les indices - WATSON Patrimoine

Transcription

les indices - WATSON Patrimoine
Il y a 85 ans, « jeudi
noir» à Wall Street
Le jeudi 24 octobre 1929 au matin,
un tumulte inhabituel règne au
New York Stock Exchange (NYSE),
l’une des plus importantes places
boursières du monde. Loin d’être
une simple effervescence, c’est
un raz-de-marée de panique qui
ébranle la place. Depuis l’ouverture
de la Bourse, les
détenteurs
de
titres ont assisté,
incrédules, à un
spectaculaire
effondrement
des cours. Ce
«jeudi noir» va
être le détonateur
de la Grande
Dépression,
la plus grande
crise économique du XXe siècle.
Le krach boursier qui débute le
jeudi 24 octobre 1929 plonge le
monde occidental dans l’une des
plus profondes crises économique
de son histoire, avec à la clé
de nombreuses conséquences.
Parmi elles, le développement
du nationalisme économique et
politique,
particulièrement
en
IMMOBILIER - Le
pays dénombrait
2,47
millions
d ’é t u d i a n t s
Novembre 2016 - N° 14
en 2014, pour
s e u l e m e n t
375.000 chambres
disponibles.
La nécessité de lutter contre le réchauffement
climatique commence à impacter les stratégies
des fonds d’investissement. Nombre d’entre
eux se détournent désormais d’énergies fossiles
comme le charbon. Une prise de conscience
réelle, mais encore minoritaire en raison du
rendement incertain des énergies renouvelables.
WHAT’S
Parmi les dépenses qui pèsent le plus
dans le budget des étudiants,lelogement
est en haut du panier, comme le rappelle
l’étude de l’Unef publiée lundi. Afin
d’en mnimiser l’importance, nombre de
jeunes se tournent vers les résidences
étudiantes. Mais rares sont les places et
nombreux les déçus à l’arrivée. Selon une
enquête, la France comptait 2,47 millions
d’étudiants en 2014 pour seulement
375.000 chambres disponibles dans
ces résidences. Par sa complexité et son
on
?
REVUE DE PRESSE
Pourquoi les grandes
places financières sont
devenues si instables
Par nature, les actions sont des produits
financiers risqués. Les investisseurs,
notamment
les
particuliers
chinois,onteul’occasiondeledécouvrir
cet été.Après avoir enregistré en
début d’année son meilleur trimestre
depuis septembre 2009, la Bourse de
Paris a vécu au troisième sa pire
performance depuis quatre ans ! Depuis
le mois de mai, se sont enchaînés un
mini-krach obligataire, un krach sur
les actions chinoises, puis une
correction brutale le 24 août dernier
(– 3,72% pour le MSCI World, un
record depuis septembre 2011). Pourtant,
les Bourses de Paris, New York
caractère risqué, ce type d’hébergement
n’a, jusqu’à récemment, que peu intéressé
les promoteurs immobiliers. Les investisseurs commencent néanmoins à lorgner
ce marché à la rentabilité locative
attractive. D’autant plus que ne cesse de
croître avec l’arrivée massive des étudiants
asiatiques dans les universités françaises.
Ces derniers n’envisagent généralement
pas d’être hébergés ailleurs que dans
desrésidences étudiantes. Les pouvoirs
publics ont pris la mesure du problème
et lancé plusieurs grands chantiers, parmi
lesquels le plan 40.000 logements lancé en
2013 et dont la fin est prévue pour 2017.
Le point
Marchés
Financiers
28 //
Lundi 14 novembre 2016 Les Echos
FINANCE
&MARCHES
LE PÉTROLE CHUTE AU PLUS
BAS DEPUIS TROIS MOIS
Le prix du baril de brent
comme celui de brut américain
(WTI) ont décroché, la semaine
dernière, pour finir à un plancher depuis début août. La
production cumulée de l’Opep
a atteint un record de 33,64 millions de barils par jour en octobre, a indiqué l’organisation dans
son rapport mensuel. Cette
hausse a principalement été tirée
par le Nigeria, la Libye et l’Irak.
les
indices
RÉACTIONS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE
Les marchés obligataires renversés
par les projets de Donald Trump
l Le projet économique de Donald Trump ferait s’envoler déficit et inflation.
l De quoi précipiter la fin d’une période de trente ans de taux bas.
Guillaume Benoit
@gb_eco
Le choc est violent. En à peine quarante-huit heures, le taux français à
10 ans est passé de 0,42 à 0,7 %. Et
son équivalent allemand qui flirtait
avec 0,1 % évolue désormais autour
de 0,3 %. Des cas loin d’être isolés.
EnEurope,l’ensembledestauxsouverains a suivi l’envolée des taux
américains, dans la foulée de la victoire de Donald Trump à l’élection
américaine.
Les premiers éléments du
p r o g r a m m e é c o n om i q u e d u
président élu ont en effet de quoi
inquiéter les marchés obligataires.
Donald Trump a promis des réductions massives d’impôts et un
programme de grands projets
d’infrastructures pour un montant
de 500 milliards de dollars. Cette
baisse des rentrées fiscales combinée à une hausse des dépenses
alourdirait la dette américaine, déjà
à un niveau record, de 5.300 mil-
liards supplémentaires. Et la part
du déficit américain dans le PIB
atteindrait 6,1 %, soit près du double
de son niveau actuel.
Pour l’instant l’agence Standard & Poor’s ne se montre pas
particulièrement inquiète, conservant à la note AA+ des Etats-Unis
une perspective stable. Mais les
investisseurs, de leur côté, comptent bien demander une prime de
risque plus importante pour prêter
à Washington. Signe de ce durcissement, selon l’agence Bloomberg,
l’émission de mercredi, le lendemain du résultat du vote, a attiré la
plus faible demande depuis 2009,
notamment de la part d’investisseurs étrangers. BNP Paribas voit, à
terme,letauxdes« treasuries »–les
emprunts d’Etat américains – à
10 ans passer de 2,1 à 3 %.
Cette remontée du coût de la dette
est d’autant plus probable que la
politiquedunouveauprésidentaura
des effets inflationnistes prononcés,
cequiaugmenteralapressionsurles
rendements américains. NotammentenpoussantlaFedàreleverses
taux directeurs. La probabilité d’une
hausse dès décembre a repris de la
vigueur sur les marchés. Or une
hausseglobaledestauxferaitperdre
de la valeur aux titres qu’ils possèdent déjà dans leurs portefeuilles.
Relance budgétaire
Sielleajouéunrôled’électrochoc,la
victoire de Donald Trump n’expliquepasàelleseuleceretournement
sur le marché des taux. Celui-ci
s’inscrit dans un mouvement plus
profond, qui a pris de l’ampleur au
cours des dernières semaines. Les
investisseurs redoutent la fin d’une
période de trente-cinq ans qui a été
particulièrement favorable aux
marchés obligataires, notamment
grâce aux politiques monétaires
très accommodantes des banques
centrales. Or ces dernières, en
Europe ou au Japon notamment,
semblent montrer leurs limites
pour stimuler la croissance. Ce qui
justifierait que ce soient les gouvernements qui prennent le relais, avec
des plans de relance budgétaire…
comme vient de l’annoncer Donald
Trump. Et, en Europe, l’idée de
s’affranchir des contraintes budgétaires de Maastricht gagne de plus
en plus les esprits.
Les banques centrales n’ont
toutefois pas dit leur dernier mot.
Les craintes qui planent depuis
quelques semaines sur un ralentissement des achats de dette de la
Banque centrale européenne sont
en train de s’éloigner. Si une légère
hausse des rendements, notamment pour les pays les plus solides
de la zone euro, est acceptable, elle
se montrera plus attentive à l’évolution des taux des pays d’Europe
du Sud. Notamment ceux de l’Italie, qui ont touché, jeudi soir, leur
plus haut en quatorze mois.
(
Lire l’éditorial
de Jean-Marc Vittori
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La dette au cœur des relations Etats-Unis-Chine
Donald Trump veut faire
pression sur la Chine.
Au risque de se fâcher
avec un des premiers
créanciers des Etats-Unis ?
Il en a fait l’un des principaux arguments de sa campagne. Donald
Trump a la Chine dans son collimateur. Il accuse le géant asiatique de
s’être enrichi sur le dos des EtatsUnis, en « pompant » les emplois
américains. Principal objet de ce
ressentiment : le déséquilibre de la
balance commerciale, qui faisait
apparaître, en 2015, un solde de
366 milliards de dollars au bénéfice
de Pékin. Le futur président estime
que ce résultat est notamment dû à
une manipulation du cours des
devises par le gouvernement
chinoispouraméliorerlacompétitivité de ses exportations. Il veut donc
construireunegrandemurailleprotectionniste grâce à une hausse
massive des droits de douane.
Mais adopter cette ligne dure
reviendrait pour Washington à se
brouiller avec son principal créancier. Selon les derniers chiffres
publiés en août par le Trésor américain, la Chine possède officiellement
1.185 milliards de dollars de « treasuries », les emprunts d’Etat améri-
cains. Soit près de 20 % de la dette
détenue en dehors du sol américain.
Et encore, ce montant n’englobe pas
les avoirs de Hong Kong (191 milliards de dollars)… et ceux qui reposent, en toute discrétion, sur des
comptes en Belgique. Seul le Japon
arriveàrivaliseravecsonvoisin,avec
1.144 milliards de dollars.
Arme de dissuasion
Ce poids dans la dette américaine
offre donc à Pékin un sérieux levier
sur son premier partenaire commercial. Une vente massive de titres
sur le marché aurait comme conséquence de faire baisser la valeur des
« treasuries » et, mécaniquement,
d’en faire grimper les taux. D’autant
que ces derniers temps la Chine a
plutôteutendanceàsedéfairedeses
titres américains. Entre août 2015 et
août 2016, elle a ainsi cédé pour
85 milliards de dollars d’obligations.
Certes, Pékin est sans doute l’un des
principaux artisans de la hausse de
47 milliards de dollars des avoirs
belges sur la période. Mais le solde
reste tout de même négatif.
Cette arme de dissuasion doit
toutefois être maniée avec précaution. Elle risquerait en effet de faire
baisser le dollar. Et de renforcer en
contrepartie le yuan. — G. Be.
Carl Icahn, la nuit américaine à 1 milliard de dollars
Le « hedge fund » activiste,
soutien de Donald Trump,
a misé 1 milliard de dollars,
peu avant l’annonce
des résultats, et gagné gros.
Carl Icahn, longtemps pressenti
pour le poste de secrétaire au
Trésor de Trump, préfère rester
indépendant. Photo N. Barnard/Getty
Images for « New York Times »/AFP
Il fait partie du cénacle qui a fêté, en
petit comité, l’élection de Donald
Trump dans la nuit de mardi à mercredi. Carl Icahn, le célèbre activiste,
dont la fortune personnelle est estiméeà16milliardsdedollars,nepouvait pas manquer ce moment, étant
un des soutiens indéfectibles du
républicain. Mais les affaires ont vite
repris le dessus et le gérant de
« hedge fund », flairant le « bon
coup », s’est éclipsé vers minuit,
avant les résultats définitifs, pour
miser 1 milliard de dollars sur
l’indice Standard & Poor’s 500, alors
en chute libre à 2.020 points, via des
contrats à terme. Il a ainsi profité du
rebond de 7 % de Wall Street en
vingt-quatre heures, comme il l’a
raconté à l’agence Bloomberg :
« J’auraisinvestidavantagesijel’avais
pu,carc’estundemesmeilleursinvestissements. L’indice S&P 500 était
incroyablement liquide [on pouvait
en acheter et vendre de grandes
quantités sans en faire varier le
cours, NDLR]. Tout le monde paniquait sans la moindre raison », s’est-il
félicité. Ce fut une opportunité spéculative historique. Depuis l’élection
de Trump, le portefeuille de Carl
Icahn a gagné près de 700 millions
de dollars et celui de John Paulson,
autre « hedge fund » soutien de
Trump, a bondi de près de 500 millions de dollars, car il est historiquement très investi sur les valeurs
pharmaceutiques,quiontfortement
progressé après le résultat.
Carl Icahn a été longtemps pressenti comme le futur secrétaire au
Trésor de Trump, ce qu’il a encore
écarté, estimant qu’il préférait rester indépendant. Il a, en tout cas,
donné une série d’interviews afin de
rassurer les marchés et Wall Street
sur le programme économique du
républicain, le seul à prendre la
mesure des défis économiques auxquels est confronté le pays. « Cette
élection est un pas dans la bonne
direction, a-t-il plaidé à la chaîne
CNBC. Avant cette élection, mon por-
« L’administration
Obama était
davantage contre
les entreprises qu’en
leur faveur, ce qui
n’aide pas à investir.
Cela devrait
changer. »
CARL ICAHN
Président de Icahn Enterprises
tefeuille était très couvert et protégé,
car j’étais très négatif sur l’économie.
L’administration Obama était
davantage contre les entreprises
qu’en leur faveur, ce qui n’aide pas à
investir. Cela devrait changer. » Il a
vilipendé le maintien des taux
d’intérêt à zéro pendant trop longtemps par la Fed, ce qui dénature la
hiérarchie des risques, une critique
récurrente chez les « hedge funds ».
Ilsouhaitemoinsderégulationdela
part de Trump, mais pas pour
autant « le Far West », a-t-il insisté.
Environnement favorable
Ce financier chevronné, raider
intrépide, continue de penser que
l’environnement est favorable à sa
stratégie activiste : les taux d’intérêt
sonttoujourstrès bas,ce quipermet
de financer aisément des acquisitions. Les entreprises américaines
disposent de liquidités « dormantes » et abondantes qui pourraient
être mieux employées. Coté sur le
Nasdaq, Icahn Enterprises, le holding diversifié de l’activiste, qui
regroupe ses participations dans
une dizaine de secteurs (énergie,
finance, automobile, mines,
métaux, immobilier, emballages
alimentaires, jeux et casinos…), a vu
son cours bondir de 4,6 % après la
victoire de Trump. Ce holding est
notamment investi dans des sociétés comme American International
Group (AIG), Herbalife, Cheniere
Energy, Freeport-McMoRan, PayPal,TransoceanetXerox.Lesrendements de son portefeuille ont été
volatils, reflétant sa stratégie risquée de paris concentrés sur un
nombre restreint de « dossiers ».
Depuis 2010, les performances de
l’activiste ont évolué entre +34,5 %
(2011) et –18 % (2015). Au premier
semestre, son fonds perdait encore
de l’argent, comme la plupart des
activistes. — N. A.-K.
30 // FINANCE & MARCHES
LaFrances’allie
àlaChinepour
investirenAfrique
CAPITALINVESTISSEMENT
Les deux Etats
créent un fonds de
300 millions d’euros
pour investir en
Afrique et en Asie.
Anne Drif
@anndrif
La France et la Chine renforcent
leurs liens économiques. En
visite à Paris mardi, le vice-Premier ministre de la République
populaire de Chine était venu
approfondir les sujets de coopération industrielle avec la
France, en particulier sur la
filièrenucléaireetl’entréeextrêmement sensible du chinois
CNNC au capital d’Areva. Alors
que les acquisitions et investissements chinois atteignent un
record en Europe et en France,
leministredesFinances,Michel
Sapin, a tenu à insister sur
l’importance du principe de
« réciprocité » devant régir les
relations entre les deux pays.
L’annonce, dans la foulée,
d’un véhicule commun d’investissement dans des pays tiers
est venue concrétiser cette
ambition. La Chine et la France
y consacreront 300 millions
d’euros dans un premier temps.
