cuisse

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CUISSE
Depuis la sortie de l'eau des premiers vertébrés, la cuisse a toujours été le segment de membre
le plus développé à la fois sur le plan osseux et musculaire. Ce phénomène retrouvé dans tous les
genres (amphibiens, oiseaux, mammifères, reptiles...), n'a disparu que chez les vertébrés ayant, au
cours de l'évolution perdu leurs membres (ophidiens, cétacés, pinnipèdes...). Chez les primates, la
cuisse constitue le membre propulseur le plus puissant. A cette fonction essentielle s'ajoute, chez les
bipèdes la lutte antigravitaire.
1. ANATOMIE
La cuisse est formée de trois loges musculaires réparties devant, derrière, et sur le côté interne
du fémur.
1.1 OSTEOLOGIE
+ Fémur
Le fémur est un os long comprenant trois faces, trois bords et deux extrémités. L'anatomie de
ces deux dernières est développée dans les paragraphes hanche et genou.
= La face antérieure est lisse, elle donne insertion sur ses deux tiers supérieurs au muscle crural.
= La face postéro-externe ne donne insertion qu'au muscle crural
= La face postéro-interne ne comporte aucune insertion musculaire
= Bord postérieur. C'est la région anatomique du corps fémoral qui donne le plus d'insertions
musculaires. Le bord postérieur ou ligne âpre, comprend trois parties:
. En haut, une trifurcation qui donne insertion sur sa branche externe au grand
fessier et au grand adducteur, sur sa crête moyenne au pectiné, et une branche interne sur laquelle
s'insère le vaste interne.
. Au milieu, la ligne âpre donne insertion au vaste externe sur son bord externe
et au vaste interne, au grand, petit et moyen adducteurs, et à la courte portion du biceps.
. En bas, la ligne âpre donne naissance à deux lignes externe et interne. Il
n'existe pas d'insertion musculaire à ce niveau.
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1.2 MUSCLES
+ Muscles antérieurs
Ce sont le quadriceps et le couturier
= Quadriceps
Le quadriceps est le plus gros muscle de l'organisme humain. Il est formé de quatre muscles se
terminant sur un tendon commun, les vastes externe et interne, le crural et le droit antérieur.
. Le crural est le plus postérieur des quatre muscles. Il prend naissance des
faces antérieur et externe de la partie supérieure du corps fémoral, descend verticalement pour donner
naissance au tendon quadricipital.
. Le vaste externe prend naissance sur la face antérieure du grand trochanter,
sur la crête du grand fessier et sur le bord externe de la ligne âpre. Il se dirige en bas et légèrement en
dedans et se fixe par son aponévrose postérieure au tendon quadricipital.
. Le vaste interne s'insère sur la partie interne de la ligne âpre du fémur. Il
descend verticalement sur la face antéro-interne de la cuisse et se termine sur le tendon quadricipital.
. Le droit antérieur est le seul muscle biarticulaire du quadriceps. Il prend ses
insertions sur l'épine iliaque antéro-inférieure (tendon direct) et au dessous du sourcil cotyloïdien
(tendon réfléchi). Ces deux tendons s'unissent sur une lame tendineuse médiane qui s'étend jusqu'à la
moitié de la cuisse. Il franchit ensuite l'arcade crurale, descend verticalement devant la cuisse et
s'insère sur le tendon quadricipital. Le tendon quadricipital s'insère sur la rotule, franchit en partie cet
os qu'il enveloppe et se confond avec le tendon rotulien fixé sur la tubérosité tibiale antérieure.
Le quadriceps est le seul extenseur de la jambe. Il est également fléchisseur de la cuisse sur le
bassin par le droit antérieur.
= Couturier
Le couturier est un muscle long et fusiforme qui s'étend de l'épine iliaque antéro-supérieure au
tibia, sur lequel il se fixe au niveau de la patte d'oie. Il croise obliquement le quadriceps de dehors en
dedans, puis contourne le condyle interne avant de s'insérer sur le tibia par un tendon commun avec le
demi-tendineux et le droit interne. Le couturier est un fléchisseur de la jambe sur la cuisse et de la
cuisse sur le bassin.
