Comment démarrer en implantologie?

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Comment démarrer en implantologie?
formation implantologie
Comment démarrer
en implantologie ?
Franchir le pas et se lancer dans LA discipline de ces dernières années.
Tentant ! Oui, mais comment et par où commencer ? Un sujet incontournable pour
cet article inaugural du premier cahier de formation continue du Fil Dentaire.
U
Dr Norbert Cohen
n Rédacteur en chef
du Fil dentaire
n Implantologie, Paris XIIe
n norbertcohen@
lefildentaire.com
ne patiente que vous soignez depuis de nombreuse années vous consulte, pleine d’espoir.
Elle est jeune mais elle porte depuis quelques
années déjà un « stellite ». Elle s’est renseignée sur Internet, des amis et des membres de sa famille qui sont
déjà passés par là l’ont encouragée et elle franchit le pas.
Décidée et motivée, elle vous demande de la débarrasser
de cet appareil qui la gène et la complexe, et d’envisager
une réhabilitation prothétique implanto-portée.
Problème ! Vous ne posez pas d’implants, vous ignorez
les techniques de réhabilitation prothétique implantoportée et vous ne savez même pas à qui l’adresser ou qui
pourrait vous aider. Vous vous défaussez en lui disant
que son appareil est encore fonctionnel et très esthétique
et que l’implantologie est une discipline récente et expérimentale qui doit encore faire ses preuves mais vous lisez
dans son regard la déception. Vous la raccompagnez à la
porte de votre cabinet en sachant qu’elle ira chercher sa
solution chez un confrère…
Ce n’était pas la première fois que cela vous arrivait mais
aujourd’hui vous décidez que ce sera la dernière. Vous
venez de prendre la décision de démarrer une activité
implantaire pour ajouter cette corde à votre arc thérapeutique. Mais comment démarrez ?
Comment démarrer ?
Diagnostic
Avant cette question, j’en poserai une autre : par quoi
démarrer ?
Effectivement, l’implantologie est subdivisée en chirurgie implantaire et prothèse implantaire.
Vous avez le choix soit de réaliser les prothèses après
avoir délégué l’acte chirurgical à un confrère, soit de
prendre en charge la totalité du traitement, depuis la planification du plan de traitement jusqu’à la pose de la prothèse en passant par la mise en place des implants.
Beaucoup de confrères n’ont pas encore débuté en implantologie car ils s’imaginent que s’ils ne peuvent tout
faire (implants et prothèses), alors ils ne doivent rien
faire. C’est complètement faux ! Tout dépend de vos
goûts et de votre expérience professionnelle.
Si la chirurgie buccale vous a toujours passionné, que
l’avulsion des dents de sagesses incluses et les traitements
parodontaux sont votre tasse de thé, alors la chirurgie implantaire ne vous fera pas peur. Vous pouvez commencer
votre apprentissage.
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LE FIL DENTAIRE
< N°40 < février 2009
Si par contre, depuis le début de votre activité, vous déléguez votre chirurgie à un confrère et que « lever » un
lambeau ne vous a jamais transcendé, alors limitez pour
l’instant votre activité implantaire à la prothèse. Vous devrez commencer par chercher un confrère implantologiste et apprendre à réaliser la prothèse implantaire. Rien ne
s’oppose par la suite à ce que, conseillé par votre confrère, vous vous lanciez dans la chirurgie implantaire.
Commencer en chirurgie implantaire
Les diplômes d’universités (DU)
À mon sens, pour commencer en chirurgie implantaire,
la voie royale, c’est le DU.
Les DU durent en général deux ans. Ils sont quelquefois
précédés d’une attestation universitaire en implantologie.
Ils demandent pour la plupart deux journées de formation
par semaine pendant 9 mois, soit une année universitaire.
Les inscriptions s’élèvent de 1 500 à 2 000 euros par an
selon les facultés, auxquels on doit ajouter des frais de
scolarité annuels de 400 à 500 euros en moyenne.
Les DU proposent une formation théorique et pratique
en chirurgie et prothèse implantaire. Ils vous permettent
d’intégrer, à votre rythme, au fil du temps, cette nouvelle discipline, d’échanger avec des universitaires ayant
une grande expérience en implantologie dentaire et de
confronter avec eux vos premiers cas cliniques rencontrés au cabinet.
Les DU ne sont, théoriquement, associés à aucune marque d’implant : on vous délivrera par conséquent un enseignement objectif sur les différents systèmes implantaires en les comparant les uns aux autres.
