p 1-2.indd

Transcription

p 1-2.indd
L e s n o u ve l l e s
d e l ’ I f re m e r
MARS 2006
n°78
DOSSIER
Avant d’arriver sur la table des ministres européens des Pêches, qui décident des quotas
de pêche pour différentes espèces, les recommandations font l’objet d’une longue procédure
qui s’appuie sur de multiples critères.
Présentation de cette démarche où la biologie n’est pas le seul élément de référence.
P
our établir le diagnostic de
l’état des ressources de l’Atlantique Nord-Est, les biologistes de l’Ifremer participent, avec
d’autres scientifiques, aux groupes
de travail du Conseil international
pour l’exploration de la mer (CIEM).
Deux fois par an, l’ACFM, comité
d’avis sur la gestion des pêches du
CIEM, valide ces diagnostics, puis
élabore des recommandations pour
environ 130 stocks. À la demande de
la Commission européenne, l’avis produit par l’ACFM est uniquement de
nature biologique. Il est ensuite enrichi d’informations, notamment économiques et sociales, par le Comité
scientifique, technique et économique
des pêches (CSTEP ou STECF) de la
Commission. Réuni en décembre à
Bruxelles, le Conseil des ministres des
Pêches décide finalement des mesures
de gestion appropriées, et en particulier des TAC, sur la base de ces avis.
Pêcheurs et scientifiques
à la source
de l’information
Les halieutes utilisent deux sources
de données : celles des pêcheurs et
celles issues des travaux scientifiques.
En France, les informations collectées auprès des pêcheurs jouent un
rôle essentiel dans l’évaluation des
stocks. Quantités pêchées, lieux de
capture, effort de pêche sont notés
sur les livres de bord. Validées par la
Direction des Pêches Maritimes et de
l’Aquaculture (DPMA), elles indiquent les captures par espèce et par
secteur géographique.
Nouvelles méthodes
optique et acoustique
Les observateurs du Système d’Informations Halieutiques de l’Ifremer
complètent ces données déclaratives.
Sur les quais, ils compilent les données d’activité de nombreux bateaux,
permettant une restitution des débarquements à l’ensemble de la flottille.
Les débarquements sont échantillonnés à la criée pour connaître l’âge
des poissons, leur sexe ou leur état
de maturité, paramètres biologiques
indispensables aux modèles et aux
diagnostics. Les rejets sont quant à
eux évalués lors d’embarquements à
bord des navires.
Les campagnes scientifiques, basées
sur un protocole validé par la communauté internationale, complètent
Processus d’élaboration des TAC
Professionnels
(Logbooks, déclarations,
ventes en criée,...)
Scientifiques
(Échantillonnages
des débarquements,
enquêtes économiques,...)
Collecte
des données
Année Y-1
Ifremer
CIEM
Groupes
de travail
internationaux :
expertises
scientifiques
biologiques
Comité
d’avis
(ACFM) :
synthèse
des travaux
Union européenne
Consultation
(STECF),
dont
expertise
économique
Conseil
des
Ministres
Diagnostic
Avis
Avis
Décision
Année Y
janv.-oct.
Année Y
mai et oct.
Année Y
oct. déc
Année Y
décembre
TAC
pour l’année
Y+1
les données des pêcheurs et permettent d’obtenir des informations d’une
année sur l’autre (voir page 3). Elles
couvrent une zone plus vaste que
les lieux de pêche, afin de préciser
la croissance des espèces, leur reproduction, leurs migrations ou encore
leur mortalité naturelle. Elles renseignent également sur les variations
inter-annuelles du nombre de jeunes
poissons et donc sur la quantité de
poissons exploitable dans un futur
proche.
De nouvelles méthodes optique et
acoustique vont compléter les campagnes classiques, grâce aux robots
sous-marins et aux sondeurs multifaisceaux. En parallèle, l’Ifremer travaille avec les professionnels à la mise
en œuvre de nouveaux chaluts sélectifs et de pratiques de pêche durable
comme le projet européen Necessity
(Voir Les Nouvelles de l’Ifremer n°70
- Juin 2005).
