50 - UQAM

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50 - UQAM
Partage des connaissances et organisation du dialogue en
ergonomie : l’intégration des savoirs et des points de vue des
travailleurs sur les difficultés et les risques associés au travail
répétitif
Monique Lortie, Université du Québec à Montréal
Priscille Hastey, Université du Québec à Montréal
Kelvin Mo, Groupe Service Santé Global Inc.
1
Introduction
Edgar Morin disait qu’il faut replacer les choses dans le contexte et le complexe1.
C’est ce que nous tenterons de faire dans cette introduction.
1.1 Mise en contexte : le transfert et la production de connaissances
La question du transfert des connaissances (TC) fait depuis quelques années
l’objet de nombreux écrits (Faye et al. 2007). Parmi cette littérature, ce sont les modèles,
les questionnements et les études en santé publique qui s’avèrent les plus proches de
l’univers de la santé et sécurité au travail (SST) et de l’ergonomie. On y constate une
évolution du vocabulaire qui résume bien en elle-même la nature et l’évolution des
débats : partage et échange, échange et utilisation, appropriation, mobilisation,
translation2 (Graham et al. 2006 ; Trottier et Champagne 2006). Ce vocabulaire reflète
combien le TC est vu comme une dynamique complexe où les échanges servent à
définir les questions à investiguer, la forme des connaissances à produire et la
production des connaissances elles-mêmes. Le questionnement sur l’utilisation des
connaissances y est central, ainsi qu’en témoigne encore le vocabulaire : application,
appropriation, mobilisation. Enfin, la reconnaissance des utilisateurs en tant que
partenaires s’accompagne également de facto d’une reconnaissance de l’intérêt des
connaissances « non académiques » ainsi que de leurs conditions de production, ce qui
représente un virage important.
Il faut dire que la production de connaissances a connu un essor spectaculaire au
XXème siècle. Ses modes de production et de diffusion sont cependant de plus en plus
contestés. Une première critique formulée est celle d’avoir produit un savoir spécialisé,
trop étroit, auquel la promotion actuelle intensive d’approches et d’échanges
interdisciplinaires, et d’approches systémiques ou transversales constitue une réponse.
Ces développements ont à leur tour enclenché un ensemble d’études et de réflexions
sur les échanges interdisciplinaires. Une seconde critique formulée à l’égard de la
1
Cité (p.45) dans revue Nouveaux Regards, 2008, no 42 «Entretien avec P. Chamoiseau. Je suis un guerrier de
l’imaginaire» p41-46.
Définition des Instituts de Recherche en Santé du Canada : « …a dynamic and iterative process that includes synthesis,
dissemination, exchange et ethically sound application of knowledge to improve the health of Canadians, provide more
effective health services and products and strengthen the health care system »; voir le site des IRSC (http://www.cihrirsc.gc.ca/e/29418.html), consulté le 29 juin 2010. Les IRSC le traduisent en français par « application ». En fait, le terme
translation est issu du vieux français, lui-même construit sur le latin translatio. Il a conservé son usage en droit et en
sciences, mais il a été graduellement remplacé par le terme « traduction » pour les langues. Le sens d’origine a été
conservé en anglais (Faye et al. 2007)
2
1
production de connaissances est l’exclusion malencontreuse des connaissances et
savoirs non académiques. Cela a mené, entre autres, à diverses réflexions quant à la
nécessité de les réintégrer au niveau des formations universitaires (voir Lenoir et
Bouiller-Oudot 2006 ; Schön 1982, 1994). À l’heure actuelle, on observe une tendance
internationale envers la revalorisation des savoirs locaux et anciens – voire à l’exigence
de ces savoirs – afin de les intégrer dans les politiques publiques3. Au niveau
académique, l’introduction de la notion de « données probantes »4 et l’expansion
fulgurante de son utilisation traduisent aussi un élargissement vis-à-vis des règles de
l’art en sciences. Une troisième critique porte sur la décontextualisation des
connaissances produites à ce jour. On reconnaît maintenant que la recherche de
« connaissances universelles », ainsi que l’importance accordée à la reproduction et au
contrôle des résultats, aux études comparatives et quantitatives, ont été faites au
détriment des mises en contexte et de la reconnaissance des savoirs contextuels5.
Enfin, une quatrième critique, largement exposée dans la littérature sur l’utilisation des
connaissances, porte sur le fait qu’elles ne répondent pas adéquatement aux besoins
(Schön 1982, 1994 ; Rynes et al. 2001 ; Institute of Health Economics 2008). Par
exemple, des études en ergonomie montrent que les concepteurs et les praticiens
utilisent peu les bases de connaissances (Burns et Vicente 1996 ; Savage-Knepshield
2009) ou leur attribuent peu de crédibilité (Kline 2008). Au-delà de la nécessité de mieux
« traduire » les connaissances (Graham et al. 2006), certains en appellent à la nécessité
de développer de nouvelles formes de production de connaissances pour en espérer
une meilleure utilisation (Estabrooks et al. 2008).
En ergonomie, ce questionnement traduit aussi des positions disciplinaires qui
diffèrent selon que l’on est proche du courant francophone ou anglophone. Avec le
premier, la pertinence des savoirs et savoir-faire non académiques (par exemple, les
modes opératoires ou les stratégies développées par les travailleurs), et l’importance de
la mise en contexte des connaissances sont bien établies, et ce, depuis les écrits
fondateurs6. Le terrain y est vu comme un lieu de production de connaissances, et la
prise en compte des divers points de vue (dont celui du travailleur) comme un enjeu
important. Le second privilégie – grosso modo – le contexte expérimental comme lieu
d’élaboration des connaissances et la caractérisation des facteurs humains et des
capacités.7 Le terrain y est vu comme un lieu d’application, de transfert. Le premier, très
influencé par les sciences humaines, favorise la cueillette de données subjectives in
situ, en contexte, et les procédures d’observation et de verbalisation. Le second
3
Deux exemples récents : d’abord, le rapport de l’IESTAD (International Assessment of Agricultural Knowledge, Science
and Technology for Development, organisation mise en place par la banque mondiale et divers organismes internationaux
tels que l’UNESCO), qui insiste sur la nécessaire intégration et valorisation des connaissances paysannes pour résoudre
la crise alimentaire (Kroll et Trouvé 2009 : 7). Ce rapport, intitulé Agriculture at a Crossroads, est disponible en ligne (voir
IESTAD, 2008). En Océanie, ensuite, il s’agit plutôt de l’intégration des savoirs sur le milieu des pêcheurs aborigènes
pour l’organisation de la pêche côtière (Découvrir 2008).
4
Définition de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé : « La donnée probante est
essentiellement l’information la plus précise sur les faits relatifs au sujet. La forme de cette information varie selon le
contexte. Les résultats de la recherche rigoureuse sur le plan méthodologique représentent les données probantes les
plus exactes. Parce que la recherche est souvent incomplète et parfois contradictoire ou inexistante, d’autres types de
données sont nécessaires à titre de complément d’information à la recherche ou pour en tenir lieu. Les fondements
probants d’une décision sont composés des diverses formes de données probantes, regroupées afin de tenir compte à la
fois
de
la
rigueur
et
de
l’opportunité
—
tout
en
préférant
la
première
à
la
seconde
http://www.fcrss.ca/mythbusters/html/resource1f_f.php (2010)
5
Un exemple de cette critique concerne les tests d’évaluation PISA (Programme international de suivi des élèves). Dans
un numéro spécial de la revue Nouveaux Regards consacré aux systèmes d’éducation en Europe, on montre comment
l’optique évaluative a mené à l’exclusion des savoirs locaux et spécifiques « au nom d’une méthode scientifiques et
rigoureuse qui produirait une information officielle et distanciée » (Voir entre autres le texte de R. Normand : Les
comparaisons institutionnelles des résultats : Comparer l’incomparable? p.30-33.)
6
En particulier ceux de d’Ombredane et Faverge (1955) et de Faverge et al. (1958).
7
Pour un résumé clair des distinctions, voir De Montmollin (1996).
2
privilégie la production de données objectives quantitatives fondées sur des mesures
reproductibles, généralisables, applicables en tous milieux. Face à ces différences, le
partage et l’échange de connaissances sont parfois difficiles, la nature et le format des
connaissances produites étant très différents. Le développement décrit plus loin vise à
créer un pont afin de favoriser ces échanges.
