p. 8-17 - La Commission des Cadrans solaires du Québec

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p. 8-17 - La Commission des Cadrans solaires du Québec
Deux nouveaux instruments de recherche
en gnomonique
par André E. Bouchard
En tant que gnomoniste, j’aime consulter les sources de documentation qui rapportent l’expérience
passée des études et analyses de collègues, portant
sur la conservation des cadrans solaires, en plus
de consulter des ouvrages traitant de la mesure du
temps. Ces dernières années, j’en ai parlé souvent,
j’utilisaient trois sources principales que sont les
œuvres respectives de trois auteurs connus : “Old
Clocks and Watches & Their Makers” de F.J.
Britten (1), “The Ivory Sundials of Nuremberg
(1500-1700)” de Penelope Gouk (2) , et “The
Whipple Museum of the History of Science, Catalogue 6”, Sundials and Related Instruments, de
David J. Bryden (3).
Mais dans cet article, j’aimerais vous faire profiter
de la découverte que j’ai faite récemment de deux
autres instruments de recherche parus en 2007 : a)
la présentation (trouvée sur le site Web du Planétarium Adler de Chicago) d’une base de données
(4) de quelque 15 000 entrées portant sur les signatures de cadrans et d’instruments scientifiques,
et b) l’explicitation d’une nouvelle typologie des
catégories offrant une nouvelle classification (5)
des cadrans solaires. Dans chaque cas, je vais faire
une courte présentation de ces ressources nouvelles et vous ajouter des commentaires sur leur pertinence et l’utilisation que j’en tire pour mes propres études personnelles. c) Pour ce faire j’utiliserai deux exemples tirés du Répertoire des cadrans
solaires du Québec (voir le site Web de la CCSQ):
un cadran (dit de direction, horizontal, universel et
à deux méridiennes) de Julien Le Roy et un autre
cadran (analemmatique, magnétique) de Charles
Bloud . Tous deux sont des cadrans de la Collection du Musée Stewart de Montréal.
a) La base de données sur les signatures du Adler Planetarium
Je furetais sur le Web, à la recherche d’information concernant un des facteurs de ces cadrans
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Le Gnomoniste
portatifs (R.Glynne fecit) faisant partie de ma collection personnelle, et exposée dans l’une des bibliothèques de ma salle de travail. Par hasard, je
découvre une compilation incroyable portant sur
des facteurs de cadrans et d’instruments scientifiques, et de façon plus précise sur leurs signatures.
Je devais apprendre qu’il s’agissait d’une compilation de plusieurs milliers d’éléments d’information, réalisée par deux anciens conservateurs, Roderick S. Webster et Marjorie K. Webster, travaillant à la collection des instruments scientifiques du Planétarium et Musée d’astronomie
Adler, de Chicago, (Illinois). Dans la note 4, à la
fin de mon article, vous trouverez l’adresse internet, et les restrictions du Copyright © qui permettent et limitent l’utilisation de cet outil de travail.
L’introduction du site fournit l’histoire de cette
base de données, et la présentation sommaire du
travail des deux conservateurs depuis les années
1960, tout en montrant que cette tâche se faisait en
parallèle avec le développement de l’informatique
en milieu muséal. Or le décès de Roderick, en
1997, devait interrompre le développement informatisé de cette base de données, et Marjorie , en
2001, confia formellement au Planétarium Adler
les informations colligées depuis plus de quarante
ans. Il fallut aussi un long travail de transfert de
données pour rendre le tout utilisable sur le Web;
enfin, les noms de tous les responsables de ce magnifique travail figurent aussi dans l’introduction
de cette ressource inestimable, désormais accessible sur internet pour le grand bonheur des chercheurs et la satisfaction de la curiosité du grand
public.
Vous trouverez aussi une mise en garde, puisque
cette mine d’informations dépasse le contenu des
artefacts de la collection Adler; vous êtes conviés
à faire vos propres recherches (à partir des notes
et des commentaires qui accompagnent les signatures).
André E. Bouchard
Volume XV numéro 1, mars 2008
Chercher et trouver une signature
Vous n’avez qu’à écrire le nom recherché et à taper sur « Search », (par ex. Le Roy ), et vous verrez apparaître à l’écran toutes les informations
consignées dans la banque d’information Vous
pouvez aussi procéder par une recherche alphabétique générale et trouver respectivement toutes
les informations pour chacune des lettres, de A à
Z.