Vers une approche
écosystémique
À l’avenir, l’évaluation des ressources et l’évolution des populations devra reposer non plus sur une
approche stock par stock, mais sur
une approche dite écosystémique, qui
repose sur un ensemble de modèles
mathématiques où se croisent données biologiques, écologiques, économiques, technologiques, sociales…
La prise en compte d’indicateurs
scientifiques et socio-économiques est
déjà employée pour certaines espèces
comme la langoustine, mais la plupart
des propositions de TAC ne reposent
encore que sur des critères biologiques. La généralisation de l’approche
écosystémique est un engagement pris
en 2002 par les Nations Unies, au
sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg qui, en
Europe, oriente la politique commune
de la pêche. ■
« Le défi scientifique
est la prise en compte
de l’écosystème dans
son ensemble »
© Ifremer
TAC : la recherche au service de l’expertise
Trois questions
à Loïc Antoine,
halieute à l’Ifremer
◗ Les méthodes d’évaluation
des stocks sont-elles différentes
d’une espèce à une autre ?
On parle plutôt d’évaluation
directe ou indirecte. La première
mesure directement la quantité
de poissons là où ils se trouvent
comme, sur terre, les satellites
pour les productions agricoles.
Sous l’eau, la technologie actuelle utilise des sondeurs acoustiques pour évaluer certaines espèces comme l’anchois. Mais les
résultats ne sont interprétables
qu’avec des séries d’observations
faites dans des conditions identiques, avec des procédures standardisées. Le plus souvent, on
utilise des méthodes indirectes
fondées sur la connaissance biologique des espèces, l’évaluation
du prélèvement de la pêche et les
moyens déployés par les pêcheurs
pour faire ce prélèvement.
Lire suite page 2
Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 1
◗ Comment bâtissez-vous vos
prévisions ?
La structure, l’histoire et l’exploitation du stock de poissons sont reconstituées à l’aide
de modèles mathématiques qui
permettent de construire des
scénarios d’exploitation assortis de contraintes comme de
laisser sur le fond une quantité
suffisante de reproducteurs ou
encore de laisser grandir les
juvéniles.
La précision des résultats
dépend évidemment de la qualité de ces modèles, et c’est
notre principal objectif de les
améliorer. Elle dépend aussi
de la quantité et de la qualité
des données qui alimentent ces
modèles. Leur fiabilité bénéficierait grandement d’un accroissement de la couverture et de la
précision du système déclaratif.
Par ailleurs, les scientifiques
intensifient la collecte de données biologiques, y compris sur
les rejets à la mer.
◗ Quelles évolutions vont
permettre de tendre vers une
incertitude zéro dans l’évaluation des stocks ?
L’incertitude zéro n’existe
pas, on le voit en météorologie.
Les modèles sont des équations
mathématiques qui permettent
d’appréhender une réalité complexe. Imprécis, ils restent perfectibles. Les plus couramment
utilisés sont assortis d’intervalles de confiance. L’analyse
scientifique des risques de
“ surpêche ” est régulièrement
effectuée par rapport à des
critères biologiques. Les décideurs peuvent alors procéder à
une gestion du risque, d’autant
mieux qu’on peut y adjoindre
des critères économiques.
Mais nous sommes tous conscients, pêcheurs comme scientifiques, que la pêche ne dépend
pas que de la relation entre les
pêcheurs et les poissons. Les
stocks sont interdépendants et
évoluent dans un milieu changeant. La pression de la pêche
dépend d’un environnement
socio-économique diversifié. Le
défi scientifique est la prise en
compte de l’écosystème dans
son ensemble : nous devons
mieux connaître l’influence de
l’environnement sur la reproduction, la dissémination des
larves et de leur nourriture sous
l’effet des vents et des courants,
pour établir les modèles qui
permettront de comprendre et
prévoir le recrutement.
TAC : LA RECHERCHE AU SERVICE DE L’EXPERTISE
Le cas de l’anchois du golfe de Gascogne
Les scientifiques de l’Ifremer s’attachent à comprendre les raisons des fluctuations
d’abondance de la ressource en fonction de la variabilité environnementale.
Objectif : améliorer les diagnostics utilisés par l’autorité publique qui décide
des modalités d’encadrement de l’exploitation de l’anchois du golfe de Gascogne.