Cependant, tous les DU n’ont pas le même niveau. Leur
niveau dépendra de l’expérience due à l’ancienneté
et de la qualité des enseignants. Dans certains DU, les
responsables invitent même des « guest star » étrangers
pour animer certain cours. Privilégiez les DU dont vous
connaissez les enseignants pour leurs qualités et leur sens
de la pédagogie.
Il faut vous montrer exigeant et ne pas hésiter à changer de ville pour trouver le DU qui vous corresponde le
mieux et où l’enseignement sera le plus profitable.
Dans certains DU, la pratique est quasiment inexistante. Préférez les DU où vous aurez la garantie de
poser un grand nombre d’implants. Certains confrères ne posent toujours pas d’implant dans leur cabinet, malgré l’obtention de leur diplôme à cause du
manque d’expérience pratique acquise pendant leur
cursus.
Revers de la médaille, les DU sont pris d’assaut et le décalage entre l’offre (5 à 10 places par an) et la demande,
place les candidats sur des listes d’attente et les contraint
à chercher d’autres solutions.
marque. Il est donc évident que vous devez choisir une
marque qui corresponde à votre philosophie et à l’idée
que vous vous faites de votre exercice. Renseignez- vous
sur l’expérience de la société, la qualité de ses produits et
de ses formations, la pérennité de la marque, sa rigueur
en matière de recherche et développement, le service assuré, et la proximité que vous offre cette marque.
Les sociétés scientifiques
Je ne peux pas clôturer cette partie sans vous dire que « débuter en
chirurgie implantaire » demande
un certain investissement : Il faut
compter environ 12 000 euros pour
le moteur, le petit matériel spécifique à l’implantologie, la trousse et
les premiers implants. Concernant le
« bloc », il n’a pas de caractère obligatoire mais il est préférable (et plus
une salle dédiée à l’implantologie.
De nombreuses sociétés scientifiques sont venues combler cette carence. Elles ont un programme souvent
calqué sur celui des DU, avec un enseignement plus
concentré dans la durée, les formations s’étalant de 4 à 5
mois dans leur grande majorité, à raison de deux à trois
journée par semaine. Les prix de ces formations tournent
autour de 3 000 à 3 500 euros pour un cycle complet,
selon les sociétés.
L’intérêt de ces formations est la proximité que vous
pouvez avoir avec l’équipe enseignante qui guidera vos
premiers pas. Ici encore, il faudra choisir les sociétés
dont les enseignants seront connus pour leur expérience
et leur pédagogie et où vous aurez la garantie de poser
vous-même beaucoup d’implants pendant la formation.
Regarder des vidéos, c’est bien. Regarder des confrères
poser des implants en « live », c’est mieux, mais poser
soit même des implants, assisté par un confrère plus expérimenté : c’est cela l’apprentissage.
Beaucoup n’ont pas encore
débuté en implantologie car
ils s’imaginent que s’ils ne
peuvent tout faire, alors ils ne
doivent rien faire.
pratique) d’avoir
Commencer en prothèse implantaire
La prothèse implantaire est facile, beaucoup plus
facile que la prothèse conventionnelle. Par votre
formation initiale et votre activité, vous avez déjà
appris toutes les règles et les exigences de la prothèse dentaire conventionnelle. Cette connaissance
est le socle de la réalisation de prothèse implantoportée. Les techniques particulières d’empreintes
sur implants sont faciles et rapides à apprendre.
Les sociétés commerciales
Toutes les sociétés qui commercialisent des implants
ont mis en place des formations allant de l’initiation à la
chirurgie implantaire avancée. Leur programme encore
une fois est calqué sur celui des DU. Dans la quasi-totalité des cas, ces formations sont théoriques et vous n’aurez
pas d’occasion d’intervenir sur des patients. Mais ces
sociétés vous proposent souvent en plus des formations
« à la carte » qui vous permettent de choisir ce qui vous
intéresse et de progresser à votre rythme selon vos envies : « Communiquer en implantologie », « La première
consultation implantaire », « La formation de l’assistante », « La préparation du bloc » etc.