Le format de présentation de l’information
-Souvenez-vous qu’il s’agit d’une base de données portant sur des instruments scientifiques
conservés dans les musées et les collections privées. Comme il a été dit, ces données ont été
consignées par les Webster lors des visites dans
ces lieux de culture et de recherche.
-Les chercheurs, utilisant cette base, se transformeront en utilisateurs d’informatique: car ils vont
trouver une distribution des données présentée sur
une feuille de calcul (de type Excel). En disposant
des catégories et des indices, le logiciel reproduit
-Vous remarquerez aussi l’utilisation des acronymes et le syncrétisme voulu de l’information
transmise.
-Vous devrez vous arrêter sur les premières pages
de la base de données, afin de noter soigneusement la signification des codes (MIM, NIM, OIM,
PHIM, et SIM), des raccourcis utilisés, et de la
numérotation retenue avec les noms propres. Une
fois cette contrainte acceptée, la lecture des information se fait facilement.
Prenons un exemple: en tapant sur « Le Roy »,
vous trouverez plusieurs cases d’information, dont
celles que j’ai retenues concernant Julien Le Roy.
(Fig. 1, voir ci-dessous).
Toutes ces informations seront tirées de la base de
données; elles sont régies de façon nécessaire et
impérative, selon les consignes de ses programmeurs. Voici quelques conventions utiles:
“1. The literal signature, possibly with an appended
number. A single signature used by several instrument makers is listed several times with sequential
numbers appended. Appended sequence numbers
are not part of the signature”.
——————————————————————————————————————————————
LE ROY,
JULIEN
France,
1686-1759,
MIM
Equatorial
Sundial, silver
= NMM-D.90;
Inclinable Sundials = D.
(1986), Drouot
4/7/87.
clockmaker; "ancien directeur de
la Société des Arts" ; invented an
inclinable sundial, "Cadran Universel et à Meridienne. Fait et inventé par Julien Le Roi", also
made by Jacques Le Maire,
example at WHI,; invented a vertical sundial made by Gérard.
la
Société
des Arts,
Paris.
Daumas 1;
Michel 1;
Price
3;
Ward
4;
U S N M ;
NMM
2;
Wynter 1;
Bryden 16;
RSW.
Fig. 1: Information concernant Julien LeRoy, présentée sur six colonnes.
————————————————————————————————————————————————————————
succinctement l’information sur six colonnes : la
signature, des informations sur le facteur d’instrument, les instruments eux-mêmes, des commentaires ou explications, la localisation des artefacts ou
du facteur, et des références bibliographiques.
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“2.
Information (not guaranteed) about the instrument maker. This may include nationality, dates, and
an abbreviation indicating the types of instruments on
which the signature appears. Abbreviations for type of
Instrument made:
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MIM Mathematical instrument maker (le faiseur
d’instrument mathématique)
NIM Nautical instrument maker (le faiseur d’instrument nautique)
OIM Optical instrument maker (le faiseur d’instrument optique)
PHIM Philosophical instrument maker (le faiseur
d’instrument philosophique)
SIM Surveying instrument maker (un survol concernant le faiseur d’instrument)
· A partial list of other instruments attributed to the
instrument maker, with the location or institution at
which they were observed. A table of abbreviations
used for instrument locations is linked to the main database page.”
· “Comments can be almost anything.”
· “Location or address at which the instrument maker
worked. Often unknown; sometimes a city; sometimes
a street address or list of addresses.”
· “References. A table of bibliographic abbreviations
is linked to the main database page. The most common
reference, RSW, indicates a personal observation by
Rod Webster “
——————————————
Cette dernière information (la bibliographie) est
particulièrement éclairante et utile pour un chercheur: mais il nous faut la vérifier constamment,
pour ne pas commettre d’impair, ni créer des contre-sens historiques!
En effet, la sixième colonne présente des noms
d’auteurs , auxquels des chiffres sont attribués. Il
s’agit donc d’une convention à accepter dès le départ:
Ainsi pour LE ROY, Julien (Fig. 1, page 9) nous
avons pu remarquer la distribution suivante de
neuf références: “Daumas 1; Michel 1; Price 3; Ward
*) pour Daumas, il nous faut consulter la première (et
unique) note bibliographique; pour Michel, la première
(sur les 19 références inclues); pour Price, la
troisième (sur les 12 rapportées);
*) pour Ward, il faut prendre la quatrième (sur les 3
références!) Il s’agit donc d’une erreur à corriger;
*) pour les autres auteurs (USNM; NMN, et Winter ) l’information s’avère inexistante ou incomplète;
*) et pour Bryden, il faudrait lire 149 au lieu de
16, comme numéro de catalogue du cadran!
