p 1-2.indd
Transcription
p 1-2.indd
L e s n o u ve l l e s d e l ’ I f re m e r MARS 2006 n°78 DOSSIER Avant d’arriver sur la table des ministres européens des Pêches, qui décident des quotas de pêche pour différentes espèces, les recommandations font l’objet d’une longue procédure qui s’appuie sur de multiples critères. Présentation de cette démarche où la biologie n’est pas le seul élément de référence. P our établir le diagnostic de l’état des ressources de l’Atlantique Nord-Est, les biologistes de l’Ifremer participent, avec d’autres scientifiques, aux groupes de travail du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM). Deux fois par an, l’ACFM, comité d’avis sur la gestion des pêches du CIEM, valide ces diagnostics, puis élabore des recommandations pour environ 130 stocks. À la demande de la Commission européenne, l’avis produit par l’ACFM est uniquement de nature biologique. Il est ensuite enrichi d’informations, notamment économiques et sociales, par le Comité scientifique, technique et économique des pêches (CSTEP ou STECF) de la Commission. Réuni en décembre à Bruxelles, le Conseil des ministres des Pêches décide finalement des mesures de gestion appropriées, et en particulier des TAC, sur la base de ces avis. Pêcheurs et scientifiques à la source de l’information Les halieutes utilisent deux sources de données : celles des pêcheurs et celles issues des travaux scientifiques. En France, les informations collectées auprès des pêcheurs jouent un rôle essentiel dans l’évaluation des stocks. Quantités pêchées, lieux de capture, effort de pêche sont notés sur les livres de bord. Validées par la Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture (DPMA), elles indiquent les captures par espèce et par secteur géographique. Nouvelles méthodes optique et acoustique Les observateurs du Système d’Informations Halieutiques de l’Ifremer complètent ces données déclaratives. Sur les quais, ils compilent les données d’activité de nombreux bateaux, permettant une restitution des débarquements à l’ensemble de la flottille. Les débarquements sont échantillonnés à la criée pour connaître l’âge des poissons, leur sexe ou leur état de maturité, paramètres biologiques indispensables aux modèles et aux diagnostics. Les rejets sont quant à eux évalués lors d’embarquements à bord des navires. Les campagnes scientifiques, basées sur un protocole validé par la communauté internationale, complètent Processus d’élaboration des TAC Professionnels (Logbooks, déclarations, ventes en criée,...) Scientifiques (Échantillonnages des débarquements, enquêtes économiques,...) Collecte des données Année Y-1 Ifremer CIEM Groupes de travail internationaux : expertises scientifiques biologiques Comité d’avis (ACFM) : synthèse des travaux Union européenne Consultation (STECF), dont expertise économique Conseil des Ministres Diagnostic Avis Avis Décision Année Y janv.-oct. Année Y mai et oct. Année Y oct. déc Année Y décembre TAC pour l’année Y+1 les données des pêcheurs et permettent d’obtenir des informations d’une année sur l’autre (voir page 3). Elles couvrent une zone plus vaste que les lieux de pêche, afin de préciser la croissance des espèces, leur reproduction, leurs migrations ou encore leur mortalité naturelle. Elles renseignent également sur les variations inter-annuelles du nombre de jeunes poissons et donc sur la quantité de poissons exploitable dans un futur proche. De nouvelles méthodes optique et acoustique vont compléter les campagnes classiques, grâce aux robots sous-marins et aux sondeurs multifaisceaux. En parallèle, l’Ifremer travaille avec les professionnels à la mise en œuvre de nouveaux chaluts sélectifs et de pratiques de pêche durable comme le projet européen Necessity (Voir Les Nouvelles de l’Ifremer n°70 - Juin 2005). Vers une approche écosystémique À l’avenir, l’évaluation des ressources et l’évolution des