D
ans le golfe de Gascogne,
l’anchois a jusqu’à récemment fait partie des quatre
premières espèces débarquées. Les
données issues des pêcheries et des
campagnes scientifiques espagnoles
et françaises du premier trimestre
2005 ont montré que la biomasse
d’anchois en 2005 était la plus basse
jamais observée, faisant craindre un
effondrement du stock. Ces résultats
confirmaient la faible abondance de
juvéniles (anchois âgés de moins de
1 an) observée depuis trois ans.
Comme chez les petits poissons
pélagiques en général, le nombre de
juvéniles d’anchois, en grande partie
déterminé par les conditions environnementales, montre de fortes
variations d’une année à l’autre. Afin
d’améliorer les prévisions, les travaux
scientifiques cherchent à établir la
relation entre les conditions climatiques pendant les phases larvaire et
juvénile et le recrutement observé
l’année suivante.
De fortes variations
d’abondance
selon les années
L’anchois est une espèce à faible
longévité (4 ans), qui atteint sa maturité sexuelle à 1 an. C’est principalement le recrutement (les poissons
d’1 an, âge auquel l’anchois entre en
pêcherie) qui est pêché. En définissant le recrutement de l’année n par
l’abondance des anchois de 1 an au
début de l’année n+1, on a constaté
que les abondances enregistrent des
fluctuations fortes et irrégulières entre
1987 et 2002. Les scientifiques ont
établi que ces variations résultent des
différences inter-annuelles de la mortalité qui frappe les stades larvaires et
juvéniles de l’anchois. Cela est attesté par la différence entre le nombre
d’œufs émis chaque année (quelques
© Ifremer/ P. Petitgas
DOSSIER
Anchois juvéniles observés à bord de Thalassa pendant la campagne Juvaga05.
centaines de milliers de milliards) et le
nombre d’anchois éclos ayant survécu
un an plus tard (quelques milliards).
Les recherches se sont portées sur
cette période la plus “ critique ” du
cycle biologique de l’anchois. Le défi
golfe de Gascogne a permis d’élucider les principaux phénomènes naturels responsables de cette mortalité
et d’en comprendre les mécanismes.
La survie globale pendant l’été est de
1 juvénile pour 1 000 œufs environ.
On sait aujourd’hui calculer la survie
des larves d’anchois trois mois après
leur éclosion et dresser la cartographie d’indices de survie dans le golfe
de Gascogne. Ce résultat est obtenu
en combinant trois approches. Les
campagnes d’observation in situ per-
10000
8000
6000
4000
2000
0 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Valeurs de recrutement (en millions) de l’anchois de 1987 à 2005, établi par le groupe de travail du
CIEM dans son rapport de 2006. (ex : 4 538 millions d’individus de 1 an en janvier 1987).
Ifremer
mettent la reconnaissance des aires
de ponte, l’échantillonnage des larves au printemps et des juvéniles en
automne. L’analyse otolithométrique
révèle l’effet des facteurs du milieu
sur la survie et la croissance des larves.
Enfin, un modèle hydrodynamique
tridimensionnel intégrant des facteurs
tels que marées, vents, échanges thermiques océan-atmosphère, débits des
fleuves, reproduit les conditions environnementales que les larves rencontrent au cours de leurs trois premiers
mois.
Prochaine campagne
PELGAS en mai
Ce que l’on ne sait pas encore, c’est
calculer précisément combien de ces
juvéniles survivront à l’hiver (1 sur
100 en moyenne) et donneront des
anchois de 1 an au printemps suivant.
Pour mieux comprendre le phénomène, deux campagnes ont été menées
en 2005 : la campagne de recherche
Ifremer JUVAGA, et la campagne
d’observation réalisée par des navires professionnels dans le cadre d’un
partenariat entre le Comité National
des Pêches Maritimes et des Élevages
Marins (CNPMEM), la DPMA et
l’Ifremer. Les campagnes espagnole
et française (PELGAS) de mai 2006
permettront d’évaluer l’état réel de la
“ classe 2005 ” (celle pêchée en 2006).