-Par contre, ceux qui connaissent et utilisent déjà
la liste de noms consignés dans le chapitre IX,
Former Clocks and Watch Makers, du livre magistral de F.J. Britten, (voir la note 2 à la fin de
cet article) apprécieront la base de données du
Planétarium de Chicago. Le livre de Britten a été
réédité souvent au XXè siècle, mais même en reconnaissant le mérite et la valeur de cet ouvrage
de référence, l’information concernant les faiseurs
de cadrans et d’instruments n’a pas la substance et
les subtilités des informations contenues dans la
base de données des Webster.
Les informations consignées dans cette base de
données ne sont donc pas absolument garanties ni
tout à fait fiables. La vérification exigerait du
temps et des ressources humaines et financières
que le Planétarium Adler n’est pas en mesure
d’assurer. Il ne s’agit pas donc de donner une valeur plus grande, celle par exemple d’une référence d’autorité dans le domaine ou d’infaillibilité , à un outil de recherche perfectible. Je recommande cette base de données, malgré les faiblesses qu’on y trouvera. Pour un chercheur en gnomonique, il s’agit d’une source incroyable d’informations qu’il faut bien sûr vérifier et contrevérifier, mais dont le contenu et l’accès gratuit en
font un des outils indispensables. Heureusement
pour nous, cette base de données est magnifiquement complétée par un autre ouvrage de recherche
publié la même année, en 2007.
4; USNM; NMM 2; Wynter 1; Bryden 16; RSW ”.
Une brève consultation de la ressource bibliographique
permet de retenir qu’il y a des corrections à apporter:
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Il s’agit d’une une nouvelle classification des cadrans solaires, dont il me tarde aussi de vous présenter et d’en faire l’analyse critique.
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b) Une nouvelle classification de
cadrans
Le travail de Margarida Archinard (2007) se
veut « Une classification des cadrans solaires » et
est publié dans les Annals of Science, Volume 64 :
numéro 4, aux pages 471-524. (5)
-Compte tenu de la complexité de certains cadrans
solaires et de la difficulté de les identifier, voici le
résumé que l’auteur nous en donne, dans le but
d’aider les conservateurs d’un musée ou d’une
collection privée à s’y retrouver :
« Le premier essai de classification des cadrans
solaires paraît seulement en 1953, dans le catalogue établi par Henri Michel (6) pour le Musée de
Liège. Il est immédiatement suivi, la même année,
par l’article de Kathleen Higgins (7) exclusivement consacré à ce sujet. L’influence de ce
deuxième travail se répand dans les nombreux
écrits publiés depuis lors sur les cadrans solaires.
Notre étude se propose, par contre, de mettre de
l’ordre d’abord dans ces deux vieux classements,
en fait assez semblables et pour l’époque assez
valables, et d’en établir ensuite un nouveau, pour
la première fois basé sur des principes directement lies à l’astronomie et à la géométrie. De
plus, ce dernier travail garde, sur les précédents,
l’avantage de sa flexibilité et ouverture qui lui
permettent de s’adapter facilement à la classification de toute collection de cadrans solaires. » (p.
471).
Archinard débute donc son projet en faisant l’analyse de ces deux classifications, et elle fait ressortir que la différence fondamentale entre Higgins et
Michel réside dans la division même de tous les
cadrans solaires:
-en effet, Henri Michel propose une division des
cadrans en trois grands groupes : les Cadrans de
Hauteur, les Cadrans de Direction et les Cadrans
Azimutaux, avec d’autres rubriques traitant des
instruments donnant l’heure astronomique et d’autres moyens faisant l’observation directe du Soleil. Suit une analyse serrée et systématique de ces
groupes, et des cadrans qui s’y trouvent ou qui y
Volume XV numéro 1, mars 2008
font défaut; Archinard prend note des problèmes
que posent les doublons et les lacunes résultant de
l’absence de certains cadrans dans la liste.