populations devra reposer non plus sur une approche stock par stock, mais sur une approche dite écosystémique, qui repose sur un ensemble de modèles mathématiques où se croisent données biologiques, écologiques, économiques, technologiques, sociales… La prise en compte d’indicateurs scientifiques et socio-économiques est déjà employée pour certaines espèces comme la langoustine, mais la plupart des propositions de TAC ne reposent encore que sur des critères biologiques. La généralisation de l’approche écosystémique est un engagement pris en 2002 par les Nations Unies, au sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg qui, en Europe, oriente la politique commune de la pêche. ■ « Le défi scientifique est la prise en compte de l’écosystème dans son ensemble » © Ifremer TAC : la recherche au service de l’expertise Trois questions à Loïc Antoine, halieute à l’Ifremer ◗ Les méthodes d’évaluation des stocks sont-elles différentes d’une espèce à une autre ? On parle plutôt d’évaluation directe ou indirecte. La première mesure directement la quantité de poissons là où ils se trouvent comme, sur terre, les satellites pour les productions agricoles. Sous l’eau, la technologie actuelle utilise des sondeurs acoustiques pour évaluer certaines espèces comme l’anchois. Mais les résultats ne sont interprétables qu’avec des séries d’observations faites dans des conditions identiques, avec des procédures standardisées. Le plus souvent, on utilise des méthodes indirectes fondées sur la connaissance biologique des espèces, l’évaluation du prélèvement de la pêche et les moyens déployés par les pêcheurs pour faire ce prélèvement. Lire suite page 2 Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 1 ◗ Comment bâtissez-vous vos prévisions ? La structure, l’histoire et l’exploitation du stock de poissons sont reconstituées à l’aide de modèles mathématiques qui permettent de construire des scénarios d’exploitation assortis de contraintes comme de laisser sur le fond une quantité suffisante de reproducteurs ou encore de laisser grandir les juvéniles. La précision des résultats dépend évidemment de la qualité de ces modèles, et c’est notre principal objectif de les améliorer. Elle dépend aussi de la quantité et de la qualité des données qui alimentent ces modèles. Leur fiabilité bénéficierait grandement d’un accroissement de la couverture et de la précision du système déclaratif. Par ailleurs, les scientifiques intensifient la collecte de données biologiques, y compris sur les rejets à la mer. ◗ Quelles évolutions vont permettre de tendre vers une incertitude zéro dans l’évaluation des stocks ? L’incertitude zéro n’existe pas, on le voit en météorologie. Les modèles sont des équations mathématiques qui permettent d’appréhender une réalité complexe. Imprécis, ils restent perfectibles. Les plus couramment utilisés sont assortis d’intervalles de confiance. L’analyse scientifique des risques de “ surpêche ” est régulièrement effectuée par rapport à des critères biologiques. Les décideurs peuvent alors procéder à une gestion du risque, d’autant mieux qu’on peut y adjoindre des critères économiques. Mais nous sommes tous conscients, pêcheurs comme scientifiques, que la pêche ne dépend pas que de la relation entre les pêcheurs et les poissons. Les stocks sont interdépendants et évoluent dans un milieu changeant. La pression de la pêche dépend d’un environnement socio-économique diversifié. Le défi scientifique est la prise en compte de l’écosystème dans son ensemble : nous devons mieux connaître l’influence de l’environnement sur la reproduction, la dissémination des larves et de leur nourriture sous l’effet des vents et des courants, pour établir les modèles qui permettront de comprendre et prévoir le recrutement. TAC : LA RECHERCHE AU SERVICE DE L’EXPERTISE Le cas de l’anchois du golfe de Gascogne Les scientifiques de l’Ifremer