La comparaison entre les campagnes
d’automne et celles-ci sera riche d’enseignements. ■
Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 2
DOSSIER
TAC : LA RECHERCHE AU SERVICE DE L’EXPERTISE
Thierry Thomazeau, patron-armateur en Vendée :
« On est plutôt sur la bonne voie… »
Je suis patron-armateur à SaintGilles-Croix-de-Vie. Je pratique la
pêche “ en bœufs ” depuis 25 ans
avec des chalutiers pélagiques de
22 m, avec 6 hommes d’équipage par
bateau. On pêche principalement de
l’anchois (60% du chiffre d’affaire),
du thon, du chinchard, de la sardine
et du bar. Je suis membre du Comité
local des Pêches et Vice-Président de
l’Ecole de formation aux métiers de la
mer des Sables-d’Olonne.
Avec l’Ifremer, nous participons à
plusieurs expériences scientifiques et
technologiques en mer. Nous avons
fait récemment une marée de trois
semaines pour tester des systèmes
d’échappatoires des dauphins dans
les chaluts pélagiques, ainsi que des
répulsifs acoustiques. En septembre
dernier, des observateurs de l’Ifremer
ont embarqué pour évaluer avec nous
les juvéniles d’anchois dans le golfe
de Gascogne. Et réciproquement,
nous avons embarqué sur la Thalassa
pour une prospection de l’anchois en
Bretagne sud.
◗ Quels “ bon point ” et “ mauvais
point ” attribueriez-vous à l’Ifremer
dans le domaine de la recherche
halieutique ?
Le “ bon point ”, incontestablement, c’est le professionnalisme et la
rigueur dans la récolte des données.
De plus, les relations de plus en
plus franches et directes, avec une
meilleure collaboration depuis quelques années, sont des points positifs.
Si je devais donner un “ mauvais
point ” je dirais qu’il faudrait se
servir encore plus des professionnels
de la pêche ! Par exemple, sur la
Thalassa en octobre dernier, nous
avons préconisé de chaluter entre
sept et douze mètres de profondeur,
plus haut que ce que faisait l’Ifremer, et nous avons trouvé des gros
anchois… Visiblement, le poisson a
changé de comportement, peut-être
à cause de l’évolution des conditions
environnementales…
On est plutôt sur la bonne voie
dans la collaboration !
◗ Quelle est votre principale attente par rapport à l’action future de
l’Ifremer dans le domaine des pêcheries ?
Toujours plus de précision dans les
moyens de prévision ! Il faut arriver
à coller au plus près de ce qu’est réellement la ressource. C’est la clé pour
responsabiliser de manière collective
les professionnels de la pêche, car ce
qui prime aujourd’hui, ce sont les
quotas. Les TAC européens sont convertis en quotas nationaux, qui sont
aujourd’hui répartis dans les organisations de producteurs (OP).Depuis
cette année, le dépassement de quota
étant soustrait du quota annuel suivant, la gestion de ces sous-quotas
par les OP devient déterminante et
devra permettre à terme d’assurer un
développement économique durable
du secteur de la pêche. Il faut rester
optimiste ! ■
D. R.
◗ Quel est votre métier et quelle
relation entretenez-vous avec l’Ifremer ?
Thierry Thomazeau, patron-armateur en
Vendée.
Ressources halieutiques
Des campagnes d’évaluation et de recherche
Dans le domaine des ressources halieutiques, l’Ifremer mène deux types de campagnes : des campagnes d’évaluation
des différents stocks, en général cofinancées, notamment par l’Union européenne, ainsi que des campagnes de recherche
dont l’objectif est avant tout une meilleure compréhension de la dynamique du système pêche. Aperçu du programme 2006.
pour analyses seront également effectués ● EVHOE/06 - Thalassa
afin de déterminer la présence éventuelle
7 – 23 avril
21 octobre - 4 décembre
d’une algue toxique dans les coquilles.
Campagne d’observation des ressourCampagne d’évaluation des pêcheries
ces halieutiques benthiques du golfe de
et d’étude de l’impact de la pêche sur
●
PELMED
L’Europe
Gascogne (langoustine, sole et peupleles peuplements de mer Celtique et
9 juillet - 8 août
ments associés).
du golfe de Gascogne, menée dans le
Campagne d’évaluation des stocks de
cadre du CIEM.