Ces différences de perspectives – et de cultures – se rencontrent aussi au cœur
des terrains où les gestionnaires tendent à privilégier les outils qui référent à des
normes, des nombres ou des mesures, du fait qu’ils sont perçus comme « objectifs ».
Cependant, ces mêmes gestionnaires sont également conscients des limites des
données « centrées sur l’objet ». Cette double posture est typique, entre autres, des
problématiques de TMS (troubles musculosquelettiques), qui malgré toutes les
transformations apportées au monde du travail et les connaissances développées,
demeurent un problème de santé au travail important.
1.2 Les troubles musculosquelettiques (TMS)
Deux grandes questions intéressent généralement les entreprises : la situation de
travail présente-t-elle des risques? Et si oui, comment les réduire?
Pour répondre à ces questions, la communauté scientifique a développé un
ensemble d’outils centrés sur l’identification des facteurs de risque, en particulier ceux
associés aux postures, aux efforts et à la répétition, qui sont généralement évalués à
travers trois paramètres : l’intensité, la fréquence et la durée. Ces outils s’appuient sur
des données – et des connaissances – issues d’une abondante littérature scientifique où
dominent la biomécanique et l’épidémiologie. On peut répartir ces outils en trois groupes
selon qu’ils ciblent : 1) la posture et les gestes ; 2) la manutention et les efforts ; 3) les
facteurs psychosociaux. Les deux premiers privilégient les grilles d’observation ou les
listes de contrôle, tandis que le troisième utilise le format questionnaire.
Le premier groupe inclut, entre autres, les outils destinés à l’évaluation du travail
répétitif. Les plus connus sont : REBA (Rapid Entire Body Assessment ; Higgnett et
McAtamney 2000) ; RULA (Rapid Upper Limb Assessment Tool, McAtamney et Corlett
1993), OCRA (Occupational Repetitive Action Checklist, Occhipinti 1998), OWAS
(Ovako Working Position Analysing System, Karhu et al. 1977). Au Québec, l’outil le
plus largement utilisé est le Quick Exposure Check List (QEC) développé en Angleterre
par le Robens Centre for Health Ergonomics, l’European Institute of Health & Medical
Sciences et l’Université de Surrey (Li et Buckle 1999) et adopté par la Commission de la
Santé et Sécurité du Travail (CSST). Ces outils contiennent des systèmes de
compilation qui permettent de traduire les observations en pointages, qui cumulés,
peuvent être interprétés en niveau de risque. OWAS se différentie un peu, car la valeur
attribuée aux postures a été basée sur des évaluations subjectives de pénibilité, et pas
sur des mesures.
Le second groupe d’outils – dont les plus connus sont « l’équation du NIOSH » et
les tables de Snook produites par le Liberty Mutual Insurance8 – est un peu différent. En
effet, ces outils visent aussi et surtout à évaluer des situations spécifiques, par exemple,
un effort spécifique dans un contexte particulier. Ils statuent en fonction de ce qui est
8
Tous deux sont accessibles sur leur site web : voir NIOSH (1994) et Liberty Mutual Insurance (2004).
3
acceptable ou permissible, plutôt que du niveau de risque ; les résultats peuvent aussi
être traduits en percentiles (par exemple, 90 % des hommes peuvent faire cet effort).
Le troisième groupe est surtout utilisé par les chercheurs. Les deux questionnaires
les plus connus et les mieux documentés ont été développés aux USA – e Job Contain
Questionnaire de Karasek (1985) et le questionnaire de Siegrist (2008) sur l’équilibre
effort / reconnaissance. Ils n’ont pas été conçus en tant qu’outils de terrain destinés aux
milieux pour détecter les risques psychosociaux en lien avec les TMS, mais ils sont
connus des praticiens et bien répandus au Québec, où des versions validées en français
ont été développées (Bourbonnais et al. 2005). Le principal problème rencontré est que,
bien que l’importance des facteurs psychosociaux soit bien reconnue, on en connaît mal
les mécanismes d’action (Punnet et Wegman 2004). De plus, alors que tous les outils
précédents associent chaque risque à une région du corps, les outils de ce dernier
groupe sont généraux. Les données sont donc difficiles à mettre en lien les unes avec
les autres, ce qui entrave les échanges et le développement d‘une approche globale et
systémique.
Enfin, il existe aussi, surtout en Europe francophone, des approches intégrées plus
complexes, telles que la méthode SOBANE-TMS (Malchaire et al. 2001) ; elles ont
cependant des objectifs plus ambitieux, tout comme les approches participatives, qui
visent pour leur part à réintégrer le travailleur dans le processus d’analyse et de
recherche de solutions.
1.3 Échange et partage : les enjeux
En milieu de travail, sur le terrain, les ergonomes, que ce soit dans un contexte de
recherche ou d’intervention, se retrouvent souvent au centre d’un réseau complexe
d’échanges et de demandes. Les partenaires – les demandeurs – s’attendent à ce que
leurs besoins soient compris, qu’on leur fournisse des connaissances qui répondent à
leurs questions et leur permettent de passer à l’action. Ils attendent des outils, des
procédures qui facilitent la prise de décision, le quantitatif étant particulièrement
recherché. Certains de ces outils peuvent être imposés (par le siège social, par
exemple) ou s’imposer d’eux-mêmes (comme l’utilisation du QEC par les inspecteurs de
la CSST, qui a eu un effet d’entraînement). Les demandeurs veulent aussi pouvoir
passer à l’action. Or, seule l’identification des déterminants et une compréhension
globale du problème permet ce passage, ce qui aboutit aussi à multiplier les réponses
ou options possibles.
Les travailleurs veulent se faire entendre, partager leur point de vue sur les
problèmes (les risques) mais aussi sur les pistes d’action possibles (les déterminants).
Leur point de vue est essentiellement concret et contextuel. Il s’ancre dans des actions
ou des opérations spécifiques. Il est verbal et subjectif, c’est-à-dire qu’il se construit à
travers leur vécu et leur corps (ex. ressentir de l’inconfort au poignet en faisait tel
mouvement, pour telle raison ; être crispé par peur de se coincer un doigt ; avoir de la
difficulté à faire telle opération parce que…). Ils attendent de l’ergonome qu’il relaie leur
point de vue et lui donne un sens.
À un autre niveau, les professionnels et les praticiens espèrent une mise en forme
des connaissances qui soit efficace et efficiente. Ils veulent des outils, sachant que leur
expertise leur permettra de s’ajuster aux circonstances.
4
Le chercheur, qui connaît les limites de certaines connaissances et de leur
applicabilité sur le terrain, peut se sentir pour sa part tiraillé entre ces diverses attentes.
Il doit aussi interagir avec les autres chercheurs, à la fois pour intégrer leurs
connaissances, et également faire part des siennes. Les connaissances construites sur
le terrain affrontent alors celles issues du laboratoire.
1.4 Le milieu investigué et les objectifs
Le projet dont il est question ici a été développé dans un contexte opportuniste. La
demande, issue d’une entreprise du secteur pharmaceutique, était d’établir un portrait
des risques de TMS associés à un groupe de postes. Le contexte s’est avéré
intéressant pour développer et tester une approche visant à répondre aux interrogations
précédentes, car l’entreprise acceptait que nous puissions rencontrer les travailleurs en
entrevue individuelle, ce qui est souvent difficile dans les contextes de travail répétitif.
L’objectif central a été de développer une approche améliorant, d’une part, les
échanges de points de vue autour d’un même objet (TMS et travail répétitif), et, d’autre
part, les connexions entre les données elles-mêmes, les objets de recherche (comme
les facteurs de risque physique vs psychosociaux, par exemple). Plus spécifiquement,
les objectifs étaient de développer une approche permettant de mieux intégrer le point
de vue du travailleur, de mieux interconnecter les facteurs de risque et les déterminants
pour identifier les pistes d’action et de mieux interrelier facteurs psychosociaux et
facteurs physiques.
2
Méthodologie
L’idée centrale a été d’utiliser des outils déjà courants et de développer des outils de
connexion, en fait, trois questionnaires. Ces différents outils sont expliqués dans la
première section ; l’approche globale et les différentes étapes sont décrites en deuxième
section ; et le contexte d’application, soit les postes et les travailleurs, en troisième.