s’attachent à comprendre les raisons des fluctuations d’abondance de la ressource en fonction de la variabilité environnementale. Objectif : améliorer les diagnostics utilisés par l’autorité publique qui décide des modalités d’encadrement de l’exploitation de l’anchois du golfe de Gascogne. D ans le golfe de Gascogne, l’anchois a jusqu’à récemment fait partie des quatre premières espèces débarquées. Les données issues des pêcheries et des campagnes scientifiques espagnoles et françaises du premier trimestre 2005 ont montré que la biomasse d’anchois en 2005 était la plus basse jamais observée, faisant craindre un effondrement du stock. Ces résultats confirmaient la faible abondance de juvéniles (anchois âgés de moins de 1 an) observée depuis trois ans. Comme chez les petits poissons pélagiques en général, le nombre de juvéniles d’anchois, en grande partie déterminé par les conditions environnementales, montre de fortes variations d’une année à l’autre. Afin d’améliorer les prévisions, les travaux scientifiques cherchent à établir la relation entre les conditions climatiques pendant les phases larvaire et juvénile et le recrutement observé l’année suivante. De fortes variations d’abondance selon les années L’anchois est une espèce à faible longévité (4 ans), qui atteint sa maturité sexuelle à 1 an. C’est principalement le recrutement (les poissons d’1 an, âge auquel l’anchois entre en pêcherie) qui est pêché. En définissant le recrutement de l’année n par l’abondance des anchois de 1 an au début de l’année n+1, on a constaté que les abondances enregistrent des fluctuations fortes et irrégulières entre 1987 et 2002. Les scientifiques ont établi que ces variations résultent des différences inter-annuelles de la mortalité qui frappe les stades larvaires et juvéniles de l’anchois. Cela est attesté par la différence entre le nombre d’œufs émis chaque année (quelques © Ifremer/ P. Petitgas DOSSIER Anchois juvéniles observés à bord de Thalassa pendant la campagne Juvaga05. centaines de milliers de milliards) et le nombre d’anchois éclos ayant survécu un an plus tard (quelques milliards). Les recherches se sont portées sur cette période la plus “ critique ” du cycle biologique de l’anchois. Le défi golfe de Gascogne a permis d’élucider les principaux phénomènes naturels responsables de cette mortalité et d’en comprendre les mécanismes. La survie globale pendant l’été est de 1 juvénile pour 1 000 œufs environ. On sait aujourd’hui calculer la survie des larves d’anchois trois mois après leur éclosion et dresser la cartographie d’indices de survie dans le golfe de Gascogne. Ce résultat est obtenu en combinant trois approches. Les campagnes d’observation in situ per- 10000 8000 6000 4000 2000 0 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Valeurs de recrutement (en millions) de l’anchois de 1987 à 2005, établi par le groupe de travail du CIEM dans son rapport de 2006. (ex : 4 538 millions d’individus de 1 an en janvier 1987). Ifremer mettent la reconnaissance des aires de ponte, l’échantillonnage des larves au printemps et des juvéniles en automne. L’analyse otolithométrique révèle l’effet des facteurs du milieu sur la survie et la croissance des larves. Enfin, un modèle hydrodynamique tridimensionnel intégrant des facteurs tels que marées, vents, échanges thermiques océan-atmosphère, débits des fleuves, reproduit les conditions environnementales que les larves rencontrent au cours de leurs trois premiers mois. Prochaine campagne PELGAS en mai Ce que l’on ne sait pas encore, c’est calculer précisément combien de ces juvéniles survivront à l’hiver (1 sur 100 en moyenne) et donneront des anchois de 1 an au printemps suivant. Pour mieux comprendre le phénomène, deux campagnes ont été menées en 2005 : la campagne de recherche Ifremer JUVAGA, et la campagne d’observation réalisée par des navires professionnels dans le cadre d’un