● PECOS - Gwen Drez
petits pélagiques par échointégration et
chalutages d’identification dans le golfe
25 avril - 13 mai
● ORHAGO 6-2 - Gwen Drez
du Lion.
Campagne de recherche pour l’étude
3 - 25 novembre
de l’évolution et du fonctionnement des ● COSB 2006 - Thalia
peuplements halieutiques côtiers du
Campagne d’observation des ressour20 août - 1 septembre
golfe de Gascogne.
ces halieutiques benthiques du golfe
Campagne d’évaluation de l’abondance
de Gascogne (langoustine, sole et peu● PELGAS/06 - Thalassa
du stock de coquilles Saint-Jacques en
plements associés).
baie de Saint-Brieuc dans le cadre du
30 avril - 31 mai
programme SIDEPECHE.
Campagne d’évaluation et de recherche
pour le suivi des espèces pélagiques (en ● COPER 7 - Thalia
particulier l’anchois et la sardine) dans le
golfe de Gascogne, menée dans le cadre 13 - 21 septembre
Campagne d’estimation de la biomasse
du CIEM.
de coquilles Saint-Jacques des pertuis
charentais, dans le cadre du programme
● MEDITS - L’Europe
SIDEPECHE.
4 juin - 7 juillet
Campagne d’évaluation des ressources ● CGFS 2006 - Gwen Drez
démersales de la Méditerranée française
dans le cadre du programme européen 1 - 30 octobre
MEDITS (Mediterranean international
Campagne de collecte des données
trawl survey).
de base pour une estimation de l’état
des ressources en Manche orientale et
sud mer du Nord, par une évaluation
● COMOR 36 - Thalia
directe de l’abondance des stocks et
27 juin - 14 juillet
de leur distribution associée à l’échanCampagne d’évaluation de l’abondance
tillonnage biologique des captures.
du stock de coquilles Saint-Jacques de la
Cette étude est menée dans le cadre
baie de Seine dans le cadre du programdes programmes SIDEPECHE et
me SIDEPECHE. Des prélèvements
DEMOSTEM.
Ifremer
© Ifremer / O. Dugornay
● ORHAGO 6-1 - Gwen Drez
En outre, comme chaque
année depuis 1976, une campagne d’évaluation des principales
espèces commerciales exploitées
en mer du Nord a été menée
en février : la campagne IBTS,
coordonnée par le CIEM. Elle
s’est déroulée du 25 janvier au
22 février à bord de Thalassa.
Soixante-dix chalutages ont été
réalisés. De nuit, 109 prélèvements au filet à larves ont été
effectués afin de calculer un indice d’abondance larvaire pour le
hareng et le sprat. Ces données
seront transmises au groupe de
travail chargé d’évaluer l’état des
stocks de harengs en mer du
Nord.
Thalassa mènera également
deux campagnes halieutiques au
printemps et à l’automne pour
le compte de l’Institut Espagnol
d’Océanographie (IEO).
Consulter le programme de la flotte :
h t t p : / / w w w. i f re m e r. f r / f l o t t e/
calendrier/index.html
Ce dossier a été réalisé
en collaboration avec Loïc Antoine,
Alain Biseau, André Forest et
Philippe Gros, de l’Ifremer.
Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 3
ACTUALITÉS
L’Ifremer, partenaire de Raphaëla le Gouvello
retour. Des tests d’efficacité de deux
peintures anti-fouling ont aussi été
menés pour sélectionner la protection
la plus efficace contre la fixation d’espèces marines.
Raphaëla le Gouvello réalisera par
ailleurs des comptages et des observations des déchets flottants en mer. A
l’occasion de ce nouveau périple, elle
restera également attentive à toute la
faune agrégée autour de sa planche,
telle que les dorades coryphènes, les
requins et les autres espèces concernées par le phénomène agrégatif.
