Halitose : données actuelles sur le diagnostic et les moyens de prise
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Halitose : données actuelles sur le diagnostic et les moyens de prise
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR ************ FACULTE DE MEDECINE, DE PHARMACIE ET D’ODONTO – STOMATOLOGIE ANNEE 2008 N°30 HALITOSE : DONNEES ACTUELLES SUR LE DIAGNOSTIC ET LES MOYENS DE PRISE EN CHARGE THESE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE (DIPLÔME D’ETAT) PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 30 DECEMBRE 2008 PAR M. NDIOUGA DIENE Né le 02 septembre 1980 à Dakar (SENEGAL) MEMBRES DU JURY PRESIDENT: M. Pape Demba DIALLO : Professeur MEMBRES : M. Abdoul Wakhabe KANE : Maître de Conférences Agrégé M. Falou DIAGNE : Maître de Conférences Agrégé M. Baye DIALLO : Maître de Conférences Agrégé DIRECTEUR DE THESE : M. Abdoul Wakhabe KANE : Maître de Conférences Agrégé Co-directeur M Babacar FAYE Maître Assistant Karim . 1 SOMMAIRE 2 SOMMAIRE INTRODUCTION……………………………………………… 1 I GENERALITES SUR L’HALITOSE I-1 ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES…………………… 5 I-2 PATHOGENIE DE L’HALITOSE……………………… 6 I-2-1 AU NIVEAU BUCCAL…………………………………… 6 I-2-2 AUNIVEAU SYSTEMIQUE …………………………… 8 I-3 ETIOLOGIE DE L’HALITOSE…………………………… 8 I-3-1 FACTEURS INTRABUCCAUX………………………… 8 I-3-1-1Les composés malodorants……………………………… 8 I-3-1-2 Les bactéries anaérobies………………………………… 9 I-3-1-3 Les facteurs anatomiques……………………………… 10 I-3-1-4 Les poches parodontales……………………………………12 I-3-1-5 Les lésions herpétiques…………………………………… 14 I-3-1-6 Le mode de vie………………………………………… 15 I-3-2 FACTEURS EXTRABUCCAUX………………………… 15 3 I-3-2-1Les maladies ORL………………………………………… 15 I-3-2-2 Les maladies gastriques………………………………… 17 I-3-2-3 Le diabète……………………………………………… 18 I-3-2-4 L’insuffisance rénale………………………………… 19 I-3-2-5 Les maladies du foie…………………………………… 20 I-3-2-6 La triméthylaminurie…………………………………… 21 I-3-2-7 Les médicaments………………………………………… 23 I-4 CLASSIFICATION DES HALITOSES………………… 24 I-4-1 HALITOSE PROPREMENT DITE…………………… 24 I-4-1-1Halitose physiologique………………………………… 24 I-4-1-2 Halitose pathologique………………………………… 24 I-4-2 PSEUDOHALITOSE…………………………………… 24 I-4-3 HALITOPHOBIE……………………………………… 25 II DIAGNOSTIC DES HALITOSES………………………… 26 II-1METHODES ORGANOLEPTIQUES………………….. 27 II-2 METHODES PROFESSIONNELLES…………………… 28 II-2-1 APPAREILS DE CHROMATOGRAPHIE GAZEUSE 28 II-2-2 MONITEURS DE C.V.S……………………………… 29 4 III TRAITEMENT DES HALITOSES…………………… 31 III-1 TRAITEMENT ETIOLOGIQUE……………………… 31 III-2 TRAITEMENT MECANIQUE…………………………… 33 III-3 TRAITEMENT CHIMIQUE…………………………… 35 III-3-1 LES BAINS DE BOUCHE…………………………… 35 III-3-2 LES PATES DENTIFRICES………………………… 39 III-3-3 LES PASTILLES A SUCER ET GOMMES A MACHER………………………………………………….. 40 III-4 TRAITEMENT PARODONTAL…………………… 41 III-5 TRAITEMENT D’AUTRES FACTEURS ETIOLOGIQUES …………………………………… 41 RECOMMANDATIONS……………………………………… 43 CONCLUSION……………………………………………… REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………… 46 48 5 INTRODUCTION Le mot halitose a une étymologie mixte car dérive du latin halitus (Souffle ou haleine) et du suffixe grec osis (changement pathologique)(81). C’est un terme scientifique utilisé dés 1921 par la compagnie Listerine pour décrire une mauvaise odeur émanant de la cavité buccale, indépendamment de l’origine intra ou extra orale. La mauvaise haleine est une préoccupation des sociétés dont l’origine remonte très loin dans l’histoire. Pendant l’antiquité, elle a été décrite par les expressions grecques comme foetor ex ore ou foetor oris signifiant littéralement « puanteur de la bouche ». Des références ont été également retrouvées dans le Papyrus d’Ebers (1500 ans avant JC). Pendant cette période le traitement préconisé été à base de teintures et de produits de rinçage(60). On en retrouve des références dans les écritures saintes comme le talmud et la lithurgie hébraïque (écrit depuis 2000 ans)(59) ainsi que dans la bible et le coran .Au fil des temps, cette préoccupation s’est accrue et aujourd’hui elle fait partie au même titre que la coiffure et l’habillement, des éléments de l’image de soi. Dans le même temps des études scientifiques de plus en plus précises y ont été consacrées. Il existe une structure (The International Society for Breath Odour Research) qui organise régulièrement des symposiums et des cours pratiques sur la mauvaise haleine(3). 6 Sa prévalence est très difficile à apprécier, en effet de nombreuses personnes qui en sont atteintes ne consultent pas soit parce qu’elles n’en sont pas conscientes ou que cela les gêne de parler de ce sujet tabous. Cela a pour conséquences : - Gêne du sujet vis-à-vis de son entourage, création d’une barrière physique (main sur la bouche) et humaine par des attitudes d’évitement. - L’utilisation prolongée de cosmétiques (pastilles, chewing-gum, bains de bouche). Aujourd’hui, de nombreuses campagnes publicitaires vantent des produits censés procurer une haleine fraîche. Les chirurgiens-dentistes sont de plus en plus sollicités pour traiter l’halitose, puisque 90 % des cas sont liés à la cavité orale(41,42). Les autres causes relèvent de l'oto-rhino-laryngologie et aux maladies respiratoires (8%). Les maladies gastro-intestinales ou rénales et d'autres syndromes métaboliques sont les causes mineures (2%). Une enquête de l’Association Dentaire Américaine (ADA) effectuée en 1995 a révélé que 40 à 50% des chirurgiens-dentistes étaient consultés 6 à 7 fois par semaine en premier lieu pour une mauvaise haleine (1) . L’importance de ce fléau est liée d’une part à son aspect antisocial et d’autre part à ses difficultés de diagnostic et de prise en charge thérapeutique. 7 En effet l’halitose entraîne chez la personne qui en souffre un handicap social et psychologique qui peut avoir des conséquences très graves sur la vie de tous les jours. Elle est la conséquence de la décomposition bactérienne des matières organiques de la cavité buccale et de la langue. La langue est le premier «réservoir» de bactéries de la cavité buccale. Des estimations indiquent que 60% environ des microorganismes buccaux se trouvent sur cet organe (40). La mise en évidence objective de l’odeur buccale se situe au centre des efforts de diagnostic. Une telle démarche est particulièrement importante lorsqu’il s’agit de poser un diagnostic d’halitose indépendamment des éléments subjectifs ressortant de l’anamnèse du patient. L’halitose est en effet un fléau qui, comme l’affirment certaines études, touche près de la moitié de la population nord américaine (1, 41,42) . Malgré cette énorme proportion, certaines personnes restent mal informées en regard de cet état. Ainsi les chirurgiens-dentistes sont directement concernés dans sa sémiologie. Signe discret ou majeur, son analyse permet de rassurer le patient obnubilé à tort, ou au contraire, de préciser ou de confirmer une pathologie et de mettre en œuvre un traitement adéquat. Le diagnostic et la prise en charge ne font malheureusement pas encore parti du curriculum ni dentaire ni médical. Ainsi plusieurs patients mais aussi les praticiens pensent que la cause principale doit être recherchée dans le système digestif, dans une perturbation 8 métabolique, ou au niveau du nez. Cela est possible mais très souvent, l’origine de la mauvaise haleine est buccale. Le chirurgien-dentiste doit ainsi définir la cause de l’halitose ou orienter le patient vers un spécialiste si l’origine buccale n’est pas retenue. L’objectif de ce travail est de faire une synthèse des connaissances actuelles sur l’étiopathogénie de l’halitose, les différents types d’halitose mais aussi son diagnostic différentiel ainsi que ses différents traitements disponibles aussi bien étiologiques, chimiques ou mécaniques. 