-Pour sa part, Kathleen Higgins commence sa
classification -en définissant le cadran solaire
(tout instrument qui, quand correctement placé
par rapport au Soleil, rapporte le temps directement, soit par la position d’une ombre soit par un
rayon de lumière défini par le Soleil ou par un indicateur mécanique du genre fil à plomb ou
tige), -en faisant ressortir la différence entre un
gnomon et un style-axe, et -en élaborant une liste
avec deux catégories principales. La première
dépend de la variation de l’altitude du Soleil durant la journée, ces cadrans étant appelés cadrans
de hauteur (avec deux sous-groupes, cadrans de
hauteur sans gnomon et cadrans de hauteur avec
gnomon). La deuxième dépend de la variation soit
de l’azimut du Soleil soit de son angle horaire le
long de l’équinoxiale, ceux-là sont appelés cadrans de direction (avec quatre sous-groupes : cadrans aux lignes horaires avec style, cadrans aux
lignes horaires avec gnomon, cadrans azimutaux,
cadrans aux lignes horaires combinés avec cadrans azimutaux).
Pour Archinard, la critique du système de Higgins
est systématique. et non moins impitoyable .
Pourquoi faire une nouvelle classification de cadrans, se demande-t-elle, si la confusion y règne,
si les doublons y sont nombreux, et si les cadrans
aux lignes horaires sont combinés avec cadrans
azimutaux (classés comme cadrans de direction
mais qui doivent être d’honnêtes cadrans analemmatiques doubles)? Pour Archinard, ce mélange
de cadrans apparaît stupéfiant, puisque « les cadrans analemmatiques et les cadrans de direction
sont fondamentalement différents, tant d’un point
de vue astronomique que géométrique »! (p. 483).
Devant les anomalies relevées tant dans la classification de Kathleen Higgins que dans celle d’
Henri Michel, notre auteur appelle donc une mise
à plat du problème et un nouvel essai de classification des cadrans solaires.
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Le Gnomoniste
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-Le nouveau classement d’Archinard s’appuie sur
des prémisses et des perspectives différentes :
-pour elle, la présentation et l’étude d’un ensemble d’instruments, aussi liés au mouvement diurne
du Soleil que les cadrans solaires, doit obéir prioritairement à des critères astronomiques et géométriques;
-elle garde les définitions habituelles de gnomon
et de style-axe comme celle d’Henri Michel;
-sa classification prévoit des cases pour la création
de nouveaux modèles de cadrans;
-Archinard garde encore la terminologie habituelle à propos des cadrans valables pour une
seule latitude, normalement appelés particuliers,
et des cadrans dits universels, valables pour plusieurs ou, mieux encore, pour toutes les latitudes;
-la nouvelle classification attribue des numéros
aux groupes de base, sous-groupes, rubriques ou
paragraphes, pour fins de clarification et de schématisation.
Pour notre auteur, l’ensemble des cadran solaires,
dans leur délirante variété (sic), doit être divisé
en quatre grands groupes de base, auxquels s’ajoutent trois autres catégories d’objets de mesure
du temps : (1) Les cadrans solaires de HAUTEUR, (2) les cadrans solaires RECTILIGNES,
(3) les cadrans solaires de DIRECTION, et (4) les
cadrans solaires AZIMUTAUX.
-Mais elle est forcée est de constater que certains
cadrans sont absents de cette analyse.
-Pour ne pas avoir à subir les mêmes reproches
que celles de ses deux prédécesseurs, Archinard a
donc ajouté trois autres groupes, pour réunir les
cadrans qu’elle appelle « atypiques » et inclassables dans les catégories antérieures. :
(5) les cadrans solaires spéciaux;
(6) les cadrans à problèmes que sont les cadrans
NOCTURNES , et
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Le Gnomoniste
(7) les instruments APPARENTÉS à la mesure
du temps et présidant à la construction des cadrans
précédents qui appartiennent à toute son énumération.
Son article reprend dans le détail la description
des sept (quatre plus trois) groupes et la distribution des indices de ces sous-ensembles. Et la description et la distribution se veulent systématiques. Aussi une visualisation s’avère donc nécessaire de cet ensemble complexe : l’intelligence et
la compréhension coulent comme eau de source,
une fois que l’on accepte la structure numérique
( pas complètement arborescente), et qu’on l’utilise conjointement avec l’organigramme de toutes
les catégories utilisées.
L’organigramme est le tableau schématique des
diverses catégories des cadrans et de leurs relations mutuelles. La structure arborescente se décrirait comme un procédé de recherche, dans un
ensemble d'objets, d'un nombre prédéterminé
d'objets les plus proches d'un exemple, en utilisant
une partition à plusieurs niveaux qui a une structure suivant la forme d’un arbre, comportant des
branches avec des noeuds et des feuilles, les
noeuds contenant des éléments représentatifs de
classes d'objets, et les feuilles contenant des objets, ledit procédé consistant à exécuter les étapes
suivantes de façon itérative (répétitive).