+ Muscles postérieurs
Les muscles postérieurs sont au nombre de trois, le demi membraneux, le demi-tendineux et le
biceps. Ces trois muscles, du fait de leur insertion sur l'ischion et la jambe constituent le groupe des
ischio-jambiers.
= Demi-tendineux
Le demi-tendineux est un muscle fusiforme qui prend ses insertions au niveau de l'ischion par
un tendon commun à la longue portion du biceps à la face postérieure de la tubérosité ischiatique. Le
demi-tendineux descend obliquement vers le condyle interne et s'attache sur le tibia en arrière du
couturier, au niveau de la patte d'oie. Son tiers inférieur est constitué d'un tendon fin et long. Le demitendineux est fléchisseur de la jambe, extenseur de la cuisse sur le bassin et rotateur interne de la
jambe.
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= Demi-membraneux
Le demi-membraneux est un muscle aplati et mince. Il s'insère en haut sur la partie externe de
la tubérosité ischiatique par une membrane tendineuse qui se prolonge jusqu'au milieu de la cuisse. Au
niveau du condyle interne son tendon terminal se divise en trois: le premier, ou tendon direct, gagne la
partie postérieure de la tubérosité interne, le second (tendon réfléchi) passe sous le ligament latéral
interne du genou, et se fixe en avant dans la gouttière horizontale de la tubérosité interne tibiale, enfin
le troisième, ou tendon récurrent, constitue le ligament poplité oblique. Le demi-membraneux est
extenseur de la cuisse sur le bassin, fléchisseur et rotateur interne de la jambe.
= Biceps
Le biceps est le plus volumineux des muscles postérieurs de la cuisse. Contrairement au biceps
brachial sa courte portion est mono-articulaire. La longue portion du biceps s'insère avec le demitendineux sur la face postérieure de la tubérosité ischiatique. La courte portion prend naissance au
niveau de la ligne âpre entre le grand adducteur et le vaste externe. Ces deux muscles se rejoignent au
tiers inférieur de la cuisse pour former un tendon commun qui s'insère sur la tête du péroné et sur
l'apophyse styloïde, mais aussi sur la tubérosité externe du tibia. Le biceps est fléchisseur de la jambe.
Cette manœuvre étant réalisée il devient extenseur de la cuisse sur le bassin par sa longue portion et
rotateur externe de la jambe.
+ Muscles internes
Tous les muscles de cette région sont des adducteurs de la cuisse. Ils sont classés en fonction
de leur profondeur. D'arrière en avant se trouvent respectivement le grand adducteur, le petit
adducteur, le pectiné, le droit interne et le moyen adducteur.
= Grand adducteur
Le grand adducteur est un muscle triangulaire qui s'étend des deux tiers postérieurs de la
branche ischio-pubienne et de la tubérosité ischiatique à la ligne âpre fémorale et au tubercule du
grand adducteur (au-dessus du condyle interne). Lors de son trajet le grand adducteur se divise en trois
faisceaux qui se croisent comme une draperie. Le faisceau supérieur, pratiquement horizontal, se
termine sur la lèvre interne de la branche externe de la ligne âpre, le faisceau moyen, plus oblique,
décrit un trajet très similaire à celui du précédent pour se fixer sur la ligne âpre, enfin le faisceau
inférieur, encore appelé grande portion, se dirige verticalement vers le tubercule du grand adducteur.
Le grand adducteur est adducteur de la cuisse sur le bassin.
= Moyen adducteur
Le moyen adducteur est un muscle triangulaire, aplati, situé à la partie superficielle de la loge
interne, sous le pectiné. Il s'insère en haut à l'angle du pubis, descend obliquement en dehors pour se
fixer sur la partie moyenne de la ligne âpre. Son insertion pubienne se confond avec les muscles
abdominaux (grand droit, grand oblique et pyramidal de l'abdomen), formant un rideau tendineux
prépubien, particulièrement vulnérable. Le moyen adducteur est adducteur, fléchisseur et rotateur
externe de la cuisse.