2.1
Les outils d’évaluation choisis et développés
2.1.1
Outils d’évaluation retenus
Le premier outil est un schéma corporel (version NIOSH, disponible sur son site)9
accompagné d’une échelle de perception avec ancrage sémantique à dix degrés. Il vise
à tracer un portrait de la santé musculosquelettique. La question retenue pour le
travailleur était d’identifier les régions pour lesquelles il éprouvait un problème (gêne,
inconfort, douleur, tels que définis dans le questionnaire Nordique10) et d’en situer
l’intensité. Une liste de symptômes a été ajoutée, moins dans la perspective de cueillir
des données, que dans celle d’aider le travailleur à entrer en mode d’explicitation par
rapport à son corps.
9
Voir NIOSH (1994).
Voir IRSST (2001).
10
5
Le second, le Quick Exposure Check (QEC)11, qui est disponible sur le site web
de la CSST avec son guide de 24 pages12, vise à identifier les postes qui présentent des
risques de TMS pour le dos, le cou, les bras / épaules et les mains / poignets. Il a été
adopté par la CSST pour permettre à ses inspecteurs d’identifier les postes requérant
des transformations. Le QEC offre la possibilité de traduire les observations en
pointage ; des tables permettent de combiner les points. Trois valeurs frontières aident à
estimer si le risque est considéré comme faible, moyen ou élevé. Son utilisation est
structurée en 5 étapes : identification des postes ou tâches à évaluer (sans objet ici),
évaluation, compilation des données, interprétation, et évaluation post-transformation
(sans objet ici). Cet outil est aussi largement utilisé par les professionnels de la santé. Il
comporte une section d’observation complétée par des questions adressées aux
travailleurs. La partie observation nécessite donc de recueillir du matériel vidéo (elle
peut aussi être remplie in situ). Les facteurs de risque retenus sont centrés sur trois
items : la posture, les efforts et la répétition. Les deux principaux paramètres
d’évaluation sont l’intensité et la durée. Quelques facteurs psychosociaux (vitesse,
précision visuelle requise, rythme, stress) sont inclus dans la partie questionnaire, mais
ils ne sont pas inclus dans le système de pointage. Ils servent à moduler l’interprétation.
Le troisième outil est une combinaison écourtée du questionnaire sur les facteurs
psychosociaux de Bourbonnais et al. (2005) qui combine 26 items du Job Content
Questionnaire de Karasek (latitude décisionnelle : 9 items ; demande psychologique :
9 items ; support des collègues et supérieurs : 8 items) et celui de Siegrist sur l’équilibre
effort / reconnaissance (7 items). Les questionnaires demandent normalement au
travailleur de choisir entre quatre degrés d’accord avec un énoncé. Un pré-test ayant
montré que les travailleurs avaient de la difficulté à préciser leur niveau d’accord et que
cela risquait de prendre trop de temps, un format oui-non a été retenu.
2.1.2
Questionnaires développés
Les trois questionnaires développés sont spécifiques et contextuels à chaque
poste ou tâche, en termes de questions ou de réponses attendues. Le premier, par
exemple, porte sur les opérations exécutées au poste. Les deux autres impliquent des
réponses qui ne peuvent concerner que leur poste.
Le premier questionnaire explore les sources de difficulté (physiques et
psychosociales) en fonction des opérations. Son but est d’aider à connecter les
facteurs psychosociaux et physiques en les associant à une même unité, l’opération.
Les opérations étant spécifiques à chaque tâche, ce questionnaire est individualisé. Le
travailleur doit, dans un premier temps, indiquer les opérations (elles sont énumérées
par l’interviewer) qui sont tant soit peu exigeantes, ou difficiles, ou « emmerdantes ». Le
niveau de référence devait être de trois sur dix, ce qui signifie un peu difficile / exigeant
sur l’échelle de Borg13. L’interviewer revient par la suite sur chaque opération identifiée,
et demande si cette opération est difficile / exigeante pour le dos (en termes de posture
ou d’effort, ou les deux), pour les membres supérieurs (idem), en termes d’attention,
d’habileté, d’imprévus / incidents, de risques d’erreurs et de blessure. Quand un item est
pointé, l’intervieweur demande de préciser en quoi.
11
12
13
Voir Li et Buckle (2004).
Voir CSST (2005).
Il s’agit d’une échelle de perception à ratio de 10 niveaux, avec ancrage sémantique. Voir Borg (1982).
6
Le second questionnaire porte sur l’identification de ce qui est difficile (situation,
contexte, action, opération) pour chacune des régions du corps. Le but est
d’identifier plus directement des déterminants et de relier de façon plus spécifique les
facteurs psychosociaux aux TMS. Pour chacune des régions (dos, cou, épaules, coude,
poignet-main, doigts, membres inférieurs, soit trois régions de plus que le QEC), on
demandait au travailleur d’indiquer les deux moments ou circonstances où le travail était
plus difficile pour cette région du corps (même référence de trois sur dix). L’interviewer
demandait des précisions si la réponse ne permettait pas de comprendre en quoi cela
pouvait être difficile. Le travailleur pouvait en indiquer une, ou aucune.
Le troisième questionnaire est centré sur les pistes de transformations et il
explore huit éléments : l’aménagement du poste, les outils, le matériel, le produit
transformé, la formation, l’organisation, les consignes données et la cadence / rythme.
Pour chacun, l’interviewer demandait si on pouvait améliorer la situation de travail en
transformant cet item (oui, non), l’importance de l’impact potentiel de cette
transformation (+, ++, +++) et de quelle façon on pouvait le transformer.
2.2 Procédure générale
La première étape consistait à sélectionner des situations et à préparer la phase
d’observations à partir des données fournies par l’entreprise (descriptions des tâches,
rapports d’évaluation de la demande physique – charges à déplacer ou efforts à
déployer – complétés par un consultant professionnel) et par les superviseurs. Cette
étape n’a pas été formalisée puisqu’elle utilise des approches usuelles en ergonomie.
Dans cette étude, les postes eux-mêmes ont été choisis par l’entreprise.
2.2.1 Observations
Cette étape visait quatre buts : développer une compréhension adéquate de la
situation de travail ; déterminer le matériel vidéo à recueillir pour pouvoir compléter la
partie observation du QEC ; pouvoir introduire des éléments de spécificité dans les
questionnaires ; et vérifier / obtenir l’accord des travailleurs. La procédure correspond
globalement à celle utilisée pour une chronique d’activité : identification des opérations
et des cycles, repérage des produits et du matériel utilisé, identification des facteurs de
variation au niveau du système de production (par exemple, état des équipements,
format des produits, matériel utilisé) et de l’activité elle-même (par exemple, modes
opératoires, façons de se placer, travail d’équipe). En fait, ces sources de variation sont
le plus souvent des déterminants. Ces informations servent aussi à déterminer ce qu’il
faut filmer (13 heures) et comment (par exemple, position des caméras). Différents
aspects étaient notés pour leur pertinence potentielle : postures contraignantes, efforts,
attention soutenue, exigences d’habileté ou de précision. Il ne s’agissait que de les
identifier.
2.2.2 Entrevues
Le but de l’étude, son déroulement général, les attentes, les précautions au niveau
de la confidentialité étaient d’abord expliqués et le consentement vérifié. L’entrevue
commençait avec le bilan de santé MS, suivi des questionnaires sur les
opérations / difficultés, régions / contextes, pistes de transformation, puis de la section
7
verbale du QEC, et enfin du questionnaire sur les facteurs psychosociaux. La durée
prévue était de l’ordre de 60 minutes.
2.2.3 Repères d’interprétation et analyses
Tel que mentionné précédemment, le QEC comporte une procédure pour
combiner les pointages. Le total obtenu permet de statuer sur le niveau de risque (faible,
moyen, élevé). Pour les questionnaires, les niveaux de risque ont été établis à partir de
trois facteurs : le consensus des réponses, l’importance en termes de fréquence ou de
durée, l’intensité du problème. Une situation a été considérée à risque élevé si l’intensité
du problème était de 5 et plus (sauf si le problème était rapporté comme découlant d’une
condition antérieure), si la majorité identifiait les mêmes éléments (difficultés, opérations
ou situations) et si ces derniers occupaient une partie significative du travail. Un poste
était jugé à risque modéré si le problème se situait à un niveau de 3 à 5, quand une ou
plusieurs opérations étaient mentionnées par la moitié des travailleurs, ou bien les
mêmes conditions évoquées. Les postes jugés à faible risque pouvaient inclure des cas
où plusieurs difficultés étaient rapportées sans que ce ne soit consensuel.