9 I-1 LES ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES Le problème de la mauvaise haleine n’a suscité l’intérêt général que depuis peu de temps. Il s’agit d’un fléau mondial qui touche tous les continents et toutes les tranches d’âge. Cependant des investigations épidémiologiques précises n’existent pas encore. Les observations faites proviennent soit des constatations que les médecins ou les chirurgiens-dentistes ont faites auprès de leurs patients, soit d’enquêtes d’organisations qui ont déterminé la fréquence de la mauvaise haleine pour un groupe donné. La communauté américaine des chirurgiens-dentistes a tenté en 1995 d’établir dans une enquête, combien de patients souffraient d’halitose dans les cabinets dentaires de ses membres. Les résultats de cette étude ont montré que 50% de la population nord-américaine souffrait de mauvaise haleine (1) . Une enquête téléphonique a été effectuée sur la mauvaise haleine, afin de déterminer combien de personnes prenaient occasionnellement ou régulièrement des produits contre la mauvaise haleine. 60% des femmes et 50% des hommes utilisaient des produits pour se rafraîchir l’haleine(40). 27,5% des personnes examinées en Chine se plaignaient de mauvaise haleine (36) . Il a été montré, toujours en Chine sur une autre évaluation clinique auprès de 1000 personnes un taux de 23% de personnes souffrant d’halitose et qu’il existait une relation entre la parodontite et la mauvaise haleine(36). 10 Frexinos (21) dans son étude sur 4817 personnes en France, rapporte un taux de prévalence de 22% de mauvaise haleine. Celle de Seemann (66) en Allemagne sur 520 personnes trouve que : 76% souffraient occasionnellement de mauvaise haleine, 7% d’une mauvaise haleine permanente et 58% connaissaient des collègues qui souffraient de mauvaise haleine. I-2 PATHOGENIE DE L’HALITOSE C’est en 1971 que Tonzetich et Carpenter (77) ont démontré que la mauvaise haleine est due essentiellement à des composés volatiles sulfurés. I-2-1 AU NIVEAU BUCCAL La mauvaise haleine est associée à la production de composés sulfurés volatils qui sont les produits terminaux de l’activité métabolique des bactéries anaérobies strictes sur des acides aminés soufrés. Ces derniers sont issus de la dégradation de protéines ou de peptides provenant de la salive ou du fluide gingival (figure 1). 11 Protéines dans la salive Protéines dans nourritures Protéines dans fluide gingival Protéases bactériennes Protéases hôtes Peptides Autres aminoacides Sulfure contenant des aminoacides Catabolisme anaérobie à gram négatif Composés sulfurés volatils Mauvaise haleine Figure 1 :Production de CSV 12 I-2-2 AU NIVEAU SYSTEMIQUE Les molécules de certains aliments sont absorbées au niveau de l’intestin grêle. Elles passent dans le sang qui les achemine au niveau des alvéoles pulmonaires d’où elles sont libérées dans l’air expiré. Durant ce périple ces molécules conservent leurs propriétés aromatiques. Parmi ces aliments on retrouve l’ail, l’oignon, les fromages, les poireaux et les œufs cuits (49). Le piment ou le poivron marquent l’haleine particulièrement longtemps après leur ingestion (79) . I-3 ETIOLOGIE DE L’HALITOSE I-3-1 Facteurs intrabuccaux I-3-1-1 Composés malodorants Les composés volatils sulfurés (CVS) Comme composés sulfurés volatils on retrouve le méthylmercaptan (CH3SH), le sulfure d’hydrogène (H2S), le sulfure de diméthyle (CH3S-CH3), le disulfure de diméthyle (CH3-S-S-CH3) qui représentent environ 90% des Composés Sulfurés Volatils (79). 13 Les autres composés malodorants • Les diamines : cadavérines et putrescines Certains patients ont une mauvaise haleine objectivable alors que les niveaux de CSV enregistrés par l’halimétre sont faibles. Cela signifie que d’autres composés modulent la qualité de l’halitose. La cadavérine et la putrescine sont deux amines malodorantes produites par la dégradation bactérienne. La cadavérine est le résultat de la décarboxylation de la lysine et la putrescine est issue de la décarboxylation de l’ornithine ou de la désamination de l’arginine (26). La cadavérine contribue aux odeurs et ne s’exhale dans l’haleine que lorsque la salive s’assèche sur la surface des muqueuses. • Les acides gras volatils D’après Persson(51) asaccharolytiques de comme nombreuses espèces bactériennes Peptostréptococcus, Tréponéma, Fusobactérium, Selenomonas, Eubactérium peuvent donner, à partir de la méthionine ou de la cystéine, de courtes chaînes d’acides gras volatils odorants, comme l’acide butyrique, l’acide valérique, l’acide propionique, l’acide acétique. I-3-1-2 Les bactéries anaérobies La cavité buccale présente environ 600 espèces bactériennes distinctes aux capacités très diverses à utiliser les nutriments disponibles (35). 14 Tous les paramètres physico-chimiques influençant la croissance des bactéries anaérobies vont favoriser la production d’odeurs fétides. Plus généralement, toutes les niches propices au développement d’un biofilm (face dorsale de la langue, embrasures interdentaires, malpositions, absence de points de contact…) ou les sites présentant une raréfaction de la pression en oxygène permettent l’installation des anaérobies. Un pH basique ou voisin de la neutralité optimise la production de gaz malodorants (78) alors qu’un pH acide inhibe la croissance des bactéries parodonto-pathogénes, ce qui diminue la formation des mauvaises odeurs. I-3-1-3 Les facteurs anatomiques • La langue De par sa localisation et sa fonction, la langue est une des structures anatomiques les plus importantes de la cavité buccale. Le chirurgiendentiste doit se sentir directement concerné par la sémiologie linguale puisque l’ORL s’intéresse aux amygdales et aux pharynx, que le dermatologue s’arrête aux lèvres et que le gastro-entérologue commence à l’œsophage. 60% des halitoses buccales seraient d’origine linguale (50). L’apparence normale de la langue oscille entre une légère teinte blanchâtre et un aspect rosé. La structure papillaire du dos de la langue représente une niche écologique unique dans la cavité buccale. Elle offre une large surface favorisant l’accumulation de débris et de micro-organismes(62). Le revêtement de la langue héberge des cellules 15 épithéliales détachées de la muqueuse buccale, des micro-organismes et des leucocytes provenant des poches parodontales. La surface dorso-postérieure de la langue est naturellement une zone de rétention et difficilement accessible aux nettoyages mécaniques et physiologiques. Sa rétention est augmentée en cas de langues villeuses, plicaturées ou irradiées. Plus de 100 bactéries sont attachées à une seule cellule épithéliale desquamée de l’enduit lingual, alors que seulement 25 sont attachées à chaque cellule dans les autres sites de la muqueuse orale. La langue est souvent saburrale chez les gros fumeurs, les sujets respirant par la bouche, les patients édentés non appareillés, ou chez les personnes n’absorbant que des aliments ramollis. L’extrémité pointue des papilles filiformes permet l’entassement de débris, de bactéries ou de cellules mortes dans les espaces inter papillaires (54). La langue constitue donc un site important de fermentation en créant un environnement où les bactéries sont protégées de l’action nettoyante de la salive et où le taux d’oxygène est bas, ce qui favorise le développement des bactéries anaérobies. 