= Petit adducteur
Le petit adducteur s'insère sur la branche ischio-pubienne par un court tendon. Le muscle se
divise ensuite en deux faisceaux qui gagnent la branche externe de la ligne âpre. Il est situé entre le
moyen adducteur en avant et le grand adducteur en arrière. L'angle qu'il forme avec le fémur lui donne
une très grande force d'adduction. Comme le grand adducteur il est également fléchisseur et rotateur
externe de la cuisse.
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= Pectiné
Le pectiné prend naissance au niveau du pubis par une insertion en V ouvert en haut et en
dehors. Les deux corps charnus issus de cette insertion fusionnent juste avant de s'insérer sur le fémur,
au niveau de la branche moyenne de la trifurcation de la ligne âpre. Comme le petit et le moyen
adducteur le pectiné est également rotateur externe et fléchisseur de la cuisse.
= Droit interne
Le droit interne est un muscle aplati situé à la partie la plus interne de la cuisse. Il prend
naissance au niveau de la lame quadrilatère du pubis, le long de la symphyse pubienne, descend
verticalement pour gagner son insertion commune avec le demi-tendineux et le couturier (patte d'oie).
Le droit interne est adducteur et fléchisseur de la jambe.
+ Muscle externe
Un seul muscle longe la cuisse sur son bord externe, le tenseur du fascia lata. Ce muscle, qui
ne présente aucune insertion fémorale, est décrit dans les paragraphes destinés à la hanche pour son
extrémité supérieure et dans celui consacré au genou pour son insertion inférieure.
2. PHYSIOLOGIE
Les muscles de la cuisse sont soumis à deux types de stimulation. La première correspond à la
lutte antigravitaire, c'est-à-dire aux contractions réflexes permanentes des muscles antérieurs et
postérieurs (agonistes et antagonistes), tandis que la seconde est en rapport avec le mouvement
volontaire de l'individu, et dans le cas du sportif, très différent d'un athlète à l'autre, en fonction de sa
discipline. A ces deux contraintes s'ajoutent celles engendrées par l'allongement des chaînes
musculaires postérieures survenues lors du changement de mode de locomotion.
+ Lutte antigravitaire
La lutte antigravitaire s'est considérablement modifiée lors du passage de la position bipède
sporadique à celle de bipède permanent. Chez les premiers individus la marche debout, la jambe et la
cuisse fléchies de quelques degrés donne au quadriceps un rôle majeur de lutte contre la gravitation.
Le muscle est volumineux, puissant et le rapport quadriceps/ischio-jambiers très élevé. Inversement
chez les bipèdes permanents, la rectitude de la cuisse et de la jambe reculent l'axe des forces verticales
engendrées par la gravitation, les structures osseuses étant pratiquement situées dans l'axe de ces
forces. La position verticale est alors assurée par des contractions antérieures et postérieures sans
donner une véritable prédominance à l'un ou l'autre groupe. Dans ces conditions le quadriceps est
spontanément plus faible et le rapport quadriceps/ischio-jambiers moins élevé.
+ Contractions volontaires
Les contractions volontaires des muscles de la cuisse sont en rapport avec le type d'activité
pratiquée. Le risque de déséquilibre antéro-postérieur, et les pathologies qui en résultent sont donc
fonction de l'importance des stimulations musculaires et de l'intérêt que le sujet porte à maintenir cet
équilibre.
= Stimulation du quadriceps
Le quadriceps est particulièrement stimulé lors de la pratique des exercices d'extension de la
jambe sur la cuisse et des flexions en charge.
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= Stimulation des ischio-jambiers
Les ischio-jambiers sont utilisés pour propulser le corps en avant lors des déplacements
rapides (course) ou pour fléchir la jambe lors des mouvements de flexion/extension du cyclisme.
Ces déséquilibres musculaires relatifs à l'activité elle-même, doivent être combattus par des
programmes de musculations spécifiques destinés à assurer l'intégrité des masses musculaires les plus
faibles. La musculation interviendra toujours après une phase d'étirements des structures musculaires.