Comme il s’agissait de questionnaires semi-fermés très structurés, les verbatim
recueillis étaient relativement simples à analyser. Le plus souvent, il s’agissait
d’explications qui permettaient de comprendre la nature des liens entre le travail et les
TMS, les facteurs physiques et les facteurs psychosociaux, les facteurs de risque et les
déterminants. Pour certains sujets à explorer, les verbatim ont été utilisés pour procéder
à des analyses classificatoires et thématiques (Bardin 1977). Ce type de résultats n’est
pas rapporté dans ce texte.
2.2 Les postes et les travailleurs rencontrés
L’entreprise, qui relève du secteur pharmaceutique, prépare des produits destinés
avant tout aux hôpitaux, en particulier des solutions. Les normes de stérilisation y sont
élevées. Comme le concept de poste est plus ou moins adéquat dans cette entreprise,
nous utiliserons plutôt celui de « fonction ». Une fonction peut comporter plusieurs
tâches ou postes. Par exemple, la fonction de remplissage des sacs peut être exécutée
à une table tournante ou à un convoyeur (donc deux postes). Celle de déchargement
des plateaux comporte trois postes ou stations différentes, chacun comprenant des
tâches différentes qui sont occupées en rotation. Un travailleur peut être affecté à deux
fonctions.
L’entreprise a identifié douze fonctions présentant des risques potentiels de TMS
ou comportant des situations pointées par les travailleurs, les superviseurs ou le
personnel de SST. Ces fonctions étaient occupées par 61 personnes, généralement
réparties sur deux quarts (jour et soir). Peu d’entre elles faisant les mêmes tâches au
même moment, leur libération a été difficile à organiser. Le plus souvent, un superviseur
devait prendre la relève. Au total, 24 personnes (9 hommes, 15 femmes) occupant
31 fonctions ont été interviewées. Lorsque le travailleur occupait deux fonctions, il devait
préciser pour le questionnaire MS quel problème était associé à quelle fonction. Les
travailleurs ont très spontanément commenté leurs réponses tout au long de l’entrevue.
8
3
Résultats
3.1 Dialogue inter outils
3.1.1 Entente inter outils
Les outils peuvent être utilisés pour esquisser un portrait d’ensemble et prendre
des décisions d’ordre stratégique, à savoir : y a-t-il beaucoup de postes à risque?
Faudrait-il élaborer une politique de transformation globale? À cet égard, les résultats
compilés à la figure 1 montrent que les portraits qui se dégageraient des questionnaires
sur la santé musculosquelettique, sur les opérations difficiles et les contextes plus
difficiles par région du corps seraient sensiblement les mêmes (n=192, soit 12 fonctions
x 4 régions x 4 outils). Le QEC se distingue, en ce qu’il tracerait un portrait nettement
plus positif, à savoir : peu de situations présentent des risques élevés (6 %), la majorité
présentant pas ou peu de risques (58 %).
Figure 1
Évaluation du niveau de risque pour quatre outils
Faible
Moyen
Élevé
Comme les décisions se prennent aussi poste à poste, le consensus sur chaque
poste a été vérifié (n= 84 ; 12 fonctions x 7 régions). Comme on peut le voir au
tableau 1, les postes à faible risque sont ceux pour lesquels l’entente est la meilleure.
Pour les postes à risque élevé, plus d’une fois sur deux, une des évaluations diverge
notablement des autres, c’est-à-dire par au moins deux classes (faible vs élevé).
Généralement, c’est l’évaluation du QEC qui s’éloignait des autres. En fait, on se
retrouve peu souvent dans deux zones adjacentes (faible vs moyen ; moyen vs élevé)
où les évaluations peuvent en fait être proches l’une de l’autre si chacune est à la limite
de sa classe. Il s’agit donc de francs désaccords.
9
Tableau 1 Pour chaque situation, répartition en pourcentage des niveaux
d’entente selon le risque estimé
Entente d’évaluation
Risque
Parfaite
Bonne
Évaluations
identiques
Une évaluation
domine
Faible
34
Moyenne
Élevé
Partagée
Moitié/moitié :
Éclatée
Faible vs moyen
ou moyen vs élevé
Faible vs élevé
21
21
24
12
20
36
32
7
27
13
53
3.1.2 L’échange des points de vue
Nous résumerons d’abord sommairement deux cas où les conclusions associées
au QEC ont été nettement différentes de celles issues des autres questionnaires, et les
raisons de ces divergences. Les points dominants qui sont ressortis des questionnaires
psychosociaux sont résumés.
Poste 1 : Les sacs à soluté comportent deux tubes dans lesquels le soluté est
injecté. La tâche consiste à insérer ces tubes à la verticale sur deux tiges de
remplissage. Ce qui permet aux tubes de bien tenir en place lors du remplissage est leur
diamètre, ajusté à celui des tiges, et le fait de les insérer jusqu’au bout. Le dos est droit,
le sac vide pèse peu, les tiges sont placées pour que la position du coude soit normale.
La conclusion du QEC est que le poste est à faible risque pour le dos, les épaules, le
cou et moyen, et pour les poignets, alors que les cinq travailleurs rapportent des
problèmes importants au dos, aux épaules, et moyens aux coudes et aux mainspoignets. Les tubes doivent être tenus très fermement car ils sont dimensionnés pour
enserrer les tiges afin que le sac puisse tenir en place lors du remplissage. Comme les
sacs vides arrivent empilés, les tubes peuvent être écrasés, ce qui rend leur insertion
plus difficile. Le fait de pousser jusqu’à la butée les tubes pour s’assurer que le sac est
bien inséré génère un micro contrecoup aux deux secondes. Les sacs plus larges
doivent être insérés en passant à l’arrière des tiges avec une contorsion du poignet qui
se transmet au coude et à l’épaule. Les bras ne sont pas supportés. Comme les sacs
vides sont souvent collés, il faut les « peler » en passant les doigts par en-dessous pour
éviter que la pile ne bouge et tombe. Sur un des postes, la table est rotative : les
travailleurs craignent de se coincer les doigts. Sur un autre, les tiges sont plus hautes :
les plus petites opératrices s’assoient sur le bord de la chaise. Avec la fatigue, le dos
s’affaisse et les travailleurs trouvent difficile de s’ajuster, d’autant plus que la chaise est
également difficile à ajuster. Au niveau des facteurs psychosociaux, le portrait suivant
domine : la latitude décisionnelle est considérée comme faible (69 % des réponses).
Cependant, les travailleuses donnent des réponses qui divergent sur plusieurs points.
Par exemple, la nécessité de faire attention ainsi que les responsabilités sont perçues
par certaines comme des compétences et des possibilités d’apprentissage ; le contrôle
sur la vitesse et la méthode sont rapportés comme des éléments positifs (items : liberté
de faire comment on fait ; possibilité de prendre des décisions de façon autonome). Au
niveau de la demande, les réponses sont homogènes intra item, mais il y a autant de oui
10
(par exemple : il faut aller très vite, le travail demande de la concentration) que de non
(par exemple : mon travail exige de travailler très fort mentalement). Il s’agit d’un des
postes où les opératrices évaluent le plus souvent qu’il y a un déséquilibre entre les
efforts investis dans leur travail et la reconnaissance qu’elles en tirent (35 % de
réponses négatives).