16 • Les dents Les malpositions dentaires ou les absences de points de contact favorisent la rétention alimentaire et joue un rôle dans la production de mauvaises odeurs buccales. Les cingulums profonds des incisives créent un environnement où les bactéries sont protégées de l’action nettoyante de la salive et où le taux d’oxygène est bas ce qui favorise le développement bactérien. Les espaces inter dentaires, difficiles à nettoyer, peuvent retenir des aliments et engendrer des odeurs. • Les prothèses dentaires Des prothèses mal nettoyées, mal ajustées, mal polies, devenues poreuses ou rugueuses peuvent dégager une odeur. La résine poreuse absorbe l’eau et les substances odoriférantes en solution. Les bridges et les couronnes mal serties retiennent les aliments si leur configuration n’est pas anatomique. Les pâtes adhésives pour les prothèses favorisent la rétention bactérienne. Les appareils d’ODF et les contentions chirurgicales peuvent être rétenteurs d’aliments et parfois irriter la muqueuse. I-3-1-4 Les poches parodontales La mauvaise haleine est un signe clinique souvent négligé et ce malgré le rôle important qu’il peut apporter dans l’élaboration d’un diagnostic de parodontopathie. 17 L’étude de l’origine et du devenir des composés volatils sulfurés contribue largement à la compréhension des intrications existantes entre la mauvaise haleine d’origine buccale et les maladies parodontales. De nombreuses études ont montré une corrélation entre la mauvaise haleine, l’hygiène buccale et les maladies parodontales (79) . Une bonne hygiène buccale régulière et des nettoyages professionnels permettent de réduire les composés volatils sulfurés. La concentration en composés volatils sulfurés a été corrélée avec le nombre de poches saignantes et le degré de gravité de la maladie parodontale (80, 84, 85,86) . Il a de plus été montré que les composés volatils sulfurés avaient une influence néfaste sur le parodonte (80). Il n’est ainsi pas possible de différencier par la mauvaise haleine les personnes souffrant de parodontite des personnes qui n’en souffrent pas (5,40) . Soder et col(68) en 2000 ont constaté que l’apparition d’une mauvaise haleine dépendait de l’hygiène buccale et de la fréquence des visites chez le chirurgien-dentiste. Les patients présentant une parodontopathie et une mauvaise haleine avaient du point de vue statistique une affection plus importante que les patients sans mauvaise haleine. 18 I-3-1-5 Les lésions herpétiques L’homme est le seul réservoir du virus herpétique et la transmission est directe, secondaire à une excrétion virale, le plus souvent asymptomatique. Les infections herpétiques sont les plus fréquentes des infections virales de la bouche. Elles sont majoritairement dues à l’herpès simplex virus de type 1 mais le type 2 peut être responsable d’atteinte buccale. La primo infection est souvent asymptomatique et peut entraîner l’apparition d’anticorps et une immunité. Lorsqu’elle est symptomatique (dans 5% des cas), elle réalise une gingivostomatite vésiculo-érosive responsable de l’halitose. Elle débute 5 à 10 jours après le contage par une dysphagie fébrile, une asthénie, une hyper sialorrhée. Elle survient en général entre 1 et 5 ans mais peut se voir chez le grand enfant, l’adolescent et l’adulte jeune. Toute la muqueuse buccale et en particulier les gencives sont érythémateuses, œdématiées, douloureuses et présentent de nombreuses vésicules plus ou moins groupées. Celles-ci se rompent rapidement en laissant place à de petites érosions fibrineuses qui, en confluant, deviennent polycycliques. On peut trouver également des vésicules en bouquet périnarinaires, péribuccales et extra faciales. La présence d’adénopathies satellites douloureuses est constante. Pendant la primo-infection, les virus migrent vers les ganglions centraux sensitifs et y infectent les cellules ganglionnaires de façon latente. 19 I-3-1-6 Le mode de vie Certaines habitudes de vie comme l’anorexie entraînent un catabolisme des graisses qui produit de l’acétone qui arrivé au niveau de la cavité buccale donne une odeur fruitée. I-3-2 Les facteurs extrabuccaux I-3-2-1 Maladies ORL Après les causes buccales, les affections ORL sont en deuxième position. Les plus fréquentes étant la tonsillite chronique et la sinusite chronique. L’apparition de la mauvaise haleine a également été décrite dans la littérature lors d’affections rares telles que la sécrétion permanente (postnasal drip), en présence d’un corps étranger dans le nez, d’un carcinome de l’oropharynx, d’une angine Plaut-Vincent, de la maladie de Behçet, d’une mononucléose ou d’une diphtérie (72, 58,69). • sinusite chronique Leur cadre nosologique est mal défini. Rarement infectieuse, il s'agit le plus souvent d'une inflammation chronique qui peut se manifester par des poussées subaiguës, de réchauffement. Non douloureuse, elle est souvent négligée en l'absence de surinfection qui va se manifester par une coloration des sécrétions nasales, parfois de douleurs. L'obstruction et/ou l'anosmie sont des signes d'appel si l'infection vient s'installer sur un oedème 20 inflammatoire chronique intra-sinusien ou surtout une polypose nasosinusienne. • Tonsillite chronique La tonsillite appelée aussi amygdalite est l'inflammation aiguë ou chronique, d'origine infectieuse, des amygdales. Cette pathologie se rencontre surtout chez les très jeunes enfants et a pour conséquence une déglutition difficile et parfois très douloureuse. Il existe d'autres signes évidents, tels une haleine fétide, les ganglions du cou hypertrophiés et bien sûr un fond de gorge rouge avec parfois un dépôt blanchâtre sur les amygdales. Bien que l’amygdalite se voit surtout chez les enfants âgés de trois à sept ans, n’importe qui peut en être victime. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, leurs amygdales rapetissent et l’amygdalite devient moins courante. C’est habituellement la bactérie responsable de l’infection streptococcique à la gorge qui cause l’amygdalite et les abcès de l’amygdale chez les jeunes enfants. Il arrive toutefois que le virus du rhume ou de la grippe en soit la cause. • Angine de Vincent C’est une forme d’angine relativement rare. Sa cause est l’infection d’une amygdale par une association de deux bactéries : Treponema vincenti et Fusobacterium nucleatum. L’affection est en général unilatérale. L’amygdale est très abîmée, ulcérée, avec des dépôts blanchâtres. L’odeur est nauséabonde (haleine fétide). S’y associent souvent une stomatite et une glossite (inflammation des muqueuses de la bouche et de la langue). On trouve comme dans toute 21 angine bactérienne, un ganglion périphérique (ou adénopathie) douloureux et inflammatoire. La personne a une fièvre modérée (38°, 38°5). L’état général peut être altéré (grosse fatigue). Une des causes principales de cette infection semble être une mauvaise hygiène bucco-dentaire (défaut de soins dentaires, tabac, alcool). Le diagnostic repose sur le prélèvement cytobactériologique des lésions, prélèvement qui ramène en culture les deux germes. Cette affection est grave et importante à détecter rapidement car elle peut se compliquer d’embolies infectieuses à distance (migration des germes par voie sanguine). Elle peut engendrer des thrombophlébites septiques des vaisseaux de proximité (« abcès/phlébite » des veines jugulaires) mais aussi toutes sortes d’infections viscérales, abcès et septicémies gravissimes. En outre la mauvaise hygiène bucco-dentaire et la consommation d’alcool et de tabac font le nid des cancers de la langue, de la gorge, des cordes vocales et de l’œsophage. Les sujets atteints d’angine de Vincent sont donc souvent des sujets à haut risque cancéreux et un bilan complet s’impose. I-3-2-2 Les maladies gastriques L’estomac et les intestins sont généralement bien hermétiques, aucune odeur ne peut ainsi atteindre la cavité buccale, excepté chez les 22 patients souffrant d’une insuffisance cardiaque, d’un reflux ou d’un diverticule (44). Différentes études ont toutefois permis d’établir une corrélation entre la présence d’Helicobacter pylori et une halitose. La mauvaise haleine a pu alors être diminuée ou éliminée après un traitement par antibiotique (81,46) . L’odeur typique de l’ail est une conséquence du dégagement de sulfures d’allyle-méthyle de l’ail dans l’air exhalé par les poumons. Elle peut être néanmoins renforcée par la présence de CSV (composants sulfurés volatils) (75). I-3-2-3 Le diabète Le diabète est un trouble du métabolisme du glucose qui perturbe le stockage et l'utilisation par l'organisme de ce carburant nécessaire pour son énergie. Ce trouble résulte soit d'un défaut, partiel ou complet, du pancréas à synthétiser l'insuline, soit d'une inaptitude des cellules à utiliser l'insuline pour absorber le glucose. Le glucose constitue une source de carburant essentielle pour l'organisme. Il provient de deux sources : des aliments riches en glucides que l'on ingère et du foie (qui stocke le glucose après un repas et le déverse dans le sang au besoin).Comme il est mal absorbé par les cellules, le glucose s'accumule dans le sang et cause l'hyperglycémie (une augmentation de la concentration du sang en glucose). Les cellules étant privées de leur principale source d'énergie, il s'ensuit forcément des conséquences physiologiques importantes. 