Dans cette étude d’Archinard, c’est plutôt la structure numérique qui est donc retenue pour distinguer, clarifier ou schématiser la classification des
groupes de base, sous-groupes, rubriques ou paragraphes. C’est un procédé utile, un peu formel,
mais systématique. Les cadrans ne peuvent que se
retrouver que dans une seule case; de plus le chiffre zéro indique une rubrique réservée ou un sousgroupe de cadrans solaires à problème et voués à
une étude complémentaire et plus approfondie…
L’éditeur (Fraser & Francis) permet une utilisation pour la recherche, l’enseignement et pour des
recherches personnelles. J’ai donc utilisé l’organigramme des cadrans selon M. Archinard (2007) :
à partir d’un extrait d’ Une Classification des Cadrans Solaires p. 522-524 , —Downloaded By:
[University of Montreal] At: 16:58 28 November
2007—.
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Voici donc un aspect limité de l’organigramme, (la
présentation schématisée du cadran de Hauteur); je me
limite à quelques rubriques afin de ne pas contrevenir
au droit de Copyright © de l’éditeur (voir la note 5).
J’invite le lecteur intéressé par cette nouvelle classification de cadrans à s’inscrire auprès de l’éditeur et à
obtenir la liste dans son intégralité .
——————————————–
1. CADRANS SOLAIRES de HAUTEUR
1.1. Cadrans Solaires de Hauteur Antiques
1.1.0. divers
1.1.1. plan
1.1.1.1. horizontal
1.1.1.2. vertical
1.1.1.2-1. méridional
1.1.1.2-2. méridien
1.1.1.2-3. déclinant
1.1.1.2-3-1. jambon
1.1.2. sphérique
1.1.2-1. globe
1.1.2-2. hémisphérique (scaphe)
1.1.3. conique
1.1.4. cylindrique
1.1.4-1. cylindrique vertical
1.1.4-2. cylindrique incliné
1.1.5. multiple
1.2. Cadrans Solaires de Hauteur Modernes
1.2.0. divers
1.2.1. horizontal
1.2.1-1. Humphrey Cole
1.2.1-2. autres
1.2.2. vertical
1.2.2-1. méridienne
1.2.2-2. canonique
1.2.2-3. quadrant horaire
1.2.2-3-1. lignes courbes
1.2.2-3-2. lignes circulaires
1.2.2-3-3. lignes droites
1.2.2-4. disque solaire
1.2.2-5. plaque horaire
1.2.2-6. jambon
1.2.2-7. anneau horaire
1.2.2-8. colonne
1.2.2-8-1. bâton de berger
1.2.3. incliné
1.2.3-1. calice
c) Une utilisation conjointe de ces
deux instruments de recherche.
Je vais la faire en utilisant deux exemples tirés de
la collection du Musée Stewart de Montréal. Ces
deux artefacts font aussi partie du Répertoire des
cadrans de la CCSQ. Ce choix s’impose, car les
deux descriptions des cadrans ont des erreurs ou
des imprécisions de classification, qu’il faudrait
prendre le temps de corriger et au Musée et dans
le Répertoire. Ce sera mon étude de cas.
Après avoir présenté le sommaire descriptif de
chaque cadran, selon le catalogue des cadrans
québécois, je vais vérifier l’information dans la
base de données, puis dans la classification les indices pertinents à ces cadrans. Je verrai aussi à utiliser d’autres auteurs connus afin de corroborer ou
d’infirmer ces informations.
Commençons par un cadran du répertoire de la
CCSQ, le # 165-MTRL-062, celui de J. LeRoy:
Cadranier : Le Roy, Julien
Répertoire de la CCSQ
Numéro 165 dans le Répertoire – et
le #62è de la région de Montréal.
165-MTRL-062 | Cadranier : Le Roy, Julien | Région : Montréal | Type : Portatif | Catégorie : Horizontal | Provenance :
France | Visibilité : Musée | Ville : Montréal | Adresse : Musée
Stewart, Ile Ste-Hélène | Latitude : 45º 30' N | Longitude :
73º 36' O | Note : #93-33-1 , Musée Stewart de Montréal (photo André E. Bouchard 1994)
etc, etc…
—————————————————————————–
Fig. 2 Diagramme des catégories de cadrans
——————————————————————
Volume XV numéro 1, mars 2008
Fig. 3 Le cadran de Julien LeRoy, au Musée Stewart de
Montréal.