Poste 2 : Les opératrices saisissent des sacs qui arrivent perpendiculairement sur
un convoyeur pour les empiler en escalier ; ces piles sont ensuite emballées dans un
autre sac. Les deux travailleurs rapportent des problèmes sévères au dos et modérés
aux autres régions (épaules, coudes, mains-poignets, cou). Les risques sont estimés
faibles pour le dos par le QEC, et moyens pour les épaules et les mains-poignets. Le dos
est relativement droit, il bouge peu et il y a peu d’efforts. Cependant, il faut souvent saisir
les sacs avant qu’ils n’atteignent la table, car les sacs chauds tendent à coller sur le
métal. Les décoller prend du temps et les autres vont se coller de plus en plus. Tout
sac – ou pile de sacs – qui tombe à terre doit être jeté. Le poste est considéré comme
présentant peu de latitude décisionnelle, mais pas de façon marquée (61 %). Les
habiletés et responsabilités sont associées à des qualifications, à des défis. La demande
n’est pas jugée élevée (72 %). Le soutien et la reconnaissance sont très bien évalués
(100 % de réponses positives).
D’autres exemples de point de vue exprimés sont résumés au tableau 2. Le
constat dominant qui se dégage est que plusieurs des difficultés pointées par les
travailleurs sont autres que celles que la grille d’évaluation considère : rigidité, micro
impacts répétés, perte de fluidité, gestes saccadés, cumul de micro contraintes, absence
de micro-pauses, de marges de manœuvre, efforts soudains, arrêts brusques.
Cependant, le consensus sur les facteurs retenus et identifiés par le QEC est excellent.
Si le QEC évalue qu’une situation présente un risque, les autres outils mènent aux
mêmes conclusions.
Dans le cas des facteurs psychosociaux, leur association à des données sur
l’activité permet d’en situer le rôle. Les sources de stress y sont décrites de façon
différenciée. La nécessité de faire des gestes précis, la rapidité, la crainte de faire des
erreurs sont associées à de la rigidité (au dos ou aux membres supérieurs), celle de se
blesser, à de la crispation. Le fait de ne pas pouvoir bouger rapidement (par exemple :
pour éviter de créer de la turbulence dans l’air) est perçu comme étant de l’immobilisme.
Dans ces cas, l’impact est le plus souvent, non pas général, mais spécifique à une
région et à l’activité concernée. Le stress réfère tantôt directement aux tissus : il a alors
une action « biomécanique ». Tantôt, il est plutôt décrit en tant que déterminant. Ainsi, la
crainte de ne pas pouvoir parer à un imprévu occasionne des actions supplémentaires,
coûteuses sur le plan musculosquelettique. On constate aussi que les explications
fournies par les travailleurs sur les items de latitude décisionnelle, en particulier la
compétence et les qualifications, réfèrent à des éléments relativement absents des listes
d’items usuels ou bien méconnus dans ce type de tâche : habiletés motrices fines,
capacité d’aller vite, capacité de trouver la façon de faire, responsabilités (par exemple,
en termes de détection des défauts, d’impact des erreurs ou de non identification des
défauts / impacts / erreurs), capacité de s’ajuster aux impondérables. Ces compétences,
ces qualifications réfèrent pour l’essentiel aux habilités développées sur l’activité de
travail. Le travail répétitif y est décrit comme présentant des défis et comme étant varié,
dans la mesure où il permet de progresser encore. Les exemples donnés par les
travailleurs réfèrent à des techniques, des habiletés, des façons de faire qui peuvent
être d’une grande finesse.
11
3.2 Connaissances et questions soulevées par les travailleurs
Les travailleurs ont une connaissance de leur travail et de ses difficultés qui est
spécifique et contextuelle. Cependant, les questions soulevées ont parfois une portée
plus générale. Nous résumons dans cette section les questions soulevées par les
travailleurs qui ont une pertinence en termes de recherche et qui sont peu abordées
dans la littérature scientifique.
Ainsi, comme nous venons de le voir, le point de vue exprimé sur le travail statique
est plus sophistiqué que ce qu’il est habituel de considérer. Les travailleurs distinguent
quatre notions. En premier lieu, l’immobilisme réfère à une situation où les mouvements
sont restreints en termes d’amplitude ou de vitesse ; les travailleurs référent clairement à
une sensation et non au fait de ne pas bouger comme tel. En deuxième lieu, le statisme
décrit les situations où il faut rester longtemps dans une même position, debout ou
assise. L’échelle de temps est « longue », ou macro ; le plus souvent, elle réfère à la
durée totale de l’exposition (20 minutes, deux heures). Troisièmement, la rigidité est
décrite comme étant une immobilisation active d’un segment pour exécuter une activité,
des opérations qui nécessitent de la précision ou un contrôle gestuel ou visuel ; la
rigidité peut découler d’actions qui doivent être rapides. Enfin, la crispation est décrite en
lien avec des craintes de blessures ou la peur de faire des erreurs ; les risques évoqués
sont les plus souvent des blessures mineures (se piquer les doigts par exemple), mais
leur omniprésence engendrerait cet état de crispation.
Chacun de ces états est donc associé à des circonstances, des déterminants et
des facteurs psychosociaux différents. En fait, le stress est décrit comme pouvant
générer de la rigidité ou de la crispation, mais aussi comme une raison d’accélérer les
gestes. De façon secondaire, il engendre aussi des postures plus contraignantes : pour
mieux voir, pour aller chercher en avance un produit et gagner une micro seconde de
marge de manœuvre ou pour palier un risque (par exemple, les sacs chauds collent : il
faut donc éviter qu’ils s’empilent). Aller vite n’est ni décrit comme un problème en soi, ni
associé à une demande psychologique élevée. La vitesse n’est décrite comme un
problème que si le travailleur a des difficultés à l’atteindre ou à la maintenir, ou n’a pas
de marge de manœuvre pour s’ajuster.
Un élément d’exécution auquel les travailleurs ont aussi tacitement fréquemment
référé est la perte de fluidité14 ressentie au niveau des mouvements. Celle-ci découle
directement des états décrits ci-dessus – rigidité, crispation et immobilisation –, ou du
fait de devoir accélérer pour récupérer un imprévu ou, au contraire, parer à l’imprévu. En
fait, le temps apparaît comme un enjeu déterminant. Les arrêts brusques occasionnés
par les imprévus (par exemple, un plateau qui coince), les efforts soudains pour
décoincer, les légers déséquilibres ressentis (par exemple, pour aller chercher plus loin
sans pouvoir avancer un pied), ou encore les micro impacts sont autant d’événements
qui altèrent la fluidité du mouvement.
Les travailleurs posent aussi clairement la problématique du cumul des contraintes
sur lequel ils insistent dans plusieurs situations. C’est la combinaison des contraintes,
leur cumul, qui rend le travail difficile. Aucun outil ne rend compte du cumul. Les
rotations de postes, utilisées comme un moyen de limiter la durée des expositions, un
paramètre d’évaluation important dans les grilles, amplifient ce problème de sousestimation.
14
Les travailleurs n’utilisent pas ce terme comme tel. Ils en décrivent les diverses manifestations : arrêts brusques,
changements de direction, mouvements saccadés ou soudains, etc.
12
3.3
Les pistes d’action
Les travailleurs ont identifié 97 pistes d’action, soit en moyenne trois par personne
pour chaque fonction questionnée (voir tableau 3). Les suggestions portaient autant sur
des éléments « physiques » (aménagement, matériel, produits, équipements)
qu’immatériels (vitesse, organisation, formation, consignes, maintenance). Pour un
même problème, plusieurs pistes pouvaient être proposées. Par exemple, pour diminuer
l’inconfort lié à la dégradation de la posture en cours de quart, les propositions ont porté
sur les procédures d’essai des chaises (comme les tester au travail), les caractéristiques
du matériel acheté (possibilités d’ajustement, matériel de recouvrement, appuis) et la
formation (comment s’ajuster). Pour un même item, les suggestions avancées étaient
aussi multiples. Ainsi, les suggestions pour améliorer la rotation ont porté sur la durée, la
séquence des tâches, l’équilibre entre les tâches, leur nature, et l’équité. Pour
l’aménagement, il pouvait s’agir des hauteurs de plan de travail, des différentiels de
hauteur, des distances, de l’organisation de l’espace, du manque d’espace, des
surfaces. Les raisons invoquées étaient aussi multiples : ne pas bien voir, difficile pour le
dos (trop bas, trop haut, trop loin) ou les épaules, perte d’efficacité, risque de heurt et
d’accrochage, gêne causée à l’autre (on le dérange), etc. Les suggestions énoncées
visaient à réduire les efforts et les contraintes physiques, mais aussi à améliorer
l’efficacité et l’efficience, à mieux atteindre les objectifs de production.
