il lui dit qu’il attend qu’elle ait la révélation comme lui. Chacun reproche à
l’autre de ne pas le respecter.
▪ François ne trouve plus sa place dans son couple depuis que lui et Judith ont eu des
jumeaux. Selon lui, elle ne le voit plus, n’a plus de temps pour lui, elle est une mère et
n’est plus une épouse. Selon elle, il ne la soutient pas et n’arrête pas de lui faire des
reproches alors qu’elle est épuisée et qu’elle fait tout ce qu’elle peut.
▪ Jean Pierre a une opportunité professionnelle exceptionnelle aux USA, mais Elisa ne
veut pas ni ne peut quitter sa famille et sa carrière à Paris. Chacun reproche à l’autre
d’être égoïste et de vouloir imposer son point de vue.
▪ Rémy et Louise se sont rencontrés il y 2 ans ; chacun avait divorcé et deux enfants. Tout
allait merveilleusement entre eux, jusqu’au jour où ils ont tenté de vivre ensemble
avec les enfants. Les filles de Rémy ne supportent pas Louise , et Rémy est tiraillé et
ne veut pas les forcer. Ils se disputent sans arrêt à ce sujet : Louise lui demande de
prendre parti et lui trouve qu’elle exagère. Louise est enceinte de leur enfant commun
mais ne sait plus comment envisager la suite de leur relation.
▪ Jennifer et John s’aiment, mais ont des difficultés de communication : quel que soit le
sujet, ils se disputent et cela monte très vite en injures, voire en coups.
▪ Catherine se sent humiliée par Patrick depuis des années. Il la dénigrait publiquement,
était verbalement violent avec elle et très possessif. Il était en position dominante, et
elle le suppliait d’être gentil. Elle a décidé de le quitter. Il a complètement craqué à ce
moment-là et souhaite faire une thérapie pour récupérer leur couple. Il la supplie de
rester et s’engage à changer tout ce qu’elle veut. Catherine l’aime encore mais ne sait
pas si elle est prête à donner une chance à cette relation.
▪ Daphnée trouve Rudy radin et ne supporte plus qu’il lui dise qu’ils ne peuvent pas se
permettre certaines dépenses. Elle estime que l’on peut vivre à crédit et en négatif
dans une certaine mesure, et qu’il faut se faire plaisir et qu’ils vont progresser dans la
vie. Selon elle, il est parasité par la panique et des messages parentaux. Lui trouve
qu’elle est irresponsable ne peut pas gérer l’insécurité. Ils ont une société
commerciale en commun. ……
Autant de difficultés qui ne constituent qu’une infime partie des déclinaisons de causes pour
lesquelles un couple peut venir consulter.
Existe – t-il des caractéristiques propres aux thérapies de couple ?
Pas à proprement parler, puisque chaque histoire est unique : elle dépend des personnes, de
leur contexte, des réactions spécifiques qu’elles ont face aux difficultés, qui varient selon
leurs personnalités et leurs histoires de coup
Certains points communs peuvent néanmoins être dégagés. Cette réflexion n’a aucune
prétention d’exhaustivité, mais souligne certains aspects que l’on retrouve généralement au
sein des thérapies de couples
I. Certains aspects communs aux vécus et positions des couples en thérapie
1. Le degré d’urgence
A l’exception de quelques cas –trop rares -, où les gens viennent pour améliorer leur situation
ou prévenir des difficultés qu’ils anticipent, les thérapies de couples se déroulent presque
toujours dans l’urgence.
Elles n’apparaissent comme nécessaires que lorsqu’un certain seuil a été atteint
La crise a éclaté et la douleur est à son paroxysme, ou le degré de souffrance a atteint
un tel niveau que les deux personnes éprouvent le besoin de venir trouver une solution
immédiate, ou en tout cas de réguler leur relation.
L’entrevue doit avoir lieu rapidement, car la situation est très souvent insupportable pour les
personnes concernées.
2. Le type d’émotions, et le degré élevé d’intensité de celles-ci
Une thérapie individuelle peut être entamée pour de multiples raisons, dans des degrés
divers d’intensité d’émotion : cela peut être la crise d’angoisse aigue et insupportable,
un deuil dont on ne sort pas, des doutes, une envie de mieux communiquer, une envie de
prendre l’avion, d’arrêter de manger de manière compulsive….
