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TECHNOLOGIE
Le JF-17 pakistanais
Cet avion de combat développé en collaboration avec la Chine va équiper la force aérienne pakista nais
lors que l’Inde a lancé un appel d’offres pour 126 avions de combat multirôles, le Pakistan veut moderniser
sa flotte. Pour la force aérienne pakistanaise (PAF), il s’agit de ne pas se laisser
distancer dans la course à l’armement qui
l’oppose à son ennemi historique. Le
30 juin 2009 a donc commencé la production en série du JF-17 “Thunder”, un
avion de combat léger multirôle de technologie chinoise, dans une usine flambant
neuve du complexe aéronautique de
Kamra, à 80 km d’Islamabad. Les pièces
détachées et les systèmes embarqués sont
importés de Chine tandis que 300 ingénieurs et techniciens chinois épaulent les
Pakistanais dans l’assemblage final.
Le 23 novembre, le premier exemplaire de
série produit au Pakistan a fait sa sortie
d’usine devant un parterre d’officiels et de
PAF
A
Vers une version mieux équipée ?
Pour la 2e tranche, qui devrait faire suite
aux 42 appareils du 1er lot de production,
le Pakistan a demandé à la France divers
systèmes embarqués. Lors d’une réunion
qui s’est tenue au Salon du Bourget cette
année avec des industriels français, la PAF
a transmis une liste d’une trentaine d’équipements dont elle souhaiterait doter son
chasseur. Y figuraient notamment le pod
Damocles et le radar RC400 de Thales, ainsi
que les missiles air-air Mica et antinavire
Exocet de MBDA. L’intégrateur ATE s’est
déclaré candidat à ce chantier (cf. A&C
n° 2189) et propose aussi d’équiper le JF17 d’une centrale inertielle Totem de Thales.
Astrac, un consortium réunissant Sagem et
Thales et qui mène à bien la modernisation
des Mirage F1 marocains, s’est également
déclaré intéressé par le programme. En plus
des systèmes déjà évoqués figuraient le
canon Nexter de 30 mm (en service sur le
Rafale), une suite optronique, un équipement IFF, des équipements de guerre électronique et des contre-mesures. Par ailleurs,
Alkan, leader dans le domaine des pylônes
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et éjecteurs d’armement, a été approché.
Cependant, ces sociétés attendent le feu
vert de l’Etat français qui craint que ces
technologies ne tombent entre les mains
de la Chine. La Direction générale de l’armement (DGA) demande donc des garanties. La France veut ainsi s’assurer que les
chaînes de montage du premier et du
second lot seront séparées sur le site de
Kamra. A noter que Thales avait déjà été
contacté pour la fourniture de systèmes
embarqués pour le premier lot, après la
levée des sanctions contre le Pakistan, mais
le groupe n’avait pas donné suite de peur
d’une fuite de technologie.
Mais la France n’est pas seule à convoiter
ce marché. D’autres pays ont également été
contactés pour l’équipement du second lot,
dont l’Italie. Les entreprises françaises sont
notamment en concurrence avec Selex
Galileo, filiale de Finmeccanica qui espère vendre son radar Grifo S-7 ou bien encore son
Vixen 500E, un petit radar à balayage électronique actif (AESA) taillé sur mesure pour
le retrofit de petits avions de combat. Le premier JF-17 de série produit au Pakistan a
Il est le premier d’un lot initial de 42 appareils dotés d’
journalistes chinois et pakistanais. Au total,
une première tranche de 42 avions sortira
des chaînes d’assemblage. La PAF vise un
rythme de production d’un à deux appareils par mois. Les premiers exemplaires
rejoindront la base aérienne de Peshawar,
dans le nord-ouest du pays, d’ici la fin de
l’année et, si les délais de production sont
respectés, un premier escadron pourrait
être constitué en milieu d’année prochaine.
Au total, la PAF veut acquérir au moins
150 appareils qui remplaceront tous ses
chasseurs d’ancienne génération : A-5, F7P, Mirage III et Mirage V.
Historique. Le JF-17 Thunder est le pendant du FC-1/Super 7, un chasseur chinois dont la conception est assurée par le
Chengdu Aircraft Design Institute, la
China Aeronautical Technology Import and
Export Corporation (Catic) et la Chengdu
Aircraft Industry Company depuis la fin
des années 1980. A l’époque, la Chine souhaite remplacer le J-7, un MiG-21 “made
in China” dont le premier vol date
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ais sort d’usine
kista naise d’ici la fin de l’année. De futures versions pourraient recevoir des équipements occidentaux.
fiabilité de l’avionique chinoise, critiquant L’architecture s’appuie sur deux calculales performances insuffisantes du radar et teurs de missions, sur un calculateur de
de la centrale inertielle qui ne permet- gestion du système d’armes et sur un bus
traient pas d’effectuer des bombardements numérique MIL-STD-1553B.
de précision.
