MRC de Rouville : le «jardin du Québec» sous la loupe

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MRC de Rouville : le «jardin du Québec» sous la loupe
Publié le 11 décembre 2014 à 05h00 | Mis à jour le 11 décembre 2014 à 05h00
MRC de Rouville : le «jardin du Québec» sous la loupe
Jean­François Guillet
La Voix de l'Est
(Rougemont) Étant donné la profonde mutation qui s'opère dans le monde agricole, la
Municipalité régionale de comté (MRC) de Rouville, dont 67% du territoire est constitué de
terres cultivées, a amorcé il y a un peu plus d'un an une remise en question à propos des
défis à relever pour maintenir ce secteur d'activité en santé. De ces échanges entre les gens
du milieu est né un plan de développement de la zone agricole (PDZA). Les grandes lignes
de cet outil de planification ont été dévoilées, hier, au Domaine Cartier­Portelle à
Rougemont.
Le président du syndicat de l'UPA de Rouville, Yvon Boucher, a évoqué
plusieurs problématiques lors de son allocution, notamment celle de
l'étalement urbain.
photo Maxime Sauvage
Qui de mieux placé pour poser un regard objectif sur l'agriculture que ceux qui en sont les
artisans? Ainsi, les cultivateurs ont été au coeur des rencontres qui ont mené à l'élaboration
du plan de développement. «Un de nos soucis dès le début de la démarche a été de
rejoindre les agriculteurs. Ce sont eux que nous voulions entendre, pas des élus et d'autres
personnes du milieu politique. Nous leur avons demandé ce qui ne va pas. Quelles sont
leurs préoccupations? Ils nous ont vraiment éclairés», a indiqué le directeur général de la
MRC Rouville, Rosaire Marcil.
Fragile équilibre
Un des enjeux majeurs qui ont été évoqués est l'effet de l'étalement urbain au détriment de
zones destinées à la culture. «Le PDZA est un exercice nécessaire et ce qui en ressort doit
être pris au sérieux. Il y a 25 ans, 2,2% du territoire de la province était occupé par l'agriculture. Aujourd'hui, on est rendu à 1,7%. Ça diminue tout le temps. Pourtant, ici,
on est dans le jardin du Québec. S'il ne se passe rien pour rétablir l'équilibre, ça va basculer», a mentionné le président du syndicat de l'Union des producteurs agricoles
(UPA) de Rouville, Yvon Boucher.
Ainsi, cinq autres défis ont été soulevés lors de l'élaboration du plan de développement: l'agroenvironnement, le manque de main­d'oeuvre, la diversité des cultures, la
concertation et l'agrotourisme.
Questionné à propos de l'insuffisance de relève agricole, M. Boucher s'est dit très préoccupé. «La valeur des terres a explosé au cours des dernières années. Comment
voulez­vous qu'un jeune de 20 ans qui n'a pas de famille dans l'agriculture souhaite se lancer là­dedans? Personne ne va lui prêter les millions nécessaires. Il y a même
des agriculteurs qui disent à leurs enfants d'oublier le projet, de ne pas suivre leurs traces. C'est désolant et il est urgent d'agir. Mais en même temps, le problème est plus
complexe qu'on pourrait le penser. Ça va prendre une concertation de tout le monde dans le milieu, y compris le gouvernement, pour que le vent change de bord», a­t­il
imagé.
Le phénomène engendré par l'achat de terres québécoises par des investisseurs asiatiques, et même par des hommes d'affaires d'ici, notamment le président de la firme
Pangea, Charles Sirois, pèse aussi lourd dans la balance. «J'ai moi­même été approché par des Chinois qui voulaient acheter mes terres. Ils étaient prêts à payer le prix
que je voulais. Ça sème vraiment beaucoup d'incertitude dans le milieu agricole. L'autosuffisance alimentaire, c'est le nerf de la guerre. Dans le cas de la spéculation par
des gens d'affaires québécois, c'est tout aussi préoccupant. Est­ce qu'on veut devenir de simples travailleurs sur des terres qui ne nous appartiennent pas? Il y a une
sérieuse remise en question qui doit se faire. D'ailleurs, elle est lancée depuis un bout et nous en avons beaucoup parlé en faisant le PDZA.» Un comité formé
d'agriculteurs et d'élus de la région va par ailleurs assurer le suivi du plan de développement au cours des années à venir.
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