C’est parfois urgent et parfois pas du tout, cela génère des émotions très fortes ou
simplement présentes.
En thérapie de couple, à quelques exceptions près, les émotions sont toujours fortes et
négatives, car elles sont issues de la crise ou du seuil atteint. Elles sont souvent en miroir
aussi : présentes chez les deux en même temps, et alimentées par leurs interactions. Les
deux ont l’impression de ne pas être reconnus, de tout donner et rien recevoir, d’être jugés,
que l’autre est agressi
Colère, rancoeur, douleur, déception, haine, tristesse, frustration, incompréhension, peur
sont souvent au rendez-vous.
3. C’est « parce qu’il/elle a commencé, que je »…..la poule et l’oeuf
Dans presque toutes les situations de vie, nous percevons notre attitude comme une réponse
légitime adressée aux attaques de l’autre, « qui a commencé », sans imaginer que l’on puisse
être, - ou être perçu par l’autre comme étant - à l’origine de la problématique.
Ainsi, on entendra souvent l’un des conjoints dire:
« C’est parce qu’elle/il est toujours sur mon dos quoi que je fasse, que je ne fais plus rien en
rentrant à la maison : c’est jamais bon »
Et l’autre décodera la même situation avec cette logique:
« C’est parce qu’il/elle ne fait jamais rien à la maison que je dois constamment le lui
demander pour que les choses soient faites »
Ou encore :
« C’est parce qu’il/elle me ment que je suis obligée de vérifier ses messages et que je me
fâche lorsque je découvre quelque chose qu’il m’a encore caché »
Tandis que l’autre dira : « C’est parce qu’il/ elle est contrôlant ( e) et me fait une scène pour
chaque chose que je suis obligé (e ) de le cacher »
Chacun a l’intime conviction que c’est l’autre qui a commencé, et que sa propre
réponse n’est qu’une réaction de « défense légitime ».
Chacun est convaincu que l’autre est plus en tort, et qu’il ment ou est de mauvaise foi
lorsqu’il dit que sa réaction à lui est une défense : « comment peux tu dire ca ?! Ce n’est pas
la vérité ! » .
La difficulté supplémentaire réside dans le fait que les deux sont l’un en face de l’autre, ce qui
engendre fréquemment les mêmes reproches en miroirs, ou une escalade dans la recherche
ou démonstration de « qui a commencé »
L’intervention de thérapie brève est de nature systémique : nous recherchons ce qui
entretient le système de part et d’autre, plutôt que d’identifier (ce) qui est à l’origine de la
difficulté.
4. « Je voudrais qu’il/qu’elle » ….
Le thérapeute est souvent confronté à des demandes de changement de l’autre, sans
que la personne qui le sollicite ne perçoive qu’elle doit également changer pour ce faire :
-
« je voudrais qu’il arrête de boire
je voudrais qu’elle soit moins stressée
je voudrais qu’il/elle soit plus sorteuse »…
Et très souvent, ce qui est mis en place pour générer ces comportements produit
paradoxalement l’effet contraire : plus on demande / moins l’autre a envie, plus on interdit /
plus l’autre le fait, plus on reproche / moins c’est effectué….
Ce sont là les tentatives de régulations
Il arrive plus d’une fois que ces demandes soient de type « magiques », en ce sens que la
personne qui les formule attend de l’autre qu’il soit ce qu’il n’a jamais été ; ou qu’il arrête
d’être précisément ce pour quoi la personne avait été originellement attirée…..
Ainsi, une personne qui aura été attirée par le calme et la gentillesse de l’autre lui reproche
un moment d’être « mou », alors que l’attitude récriminée est identique ; elle a simplement
cessé d’être satisfaisante pour l’autre.
Il est important de pouvoir recadrer ces attentes souvent irréalistes, car on ne change pas
l’autre. Tout au plus peut-on changer sa relation avec l’autre, en modifiant de part et d’autre
les positionnements.
Cela implique que la personne qui adresse des reproches (et qui s’estime en droit de les avoir
légitimement) doit admettre qu’il faudra qu’elle modifie elle aussi des comportements, pour
en générer d’autres que ceux incriminés chez son conjoint.