André E. Bouchard
Le Gnomoniste
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quelques ressources complémentaires :
•
suit l’information consignée dans la
liste de Britten (une liste qui date de
1911)
“Le Roy, Julien: Paris, a scientific
watchmaker, born in 1686, died 1759;
he devised a form of repeating mechanism much used in French watches,
and substituted springs for the bell in
use before; two fine watches by him,
Wallace collection, and one in the
Pierpont Morgan collection”, (F.J.
Britten, page 470).
Les lecteurs de la revue The Compendium de la North American Sundial Society se rappelleront de l’article de Fred
Sawyer au sujet de ce cadran de Julien
Le Roy :
Sawyer, Fred (2001), The Compendium, 8:4,
page 29. Il renvoyait lecteur à un autre texte :
« for more information on LeRoy’s invention,
readers are referred to A.J. Turner’s « Julien
LeRoy’s Improved Horizontal Sun-Dial, »
Antiquarian Horology, Autumn 1988, pp.
463-466.
À partir de ces exemples bibliographiques, on
voit comment le descriptif sommaire du Répertoire de la CCSQ est trop limitatif et peut
être amélioré par les ressources identifiées sur
internet! Certes, le problème du chercheur en
gnomonique en est un de choix et d’analyse
des données disponibles. Par contre, la critique du chercheur doit être totale: il lui faut en
effet ne rien prendre pour acquis, se donner le
droit de revoir les concepts et la pertinence de
leurs agencements, mais en même temps il
faut bien faire confiance aux intelligences qui
ont accepté d’écrire et de réfléchir sur les cadrans, sans chaque fois faire table rase des
idées des autres … Faire confiance sans être
dupe, et garder son esprit critique!
•
Fig. 4
Le cadran de J. LeRoy, au Musée d’Histoire
des Sciences de Genève.
Le cadran de Julien Le Roy est ainsi décrit:
-selon la base de données des Webster : (revoir la
Fig. 1, page 9 de cet article, et la référence bibliographique tirée de Bryden , Catalogue No. 149).
-voici ensuite la présentation visuelle, tirée du
Musée d’Histoire des Sciences, de la ville de Genève, et la note explicative et descriptive de M.
Archinard, à partir de son étude de classification
de cadrans solaires : le numéro de classification
du cadran de Le Roy serait donc : 3.1.2-2. En utilisant une photo du cadran conservé à Genève,
elle en fait la description suivante :
-MHS 1312. Cadran solaire de direction horizontal, universel, à deux méridiennes mais
une seule alidade fixe, signé ‘Inventé par Julien Le Roy ancien Directeur de la Société
des Arts, fait par Jacques Le Maire de la Société des Arts au génie A Paris’ © Musée
d’Histoire des Sciences, Ville de Genève,
photographe Ch. Poite, no MHS 1312).
(Archinard, page487).
14
Le Gnomoniste
2) Passons au deuxième cas de cadran : celui de
Charles Bloud. Regardons d’abord les données
du répertoire de la CCSQ: le #134-MTRL-050.
André E. Bouchard
Volume XV numéro 1, mars 2008
Cadranier : BLOUD, Charles
Répertoire de la CCSQ
Numéro 134 dans le Répertoire – et le #50è de la
région de Montréal
Bloud, Charles | Région :
Montréal | Type : Portatif | Catégorie : Diptyque | Provenance : France | Visibilité : Musée | Ville : Montréal |
Adresse : Musée Stewart, Ile Ste-Hélène | Latitude : 45º
30' N | Longitude : 73º 36' O | Note : #72-531-1 Musée
134-MTRL-050 | Cadranier :
Stewart de Montréal (photo André E. Bouchard 1994)
Fig. 5 Le cadran de Charles
Bloud, au Musée Stewart de
Montréal
En prenant la description
d’inventaire du conservateur du Musée qui a fait
l’acquisition de ce cadran
de Bloud, il faut voir à
corriger les données qui
nous paraissent erronées.
Voici quelques références bibliographiques additionnelles concernant Charles Bloud:
-d’abord dans la base de données des Webster (du Planétarium Adler de Chicago) :
——————————————————————————————————————————————
BLOUD,
CHARLES
F r a n c e ,
fl.1653-80,
MIM
Bloud-type
Sundial, large,
1653 = HAR; a
great number
of his portable
sundials
are
found in numerous collections, including
ADL,
WHI,
OXF,
etc.
