Les torrents de Savoie

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Les torrents de Savoie
Les torrents de Savoie
Les torrents sont des cours d’eau de montagne à pente forte et irrégulière et aux crues
subites et violentes.
I) Un torrent comprend trois parties distinctes :
1°) Le bassin de réception où les eaux de ruissellement se rassemblent et arrachent les
matériaux de charriage.
2°) Le chenal d’écoulement où transitent vers la vallée les eaux rassemblées en amont.
3°) Le cône de déjections où se déposent les matériaux charriés par le torrent lorsqu’il atteint
les pentes plus douces du fond de vallée.
Bassin de réception
Chenal d’écoulement
Cône de déjections
Torrent du Bochet (Maurienne) (photo B. Juillard)
II) La torrentialité dépend de trois facteurs :
-la nature géologique du sol : roches plus ou moins dures, offrant des produits de
désagrégation plus ou moins importants
-le climat : les orages violents, l’alternance gel, dégel, la fonte de la neige au printemps,
parfois fortement accélérée par effet de foehn, donnent naissance à de brusques variations de
débit
-la couverture végétale du sol : la forêt permet de réduire la torrentialité, alors que le
déboisement provoque la reprise ou l’accentuation.
La montagne présente des zones d’érosion intense due à la pente, au relief, à l’absence de
couverture végétale en altitude. La concentration rapide des eaux favorise les crues et
inondations.
Carte des communes de Savoie sujette aux inondations
Si on compare cette carte des communes concernées par les inondations avec une carte du
relief, on voit que les risques sont situés, à quelques exceptions près, dans les zones
d’altitudes élevées.
De fortes variations de débit dues aux orages violents ou à la fonte des neiges :
La Neuvache avant la crue
(débit : environ 200 à 250 litres / seconde)
la Neuvache en crue lors de la fonte des neiges
(débit environ 5 m3 / seconde, débit x par 25)
III) L’activité humaine peut augmenter la torrentialité :
-la déforestation et le surpâturage
-l’imperméabilisation des sols (constructions, routes, aires de stationnement…)
-activités et cultures dans les zones d’expansion des crues en plaine
Inversement, le retour à la friche peut créer un nouveau déséquilibre avec l’abandon des
ouvrages d’irrigation ou de drainage…
Le milieu du XIXe siècle correspond, dans nos zone de montagne, au maximum
démographique avec pour conséquence la déforestation et le surpâturage. Les versants les plus
fragiles connaissent une érosion torrentielle importante qui amène l’état à intervenir
directement en créant le service de restauration des terrains en montagne.
L’inspecteur des Eaux et Forêts Paul Mougin a consacré l’essentiel de sa carrière au service
de la restauration des terrains en montagne. Les lois de 1860 et 1882 sur la restauration et la
protection des terrains en montagne s’attaquent aux racines du mal : la déforestation.
Des périmètres de protection (séries domaniales) sont créés afin de reboiser bassin de
réception et berges des torrents les plus dangereux. De nombreux ouvrages et drains
permettent de réguler et canaliser les eaux de ruissellement.
Paul Mougin n’hésite pas à faire creuser des tunnels pour dévier certains torrents, comme sur
le cours du Saint-Julien.
1°) Déforestation
L’exemple du torrent de la Grollaz à Saint-Michel-de-Maurienne :
Bassin de la Grollaz, complètement déboisé et érodé, à la fin du XIXe siècle (Archives RTM)
On distingue les premiers ouvrages construit sur le cours du torrent.
Bassin de la Grollaz, entièrement reboisé jusqu’à la côte 2100, en 2008 (photo B. Juillard)
Un peuplement naturel s’est développé sur la partie gauche du reboisement.
2°) Urbanisation
L’exemple de la Ravoire à Bourg-Saint-Maurice :
En avril 1981, le torrent de la Ravoire connaît une crue violente accompagnée de plusieurs
séquences de laves torrentielles. Les dégâts sont importants pour un torrent qui avait peu fait
parler de lui au cours des siècles passés. Les berges du torrent sont largement entamées et
50 000 m3 de boue coupent la route et la voie ferrée. Le surcreusement du lit et des berges
met en péril certaines habitations.
Le développement de la station des Arcs et l’imperméabilisation des sols sont mis en cause.
Dans la même région, suite à la construction de la station des Coches, le torrent des Bâches a
vu son activité érosive s’accélérer, tout comme les ruisseaux voisins du torrent de la Ravoire.
Suite à cette crue, la commission des unités touristiques nouvelle (UTN) demande qu’une
étude quantitative sur la modification des débits soit présentée pour tout nouveau projet.
Diverses études du CEMAGREF ont mis en évidence que l’augmentation du débit résultant
d’un aménagement peut atteindre 50 % voire plus.
Des travaux importants sont engagés en urgence pour stabiliser le lit de la Ravoire avec la
construction de barrages successifs de la côte 800 à la côte 1400.
Barrages construits sur le torrent de la Ravoire (1990 J.P. Feuvrier)
Les différents ouvrages construits sur le cours du torrent ont permis de stabiliser son lit. Une
étude hydraulique de tout le versant prévoit de compléter ceux-ci par des ouvrages de collecte
et des ouvrages de rétention.
IV) Le R.T.M. : service de restauration des terrains en montagne
Le R.T.M. est un service de l’office national des forêts (O.N.F.), spécialisé dans la protection
contre les risques naturels : avalanches, chute de blocs, glissements de terrain, crues
torrentielles…
Il a été crée par la loi de 1882 sur la restauration et la protection des terrains en montagne.
Des périmètres de protection furent créés le long des torrents les plus dangereux. Des travaux
importants de stabilisations furent engagé : reboisement, revégétalisation, ouvrages de génie
civil…A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, Paul Mougin fut le principal acteur de
cette politique de restauration des terrains en montagne.
Construction d’un drain (archives RTM)
Seuils sur le torrent de Saint-Julien (photo B. Juillard)
Construction d’un barrage et d’une digue sur le torrent de la Ravoire après la crue de 1981
(photo J.P. Feuvrier)
Délégation nationale aux actions de restauration des terrains en montagne
9, quai Créqui 38000 Grenoble
Tél. 0476863978 / fax : 0476874853
Bibliographie :
Les torrents de la Savoie
Paul Mougin Grenoble 1914
Réédité en 2001 par La Fontaine de Siloé
Montagne maudite, montagne apprivoisée
Jean-Marie Jeudi
La Fontaine de Siloé 2006
Ouvrages concernant les départements voisins, mais susceptibles d’apporter des éléments
techniques sur la correction des torrents :
Les torrents de montagne. L’exemple du Briançonnais
S. Baraille, D. Blanchon, D. Gilbert, R. Lestournelle
Editions Fournel, 2006, 95p,
Information historique et ingénierie des risques naturels : l’Isère et le torrent du
Manival
Michel Lang
éditeur Cemagref, 2004
sites web:
l'image d'un torrent encrue : http://www.photodecouverte.com/f000128-crue-d-un-ruisseaupuissant-en-savoie.html
Ressources:
L'institut des risques majeurs basé à Grenoble a produit une mallette pédagogique disponible
au CDDP de Chambéry (Mallette pédagogique risque nucléaire / risque crue torrentielle) pour
plus d'information:
http://www.irma-grenoble.com/05documentation/01publications_afficher.php?id_RSD=5
Elle existe aussi sous forme de fiches en ligne (format pdf):
http://www.irma-grenoble.com/05documentation/07mallettes_risque.php?id_risque=3
A Chambery,la galerie EUREKA (carré Curial) dispose d'une maquette active du torrent et de
sa crue