partenariat entre le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CNPMEM), la DPMA et l’Ifremer. Les campagnes espagnole et française (PELGAS) de mai 2006 permettront d’évaluer l’état réel de la “ classe 2005 ” (celle pêchée en 2006). La comparaison entre les campagnes d’automne et celles-ci sera riche d’enseignements. ■ Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 2 DOSSIER TAC : LA RECHERCHE AU SERVICE DE L’EXPERTISE Thierry Thomazeau, patron-armateur en Vendée : « On est plutôt sur la bonne voie… » Je suis patron-armateur à SaintGilles-Croix-de-Vie. Je pratique la pêche “ en bœufs ” depuis 25 ans avec des chalutiers pélagiques de 22 m, avec 6 hommes d’équipage par bateau. On pêche principalement de l’anchois (60% du chiffre d’affaire), du thon, du chinchard, de la sardine et du bar. Je suis membre du Comité local des Pêches et Vice-Président de l’Ecole de formation aux métiers de la mer des Sables-d’Olonne. Avec l’Ifremer, nous participons à plusieurs expériences scientifiques et technologiques en mer. Nous avons fait récemment une marée de trois semaines pour tester des systèmes d’échappatoires des dauphins dans les chaluts pélagiques, ainsi que des répulsifs acoustiques. En septembre dernier, des observateurs de l’Ifremer ont embarqué pour évaluer avec nous les juvéniles d’anchois dans le golfe de Gascogne. Et réciproquement, nous avons embarqué sur la Thalassa pour une prospection de l’anchois en Bretagne sud. ◗ Quels “ bon point ” et “ mauvais point ” attribueriez-vous à l’Ifremer dans le domaine de la recherche halieutique ? Le “ bon point ”, incontestablement, c’est le professionnalisme et la rigueur dans la récolte des données. De plus, les relations de plus en plus franches et directes, avec une meilleure collaboration depuis quelques années, sont des points positifs. Si je devais donner un “ mauvais point ” je dirais qu’il faudrait se servir encore plus des professionnels de la pêche ! Par exemple, sur la Thalassa en octobre dernier, nous avons préconisé de chaluter entre sept et douze mètres de profondeur, plus haut que ce que faisait l’Ifremer, et nous avons trouvé des gros anchois… Visiblement, le poisson a changé de comportement, peut-être à cause de l’évolution des conditions environnementales… On est plutôt sur la bonne voie dans la collaboration ! ◗ Quelle est votre principale attente par rapport à l’action future de l’Ifremer dans le domaine des pêcheries ? Toujours plus de précision dans les moyens de prévision ! Il faut arriver à coller au plus près de ce qu’est réellement la ressource. C’est la clé pour responsabiliser de manière collective les professionnels de la pêche, car ce qui prime aujourd’hui, ce sont les quotas. Les TAC européens sont convertis en quotas nationaux, qui sont aujourd’hui répartis dans les organisations de producteurs (OP).Depuis cette année, le dépassement de quota étant soustrait du quota annuel suivant, la gestion de ces sous-quotas par les OP devient déterminante et devra permettre à terme d’assurer un développement économique durable du secteur de la pêche. Il faut rester optimiste ! ■ D. R. ◗ Quel est votre métier et quelle relation entretenez-vous avec l’Ifremer ? Thierry Thomazeau, patron-armateur en Vendée. Ressources halieutiques Des campagnes d’évaluation et de recherche Dans le domaine des ressources halieutiques, l’Ifremer mène deux types de campagnes : des campagnes d’évaluation des différents stocks, en général cofinancées, notamment par l’Union européenne, ainsi que des campagnes de recherche dont l’objectif est avant tout une meilleure compréhension de la dynamique du système pêche. Aperçu du programme 2006. pour analyses seront également effectués ● EVHOE/06 - Thalassa afin de déterminer la présence éventuelle 7 – 23 avril 21 octobre - 4 décembre d’une algue toxique dans les coquilles. Campagne d’observation des ressourCampagne d’évaluation