Les scientifiques de l’Ifremer ont
en outre apporté leur contribution à
la constitution de fiches pour son kit
pédagogique en ligne, sur des sujets
relatifs au milieu marin. ■
Consulter le site de Raphaëla le Gouvello :
http://www.raphaela-legouvello.com/
Faustine Merret, Championne olympique de planche à voile, baptise la planche de Raphaëla le
Gouvello au Salon Nautique de Paris, le 2 décembre 2005.
Défi Morest : l’heure du bilan
Initié en 2001, le défi Morest, consacré à la mortalité estivale de l’huître creuse Crassostrea gigas,
vient de s’achever. Les résultats permettent de proposer un schéma d’interactions entre
l’environnement, l’huître et les pathogènes opportunistes, expliquant la majorité des mortalités.
Ils ouvrent aussi la voie à une série de recommandations pour les prévenir et les gérer.
les mortalités apparaissent liées à la
localisation des bassins et au régime
thermique des masses d’eau, du fait de
leurs caractéristiques environnementales. Enfin, elles sont très inféodées
aux années pluvieuses dans les sites
sous influence de bassins versants car
leurs apports amplifient les conditions
trophiques et sédimentaires.
Qualimer, dont la thématique combine
la question de la gestion des mortalités
estivales à celle de la qualité sanitaire
en fonction de l’environnement. Ces
questions seront traitées en synergie
avec les PME-PMI spécialisées dans
ces domaines et avec la profession, qui
a par ailleurs donné un avis favorable
à la préparation d’un programme collectif de sélection pour améliorer la
résistance aux mortalités estivales.
En amont, les travaux pour la compréhension de l’origine génétique de la
résistance des huîtres aux mortalités
estivales se poursuivent. Ils devraient
déboucher sur de nouvelles méthodes
de sélection pour l’aquaculture. ■
Transfert
aux professionnels
Le défi Morest a en outre permis de
réaliser des progrès dans la caractérisation de plusieurs agents infectieux bactériens, tels que des bactéries appartenant au groupe des Vibrio splendidus
et Vibrio aestuarianus en complément
du virus herpes OsHV-1. Une grande
majorité des mortalités est associée au
moins à l’un de ces pathogènes.
Afin de prévenir et gérer le phénomène, des recommandations ont été
définies. Elles concernent plusieurs
modalités de prévention au niveau des
pratiques culturales et au niveau environnemental. Des méthodes de prévision et d’analyse de risque devront par
ailleurs être adaptées aux différents
bassins. Une procédure de validation
de ces méthodes sur le terrain va être
mise en œuvre dans le cadre du projet
© Ifremer / O. Barbaroux
E
xperts scientifiques internationaux, profession et représentants des collectivités territoriales ayant contribué au financement
du défi Morest étaient présents, les
14 et 15 mars, à La Rochelle, pour la
clôture du défi.
Les résultats scientifiques montrent
que la mortalité de l’huître creuse
Crassostrea gigas est liée à une combinaison de plusieurs facteurs indispensables : des conditions trophiques
riches, qui induisent un effort de reproduction important, le risque apparaissant à partir d’une température de
19°C et sous condition de l’existence
d’un stress. Certaines familles s’avèrent
en outre plus résistantes que d’autres.
Le mécanisme d’infection résulterait
ainsi d’un effort de gamétogenèse plus
important des huîtres sensibles. Cellesci présentent aussi, contrairement aux
huîtres résistantes, une plus grande
susceptibilité à la montée thermique
saisonnière et font des pontes partielles sous l’effet de stress, souvent de
nature sédimentaire, ce qui favoriserait
leur infection. Les pesticides peuvent
également constituer un facteur de
risque complémentaire, affaiblissant
l’immunité des huîtres et modifiant la
composition spécifique du phytoplancton. On peut alors expliquer pourquoi
L’Atalante est parti le 26 mars
de Port-Louis pour la campagne
FOREVER, autour de l’île de la
Réunion et de l’île Maurice. Elle a
pour objectif l’étude du rôle de la
lithosphère dans la mise en place
du volcanisme de point chaud.
Une journée sera dévolue au programme EXTRAPLAC (Extension
Raisonnée du Plateau Continental),
financé par le ministère de l’Industrie. Le sondeur multifaisceaux, la
sismique rapide numérique et le gravimètre prêté par le SHOM seront
mis en oeuvre. La campagne prendra
fin le 27 avril.