Seront principalement visées
l’Asie et l’Afrique, dans les secteurs de l’énergie renouvelable,
de la santé et des infrastructures. Géré par CDC International
Capital (CDC IC) et abondé du
côté chinois par le fonds souverain CIC, il pourra atteindre une
D
Des liens
historiques
2012. La Caisse des
•Dépôts
s’allie dans
un fonds commun de
250 millions d’euros avec
la China Development
Bank (CDB).
2014. Un nouveau
fonds est lancé à hauteur
de 500 millions d’euros.
2015. Création
d’un fonds digital de
200 millions avec la CDB,
et partenariat
de 1 milliard d’euros
pour investir dans
le Grand Paris avec CIC.
•
•
capacité de 2 milliards d’euros,
en s’ouvrant à d’autres investisseurs institutionnels français et
chinois. « Cette alliance d’un
nouveau type, scellée au travers
de ce fonds, vise à promouvoir la
coopération économique entre
nos deux pays. Plutôt que d’être
en concurrence frontale en
Afrique, nous investirons en partenariat, explique Laurent
Vigier, le président-directeur
général de CDC IC. Cette alliance
facilitera en outre notre entrée
sur les marchés asiatiques, qui
restent difficiles à pénétrer. »
Jusqu’à présent, la France et
la Chine s’étaient concentrées
sur des alliances « locales »
d’investissements croisés. Un
partenariat qui est rapidement
monté en puissance. Initié en
2012 par Laurent Vigier, il a
d’abord mobilisé 250 millions
d’euros avec la China Development Bank, puis le double deux
ans plus tard, confié en gestion
à Cathay Capital. A l’été 2015, à
l’occasion de la visite du Premier ministre chinois, Li
Keqiang, les deux partenaires
se sont lancés ensemble dans
l’investissement numérique au
travers d’un nouveau véhicule
de 200 millions d’euros.
Franchissement
d’un nouveau cap
C’est alors qu’ils ont franchi un
nouveau cap, avec la reprise en
main des investissements chinois par le fonds souverain CIC,
doté de 800 milliards de dollars
dont 50 milliards pour sa branche CIC Capital. En novembre 2015, CDC International a
noué un premier accord avec le
fonds d’Etat pour mobiliser
1 milliard d’euros en faveur des
projets du Grand Paris. Ce front
commun à l’international
annoncé mardi marque une
nouvelle étape.
Depuis sa création en 2014,
CDC International est parvenu à
concentrer, grâce à une série
d’alliances avec la Chine, la
Russie, le Qatar, la Corée du Sud
ou le prince saoudien Al Walid,
première fortune du monde
arabe, 4 milliards d’euros. Au
total, 800 millions ont été
déployés dans une dizaine de
projets, allant de la société
foncière SGI Africa, pour
développerdenouveauxcentres
commerciaux,auspécialistedes
médicaments antidouleur Ethypharm, en passant par le verrier
du nord de la France en grande
difficulté Arc International. n
COMMUNIQUÉ
Société Anonyme d’Habitations à Loyer Modéré
Au capital de 14 104 731 €
Siège social : 141/145 avenue du Prado 13008 MARSEILLE
RCS MARSEILLE 415 750 868
Extrait de délibération du conseil d’administration d’Immobilière Méditerranée du
20 octobre 2016 : délégation au directeur général des droits de préemption urbain
conformément aux articles L.211-2 ET R.211-5 du code de l’urbanisme
A la demande du Président, le Directeur Général informe le conseil que Depuis la loi
n°2015-990 du 6 août 2015, dans toute commune, le titulaire du droit de préemption
urbain peut déléguer son droit aux organismes d’habitation à loyer modéré, conformément
à l’article L.211-2 du Code de l’urbanisme.
L’organe compétent pour exercer, par suite d’une telle délégation, au nom d’Immobilière
Méditerranée, le droit de préemption urbain prévu par le code de l’urbanisme est le conseil
d’administration.
Aux termes de l’article R.211-5 du code de l’urbanisme, le directeur général d’Immobilière
Méditerranée peut, par délégation du conseil d’administration, être chargé d’exercer au
nom de celui-ci, les droits de préemption dont la société serait titulaire ou délégataire.
Compte tenu des courts délais de procédure et du nombre de transactions foncières et
immobilières, le conseil d’administration ne peut pas se réunir à l’occasion de chaque
notification de délégation du droit de préemption urbain.
Il est ainsi proposé que le conseil d’administration délègue au directeur général l’exercice,
au nom d’Immobilière Méditerranée, des droits de préemption urbain dont elle serait
délégataire.
Les biens acquis par exercice du droit de préemption en application de l’article L.211-2
du Code de l’urbanisme, ne pourront être utilisés qu’en vue de la réalisation d’opérations
d’aménagement ou de construction permettant la réalisation des objectifs fixés dans le
programme local de l’habitat ou déterminés en application du premier alinéa de l’article
L. 302-8 du code de la construction et de l’habitation.
Le directeur général rendra compte de l’exercice des droits de préemption au conseil
d’administration au moins une fois par an.
La présente délégation de pouvoir au directeur général fera l’objet d’une publication de
nature à la rendre opposable aux tiers.
Il est demandé au conseil d’autoriser la délégation au directeur général des droits de
préemption urbain dont Immobilière Méditerranée serait délégataire dans les conditions
susvisées.
A l’issue de cet exposé, le conseil à l’unanimité, autorise la délégation au directeur général
des droits de préemption urbain dont Immobilière Méditerranée serait délégataire dans les
conditions susvisées.
Mardi 15 novembre 2016 Les Echos
Les obligations dans la tempête
après la victoire de Trump
DETTES
Les marchés obligataires
ont effacé plus
de 1.000 milliards
de dollars.
Les opérateurs jouent
sur la reflation de
l’économie américaine.
Sur les marchés obligataires, on
attendaitlaFed,onaeul’effetDonald
Trump. Depuis la victoire du candidat républicain, le marché obligataire mondial a fondu de plus de
1.000 milliards de dollars. Conséquence de la forte hausse des taux
d’intérêt (quand le cours des obligations recule, les taux montent mécaniquement). Les investisseurs craignaient cette issue, mais ils voyaient
plus la remontée des taux directeurs
delaFedcommedéclencheur.Lavictoire de Trump, dont le programme
est perçu comme inflationniste et
laxiste en matière d’endettement, a
poussélesrendementsàdesniveaux
rarement vus cette année. Ainsi, le
rendement des emprunts d’Etat
américain à 30 ans a atteint 3 % pour
la première fois de l’année, alors que
le taux à 10 ans est remonté jusqu’à
2,30 %, soit un bond de 35 points de
base depuis le 8 novembre.
« Il n’y a pas eu de course vers les
actifs refuges, mais au contraire une
forte hausse de l’appétit pour le risque », concèdent les analystes de la
Société Générale. Au total, les
actions ont surperformé les obligations de 4,8 % la semaine dernière,
selon Bloomberg, l’écart de performance le plus important depuis
décembre 2011. « Les opérateurs de
marchésonttoujoursentraindedigérerlesimplications d’untelrésultat »,
indiquent les analystes de JP Morgan, qui reconnaissent avoir été surpris.« Lemessageconciliantduprésident élu Trump, qui mettait l’accent
sur les dépenses d’infrastructures et
omettaitlesréférencesauxproblèmes
commerciaux, a poussé les marchés
dans une phase de reflation. » Les
anticipations de hausse des taux de
la Fed en décembre ont fait le reste.
Laremontéedestauxaméricains
fait tache d’huile en Europe. Le rendement du taux allemand à 10 ans,
le Bund, est au plus haut depuis janvier, à 0,39 % (+21 points de base
depuis le 8 novembre). Le taux à
10 ans français est monté jusqu’à
0,86 % (+36 points de base). Plus
gênant pour la BCE, les rendements
se tendent dans les pays périphériques,notammentenItalie(à2,08 %,
au plus haut depuis juillet 2015). La
pression monte d’un cran sur l’institution de Francfort, suspectée ces
dernières semaines de vouloir mettre fin, plus vite qu’espéré par le
marché, à son programme de
rachats d’actifs. Vítor Constâncio,
vice-présidentdelaBCE,ad’ailleurs
tenté d’atténuer les flammes en rappelant « qu’il faudrait se garder de
tirer hâtivement des conclusions
positives à partir de cette évolution
du marché parce qu’elle n’implique
pas forcément que l’économie mondiale jouira d’une reprise accélérée
avec une croissance plus élevée », ce
qui justifie aussi la remontée des
taux longs. La Société Générale
s’interroge malgré tout sur « la
capacité, limitée, des banques centrales à soutenir les obligations ».
Croissance molle
Pour Aurel BGC, le mouvement ne
fait que commencer. Les rendements des obligations d’Etat
devraient monter, « sous l’effet de
l’incorporation d’anticipations d’une
inflation plus forte », même si, selon
le courtier, « l’écart entre les rendements des obligations à long terme
américaines et allemandes devrait
continuer à augmenter ces prochains
mois », compte tenu de la politique
monétaireplusaccommodantedela
BCE,maisaussi« d’unPIBaméricain
qui devrait recommencer à croître un
peu plus vite que celui de la zone euro
ces prochains trimestres ». La volatilité risque en tout cas d’être un peu
plus forte à l’approche des réunions
de décembre de la Fed et de la BCE.
Dans ce contexte de hausse des
taux, Moody’s Investor’s Service a
réitéré sa mise en garde sur la dette
souveraine, dans un « contexte persistant de croissance molle et de
changement des politiques budgétairespouvantconduireàunehaussede
la dette publique ». En effet, 26 % des
134 dettes d’Etat suivies par l’agence
ont une perspective négative contre
17 %ilyaunan.Unniveaujamaisvu
depuis 2012. — P. Fay
UniCredit va procéderàune augmentation
decapital de13 milliardsd’euros
BANQUE
Jean-Pierre Mustier,
l’administrateur
délégué, a dorénavant
bien pris en main la
direction de la banque.
Il peaufine son plan
stratégique pour
muscler les fonds
propres d’UniCredit.
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Dansunmois,Jean-PierreMustier,à
la barre d’UniCredit depuis juillet
dernier, présentera son nouveau
planindustrielpourremettreàflotla
première banque du pays. D’après
des sources proches du dossier, il
s’apprête à annoncer le 13 décembre
prochain, à Londres, une augmentationdecapitalde13milliardsd’euros,
près du double des 6 à 8 milliards
d’euros évoqués jusqu’ici. L’option
d’une levée de fonds massive serait
ainsi préférée à celles, plus petites
mais régulières, auxquelles MPS a
récemment habitué les marchés.
Cela permettrait de calmer les
inquiétudes des marchés et de la
BCE sur le ratio de fonds propres
durs, dit « CET1 fully loaded » de la
première banque italienne. Il était
passé de 10 à 10,82 % fin septembre,
loin de sa concurrente Intesa Sanpaolo avec ses 12,9 %, et trop proche du
seuil minimum exigé par la Banque
centrale européenne, que l’institution communiquera ces jours-ci à la
banque avant que celle-ci le rende
public le mois prochain. L’amélioration récente de ce ratio est due en
grande partie à l’optimisation des
fonds propres et à une gestion plus
rigoureuse du portefeuille d’actifs.
Depuis l’arrivée de Jean-Pierre Mustier, UniCredit a cédé une participation de 30 % dans la banque en ligne
FinecoBank. Le groupe bancaire est
parailleursencoursdenégociations
pourvendreunenouvelletranchede
sa filiale polonaise Pekao et il décidera prochainement à qui vendre sa
filiale de gestion d’actifs Pioneer
Investments avec, parmi les mieux
placés, le français Amundi.
Des administrateurs unis
Aucune fusion à l’ordre du jour, en
revanche, avec un autre français, la
Société Générale. Des rumeurs sur
lesquelles UniCredit ne souhaite pas
s’exprimer. « Nous avons bien mieux
à faire et nous sommes bien assez
occupésavecd’autresdossiers »,commentaitlundiunesourceinterne.Ils
ne manquent pas en effet, à commencer par les crédits détériorés
(NPL pour « non-profit loans ») qui
s’élevaient à 20 milliards d’euros fin
septembre. Ils ont baissé de 12 milliards d’euros depuis 2014 et de 8 %
ces neufs derniers mois, avec une
accélération des cessions à des spécialistes du rachat de dette tels que
Kruk Group, Pimco, Cerberus ou
Fortress. Ce dossier et les pertes qu’il
promet d’entraîner ont pesé dans la
décision de procéder à une augmentation de capital massive. Ils seront
évidemment l’un des axes majeurs
du prochain plan industriel de la
banque avec la « réduction des
coûts »etune« approchetrèsdisciplinée en termes de risque pour saisir
toutes les opportunités », comme
l’avait indiqué Jean-Pierre Mustier
dès sa prise de fonction.
La crainte d’une dilution des principauxactionnaires,telsquelefonds
Aabar (5 %) et le bloc des fondations
(8 % environ), suite à la recapitalisationquiseprofile,n’entameenrienla
détermination de Jean-Pierre Mustier. Il peut compter sur la confiance
de son conseil d’administration
conscient que l’unité est indispensable pour « faire ce qui est le mieux
pour la banque » et « affronter des
défisimportants »promisparlenouvel administrateur délégué dans sa
premièrelettreenvoyéeauxsalariés.
(
Lire également « Crible »
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Les Echos Mercredi 23 novembre 2016
FINANCE
&MARCHES
L’ÉTAIN, AU PLUS HAUT
DEPUIS PLUS DE DEUX ANS
L’étain a gagné plus de 6 % sur
les quatre dernières séances.
Depuis janvier 2016, il enregistre
la meilleure performance sur
le London Metal Exchange
derrière le zinc. Les exportations
d’Indonésie ont ralenti ; et les
stocks sont au plus bas depuis
2004. Certains experts tablent
sur un prix de 30.000 dollars
la tonne pour 2018-2019, contre
21.210 actuellement.
les
indices
Bourse : records en série à Wall Street
l Le Dow Jones, le Nasdaq et l’indice S&P 500 ont enregistré mardi de nouveaux records historiques.
l Wall Street profite des espoirs de relance de l’économie américaine, mais aussi du rebond du pétrole.
MARCHÉ FINANCIER
C’était jour de première à Wall
Street : première fois de son histoire
que le vénérable indice Dow Jones
franchit la barre des 19.000 points,
première fois que le S&P 500 passe
au-dessus des 2.200 points et première fois depuis 1999 que les
grandsindicesaméricainstouchent
ensemble un record historique. Le
Nasdaq, mais aussi l’indice des petites valeurs Russell 2000 ont aussi
inscrit un nouveau plus haut en
séance mardi. Une série de records
qui intervient quelques jours après
l’électionsurprisedeDonaldTrump
à la présidence des Etats-Unis. Cette
perspective qui, un temps, effrayait
les investisseurs, s’est transformée
en espoir de relance de l’économie,
sur fond de baisse d’impôts et
d’investissementsmassifs.Avec,àla
clef, le pari d’un rebond des profits
des entreprises américaines après
15 mois de repli. Faute d’informations précises sur le programme
économique que Trump mettra en
place début 2017, les investisseurs
semblent surtout en être réduits à
fantasmer les effets sur les actions
américaines.
L’essentiel de la cote à la fête
En attendant, l’ascension de Wall
Street ne s’essouffle pas. Depuis
l’élection de Donald Trump, l’indice
S&P 500 gagne 2,96 % et le Dow
Jones 3,77 %. Le Nasdaq (+3,71 %) a
déjà rattrapé son retard. Dans un
premier temps, les investisseurs
avaient opéré un tri sur le marché
entre les valeurs « pro-Trump » et
les autres, dont une partie des
valeurs de la Silicon Valley. Depuis,
la majeure partie de la cote en profite et pas seulement les banques
(Goldman Sachs +15 %), les groupes
aurifères (Freeport +24 %) ou les
engins de chantier (Caterpillar
+10%).Lefabricantdemicroproces-
seurs NVidia affiche ainsi la plus
forte hausse du S&P 500 depuis le 8
novembre (+30 %), devançant deux
groupes très sensible à la consommation : Staples (ameublement,
+29 %) et Kohl’s Corp (grande distribution, +27 %). Les valeurs pétrolières participent à la fête. Moins en
raison de la victoire de Trump que
delaperspectived’unaccordausein
del’Opeppourlimiterlaproduction
de l’or noir. Les producteurs de
pétrole de schiste pourraient profiter d’un rebond du prix du WTI
pour rouvrir des puits.
