Discours de remerciements par Henri Skoda - IMJ-PRG

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Discours de remerciements par Henri Skoda - IMJ-PRG
Discours de remerciements pour le
Colloque d’Analyse complexe
Henri Skoda
15 septembre 2005
Chers Collègues, Chers amis
Mon premier souhait est, avant tout, de remercier tous ceux grâce auxquels
ce colloque a été un plein succès.
Je remercie d’abord ceux qui ont pris l’initiative de ce colloque, les membres
du Comité d’Organisation, Jean-Pierre Demailly, Andrei Iordan, Christer
Kiselman, Christophe Mourougane, Yum Tong Siu, Gennadi Henkin. Ils ont
réussi en quelques mois à mener à bien l’entreprise sans ménager ni leur
temps ni leur peine. Jean-Pierre Demailly s’est investi tout particulièrement
dans la responsabilité scientifique du colloque et Andrei Iordan dans la responsabilité financière et matérielle jusque dans ses moindres détails.
Je remercie Monsieur le Président de l’Université qui a fait l’ouverture du
colloque et qui a bien voulu nous accueillir dans la salle Esclangon pour cette
réunion. Sa présence à nos côtés lors de l’ouverture du colloque témoigne de
l’attachement de notre Université de Paris 6 à la Recherche et aux Mathématiques.
Je remercie également Michel Broué, Directeur de l’Institut Henri Poincaré
qui a accepté de mettre à notre disposition durant toute la durée du colloque, l’amphithéatre Hermite qui est un lieu hautement symbolique pour
les Mathématiques.
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Je remercie tous ceux, français ou étrangers qui ont accepté de présenter
une conférence. Le haut niveau scientifique de leurs exposés a contribué à
renforcer tout particulièrement l’éclat et la portée de cette manifestation.
Mes remerciements vont enfin à tous les participants collègues et étudiants
ainsi qu’à tous ceux qui ont prêté leur concours. J’ai été très sensible à leur
présence chaleureuse.
On a dit beaucoup de bien de mes travaux et de moi-même durant ce
colloque, en termes bien sûr élogieux. Je me dois de rétablir la vérité en
disant tout ce que je dois aux maı̂tres qui m’ont guidé au moment critique
où j’abordais le recherche mathématique en 1967-1968. J’avais alors 23 ans.
Pendant l’oral de l’agrégation de mathématiques en 1967, j’avais eu la chance
de rencontrer André Martineau qui présidait le jury du concours et qui venait
d’être élu professeur à l’Université de Nice, alors en plein développement. Il
accepta de diriger mes recherches et m’invita à prendre un poste d’assistant
à l’Université de Nice. C’est là que je rencontrais pour la première fois
Christer Kiselman qui avait été invité par André Martineau. André Martineau était lui-même un élève de Laurent Schwartz. A ma grande surprise, il m’expliqua qu’il n’y avait pas de véritable urgence à étudier ses propres travaux (la théorie des fonctionnelles analytiques) mais qu’en revanche,
j’avais tout intérêt à lire et à comprendre les travaux d’un mathématicien
suédois déjà très célèbre Lars Hörmander relatifs aux estimations L2 pour
l’opérateur ∂¯ et ceux de Pierre Lelong sur les fonctions plurisousharmoniques
et les zéros des fonctions entières et à essayer d’en tirer profit. Il convient
de préciser, qu’à l’époque en 1967, ces derniers travaux n’étaient pas encore
très connus et que, pendant quelques années, mon domaine de recherches fut
donc considéré comme un peu marginal, du moins en France.
Je fus frappé par la hauteur de vue d’André Martineau: il ne cherchait pas à
developper à tout prix les méthodes et les résultats d’une école de pensée mais
il était capable d’indiquer, avec lucidité, une voie originale et pleine d’avenir,
indépendante des modes et des écoles dominantes du moment et bien distincte de celle de ses propres recherches. Il sut me guider dans quelques
choix essentiels et maintenir une présence bienveillante, tout en me laissant
une totale initiative et en me laissant même trébucher sur les obstacles et
les surmonter seul: ce fut une excellente école de la recherche. Personnalité
ouverte et sereine, André Martineau est resté pour moi un modèle exemplaire. Malheureusement, il décéda prématurément en mai 1972 à l’âge de
42 ans, au moment où j’achevais ma thèse de doctorat d’Etat. Pierre Lelong
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accepta immédiatement avec une grande générosité de reprendre la direction
scientifique et administrative de ma thèse et de me faire soutenir dans les
meilleurs délais en septembre 1972.