23 Une fois extrait des aliments par le système digestif, le glucose passe dans le sang. Pour que les cellules du corps puissent utiliser cette indispensable source d'énergie, elles ont besoin de l'intervention d'une hormone appelée insuline, qui est synthétisée par le pancréas. L'insuline permet au glucose de passer du sang aux cellules pour y jouer son rôle de carburant. C'est le point de départ du métabolisme normal du glucose. A long terme, les personnes diabétiques qui ont un contrôle inadéquat de leur maladie risquent diverses complications, comme l’hyperglycémie prolongée causant la détérioration des tissus, des capillaires sanguins et des nerfs, de même qu'un rétrécissement des artères. Hormis les complications chroniques, un diabète mal contrôlé (oubli ou mauvais calcul des doses d'insuline, besoins soudainement modifiés en médication en raison d'une maladie, d'un stress, etc.) peut causer de graves malaises dont le plus grave est l’acidose diabétique. Il s'agit d'un état qui peut être fatal, dont l’un des symptômes est l’haleine fruitée qui se dégage de la bouche des patients. I-3-2-4 Insuffisance rénale Toute insuffisance rénale, quelle qu'en soit la cause, est le fruit d'une réduction du nombre de néphrons actifs. 24 Les néphrons atteints sont exclus ou détruits, les néphrons restant se comportent comme des néphrons sains. Ils assurent à eux seuls le contrôle rénal de l'homéostasie (équilibre intérieur de l’organisme). Le rein peut assurer ses capacités excrétrices pendant très longtemps puisqu'il lui suffit de 20% de ses néphrons pour fonctionner. Lorsque les lésions touchent plus de 80% des néphrons, les troubles commencent à apparaître. A partir de la destruction de 80% de ses capacités l'insuffisance rénale chronique débute. L'insuffisance rénale chronique (IRC) est un syndrome défini par la baisse du débit de filtration glomérulaire comportant également des anomalies hydro-électrolytiques et endocriniennes. Elle est en rapport avec une réduction permanente et définitive du nombre de néphrons fonctionnels. I-3-2-5 Maladies du foie Le foie est le plus gros organe du corps. Il est situé à droite, sous le diaphragme, le muscle qui nous permet de respirer. C'est un organe indispensable puisqu'il fabrique la bile et transforme les éléments qui lui arrivent par le sang. Quand ces éléments sont des déchets, il les détruit pour qu'ils soient éliminés. Quand ils sont utiles, ils sont stockés : l'énergie, par exemple, l'est sous forme de glucose. Le foie a d’importantes fonctions de synthèse et d’homéostasie : de la glycémie, des lipides circulants et de très nombreuses protéines, en particulier de l’albumine et des protéines de la coagulation. 25 Il forme et excrète la bile qui est une voie d’épuration et a un rôle dans la digestion des lipides alimentaires. Il a également un rôle de défense immunitaire et de filtre de germes d’origine intestinale et de xénobiotiques. On appelle cytolyse l’ensemble des perturbations liées à la destruction des hépatocytes. Elle peut être due à un mécanisme de lésion directe, par un virus, un toxique ou par anoxie, ou indirecte, par agression immunitaire. La nécrose hépatocytaire peut être liée à une infiltration importante de cellules inflammatoires, en particulier dans les atteintes auto-immunes. L’insuffisance hépatocellulaire est l’ensemble des perturbations liées à la réduction ou à la dysfonction des hépatocytes. La cholestase est la perturbation de l’écoulement biliaire, par altération de la formation de la bile ou par obstacle à l’écoulement à travers l’arbre biliaire . I-3-2 -6 Triméthylaminurie La Triméthylaminurie, également connue sous le nom de « fish odor syndrome », constitue une erreur innée rare du métabolisme ; elle est due à un déficit d'oxydation de la triméthylamine (TMA), composé malodorant, en triméthylamine N-oxyde (TMAO), composé sans odeur. Elle semble être transmise génétiquement selon un mode autosomique récessif. Sur le plan clinique, la triméthylaminurie est caractérisée par une forte odeur corporelle de poisson pourri 26 provoquée par l'excrétion anormale de triméthylamine dans l'haleine, l'urine, la sueur, la salive et les sécrétions vaginales. L'oxydation de la TMA a lieu dans le foie et elle est catalysée par des substances apparentées à la flavine monoxygénase (FMO). Le gène humain FMO3, qui code pour la FMO la plus abondante, c'est-à-dire la forme hépatique, est très polymorphe, et les mutations sur ce gène sont associées à un dysfonctionnement de l'activité enzymatique et à l'expression du « fish odor syndrome ». La prévalence de cette pathologie est estimée à environ 1% ; cependant, elle est difficile à évaluer car les professionnels sont faiblement sensibilisés à cette maladie. Un nombre plus important de cas ont été diagnostiqués chez la femme, probablement à cause d'une inquiétude plus vive concernant les symptômes. Le traitement consiste essentiellement en une restriction alimentaire (diminution de l'ingestion des précurseurs de la triméthylamine, comme la choline et la carnitine), et de courtes prises de néomycine et métronidazole (400mg/jour). Seulement 200 cas ont été recensés mondialement depuis que la maladie a été diagnostiquée pour la première fois dans les années 1970, mais les experts croient qu'elle pourrait frapper jusqu'à cinq personnes sur 10 000. Les gens qui en souffrent dégagent constamment une odeur nauséabonde de poisson pourri, ce qui peut avoir sur eux un impact psychologique dévastateur. 27 Il n'existe aucun traitement, même si une alimentation exempte d'aliments à haute teneur en choline, comme le poisson d'eau salée, les pois, le foie et les légumes peuvent se révéler efficace. La maladie, appelée triméthylaminurie, est un trouble métabolique qui survient lorsque le foie ne parvient plus à transformer correctement la triméthylamine, une substance produite naturellement par la flore intestinale. La maladie apparaît habituellement après une infection du foie ou des reins, ou encore après une consommation excessive de choline, une substance que l'organisme transforme en triméthylamine. Des valeurs nettement plus élevées de CSV ont été mesurées dans l’air exhalé du matin, le jour de l’ovulation dans le cycle menstruel des femmes (80). Des facteurs favorisant la présence d’une mauvaise haleine sont en outre la fumée, la respiration par la bouche, le ronflement, les périodes de jeûne et le stress (38, 50, 58,69). I-3-2-7 Les Médicaments D’autres causes non buccales de la mauvaise haleine sont les médicaments. Ceux-ci peuvent provoquer une halitose directement, par la formation de métabolites par exemple, ou indirectement, par une diminution de la sécrétion salivaire par exemple (79, 38, 50, 69) 28 I-4 CLASSIFICATION DES HALITOSES Trois grandes catégories d’halitose ont été décrites dans la littérature (87) . Il s’agit de – L’halitose proprement dite, – La pseudohalitose, – L’halitophobie. I-4-1 Halitose proprement dite Selon les causes qui la provoquent, on distingue l’halitose physiologique et l’halitose pathologique. I-4-1-1 Halitose physiologique Elle est aussi dite halitose « normale ». Cette halitose est causée par la flore bactérienne peuplant la cavité buccale et n’est bien souvent que temporaire lorsque des mesures d’hygiène adéquates sont mises en place. I-4-1-2 Halitose pathologique Elle peut avoir des causes intra-orales ou extra-orales. Elle est permanente et ne peut être traitée que par une approche thérapeutique adéquate. I-4-2 Pseudohalitose Elle est présente lorsque le patient croit souffrir de mauvaise haleine alors que celle-ci est inexistante. 