+ Physiologie des adducteurs
Les adducteurs sont très sensibles aux brusques déplacements latéraux, et aux
microtraumatismes engendrés par des appuis plantaires de mauvaise qualité lors de la course. Ils sont
d'autre part soumis à des étirements excessifs dans de nombreuses activités pratiquées en souplesse
(danse, gymnastique...). Au cours de l'évolution la physiologie de ses muscles s'est considérablement
modifiée. Chez les primates l'obliquité externe du fémur, à l'origine du varus du genou confère à ces
muscles un rôle antigravitaire important. Cette position assure à ces muscles une très grande force
d'adduction. Le valgus physiologique acquis chez les bipèdes modifie totalement la biomécanique de
cette région. La contraction des adducteurs est à l'origine d'une force pratiquement verticale dont la
composante horizontale (adductrice) est très faible. Cette particularité explique la grande fragilité de
ces muscles et leurs difficultés physiologiques à gérer les contraintes imposées par l'activité sportive.
La pubalgie basse est le reflet de cette incapacité à résister aux tractions verticales de ces muscles sur
le réseau tendineux prépubien.
+ Contraintes musculaires postérieures
Les contraintes musculaires postérieures résultent de l'allongement des chaînes musculaires de
cette région, rendu indispensable par le travail en extension de la jambe en position debout. Malgré un
étirement quasiment permanent de ces structures lors de la marche ou des mouvements réalisant des
flexions antérieures du tronc, jambes tendues, les ischio-jambiers tendent à se raccourcir par un
processus très rapide et difficilement réversible. Leur stimulation lors de la course notamment
accentue ce phénomène. Ces différences de caractéristiques mécaniques entre les muscles antérieurs et
postérieurs sont à l'origine d'un déséquilibre très dangereux pour l'intégrité de ces structures qui
devront perpétuellement être étirées. L'ensemble de ces modifications évolutives décrites sous le nom
de "Syndrome de Lucy" par l'auteur retentissent sur le fonctionnement dynamique des articulations sus
et sous-jacentes (genou, hanche, sacro-iliaque). Elles sont à l'origine de très nombreuses pathologies
macro ou microtraumatiques du membre inférieur:
= Microtraumatiques
. Tendinite d'Achille
. Pubalgies
. Syndrome fémoro-patellaire
. Lombalgies fonctionnelles
. Tendinite des adducteurs
= Macrotraumatiques
. Rupture du droit antérieur
. Claquage des ischio-jambiers
. Claquage du jumeau interne
. Claquage des abdominaux
Le sportif se trouve ainsi dans l'obligation permanente de lutter contre l'inadaptation de ses
structures propulsives au risque de se blesser gravement. L'étirement des ischio-jambiers et le
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renforcement des chaînes musculaires antérieures doivent être un souci permanent des sportifs et de
leurs entraîneurs.
3. TRAUMATOLOGIE
La traumatologie concernant la cuisse est essentiellement musculaire. Le fémur du fait de sa
très grande résistance n'est brisé que dans des circonstances exceptionnelles.
3.1 FRACTURE
+ Fracture du fémur
La fracture du corps fémoral est un accident du jeune sportif par opposition aux fractures du
col ou de la tête.
= Etiologie
Il s'agit dans tous les cas d'un choc extrêmement violent provoqué par une chute en porte à
faux ou un coup.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le blessé a ressenti une très vive douleur au niveau de la cuisse accompagnée d'un
craquement. Il est totalement impotent. Le bilan clinique s'attachera essentiellement à apprécier le
degré du choc (conscience, pouls, pression artérielle), l'existence d'une plaie et l'importance de
l'hématome.
. Examen radiologique
Pratiqué en préopératoire, il précisera le type de fracture (verticale, oblique, spiroïde...), le
déplacement, ainsi que le nombre des fragments. Les principales déformations consistent en: une
rotation externe du fragment inférieur, un déplacement en dedans secondaire à la traction des
adducteurs, une ascension du fragment inférieur.