Enfin, un autre élément a pu
aussi soutenir Wall Street : Thanksgiving, le 24 novembre. « Les
marchés américains poussent
souvent à la hausse avant un long
week end », explique Aurel BGC.
Cette année, la dinde pourrait être
particulièrement grasse. — P. Fay
(
Lire également « Crible »
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Comment Donald Trump va relancer les rachats d’actions
Selon Goldman Sachs,
les rachats d’actions vont
rebondir de 30 % en 2017.
La politique fiscale du
nouveau président américain n’y sera pas étrangère.
Pierrick Fay
[email protected]
Après Apple en 2012, après Google
en 2015, Facebook vient rejoindre la
cohortedesgéantsdelatechnologie
qui rachètent leurs actions en
masse. Le réseau social va en effet
lancer,début2017,sonpremierplan
de rachat d’actions. Six milliards de
dollars pour un groupe fort d’une
trésorerie de 26 milliards « Facebook dégage de tels niveaux de cash
dans son activité qu’il n’a pas forcément de projets d’investissements à
mettre en face », justifie Tangi Le
Liboux, stratégiste chez Aurel BGC.
Si le groupe reste loin des plans
gigantesques d’Apple (10,9 mil-
liards par trimestre), General Electric (7,6 milliards) ou AbbVie
(3,4 milliards), la décision de Facebook marque un tournant dans le
domaine des rachats d’actions qui
tendait à s’essouffler depuis un an.
Le deuxième trimestre 2016 a
notamment été le plus faible depuis
2013, selon FactSet. Les raisons sont
multiples. D’abord, les entreprises
américaines ont enregistré, fin juin,
leur cinquième trimestre de suite
de baisse de leurs résultats. Difficile
alors de rendre plus de cash aux
actionnaires, même si la tentation
est grande de soutenir les cours de
Bourse, grâce à l’augmentation du
bénéfice net calculé par action.
Ensuite la remontée, attendue, des
taux d’intérêt aux Etats-Unis pourrait réduire la tendance des entreprises à s’endetter pour racheter
leurs actions… « Cela pourrait devenir plus difficile ou plus cher de
financer les rachats d’actions », estimait, il y a quelques semaines, la
avoir légèrement ralenti leur
croissance cette année (+6 %, à
602 milliards de dollars). Les entreprises du S&P 500 devraient
racheter l’an pro chain p our
780 milliards de leurs propres
actions, soit une hausse de 30 %, la
plus forte depuis 2011.
Un montant colossal de cash
banque Citigroup. Enfin, le Dow
Jones, le Nasdaq et le S&P 500 sont
auplushauthistorique.Lavalorisation élevée des actions pourrait
donc conduire les entreprises à être
moins offensives dans ce domaine.
Difficile de créer de la valeur en
annulant des actions que l’on a
payées trop cher…
Pourtant, selon Goldman Sachs,
les rachats d’actions pourraient
rebondir fortement en 2017, après
L’élection de Donald Trump pourraitdonneruncoupd’accélérateurà
cette pratique. Son programme prévoit en effet une baisse des impôts
sur les sociétés ainsi qu’une diminution des taxes perçues lors du rapatriement des bénéfices accumulés à
l’étranger. Selon Goldman Sachs,
200 milliards de dollars pourraient
ainsi retourner aux Etats-Unis dès
2017, dont 150 milliards serviront
aux rachats d’actions. « Les entreprises ne vont pas pouvoir investir tout
cet argent, d’autant plus que ces sommes seront concentrées sur quelques
grosses entreprises », souligne Tangi
Le Liboux, qui estime aussi qu’une
« baisse de l’impôt sur les sociétés de
35 % à 20 ou 15 % représente un
montant colossal de cash qui va venir
gonfler les bénéfices des entreprises
américaines ». Dans le même temps,
l’investissement, qui reste contraint
par la baisse de la productivité aux
Etats-Unis, ne pourrait croître que
de 6 % (après +1 % en 2016).
Ce serait donc une bonne nouvelle pour Wall Street, toujours en
quête de carburant pour poursuivre une embellie boursière qui dure
depuis huit ans. Les rachats
d’actions sont au cœur de la performance boursière des entreprises.
Selon Morgan Stanley, les rachats
de titres expliquent la moitié de la
progression du bénéfice par action
aux Etats-Unis depuis 2007. Ainsi
l’indiceS&P500Buybackprogresse
de 13,3 % depuis le début de l’année
contre +7,55 % pour le S&P 500. Sur
huit ans, l’écart est encore plus
énorme : 301 % contre 155 %. n
Les entreprises américaines face au défi de la faible productivité
Wall Street privilégie
les rachats d’actions au
détriment des investissements dans un contexte
de faible productivité.
En 2016, les entreprises américaines
vont verser, selon Goldman Sachs,
1.038 milliards de dollars à leurs
actionnaires,viadesrachatsd’actions
et des dividendes. Dans le même
temps, les entreprises ne devraient
dépenser en investissement que
670milliardsdedollars(horsR&Det
acquisitions), à peine plus qu’en 2015.
En 2017, les rachats d’actions
devraient même dépasser, à eux
seuls,lemontantdesinvestissements
aux Etats-Unis pour la deuxième fois
seulement en vingt ans.
Les freins à l’investissement sont
en effet nombreux aux Etats-Unis.
D’abord, les entreprises n’utilisent
leurs capacités de production qu’à
75 %, contre 80 % en moyenne sur
le long terme. En outre, souligne
Aurel BGC, « le potentiel de croissance économique a diminué. Les
entreprises hésitent donc à accroître
leurs immobilisations de peur de ne
pas rentabiliser leurs investissementssilademandeespéréen’est pas
au rendez-vous ». La perspective
d’un durcissement des conditions
de crédit aux Etats-Unis, mais aussi
de hausse des salaires, les rend
aussi plus prudents. Or, selon Lisa
Turk chez Edmond de Rothschild
AM (Edram), « tant que la rentabilitédesinvestissementsserafaible,les
directeurs continueront de privilégier le rachat de leurs propres
actions ».
Ralentissement structurel
Mais le principal frein reste sans
doute le ralentissement structurel de la productivité, retombée à
son niveau, très bas, des années
1980. Dans ce contexte, reconnaît
Mathilde Lemoine, chef économiste chez Edram, « les entrepri-
ses ne prennent pas le risque
d’investir et préfèrent embaucher
des salariés peu qualifiés. Tant que
la productivité n’augmentera pas,
je ne crois pas à un redémarrage de
l’investissement ».
La question de la productivité
n’est pas neutre pour une économie ancrée dans un cycle de
croissance remarquablement
long (depuis 2008). In fine, la productiivté définit le rythme de
croissance. « Aujourd’hui, la productivité augmente de 0,5 % par an
en tendance, soit la croissance de la
population active. Est-ce à dire que
la croissance tendancielle aux
Etats-Unis est de 1 % ? », s’interroge B enjamin Melman chez
Edram. Pour lui, la productivité,
« point faible d’une économie qui a
encore de beaux jours de vant
elle », devrait se reprendre. « Le
ralentissement peut s’expliquer
par le trou d’air de l’investissement
au moment de la crise, car il y a
souvent un décalage entre l’investissement et la productivité ». En
attendant, la pression sur les
marges des entreprises risque de
devenir plus forte.
Hausse du salaire minimum
« Si la productivité faiblit, il suffit que
les salaires augmentent un peu pour
que cela se traduise par de l’inflation,
et donc des tensions sur les marges »,
souligne Benjamin Melman. « Or,
dans une situation proche du pleinemploi, les salaires commencent à se
redresser, ce qui pourrait à termes
pesersurl’investissementetrenvoyer
les premiers signes d’un retournement cyclique. » C’est un peu le serpent qui se mord la queue : pas
d’investissementcarpasdeproductivité, mais sans investissement, difficile de l’améliorer.
L’élection de Donald Trump
pourrait toutefois changer la
donne. D’abord, parce qu’il veut
multiplier les investissements dans
les infrastructures, la défense, mais
aussi parce qu’il souhaite une
haussedusalaireminimum.Cequi,
associé au départ massif d’immigrants sans papiers à bas salaire,
pourrait inciter les entreprises à
investir, elles aussi, pour gagner en
productivité. C’est l’espoir affiché
par Stanley Fischer, vice-président
de la Fed : « La combinaison d’une
amélioration des infrastructures,
d’une meilleure éducation, d’un
encouragement à l’investissement
privé et d’une régulation plus efficace
a probablement un rôle à jouer dans
la promotion d’une croissance plus
rapide de la productivité et du niveau
de vie. » — P. Fay
Le point
Fiscalité
04 // FRANCE
Jeudi 24 novembre 2016 Les Echos
Lesdépartsàl’étranger
descontribuablesaisésnefaiblissentpas
l Les expatriations chez les foyers gagnant plus de 100.000 euros par an continuent d’augmenter.
l Les départs concernent près de 1 % des contribuables les plus fortunés.
FISCALITÉ
Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein
C’est désormais une tendance
lourde : il y a, chaque année, plusieurs milliers de contribuables
aisés qui quittent la France. Selon le
rapport annuel du ministère des
Finances, transmis au président
Les Républicains de la commission
des Finances, Gilles Carrez, les
départs à l’étranger chez les foyers
dont le revenu fiscal de référence
est supérieur à 100.000 euros ont
continué d’augmenter en 2014, dernière année pour laquelle ces données sont disponibles. L’administration fiscale a enregistré plus de
4.100 départs chez ces ménages,
soit une nouvelle hausse de 10 % en
un an.
Objet de nombreux fantasmes et
d’interminables débats, l’exil fiscal
est difficile à appréhender dans la
mesure où le registre des Français
de l’étranger n’est pas exhaustif,
l’inscription n’étant pas obligatoire.
Plus fiables, les données de l’administration fiscale ne traduisent pas
les motivations réelles de l’expatriation, sachant que les sondages des
réseaux consulaires montrent le
plus souvent que ce sont les opportunités professionnelles qui poussent les Français à partir.
Un effet cumulatif
Les données de Bercy, publiées
depuis 2012 et qui remontent jusqu’à 2007, commencent à donner
suffisamment de recul pour mieux
cerner ce phénomène. En hausse
continuedepuis2007,lesdépartsse
sont clairement accélérés à partir
de 2011 (on comptait seulement
1.330 départs en 2010), même si on
est loin de l’exode massif parfois
dénoncé par l’opposition. L’expatriation représente chaque année
environ 0,6 % des foyers gagnant
plus de 100.000 euros. Mais compte
tenu de la concentration de l’impôt
sur le revenu, le phénomène peut
déjà avoir des incidences sur les
recettes fiscales. Ces ménages
représentent en effet près de 38 %
desrecettesdel’impôtsurlerevenu.
Et l’effet cumulatif joue.
Chez les contribuables les plus
fortunés, le nombre de départs a
accusé une légère baisse en 2014.
Parmi les ménages dont le revenu
est supérieur à 300.000 euros, on
compte ainsi 589 départs en 2014,
contre 659 en 2013. Cela représente
un peu plus de 1 % des foyers situés
dans ce niveau de revenu. Là aussi,
la tendance de long terme est plutôt
à la hausse puisque, entre 2007 et
2010, l’administration enregistrait
entre 130 et 170 départs chaque
année. En 2014, la France a même
perdu quelques très hauts revenus :
127 chez les foyers gagnant plus de
700.000 euros, dont 75 dans la catégorie des revenus supérieurs à
1 million d’euros.
Redevables ISF : des retours
On constate une évolution similaire
concernant les redevables de l’ISF.
Chez les patrimoines de plus de
1,3 million d’euros, les départs ont
légèrement baissé en 2014, passant
de 815 à 784, mais ils avaient augmenté de 10 % à 20 % par an depuis
2011. Chaque année, ces départs
font perdre à la France entre 15 et
30 millions d’euros de recettes
d’ISF. Parmi les assujettis qui sont
partis en 2014, plus de 60 % déclaraient un revenu fiscal de référence
supérieur à 100.000 euros, ce qui
donne une idée de la « substance
fiscale » qui s’évapore ainsi. Environ 20 % déclaraient un patrimoine
4.100
LE NOMBRE DE DÉPARTS
de contribuables dont le revenu
fiscal de référence est supérieur
à 100.000 euros qui sont partis
en 2014.
net supérieur à 4,5 millions d’euros.
Chez les redevables de l’ISF, on
observe en parallèle une hausse des
retours (300 en 2014, contre 225 en
2013), mais ils rapportent moins
aux finances publiques : seulement
2,4 millions en 2014.
Ledernierindicateurpermettant
de mesurer l’exil fiscal est celui des
déclarations d’«exit tax», cet impôt
recréé en 2011 qui frappe les plusvalues latentes des candidats à
l’expatriation. Son objectif, au
départ, était de limiter l’exil temporaire de chefs d’entreprise voulant
céder leurs participations dans des
conditions fiscales plus avantageuses. Elle est devenue, par la suite,
unetaxevisantlescontribuablesles
plus aisés tentés de partir pour des
raisons fiscales. Là encore, la tendance de fond se confirme : après
une forte augmentation en 2012 et
2013, le nombre de départs s’est stabilisé en 2014, autour de 400 déclarations.Celasignifieque,encumulé
sur quatre ans, l’administration a
enregistré près de 1.400 départs, la
plupart étant des chefs d’entreprise.
Près de 70 % d’entre eux déclaraient
un revenu fiscal de plus de
100.000 euros.
(
L’éditorial
d’Etienne Lefebvre
Page 9
Royaume-Uni,Etats-Unis etSuisse
parmiles destinationsprivilégiées
Le rapport annuel de Bercy
dresse dans les grandes
lignes un portrait-robot
de ces ménages qui quittent
la France.
Qui sont ces contribuables candidats à l’expatriation ? Le rapport
annuel de Bercy dresse dans les
grandes lignes un portrait-robot de
ces ménages qui quittent la France.
La typologie n’est pas tout à fait la
même selon le niveau de revenu, les
destinations non plus. Ce qui vient
nuancer l’argument de Bercy, selon
lequel c’est l’augmentation de la
mobilité internationale qui expliquerait la hausse des départs.
Les données globales montrent
que les célibataires sont dominants
c h e z l e s ex p a t r i é s ( 6 5 % d e s
départs). On recense des départs
parmi toutes les classes d’âge, à la
fois chez les 18-30 ans qui partent
pour un stage ou un premier
emploi, et chez les plus de 60 ans
souhaitant couler leur retraite
sous d’autres cieux. Le revenu fiscal médian l’année précédant le
départ s’élève à un peu plus de
25.000 euros. Si le Royaume-Uni
arrive en tête avec 10 % des départs,
d’autres destinations connaissent
un certain succès, notamment le
Canada (6 %) et l’Espagne (5 %).
Pour les contribuables aisés, le
profil diffère sensiblement. Chez les
ménages gagnant plus de
100.000 euros, on compte sans surprise beaucoup moins de jeunes
parmi les candidats au départ, la
majorité des déclarants se situant
dans la tranche d’âge de 30 à 50 ans.
Ilspartentleplussouventenfamille
(84 % d’entre eux), avec deux ou
trois enfants (49 % d’entre eux). Le
Royaume-Uni reste toujours privilégié (11 % des départs), mais les
Le Royaume-Uni attire
les expatriés déclarant
plus de 300.000 euros
annuels de revenus.