Huguenot; he invented a
magnetic azimuth sundial
now known as the Bloudtype; they were usually of
ivory but a few tortoiseshell ones exist; a sliding
hour scale within the compass box is adjusted to the
time of year by turning the
volvelle on the back; when
the sundial is aligned with
the sun, the compass needle points to the proper
hour; usually signed "Fait
et Invent par Charles Bloud
à Dieppe" on back plate.
Dieppe
Michel 1 and 3;
ADL; Syndram;
Br yden
16;
Daumas
1;
Maddison 1 and
5;
Josten;
Vi v i el l e
1;
Monreal; Price
2 and 3; Ward
4;
USNM;
NMM 2; Tardy;
Nachet; Hamilton 1; T. Murdock; RSW.
—————————————————————————————————————————————–
BLOUD,
CHARLES,
LE JEUNE
France,
c.1700,
MIM
Diptych Sundials, ivory =
WUP, Lempertz
4 / 2 8 / 6 1 ,
C h r i s t i e
11/24/83;
Bloud-type Sundial, ivory =
Soth. 11/13/6181.
Dieppe
RSW.
Fig. 6: Information concernant Charles Bloud, présentée sur six colonnes dans la base de données des Webster.
————————————————————————————————————————————————————————
-“Bloud, Ch., à Dieppe, 1660 », (F.J. Britten, page 429) : je ne trouve rien d’autre chez cet auteur. Un peu court!
Volume XV numéro 1, mars 2008
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Le Gnomoniste
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Fig. 7
Le cadran de Charles Bloud, au Musée d’Histoire des
Sciences de Genève.
-par contre, selon la classification d’ Archinard ce cadran aurait le numéro : 4.2.2-2 : il s’agit d’un cadran
azimutal, analemmatique, magnétique, et dit de Charles Bloud! En voici la description et la représentation
photographique, telles que rapportées par Archinard.
•
•
•
MHS 1859. Cadran solaire analemmatique
magnétique, avec disque lunaire sur le volet
vertical, signe´ deux fois, ‘Fait par Charles
Bloud, A Dieppe’ et ‘C. Bloud A Dieppe’.
Sur la face extérieure des deux volets mais,
cachés sur l’image, un cadran solaire de direction polaire supérieur et un calendrier
perpétuel
© Musée d’Histoire des Sciences, Ville de
Genève, photographe Ch. Poite, no MHS
1859).
(Archinard, page 510).
Sous des apparences de diptyque, ce cadran,
aussi fait à Dieppe, est donc défini par son caractère fondamental de cadran analemmatique. D’autres sources confirment cette information.
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Le Gnomoniste
-#113, MAGNETIC AZIMUTH (BLOUDTYPE) DIAL, Fait et Inventé par Charles Bloud
ADieppe, 2nd ½ 17th C.
Ivory tablets, 67 x 76 mm. Leaf 1a: equinoctial
dial, calibrated 1 to 12 x 2 by 1; polar dial, calibrated 8 to 12 to 4 by 1. Leaf 1b: lunar/solar hour
volvelle and lunar phase diagram, silvered brass
disc. Latitude scale 0 to 80 degrees by 10 for
equinoctial dial. Leaf 2a: horizontal (string-style )
dial, calibrated 4 to 12 to 8 by 1, (for 50 degrees
North). Inset compass, 52 mm. dia. Hand coloured paper card printed from engraved plate,
calibrated 0 to 90 degrees, to 0 deg. x 2 by 10 degrees, 8 point rose, fleur-de-lis North; list of 14
European towns and latitudes; silvered brass elliptical hour scale for magnetic azimuth dial, calibrated V to XII to VII by 1. Elevation strut for
equinoctial dial. Leaf 2b: silvered brass volvelle
with calendar to set the magnetic azimuth dial,
and perpetual calendar. Presented par R.S.
Whipple
(David J. Bryden, (1977) op.cit. Catalogue 6,
#113 #114, #115 and #116).