La différence par rapport aux DU ou aux sociétés scientifiques où l’on vous décrira tous les grands systèmes
implantaires, c’est qu’ici, on ne vous parlera bien sûr que
d’un seul système. Rien n’est jamais définitif et tout peut
évoluer mais, malgré tout, si vous suivez toute votre formation initiale dans une société commerciale, votre pratique sera fortement influencée et conditionnée par cette
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Il vous est possible de vous former complètement et
uniquement dans ce type de société ou de vous former
ailleurs et de venir « piocher » des réponses précises à
des questions qui restaient en suspens. Le mieux est de
choisir des sociétés ayant un grand panel de formations
en chirurgie et en prothèse avec une expérience avérée
dans le domaine de la formation.
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formation implantologie
Pour vous lancer en prothèse implantaire, les DU
généraux enseignant chirurgie et prothèse ne sont à
mon sens, pas obligatoire car souvent très axé sur la
chirurgie.
Si vous décidez malgré tout de
Le niveau des DU dépendra le présenter, cela pourrait être un
de l’expérience due à l’an- plus car ils vous permettent de decienneté et de la qualité des venir plus « implanto-conscient »
et vous permettent d’améliorer
enseignants.
votre communication avec le
chirurgien-implantologiste.
place par les grandes marques implantaires, il y a de
nombreuses années déjà. Il consiste à affecter par
secteur géographique et par affinité un « mentor », un
praticien plus expérimenté, à un groupe de candidat à
la formation implantologique. Ce mentor, qui posera
les implants pour ses correspondants, va contribuer
à former ses confrères, il pourra les « coacher » en
leur conseillant des formations, répondre à leurs interrogations, les aider à réaliser leurs premiers plans
de traitement. Il va également les assister dans leurs
premières prises d’empreintes et poses de prothèses.
Il sera également présent lors d’un échec éventuel
pour répondre à leurs interrogations.
Il existe des DU limités à la prothèse implantaire qui
ciblent leurs enseignements sur ce qui vous intéressent mais là aussi les places sont « chères ».
Le choix de ce correspondant est, bien sûr, primordial
dans la stratégie de développement de votre pratique
implantaire. Vous devez choisir un correspondant
suffisamment expérimenté pour pouvoir répondre
à vos attentes et suffisamment disponible pour être
joint quand vous aurez besoin de lui.
En fait, dans le domaine de la formation en prothèse
implantaire, les sociétés scientifiques et les sociétés
commerciales jouent un grand rôle et vous permettront au moyen de courtes formations de mettre le
pied à l’étrier.
Une autre façon de se former en prothèse implantaire
est de profiter d’un système qui à ma connaissance
n’existe en odontologie que dans la discipline implantaire : le « mentorat ».
Comment choisir ce « mentor » ? Si vous avez déjà
choisi votre marque d’implant, il suffit de demander
au représentant de votre secteur de vous présenter un
confrère en lui précisant vos attentes. Vous pouvez
également le rencontrer lors d’une formation et apprécier ses compétences et son sens de la pédagogie.
Vous pouvez aussi vous renseigner auprès de confrères qui ont déjà franchi le cap. Vous pouvez enfin
interroger votre prothésiste qui vous connaît sans
doute depuis longtemps et qui pourra vous mettre en
contact avec un confrère issu de sa clientèle.
Le « mentorat »
Sortez couverts
Le « mentorat » est un système qui a été mise en
Quelle que soit le type d’activité que vous allez
choisir et donc même pour la prothèse implantaire,
la plupart des compagnies d’assurance en responsabilité professionnelle vous demande payer une surprime. N’oubliez donc pas de signaler votre début
d’activité implantaire.
À la différence de la chirurgie implantaire, le matériel pour démarrer en prothèse implantaire n’est pas
coûteux. Il vous faut un tournevis prothétique, une
clé dynamométrique et des transferts. Selon les marques, ce kit coûte entre 300 et 400 euros.
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Conclusion
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L’odontologie moderne « bat » au rythme de l’implantologie. Il n’est plus possible aujourd’hui de faire l’impasse sur cette thérapeutique. Ne pas proposez de réhabilitation prothétique implanto-portée quand c’est justifié
représente plus qu’une carence, c’est une faute !
En France, nous sommes en retard par rapport aux autres
pays européens. En Espagne, en Angleterre, en Allemagne, l’implantologie s’est développée de façon à répondre
aux besoins de la population. Les universités, les sociétés
scientifiques et les sociétés commerciales ont développé
sur tout le territoire national un réseau de formations qui
répond à tous les besoins de la profession. Tout est prévu
pour que chacun puisse y trouver la formation qui correspond à son niveau et à ses attentes.
Alors, action !
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