= Traitement
Il est toujours chirurgical par clou centro-médullaire, plaque vissée ou fixateur externe. Le
retour sur les terrains ne sera autorisé qu'en fonction de la qualité du cal et du type de sport pratiqué
(trois à six mois). L'ablation du matériel sera réalisée entre 12 et 18 mois après l'intervention.
3.2 ATTEINTES MUSCULAIRES ET TENDINEUSES
Elles constituent la grande majorité des lésions observées au niveau de la cuisse. Les atteintes
musculaires concernent les trois groupes musculaires, quadricipitaux, adducteurs et ischio-jambiers.
Le quadriceps est le plus volumineux des muscles et aussi le plus fort. La pathologie de ce
muscle chez l'enfant est sensiblement différente de celle observée chez l'adulte. En effet la moindre
résistance de l'insertion haute du droit antérieur sur le bassin et la fragilité de la tubérosité tibiale
antérieure font que les ruptures du droit antérieur (relativement fréquentes chez l'adulte) n'existent pas
chez l'enfant. Les mouvements brusques en extension de la jambe sur la cuisse ou de flexion de la
cuisse sur le bassin seront à l'origine d'arrachements osseux mais respecteront l'intégrité du muscle.
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Le vaste externe et le crural pourront être l'objet de traumatismes directs par écrasement, coups de
genou ou de pied, chute sur une surface dure. Le risque essentiel est l'apparition d'un hématome
profond susceptible de se calcifier ultérieurement.
Le vaste interne de par sa fonction adductrice est certainement le chef le moins stimulé du
quadriceps. Cette particularité fait que ce chef musculaire est souvent insuffisamment développé (très
net chez les enfants longilignes en période pubertaire). Cette amyotrophie relative peut être à l'origine
d'un dysfonctionnement passager de l'articulation fémoro-patellaire. Une musculation isométrique
devrait être systématiquement proposée aux sportifs pratiquant une activité de course.
+ Hématome du crural
Le crural est le plus profond des muscles du quadriceps, c'est aussi celui qui est le plus proche
du fémur, donc le plus sujet à s'écraser contre cet os.
= Etiologie
Tout choc direct sur la face antérieure de la cuisse est susceptible d'engendrer un saignement
intra-aponévrotique du crural.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur profonde de la face antérieure de la cuisse, le plus
souvent située au tiers moyen, ne permettant pas l'appui au sol du membre lésé. A l'examen la peau est
tendue et rénitente, de température comparable au côté opposé, il n'existe pas d'hématome superficiel.
La pression du doigt augmente la tension douloureuse.
. Examen radiographique
L'échographie pratiquée trois ou quatre jours après le choc visualise un volumineux hématome
(cinq à huit centimètres de long pour une épaisseur de un à trois centimètres), profondément situé,
localisé à la face antérieure du crural, entre ce muscle et le droit antérieur.
= Traitement
Il consiste comme pour tout hématome du membre inférieur à placer le membre en décharge, à
limiter les automassages et à glacer. La prescription de physiothérapie peut diminuer significativement
le temps de régression de cet hématome. Cette localisation est une des plus longues à se régulariser
(deux à trois semaines).
+ Rupture du droit antérieur
Le droit antérieur, comme beaucoup de muscles biarticulaires est particulièrement fragile et
sujet à des ruptures totales.
= Etiologie
La rupture survient lors d'un étirement brutal de la cuisse ou d'une extension contrariée. La
rupture du droit antérieur survient plus volontiers chez un sportif de 30 à 40 ans, fatigué ou
insuffisamment échauffé.
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= Diagnostic
. Examen clinique
De manière assez classique le sportif consulte souvent à distance de son accident parce qu'il
est inquiet de l'apparition de deux tuméfactions siégeant au dessus du genou et à la racine de la cuisse.
Cette pathologie passe en effet souvent inaperçue lors de l'accident du fait de son caractère peu
douloureux. Le sujet ressent comme "un coup de genou", et termine généralement la partie. A
l'examen de profil le quadriceps présente en son milieu une dépression, accentuée par les rétractions
musculaires distales. La palpation est indolore, la motricité conservée, de même que la force
musculaire.