Etats-Unis ont eux aussi la cote
(13 %). La Suisse a fait une percée
notable puisqu’elle se place maintenant en tête des destinations, malgré la levée du secret bancaire. Le
rapport montre que la Belgique
attire ceux dont les revenus de capitaux mobiliers sont plus élevés (la
fiscalitésurlesplus-valuesyestparticulièrement favorable). Le revenu
fiscal de référence médian pour ces
ménages s’élevait à 147.000 euros
l’année précédant le départ, sauf
pour le Royaume-Uni, où il atteignait un niveau bien supérieur
(178.239 euros par an), sans doute
en raison de la prédominance de
l’industrie financière.
Brexit : quel impact futur ?
Si l’on restreint l’analyse aux foyers
déclarant plus de 300.000 euros, on
voit que le Royaume-Uni arrive très
clairement en tête des départs.
Cette destination représentait 20 %
des départs en 2014, contre seulement10 %en2012,mêmesicesdonnées sont à manipuler avec précaution étant donné le plus faible
nombre de foyers concernés (quelques centaines). L’année précédant
le départ, le revenu fiscal de référence médian se situait à
455.000 euros. Leur situation familiale est globalement la même que
les foyers déclarant plus de
100.000 euros, sauf qu’ils sont en
moyenne plus âgés.
Chez les assujettis à l’ISF, la
Suisse a longtemps fait figure de
terre de prédilection. Elle représentait il y a cinq ans plus de un départ
sur cinq. Mais on a observé ces dernières années un recul au profit du
Royaume-Uni, en forte progression. Une tendance qui pourrait
s’inverser avec le « Brexit » ? En
2014, les mouvements en sens
inverse restaient encore assez
rares. Seuls 36 contribuables soumis à l’ISF ont franchi la Manche de
Londres à Paris. — In. F.
Le point
Taux
28 //
Mercredi 16 novembre 2016 Les Echos
FINANCE
&MARCHÉS
LES COURS DU PÉTROLE
S’ENVOLENT
A deux semaines de la prochaine
réunion de l’Opep, la spéculation
sur un éventuel accord pour
réduire la production a propulsé
mardi le prix du baril de pétrole
de plus de 4 % à Londres et à
New York. Selon Bloomberg, le
Qatar, l’Algérie et le Venezuela
tenteraient actuellement une
ultime démarche diplomatique
afin de convaincre les membres
du cartel.
les
indices
Laremontée des taux rebatles cartes
surles marchés actions
l Les valeurs cycliques et sensibles aux taux d’intérêt se redressent fortement.
l Les marchés parient sur plus de croissance et d’inflation en 2017.
Trois exemples de rotation en cours
Shutterstock
Développés
contre émergents
2016 devait être l’année
de la revanche pour
les marchés émergents
qui sous-performent
les Bourses développées
depuis 5 ans. Le MSCI EM
avait gagné plus de 16 %
au 8 septembre, mais
les craintes de remontée
des taux de la Fed
et la hausse du dollar
pourrait changer la donne
et pénaliser ces marchés.
L’indice a reperdu 9,6 %
depuis.
Banques contre
Silicon Valley
L’année 2016 avait mal démarré. Si
le palmarès boursier en porte
encore les stigmates, la situation
s’est améliorée depuis l’été. Au premier semestre, marqué par deux
chocs (pétrolier et Brexit), les
actions européennes ont perdu
9,8 %, dont – 8,62 % pour l’indice
CAC40àParisalorsqueWallStreet
a mieux résisté (+2,69 %), grâce à la
baisse du dollar. Au second semestre, changement de décor. L’indice
STOXX Europe 600 s’est ainsi
repris de 2,8 % (+7,06 % pour le
CAC 40), quand l’indice S&P 500 a
encore gagné 3,44 %.
Changement brutal
Mais le changement le plus important se manifeste en fait à l’intérieur
des indices, avec l’émergence d’une
véritable rotation sectorielle. « Les
secteurs des banques, de l’auto et des
assurances qui avaient les pires performances en Europe au premier
semestresontdésormaisdanslesquatre meilleures performances du
jours après le référendum britannique, les taux en zone euro ont trouvé
leur plancher », explique Aurel
BGC. La rotation sectorielle a justement coïncidé avec le rebond des
rendements obligataires, dont les
financières ont profité en premier
lieu.Iloffreuneboufféed’oxygèneà
un secteur dont les marges étaient
sous-pression. « L’opinion des marchés a évolué, reconnaissent les
L’opinion des marchés
sur les taux a changé.
Ils tablent désormais
sur une hausse.
analystes de SYZ AM. Convaincus
jusqu’alors que les taux stagneraient
à de bas niveaux sur la durée, les
investisseurs tablent désormais sur
leur remontée. » Car, au-delà des
taux, c’est l’environnement économique qui est en train de changer.
Les marchés ont revu en hausse
leurs anticipations d’inflation, surtout aux Etats-Unis, dans le sillage
des prix pétroliers. Et, ils sont aussi
optimistes pour la croissance, qui
reprend notamment dans les pays
émergents (Russie, Brésil). Deux
facteurs qui éloignent le spectre de
la déflation et pourraient inciter les
banques centrales américaine et
européenne à resserrer – un peu –
leur politique monétaire en 2017.
Plus de profits
Plus d’inflation (et donc de capacité
à augmenter les prix), plus de croissance, cela signifie potentiellement
aussi plus de profits pour les entreprises, notamment les plus sensibles aux cycles économiques. De ce
point de vue, la victoire de Donald
Trump à la présidentielle américaine n’a fait qu’accélérer cette
tendance à la rotation sectorielle,
son programme étant jugé procroissance, mais aussi proinflation. Les valeurs financières
du S&P 500 (+9,6 %) et les industrielles (+4,64 %) ont ainsi surperformé le secteur de la consommation de base (–4,21 %) depuis le
8 novembre.
Ce mouvement de rotation est-il
durable ? Cela dépendra principalement de l’évolution future des
taux d’intérêt et, donc, des décisions qui seront prises par la Fed et
la BCE. Rendez-vous est pris en
décembre. n
Shutterstock
Pierrick Fay
@pierrickfay
second, à ce jour », constate Aurel
BGC. Cela se vérifie sur l’indice Euro
STOXX 50 avec les belles performances depuis fin juin d’ING Group
(+43 %), de Banco Santander
(+27 %), d’Intesa Sanpaolo (+26 %),
mais aussi de BMW (+24 %) ou
Daimler (+20 %) quand les groupes
de services comme Engie et E.ON
(–20 %) ou de consommation
comme Anheuser-Busch InBev
(–18 %)ouUnilever(–12 %)souffrent.
« Les titres qui étaient les plus prisés
dans un contexte de taux faibles, à
l’instar des valeurs du secteur de
l’immobilier, des titres peu volatils ou
des actions à dividendes élevés, ont vu
leurs cours dévisser fortement, note
SYZAM.Al’inverse,les valeursfinancières ou valeurs de rendement, boudées jusqu’alors par les investisseurs,
produisent désormais des performances supérieures à celle du marché. » Barclays a ainsi chiffré que
l’investissement,enEurope,dansles
valeurs décotées, a surperformé les
valeurs défensives (peu volatiles) de
près de 17 % depuis le Brexit, avec
notammentunesurperformancede
28 %desbanquesfaceausecteurdes
biens de consommation de base.
Pourquoi ce changement brutal
d’un semestre à l’autre ? « Quelques
Cycliques contre
consommation
Franck Fife/AFP
BOURSE
Alors que l’indice S&P 500
des financières a rebondi
de 10,8 % depuis
la victoire de Trump,
les stars de la high-tech
souffrent. L’indice
S&P 500 IT a perdu
3,05 %, avec un repli
de 8,7 % pour Amazon,
de 7,3 % pour Facebook
et de 7,2 % pour Alphabet.
Un secteur jugé cher
en Bourse, malgré
des perspectives
de croissance intactes.
En début d’année,
les investisseurs recherchaient des valeurs avec
une bonne visibilité quitte
à les payer plus cher.
Aujourd’hui, ils misent sur
les cycliques, délaissées en
raison des risques sur la
croissance. Conséquence,
Danone et L’Oréal affichent
des performances négatives au second semestre
quand LafargeHolcim,
Schneider et Saint-Gobain
se redressent.
Les gendarmes de Wall Street font leurs cartons
GOUVERNANCE
La chef de la SEC,
Mary Jo White, est
la première à annoncer son départ.
Son successeur
sera sûrement plus
accommodant.
Lucie Robequain
@robequain
— Bureau de New York
Mary Jo White quittera la tête
de la SEC en janvier prochain.
Photo SEC.gov
C’est un départ qui en appelle beaucoup d’autres dans les prochaines
semaines. La patronne du gen-
darme de la Bourse (Securities and
Exchange Commission), Mary Jo
White, vient d’annoncer sa démission à compter de janvier prochain
– le dernier mois de Barack Obama
au pouvoir. L’élection de Donald
Trump n’y est pour rien, puisqu’elle
avaitfaitpartdesesintentionsavant.
Mais son départ prend une tout
autretournuredepuisquelemilliardaire a remporté la présidentielle.
Rupture
Le successeur de Mary Jo White
sera, de fait, beaucoup plus accommodant que celui qu’aurait choisi
Hillary Clinton si elle avait gagné
l’élection. Parmi les favoris de
Donald Trump figurent Michael
Piwowar, Paul Atkins et Anthony
Scaramucci – trois adeptes de la
déréglementation bancaire. « Le
patron de la SEC a la responsabilité
de stopper la diabolisation de Wall
Street », a ainsi fait valoir Anthony
Scaramucci, la semaine dernière.
C’est une rupture pour Wall
Street, qui avait plutôt subi un surcroît d’attention récemment : le
nombre de condamnations prononcées par la SEC n’a cessé d’augmenter ces dernières années pour
franchir un nouveau record l’an
dernier (548).
Quoique très critiquée par la gauche, qui la juge trop indulgente à
l’égard des banquiers, Mary Jo
White a réussi à faire bouger les
lignes en quatre ans : elle a condamné une agence de notation,
Standard & Poor’s, pour son implication dans la crise financière, ce
qui n’était jamais arrivé avant elle.
Elle a également placé sous surveillance les fonds monétaires, spécialisés dans les emprunts de court
terme aux entreprises et considérés
jusqu’alors comme la quintessence
de la « finance de l’ombre ».
Mary Jo White n’est pas la seule à
préparer ses cartons. Des changements de têtes sont également
attendus chez les autres régulateurs bancaires (FDIC, OCC). Mais
le départ le plus marquant sera certainement celui de Daniel Tarullo,
l’homme chargé de contrôler les
banques au sein de la Réserve fédérale. Il a de fortes chances de quitter
son poste en début d’année pro-
chaine, laissant à la droite un siège
hautement stratégique pour déréglementer Wall Street.
« C’est un scandale ! »
Le pouvoir des régulateurs
bancaires sera d’autant plus réduit
que les républicains souhaitent
raboter leur budget au Congrès. Si
les banques s’attendent à des jours
meilleurs, ce n’est pas forcément le
cas des grands PDG. Donald Trump
a eu des mots très durs pour qualifier la manière dont ils se rémunéraient. « Ils se font un argent incroyable. C’est un scandale !» avait-il lancé
il y a quelques mois sur CBS. Confronté à la réalité du pouvoir, le présidentTrumppourraitêtretoutefois
plus indulgent que le candidat. n
FINANCE & MARCHES // 31
Les Echos Mardi 22 novembre 2016
L’envolée des taux longs
menace la stabilité financière
Portugal : grandes
manœuvres
dans la banque
BANQUE
l Les rendements italien à 50 ans et belge à 100 ans s’envolent.
l La remontée des taux crée des risques pour la valeur des portefeuilles.
MARCHÉ
OBLIGATAIRE
Guillaume Benoit
@gb_eco
Av i s d e g r o s t e m p s s u r l e s
emprunts longs. Six semaines
après avoir placé ses premières
obligations à 50 ans – 5 milliards
d’euros à 2,85 % –, l’Italie déchante.
Les titres ont perdu 11 % de leur
valeur et leur rendement a bondi à
près de 3,40 %. Une déroute qui
s’explique notamment par l’instabilité politique et économique liée au
référendum constitutionnel qui
aura lieu le 4 décembre prochain
(lire aussi ci-dessous). Mais le phénomène touche tous les emprunts
d’Etatlespluslongs.Lesobligations
à 100 ans émises en mai par la Belgique, qui a voulu profiter des conditions de marché exceptionnelles,
ont chuté de plus de 15 % en quelques jours.
La cause ? La brutale hausse des
taux obligataires qui a suivi l’élec-
tion de Donald Trump. Or, la
valeur d’une obligation diminue
lorsque les taux montent car elle
souffre de la comparaison avec les
nouveaux titres offrant un
meilleur rendement. Surtout, plus
la maturité est élevée, plus la baisse
du titre est importante : c’est ce que
les marchés appellent le risque de
taux. « Pour un titre et une maturité
donnée, une hausse de taux de 1 % se
traduira par exemple par une baisse
de 10 % de sa valeur », explique
Pierre Gruson, professeur de
finances à la Kedge Business
School de Bordeaux.
« Depuis le 8 novembre, les rendements des emprunts d’Etat français à
10 ans et 30 ans ont tous deux progressé d’environ 23 points de base,
constate Cyril Regnat chez Natixis.
Mais pour un investissement de
10 millions d’euros, la perte de valeur
n’est que de 230.000 euros pour le
10 ans, contre près de 750.000 euros
pour le 30 ans. » Le prix des obligations belges à 100 ans baisse, de son
côté, de 20 % lorsque leur taux
progresse de 1 %.
Pour les investisseurs qui ont ces
titres en portefeuilles, la remontée
des rendements est donc particulièrement préoccupante. Les
acheteurs de titres très longs sont
majoritairement des fonds de pension ou des assureurs-vie, qui sont
tenus de comptabiliser les obligations à leur valeur de marché
(« marktomarket »)dansleurbilan.
Risques de pertes
comptables
« Toute baisse de valeur d’un titre se
traduit par une perte comptable qui
nécessite de passer une provision,
soulignePierreGruson.Lesprochaines publications de résultats au
31 décembre et au 31 mars risquent
d’être douloureuses pour certains
acteurs. » Certains ont toutefois
l’habitude de se couvrir contre ce
risque, grâce à des produits dérivés
(« swap ») permettant de passer
d’un taux fixe à un taux variable. En
outre, une perte comptable n’est pas
nécessairement synonyme de perte
réelle : le gérant ne perd pas d’argent
s’ilconserveletitrejusqu’àmaturité.
Même si tous les gérants n’ont
pas de dette semi-centenaire ou
centenaire en portefeuille, ils ont
eu tendance à allonger tout de
même la maturité de leurs titres.
Une stratégie pour trouver un peu
de rendement dans un univers de
taux bas, voire négatifs. Les investisseurs sont donc plus exposés à la
hausse des taux. Un danger surveillé de près par le régulateur. « Le
risque de taux est actuellement l’une
des principales menaces pour la stabilité financière », reconnaît un proche de l’institut monétaire. « Ce qui
se passe aujourd’hui sur les taux ital i e n s e t b e l ge s d e v ra i t s e r v i r
d’alerte. »
Ce type d'opérations peut in fine
se retourner contre les Etats. Vouloir verrouiller des taux bas sur des
maturités ultra longues est certes
un avantage pour les finances
publiques mais, en cas de retournement de marché, cela accroît la
défianceàleurégard.C’estpeut-être
la raison qui explique que la France
ne se lance pas dans une émission
au-delà de 50 ans. n
L’Italie, nouvel homme malade des marchés
La Bourse italienne chute
depuis le début de l’année.
