Michel VION Président

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Michel VION Président
Michel VION Président
Michel Vion est né le 22 octobre 1959 à Moûtiers. Successivement skieur de haut niveau, Directeur Technique Alpin, DTN et Directeur de course d’équipementiers…Il est élu Président de la FFS en juin 2010.
Palmarès
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1982
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1985
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1982
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1981
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1978
: Médaille d’Or Combiné alpin à Schladming :
Victoire Coupe du Monde à Wengen
2e à Garmich (Arlberg-Kandahar)
et 1984 : Champion de France de Descente
: Champion de France Géant
Carrière
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1992 : Directeur Technique Alpin
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1999 / 2001 : Directeur Technique National
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2001 / 2005 Directeur Marketing Compétition Dynastar
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2005 / 2009 : Directeur Marketing Compétition Rossignol
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2010…Président Fédération Française de Ski
Michel Vion, 22 ans en 1982, devient le premier champion du monde de combiné version moderne, avec
descente et slalom spécifiques à l’épreuve.
C’était en 1982. A Schladming, en Autriche. L’apparition d’un combiné tout neuf. Une épreuve spécifique avec une vraie descente et un vrai slalom en deux manches, qui s’ajoutèrent au programme classique pour déboucher sur un vrai titre mondial du combiné. La FIS souhaitait, comme aujourd’hui avec
le super combiné, favoriser la renaissance des skieurs polyvalents.
Les jumeaux américains Mahre, Phil et Steve, stars du circuit avec Stenmark, décident de ne pas jouer
le jeu. Menu devenu trop copieux pour eux. Mais le Suisse Peter Luescher, vainqueur du classement général de la Coupe du monde en 1979, ou des talents multiples comme Andreas Wenzel, Bojan Krizaj ou
Anton Steiner sont au portillon. Côté Français, les deux Michel, Canac et Vion, a priori des slalomeurs,
foncent aussi.
Peu de gens savent que le jeune Vion, 22 ans, a un petit passé « toutes disciplines » : 1er minime en slalom et en géant, 2e de la descente des Championnats de France Perrier, 27e mondial en géant à 17 ans,
dans le top 15 plus tard en slalom. Il a passé l’été 1981 à s’entraîner à la vitesse en Nouvelle-Zélande, en
prévision de ce combiné de Schladming.
Ce 5 février 1982, en haut de la fameuse piste Planai, il est prêt : « Ce n’est pas une descente pour rire
! Il avait neigé et plu les jours précédents, puis le beau temps revenu, regelé par dessus. Glace bleue. »
4è du slalom couru avant la descente à cause de la météo exécrable, le skieur de Pralognan part après
les cadors en descente : « Autour du dossard 20… Et, au départ, on inscrivait sur une ardoise les points
(conversion des temps du slalom et de la descente) des leaders. Peter Luescher étant premier provisoire
devant Steiner, j’ai pu calculer le temps que je devais faire. » Malgré cette distraction, Michel est dans
sa course : « J’étais hyper concentré, bien échauffé. J’avais tout fait dans l’ordre, j’avais un truc à réussir. Je n’ai pensé qu’à me relâcher, à glisser. Je suis arrivé en bas sans m’en apercevoir, j’ai même volé
comme un sauteur à skis sur la bosse d’arrivée et j’ai passé la ligne sur le dos ! »
Plus tard, « Bouillotte », un surnom hérité de son père et de son grand-père de Pralognan, donnera son
sentiment très surprenant aux journalistes : « J’étais comme absent »… mais 9e de la descente, à moins
d’une seconde du Suisse Cathomen, l’un des supers descendeurs de l’époque. « J’ai su tout de suite que
j’avais gagné puisque que j’avais calculé le temps. Mais les spectateurs et le speaker, occupés à compter,
n’y croyaient pas. J’ai levé les deux bras – ou juste un seul ! John Leduc, mon entraîneur, a bondi dans
l’aire d’arrivée pour m’étreindre… Je n’étais pas parmi les stars, pas prévu.