. Examen radiographique
L’échographie montre deux moignons flottant dans un liquide séro-sanglant. L'aponévrose
étant rompue il n'existe pas de risque de voir se constituer un hématome profond.
= Traitement
En général l'abstention est de règle. La suture chirurgicale ne donne pas de bons résultats si le
patient est examiné à plus de 48 heures, ce qui est habituel dans cette pathologie. La cicatrisation est
spontanée en quelques semaines. La rééducation consistera à renforcer le triceps restant. Sur le plan
fonctionnel le sportif peut être considéré comme normal.
+ Claquage du quadriceps
Les claquages quadricipitaux concernent les vastes et le droit antérieur, le crural, du fait de son
type d'insertion étant peu touché par cette pathologie.
= Etiologie
Les causes de claquages sont très proches de celles décrites pour les ruptures quadricipitales
Cependant elles concernent plus volontiers des sujets jeunes (20 à 30 ans), très musclés mais
insuffisamment étirés.
= Diagnostic
. Examen clinique
Contrairement à la rupture la douleur est brutale, intense, en coup de fouet et nécessite dans
tous les cas l'éviction du joueur. Le joueur ressent comme un déchirement, parfois accompagné d'un
bruit. La palpation permet de localiser le muscle concerné et d'évaluer l'étendue du claquage. La
contraction quadricipitale est impossible du fait de la douleur.
. Examen radiologique
L'échographie note l'importance des lésions, de la simple déchirure localisée (désorganisation
des fibres musculaires et œdème) sans hématome, à l'épanchement sanglant majeur, noyant la région.
Dans ce dernier cas l'hématome est toujours antérieur au crural et localisé dans une aponévrose.
= Traitement
Le claquage quadricipital nécessite une cryothérapie immédiate, la mise en décharge du
membre et la prescription d'AINS. Après l'échographie, on débutera une kinésithérapie à visée
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antalgique et anti-inflammatoire. La rééducation ne débutera qu'après la résorption de l'hématome. Elle
comprendra des étirements et une remusculation du quadriceps.
+ Tendinite quadricipitale
La tendinite quadricipitale est une pathologie de l'adulte jeune. Moins fréquente que la
tendinite rotulienne, elle répond plus facilement au traitement.
= Etiologie
L'apparition de cette tendinite est favorisée par l'existence d'un quadriceps rétracté et/ou
insuffisamment musclé, et le port de chaussures présentant un talon trop élevé.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le diagnostic est assez facile à poser compte tenu de la localisation sus-rotulienne de la
douleur. Il s'agit habituellement d'une douleur d'intensité modérée, plus intense à froid, relativement
calmée par l'activité sportive. A l'examen le tendon quadricipital est globalement douloureux, sans
zone exquise. La palpation peut mettre en évidence une atteinte des fibres du droit antérieur et des
vastes au niveau du franchissement antérieur de la rotule. Dans ce cas il est parfois possible de palper
des nodules fibreux. La recherche d'une douleur quadricipitale en extension contrariée est inutile et
peu probante. L'examen se terminera par une mesure des rétractions quadricipitale (distance talon
fesse) et ischio-pubienne (test de Wallace).
. Examen radiologique
Les clichés de face et de profil sont strictement normaux. En présence d'une tuméfaction
antérieure il peut être intéressant de pratiquer une échographie pour explorer la qualité du tendon et la
nature du nodule (liquidien ou fibreux). Un scanner des genoux permettra de vérifier l'absence de
trouble de la dynamique rotulienne, facteur favorisant le développement de cette pathologie.
= Traitement
Comme pour toute atteinte tendineuse microtraumatique la thérapie doit être précédée d'une
enquête étiologique sérieuse destinée à supprimer l'origine de la tendinite (statique des membres
inférieurs, étude des rétractions et de la dynamique rotulienne, examen des chaussures, modification
de l'entraînement (de l'intensité, de la technique ou de la surface)... Le traitement ne nécessite
qu'exceptionnellement l'utilisation d'AINS per os. Le caractère très "superficiel" du tendon
quadricipital (le tendon du crural n'est jamais atteint) autorise un traitement kinésithérapique par
ultrasons et ionisations. En cas d'atteinte dégénérative fibreuse (tendinose) le MTP et/ou les ultrasons
viennent aisément à bout de cette tendinite.