C’est à bord de Thalassa que
sera menée la campagne PELACUS 9
pour le compte de l’IEO, partenaire
de l’Ifremer (Voir Les Nouvelles de
l’Ifremer n°73 - octobre 2005). Parti
de Brest le 30 mars, le navire arrivera à Santander le 28 avril. Cette
campagne a pour but l’étude de la
distribution et l’évaluation par la
méthode d’écho-intégration acoustique des populations de sardines
du sud de l’Europe, dans le cadre du
projet DINAPEL.
© Ifremer/ E.Buffier
A
près une traversée de l’Atlantique en 2000, de la
Méditerranée en 2002 et du
Pacifique en 2003, c’est un nouveau
périple de près de 3 400 milles nautiques (plus de 6 300 km) qui attend
Raphaëla le Gouvello. Le 5 avril, la
véliplanchiste va quitter Exmouth,
sur la côte Nord-Ouest de l’Australie,
pour rejoindre, soixante-dix à soixante-quinze jours plus tard, la ville du
Port sur l’île de la Réunion. Cette
traversée en solitaire de l’océan Indien
sera suivie de près par plusieurs équipes de l’Ifremer. Raphaëla le Gouvello
a en effet signé le 2 décembre, dans le
cadre du Salon Nautique de Paris et
à l’occasion de l’inauguration de sa
nouvelle planche, une convention de
partenariat avec l’institut, qui l’accompagne dans ses projets depuis plusieurs années.
Tout d’abord, un protocole d’étude
a été défini afin de recueillir des informations sur les anatifes, crustacés qui
avaient colonisé sa planche en 2003
et ralenti sa progression. Cette fois,
un bout traîné derrière la planche
servira d’indicateur de la présence des
anatifes. Il permettra de les quantifier, tandis que Raphaëla le Gouvello
prélèvera des échantillons et en fixera
certains dans l’alcool à 70° pour qu’ils
soient étudiés en laboratoire à son
Flotte & engins
La profession a donné un avis favorable
à la mise en place d’un programme de sélection
collectif pour améliorer la résistance
aux mortalités estivales.
Le Suroît réalisera la campagne MARCHE sur la ride médioatlantique et au large des Açores
du 3 au 25 avril, en partant de
Concarneau pour un retour sur
La Horta. Deux objectifs à cette
campagne : la surveillance acoustique à l’échelle régionale de la
zone MOMAR (Monitoring the
Mid-Atlantic Ridge), dans le cadre
du projet européen MOMARNET,
puis le levé bathymétrique d’une
zone au large des Açores à l’aide du
sondeur multifaisceaux très performant du navire.
La campagne IGA /1, menée
à bord du navire Thalia, a débuté
à Dieppe le 22 mars et pris fin à
Cherbourg le 26. Il s’est agi de procéder à la surveillance écologique et
halieutique des sites électronucléaires
de Flamanville, de Paluel et de Penly.
Un rapport de surveillance par site va
être fourni par l’Ifremer dans le cadre
d’un accord entre EDF et l’institut.
Des développements de nouveaux capteurs et d’équipements de
mesure in situ, destinés à répondre aux
besoins des programmes de recherche
et de surveillance en environnement
côtier, ont été menés durant la campagne OPTIC BR, qui s’est déroulée
du 20 au 24 mars, au large de Brest, à
bord du Gwen Drez.
L’Europe a quitté Toulon le 17
mars pour la campagne DCE/1, qui
a pour objectif d’initier la surveillance des eaux côtières méditerranéennes, dans le cadre de la Directive
Cadre sur l’Eau. Elle permet de mettre en œuvre cent stations artificielles
de moules, d’effectuer des prélèvements de sédiments, d’eau, ainsi que
des observations pour l’étude de la
vitalité des herbiers de Posidonie.
L’Europe sera de retour à Toulon
le 9 avril.
Directrice de la publication : Stéphanie Lux - Rédaction en chef : Anne Faye, Erick Buffier
Ifremer : Siège social et rédaction : 155, rue Jean-Jacques Rousseau 92138 Issy-les-Moulineaux cedex [email protected]
Ifremer
Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 4