Onction des malades 2 : Eglise ancienne jusqu`au Moyen Age N.B.

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Onction des malades 2 : Eglise ancienne jusqu`au Moyen Age N.B.
2/1 Onction 2 : Moyen Age / Résumé provisoire à usage interne SP13/31.05.13 Onction des malades 2 : Eglise ancienne jusqu'au Moyen Age N.B. Les grandes étapes de l'histoire de l'onction déterminées par 3 "réformes" : réforme carolingienne (1), réforme du 16ème siècle (2), réforme de Vatican II (3). Plusieurs déplacements (les nn. en rouge renvoient aux textes des dossiers): 1. Pour le centre de gravité : de la bénédiction de l'huile à l'onction d'huile Dans les temps les plus anciens, les fidèles apportaient eux‐mêmes l'huile à l'église, qui était bénie par l'évêque ou le prêtre durant l'eucharistie [1, 2, 3, 4]. L'eucharistie comprise alors comme la source de la grâce de réconfort et de santé. Dans le rite romain, l'huile était bénite à la fin du canon romain [per quem haec omnia, Domine, semper bona creas, sanctificas, vivificas, benedicis et praestas nobis], à partir du 7ème siècle, seulement le Jeudi Saint par l'évêque. La "prière de bénédiction" de l'huile pouvait être considérée comme la "prière sur les malades" demandée par Jc 5,15. Pas de mention de l'imposition des mains sur le malade ni de l'onction dans les premiers sacramentaires, mais seulement des prières de bénédiction pour l'huile et des oraisons pour les malades (lors de la visite chez eux). L'onction elle‐même peut être faite par tous les chrétiens [cf. 5, 6, 7], mais dès le 8ème siècle, le centre de gravité se déplace du côté de l'onction, e.a. par la réforme carolingienne qui revalorise le rôle du prêtre, et l'importance accordée à la visite des malades (= mourants), attestée par les premiers rituels pour la visite des malades. Il est de la responsabilité des prêtres que le malade (et le pénitent) ne meure pas sans l'onction ni sans le viatique (ni sans la réconciliation). 2. Dans ce mouvement, l'onction finit par être réservée au prêtre Les laïcs avaient donc le droit d'utiliser eux‐même l'huile bénite, pour eux‐mêmes ou pour leurs proches, jusqu'au 8ème siècle; dans les premiers temps, le malade pouvait boire l'huile [1; cf. 5]. Mais l'usage et le droit de conserver à la maison l'huile bénite va se réduire et disparaître. Plusieurs raisons : éviter l'utilisation magique de l'huile [cf. 7 et 8]; rareté de l'huile d'olive au nord de l'Europe, d'où exhortations à la conserver dans les églises; administration de l'onction progressivement réservée aux prêtres. Dès la réforme carolingienne, développement du rituel de l'onction conféré par le prêtre, avec d'abord une grande diversité pour le nombre des onctions et les formules qui les accompagnent. Trois types distingués par Chavasse pour les rituels du 9ème siècle: I : formule(s) pas attribuée(s) à onction précise II : formule propre pour chaque onction, à l'indicatif III : formule propre pour chacun des 5 sens, déprécative [à l'optatif : indulgeat]. L'onction étant faite par le prêtre, l'imposition des mains se généralise en lien avec la prière dite sur le malade. C'est le type III qui va s'imposer avec le Pontifical de la Curie Romaine (13ème s.), lequel retient les formules à l'optatif et ajoute les onctions (facultatives) des pieds et des reins (celle‐ci jusqu'en 1917). Mais l'imposition des mains est quasi oubliée (jusqu'en 1925). L'onction est intégrée dans une célébration avec sacrement de pénitence et, à la fin, l'eucharistie (qui devient le viatique). 3. L'onction des malades devient l'onction des mourants L'onction des malades tombant en désuétude, l'Eglise confie aux prêtres la mission de dispenser ce sacrement au moins aux mourants, ce qui entraîne l'habitude de ne le dispenser qu'à ceux qui sont aux extrémités, comme extrema unctio. Parallèlement se développe le souci pastoral (déjà évoqué) que les prêtres et curés visitent les malades. Dans ce contexte se développent des ordines pour la visite des malades, qui comprennent aussi le sacrement de pénitence et la communion à l'eucharistie. Les malades visités étant d'abord les mourants, le sacrement de pénitence devient "pénitence sur le lit de mort (ad mortem : reste de pénitence canonique), la communion à l'eucharistie devient communion au viatique. S'ajoute la commendatio animae. Mais quand la pénitence sur le lit de mort disparaît, avec l'expansion de la confession privée, le rituel de l'onction des malades en reprend des prières et les conséquences canoniques liées à la pénitence du 2/2 Onction 2 : Moyen Age / Résumé provisoire à usage interne SP13/31.05.13 