+ Rétraction et contracture des ischio-jambiers
La contraction douloureuse des ischio-jambiers est une pathologie fréquente, avant coureuse
de claquages ou de ruptures.
= Etiologie
La contracture des ischio-jambiers a pour origine une rétraction de ces masses musculaires. Ce
phénomène, à l'origine du syndrome de Lucy, est en rapport avec une inadaptation parfaite à notre
situation de bipède. Toutes les activités physiques de course, c'est à dire réalisant un travail en position
semi-fléchie de la jambe aggravent ces rétractions.
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= Diagnostic
. Examen clinique
Le sujet consulte pour des douleurs généralisées de la loge postérieure de la cuisse, souvent
responsables de crampes. A l'examen les masses musculaires sont tendues, globalement sensibles sans
qu'aucun point douloureux ne soit perceptible. La rétraction est mesurée par le test "mains sol" et de
Wallace. Ce dernier test consiste à mesurer l'angle de la jambe et de la cuisse, le sujet étant en
décubitus dorsal, une cuisse placée à 90° de flexion (l'autre étant étendue). L'examinateur maintient la
cuisse verticale tandis qu'avec son autre main, placée au niveau de la cheville il étend, la jambe sur la
cuisse. L'angle est mesuré quand l'extension se trouve bloquée. On s'assurera que le sportif ne fausse
pas la manœuvre en décollant les fesses de la table (par bascule du bassin), ou ne fléchit pas l'autre
jambe. Chez les sujets souples l'angle est de 0°, les sujets sont rétractés au-delà de 15°. Certains
sportifs peuvent présenter des angulations de plus de 45°.
. Examen radiologique
Le seul examen susceptible de présenter un intérêt consiste en la réalisation de clichés du
bassin de profil, le sujet étant debout. Trois clichés sont demandés:
- En position verticale
- En flexion antérieure maximale du tronc
- En flexion antérieure maximale, le bassin étant retenu par une sangle.
Les mesures des angulations entre le plateau sacré et les fémurs permettent d'apprécier
l'importance des rétractions et de suivre l'évolution du traitement.
= Traitement
Le traitement consiste à:
. Etirer le sportif en cabinet de kinésithérapie (10 séances).
. Apprendre au sportif à s'étirer avant et après les entraînements et les compétitions.
. Rééquilibrer les musculatures antérieures et postérieures.
+ Rupture du biceps
La rupture de la longue portion du biceps est un accident relativement fréquent mais assez peu
évoqué lors de l'élaboration du diagnostic.
= Etiologie
La rupture survient lors d'un étirement brutale de la cuisse (sprint, saut), la loge postérieure
étant en extension. Elle se produit plus volontiers chez des sportifs très musclés et rétractés.
= Diagnostic
. Examen clinique
Lors du saut le sportif a ressenti une violente douleur postérieure, en "coup de fouet", mais de
durée relativement courte, permettant parfois au sujet de reprendre son activité (football, rugby).
L'examen est assez pauvre, la douleur est difficile à localiser (1/3 supérieur), la rétraction du moignon
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impalpable du fait du caractère relativement grêle du long biceps. La loge postérieure est globalement
contractée et sensible.
. Examen radiologique
L'échographie pratiquée trois jours après l'accident est relativement pauvre (épanchement),
elle ne permet pas de visualiser la rupture. La tomodensitométrie du 1/3 supérieur de la cuisse permet
de visualiser, en comparatif avec le côté opposé, l'absence du long biceps.
= Traitement
L'abstention chirurgicale est de règle. On se contente généralement de réaliser quelques
séances de rééducation comprenant de la physiothérapie, des étirements et une remusculation des
chaînes postérieures.