-Mais de toutes mes sources documentaires, c’est
Henri Michel qui résume le mieux la collaboration de Charles Bloud, (faisant partie des entêtés,
mal convertis!) dans un autre livre intitulé « Les
cadrans solaires de Max Elskamp » (8) . On remarquera l’utilisation de la catégorie « cadran
diptyque », catégorie que refuse de lui attribuer
Archinard! « Or, voici comment l’instrument
dieppois fonctionne : c’est un diptyque (SIC) en
ivoire, dont le feuillet inférieur porte une assez
grande boussole. À l’intérieur de celle-ci se
trouve le cadran horaire, qui est un cadran analemmatique en forme d’ellipse. Il peut glisser
avant ou arrière sur son petit axe. Un calendrier
est gravé sur un disque au-dessous de cette boussole; on le fait tourner jusqu’à ce que qu’un index
y marque la date, et ce mouvement déplace le cadran elliptique en le mettant dans la situation qui
convient. On oriente alors l’instrument vers le Soleil et dans ces conditions, l’aiguille de la boussole indique l’heure. » (H. Michel, page 54).
André E. Bouchard
Volume XV numéro 1, mars 2008
Conclusion
Les ressources documentaires sont utiles pour me
faire une idée sur tel ou tel cadranier ou pour me
permettre d’identifier les cadrans des collections
connues (musées ou collections privées). Or la découverte de ces deux instruments de recherche est
à la fois bienvenue, mais exigeante. En effet,
toute information additionnelle est souhaitée et
souhaitable, afin de mieux saisir une question à
l’étude; mais l’ajout récent de données demande
des vérifications additionnelles et systématiques.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’une source
est récente et abondante qu’elle est plus crédible
que les sources traditionnelles, et moins substantielles! Il faut garder son esprit critique.
-Concernant la base de données des Webster, les
erreurs de transcription sont toujours possibles
compte tenu des divers transferts informatiques
pour arriver au mode convivial, permettant une
utilisation sur internet. On comprend mieux les
réserves et les observations attendues, exprimées
par les autorités du Planétarium Adler. Je verrai à
l’utilisation si les erreurs sont fondamentales!
-Dans le cas de la nouvelle classification de cadrans solaires d’Arnichard, la situation est différente. Il s’agit d’une étude de chercheur qui devra
affronter la critique de ses pairs. On verra aussi, à
la pratique, si la répartition des cadrans est suffisamment prometteuse. Au-delà de la systématisation voulue, il est clair que la recherche en gnomonique en sort gagnante. Mais comme il s’agit
d’un texte édité dans une revue, j’aurais souhaité
pour ma part que le texte soit expurgé de ses coquilles orthographiques : « sofistiqué », (p. 475),
« évidante », (p. 520), « artronomie », (p. 521).
Mais, en utilisant une comparaison avec le vin, je
déduis que la cuvée de 2007 m’apparaît déjà un
millésime à retenir et à utiliser!
Notes: ————————
1) Britten, F.J. (1977) “Old Clocks and Watches &
Their Makers”, reprinted in 1983, 1988, 1994. It contains a list of eleven thousand Makers.
Volume XV numéro 1, mars 2008
2) Gouk, Penelope (1988) “The Ivory Sundials of Nuremberg (1500-1700)”, Whipple Museum of the History of Science, Cambridge, Printed by Eyre & Spottiswood Ltd, London, UK.
3) Bryden, David J.(1988) “The Whipple Museum of
the History of Science, Catalogue 6”, Sundials and Related Instruments.
4) La base de données des signatures ( http://historydb.
adlerplanetarium.org/signatures/ ) de Roderick S. et
Marjorie K. Webster. Copyright notice This database
and its documentation are © 2007, Adler Planetarium
& Astronomy Museum. The database is made freely
available for scholarly use, but it is not in the public
domain. You may copy or redistribute the database in
any form, but you may not charge money for it except
to recover your expenses. No warranty of any kind is
associated with the database
5) Archinard, Margarida (2007) « Une classification
des cadrans solaires », Annals of Science, 64 :4, 471524. Full terms and conditions of use: ( http://www.
informaworld.com/terms-and-conditions-of-access.
pdf ) This article maybe used for research, teaching
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6) Henri Michel, Catalogue des Cadrans Solaires du
Musée de la Vie Wallonne, 1ère éd. (Liège, 1953),
2ème éd. (Liège , 1974).
7) Kathleen Higgins, ‘The Classification of Sundials’,
Annals of Science, 9 (1953), 342-58.
8) Henri MICHEL (1966) “Les Cadrans solaires de
Max Elskamp”, Musée de la Vie Wallonne, Éditions
du Musée Wallon, Liège. pp.53-57, et Planche XXI.
André E. Bouchard
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