Les taux flambent.
Le risque politique s’ajoute
à une économie fragile.
C’est la plus mauvaise performance
des Bourses mondiales (en monnaie locale, avec celle de Lusaka).
Malgré le rebond de ces derniers
jours, la Bourse de Milan perd
23,9 % depuis le début de l’année.
Loin, très loin du STOXX Europe
600 pourtant guère vaillant (–7 %).
On trouve 6 valeurs italiennes dans
le palmarès des 10 plus fortes baisses de cet indice paneuropéen. Si les
banques trustent les mauvaises
places, la fine fleur de l’industrie italienne n’est pas épargnée, comme
Saipem (–57 %), Leonardo-Finmeccanica (–7 %), Fiat (–17 %), Luxottica
(–18 %), Mediaset (–40 %) ou Telecom Italia (–42 %). Le tableau n’est
guère plus reluisant sur le marché
obligataire italien. Les taux
s’enflamment depuis quelques
semaines.A2,067 %,letauxà10ans
est au plus haut depuis juillet 2015.
L’écart s’est creusé avec l’Espagne (à
1,60 %), mais, surtout, avec le Bund
allemand. Il est passé de 100 points
de base en janvier à 180 points. De
quoi faire de l’Italie la mal-aimée
des marchés européens.
Pourquoi ? D’abord, du fait des
banques, parmi les plus fragiles de
la zone euro. Un secteur sous-capitalisé par rapport au montant des
créances douteuses, dans un pays
où le taux de défaut est plus élevé
que la moyenne. Ensuite, l’économie italienne est à la traîne de
l’Europe.
Un baril de poudre
Le pays est endetté (133 % du PIB),
surtout auprès de ses banques et de
ses ménages, l’inflation ne remonte
pas et le chômage stagne à 11,7 %.
« L’Italie souffre, malgré la réforme
du marché du travail, d’une perte de
compétitivité et de parts de marché,
de sous-investissement et de faible
compétence delapopulationactive »,
détaille Natixis, qui insiste sur le
besoin de poursuivre les réformes.
« La situation s’assombrit, les
perspectives économiques se détériorent », ajoute Bank of AmericaMerrill Lynch. L’Institut national
des statistiques ne table plus que
sur une croissance de 0,8 % cette
année et de 0,9 % en 2017, nettement en dessous de la moyenne de
la zone euro. La consommation
ralentit alors que la faiblesse des
investissements reste l’un des
points noirs du pays.
« Par bien des aspects, l’Italie ressemble à un baril de poudre », avertit
Bruno Cavalier chez Oddo Securi-
ties. Avec un risque politique qui
pourrait allumer la mèche. Le
4 décembre, les Italiens s’exprimeront sur le référendum constitutionnel, dont l’objectif premier est
de mettre fin à l’instabilité politique
qui a longtemps miné l’Italie. Mais
le scrutin est en train de se transformer en question de confiance sur la
politique de Matteo Renzi, qui a
réitéré, vendredi, son intention de
démissionner en cas d’échec. Or le
« non », favori des sondages, pourrait « ouvrir la porte à une période
d’instabilité et le marché pourrait
misersurlapossibilitéd’unesortiede
l’Italie de l’Union européenne »,
s’alarme Western Asset.
« Amis italiens, c’est votre tour,
faites-nous peur », interpelle Bruno
Cavalier chez Oddo Securities. S’il
ne croit pas à ce scénario d’une sortiedel’Italiedel’Unioneuropéenne,
il estime que le « non » « risque de
renchérir le coût de la dette, de geler
l’agenda des réformes et de compromettre ou de différer les projets de
recapitalisation de MPS, la troisième
banque italienne ». Déjà, estime
B ofA ML, le risque p olitique
« détourne les politiques de leur
volonté, déjà affaiblie, de faire des
réformes. La politique économique
n’est plus une “top priorité” pour le
gouvernement, ce que le projet de
budget 2017 semble confirmer ». Ce
que semble indiquer aussi la baisse
conjointe des actions et des obligations italiennes.
— P. Fay
Le chinois Fosun va
devenir le premier
actionnaire de
Millennium BCP.
Le gouvernement
portugais prépare
la vente
de Novo Banco.
Cécile Thibaud
— Correspondante à Madrid
L’horizon du paysage bancaire
portugais commence à se dégager. L’annonce, dimanche, de
l’arrivée au capital de Millennium BCP du fonds chinois
Fosun, qui va injecter 175 millions d’euros, marque le début
d’une nouvelle phase de consolidation des entités financières
portugaises encore faibles.
Fosun, par ailleurs propriétaire du Club Med, deviendra
ainsi le premier actionnaire de
la première banque privée du
Portugal, avec 16,67 % du capital. Il détrône au passage le
groupe pétrolier angolais
Sonangol, qui, selon les informations délivrées par le conseil
d’administration de B CP,
détenait jusqu’ici 17,84 % des
parts de la banque, mais verra
sa participation diluée dans
l’augmentation de capital.
L’investisseur chinois prévoit à
terme d’augmenter sa présence
au sein de BCP et de monter
jusqu’à 30 % de participations à
travers des ultérieurs rachats
d’actions.
Pendant ce temps, les
manœuvres se poursuivent du
côté de Novo Banco, la troisième banque du pays, actuellement aux mains du fonds de
résolution. L’Etat portugais
cherche en effet à vendre
l’entité, née en 2014 sur les ruines de l’ancien Espirito Santo. Il
espère pouvoir récupérer dans
l’opérationlaplusgrandepartie
possible des 4,9 milliards
d’euros qu’avait coûté le renflouement de la banque, dont
3,9 milliards à travers un crédit
public et 1 milliard apporté par
les autres entités portugaises.
Lors d’un premier tour de
piste l’an dernier, Lisbonne
avait rejeté les offres – estimées
insuffisantes – présentées par
Apollo et par Fosun, qui tentait
déjà d’avancer ses pions sur le
marché portugais.
Aujourd’hui, la banque
centrale du Portugal annonce
avoir reçu cinq offres, dont les
plus sérieuses proviennent de
fonds américains Apollo,
Centerbridge et Lone Star,
intéressés par le rachat de
100 % de la banque, ainsi que
du fonds chinois Misheng
Financial, qui offre de racheter 50 % et d’introduire le
reste du capital en Bourse.
Economies d’échelle
Mais l’espagnole CaixaBank est
aussi sur les rangs. Déjà présente dans le pays à travers sa
filiale BPI, actuellement
immergée dans un long processus de rachat d’actions, la
banque barcelonaise calcule
qu’elle pourrait faire de sérieuses économies d’échelle en
étendant ses bases au Portugal
via Novo Banco.
Ces propositions seront probablement loin de pouvoir
compenser le coût de la remise
à flot de Novo Banco et, selon la
presse portugaise, le gouvernement étudie actuellement la
possibilité d’unir plusieurs de
ces offres afinde pouvoirtirer le
meilleur prix possible de la
vente. Mais le temps presse, car
Lisbonne doit boucler la vente
d’ici à la fin de l’année, avec
l’engagement pris à Bruxelles
d e c l o r e l e d o s s i e r av a n t
mai 2017.
(
Lire « Crible »
Page 38
COMMUNIQUÉ
JEANTET ELASTOMERES
Société Anonyme au capital de 259 200 €uros
Siège social : 6 Rue du Faubourg des Moulins
39200 ST CLAUDE
646 950 014 RCS LONS LE SAUNIER
Aux termes d’une délibération en date du 15/09/2016, le Conseil
d’Administration a constaté qu’un certain nombre d’actionnaires n’avaient
pas été atteints par les convocations aux Assemblées Générales depuis plus
de 10 ans.
Le conseil a alors décidé, conformément aux dispositions contenues sous
les articles L.228-6, L.228-3, R.228-11, R.228-12 et R.228-14 du Code de
commerce, de mettre en vente aux enchères publiques les actions de la
Société en déshérence.
Les ayants droits sont mis en demeure de faire valoir leurs droits dans un
délai d’un an à compter du présent avis.
A l’expiration de ce délai il sera procédé à la vente aux enchères publiques de
ces titres, par un prestataire de services d’investissement ou par un notaire,
conformément aux dispositions de l’article L.211-21 du code monétaire et
financier.
Le produit net de leur vente sera tenu à la disposition des ayants droits
pendant 10 ans sur un compte bloqué dans un établissement de crédit,
puis pendant 20 ans à la Caisse des dépôts et consignations jusqu’à la
prescription trentenaire au profit de l’Etat.
Pour avis
Le point
Placements
// 29
Les Echos Jeudi 10, vendredi 11 et samedi 12 novembre 2016
FINANCE
&MARCHES
LE TAUX À 10 ANS FRANÇAIS
TERMINE EN HAUSSE
Séance mouvementée pour
les emprunts d’Etat français. Le
taux des titres à 10 ans a d’abord
perdu 5 points de base, à 0,42 %.
Désorientés par la victoire
surprise de Donald Trump, les
investisseurs se sont précipités
vers les valeurs refuge. Avec
le retour progressif au calme
sur les marchés, le rendement
français a finalement terminé
la journée en hausse, à 0,53 %.
les
indices
Les gagnants et les perdants de la réforme
du taux de rémunération du Livret A
BANQUE
Le taux du Livret A
ne garantira plus une
rémunération supérieure de 0,25 %
au taux d’inflation.
Les économistes
anticipent un rebond
d’inflation, susceptible
de doper le placement.
Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj
C’est désormais officiel. Dans un
communiqué, le ministre des
Finances, Michel Sapin, a confirmé
ce mercredi la refonte de la formule
de calcul du taux du Livret A, symb ole de l’épargne p opulaire.
Approuvée par le Comité consultatifdelalégislationetdelaréglementationfinancière,celle-cidoitentrer
en vigueur dans les prochains jours
par arrêté du ministre.
Actuellement, le Livret A garantit
aux épargnants une rémunération
au minimum supérieure de 0,25 %
au taux d’inflation. Demain, ce sera
D
différent. En cas d’écart supérieur
de 25 points de base entre l’inflation
et les taux monétaires, une nouvelle
règle s’appliquera : le rendement du
livret sera égal au niveau moyen de
l’inflation observé pendant les six
mois précédant la révision du taux
(voir ci-contre). La mesure se veut
« temporaire » et réservée aux conditions de marché exceptionnelles
que suscite la politique de la BCE.
Les principes de
la réforme du taux
limiter les variations
•dePour
la rémunération du Livret
A, les indices utilisés pour
calculer son taux (inflation
hors tabac et taux monétaires)
seront lissés sur six mois.
Afin d’éviter une
divergence trop grande
entre les taux de marché
et la rémunération du
placement, son taux ne sera
plus majoré de 0,25% lorsque
l’écart entre les taux
monétaires et l’inflation
dépasse 0,25 %.
•
Du jamais-vu depuis 1818
La réforme sera indolore pour les
épargnants, bien qu’ils puissent être
perdants à plus longue échéance.
Dans un premier temps – jusqu’à la
prochaine élection présidentielle –
ce nouveau régime d’exception ne
sera pas mis en œuvre : comme
annoncé en juillet, « le taux du
Livret A ne baissera pas et sera maintenu au 1er février 2017, à 0,75 % », a
confirmé Michel Sapin. C’est une
bonne nouvelle pour les épargnants
car une application immédiate de
cette nouvelle formule aurait fait
tomber leur rémunération à 0,23 %.
Du jamais-vu depuis la création du
placement réglementé en 1818 !
En revanche, à partir d’août 2017,
cette formule de calcul pourrait atténuer le taux du Livret A. Certes, si les
prévisions des économistes se confirment, sa rémunération devrait
augmenter. « A fin juin 2017, l’inflation moyenne sur six mois, soit la
nouvelle référence pour le calcul du
taux du Livret A, pourrait atteindre
1,1 % », anticipe Cyril Blesson, associé
chez PAIR Conse
il. Mais cette hausse sera contenue. L’ancienne formule aurait permis de rehausser encore le rende-
mentde0,25 %.Pourl’associationde
consommateurs CLCV, la mesure
est susceptible de « dissuader l’épargne des personnes les plus précaires ».
Deuxièmeproduitd’épargnepréféré
des Français, le Livret A est utilisé
quotidiennement par certains
ménages modestes comme substitut au compte courant. Pour la
Caisse des Dépôts, qui mobilise les
fonds du Livret A pour financer les
CNP Assurances poursuit ses efforts
pour s’adapter aux taux bas
ASSURANCES
Le groupe a vu
son bénéfice net
augmenter de 1,3 %
depuis neuf mois.
CNPAssurancesmaintientlecap.Le
premier assureur de personnes en
France a publié mercredi un résultat
net en hausse de 1,3 % sur les neuf
premiers mois de l’année, à 886 millions d’euros (+7 % à périmètre et
taux de change constants). Son chiffre d’affaires a progressé de 3,2 %, à
24,3 milliards d’euros (+5,8 % à périmètre et taux de change constants).
Les mois écoulés reflètent les
efforts de CNP Assurances pour réorienter son modèle face à l’environnementdetauxbas.EnFrance,ilaffiche sur la période une collecte nette
positive de 1,5 milliard d’euros sur les
contrats en unités de compte, une
bonne chose pour un assureur-vie,
puisque ces supports rapportent
plus et sont moins consommateurs
de capitaux propres que les fonds
euros, à capital garanti. « Nous avons
lancé cette dynamique et entendons
désormais l’entretenir », souligne
AntoineLissowski,directeurgénéral
adjoint de CNP Assurances. Autre
tendance favorable, la collecte nette
sur les contrats traditionnels en
euros a été négative de 1,4 milliard
d’euros dans l’Hexagone. Cela tient
avant tout « à l’arrivée à échéance de
certains contrats », précise toutefois
Antoine Lissowski.
« Le choix de la qualité »
En assurance-emprunteur, activité
aux marges élevées, CNP Assurances indique retirer les bénéfices du
nouvel accord avec BPCE « qui fonctionne à plein ». Celui-ci a été élargi
en début d’année aux Banques
Populaires et au Crédit Foncier.
L’activité prévoyance a été « impactée » par des mesures de redres-
acteurs du logement social, la
mesure était devenue indispensable
pour « sécuriser pour l’avenir les régimesd’épargneréglementé ».L’institution publique pâtit en effet de l’écart
croissant entre la rémunération
qu’elle verse aux épargnants détenteur d’un Livret A et les taux de marché auxquelselle peutplacersesressources. D’autant que les taux de
créditqu’elleproposeauxacteursdu
Comment Sapin II
a affecté l’assurance-vie
La perspective d’une
limitation des rachats
a pesé sur la collecte
de certains opérateurs.
Laurent Thévenin
@laurentthevenin
sement techniques sur le portefeuille collectif. « Nous avons fait le
choix de la qualité, quitte à accepter
une baisse d’activité », explique
Antoine Lissowski. Lechiffre d’affaires total de CNP Assurances en
France a augmenté de 4,2 %, à
19 milliards d’euros.
Au Brésil, son deuxième marché,
le chiffre d’affaires publié est en
légère progression (+0,7 %, à
2,49 milliards), mais ressort en
hausse de 12,9 % à taux de change et
périmètre constants. « Malgré le
–contexte économique global de ce
pays, nous continuons de tirer notre
épingle du jeu », se félicite Antoine
Lissowski. Alors que le contrat
d’exclusivité pour la distribution de
ses produits par la banque locale
Caixa Econômico Federal arrive à
échéance en 2021, les discussions sur
son renouvellement n’ont pas encore
commencé, indique par ailleurs aux
« Echos » l’assureur. « Mais comme
l’activité fonctionne bien, nous sommesconfiantssurlapoursuitedenotre
partenariat », déclare Antoine Lissowski. — L. T.