des pêcheries ces halieutiques benthiques du golfe de et d’étude de l’impact de la pêche sur ● PELMED L’Europe Gascogne (langoustine, sole et peupleles peuplements de mer Celtique et 9 juillet - 8 août ments associés). du golfe de Gascogne, menée dans le Campagne d’évaluation des stocks de cadre du CIEM. ● PECOS - Gwen Drez petits pélagiques par échointégration et chalutages d’identification dans le golfe 25 avril - 13 mai ● ORHAGO 6-2 - Gwen Drez du Lion. Campagne de recherche pour l’étude 3 - 25 novembre de l’évolution et du fonctionnement des ● COSB 2006 - Thalia peuplements halieutiques côtiers du Campagne d’observation des ressour20 août - 1 septembre golfe de Gascogne. ces halieutiques benthiques du golfe Campagne d’évaluation de l’abondance de Gascogne (langoustine, sole et peu● PELGAS/06 - Thalassa du stock de coquilles Saint-Jacques en plements associés). baie de Saint-Brieuc dans le cadre du 30 avril - 31 mai programme SIDEPECHE. Campagne d’évaluation et de recherche pour le suivi des espèces pélagiques (en ● COPER 7 - Thalia particulier l’anchois et la sardine) dans le golfe de Gascogne, menée dans le cadre 13 - 21 septembre Campagne d’estimation de la biomasse du CIEM. de coquilles Saint-Jacques des pertuis charentais, dans le cadre du programme ● MEDITS - L’Europe SIDEPECHE. 4 juin - 7 juillet Campagne d’évaluation des ressources ● CGFS 2006 - Gwen Drez démersales de la Méditerranée française dans le cadre du programme européen 1 - 30 octobre MEDITS (Mediterranean international Campagne de collecte des données trawl survey). de base pour une estimation de l’état des ressources en Manche orientale et sud mer du Nord, par une évaluation ● COMOR 36 - Thalia directe de l’abondance des stocks et 27 juin - 14 juillet de leur distribution associée à l’échanCampagne d’évaluation de l’abondance tillonnage biologique des captures. du stock de coquilles Saint-Jacques de la Cette étude est menée dans le cadre baie de Seine dans le cadre du programdes programmes SIDEPECHE et me SIDEPECHE. Des prélèvements DEMOSTEM. Ifremer © Ifremer / O. Dugornay ● ORHAGO 6-1 - Gwen Drez En outre, comme chaque année depuis 1976, une campagne d’évaluation des principales espèces commerciales exploitées en mer du Nord a été menée en février : la campagne IBTS, coordonnée par le CIEM. Elle s’est déroulée du 25 janvier au 22 février à bord de Thalassa. Soixante-dix chalutages ont été réalisés. De nuit, 109 prélèvements au filet à larves ont été effectués afin de calculer un indice d’abondance larvaire pour le hareng et le sprat. Ces données seront transmises au groupe de travail chargé d’évaluer l’état des stocks de harengs en mer du Nord. Thalassa mènera également deux campagnes halieutiques au printemps et à l’automne pour le compte de l’Institut Espagnol d’Océanographie (IEO). Consulter le programme de la flotte : h t t p : / / w w w. i f re m e r. f r / f l o t t e/ calendrier/index.html Ce dossier a été réalisé en collaboration avec Loïc Antoine, Alain Biseau, André Forest et Philippe Gros, de l’Ifremer. Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 3 ACTUALITÉS L’Ifremer, partenaire de Raphaëla le Gouvello retour. Des tests d’efficacité de deux peintures anti-fouling ont aussi été menés pour sélectionner la protection la plus efficace contre la fixation d’espèces marines. Raphaëla le Gouvello réalisera par ailleurs des comptages et des observations des déchets flottants en mer. A l’occasion de ce nouveau périple, elle restera également attentive à toute la faune agrégée autour de sa planche, telle que les dorades coryphènes, les requins et les autres espèces concernées par le phénomène agrégatif. Les scientifiques de l’Ifremer ont en outre apporté leur contribution à la constitution de fiches pour son kit pédagogique en ligne, sur des sujets relatifs au milieu marin. ■ Consulter le site de Raphaëla le Gouvello : http://www.raphaela-legouvello.com/ Faustine Merret, Championne olympique de planche à voile, baptise la planche de Raphaëla le Gouvello au Salon Nautique de Paris, le 2 décembre 2005. Défi Morest : l’heure du bilan Initié en 2001, le défi Morest, consacré à la mortalité estivale de l’huître creuse Crassostrea gigas, vient de s’achever. Les résultats permettent de proposer un schéma d’interactions entre l’environnement, l’huître et les pathogènes opportunistes, expliquant la majorité des mortalités. Ils ouvrent aussi la voie à une série de recommandations pour les prévenir et les gérer. les mortalités apparaissent liées à la localisation des bassins et au régime thermique des masses d’eau, du fait de leurs caractéristiques environnementales. Enfin, elles sont très inféodées aux années pluvieuses dans les sites sous influence de bassins versants car leurs apports amplifient les conditions trophiques et sédimentaires. Qualimer, dont la thématique combine la question de la gestion des mortalités estivales à celle de la qualité sanitaire en fonction de l’environnement. Ces questions seront traitées en synergie avec les PME-PMI spécialisées dans ces domaines et avec la profession, qui a par ailleurs donné un avis favorable à la préparation d’un programme collectif de sélection pour améliorer la résistance aux mortalités estivales. En amont, les travaux pour la compréhension de l’origine génétique de la résistance des huîtres aux mortalités estivales se poursuivent. Ils devraient déboucher sur de nouvelles méthodes de sélection pour l’aquaculture. ■ Transfert aux professionnels Le défi Morest a en outre permis de réaliser des progrès dans la caractérisation de plusieurs agents infectieux bactériens, tels que des bactéries appartenant au groupe des Vibrio splendidus et Vibrio aestuarianus en complément du virus herpes OsHV-1. Une grande majorité des mortalités est associée au moins à l’un de ces pathogènes. Afin de prévenir et gérer le phénomène, des recommandations ont été définies. Elles concernent plusieurs modalités de prévention au niveau des pratiques culturales et au niveau environnemental. Des méthodes de prévision et d’analyse de risque devront par ailleurs être adaptées aux différents bassins. Une procédure de validation de ces méthodes sur le terrain va être mise en œuvre dans le cadre du projet © Ifremer / O. Barbaroux E xperts scientifiques internationaux, profession et représentants des collectivités territoriales ayant contribué au financement du défi Morest étaient présents, les 14 et 15 mars, à La Rochelle, pour la clôture du défi. Les résultats scientifiques montrent que la mortalité de l’huître creuse Crassostrea gigas est liée à une combinaison de plusieurs facteurs indispensables : des conditions trophiques riches, qui induisent un effort de reproduction important, le risque apparaissant à partir d’une température de 19°C et sous condition de l’existence d’un stress. Certaines familles s’avèrent en outre plus résistantes que d’autres. Le mécanisme d’infection résulterait ainsi d’un effort de gamétogenèse plus important des huîtres sensibles. Cellesci présentent aussi, contrairement aux huîtres résistantes, une plus grande susceptibilité à la montée thermique saisonnière et font des pontes partielles sous l’effet de stress, souvent de nature sédimentaire, ce qui favoriserait leur infection. Les pesticides peuvent également constituer un facteur de risque complémentaire, affaiblissant l’immunité des huîtres et modifiant la composition spécifique du phytoplancton. On peut alors expliquer pourquoi L’Atalante est parti le 26 mars de Port-Louis pour la campagne FOREVER, autour de l’île de la Réunion et de l’île Maurice. Elle a pour objectif l’étude du rôle de la lithosphère dans la mise en place du volcanisme de point chaud. Une journée sera dévolue au programme EXTRAPLAC (Extension Raisonnée du Plateau