5. « Sois spontanée » : les paradoxes fréquents
« Je voudrais que tu sois attentionné, mais surtout que tu penses spontanément à me faire
des compliments et m’offrir des fleurs car tu sais combien c’est important pour moi»
« Je voudrais que tu sois plus performant sexuellement et que tu arrêtes de me dire que je te
mets la pression et que ca te bloque »
« Je souhaite un troisième enfant avec toi, tu ne veux pas. Au bout de mois de discussion et
disputes, tu acceptes. Mais…. je ne peux pas accepter que tu me dises que c’est parce que je
t’ai eu à l’usure. Je voudrais que tu aies sincèrement envie de cet enfant, sinon ce n’est pas la
peine ».
Autant d’injonctions paradoxales que le thérapeute devra mettre en lumière, pour
permettre aux couples de sortir de cette boucle infernale…
II. Certaines difficultés techniques propres aux thérapies de couples du point
de vue du thérapeute
Les thérapeutes se trouvent face à des difficultés spécifiques liées aux thérapies de couple.
1. Risque de projection de notre vision du monde
Tous les thérapeutes n’ont pas des tocs, des crises d’angoisses, des crises de boulimie, des
voix qui parlent, des phobies des araignées, des difficultés avec leur supérieur…
En revanche chacun des thérapeutes a vécu au moins une histoire d’amour dans sa
vie: cela peut-être son premier amour de la maternelle, son amour pour la voisine, celui qui
les lie à leur compagnon… .
Et chacun des thérapeutes a inévitablement ses opinions - qu’il en soit conscient ou pas- sur
le couple, l’amour, la fidélité, ce qui est acceptable ou pas: amour libre ou fidélité, argent en
commun ou qui reste dans la famille, jusqu’où va la confiance, activités en commun ou
chacun de son côté…
Les difficultés de couples entrent en écho avec notre vécu, nos valeurs et conceptions sur le
couple. Il est important de rester vigilant et de pouvoir les dépasser pour ne pas être
normatif, ou imposer notre point de vue.
2. Difficulté à trouver un équilibre dans la relation
Le thérapeute se trouve face à deux personnes à l’égard desquelles il n’aura pas
nécessairement les mêmes atomes crochus. Ou tout simplement pas la même qualité de
premier contact.
Il arrive que certaines personnes lui paraissent plus sympathiques, plus attachantes, plus
« en tort » ou plus « justes » dans leurs arguments car ceux-ci correspondent aux valeurs du
thérapeute
Or les séances de couples sont extrêmement délicates : le thérapeute est en permanence
scruté par 2 paires d’yeux issus de personnes en lutte ou en douleur, qui n’auront de cesse de
vérifier « avec qui il est, à qui il donne davantage raison ».
Chacun a besoin d’être compris et reconnu lorsqu’il est dans une situation douloureuse.
Dès lors chaque regard, temps de parole, acquiescement, reformulation seront observés,
disséqués, ressentis. L’intervention du thérapeute est sur le fil, et sans filet…
Il est capital qu’à l’issue de la première séance, chacun se soit senti compris et reconnu, par
un tiers impartial.
Le thérapeute devra être attentif à maîtriser les techniques spécifiques de reformulation, à
être à la fois en relation avec chacun individuellement, dans la relation avec tous, et en
dehors de la relation pour conserver un « regard méta » sur ce qui se joue à trois.
3. Les « agendas cachés » de la thérapie de couple
Toutes les thérapies de couples ne visent pas à améliorer les relations entre les deux
protagonistes, loin s’en faut.
Il arrive que l’un des membres du couple utilise la thérapie précisément pour annoncer une
rupture dans un espace sécurisé : le thérapeute est là pour être le médiateur de cette
nouvelle -souvent inattendue ou fracassante- pour l’autre.
Il arrive que la thérapie ne soit qu’un alibi pour l’une des personnes pour « faire semblant
qu’elle est de bonne volonté » alors qu’elle a déjà décidé que la vie en commun ne sera plus
possible et qu’elle va utiliser la thérapie pour amener l’autre à ce constat.
Parfois, l’un des conjoints –ou les deux- sont déjà engagés dans une autre histoire et ne sont
pas désireux de continuer, mais n’ont pas encore réussi à le constater (ils sont encore en
hésitation ou dans un dilemme et la thérapie vise à leur donner une réponse) ou à l’annoncer.