malade en cas de rétablissement, comme de renoncer à manger de la viande, ou, pour citer des conséquences plus lourdes : une fois reçue l'onction des reins, renoncer aux relations sexuelles (c'est pourquoi le conjoint devait donner son accord pour l'onction); renoncer à danser avec les pieds qui avaient reçu l'onction et avaient été ainsi "consacrés", ou renoncer à lever pour le serment la main qui avait reçu l'onction. Celui qui contre toute attente retrouvait la santé était tenu pour un "revenant" de l'au‐delà, qui était pour ainsi dire mort au monde. Dans cette perspective, la réitération de l'onction des malades est contestée; on aboutit à séquence des trois sacrements nécessaires au mourant comme initiation à la vie éternelle : pénitence ‐ onction ‐ viatique. Mais à partir du 14ème siècle, l'onction n'est donnée qu'après le viatique! Cet ordre est celui du RR de 1614. L'influence monastique, en particulier de Cluny, est importante dans ce développement et dans la solennisation des rites et des prières qui s'attachent aux mourants. La Théologie scolastique va consacrer ces développements Par Pierre Lombard (Sent. 4 d 23) va s'imposer la conception du sacrement (cf. 61) de l'extrême‐onction (extrema unctio, unctio in extremis). Le sacrement de l'extrême‐onction est compris comme preparatio ad gloriam. L'extrême­onction est le dernier remède que l'Eglise puisse donner, et qui dispose en quelque façon immédiatement à la gloire. C'est pourquoi on ne doit la donner qu'aux malades qui sont dans la condition de ceux qui s'en vont de ce monde, atteints qu'ils sont d'une maladie mortelle, et en péril de mort. (S. Thomas d'Aquin, S. Theol. Supplément q. 32 a.2). Le ministre en est le prêtre (ou l'évêque) Le sujet : Les fidèles qui ont l'âge de raison. On refuse donc l'onction des malades aux enfants, apparemment pour la raison qu'ils ne pèchent point encore. La matière : La médication spirituelle que l'on applique à la fin de la vie doit être à la fois parfaite, puisqu'après elle il n'y en a point d'autre, et douce, pour que l'espérance, si nécessaire à ceux qui s'en vont, ne soit pas brisée, mais réchauffée. Or l'huile est adoucissante, et pénètre jusqu'au plus intime, et en outre elle se diffuse. Pour toutes ces raisons l'huile d'olive est bien la matière qui convient pour ce sacrement (selon s. Thomas). et les effets . . . 4. Pour les effets : la guérison corporelle cède à la guérison spirituelle Dans les premiers temps, les effets corporels étaient le plus souvent au premier plan. Par la suite, puisque le malade est censé ne pas guérir et que l'onction devient "extrême onction", les effets spirituels viennent au premier plan (la rémission des péchés et la remise des séquelles du péché). Pour les théologiens de la haute scolastique, les effets particuliers de l'onction des malades consistaient dans l'éloignement de tous les obstacles à l'entrée dans la gloire céleste et l'achèvement de la pénitence et de toute la vie chrétienne comprise comme une pénitence perpétuelle. N.B. Trente attribue à ce sacrement de produire une grâce du Saint­Esprit dont l'onction nettoie les fautes s'il en reste à expier, ainsi que les séquelles du péché; elle soulage et fortifie l'âme du malade en excitant en lui une grande confiance dans la miséricorde de Dieu. Ainsi allégé, le malade supporte puls aisément les peines et les fatigues de la maladie et résiste plus facilement aux tentations du démons. Le Concile laisse la porte ouverte à la possibilité d'un effet de guérison corporelle, selon le texte même de s. Jacques : Parfois il recouvre la santé corporelle, quand cela est utile au salut de l'âme. [J.‐H. Nicolas, Synthèse dogmatique, 1063] En conclusion . . . De ces développements résultera en particulier une contradiction difficilement défendable entre le contenu des prières (pour la guérison) et le statut théologique et canonique du sacrement de l'onction devenu l'extrême‐onction. Parmi les rares mentions par le Magistère avant Trente, signalons le Décret des Arméniens du Concile de Florence (1439), qui dit e. a. que l'onction des malades ne peut être donnée qu'à un malade dont on redoute la mort, et énumère comme effets : la guérison de l'esprit et, dans la mesure où cela sert à l'âme, celle aussi du corps (DS 1324s. : 11). La sacramentalité de cette onction allant de soi "en raison de la phrase célèbre du pape Innocent Ier dans sa Lettre à Decentius : "l'huile [des malades] appartient au genre sacrement" (genus est sacramenti), phrase qui n'avait certainement pas sous la plume du pape un sens aussi précis . . . (Revel, o.c., p. 90). 1