29 I-4-3 Halitophobie Elle survient lorsque le patient ayant été traité avec succès pour un diagnostic d’halitose proprement dite ou de pseudohalitose croit toujours qu’il souffre d’halitose, même si son entourage lui dit le contraire. Cependant, le diagnostic d’halitophobie ne doit pas être pris à la légère puisque ceux-ci peuvent parfois être confondus avec diverses maladies. La maladie la plus couramment confondue avec l’halitophobie est la triméthylaminurie. Il s’agit d’une insuffisance de l’enzyme responsable de la dégradation de la triméthylamine, une molécule ayant l’odeur du poisson et qui valut à cette maladie le nom de syndrome de l’odeur du poisson. Cette maladie peut être difficile à diagnostiquer puisque les patients atteints ont l’impression que leur salive et leur transpiration sentent le poisson, même si les autres ne le perçoivent pas. En fait, leur mauvaise haleine ne survient que lorsqu’ils consomment certains aliments comme les œufs, les haricots et les autres aliments qui sont riches en choline. 30 II-DIAGNOSTIC DE L’HALITOSE Bien que la mauvaise haleine d’origine buccale soit en général facilement identifiable, différents problèmes se posent en pratique. En effet elle fait partie des sujets tabous. Le diagnostic est le résultat de l’interrogatoire, de l’examen clinique et para clinique. L’interrogatoire permettra de relever l’identité du patient et les données relatives à l’anamnèse qui doit être la plus complète possible. Elle doit permettre de savoir s’il s’agit d’une halitose subjective, de définir le caractère constant ou non ainsi que la durée et l’horaire. Ensuite on procède à l’examen clinique en commençant par l’inspection de la bouche, incluant les lèvres, les dents, les espaces inter-dentaires, le parodonte, la face dorsale de la langue, les sécrétions, les prothèses et appareils dentaires. On réalise après un examen systématique de toute la muqueuse buccale à la recherche d’une lésion tumorale. C’est seulement lorsque la cavité orale aura été correctement investiguée sans succès que l’on passe aux autres systèmes. On commencera par la sphère O.R.L. puis digestive et respiratoire inférieure. Des radiographies peuvent compléter utilement l’examen à la recherche d’inclusions dentaires hautes et de foyers infectieux. Le traitement de l’halitose ne sera efficace que si les odeurs sont objectivement confirmées. 31 Différentes méthodes peuvent être employées pour une appréciation correcte de la présence d’une mauvaise haleine : II-1 Méthodes organoleptiques L’évaluation dite organoleptique de l’haleine est empirique et consiste à analyser l’odeur buccale du patient par le sens olfactif du praticien et de la classer selon différents degrés de gravité (59, 60, 61,58) Elle donne lieu à une classification selon une échelle à cinq paliers(59): • 0 Absence d’halitose • 1 Mauvaise haleine légère • 2 Mauvaise haleine modérée • 3 Mauvaise haleine intense • 4 Haleine extrêmement fétide L’examen organoleptique est réalisé alors que le patient procède à une inspiration et expiration non forcées à travers le nez(59). Le nez de l’examinateur se situe à une distance de 10 cm de celui du patient. Il semble toutefois que pour la pratique courante, une classification en trois degrés de sévérité soit parfaitement suffisante(66): • Degré d’intensité 1 • Degré d’intensité 2 • Degré d’intensité 3 L’évaluation selon cette méthode simplifiée se fait en fonction de la distance du nez de l’examinateur par rapport à la bouche du patient. Lorsque la prononciation de la voyelle A produit une odeur repérable à une distance de 1 mètre, le résultat correspond au degré de sévérité 3, à une distance de 30 cm au degré 2 et à 10 cm au degré 1. 32 Plusieurs études ont démontré que les résultats de l’évaluation organoleptique ne sont souvent pas reproductibles du fait qu’ils sont tributaires de l’appréciation subjective de l’examinateur(58). En effet cette évaluation olfactive est influencée par des facteurs extrinsèques, tels que le cycle menstruel, une éventuelle halitose de l’examinateur, des troubles temporaires du sens olfactif (par exemple en cas de rhinite) (66). II-2 Méthodes professionnelles Du fait que les évaluations organoleptiques sont dans bien des cas peu reproductibles, de nombreuses tentatives ont été entreprises, afin de mettre au point des instruments permettant de réaliser des mesures par une méthode plus objective. C’est ainsi que les premiers essais se sont concrétisés par la mise sur le marché du premier appareil de mesure de l’halitose appelé osmoscope par Sulser(70) en 1939. De nos jours, le praticien dispose de deux types d’instruments pour la mesure de l’halitose: des appareils de chromatographie en phase gazeuse (77, 79,80) et les moniteurs des composés sulfurés (59, 60,27). II-2-1 Appareils de chromatographie gazeuse Les appareils de chromatographie en phase gazeuse se composent d’une part d’un détecteur à photométrie de flamme (DPF) qui permet des mesures hautement sensibles et sélectives des composés soufrés et d’autre part d’un tube photomultiplicateur qui mesure l’émission de la chimiluminescence caractéristique des composés, permettant ainsi 33 d’enregistrer la quantité et la qualité des Composés Volatils Sulfurés à des concentrations inférieures au nano gramme(79). A ce jour, cette technique est la plus fiable en matière d’études et de recherches sur l’halitose(79). Cependant en raison de la complexité du maniement et des frais élevés, cette méthode de mesure ne convient pas à une utilisation dans le cadre du cabinet dentaire(66). II-2-2 Moniteurs des Composés Volatils Sulfurés Ensuite sont apparus les moniteurs des composés sulfurés. Le plus connu est l’halimétre (figure 2). Il est disponible sous forme d’un appareil compact et portable qui permet de quantifier la concentration des Composés Volatils Sulfurés dans des échantillons d’air. Il réagit en premier lieu aux augmentations des concentrations des trois Composés Volatils Sulfurés essentiels impliqués dans l’halitose: le sulfure d’hydrogène, le methylmercaptan et le sulfure de diméthyle. Lors de la procédure de mesure, un tuyau en plastique de faible diamètre est introduit dans la bouche légèrement entrouverte du patient, à une profondeur de 3 à 4 cm. Une pompe à l’intérieur de l’appareil aspire de l’air de la bouche du patient (environ 1500 ml/min.) et dirige l’échantillon vers le capteur; le patient étant prié d’arrêter la respiration durant la procédure, jusqu’à ce qu’une valeur maximale soit enregistrée. Selon le fabricant les valeurs normales sont comprises entre 50 et 150 ppb. A partir de 300 ppb, il est possible de déceler l’haleine buccale à une distance de 1 à 1,5 mètres. 