Les demandes de transformations les plus souvent suggérées et perçues comme
recelant un potentiel d’amélioration important ont concerné l’aménagement et la vitesse
(voir figure 2). Par contre, certaines pistes très spécifiques pouvaient avoir un impact
important sur un poste précis. Par exemple, sur un des postes, les principaux moyens
évoqués pour améliorer la mobilité et diminuer les efforts ont porté sur la gestion des
rejets (vider régulièrement les poubelles permet par exemple de fractionner la tâche, de
bouger et de réduire le poids). Il s’agit d’une amélioration très spécifique et contextuelle
à un poste.
Figure 2
Impact projeté par les travailleurs des différentes pistes
de transformation suggérées
13
4
Discussion
Parmi les questions soulevées dans l’introduction sur les échanges, nous avions
insisté sur le processus de production des connaissances, quant à la nature des
connaissances produites et échangées. Les échanges y étaient vus en fait comme un
moyen de construire des connaissances mieux appropriées. Nous aborderons dans la
discussion ces questions en quatre points : la validité-validation des connaissances
produites, le type et mode de production des connaissances, les questions soulevées
par les travailleurs et le dialogue inter-outils.
4.1 La notion de validité
La question de validité est souvent posée en termes de : reproductibilité, taille des
effectifs et représentativité. L’approche développée et son contexte d’utilisation ne
répondent pas bien à ce type de critères. Par exemple, le milieu où cette approche a été
appliquée est spécifique. Les résultats pourraient être différents dans un autre milieu,
même s’il s’agissait de travail répétitif.
Ici, la question de représentativité ne se pose pas vraiment. Au moment de l’étude,
ce sont ces travailleurs particuliers qui occupent les postes. Qu’ils soient ou non
représentatifs d’une population plus large n’a pas d’importance. Les effectifs pour
chaque fonction étaient aussi petits ; les résultats quantitatifs présentés visaient à
résumer les données et non à effectuer des analyses statistiques. Cependant, il est
reconnu en design que des essais effectués auprès de quatre ou cinq utilisateurs
suffisent pour identifier les trois-quarts des problèmes (Wilson et Corlett 1995). L’étude
montre que trois ou quatre travailleurs pour un poste donné suffisent pour identifier une
partie significative des problèmes ou des difficultés. Les propos sont consensuels et
apportent en même temps des éclairages différents, que ce soit parce que les
travailleurs sont différents (petit vs grand) ou qu’ils travaillent différemment. Dans la
mesure où le lien entre des problèmes rapportés sur des échelles de perception
(questionnaire de santé MS) et le développement de pathologies a été démontré (Baron
et al. 1996), nous pouvons assumer que les difficultés identifiées sont représentatives
de risque réels. En fin de compte, ce n’est pas tant la reproductibilité qui apparaît
importante, que la cohérence des éléments soulevés.
Il est par ailleurs connu que les questions se rapportant aux croyances ou qui sont
à caractère quantitatif peuvent présenter des écarts importants par rapport à la réalité
(Dillman 1978 ; Warwick et Lininger 1975). C’est sans doute une des raisons de vouloir
s’éloigner du « subjectif » dans les évaluations. Cependant, les questions posées ici
étaient surtout factuelles (hormis les opinions concernant les pistes de transformation) et
ramenaient le travailleur à ce qu’il ressentait en termes de difficultés pour des
opérations, des contextes, des situations spécifiques. La travailleur est la meilleure
source d’information quant il s’agit de savoir ce qui occasionne des inconforts ou
exacerbe un problème. La donnée est subjective, mais parce qu’elle se rapporte au
sujet en tant que source de connaissances. Ainsi, dans l’ensemble, le portrait présenté
nous apparaît valide pour cette situation, même si la méthode s’éloigne de certains
standards.
L’importance de mettre en contexte les résultats, en particulier au niveau
socioéconomique, et d’être capable d’interrelier les facteurs sont de plus en plus
14
souvent soulignées (Wilson 2000). Cependant, le contextuel est avant tout compris en
tant que lieu d’application et d’ajustement. Or, les explications des travailleurs font
surtout ressortir le fait que certaines données ne peuvent être interprétées hors
contexte, sans prendre en compte d’autres éléments. Cela peut engendrer une erreur
d’interprétation. Par exemple, les sacs de petit poids / format sont plus difficiles pour le
dos et les jambes que les plus gros parce qu’il faut se pencher plus longtemps et plus
souvent pour les saisir ; ceci induit un déséquilibre exigeant à contrôler. La table
élévatrice fournie pour ajuster la hauteur empêche d’avancer le pied pour aider à
l’équilibre. Cela peut aussi occasionner une erreur d’identification des facteurs à prendre
en compte. Par exemple, le poids et la hauteur de l’entonnoir où déverser les bouchons
sont certes des facteurs pertinents ; cependant, le plus difficile est d’avoir à manipuler
des sacs qui sont mous et instables, de devoir faire attention à ne rien laisser échapper
(efforts plus longs, plus crispés), tout en arrivant à bien voir (posture). La remise en
question que suscite les explications des travailleurs va donc au-delà de l’applicabilité ;
elle renvoie au fait que les connaissances acquises dans une logique « silo », sans
prendre en compte les interrelations, sont valides sur le plan expérimental, mais pas
forcément dans un système réel ; elles peuvent devenir marginales par rapport à
d’autres facteurs. Or, bien que des auteurs en appellent à étudier les activités en milieu
réel, la tendance lourde consiste à favoriser les approches expérimentales (Bedny et
Karwowski 2004).
En fait, en termes de validité, la question qui nous apparaît la plus importante est
la suivante : où se situe le plus grand risque d’erreur? Et pour qui? Les écarts constatés
ici entre les évaluations des travailleurs et celles basées sur nos connaissances et les
outils d’évaluation usuels montrent que ces derniers présentent un risque d’erreur non
négligeable par omission, dans la mesure où les travailleurs intègrent des éléments qui
ne sont pas présents dans le QEC comme dans la plupart des outils d’évaluation. Cette
erreur pénalise donc le travailleur et l’entreprise. Par exemple, un poste perçu exigeant
sur le plan MS mais qui est évalué à faible risque engendre des situations de grande
frustration et empêche l’entreprise d’entreprendre une véritable démarche de prévention.
Cette dernière est privée de moyens de comprendre, ce qui peut générer une discorde
interne. À cet égard, peu d’études ont confronté l’opinion des travailleurs aux résultats
issus des outils d’évaluation15. Et ces enjeux sont d’autant plus importants que les
éléments présentement retenus dans les outils sont en train d’être adoptés comme
fondements des standards internationaux (Delleman et Dul 2007 ; Occhipinti et
Colombini 1999) alors que la marge d’erreur en termes de facteurs qui nous échappent
n’est pas connue.
4.2 Quelles connaissances et quels savoirs?
Les préoccupations quant à la fiabilité des données ont amené la communauté
scientifique à privilégier les données objectives et mesurables qui sont alors en grande
partie devenues les connaissances considérées acceptables et recherchées.
Traditionnellement, le savoir était lié au discours et mis au service d’une thèse à
démontrer. Ce savoir subjectif – c’est-à-dire du sujet – a été transformé ou remplacé par
un savoir objectif, organisé en base de données. Au lieu de lier les connaissances dans
15
Il existe plusieurs domaines où le subjectif est naturellement considéré, tels que les études sur le confort ou la
satisfaction, ou les études psychophysiques en manutention. Les échelles de perception sont aussi un outil usuel en
ergonomie.
15
une séquence narrative ou argumentaire, les auteurs de bases de données les
organisent en série, en tableaux (Melançon 2005). Or, le savoir exprimé par les
travailleurs est avant tout discursif. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, l’ouïe était la
faculté de l’intelligence par excellence : elle était prise comme la faculté d’entendement.
La crainte16 du verbal et du non quantifiable, souvent considérés de par leur nature
subjective comme non fiables, est forte dans le domaine du musculosquelettique,
dominé par les approches biomécaniques et épidémiologiques. Cette méfiance se
retrouve par ailleurs aussi au niveau des gestionnaires qui accordent beaucoup plus de
valeur à ce qui est mesuré et quantifié qu’à ce qui est dit. Les outils d’évaluation
répondent d’ailleurs à cette demande. Comme leur contenu s’appuie sur de nombreuses
études, cela en rend l’utilisation rassurante. En fait, cela gêne le développement d’un
réel contexte de partage, d’échange et de dialogue.