4
À NOTER
CNP Assurances confirme
son objectif d’une croissance
annuelle organique moyenne
du résultat brut opérationnel
d’au moins 5 % par an
sur la période 2016-2018.
logement sont peu compétitifs car
indexés sur le taux du Livret A.
Du coup, cette formule de calcul
moins généreuse devrait profiter
aux acteurs du logement social.
Autres bénéficiaires, les banques
françaises : chargées de rémunérer une partie de l’encours des
Livret A, elles jugent régulièrement la rémunération du
placement trop généreuse. n
Le bruit autour du projet de loi
Sapin II n’a pas fait les affaires des
assureurs-vie. Une disposition a fait
couler beaucoup d’encre et a pu susciter l’inquiétude des épargnants. Ce
texte–adoptémardiparl’Assemblée
nationale – donne en effet au Haut
Conseil de stabilité financière la possibilité de restreindre ou de bloquer
temporairement les rachats effectués par les détenteurs de contrats
d’assurance-vie en cas de menace
sur la stabilité du système financier.
« La limitation des rachats existait
déjà. Cela a été présenté de telle sorte
que les clients ont effectivement un
peu pris peur », a déclaré la semaine
dernière le directeur financier
d’AXA, Gérald Harlin, lors de la présentation des indicateurs d’activité
trimestriels du groupe. « Il y a eu
beaucoup de désinformation sur ce
sujet. Nous avons donc dû expliquer à
nosclientsquel’ACPR[lesuperviseur
« Les épargnants,
notamment les clients
patrimoniaux, se sont
posé beaucoup
de questions sur
la pérennité
de leur assureur. »
SYLVAIN CORIAT
Directeur des assurances de
personnes chez Allianz France
du secteur de l’assurance, NDLR]
avait déjà ce pouvoir au niveau individuel et que c’était une mesure préventive qui ne pourrait s'appliquer que
dans des circonstances exceptionnelles », renchérit Antoine Delon, le
président du courtier en ligne LinXea, qui a reçu beaucoup d’appels.
Dans les rangs des assureurs, on
regrette un manque de communication des pouvoirs publics sur ce dossier.« Ilauraitfalluexpliqueravantde
légiférer. Les épargnants, notamment
les clients patrimoniaux, se sont posé
beaucoup de questions sur la pérennité de leur assureur », explique
SylvainCoriat,directeurdesassurances de personnes chez Allianz
France. « Cela a nécessité un effort de
pédagogie de la part de nos réseaux de
distribution pour les convaincre qu’il
n’y avait aucun risque imminent pour
leurs contrats. En effet, le texte aligne
simplement la situation des banques
et des compagnies d’assurances en cas
de crise », poursuit-il.
Collecte nette nulle
Chez certains opérateurs, cette
inquiétude a affecté l’activité. Chez
AXA, « la collecte s’est ralentie au
moisdeseptembresurlesgrossesprimes. Mais on semble observer un
retour à la normale dès octobre », a
indiqué Gérald Harlin. Chez LinXea,« celaaeuuneffetenoctobresur
les versements qui ont été moins
importants, mais pas sur les nouvelles souscriptions », indique Antoine
Delon.Iln’ya« paseud’impactsignificatif sur la collecte » pour Allianz
France, précise Sylvain Coriat.
CNP Assurances dit ne pas avoir
« observé d’effets particuliers ». Au
niveau du marché, la collecte nette
(cotisations moins prestations) a
été nulle au mois de septembre. n
FINANCE & MARCHES // 31
Les Echos Lundi 21 novembre 2016
Le marchédes obligations vertes
accélèreson développement
l 2016 s’annonce déjà comme une année record en termes d’émissions.
l Le marché adopte des standards pour rassurer les investisseurs.
OBLIGATIONS
Guillaume Benoit
@gb_eco
Sophie Rolland
@Sorolland
L’effetCOP21aurafonctionnéàplein
sur le marché obligataire. Les émissions de « green bonds » destinées à
financer des projets favorisant la
réduction du réchauffement climatique, se sont envolées cette année.
Certes, les 71,4 milliards de dollars
ainsi obtenus pourraient sembler
anecdotiques dans un marché obligataire mondial qui se mesure en
milliersdemilliardsdedollars.Mais
les fonds levés par ce biais ont d’ores
et déja doublé par rapport à l’an dernier, et le compteur pourrait encore
progresser d’ici à la fin du mois de
décembre. Les spécialistes s’attendent à ce que la forte croissance
enregistrée cette année se poursuivent. « Pour 2017, nous estimons que
le volume total des nouvelles obligations vertes pourrait atteindre entre
90 et 120 milliards de dollars »,
témoigne Jérôme Pellet chez HSBC.
D’abord, parce que de nouveaux
émetteurs devraient entrer en piste
dès l’an prochain. Notamment
l’Etat français, qui devrait lancer
son programme d’obligations souveraines vertes. D’autres pays,
comme la Suède ou le Canada pourraient lui emboîter le pas. Mais c’est
surtout du côté de la Chine que les
regards se tournent. Le pays affiche
des ambitions importantes en la
matière tant au niveau de l’Etat que
des entreprises.
Autre signe de cette plus grande
maturité, les opérations se sophistiquent.BankofChinaaémis500 millions de dollars d’obligations sécurisées (covered bonds) « doublement
vertes ». Tant l’usage des fonds levés
que les actifs apportés en garantie,
sont éco-compatibles. de son côté,
SNCF réseaux a innové, « non seulement en annonçant son intention de
solliciter les investisseurs tous les ans,
mais également en adoptant une
Lesbanques centrales
dansl’attented’une
« courbe destaux verte »
Les instituts monétaires
sont enthousiastes
à l’égard des perspectives
des obligations vertes.
Mais moins de 10 % y ont
déjà investi.
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
méthodologie pour mesurer effectivement la réduction d’émission de CO2
résultant de la rénovation de ses voies
ferrées », souligne Jérôme Pellet.
Des projets
de qualité variable
Du côté des investisseurs, la
demande se fait également plus
forte. L’article 173 de la loi de transition énergétique les obligera à
expliquer comment ils prennent en
compte le risque environnemental
dans leurs portefeuilles à partir de
janvier 2017. Du coup, les fonds sur
la thématique « verte » se multiplient. Dernièrement, l’Ircantec, un
organisme de retraite complémentaire, a lancé un appel d’offres pour
un fonds dédié aux « green bonds ».
« La demande des investisseurs pour
les obligations vertes a explosé en
2016 », explique Olivier Vietti,
gérant du fonds AXA World Fund
P l a n e t B o n d s . L’e m p r u n t d e
500 millions de dollars australiens
de l’émetteur Westpac a ainsi été
sursouscrit 3 fois.
Toutefois, la qualité des projets
financés par les obligations vertes
reste encore très variable. « Environ 30 % des nouvelles émissions en
2016 ont été réalisées par des émetteurs asiatiques et particulièrement
des émetteurs chinois, mais sur celles-ci nous restons très sélectifs »,
indique Olivier Vietti.En Europe,
certaines émissions vertes d’Iberdrola ou d’Unilever, par exemple,
ont été retirées de l’indice obligataire Green Bonds Barclays MSCI,
en raison de questions sur l’impact
« En 2017, le volume
total des nouvelles
obligations vertes
pourrait atteindre
entre 90 et 120
milliards de dollars. »
JÉRÔME PELLET
Directeur des émissions
obligataires, HSBC France
réel des projets financés. De quoi
inciter le marché à poursuivre et
renforcer l’élaboration de standards et de procédures de contrôle,
indispensable à la croissance des
volumes. n
Les banques centrales sont enthousiastes à l’égard des obligations vertes, mais seule une sur dix a franchi
le pas, selon l’enquête et le sondage
annuels (1) de HSBC réalisés en
mars auprès de 77 banques centrales. Une institution sur deux estime
que les « obligations vertes » ont un
intérêt en tant que placement pour
leurs réserves, et 40 % y investiront
à plus ou moins longue échéance.
Les institutions des grands pays
développés sont plus enthousiastes
que celles des pays en développement à l’égard de ces obligations,
qui servent à financer des projets
liés à l’environnement. Seulement,
dans la pratique, elles ne sont
encore que 6 à avoir franchi le pas,
soit 9 %, alors que 26 % d’entre elles
ont déjà investi dans la dette émergente et 16 % dans les actions.
Diversification
et choix éthiques
Cinq institutions envisagent
d’investir aujourd’hui dans la
« dette verte », et vingt-deux autres
banques centrales pensent y placer
leur argent dans les cinq à dix
annéesàvenir.Objectif ?Diversifier
leurs placements obligataires,
essentiellement placés en obligations gouvernementales et d’agences publiques, dans un contexte de
taux bas et de recherche de rendement supplémentaire. Une banque
centrale d’Europe rappelle, à titre
de justification, que « les investisseurs intègrent de plus en plus les risques liés à l’environnement dans leur
processus d’investissement, et les
banques centrales ont un rôle à jouer
à ce sujet ». Une de ses homologues
juge même qu’elle doit montrer
l’exemple en investissant dans ces
obligations pour des raisons éthiques et morales, afin d’encourager
les comportements vertueux. Une
institution déjà investie dans ces
titres déclare avoir renoncé à se
fixer un pourcentage de ses actifs
dédié aux obligations vertes. Raisonner au cas par cas semble nécessaire tant la valorisation de chaque
Cinq institutions
envisagent d’investir
aujourd’hui
dans la « dette verte » .
Vingt-deux autres
dans les cinq à dix
années à venir.
émission est différente et le marché
encore trop étroit. La question du
couple rentabilité-risque de ces
titres obligataires et celle de leur
liquidité sur le marché secondaire
sont deux enjeux importants pour
ces institutions, soucieuses de ne
pas prendre trop de risques.
Les freins à l’investissement ?
Des banquiers centraux évoquent
« un pur concept marketing ou fiscal » ou les risques de crédit et de
liquidité de ces obligations. Après
42 milliards de dollars d’émission
en 2015, les marchés s’attendent à
entre 55 et 80 milliards de dollars
cette année. Les banques centrales
vont attendre que ce marché
mûrisse et se diversifie davantage,
avec la création d’une « courbe des
taux verte ».
(1) « Trends in reserve management :
2016 survey results », Nick Carver.
BCE : auditsévère contre
le superviseur desbanques
BANQUE
La Cour des comptes
de l’Union européenne
pointe des conflits
d’intérêts et l’opacité
chez le superviseur
unique des banques.
Jean-Philippe Lacour
@bankfurt
— Correspondant à Francfort
Les rapports sont tendus entre la
BCE et la Cour des comptes européenne. Selon un rapport d’audit de
cette dernière, rendu public vendredi, le jeune superviseur unique
des banques (MSU), lancé il y a deux
ans à Francfort sous le toit de la BCE,
souffrirait de défauts de jeunesse.
Les auditeurs de la Cour des comptes pointent non seulement les conflits d’intérêt existant entre la politique monétaire et la supervision
bancaire, mais ils s’en prennent
aussiaumanquedetransparencede
la BCE. Celle-ci n’a pas donné accès à
toutes les informations dont la Cour
avait besoin pour remplir sa mission, ce que nie l’institution ainsi
mise en accusation.
L’examen critique du superviseur à visée bancaire s’est notamment penché sur la manière dont
sont allouées les ressources aux
équipes chargées de la surveillance
des banques, tant sur pièces qu’en
pratiquant des inspections sur
place. « Nous avons toutefois pris
conscience de l’existence d’un obstacleimportantdanstouslesdomaines
visés par notre audit, à savoir l’apparition d’un désaccord avec la BCE
concernantlestermesexactsdenotre
mandat et notre droit d’accès aux
documents », expliquent les contrôleurs de la Cour.
Des effectifs insuffisants
La Cour en vient à douter de l’indépendance entre la politique monétaire et la surveillance des banques.
Enl’occurrence,lesuperviseurn’est
pas en mesure de gérer lui-même
sesressourcesfinancièresetsapolitique de personnel. Ce qui est du
ressort de la BCE, qui a la main
haute sur la politique monétaire.
Plus inquiétant selon la Cour, le fait
que plusieurs services centraux travaillent en commun pour la BCE et
le superviseur unique – par exemple, l’informatique ou les ressources humaines – sans que des règles
strictes existent pour éviter tout ris-
que de conflit d’intérêts. « Ces risques comportent, entre autres, celui
de partage d’informations confidentielles », note la Cour.
Les équipes dédiées à la surveillance des banques sont par
ailleurs insuffisantes au sein du
MSU, constate le rapport. Seulement 12 % des inspections sont dirigées par ses troupes, alors que la
plupart des inspecteurs viennent
d’autorités compétentes nationales. Le MSU, bien qu’ayant recruté
1.000 personnes, est en sous-effectif, explique la Cour.
Interrogée, la BCE prend note du
rapport et affirme qu’elle optimise
toujours sa manière de fonctionner
dans le cadre qui lui a été donné.
Chez les banques su rveillées, le ton
est plus conciliant. On voit bien qu’il
y a plus d’inspecteurs issus des banquescentralesnationales,maiscela
ne pose pas problème « dans la
mesure où ils appliquent les mêmes
règles et procédures qui ont été définies au niveau central, c’est-à-dire
par le MSU », remarque un dirigeant haut placé au sein d’une de
ces banques. « Il vaut mieux que le
superviseur enrôle des inspecteurs
locauxplutôtquedesgens quineconnaissent pas le métier », ajoute cette
source. n
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Le point
Immobilier
18 // INDUSTRIE & SERVICES
Lundi 14 novembre 2016 Les Echos
MARCHÉ IMMOBILIER
Prix,taille des logements, crédits:
laFrance bon élèvedel’immobilier
l Une étude du Crédit Foncier vient battre en brèche quelques idées reçues sur le coût élevé du logement en France.
l Hormis à Paris, la deuxième ville la plus chère d’Europe, les prix dans les régions françaises restent raisonnables.
Catherine Sabbah
@csabbah
Taille des appartements, nombre
de propriétaires, coût du crédit,
évolution des prix, poids des
dépenses de logement dans le budget des ménages… Le marché unique du logement n’existe pas. En
témoigne une étude du Crédit Foncier publiée ce lundi, qui explore en
détail, à l’aide des données Eurostat, les évolutions récentes des marchés résidentiels de 7 pays : France,
Royaume-Uni, Espagne, Italie,
Pays-Bas, Pologne et Allemagne.
Quelques tendances se dessinent
et ne varient guère : des Européens
propriétaires et peu endettés à l’Est,
plusrichesmaislocatairesauNord,
appauvris par la crise au Sud, mais
toujours soucieux d’acquérir leur
résidence, enfin, protégés par des
politiques publiques au Centre et à
l’Ouest. Dans ce paysage, les Français sont 65 % à posséder un logement (58 % si l’on ramène ce chiffre
au nombre de ménages et non
au nombre d’occupants, comme le
calcule Eurostat). Un chiffre parmi
les plus bas de l’Union, dont la
moyenne s’établit à 70 %.
Relativiser des impressions
« nationales »
Chausserdeslunetteseuropéennes
permet de relativiser des impressions « nationales ». Ainsi, malgré
la crise qui semble durer depuis des
décennies, la France n’est pas si mal
lotie dans ce concert des nations.
Avec 2,3 habitants dans des logements de 102 mètres carrés en
moyenne, les Français sont presque au large et en tout cas pile dans
la moyenne des 28 pays européens,
alors que les Britanniques se serrent à 2,3 dans 76 mètres carrés et
les Polonais à 2,7 dans 85.