34 Figure 2 : Halimétre 35 III- TRAITEMENT DE L’HALITOSE Le traitement se déroule selon un schéma standardisé. III-1 Le traitement étiologique Le praticien doit d’abord s’assurer qu’il est en présence d’une halitose vraie et non d’une halitose transitoire occasionnée par la consommation de certains produits. Il devra agir sur certains éléments comme : - L’alimentation Il est important d’avoir des notions de diététique élémentaire : 3 repas par jours, une alimentation riche en fibres et pauvre en acides gras. Il faut encourager les patients à boire de grandes quantités d’eau au cours de la journée, l’eau favorisant l’oxygénation et la circulation des bactéries anaérobies diminuant ainsi leur proportion. Il est possible que les personnes souffrant d’halitose aient de plus hauts niveaux de protéines, de peptides et de glycoprotéines par ml de salive comparées à des sujets ayant une haleine fraîche. La surconsommation de produits laitiers ou de nourriture grasse donne naissance à des métabolismes intermédiaires principalement constitués d’acides gras. Ces substances, rejetées au niveau alvéolaire, peuvent donner une odeur âcre à l’haleine. Les végétariens ont donc tendance à présenter une halitose moins marquée que les carnivores car leur alimentation est moins riche en protéines dégradables. Lors de la rétention d’aliments, la décomposition sera plus ou moins longue et plus ou moins putride selon la nature de l’aliment. 36 - la salive En présence d’hyposialie légère, il est préconisé d’utiliser des agents permettant d’humidifier la cavité buccale comme l’eau, le thé ou les solutions salines ou contenant de l’acide citrique. La mastication d’aliments durs ou des chewing-gums sans sucre augmente le flux salivaire. Dans le cas d’hyposialie plus grave un traitement médicamenteux destiné à stimuler les glandes pourra être préconisé afin d’augmenter le débit salivaire (teinture de Jaborandi diluée au 1/5, pilocardine ou Sulfarlem S). Cependant dans les pathologies d’origine fonctionnelle avec une atteinte irréversible des glandes salivaires, ou si les traitements médicamenteux sont inefficaces, il devient alors nécessaire de passer par des traitements locaux palliatifs, tels que l’utilisation de substituts salivaires ou de salive artificielle. Le plus simple des salives artificielles peut être constituée par une solution contenant du bicarbonate de sodium et / ou du chlorure de sodium ; mais les salives artificielles sont généralement plus complexes et tentent de se rapprocher de la salive naturelle. Différents types de salives artificielles existent et peuvent se distinguer au niveau de leur composition par le type de substance visqueuse utilisée : 37 - les substituts salivaires à base de polymères : ce sont les plus courants, ils se présentent sous forme de pulvérisation, ils sont commercialisés sous le nom de Artisial R et Sialine Spray R . - les substituts salivaires à base de mucine : ils se présentent le plus souvent sous forme de pastilles. - les substituts salivaires à base de glycoprotéines. On peut également avoir recours à des glandes salivaires artificielles dans le cas extrême. Il s’agit d’un système constitué d’un réservoir extra corporel monté sur une pompe et relié à la cavité buccale par l’intermédiaire d’un cathéter sous cutané. La salive artificielle contenue dans le réservoir se trouve ainsi propulsée de façon mécanique dans la cavité buccale selon un débit précis et réglable par le patient lui-même en fonction de ses besoins. On peut utiliser des prothèses adjointes, réservoirs de salive artificielle. Il s’agit d’une prothèse amovible totale, le plus souvent maxillaire, comportant une cavité réservoir dans laquelle est insérée de la salive artificielle, un orifice au niveau de l’extrados permet la libération de la salive goutte à goutte. III-2 Le traitement mécanique Les modalités thérapeutiques à envisager seront sélectionnées en fonction du tableau clinique diagnostiqué comme étant à l’origine de l’halitose (87). En revanche, en tenant compte plus particulièrement des 38 origines buccales de l’halitose, le chirurgien-dentiste devrait diriger le traitement selon les modalités suivantes (55): - réduction des micro-organismes par un détartrage rigoureux - réduction de la quantité des éléments nutritifs disponibles pour la prolifération bactérienne en faisant un nettoyage systématique de la langue. En effet environ 60% des micro-organismes colonisant la cavité buccale sont localisés à la surface de la langue (84, 85, 86,14) . Pour cette raison, cette région se trouve au centre de tous les efforts thérapeutiques. De nombreuses études ont permis de démontrer que le nettoyage adéquat de la surface du dos de la langue se traduit par une réduction des CSV et par conséquent par une diminution de l’halitose (23, 22, 78, 80, 85,14) . Certains auteurs avaient formulé des doutes suspectant que le nettoyage mécanique régulier de la langue risquerait de provoquer des modifications histologiques de l’épithélium de surface de la langue; des expériences sur des animaux ont néanmoins permis de réfuter cette hypothèse (9, 22). Dans les cultures asiatiques, le nettoyage de la langue fait partie intégrante de l’hygiène buccale quotidienne. En outre, il a été démontré que le nettoyage régulier du dos de la langue est susceptible d’entraîner une augmentation significative de l’acuité du sens gustatif, en particulier chez les personnes âgées (9). 39 Un nettoyage adéquat peut être obtenu soit par la brosse à dents, soit par des grattoirs à langue spéciaux (9). Certains auteurs ont proposé l’utilisation d’une brosse à dents aux soies très fines afin d’assurer un meilleur nettoyage des papilles de la langue (25). Par principe, il est préconisé de nettoyer la langue en commençant par la partie dorsale, en poursuivant en direction ventrale, tout en veillant à ne pas léser les tissus mous (9,22) . Il convient de continuer la procédure jusqu’à ce que l’enduit résiduel sur la langue soit à peine visible (9,22). De nombreux patients se plaignent de réflexes vomitifs déclenchés par le nettoyage de la langue (55) . Les nettoyages réguliers de la langue et/ou la fermeture des yeux pendant la procédure seraient susceptibles de réduire ces réflexes à un minimum supportable (9). III-3 Le traitement chimique III-3-1 Bains de bouche Chez les patients souffrant d’une halitose sévère, les bains de bouche sont conseillés en tant que mesure complémentaire au nettoyage mécanique de la langue. Bien entendu, l’industrie proclame que tous ses produits cosmétiques buccaux seraient à même d’obtenir une amélioration de l’halitose. Il convient toutefois de n’utiliser que des produits dont l’efficacité a été démontrée par des essais scientifiques (Jecke 2002) . Parmi les 40 substances dont les effets ont été jugés favorables dans la réduction de l’halitose jusqu’à présent, on peut évoquer le digluconate de chlorhexidine, le chlorure de zinc, le chlorure de cétyl-pyridinium (CPC), le peroxyde d’hydrogène, le triclosan, les fluorures d’amine et de fluorure de zinc, de même que certaines huiles aromatiques. Cependant l’efficacité de toutes ces préparations est limitée dans le temps (55). • Digluconate de chlorhexidine Le digluconate de chlorhexidine est la molécule la plus efficace pour la réduction de la plaque et de la gingivite (2,15,30) . Son efficacité se fonde sur les forces d’attraction électrostatique entre l’agent antiseptique et les parties anioniques de la surface cellulaire des bactéries(30). Cet effet entraîne la destruction de la membrane cellulaire des bactéries et une augmentation de la perméabilité, le résultat final en est la lyse et la mort des cellules (30) . En raison de son efficacité antibactérienne prononcée et de sa substantivité élevée au niveau des tissus buccaux, le digluconate de chlorhexidine est une molécule particulièrement propice pour la réduction significative des concentrations des CSV (59;60 ; 14;55). Parmi les inconvénients de l’utilisation prolongée de cet antiseptique, il y a lieu de rappeler le fait que le digluconate de chlorhexidine entraîne la formation de colorations brunâtres au niveau des dents et de la langue, ainsi que des altérations des perceptions gustatives (62). 