Dans cette étude, les travailleurs ont démontré un constant besoin – et une
capacité – d’expliquer les liens entre les éléments. Même avec le questionnaire sur les
facteurs psychosociaux, a priori fermé, ils ont souvent ajouté des explications. Or, cela
échappe aux outils d’investigation conçus pour repérer des facteurs précis plutôt que
leurs liens avec l’ensemble des éléments du travail. Par exemple, les travailleurs ont
souvent situé les facteurs dans un cadre qui inclue des objectifs de confort MS mais
aussi des objectifs de production, d’efficacité et d’efficience. Leur point de vue est
systémique alors que les connaissances produites et les outils développés le sont peu.
Toutefois, il faut signaler que la volonté de prendre en compte le contexte et
d’établir une dynamique d’échange avec les travailleurs et les diverses personnes
impliquées n’est pas nouvelle. Les approches participatives développées en sont une
des manifestations sans doute les plus exemplaires ; on sait que les résultats sont
mitigés (Rivilis et al. 2008). Cependant, ces approches ont été développées surtout dans
une perspective de résolution de problèmes, et non dans le but de contribuer à
l’évolution des connaissances.
Un autre problème mis en évidence par cette étude est que la logique du « grand
nombre, des probabilités » fonctionne mal dans « du poste à poste ». Une multitude de
déterminants interviennent et il est hasardeux d’en modifier un si l’on ne comprend pas
les liens qui l’unissent aux autres. Ce constat n’a rien de nouveau en ergonomie17. Mais
il n’est pas intégré aux outils d’évaluation. Il ressort aussi que ce qui rendait certains
postes difficiles étaient la combinaison et le cumul d’éléments. Or, il n’existe ni
dosimètre, ni méthode de compilation.
Au total, les résultats montrent un décalage entre les connaissances produites
pour détecter les risques et les risques réels – ou du moins les difficultés – et les
déterminants à transformer pour améliorer la prévention. La liste des facteurs de risque
et déterminants utilisés – poids, efforts, posture, répétition, hauteur, durée et
fréquence – apparaît ainsi trop sommaire.
16
On comprendra que le discursif est largement utilisé dans certaines disciplines ou domaines où les données
qualitatives existent. Il existe une abondante littérature sur les analyses de discours. Le commentaire ci-dessus est
contextuel au cas des TMS.
17
Il est existe de nombreux ouvrages en ergonomie, surtout en français qui exposent ces questions, à commencer par
Comprendre le travail pour le transformer, de Guérin et al. (2006).
16
4.3 Questions soulevées par les travailleurs sur les risques
Les travailleurs ont identifié plusieurs facteurs et soulevé plusieurs questions
pertinentes à la compréhension des TMS, dont l’importance apparaît mésestimée
(comme la fluidité) ou traités trop sommairement (comme le statisme). Dans le cas du
statisme, les nuances que font les travailleurs contrastent avec la façon simpliste avec
laquelle ce facteur est généralement abordé et évalué (sommairement : rester
longtemps dans une position). Ils ont distingué le fait de rester longtemps dans une
même position (statisme), l’immobilisme (dans le sens de restriction de mouvement), la
rigidité et la crispation. Ils les ont associés à des impératifs d’activité (par exemple la
précision) ou à des facteurs psychosociaux diversifiés. Ces nuances expliquent sans
doute en partie pourquoi les études sur les facteurs psychosociaux ont des difficultés à
en dégager les mécanismes d’action. Les propos mettent aussi en évidence une
contradiction inhérente à certains outils : la notion de répétition amène à considérer
l’absence de mouvements et d’effort comme un facteur positif. Ici, les restrictions dans
les mouvements sont au contraire rapportées comme constituant un problème car il faut
constamment limiter et contrôler le geste.
Les travailleurs ont souvent référé à des éléments de fluidité. Ces questions
retiennent un peu l’attention en manutention (Marras et al. 1987 ; Patterson et al. 1987;
Lavender et al. 1989 ; Authier et Lortie 1993 ; Nastasia et al. 2007), mais pas du tout au
niveau du travail répétitif18. Si on ajoute les références aux situations de soudaineté
(mouvement / efforts), il pourrait s’agir d’un enjeu important.
D’autres points abordés ont une pertinence en termes de problématique. Un
exemple en est la difficulté mentionnée sur « comment se réajuster au cours de la
journée à cause de la fatigue ». Ce commentaire est très sensé. On sait qu’avec la
fatigue, le dos tend à s’arrondir alors que l’effet du temps augmente le tassement des
vertèbres, surtout en position statique : les effets différenciés sur la position des yeux et
des mains expliquent sans doute la difficulté à s’ajuster. Les études menées au début
des années 1970 auprès des opératrices dans l’électronique et la couture avaient bien
montré la complexité des ajustements posturaux du dos dans des tâches fines qui
devaient concilier précision gestuelle et visuelle (Laville et Duraffourg 1972 ; Teiger et al.
1973), alors que les connaissances sur le tassement vertébral et le travail statique
datent des années 1990. Les questions d’ajustement seraient donc plus complexes que
ce que l’on suppose en général.
Le point du vue exprimé sur le stress et certaines manifestations apparaît aussi
plus sophistiqué qu’il n’est coutume dans le domaine des TMS. Les travailleurs
dégagent des pistes à creuser, dont celle de mieux faire la distinction entre les diverses
dimensions du stress. Par exemple, la peur de blessures engendre de la crispation,
alors que la crainte de ne pas atteindre les objectifs de production résulte, entre autres,
en des gestes plus rapides, plus saccadés (moins fluides) ou en actions plus
contraignantes (par exemple, saisir plus loin). Le contexte physique peut être une
source de stress. Ainsi, devoir restreindre les mouvements est rapporté comme
stressant parce qu’il faut constamment limiter, contrôler les gestes, faire des gestes plus
lents ou faire attention. La rigidité, associée au besoin d’immobiliser le tronc lorsque les
gestes requièrent de la précision et du contrôle visuel fin, est parfois décrite comme une
18
La question de fluidité est souvent mentionnée en référence aux métiers de danseur et de musicien, mais par les
spécialistes du domaine.
17
réponse au stress (pour aller vite), mais pas forcément. Ces diverses manifestations
lorsqu’elles sont considérées uniquement en lien avec le stress, sans comprendre la
finalité de l’activité, sèment de la confusion. Par ailleurs, dans cette étude, malgré un
niveau élevé de contraintes rapportées pour plusieurs postes, peu de travailleurs ont
décrit leur poste comme étant « stressant », dans la mesure où ils s’estimaient capables
de répondre aux exigences.
4.4 Le dialogue inter outils
Les limites soulignées des outils actuels ne les rendent pas caduques pour autant.
Ils présentent des avantages certains : observations répétables, résultats facilitant les
comparaisons, valeurs numériques qui offrent des repères intéressants. Ils offrent un
bon support au verbal. Il s’est avéré que ces outils, introduits dans une logique
discursive, ont souvent induit des explications complémentaires intéressantes. Même le
court questionnaire du QEC a amené des compléments d’explications. De plus, le
questionnaire sur les facteurs psychosociaux a présenté l’avantage d’aborder des
aspects souvent négligés en ergonomie parce qu’ils ne découlent pas directement de
l’activité. Habituellement, le passage se fait de l’activité vers les implications
psychosociales et non l’inverse. Il permet aussi d’aborder des sujets délicats comme la
reconnaissance des autres, les relations inter-travailleurs, la perception d’eux-mêmes
(compétence,
qualification).
Les
explications
des
travailleurs
renvoyaient
systématiquement à l’activité. Les divers outils permettent donc des allers-retours
intéressants. Les réponses articulées autour d’un même objet – l’activité – permettent
d’éclaircir les liens entre les dimensions physiques et psychosociales.
5
Conclusion
S’agit-il d’instruire la société et ses acteurs de ce que font les chercheurs
universitaires ou d’instaurer un nouveau dialogue entre les uns et les autres
autour de projets désormais communs?