Puis le speaker a dit : avec ce temps là, il passe 1er, il est champion du monde ! » Une performance un
peu minimisée à l’époque ? « Aujourd’hui, je me dis juste que c’était solide de l’avoir fait. Un combiné,
c’est dur à gérer. Même les très grands y ont lutté. » Devenu directeur de la compétition et du marketing
des skis Rossignol, après une période très faste à la tête du ski français comme DTA et DTN (« 13 médailles olympiques et mondiales avec 13 coureurs différents entre 1995 et 2002…»), En 2009 Michel fait
cette analyse du combiné devenu super combiné : « les chances entre slalomeurs et descendeurs sont
plus équilibrées, les jeunes reviennent vers du ski complet ».
La Fédération est sur de bonnes bases
Quelle est la vision globale de votre présidence et les grands chantiers qui vous apparaissent prioritaires sur ce mandat ?
La Fédération Française de ski a été bien menée depuis six ans. En termes sportifs, il y a eu de vraies
bonnes évolutions avec des équipes de France maintenant compétitives dans toutes les disciplines, et
une situation fédérale qui est très saine, en termes de finances, de relations institutionnelles... La Fédération est donc sur de bonnes bases. A partir de celles-ci, je compte mener mon action autour de deux
axes principaux.
Le premier, c’est notre équipe de France, la vitrine de notre fédération, de notre sport, de notre pays. Il
s’agit de l’axe consacré à ce qui va bien, mais qui doit être amélioré par souci du détail. Nous avons une
équipe de France performante mais qui, parfois, passe à travers, on l’a vu par exemple avec les alpins à
Vancouver. Cet hiver, nous avons obtenu des résultats inédits, en termes de podiums en Coupe du monde
comme de médailles à Vancouver. Néanmoins, on s’est tous rendus compte que certains favoris étaient
passés à travers et certaines disciplines ont peut-être moins bien géré que d’autres l’événement olympique.
L’idée est que l’équipe de France et toute la partie haut-niveau doit travailler sur les détails, en termes
de préparation, physique, mentale, bien sûr, mais aussi en termes d’approche des événements. On ne
va pas tout révolutionner, mais l’idée est d’identifier et de perfectionner tous ces détails qui font que
ça claque fort au bon moment. Mon rôle sera de donner les moyens à la DTN et à l’ensemble du staff
technique, d’affiner le produit afin que nos athlètes, qui sont déjà performants, soient plus réguliers sur
la saison et participent au combat pour les médailles dans les grands événements. Et ces grands rendezvous, championnats du monde ou Jeux Olympiques, sont très fréquents dans nos disciplines.
Le deuxième axe tient dans une meilleure intégration de l’ensemble de nos comités régionaux, au niveau sportif, pour assurer la relève, comme au niveau de la vie fédérale, du développement. La plupart
des comités sont en difficulté, financière notamment. Notre sport est régional, saisonnier. Il n’est pas
évident de maintenir toute l’année des structures, des fonctionnements, de tenir les licenciés. Nous
sommes dans une société où tout va vite, ou tout le monde zappe. Quand on reste quelques mois sans
activité, on se fait vite sortir du jeu.
Il s’agit donc de mieux créer ce lien avec les régions, de mieux les impliquer. Nous allons essayer de les
aider, en termes de ressources, pour faire en sorte d’arriver à un projet fédéral global qui mette tout le
monde dans le jeu, où tout le monde se sente concerné. On sait que certaines zones seront plus difficiles à développer que d’autres. Dans les secteurs de montagne, l’activité est déjà bien installée, bien
concrète et il est plus difficile de l’étendre. Mais il y a des régions moins favorisées, plus éloignées des
montagnes, avec des bassins de population importants et qui n’ont sans doute pas été suffisamment exploités jusqu’à présent. Il va donc falloir chercher un autre développement, par des propositions, par
e
l’événementiel, par des offres aux licenciés, aux clubs. C’est un projet global qu’il faut maintenant
mettre en place, autour des régions qui ont une marge de progression importante en termes d’activité.