Observée sur le long terme, la
volatilité des marchés immobiliers
est également lissée. Entre 2006
et 2015, par exemple, hausses et
baisses se compensent, en France
en tout cas, où les prix de tous les
biens, neufs et anciens, n’ont aug-
menté que de 2 %. Hormis à Paris,
qui est la deuxième ville la plus
chère d’Europe après Londres (lire
ci-dessous), les prix dans les
régions françaises restent raisonnables. Sur cette même période, les
soubresauts ont été plus violents
ailleurs : les valeurs ont bondi d’un
tiers au Royaume-Uni, réputé cher
depuis toujours, de 21 % en Allemagne, qui partait de loin et baissé de
22 % en Espagne.
Contrairement à une idée bien
ancrée, l’évolution des prix des
logements est inférieure – sur les
six dernières années – à celle des
salaires dans les deux tiers des pays
européens. Les Français sont loin
d’être les plus ponctionnés par les
dépenses de logement : elles absorbent 18,3 % de leur revenu disponi-
Avec 2,3 habitants
dans des logements
de 102 mètres carrés en
moyenne, les Français
sont presque au large
comparé aux autres
pays européens.
En 2015, les Français
empruntaient à 2,1 %,
un peu plus cher que
les Allemands (2 %)
et beaucoup moins
que les Polonais (3,6 %).
ble, alors que les Britanniques y
consacrent 25,1 %. Plus surprenant,
les Allemands, dont le marché stable est souvent montré en exemple,
arrivent en deuxième position,
avec 27,3 %. Dans la plupart des
pays étudiés par le Crédit Foncier,
ces dépenses sont stables ou en
baisse. « Ces chiffres prennent en
comptetouslesménages.EnAllemagne, les locataires du parc privé, le
plus cher, sont les plus nombreux.
Alors qu’en France, le chiffre est sans
doute tiré vers le bas par les loyers du
parc social, mais la moyenne est
exacte », précise Nicolas Pécourt,
directeur RSE du groupe Crédit
Foncier.
Ces résultats reflètent les résultats de politiques publiques plus ou
moins efficaces pour maîtriser les
prix ou relancer le marché après
une crise. Celle de 2008 a été féroce
au Royaume-Uni, où les prix se
sonteffondrés,commeenEspagne,
où la production, qui culminait à
plus de 800.000 logements en
2006, s’est brutalement arrêtée.
Plans de relance
En France, les effets de la crise ont
été largement absorbés par une
succession de plans de relance.
Entre 2009 et 2014, malgré une
période dénoncée comme catastrophique par les professionnels, le
nombre de transactions sur le marché de l’ancien a tout de même augmenté de 36 %.
Depuis deux ans, le nombre de
permis de construire est reparti à la
hausse dans l’Union européenne et
les prix ont presque partout
retrouvé leur niveau d’avant la
crise. La vraie reprise date de septembre2015dansl’Hexagone.Cette
fois, grâce surtout à la baisse des
taux. Mais, là encore, tous les Européens ne sont pas logés à la même
enseigne. Les Français empruntaient en moyenne à 2,1 % en 2015,
un peu plus cher que les Allemands
(2 %) et beaucoup moins que les
Polonais, à qui les banques
n’offraient que 3,6 %. Il faut toutefoismodulerl’attraitdecestauxpar
leur durée : 19 ans en France et plus,
partout ailleurs, 25 ans en Angleterre et en Allemagne, 29 au Portugal et 30 aux Pays-Bas.
(
Lire l’éditorial
de François Vidal page 9
Paris-Londres : lesprix serapprochentdans lesdeuxvilles mondes
Paris n’est pas la France, ni Londres
le Royaume-Uni. Parmi les sept
marchés immobiliers passés au crible par le Crédit Foncier, ceux de ces
deux villes ont un autre point commun : ils dominent et laissent loin
derrière leurs voisines régionales.
Après des années de hausse, le prix
moyen des maisons et des appartements londoniens atteint
10.500 euros par mètre carré – jusqu’à 15.000 dans les quartiers de
Chelsea et Kensington – alors qu’ils
dépassent à peine 3.000 dans le
reste de l’Angleterre. Le même
genred’écartsépareParisdesautres
métropoles françaises : 8.400 euros
dans la capitale en moyenne, avec
des pics à plus de 12.000 dans les
quartiers les plus prisés, contre
3.860, à Lyon. Strasbourg et Bordeaux dépassent 3.000, alors que la
moyenne marseillaise atteint péniblement les 2.750 euros le mètre
carré.
Dans les autres pays, la différence
entre les capitales nationales et
régionales est toujours moins
grande.CertesauPortugal,Portoest
trois fois plus chère que Bragança,
« Londres a
augmenté de 80 %
au cours des dix
dernières années,
malgré la crise
de 2008. »
LUCIAN COOK
Responsable des études
chez Savills
CC BY 2.0 et CC BY-SA 3.0
Le niveau particulièrement
élevé des marchés immobiliers londonien et parisien
en fait des cas particuliers
en Europe.
mais avec des valeurs beaucoup
moins élevées. De même, en Pologne,Varsovievautplusdudoublede
ses voisines mais le mètre carré s’y
vend à moins de 1.700 euros.
Pas d’impact du Brexit
Le match Paris-Londres se joue
donc dans une autre catégorie. Celle
des villes mondes, places touristiques, culturelles, financières capables d’attirer les investisseurs nationaux et étrangers. Et d’en conserver
une bonne part même en cas de
coup dur. Les fondations sont solides.N’endéplaiseauxcassandres,le
Brexit n’a pas, pour l’instant, déstabilisé le marché ni fait fuir grand
monde. « C’est plutôt l’incertitude
Dans les quartiers les plus prisés de Paris – comme ici Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement – et de Londres – Mayfair ci-dessus –
les prix peuvent atteindre de 12.000 à 15.000 euros le mètre carré, laissant loin derrière leurs voisines régionales.
qu’il faut blâmer, ainsi que la taxe de
3 % sur les “buy to let”, les appartements à louer et les “second homes”,
instaurée en avril dernier pour
décourager les investisseurs », explique Béatrice Caboche, directrice de
l’agence Barnes Londres, qui constate toutefois un net ralentissement
de la demande. Les acheteurs atten-
dent que les prix baissent et, tout de
même, les décisions de la Première
ministre, Theresa May. « Londres a
augmenté de 80 % au cours des dix
dernières années, malgré la crise de
2008, assure Lucian Cook, responsable des études chez Savills. L’élasticité entre les prix londoniens et le
restedupaysaatteintsonmaximum,
Brexit ou pas, Londres va baisser. »
Entre –5 et –10 %, selon les prévisions pour 2017, alors que les
valeurs parisiennes remontent
depuis un an. Le marché est stimulé
par la reprise de la construction
neuve en général doublé d’une offre
insuffisante dans la capitale. Century 21 prévoit une hausse des prix
de 6 % à la fin de l’année 2016 et le
même rythme en 2017, « sauf catastrophe internationale ou énorme
surprise aux élections présidentielles », commente Laurent Vimont, le
président du réseau. Autant dire
que l’incertitude est grande, de ce
côté-là de la Manche aussi.
— C. S.
20 // INDUSTRIE & SERVICES
Pierre &
Vacances
repart de l’avant
Jeudi 24 novembre 2016 Les Echos
Malgré la crise, Sanofi mise
toujours sur la Russie
PHARMACIE
Benjamin Quenelle
— Correspondant à Moscou
L’ouverture du mégacomplexe de loisirs Villages Nature
ouvrira le 24 juillet 2017.
Photo T. Huau Interscène, J. de Gastines Architectes, J. FerrierArchitectures
TOURISME
La conquête
commerciale
du groupe témoigne
du succès de son
plan de relance.
Christophe Palierse
[email protected]
Dans un contexte difficile pour
le tourisme français, avec
notamment une pâle saison
d’été (lire ci-dessous), Groupe
Pierre & Vacances Center Parcs
confirme son redressement, et
caresse même de belles perspectives de croissance.
Ainsi, le numéro un européen des résidences de loisirs a
publié mercredi ses comptes
annuels 2015-2016 (clôturés au
30 septembre), affichant un
déficit significativement réduit,
de35,6 %,avecunepertepartdu
groupe à – 7,4 millions d’euros,
pour un chiffre d’affaires quasi
stable, à 1,42 milliard (–0,8 %).
L’entreprise, qui avait profité de
la vitalité de son pôle immobilier en 2014-2015, a donc bien
résisté, grâce au dynamisme de
sesactivitéstouristiques,tanten
termes de revenus que de résultat opérationnel courant (ROC).
Elles ont contribué à hauteur de
77,4 % du ROC (pour 25,1 millions d’euros), contre 28,6 % en
2014-2015 (à 6,1 millions), la
société combinant conquête
commerciale et optimisation de
son offre et de ses prix.
Si la menace terroriste a
affecté sa marque de résidences
urbaines Adagio – codétenue
avecAccorHotels–,pesantsurla
fréquentation de ses unités parisiennes et bruxelloises, Groupe
Pierre & Vacances Center Parcs
avulenombretotaldesesclients
s’accroître de 200.000 environ, à
7,8 millions, sachant qu’il était
stable un an auparavant.
L’opérateur tire les premiers
fruits de la remise à plat de son
approche client avec, entre
autres, la flexibilité en matière
de dates de départ et d’arrivée,
mais aussi de la montée en
gamme de la marque Pierre &
Vacances, et du repositionnement de Maeva en marque de
distribution avec la plate-forme
maeva.com, qui commercialise
notamment des appartements,
en location, certains d’entre eux
sortis même du système Pierre
& Vacances. Par ailleurs, le
groupe a, lui aussi, bénéficié de
l’engouement pour l’Espagne.
Coopération
avec le chinois HNA
« C’est un bon exercice dans un
contexte difficile », a résumé le
PDG, fondateur et actionnaire
principal du groupe, Gérard
Brémond, estimant même que
« c’est très encourageant ».
D’autant que 2017 sera exceptionnel à plus d’un titre : l’entreprise fêtera ses cinquante ans et
ouvrirale24juilletlemégacomplexe de loisirs Villages Nature,
créé avec Euro Disney mais qui
sera finalement pris en main
par les équipes de Center Parcs.
En outre, la coopération, à la
fois commerciale et industrielle, avec le chinois HNA
commence à prendre forme, ce
partenaire se montrant très
intéressé par Villages Nature.
Seule fausse note pour un
patron « fondu » de jazz :
le projet de Center Parcs contesté de Roybon (Isère). « Nous
avons un bon dossier », a néanmoins déclaré, serein, Gérard
Brémond au lendemain du
report de la décision attendue
de la cour administrative
d’appel de Lyon. n
Saison d’été en « demi-teinte »
en France, constate l’Insee
La fréquentation des hébergements collectifs
touristiques a été « en demi-teinte » cet été, constate
l’Insee sur la base de l’enquête nationale et des études régionales sur le sujet, publiées mercredi.
Globalement, le recul est de 2,5 % en France métropolitaine par rapport à la saison 2015, avec 262 millions de nuitées, contre une hausse de 3 % un an
auparavant. Ce recul s’explique largement par la
moindre fréquentation étrangère (–5,5 %), en premier lieu de l’agglomération parisienne (–16,5 %).
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Sanofi garde le cap en Russie. Le
groupe s’apprête à intensifier la productiondecartouchesd’insulinesur
son site d’Oriol, à 300 kilomètres de
Moscou. Lancé en 2013, le complexe
exportera dès le début de l’an prochain vers les marchés européens.
« Cela nous permettra d’ajouter
10 millions de cartouches pour atteindre un volume annuel de 30 millions », assure Naira Adamian,
directrice de la filiale à Moscou.
Autre projet à Oriol : moderniser
lalignepourfabriquerunenouvelle
génération de cartouches. « D’ici à
deuxans,nouspasseronsàunecapacité de 40 millions de cartouches,
couvrant les ventes en Russie et les
exportations », espère Naira Adamian. Dans les deux cas, le principe
actif sera importé d’Allemagne.
Sanofi refuse de communiquer
sur la rentabilité du site et les montants d’investissement. Mais une
chose estsûre :aveclachutedurouble, la Russie est devenue un pays
low cost. « Par le passé, la
main-d’œuvre était insuffisamment
qualifiée et le coût global de production élevé. La baisse du rouble a
réduit les coûts, convertis en euros.
Et, grâce aux retombées du plan du
gouvernement, les qualifications se
sont bien améliorées », insiste Naira
Adamian. Allusion au programme
des autorités : d’ici à 2020, la moitié
des médicaments consommés
devront être produits en Russie
contre 25 % aujourd’hui. Un objectif fixé par Vladimir Poutine, qui
entend forcer les laboratoires
étrangers à fabriquer en Russie.
Pour diversifier sa production
locale au-delà de l’insuline, Sanofi
envisage d’ajouter à Oriol « un produit biologique de très haute technologie », confie Naira Adamian.
Transferts de technologie
Parallèlement, le groupe a opéré
des transferts de technologie vers
trois sous-traitants russes : Nanolek (Pentaxim), R-Farm et Pharmstandard (productions encore non
dévoilées). « Nous sommes stricts
dans le choix de nos partenaires : ils
doivent moderniser leur production
et respecter des critères légaux, fiscaux et éthiques », prévient Naira
Adamian. Une exigence de transpa-
Konstantin Kokoshkin
l Le groupe accélère la localisation
de sa production dans le pays.
l Il envisage une production
biologique.
Sanofi entend moderniser la ligne de production
de son site d’Oriol, à 300 km de Moscou, pour fabriquer
une nouvelle génération de cartouches d’insuline.
rence dans un pays où, héritage
soviétique oblige, des pratiques
douteuses demeurent.
« A terme, c’est gagnant-gagnant ! », s’enthousiasme Naira
Adamian, qui, pour le moment,
avec un chiffre d’affaires de 47 mill i a r d s d e r o u b l e s l ’a n p a s s é
(600 millions d’euros), peine à accélérer la croissance des ventes à
cause de la crise économique.
« Nous avons senti la baisse du pouvoir d’achat des foyers et les restrictions budgétaires des hôpitaux. Nos
ventes ont légèrement baissé en 2015,
légèrement augmenté en 2016 »,
reconnaît-elle, plus optimiste pour
2017. Le déclin du rouble, qui péna-
lise le prix des médicaments importés, a mis à mal la rentabilité, même
si Sanofi a augmenté de 30-40 % en
moyenne ses prix de marché.
Pour réduire les coûts, la filiale a
aussi réorganisé ses équipes et
recentré son offre. La crise a cependantunavantage :lesRussessetournent plus vers les génériques. Ceux
de Sanofi (de marque Zentiva), tous
importés (de France et d’Europe de
l’Est), devraient représenter un
quart des ventes du groupe en Russie d’ici trois ans, contre 18 %
aujourd’hui. A condition que la cession des activités génériques annoncée par le groupe en Europe ne bouleverse pas la donne. n
La biotech russe en quête de coopérations
Les grands noms
de la pharmacie française
sont présents en Russie.
Mais les acteurs des biotech
sont très peu impliqués.
« Pourlafilièrepharmaceutiquefrançaise, c’est une nouvelle étape… » Lors
du récent forum franco-russe sur la
biotech, à Moscou, Irina Raskina ne
cachait pas son enthousiasme. A la
tête du cabinet Bioinnovex, elle aide
des laboratoires européens à exporter en Russie leurs biotechnologies,
notamment pour le traitement de
maladies rares. « Mais les synergies
franco-russes sont encore trop rares.
Lesstart-uprussesneconnaissentpas
le marché européen. Elles sont pourtant en quête d’opportunités de colla-
boration scientifique. Pour les entreprises européennes, c’est une
possibilitédecroissance,avecdepossibles transferts de technologies et des
débouchés commerciaux », espère
Irina Raskina.