En juin 1972, Pierre Lelong avait organisé un grand colloque international à
Paris. Il m’invita à y présenter une conférence.
J’y fis la connaissance de Yum Tong Siu dont les travaux eurent une influence décisive sur mes propres recherches et sur ma réflexion scientifique
durant toute ma carrière.
Pierre Lelong m’invita régulièrement entre 1970 et 1975 à venir exposer mes
premiers résultats dans le séminaire qu’il organisait à Paris chaque mardi
après-midi à l’Institut Henri Poincaré. Ces invitations furent pour le tout
jeune chercheur débutant que j’étais un immense encouragement et elles contribuèrent fortement à faire connaı̂tre mes travaux. J’ai pleine conscience
aujourd’hui encore de l’aide infiniment précieuse qu’il m’apporta.
Elu professeur à l’Université de Toulon en 1973 puis professeur à Paris 6
en 1976, j’ai alors partagé avec Pierre Lelong et Pierre Dolbeault la direction
de ce même séminaire d’Analyse Complexe qui se poursuit jusqu’à nos jours.
Gennadi Henkin et Jean-Marie Trépreau se sont associés à la direction du
séminaire dès leur arrivée dans notre Université. Le temps me manque
bien sûr pour décrire tout ce que cette longue collaboration m’a apporté.
Permettez-moi juste de me souvenir un instant des premiers exposés de Christine Laurent et de Jean-Pierre Demailly en 1977. Jean-Pierre Demailly était
alors mon premier étudiant en thèse à Paris 6. Laissez-moi évoquer aussi
le souvenir des premiers exposés des tous premiers doctorants de Gennadi
Henkin à Paris 6: Stéphane Collion, Pascal Dingoyan, Tien Dinh, Bruno
Fabre, Stéphanie Nivoche, Frédéric Sarkis, également ceux de Joël Merker
quand il était l’étudiant de Jean-Marie Trépreau.
J’ai également succédé à Pierre Dolbeault pour prendre la direction de
l’équipe d’Analyse Complexe de 1993 à 2001. Ce fut une époque un peu mouvementée mais attachante avec la création de l’Institut de Mathématiques de
Jussieu sous la direction de Christian Peskine puis celle de Harold Rosenberg
et enfin de Gilles Godefroy et le déménagement de la place Jussieu à la rue
du Chevaleret. A ma grande satisfaction, l’équipe d’Analyse Complexe a pu
s’intégrer sans difficulté majeure dans la nouvelle structure administrative de
l’Institut tout en gardant son autonomie, sa cohérence et son originalité.
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Je dois enfin évoquer la charge qu’a été pour moi la direction du réseau
européen ANACOGA (abréviation d’Analyse Complexe et Géométrie) entre
1998 et 2002 avec la gestion d’un budget très important et de l’ensemble des
postdoctorants du réseau en collaboration avec la Commission Européenne
de Bruxelles. J’étais en fait fort peu préparé pour assumer un tel travail qui
était entièrement nouveau pour moi.
Je remercie tous mes collègues du réseau Bo Berndtsson à Göteborg, Klas
Diederich à Wuppertal, Jürgen Leiterer à Berlin, Giuseppe Tomassini et
Paolo de Bartoloméis à Florence, Christine Laurent à Grenoble et Pierre
Dolbeault à Paris pour l’aide précieuse qu’ils m’ont apportée.
Les colloques organisés dans le cadre du réseau européen à Cortona par
Giuseppe Tomassini et Paolo de Bartoloméis puis à Wuppertal par Klas
Diederich ont été pour moi de très grands moments non seulement de vie
scientifique mais aussi de vie culturelle et d’humanisme.
Je suis heureux d’avoir, grâce à ce réseau, pu aider un nombre appréciable
de jeunes chercheurs en attente d’un poste définitif.
Pour conclure, je voudrais simplement dire ma joie d’avoir pleinement pris
conscience, en rédigeant ce discours, du fait que le point le plus important
dans mes quarante années de vie scientifique n’était pas tant mes publications ou ma carrière que celui d’avoir reçu de mes maı̂tres André Martineau,
Pierre Lelong, Lars Hörmander une étincelle de vie scientifique et d’avoir
essayé de la transmettre aux générations qui me suivent.
A tous, du fond du coeur, merci.
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