Quid du financement ?
On sait que les régions ont du mal à drainer des finances. Il y a bien des produits fédéraux, des aides
classiques de Conseils régionaux, de Conseils généraux, et quelques subventions par-ci par-là, mais par
nature, les comités régionaux n’ont rien à « vendre ». C’est bien la maison-mère, la fédération, qui a
cette capacité, via de l’événementiel, du sponsoring auprès de partenaires … l’idée est de permettre
une certaine redistribution de moyens qui seraient générés par la maison-mère.
On sait que le monde du ski dispose de toute une richesse économique, d’un environnement dynamique,
en termes de remontées mécaniques, de stations. Même si, avec la crise actuelle, tout le monde souffre,
nous sommes tout de même une fédération privilégiée comparée à d’autres qui ne disposent pas de ces
ressources, de cet accompagnement, de ce potentiel, de ce contexte favorable.
Avec nos partenaires institutionnels, on doit être capable de générer encore d’autres ressources. En
mettant en commun notre réseau fédéral et l’ensemble des professionnels de la montagne, on a une
force extraordinaire que l’on n’a encore jamais trop exploitée. Il ne s’agira pas forcément de sponsoring
direct, mais on va essayer d’avoir des partenaires privés qui nous accompagneront dans différents projets, sportifs, événementiels, de développement…
Vous êtes vous-même moniteur de ski, quelles relations envisagez-vous avec les écoles de ski et,
plus globalement, quels partenariats institutionnels comptez-vous renforcer ou engager ?
Avec les écoles de ski, nous avons un partenariat naturel. Les deux mondes sont imbriqués, nous sommes
ensemble sur le même bateau. Dans les clubs, une grande partie de l’activité est gérée par des moniteurs. Les entraineurs nationaux, les entraineurs régionaux sont aussi souvent des moniteurs. Y compris
dans le nouveau comité directeur, il y a une vingtaine de moniteurs sur 50 membres. Ils n’enseignent
pas nécessairement, mais ils ont ce statut. Après, les relations doivent être saines. En clair, on a chacun
nos prérogatives, notre corps de métier. Le curseur doit être mis au bon endroit, il ne faut pas qu’il y
ait d’ingérence, mais un soutien total des deux côtés. J’ai de bonnes relations avec les moniteurs et il
devrait être assez facile de nous entendre.
Les remontées mécaniques (le SNTF, syndicat des téléphériques de France), l’autre gros partenaire
institutionnel, nous amènent également des ressources, mais peut-être peut-on aller encore plus loin,
pas forcément en termes financier, mais en intégrant encore mieux leur activité avec la nôtre. Avec les
écoles de ski et les remontées mécaniques, nous avons deux partenaires naturels, que nous connaissons
bien, mais on peut encore, je pense, trouver d’autres pistes. J’ai quelques idées, mais il faut d’abord en
parler avec les instances de ces institutions.
Une réflexion doit être menée pour savoir comment aborder les quatre ans à venir, la nouvelle Olympiade, et voir comment nos deux principaux partenaires pourront nous aider à générer d’autres moyens.
Il y a d’un côté les besoins des équipes de France qui sont, eux, stabilisés, connus, identifiés. Et d’un
autre côté, le développement de l’activité fédérale, du sport-ski, via les clubs, doit passer par de nouveaux moyens, c’est évident. Ces deux partenaires peuvent nous aider à générer ces moyens.
Il est par ailleurs très possible que nous nous associons à d’autres fédérations sportives. Nous avons
effectivement des clubs qui pourraient très bien être omnisports et se mettre en place avec d’autres
disciplines proches des nôtres. C’est tout à fait envisageable.