Lévesque 2008 : 5
19
Cette interrogation résume bien le dilemme rencontré en ergonomie et dans le
domaine des TMS. L’approche proposée visait à favoriser l’organisation d’un dialogue à
plusieurs niveaux, mais pas tant à travers l’instauration d’un projet commun qu’en
fournissant des outils qui le favorisent et le permettent. Les outils proposés sont en
quelque sorte des outils de traduction. Ils permettent de mieux comprendre les enjeux
soulevés par les travailleurs, et de ramener la complexité et le contextuel dans une
perspective de transformation au lieu d’en rester au niveau de l’évaluation. Ceci n’est
apparu possible qu’en ramenant le « subjectif », c’est-à-dire le travailleur et le verbal, au
centre des données, et en faisant une place à sa compréhension et à sa connaissance
des problèmes ainsi que des solutions. Cela signifie également qu’il est nécessaire de
mieux intégrer les connaissances issues du terrain dans le processus scientifique et de
faire en sorte que, a posteriori, les connaissances contextuelles puissent être
généralisées, afin de trouver une voie pour remonter vers les expérimentalistes.
19
Dans le numéro spécial de la revue Découvrir «dynamique complexe : écosystèmes, climat et humains» publiée par
l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) et qui est consacrée au transfert.
18
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19
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ème
2
édition.
22
Tableau 2
Région
Comparaison de situations où les évaluations /
les points de vue sont différents
Raison pour laquelle la situation est
considérée comme
difficile / exigeante
QEC
Facteurs psychosociaux
Sanitation
Cou
Extension relevée,
mais ne dure pas
assez longtemps
(20 minutes) pour
être considérée à
risque
Cou en hyper extension pour voir le plafond
lors de sa désinfection. Ensemble du travail
de désinfection exigeant pour le cou, car il
faut constamment regarder. Certaines zones
sont difficiles à voir (par exemple, arrière des
machines, petites zones). Sensation de
crispation. Demande une attention visuelle
constante. Nécessité de pencher le cou tout
en tournant la tête (extension) pour voir
certaines zones.
Bonne
latitude
décisionnelle : même si les
protocoles à suivre sont
stricts,
possibilité
de
s’organiser de différentes
façons.
Demande
psychologique
pas
considérée comme forte.
Préparation des solutions
Dos
Membres
supérieurs
Risques
évalués
comme
moyens
pour
plusieurs
régions du corps
parce
qu’il
faut
verser le produit
dans un entonnoir
qui est haut.
Considéré comme le plus dur pour le dos. Ce
qui est difficile : surtout le fait qu’il ne faut pas
en échapper à côté, sinon le dosage n’est
plus bon (il faut alors tout jeter). On voit mal.
Il ne faut pas se tromper de recette. Le
plancher est glissant lorsque mouillé.
Responsabilité perçue
comme importante à cause
des impacts des erreurs.
Transfert des sacs d’un convoyeur dans des plateaux.
Dos
Membres
supérieurs
Risques
évalués
comme
moyens
pour
plusieurs
régions du corps à
cause
de
la
répétitivité, du poids
des sacs et de la
durée
de
cette
tâche.
Transfert des sacs exigeant. Tirer les
plateaux est difficile car ils sont abimés et
accrochent. Il faut faire attention à ne pas se
blesser (échardes, doigts coincés, etc.).
Inspecter les sacs pour détecter les défauts
demande une attention soutenue. Nécessité
de ne pas faire d’erreur sur le nombre car la
stérilisation n’est pas garantie et il faudra tout
jeter.
Être attentif et responsable
est
vu
comme
une
qualification.
Dans
l’ensemble,
latitude
et
demande
psychologique
perçues comme faibles.
Transfert des sacs du plateau vers le convoyeur
Dos
Membres
supérieurs
Identique à
l’évaluation
précédente.
Portrait semblable. Attention pour détecter
les fuites. Nécessité de s’étirer pour prendre
les sacs car il n’y a pas de place pour mettre
les pieds ; plus on prend loin, plus c’est dur,
et plus on est en déséquilibre. Petits sacs
plus exigeants (il faut se pencher plus
souvent, et rester plus de temps en
déséquilibre) ; sacs en aluminium coupants ;
sacs chauds plus difficiles à manipuler.
Nécessité de vérifier tout en bougeant :
demande habileté et coordination. Certains
n’y arrivent jamais.
Deux voient ce travail
comme permettant de la
latitude
(compétences,
qualification, choix des
méthodes…) et deux le
décrivent comme étant à
faible latitude. Les deux
premiers jugent aussi ces
tâches comme constituant
une
demande
psychologique certaine.
Fabrication des bouchons
Cou
Moyen, autres
régions à faibles
risque.
Entonnoirs hauts et sacs lourds. Sacs de
bouchons mous, donc difficiles à verser.
Nécessité de décoincer les bouchons avec
une baguette, de corriger le cheminement à
bout de bras. Demande de l’attention pour
surveiller / détecter les mauvais bouchons :
lots qui ont plus de défauts (maintenant de
moins bonne qualité). Nécessité de
beaucoup bouger pour surveiller. Risque de
se cogner.
Un des postes considérés
comme les plus faciles par
le
superviseur.
Bonne
latitude
décisionnelle.
Demande psychologique
faible sauf quand souvent
interrompu
(arrêt
machines)
et
quand
sentiment
d’un
travail
mouvementé.
23
Tableau 3
Pistes de transformation identifiées
Objet de la
proposition
Exemple d’explication
Dimension matérielle
Hauteur
Différences de hauteurs
Entonnoir trop haut : difficile de voir quand on verse poudre.
Ne pas en verser à côté (change dosage du produit).
Aménagement
Espace disponible
insuffisant
Facile de se cogner ; il faut faire continuellement attention.
Il faut changer la façon de faire.
23 %
Organisation de l’espace
Déplacements inutiles, pourrait regrouper autrement.
Sols
Glissant ; inconfortable à cause de la dureté.
Environnement :
Température, éclairage
Problème d’ombrage.
Machine
Pourrait être plus efficace.
Plateaux
Souvent endommagés : risques de blessure, demande de l’attention.
En acquérir des plus résistants.
Charriots
Trop électrostatiques.
matériel
Étagères
Trop hautes, pas besoin d’utiliser celles du haut.
18 %
Chariot élévateur
Manque de versatilité.
Outil
Trop pesant.
Équipement personnel
Formation de condensation dans les lunettes ; risques d’accidents.
Chaise
Mal adaptée, difficile à ajuster, trop haute.
Sacs, bouchons
Conditionnement : sacs trop chauds / secs plus difficiles à manipuler ; collent
ensemble.
Améliorer la qualité : moins souvent défectueux.
Équipement,
Produits
7%
Produits de nettoyage
Manque d’efficacité.
Dimension organisationnelle
Organisation
10 %
Rythme-vitesse
17 %
Formation
9%
Communications
3%
Maintenance
13 %
Rotation : équilibre,
séquence, vitesse
Améliorerait climat car sentiment d’injustice.
Éviter de mettre des tâches exigeantes consécutivement.
Pauses : organisation,
fréquence
Pour améliorer aspect social, plus fréquent pour briser immobilisation et
travail statique.
Travail d’équipe
Équipe équilibrée : rythmes différents créant difficultés.
Quand nouveau, moins habile, ou fatigué : compenser.
Organisation des tâches
Par exemple, décuplé une opération comme la manipulation des déchets
pour rompre la monotonie et bouger.
Matériel qui manque
Perd du temps et de l’efficacité
Vitesse, contrôle
Réduire vitesse : permettrait de prêter plus d’attention à une opération
comme manipulation des plateaux qui coincent. Donner du contrôle pour
parer aux imprévus, donner une marge de manœuvre.
Contenu,
Mieux ajusté, moins théorique.
Modalités : durée,
formateurs
Passer plus par le corps, durée d’apprentissage qui tient compte de ceux qui
ont des difficultés, meilleur encadrement du compagnonnage
Plus formelle et organisée
Explications dans les corridors trop rapides et incomplètes.
Machine, matériel,
entretien
Plateaux : coincent souvent.
Revenir à l’ancien contrat de maintenance pour les chariots.
24