Sud Ouest 22 juin 2015

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Sud Ouest 22 juin 2015
Date : 22 JUIN 15
Journaliste : Benjamin Ferret
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 280453
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Landes
Le toc rapporte et
TRIBUNAL DE DAX La haute joaillerie
poursuit les fondateurs de Camille
& Lucie. Déjà condamné, ce couple
a continue d'importer et vendre des
bijoux inspirés de modèles prestigieux
BENJAMIN FERRET
b.ferret@sudou est.fr
hristian Dior, Chanel, Cartier,
Van Cleef & Arpels, Paco Ra
banne, Freë et Poiray. Maîs
aussi Boucheron, Chaumet, Versace, Yves Saint Lam ent et Bulgan
Les enseignes les plus prestigieuses de la place Vendôme se retrouvent cet après-midi au tribunal correctionnel de Dax, comme cela
était déjà le cas au mois de mars
2007. Alors reconnus coupables
d'avoirimporté et vendus des contrefaçons, les créateurs de la marque Camille & Lucie se voient à
nouveau mis à l'index par la haute
joaillerie internationale.
Le toc chic que Camille & Lucie
vend moins dè 50 euros sous la
forme de bagues, bracelets, colliers
et autres bi] oux fait tiquer les grandes maisons. « Cela concerne des
actes de contrefaçon de propriété
artistique par copie de création originale de modèles de bijoux pour
lesquels la société poursuivie et ses
dirigeants ont déjà été condamnés », explique pour l'exemple un
responsable de la communication
dechezChannel.Un coupled'Hossegor, Corinne et Jean-Pierre Landeau, avait pour ambition de faire
de leur marque la « numéro i du
luxe jetable ».Un véritable concept,
avec des bij oux commandes à très
bas prix en Chine et inspirés des
créations emblématiques des hautes maisons. Représentante de la
jet-set, Marlène était venue louer
ses mains à Camille & Lucie pour
les drx ans de la marque, fêtés à
Capbreton lors d'une soirée blanche où le couple envisageait de
doubler ses 3,5 millions de chiffre
d'affaires annuels et de compter
sur plus d'une centaine de points
de vente au travers le monde.
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C
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« Jamais eu d'ambiguïté »
Le succès commercial de cette société Camille CL Lucie non démenti depuis - va de pair avec une
bataille juridique qui a, jusqu'alors, toujours vu le couple
Landeau et leur société être condamnés «II n'y a jamais eu d'am
biguité Les clientes savent que
pourSO euros, elles n'achètent pas
de bijoux précieux », assumait Camille Landeau, née Camillucci, lors
de l'audience de première instance de 2007.
Cette absence de confusion entre luxe et pacotille n'a pas empêché les tribunaux de juger que ces
bijoux» tendance »ou« d'inspiration » contrevenait au code dè la
propriété intellectuelle et son article Llll-1. « L'auteur d'une œuvre
j ouit sur cet œuvre, du seul fait de
sa création, d'un droit de propriêté incorporelle et opposable à
tous.»
Sanctionnés de 690 DOO euros
d'amende et de dommages et intérêts, les époux Landeau ont vu
leur peine doublée en appel, à Pau
en juin 2008. Celle-ci était confirmée l'année suivante par la Cour
de cassation de Paris, suite au pourvoi formé par Camille & Lucie.
Jean-Pierre Landeau pointaitalois
l'acharnement des joailliers de
luxe à faire disparaître la bijouterie fantaisie. « Le fond du problème, c'est que la joaillerie de luxe
commercialise maintenant des bijouxàSO ou 60 euros, s'mtéresseà
notre clientèle... Et donc veut
nous fairedispaïaîtie. »
Malgre une sanction financière
de plus d'1,4 million d'euros à
payer, la marque Camille & Lucie
semble avoir continue à prospérer
La dissolution de la sociêté - demandée par le ministère public
des ses premières réquisitions n'ayant jamais été piononcée,
celle-ci a investi l'Internet au travers d'une boutique virtuelle. En
mai 2014, l'enseigne a même fait
son retour au centre-ville de Bordeaux avec des bijoux Carin rings,
une société créée par le couple à
Miami.
Poursuite des importations
Dejuin2007aseptembre2009,« la
société Camille CL Lucie a poursuivi ses importations et sa commercialisation » de bijoux jugés contrefaisant, comme le note le
procès-verbal de synthèse que
« Sud Ouest » a pu consulter : « Les
bi] oux reconnus contrefaisant les
droits d'auteur [...] s'évaluent à
99 762 pièces.»
CARTIER 9612934400507