Quel est votre sentiment concernant la candidature d’Annecy 2018 ?
Quel projet ! Une candidature française, avant d’être alpine, pour nous, Fédération Française de Ski,
c’est un projet énorme. On sera au service de la candidature. On l’a déjà dit au comité de candidature,
je l’ai déjà dit à Edgar Grospiron. La fédération doit épauler, conseiller, participer à cette candidature.
On a notamment un réseau fédéral important à l’international. Au-delà de ça, c’est une mobilisation
qui dépasse la simple candidature. C’est aussi pour nous un moyen de motiver nos jeunes, un support
que l’on va utiliser en interne. Après, le combat sera rude, on le sait. L’urgence est de travailler sur le
dossier, mais encore une fois, c’est un beau projet et même si Annecy ne devait pas être retenue. On fait
tout pour gagner, je suis un ancien sportif, je suis « au centième », je fais les choses avec la plus grande
précision possible. Malgré tout, il envisager que nous ne soyons pas retenu, mais même dans ce cas, cela
aura été une belle aventure.
Vous étiez présents à Vancouver pour toute la durée des Jeux Olympiques d’hiver, quel est votre
sentiment quant aux performances de l’Equipe de France Olympique ?
Avec onze médailles, nous avons réalisé une belle performance.
Avec quelques « top-stars » qui auraient dû être sur les podiums et les alpins qui font zéro, nous sommes
cependant un peu frustrés, parce qu’on avait le potentiel malgré tout. Ce sont des athlètes qui sont classés dans les meilleurs mondiaux, ce n’est donc pas une question de niveau, mais clairement une question
d’approche à mon sens.
Certains, la plupart, ont sans doute un peu banalisé l’événement, avec l’encadrement qui a sans doute
ou installé ou laissé faire. Mais peu importe, l’idée n’est pas de mettre la pression sur les uns ou les
autres. L’approche n’a globalement pas été bonne. Autrement, compte-tenu du niveau de nos skieurs,
cela aurait scoré un peu différemment.
Cette approche doit être différente de celle adoptée dans les compétitions ordinaires de la saison. On ne
se prépare pas de la même manière, physiquement, psychologiquement. Les conditions ne sont pas les
mêmes, il faut gérer les médias, le logement au village olympique, des épreuves de vitesse qui se font
sans un seul entrainement au complet, des dames qui font un slalom géant en deux jours… ça ne s’est
pas vu depuis 25 ans, mais tout cela arrive aux JO quand même. On pensait avoir des pistes de vitesse
assez faciles, en neige normale, et puis finalement c’était de la glace bleue, très très difficile. A l’inverse, on pensait que les épreuves techniques allaient être sur des pistes bien préparées, dures, et en fin
de compte, on court sur une neige de printemps, très mouillée, très molle. L’inverse de ce que l’on avait
imaginé au départ. Mais il faut se préparer à tout ça. Les conditions sont les mêmes pour tout le monde
et il faut s’adapter. Les choses peuvent tourner différemment, les programmes peuvent changer, l’organisation différer.
Les Jeux Olympiques de la Jeunesse à Innsbruck seront le premier grand rendez-vous pour de nombreux jeunes, comment les appréhendez-vous ?
Ces Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), qui se tiendront en 2012 à Innsbruck, constitueront une
première approche pour être dans le bain dès le plus jeune âge. Il faut faire attention à ne pas faire des
champions Olympiques de 15 ans, mais, hormis cette prudence là, cet événement permettra de mettre
dans l’ambiance les rares sportifs qui pourront être sélectionnés. Il est prévu une partie culturelle, une
partie information, de formation. On s’en servira comme support, c’est une évidence.
Les premiers JOJ se tiennent cet été à Singapour. On va laisser faire l’événement et quand il sera réalisé, la DTN prendra des contacts avec certaines fédérations pour savoir ce qu’elles en ont retiré, quelle
approche elles en ont eu et quel bilan elles en tirent.