+ Claquage et élongation des ischio-jambiers
Les ischio-jambiers sont au nombre de trois : le biceps, le demi-tendineux et le demi-membraneux.
= Etiologie
Les pathologies des ischio-jambiers varient en fonction de l'âge du sportif:
- Chez le jeune enfant, les ischio-jambiers ne constituent pas le point faible du
système fléchisseur du genou qui se situe au niveau de leurs insertions hautes sur
l'ischion.
- Chez l'adolescent, les ischio-jambiers constituent un système à haut risque du
fait de leur structure riche en lames tendineuses faiblement élastiques et de leur
tendance à se rétracter.
Les lésions observées sont des élongations, des claquages et plus rarement des ruptures
musculaires (plus fréquentes sur le biceps crural).
= Diagnostic
. Examen clinique
Cliniquement, le sportif ressent une violente douleur postérieure lors d'un saut ou d'un
démarrage brusque au niveau du 1/3 moyen et postérieur de la cuisse.
. Examen complémentaire
Le diagnostic est confirmé par l'échographie pratiquée quatre à cinq jours après l'accident
(désorganisation de la structure fibrillaire, œdème, épanchement hématique).
= Traitement
Le traitement associe la cryothérapie, la décharge du membre et de la kinésithérapie
immédiate, enfin une rééducation par étirements. Compte tenu du haut risque de lésions des ischiojambiers, il est indispensable d'apprendre aux athlètes la pratique des étirements postérieurs actifs
avant chaque entraînement
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+ Claquage du grand adducteur
= Etiologie
Deux mécanismes lésionnels sont habituellement décrits:
+ Passif, par étirement
+ Actif, lors de la course et surtout des changements brusques de direction ou les contres.
Le claquage se produit le plus souvent au niveau du 1/3 moyen, 1/3 supérieur du grand adducteur sur
un mouvement contré ou un étirement violent involontaire.
= Diagnostic
. Examen clinique
L'impotence fonctionnelle est immédiate, empêchant la marche. A l'examen, le muscle est
souvent contracté et hyperalgique. Il est rare de constater un hématome superficiel.
. Examen radiographique
L'échographie, pratiquée au quatrième jour recherchera un éventuel hématome profond, assez
rare à ce niveau.
= Traitement
. Glacer la région douloureuse
. Placer le membre en décharge
. Mettre en place une kinésithérapie précoce anti-inflammatoire (physiothérapie)
La durée de la décharge varie de 15 jours à 3 semaines, la reprise du footing est généralement
autorisée (dans l'axe) entre 3 semaines et un mois, la reprise des dribbles sera fonction de la clinique et
de l'avancement de la rééducation (étirements).
+ Tendinite d'insertion haute des adducteurs
= Etiologie
Contrairement au claquage, cette pathologie survient progressivement à la suite de
microtraumatismes répétés (stage, entraînement sur terrain dur, élongation tendineuse non traitée,
mauvais appui plantaire, rétraction des muscles ischio-jambiers...).
= Diagnostic
. Examen clinique
Plus douloureuse à "froid" qu’à "chaud", elle peut se transformer peu à peu en pubalgie, ou
dégénérer en tendinose. A l'examen, il existe une douleur exquise à la palpation du tendon ou de son
insertion sur la branche pubienne, potentialisée par l'adduction contrariée et l'abduction forcée.
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. Examen radiographique
Si la lésion est ancienne, l'échographie peut montrer un tissu fibrosé.
= Traitement
. Toujours rechercher la cause de la tendinite en insistant sur l'interrogatoire.
. Simultanément arrêter toute activité sportive douloureuse, glacer la région douloureuse trois fois
par jour, prescrire des AINS per os.
. La kinésithérapie sera anti-inflammatoire au stade de la tendinite (physiothérapie), ou
défibrosante par des massages transverses profonds au stade de la tendinose.
La reprise sera progressive, et toujours précédée de séances d'étirements des adducteurs. En cas de
douleurs résiduelles cicatricielles, il sera proposé au sportif de "casser" la cicatrice par étirements et
massage transverse profond.
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