La PAF a longtemps hésité entre plusieurs
C’est finalement en mars 2009 que les radars, et souhaitait à l’origine équiper son
deux pays signent un contrat portant sur chasseur du radar RC400 de Thales ou du
la construction à l’usine de Kamra de Grifo S-7 proposé par Selex Galileo.
42 exemplaires du JF-17 pour 1 Md$, Finalement, elle a dû opter sur le premier
somme intégralement prêtée par la Chine lot pour un radar chinois, le Nanjing KLJà un taux préférentiel. La production en 7, qui donnerait au JF-17 une capacité de
série du JF-17 doit permettre à la PAF tir hors de portée visuelle grâce au misd’exporter l’appareil, dont le prix unitaire sile air-air chinois SD-10, dont la mise en
devrait avoisiner les 15 à 20 M$. Bref, un service sous les avions du premier lot de
chasseur rustique et bon marché qui inté- production n’est toutefois pas prévue avant
resse plusieurs pays en développement plusieurs mois. Plus généralement, l’incomme l’Egypte, le Sri Lanka, le certitude plane quant à l’armement du
Zimbabwe… Le
JF-17 : l’appareil
LE JF-17 EN CHIFFRES
Pakistan veut égaemmène
un
Longueur
14,97 mètres
lement l’exporter
canon de 23 mm
Masse à vide
6,4 tonnes
au Maroc. Pour la
et dispose de sept
Masse maximale
PAF, le JF-17
points d’emport.
au décollage
12,4 tonnes
n’est pas seuleLe moteur qui
Pakistan a fait son “roll-out” le 23 novembre.
Vitesse maximale Mach 1,6
ment un enjeu
l’équipe est un
eils dotés d’équipements chinois.
Rayon d’action
1.352 km
stratégique face à
Autonomie
2.037 km
Klimov RD-93
Moteur
Klimov RD-93
fabriqué
en
de 1966. Afin de partager les coûts de déve- l’Inde, c’est aussi
Poussée
49,4 kN à sec,
Russie, capable
loppement, elle décide de s’associer avec un enjeu écono84,4 kN avec postcombustion
de
délivrer
le Pakistan qui accepte de financer la moi- mique. L’appareil
tié du programme en échange de transferts a été conçu pour répondre aux besoins des 49,4 kN de poussée à sec (84,4 kN avec
de technologie dans l’assemblage final de pays pauvres souhaitant renouveler leur postcombustion) et qui permet au JF-17
l’avion. Un accord est signé en 1999 entre flotte de chasseurs MiG-21 russe et F-5 d’afficher une vitesse maximale de
chinois mais qui n’ont pas les moyens de Mach 1,6. Mais le Pakistan cherche à
les gouvernements des deux pays.
les moderniser ni de se changer de moteur pour les lots suivants.
Le premier prototype
procurer des appareils La Chine travaille à la mise au point du
affecté à la PAF,
Des prospects
coûteux à l’achat et à WS-13, un moteur dérivé du RD-93 pour
renommé JF-17, effecpour l’export
la
maintenance, le FC-1. Elle pourrait le fournir au
tue son premier vol le
25 août 2003. Un deuxième prototype est comme l’Eurofighter, le Rafale ou le F/A- Pakistan mais la PAF étudie d’autres
mis en service le 9 avril 2004. Fin 2006, 18 américain. Le Pakistan espère ainsi des options. La question du moteur est prila PAF reçoit deux prototypes supplé- retombées importantes en termes d’em- mordiale pour le retrofit du JF-17 que le
mentaires. Les essais en vol ont lieu à ploi. Déjà, 5.000 personnes travaillent sur Pakistan veut doter d’une avionique et d’un
système d’armes aussi modernes que posChengdu, en Chine. Ils permettent à la la chaîne d’assemblage de Kamra.
PAF de réaliser une série d’évaluations opé- Caractéristiques. La cellule du JF-17 est sible, ce qui alourdira l’appareil.
rationnelles.
composée d’alliages légers mais elle n’uti- Mise aux normes. La PAF a donc solliEn 2007, le Pakistan commande huit lise pas de matériaux composites. Le JF- cité Snecma afin de doter son chasseur
exemplaires de série à la Chine. Livrés en 17 disposerait de commandes de vols du moteur M88, qui équipe déjà le
pièces détachées, ils sont assemblés dans hydrauliques et de commandes de vols Rafale. Elle a aussi contacté plusieurs
l’usine de Kamra. Au terme de électriques quadruplex partielles (en tan- industriels occidentaux pour moderniser
1.000 heures d’essais en vol, les pilotes gage seulement). L’avionique est de l’avionique du JF-17 et son système
reprocheraient à l’appareil le manque de conception et de fabrication chinoise. d’armes. Ce marché porte sur 100 voire
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TECHNOLOGIE
PAF
A la fin des années
1990, Thomson
CSF, Sagem et
BAE étaient d’ailleurs prêts à répondre aux demandes
pakistanaises. Mais
en 1998, lorsque le
Pakistan réalisa ses
premiers essais nucléaires, des sanctions économiques
furent prises avant
d’être levées quelques années plus
tard.