Il arrive fréquemment que la thérapie aboutisse au constat – avec ou sans « agenda cachéque les personnes ne peuvent plus continuer ensemble : elles sont trop en souffrance dans
leurs interactions, ont développé des besoins légitimes de part et d’autre mais incompatibles,
ont évolué trop différemment….
Autant d’enjeux que le thérapeute devra être attentif à décoder, et à propos desquels il devra
gérer sa communication et son positionnement.
Souvent aussi – heureusement ! -la thérapie crée un espace où les difficultés peuvent être
abordées, les besoins clarifiés, et des solutions alternatives sont co-construites.
4. Le jeu des secrets et des alliances
« Je vous envoie un mail car je voulais vous dire qu’en réalité, je sors avec quelqu’un
d’autre et j’hésite entre rester avec mon mari et le quitter, et à la fois, je ne peux pas me
séparer de l’autre homme que j’aime. Je voulais que vous le sachiez , mais ne lui dites pas».
« Ne lui dites pas, mais en réalité, j’ai déjà accepté ce poste à l’étranger »
« Je vous écris, car j’ai trouvé qu’au cours de la séance dernière, vous ne m’avez pas
vraiment écoutée alors que vous avez donné raison à la demande de mon mari. Du coup, je
suis sortie avec une impression de malaise accrue, et je me suis sentie encore plus mal en
sortant qu’à l’arrivée. Je n’ai pas pu le dire car j’ai du mal à exprimer mes émotions, c’est
d’ailleurs une des raisons pour laquelle nous vous consultons ».
« Ne trouvez –vous pas que j‘ai raison lorsque je lui dit que rentrer à 3 heure du matin, c’est
exagéré ? »
« Est ce que vous accepteriez, vous, de vivre avec quelqu’un qui ne veut jamais m’autoriser
à boire un verre une heure avec une copine ? »
« Vous voyez comme elle me parle ? Elle est hystérique»
Autant de prises à parti, de confidences qui représentent de subtils défis de gestion et de
communication pour le thérapeute.
III. L’apport spécifique de la thérapie brève aux problématiques de couples
Quelle est la différence entre l’approche stratégique et systémique qui est la nôtre, et les
autres approches en matière de thérapie de couple ?
1. L’approche systémique et le décodage des tentatives de régulations
Plutôt que de chercher la cause des difficultés, identifier qui est en tort ou créer un espace de
reproches en boucle, nous préférons agir de manière proactive.
Quel que soit le problème ou les difficultés exposées, nous en refaisons une lecture
systémique et interactionnelle que nous partageons :
nous identifions quel est le problème pour chacun et quels sont les problèmes pour les
deux partenaires
nous identifions les tentatives de régulations de chacun des protagonistes et faisons
ainsi un diagnostic des redondances
nous proposons une nouvelle lecture dynamique du processus en mouvement, qui
permet aux patients de comprendre comment chacun alime le problème, et donc comment
chacun va pouvoir contribuer à transformer ce cercle vicieux en cercle vertueux.
2. Le non- vouloir
Nous ne voulons rien de spécifique : ni que le couple perdure, ni qu’il ne prenne fin.
La « réussite de la thérapie » n ‘est en rien subordonnée au fait que le couple se maintienne
ou pas. Nous défendons l’idée d’une approche responsabilisante, qui permette aux personnes
de redevenir acteurs de leur vie, quel que soit leur choix.
Et c’est précisément dans cet espace de non vouloir que tout devient possible : place est
laissée à la créativité.
3. Non- normativité
Nous n’avons pas « les 7 secrets pour réussir un couple » ni les « 10 clés de l’entente
parfaite ».
Nous ne disposons pas de recettes pour réussir un couple, et ne nous référons pas à des
normes applicables quant à la manière de vivre.
Nous ne cherchons pas le coupable à l’origine de la difficulté, mais envisageons la relation.
Nous appliquons une méthode flexible, adaptée à chaque cas. Dès lors, toutes les solutions
redeviennent possibles: faire des concessions, vivre séparément, vivre avec d’autres relations
en parallèle, se séparer…du moment qu’elles sont adaptées aux personnes.