Continental), financé par le ministère de l’Industrie. Le sondeur multifaisceaux, la sismique rapide numérique et le gravimètre prêté par le SHOM seront mis en oeuvre. La campagne prendra fin le 27 avril. C’est à bord de Thalassa que sera menée la campagne PELACUS 9 pour le compte de l’IEO, partenaire de l’Ifremer (Voir Les Nouvelles de l’Ifremer n°73 - octobre 2005). Parti de Brest le 30 mars, le navire arrivera à Santander le 28 avril. Cette campagne a pour but l’étude de la distribution et l’évaluation par la méthode d’écho-intégration acoustique des populations de sardines du sud de l’Europe, dans le cadre du projet DINAPEL. © Ifremer/ E.Buffier A près une traversée de l’Atlantique en 2000, de la Méditerranée en 2002 et du Pacifique en 2003, c’est un nouveau périple de près de 3 400 milles nautiques (plus de 6 300 km) qui attend Raphaëla le Gouvello. Le 5 avril, la véliplanchiste va quitter Exmouth, sur la côte Nord-Ouest de l’Australie, pour rejoindre, soixante-dix à soixante-quinze jours plus tard, la ville du Port sur l’île de la Réunion. Cette traversée en solitaire de l’océan Indien sera suivie de près par plusieurs équipes de l’Ifremer. Raphaëla le Gouvello a en effet signé le 2 décembre, dans le cadre du Salon Nautique de Paris et à l’occasion de l’inauguration de sa nouvelle planche, une convention de partenariat avec l’institut, qui l’accompagne dans ses projets depuis plusieurs années. Tout d’abord, un protocole d’étude a été défini afin de recueillir des informations sur les anatifes, crustacés qui avaient colonisé sa planche en 2003 et ralenti sa progression. Cette fois, un bout traîné derrière la planche servira d’indicateur de la présence des anatifes. Il permettra de les quantifier, tandis que Raphaëla le Gouvello prélèvera des échantillons et en fixera certains dans l’alcool à 70° pour qu’ils soient étudiés en laboratoire à son Flotte & engins La profession a donné un avis favorable à la mise en place d’un programme de sélection collectif pour améliorer la résistance aux mortalités estivales. Le Suroît réalisera la campagne MARCHE sur la ride médioatlantique et au large des Açores du 3 au 25 avril, en partant de Concarneau pour un retour sur La Horta. Deux objectifs à cette campagne : la surveillance acoustique à l’échelle régionale de la zone MOMAR (Monitoring the Mid-Atlantic Ridge), dans le cadre du projet européen MOMARNET, puis le levé bathymétrique d’une zone au large des Açores à l’aide du sondeur multifaisceaux très performant du navire. La campagne IGA /1, menée à bord du navire Thalia, a débuté à Dieppe le 22 mars et pris fin à Cherbourg le 26. Il s’est agi de procéder à la surveillance écologique et halieutique des sites électronucléaires de Flamanville, de Paluel et de Penly. Un rapport de surveillance par site va être fourni par l’Ifremer dans le cadre d’un accord entre EDF et l’institut. Des développements de nouveaux capteurs et d’équipements de mesure in situ, destinés à répondre aux besoins des programmes de recherche et de surveillance en environnement côtier, ont été menés durant la campagne OPTIC BR, qui s’est déroulée du 20 au 24 mars, au large de Brest, à bord du Gwen Drez. L’Europe a quitté Toulon le 17 mars pour la campagne DCE/1, qui a pour objectif d’initier la surveillance des eaux côtières méditerranéennes, dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau. Elle permet de mettre en œuvre cent stations artificielles de moules, d’effectuer des prélèvements de sédiments, d’eau, ainsi que des observations pour l’étude de la vitalité des herbiers de Posidonie. L’Europe sera de retour à Toulon le 9 avril. Directrice de la publication : Stéphanie Lux - Rédaction en chef : Anne Faye, Erick Buffier Ifremer : Siège social et rédaction : 155, rue Jean-Jacques Rousseau 92138 Issy-les-Moulineaux cedex [email protected] Ifremer Les nouvelles de l’Ifremer - n°78 - Mars 2006 • 4