Un prototype de l’avion vu au décollage.
Un millier d’heures d’essais en vol ont été réalisées.
Effort de défense.
Soucieux de pou250 appareils et représenterait un mon- voir rivaliser avec les Su 30 russes en sertant total d’environ 1 à 2 Md€. Cela fait vice dans l’armée de l’Air indienne, le
plus de dix ans que le Pakistan, peu Pakistan ne se limite pas au programme JFconfiant dans la technologie chinoise, 17. Début novembre, Islamabad a annoncé
veut doter le JF-17 d’une avionique et la signature d’un contrat de 1,4 Md$ avec
d’un armement occidental (cf. encadré). la Chine pour l’achat de 36 chasseurs
J-10. Et le 13 octobre dernier, le premier
de dix-huit F-16C/D Block 52 acquis au
titre du programme FMS “Peace Drive I”
effectuait sa sortie d’usine aux Etats-Unis.
Les premiers de ces appareils devraient
rejoindre le Pakistan à la mi-2010.
A moyen terme, l’achat d’une partie des
Mirage 2000-9 émiriens fait également
partie des options privilégiées par la PAF
pour remplacer la centaine de Mirage III/V
encore en service dans le pays. Les deux
pays sont diplomatiquement assez proches,
et les Emirats arabes unis auraient récemment fait don d’un lot d’une dizaine d’hélicoptères Super Puma au Pakistan. Mais
le projet d’achat des 2000-9 restera
conditionné aux capacités du pays, déjà très
endetté, à financer un tel effort d’équipement. Une contrainte qui pèse aussi sur
le financement de la 2e tranche du JF-17 :
sur les deux milliards d’euros nécessaires,
seule une petite moitié des fonds aurait à
ce jour été réunie.
EMMANUEL DERVILLE À ISLAMABAD
La Darpa au secours des ponts de porte-aéronefs
US NAVY
L’utilisation embarquée du MV-22 étendue et avec des températures encore pour la mise au point d’une solution pasOsprey serait à l’origine d’une usure pré- plus importantes (pouvant dépasser sive. Un revêtement d’une épaisseur
maturée des ponts d’envol des porte-aéro- 800 °C). Pour rappel, lors des phases d’at- maximale de 2,5 cm permettant une disnefs américains. C’est ce que révèle une terrissage vertical, le flux chaud s’échap- sipation thermique aussi bien en surface
étude de l’US Navy, qui rapporte que, si pant de la tuyère du JSF assure 45 % de qu’en dessous du pont d’envol (la température en surface ne devra
rien n’est fait, la durée de vie
jamais excéder les 100 °C), qui
théorique de certaines zones
soit économiquement aborpourrait être réduite de 40 %.
dable et avec une durée de vie
D’où des immobilisations et la
égale à celle du navire. Autre
mise en place d’importants
contrainte, ce revêtement
chantiers de réparation pour
devra être compatible avec le
ces navires.
traitement antidérapant appliEn cause, les gaz brûlants qui
qué habituellement sur les
s’échappent des tuyères des
ponts d’envol.
MV-22. Lors des phases
d’avant-vol (qui peuvent durer
Proposition. La remise des proplus d’une heure), ses moteurs
positions doit intervenir en jansystématiquement allumés sont
vier prochain en vue de l’atplacés en position verticale, laistribution d’un contrat de
sant les gaz chauds s’échapper
développement en octovers le bas. Il en résulte alors Le MV-22 Osprey use les zones d’envol des navires.
bre 2010. Une première
des dégâts très localisés non Les jets brûlants s’échappant de ses turbines créent des dégâts localisés.
démonstration (initialement
seulement sur le pont du
au sol) aura alors lieu en 2013,
navire, mais aussi sur les structures métal- l’effort propulsif. Avec le Harrier, le pro- en vue d’une certification en 2014.
liques se trouvant juste dessous.
blème ne s’était jamais véritablement posé, Les premiers navires à être équipés
F-35. Et le problème risque de s’aggraver ce dernier étant équipé d’un moteur moins devraient être le porte-hélicoptères USS
avec l’entrée en service du F-35B à atter- puissant et où la part d’air chaud contri- “Wasp” (LHD-1) et le futur navire d’asrissage vertical chez les Marines américains buant à l’effort propulsif vertical est saut amphibie USS “America” (LHA-6)
qui doit entrer en service en 2012. Un
(toujours donnée pour 2012). D’autant moins importante.
que pour ce dernier l’impact est différent : Pour contrer le problème, la Darpa et navire dont l’objectif premier est justement
l’exposition sera certes plus courte (moins l’Office of Naval Research (ONR) ont d’accueillir le MV-22 et le F-35B.
de deux minutes), mais sur une zone plus récemment lancé un appel à propositions FRANÇOIS JULIAN
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