41 • Fluorures Il s’agit des fluorures d’amine et de zinc. Au même titre que le digluconate de chlorexhidine elles sont connues pour leur efficacité antibactérienne. Cependant, aucune étude suffisamment large à propos de l’efficacité de ces substances dans le traitement d’une halitose existante n’a été publiée à ce jour (55). Les premiers résultats disponibles semblent toutefois indiquer que l’efficacité de ces fluorures sur l’halitose soit comparable à celle du digluconate de chlorhexidine (55). • Triclosan Le triclosan est une substance active possédant un large spectre antibactérien et une action très efficace contre la plupart des bactéries buccales. Il attaque la membrane cytoplasmique des bactéries, ce qui lui permet de déployer son effet bactéricide (10). Une étude pilote a permis de montrer qu’une combinaison de zinc (heptahydrate de sulfate de zinc à 0,82%) et de triclosan (à 0,15%) entraîne une réduction significative des CSV et par conséquent une diminution de l’halitose (10). • Peroxyde d’hydrogène Dans une étude clinique, Suarez(67) en 2000 a démontré que des bains de bouche par une solution de 3% de peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) permettent d’obtenir une réduction significative des CSV. 42 • Chlorure de Cétyl-Pyridinium (CPC) Une préparation d’émulsion huile-eau en deux phases contenant 0,05% de CPC permettrait selon certains auteurs (55) d’obtenir une réduction de l’halitose pendant une journée entière. L’efficacité de l’émulsion se fonde sur l’adhésion des micro-organismes buccaux à la surface des gouttelettes d’huile. L’adhésion serait influencée de façon favorable par la présence de CPC. • Huiles aromatiques (Listerine®) Certaines huiles essentielles (thymol, eucalyptol et menthol) se caractérisent également par des effets antiseptiques et antibactériens (25) . Des préparations à base d’huiles essentielles ont permis d’obtenir une réduction de la mauvaise haleine pendant 3 à 6 heures (53). • Solutions de sels métalliques En raison de leur affinité pour le soufre, différents ions métalliques sont capables de déployer une activité contre les Composés Volatiles Sulfurés (55). Cette propriété a été mise en évidence non seulement par des essais in vitro, mais également dans des études cliniques (89) . Il existe une corrélation entre l’affinité des ions métalliques pour le soufre et la réduction des Composés Volatiles Sulfurés. Il a été démontré que l’efficacité clinique est différente selon les ions testés: CuCl2 > SnF2 > ZnCl2. 43 Des différences similaires au plan de l’efficacité ont été observées dans des expériences in vitro: HgCl2 = CuCl2 = CdCl2 > ZnCl2 > SnF2 > SnCl2 > PbCl2 (89). En comparaison avec d’autres ions métalliques, le Zn2+ est moins toxique et entraîne moins de colorations. Pour cette raison, le Zn2+ a été évalué plus particulièrement dans plusieurs études quant à son efficacité contre l’halitose (89) , bien que ses propriétés thérapeutiques contre l’halitose soient connues depuis un certain temps (63). En présence de composés volatiles sulfurés, le chlorure de zinc est capable de former des liaisons transformant les composés volatiles sulfurés en composés soufrés non volatiles (63;83) ; cet effet permet d’obtenir une réduction de l’halitose pendant environ trois heures. L’efficacité contre l’halitose se fonde sur le fait que le chlorure de zinc inhibe l’influence du méthylmercaptan sur les tissus parodontaux (6) . III-3-2 Pâtes dentifrices La majorité des essais cliniques ont démontré qu’à des concentrations identiques de substances actives, les pâtes dentifrices ne permettent pas d’obtenir la même efficacité que les solutions pour bains de bouche. Les dentifrices jouent néanmoins un rôle considérable dans l’arsenal thérapeutique visant à la réduction de l’halitose, en raison de leurs applications régulières (77). 44 Plusieurs auteurs ont observé une inhibition significative de la mauvaise haleine; en plus, l’effet persistait pendant plusieurs heures (83;6;72) . Il est possible de renforcer l’efficacité thérapeutique du dentifrice par des utilisations régulières et par une répartition homogène dans la cavité buccale, tout en évitant de rincer la bouche à grande eau après le nettoyage (6) . L’adjonction de zinc dans la préparation des pâtes dentifrices permet d’en augmenter l’efficacité (6). Les dentifrices contenant du fluorure de zinc en tant que substance active antibactérienne se sont caractérisés par une bonne réduction de l’halitose, en comparaison aux groupes témoins (6). III-3-3 Pastilles à sucer et gommes à mâcher La littérature ne fait état que d’un nombre restreint d’études concernant l’efficacité de pastilles à sucer et de chewing-gums en regard de l’halitose. Il semble toutefois que lorsque ces produits ne contiennent pas de substances actives, ils ne permettent pas d’obtenir de réduction significative de l’halitose (83) . Ils produisent alors seulement un effet de nettoyage mécanique des surfaces dentaires et, par conséquent une réduction de l’accumulation de plaque, ainsi qu’une stimulation du flux salivaire pouvant atteindre 300% (83) . Par contre, l’adjonction de Zn2+ dans la composition des pastilles à sucer et des chewing-gums 45 produit une réduction immédiate des composés volatiles sulfurés lors de leur consommation (83). En dépit d’un certain nombre de comptes rendus rapportant des effets favorables suite à l’utilisation de pastilles à sucer et de chewing-gums pour la réduction de l’halitose, il convient de constater que des résultats à long terme font encore défaut jusqu’à présent (66). III-4 Traitement parodontal Du fait que des concentrations accrues de méthylmercaptan sont observées chez les patients présentant une parodontite active, certains auteurs ont supposé que le rétablissement d’une situation parodontale exempte d’inflammation et la réduction de la profondeur des poches devrait produire une diminution des symptômes d’halitose (5,41). Dans ce contexte, d’autres chercheurs ont en effet observé une augmentation initiale, suivie d’une réduction de la concentration des composés volatiles sulfurés, après curetage et chirurgie parodontale, à condition que le patient fasse preuve d’une amélioration de l’hygiène bucco-dentaire (86;66). III-5 Traitement d’autres facteurs étiologiques Le traitement d’éventuelles origines non buccales de l’halitose devrait faire partie de la prise en charge des patients soufrant de mauvaise haleine. Parmi les modalités d’investigation, il y a lieu d’évoquer une 46 anamnèse approfondie, ainsi que l’évaluation de l’état général de santé et des cofacteurs possibles de la pathogenèse de l’halitose (66) , tels que : le tabagisme, ce d’autant plus qu’il favorise les formes sévères de la parodontite et par conséquent l’apparition d’une halitose. les ronchopathiques (ronflements), la respiration buccale, la ménopause, les habitudes et comportement alimentaires, le stress Lorsque les différentes investigations ont permis de déceler des causes non buccales, le traitement de l’halitose devrait être ciblé en premier lieu à l’élimination de celles-ci par un médecin spécialiste. 