4. Rigueur et créativité
Nous proposons entre chaque séance des tâches qui sont orientées à 180° des tentatives de
régulation, ce qui permet au couple d’expérimenter de nouveaux positionnements et
apprentissages :
-
parler à certains moments au lieu de tenter de communiquer à tout moment
communiquer de manière alternée au lieu de rentrer dans des escalades de
raisonnements
arrêter de demander et faire, ou inciter
arrêter de prendre en charge et laisser l’autre assumer ses actions ou inactions
prendre l’initiative plutôt que demander l’autorisation….
IV. Cela donne quoi ?
Cela donne des solutions variées, chaque fois différentes, non normatives, adaptées à la
« vraie vie » :
▪ Sophie a annoncé à Jean au cours d’une séance poignante, que malgré toute la
reconnaissance qu’elle avait à son égard pour son soutien durant la maladie, elle
n’était plus prête à continuer la relation avec lui car il l’avait étouffée par son
contrôle. Ils se sont séparés
▪ Marta et Jacqueline ont trouvé un arrangement : elles ont identifié la partie du budget
commun qui sera alloué à la consommation de cocaïne et s’y tiennent. Marta s’est
engagée à consommer pour le plaisir, prévenir lorsqu’elle envisageait d’en prendre,
afin de trouver ensemble une solution écologique de garde de leur fille, pour que
personne ne pâtisse de sa fatigue du lendemain
▪ Elise et Thomas ont cessé de parler de la difficulté de leurs relations sexuelles et ont
arrêté de se disputer. A l’heure actuelle, ils sont en train de tester
diverses alternatives : parfois Thomas fait une demande et Elise y répond, parfois elle
tente de prendre des initiatives même si elle n’a pas envie, car une fois la « machine
mise ne route », le désir revient. Ils développent une sexualité davantage alimentée
par des fantasmes et jeux érotiques, et verront combien de temps cela leur
conviendra.
▪ Charles a compris combien il rabaissait David et alimentait sa colère avec ses remarques
permanentes sur sa violence et a cessé de le critiquer de cette manière. L’un et l’autre
ont appris à exprimer leurs mécontentements et leurs demandes dans une
communication plus fluide .David travaille sur la gestion de la colère, qu’il a appris à
exprimer plus tôt.
▪ Hélène et Eric se sont séparés pour incompatibilités religieuses et philosophiques et sont
actuellement en médiation « musclée » pour déterminer la garde des enfants.
▪ Judith et François ont repris du temps pour eux sans les jumeaux et mieux défini qui
fait quoi. Il y a de la fluidité dans l’air….
▪ Jean Pierre et Elisa ont pu faire émerger leurs besoins derrière leurs demandes : Elisa
avait besoin de stabilité pour les enfants jusqu’à la fin d’un cycle, et de pouvoir
terminer sa mission à Paris puis est prête à partir. Jean Pierre a besoin de savoir qu’il
peut développer une nouvelle vie et un nouvel horizon professionnel. Une fois
identifiés, il est apparu qu’il était possible de répondre aux deux besoins, à conditions
de ne pas le faire simultanément. Ils sont d’accord de rester encore deux ans, et
chercher à construire ensemble un nouveau projet aux USA, qui sera une autre
opportunité.
▪ Rémy et Louise ont pu trouver un modus vivendi sur le minimum acceptable pour
chacun lors de la vie en commun recomposée. Ils n’étaient pas très loin dans leurs
aspirations.
▪ Jennifer et John communiquent beaucoup mieux, de manière posée et respectueuse, et
sont arrivés à la conclusion que leur couple n’a plus d’avenir.
▪ Catherine et Patrick sont actuellement en thérapie afin de définir d’éventuelles
nouvelles règles du jeu de leur relation avec son nouvel équilibre, mais… rejouent le
même scénario décliné autrement. Patrick ne l’injurie plus, mais l’enjoint en la
suppliant de l’aimer plus et lui reproche de ne pas voir combien il change.
▪ Daphnée et Rudy ont modifié leur organisation financière : ils ont créé un compte
commun avec les dépenses incontournables et deux comptes séparés. Si Daphnée
dépasse le seuil de zéro, c’est dorénavant avec sa carte de crédit à elle, pour ses
plaisirs qu’elle s’alloue… et assume.
L’approche stratégique de la thérapie de couple ?
C’est passionnant, fascinant, challengeant, interpelant, engageant, émouvant, toujours
surprenant.
Comme chacun des couples que nous avons le bonheur d’accompagner….