47 RECOMMANDATIONS La mauvaise haleine est un facteur négatif important dans la communication sociale. Seules quelques études (41, 42, 21,66) rapportent la prévalence de la mauvaise haleine dans la population générale. En raison de ses répercussions sur le bien être et ses implications sociales, des études épidémiologiques, sur l’étiologie, les méthodes de diagnostic et sur le traitement de l’halitose s’avèrent donc nécessaires pour évaluer la prédominance de la mauvaise haleine dans la population générale. Le but final de ces études étant la mise en place de mesures préventives et des moyens de diagnostic et de traitement efficaces. Puisque approximativement 80 à 90% des cas d’halitose ont une étiologie orale, une attention particulière doit être apportée au niveau des formes de dégradation microbiennes, dans les substrats organiques de la cavité buccale, dans la recherche de moyens de diagnostic et de traitement. Néanmoins, malgré qu’elle pourrait être une manifestation d’une maladie ou d’un problème sérieux, l’halitose extra orale ne doit jamais être sous estimée. De nos jours, les trois méthodes de diagnostic de l’halitose à savoir la méthode organoleptique, la chromatographie en phase gazeuse et les détecteurs de composés sulfurés, donnent des résultats statistiquement significatifs malgré qu’il existe certains facteurs pouvant les influencer (âge, sexe, intensité de l’halitose, variabilité dans 48 l’équipement utilisé : calibrage, différences entre les juges : capacité de reniflement, variabilité des gaz exhalés par les groupes de patients en combinaison avec la susceptibilité variable des méthodes de mesure à ces gaz). Les méthodes de mesure sont ainsi influencées par ces variétés de paramètres et chaque méthode à ses avantages et ses limites spécifiques. La chromatographie gazeuse et la méthode organoleptique sont très fiables si on désire des indications précises sur les gaz impliqués dans l’halitose, seulement leur coût est relativement élevé et les procédures sont longues (79). Par contre, les moniteurs de composés sulfurés sont relativement peu coûteux et sont facilement utilisés mais connaissent des limites : des gaz essentiels ne sont pas pris en compte. En définitive, l’amélioration des trois méthodes primaires de mesure d’halitose devrait être l’un des objectifs dans la recherche sur la mauvaise haleine. Une bonne hygiène alimentaire et le maintien d’une santé buccodentaire correcte constituent d’excellents moyens de prévention de l’halitose. La bonne hygiène alimentaire sous entend avoir une alimentation équilibrée (sans excès de graisse, de féculents, de produits odoriférants) et boire beaucoup d’eau. 49 La bonne santé bucco-dentaire quant à elle implique : Une hygiène bucco-dentaire correcte : outre les dents, le brossage après chaque repas concernera les gencives et aussi la langue. Le dos de la langue dans sa partie postérieure, doit faire l’objet d’une attention particulière du fait de sa morphologie. Aujourd’hui, il existe sur le marché, du matériel spécialement destiné au nettoyage du dos de la langue. Des visites régulières chez le dentiste (2 visites par an est la norme conseillée). Une denture bien soignée et entretenue : l’alignement correct des dents (orthodontie) permet une bonne élimination de la plaque et de tous les débris. Les soins des caries vont supprimer les réceptacles de débris. Les détartrages et mises à plat des poches sont d’un grand apport. La prothèse apportera sa contribution par l’utilisation de résines cuites, l’entretien des prothèses, surtout de celles réalisées en résine non cuite. Une bonne conception et réalisation des éléments prothétiques sont d’excellents moyens de prévention de l’halitose. Dans certaines situations des avulsions dentaires seront l’alternative la plus judicieuse. 50 CONCLUSION L’halitose est un fléau mondial qui touche tous les continents et toutes les tranches d’âge. Les hommes en ont souffert depuis l’antiquité. Cependant elle n’a commencé à intéresser la communauté scientifique que récemment quand l’intérêt du public été menacé. Des investigations épidémiologiques précises n’existent pas encore. Les observations faites proviennent soit des constatations que les médecins ou les chirurgiens-dentistes ont faites auprès de leurs patients, soit d’enquêtes d’organisations qui ont déterminé la fréquence de la mauvaise haleine pour un groupe donné Les liens entre les facteurs étiologiques et la manifestation de l’halitose sont de plus en plus connus et compris à l’heure actuelle. De même, le recours à des instruments de mesure a permis de rendre plus objective l’évaluation de l’intensité et de simplifier le diagnostic de l’halitose. Toutefois, jusqu’à présent seul les moniteurs de composés sulfurés conviennent à une utilisation au cabinet dentaire à des frais raisonnables. Ces appareils sont capables de mesurer seulement la concentration des Composés volatils Sulfurés. Bien que ces composés soient considérés comme les substances clés en matière d’halitose, ces appareils ne permettent cependant pas de déceler d’autres substances, également responsables de la mauvaise haleine. Pour ces raisons, il est indispensable, pour la pose d’un diagnostic exact, de compléter dans tous les cas les examens par une évaluation organoleptique. 51 Dés que le diagnostic d’halitose est correctement posé, le traitement sera par principe ciblé sur les facteurs étiologiques incriminés. Parmi les différentes méthodes de traitement à envisager, seul un nombre restreint a bénéficié d’études approfondies, alors que certaines modalités thérapeutiques proposées manquent encore de fondements scientifiques. Compte tenu de l’acceptation croissante du problème de l’halitose, tant par les patients que par les praticiens, ainsi que des activités actuelles de l’industrie dentaire, alimentaire et pharmaceutique en la matière, il y a lieu de s’attendre non seulement à une prise de conscience accrue en regard de l’halitose, mais également à une augmentation significative du nombre de données scientifiques disponibles à ce propos. Il est probable qu’à terme, ces tendances vont avoir des répercussions sur les concepts actuels de diagnostic et de traitement de l’halitose, soit en les étayant encore davantage, soit en les remplaçant par d’autres méthodes. 52 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1-ADA Council of Scientifics Affairs: oral malodor J. of American Dental Association 2003; 134: 209-214. 2-Addy M. An approach to efficacy screening of mouth rinses: studies on a group of French products. Staining and antimicrobial properties in vitro. 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Dent : Dakar : 2008 ; N° 30) N° 42.63.08.27 21x29, 7cm Rubrique de classement : Odontologie Conservatrice Mots clés : Halitose Composés Volatils Sulfurés Diagnostic Traitement Résumé : L’halitose ou mauvaise haleine est une préoccupation des sociétés depuis l’antiquité. Il s’agit d’un trouble fréquent, chronique chez 50% de la population adulte et d’origine buccale dans plus de 80% des cas. Ainsi les chirurgiens dentistes sont directement concernés par sa sémiologie. Physiologique ou pathologique, son analyse correcte est importante car permettra d’assurer les patients, de préciser ou de confirmer une pathologie et de mettre en œuvre une thérapeutique adaptée. Le chirurgien dentiste devra définir l’origine de la mauvaise haleine et si elle n’est buccale, orienter le patient vers un spécialiste. Cette étude se propose d’apporter une aide à la prise en charge des patients souffrant d’halitose tant dans son diagnostic que dans ces différents traitements. Après une présentation des aspects épidémiologiques de l’halitose d’origine buccale, nous avons abordé l’étiopathogénie de l’halitose, sa classification. Les moyens de diagnostic et de mesure ont ensuite été détaillés. La dernière partie a été consacrée aux différents traitements étiologiques, mécaniques et chimiques. Keys words Halitosis, Volatils Sulphur Compounds, Diagnosis, treatment JURY PRÉSIDENT M Pape MEMBRES M M M M M Abdoul Wakhabe KANE Falou DIAGNE Baye Karim DIALLO Abdoul Wakhabe KANE Babacar FAYE Directeur de thèse Co-directeur Demba DIALLO Professeur Maitre de Conférences Agrégé Maitre de Conférences Agrégé Maitre de Conférences Agrégé Maitre de Conférences Agrégé Maître Assistant Adresse de l’auteur : DIENE Ndiouga Ouakam Taglou Route du Terme Sud - Dakar (SÉNÉGAL) Email : [email protected] 71 72