Le temps d’un forum au centre de
Skolkovo,unnouveaupôled’innovationdanslabanlieuedeMoscou,plusieurs acteurs russes et français ont
échangé leurs cartes de visite et discuté de possibles projets.« Nous voudrions créer une société mixte avec un
Européenpourexporternotretechnologie et vendre nos produits », explique Sergeï Kantserov, directeur de
SPRS, une société spécialisée dans le
traitement de cellules souches (à des
finsmédicalesetcosmétiques).« Nos
recherches sur la myopathie de
Duchenne sont à un stade préclinique
avancé.Pourprogresseretnousfinancer, nous avons besoin de partenaires », insiste pareillement Denis
Reshetov, directeur scientifique de
Marlin Biotech, un laboratoire créé
par un homme d’affaires russe dont
l’enfantsouffredecettemaladierare.
Le marché russe de
la biotech est « très ouvert »
En pionniers, il y a les grands
acteurs français déjà fortement
impliqués en Russie. Servier a
ouvert une usine en 2007 dans la
région de Moscou. Sanofi a un site
de production d’insuline (lire cidessus) et Air Liquide livre de l’oxygène gazeux pour approvisionner
des hôpitaux.
En revanche, le secteur biotechnologique français y est encore peu
présent. « Les grands acteurs ont
sauté le pas. Mais ils ne font pas ici de
développement de produits innovants. Le marché russe de la biotech
est pourtant très ouvert », assure
CédricEtlicher,membrefrançaisdu
directoire de la banque russe Talmenka, spécialisée dans l’aide aux
PME.« Biensûr,ilfautêtreprudent »,
prévient Nicolas Doulet, chargé
d’affaires à Imagine, l’institut des
maladies génétiques de l’hôpital
Necker à Paris. « Pour le moment,
nos coopérations sont surtout en
Europe et aux Etats-Unis. Mais en
Russie, on trouve un terrain vierge et
une vraie volonté de créer quelque
chose de nouveau. » — B. J.
Thales va moderniser les systèmes de
détection des sous-marins australiens
DÉFENSE
En attendant les nouveaux sous-marins de
DCNS, l’Australie confie
à Thales la modernisation des « oreilles »
de sa flotte actuelle.
Anne Bauer
@annebauerbrux
La lune de miel entre la France et
l’Australieautourdessous-marinsse
poursuit. A la suite du mégacontrat
décroché en avril par DCNS pour
construire 12 sous-marins, les négociations entre les gouvernements
australien et français se poursuivent
« normalement »,dit-onàParis,pour
finaliser l’accord intergouvernementalentrelesdeuxpays.Leministre Jean-Yves Le Drian espère pouvoir finaliser avant le printemps.
Signe supplémentaire de la
confiance australienne dans le
savoir-faire français, le ministère de
la Défense, Christopher Pyne, vient
de sélectionner Thales pour modernisersaflotteactuelledesous-marin,
en attendant les nouveaux Barracuda Block 1A, qui remplaceront ses
six sous-marins Collins. Il a signé
avec Thales un contrat de 100 millions de dollars (70 millions d’euros)
pour la conception et la préproductiondenouveauxsystèmesdesonars
afin d’équiper sa flotte. Il s’agit de
remplacer, sur une période de dix
ans, les « oreilles » des six sous-marins, afin de permettre à la Marine
royaleaustraliennede« maintenirsa
supériorité dans la région ».
Course technologique
L’enjeu n’est pas mince face à la
course technologique engagée en
Asie.LaChineconstruiraitactuellement un sous-marin tous les quatre
mois ! Après de très lourds investissements, les Russes ont remis à
niveau leur flotte de sous-marins
d’attaque, tandis que le Vietnam, la
Malaisie, Singapour, etc. s’équipent.
En 2030, la moitié des sous-marins
dumondedevraientapparteniraux
Sous-marin de classe Collins.
Royal Australia Navy/AFP
marines de guerre des grands pays
d’Asie. Un réarmement en grande
partie provoqué par les ambitions
de la Chine et son attitude en mer de
Chine.
Thales devra soumettre au gouvernement de Canberra les solutions techniques pour remplacer
l’ensemble des sonars situés sur les
flancs, à l’étrave et en remorquage
des Collins en 2018. A partir de là, le
fabricant espère obtenir tranche
par tranche des contrats d’équipement pour moderniser un à un les
Collins,cequireprésenteraitsurdix
ans une valeur globale de plusieurs
centaines de millions de dollars.
PourThales,quiemploie 250personnes dans cette spécialité en Australie, ce contrat est un bon présage
pour l’avenir. Le groupe souhaite
fournir les sonars des futurs sousmarins Barracuda Block 1, et espère
une décision l’an prochain sur ce
sujet. Lockheed-Martin est aussi
intéressé. Les travaux d’intégration
des systèmes de sonars s’effectueront à Rydalmere, à côté de Sydney,
souligne le groupe français. n
Le point
Crédit
ECONOMIES - Changer d'assurance emprunteur après avoir souscrit un
prêt immobilier peut faire économiser jusqu'à 11.000 euros selon votre
profil. Un article de la loi Sapin 2, qui devrait être adoptée ce mardi,
prévoit de permettre aux clients de partir chez la concurrence, même
aprèslapremièreannéeécoulée.
08nov201613:15
L'assurance emprunteur coûte en moyenne 20.000 euros sur toute la durée du crédit immobilier.
Cette couverture garantit le remboursement du prêt en cas de décès, d'invalidité ou de perte
d'emploi selon le niveau de prestation choisi. Un amendement de la loi pour la transparence, la
luttre contre la corruption et la modernisation de la vie économique, dite Sapin 2, qui doit être
définitivement adoptée ce mardi 8 novembre 2016 par l'Assemblée nationale, prévoit que pendant
toute la durée de son prêt, le client pourra résilier chaque année son contrat pour le remplacer par
une offre équivalente. "Au-delà de la période de douze mois [qui suit la signature du contrat],
l’emprunteur peut résilier le contrat tous les ans", précise l'article.
Ce qui peut représenter de belles économies car selon que vous preniez cette assurance
directement auprès de la banque ou de la compagnie d'assurance qui vous accorde le crédit ou que
vous cherchiez une offre en parallèle dans un autre établissement son coût peut varier du simple au
quadruple pour le même type de garanties. Le gain réalisé dépend du profil de l'emprunteur,
notamment son âge et le fait qu'il fume ou non. Dans certains cas même, le changement n'a aucun
intérêt. Voici, pour bien se rendre compte, deux simulations réalisées ce mardi sur le site du courtier
en prêt immobilier Meilleurtaux.com :
-Exemple1:35ansnonfumeur->11.192eurosd'économies
Un fonctionnaire de 35 ans non fumeur et empruntant 200.000 euros à 1,5% sur vingt ans peut
économiser jusqu'à 11.192 euros en changeant d'assureur. D'un côté le contrat groupe (proposé
par la banque au moment de la souscription du prêt) est évalué à 15.200 euros. De l'autre les
contrats de délégation (négociés auprès d'autres établissements en faisant jouer la concurrence)
oscillent entre 4008 euros et 6872 euros.
-Exemple2:couplede45et50ansdontl'unestfumeur->2310eurosd'économies
Un couple d''employés de 45 et 50 ans, dont l'un est fumeur, empruntant 150.000 sur 15 ans à 1,3%
peut économiser jusqu'à 2310 euros puisque la banque propose 17.100 euros et l'établissement le
plus concurrentiel 14.790 euros. Mais à cette exception près, les offres de délégation sont
carrément deux à trois fois plus chères.
Pour l'heure, si vous réalisez après coût que votre assurance emprunteur est particulièrement
chère, rien n'est perdu à condition toutefois de ne pas trop tarder à réagir. Depuis deux ans, la loi
Hamon vous permet en effet de changer cette couverture sans frais ni pénalité pendant les douze
mois qui suivent la signature de l'offre de crédit. Si la résiliation annuelle proposée dans le cadre de
la loi Sapin 2 passe bel et bien, cela pourrait stimuler encore davantage la concurrence entre
établissements de crédit. Et donc faire baisser les tarifs.
Immobilier:tauxenhausse?Pasdepanique...
LES ECHOS | LE 22/11
Lescréditsimmobiliersontcommencéàaugmenter.Mais,relèventplusieurscourtiers,àdes
niveauxquirestenttoujourstrèsattractifs.Certainslesvoientmêmerepartiràlabaisse.
Uncoupdechaudsanstropdeconséquences.Silestauximmobiliersontrécemmentaugmenté,cette
haussen'auraqu'uneffetmarginalsurlecréditetlatendanceàlongtermedevraitcontinuerd'offrir
des taux bas, expliquent plusieurs courtiers le 22 novembre. Selon eux, rarement les prix du crédit
immobilierontétéàdesniveauxaussiattractifs.
Unsimpleréajustement
Pourlesprofessionnelsdusecteur,lesbanquesn'ontprocédéqu'àunréajustementdeleurgrillede
taux,aprèsl'électiondeDonaldTrump.«Lesbanquesontréagiàlasurchauffesurlestauxsouverains
enaugmentantlecoûtducrédit,maisdefaçontrèsmodérée»,expliqueFrankLevy,directeurgénéral
d'acecrédit.fr. Plusieurs établissements ont augmenté le prix du crédit de 5 à 30 points de base ces
derniersjours.«Lesbanquescontinuentévidemmentàproduireducréditetàoctroyerdesprêtsà
desprixcompétitifs,souligneSandrineAllonier,responsabledesrelationsbanquesdeVousfinancer.
Lesmargessontencoreimportantes,selonlescourtiers.Labaissedestauxconstatéeen2016devrait
mettre beaucoup de temps à s'annuler, anticipent-ils. En janvier, le taux pour le prêt de référence
avoisinaitles2,5%.Finnovembre,ilsesitueencoreentre1,2et1,5%,àunniveauhistoriquement
bas. « Les taux sont toujours bon marché, même en tenant compte des récentes hausses », relève
SandrineAllonier.«Nousnesommesmêmepasrevenusauniveaudestauxpratiquésenseptembre
(entre1,6%et1,8%,NDLR)»,abondeMaëlBernier,directricedelacommunicationetporte-parole
deMeilleurtaux.com.
Desbanquesproactives
Lamajoritédescourtierscomptentsurledynamismedusecteurpourmaintenirdestauxbas.«Les
banques préparent la campagne de 2017 et leur objectif est de recruter des clients, donc elles vont
toutfairepourfaciliterlecrédit»,rassureMaëlBernier.Lesbanquessontenphasedeconquête,selon
FrankLévy.«Laconcurrenceesttelle,qu'aucunebanqueneprendralerisquedetropremonterses
tauxdanslesmoisàvenir.»
Lestauxpourraientmêmerepartiràlabaisse,selonlesplusoptimistes.CarsilesOATà10ansont
presquedoubléenquelquesjours,passantde0,5%à0,8%pourlaFrance,l'Euribor,letauxd'intérêt
interbancaire dans la zone euro, n'a pratiquement pas bougé. Dans ce contexte, des politiques
proactives de la part des banques pourraient même relancer un nouveau momentum de baisse des
taux. « Rien n'exclut de nouvelles baisses liées aux politiques commerciales des banques, anticipe
Sandrine Allonier. Au début de l'année, personne ne pouvait anticiper que les taux descendraient
aussibas».Lesparticulierssontprévenus.
RaphaëlBloch
Leprêtàtauxzéroboostelemarchéimmobilier
LeFigaroimmobilier-Publiéle23/11/16
Dans le neuf, un ménage sur deux a pu acheter grâce au prêt à taux zéro ou au
prêtàl’accessionsociale,relèveuneétudeduCréditFoncier.
Les aides au logement offrent un sérieux coup de pouce aux particuliers désireux de devenir
propriétaires.SelonuneétudeduCréditFoncierparuecemercredi,unménagesurdeuxayantacheté
dans le neuf en 2015 a en effet bénéficié d’un prêt à taux zéro ou d’un prêt à l’accession sociale.
L’année dernière, 72.221 achats immobiliers ont été financés par le premier dispositif, accessible à
deuxménagessurtroissousconditionsderessources,et58.800grâceausecond.
Leprêtàl’accessionsocialeprésentel’avantagedepouvoirfinancertouslesprojetsimmobiliers,àun
tauxpréférentiel.Leprêtàtauxzéroneconcernedesoncôtéquelelogementneuf,etleslogements
anciens qui nécessitent d’importants travaux. Le gouvernement a élargi depuis le 1er janvier les
conditionsd’éligibilitéduprêtàtauxzéro:leplafondderessourcesaétérelevé,sibienque40%de
primo-accédantssupplémentairespeuventenbénéficier;lapossibilitéd’yrecourirpourunachatdans
l’ancien, à condition que les travaux représentent 25% du prix d’achat, a par ailleurs été étendue à
tout le territoire contre 6000 communes rurales auparavant. Cette nouvelle mouture rencontre un
véritablesuccès,selonlaFnaim.En2016,leprêtàtauxzérodansl’ancienareprésenté20%desPTZ
distribués,contre2%à3%en2015,chiffresdessourcesbancairescitéesparl’AFP.
En 2015, déjà, le nombre de PTZ distribué avait fortement augmenté, sous l’effet d’un marché
immobilier plus dynamique. A cette date, selon le Crédit Foncier, les ménages avaient en moyenne
emprunté 37.000 euros à taux zéro, une somme stable par rapport à l’année précédente, pour un
achat d’une valeur de 194.000 euros. D’après les données de l’établissement bancaire, les
bénéficiaires étaient en moyenne plus jeunes que les accédant dans leur ensemble puisque près de
80%d’entreeuxavaientmoinsde40ans.
Le point
Brexit
28 //
Mardi 8 novembre 2016 Les Echos
FINANCE
&MARCHES
DÉTENTE SUR LES TAUX
GRECS
Le rendement du taux à dix ans grec
est retombé à son plus bas niveau
depuis juin. Il a perdu 38 points de
base à 7,23 %. Les investisseurs ont
salué le remaniement au sein du
gouvernement, avec notamment
l’entrée de l’ex dirigeant de l’Agence
grecque des privatisations. Par
ailleurs, un vice-président de la
Commission européenne a estimé
qu’Athènes respecte à peu près ses
objectifs budgétaires.
les
indices
LA PLACE FINANCIÈRE SE MOBILISE
Brexit : Paris renforce son offensive
envers les entreprises et les banques
l Un guichet unique accompagnera
les candidats à une implantation.
l Les personnalités de la Place
de Paris se lancent dans une opération
séduction en coulisses.
Opération séduction
Quelques candidats se sont déjà
présentés. « Surtout des petites
sociétésdegestion,souventcrééespar
des Français, qui souhaitent être
accompagnées pour une possible
implantation à Paris », témoigne
Robin Rivaton,directeurgénéralde
l’agence Paris Région Entreprises,
qui accueille le guichet unique. Des
entreprises de taille moyenne viennent aussi prendre un ticket, en
attendant de voir ce qui se dessine.
Enfin, des groupes, notamment
russesoujaponais,souhaitentobtenir des données chiffrées pour enri-
Immédiatement après
le Brexit, la priorité
était de montrer
que Paris était
un candidat crédible.
A ses côtés, tout un panel
d’acteurs de la place participent à
l’opération séduction, de manière
plus ou moins officielle. Chacun
dans leur domaine de compétence,
ils « vendent » Paris. Ainsi, après
avoir rédigé un rapport sur les
orientations à prendre face au
Brexit, l’ancien gouverneur de la
Banque de France, Christian Noyer,
fait depuis l’été le tour des acteurs
financiers internationaux. Le président de Paris Europlace, Gérard
Mestrallet, porte la voix des membres de la place financière. Gérard
Rameix,àlatêtedugendarmeboursier, fait, lui, tout ce qu’il peut pour
donner l’image d’un régulateur
pragmatique. Et Stéphane Boujnah,
le PDG d’Euronext, reconnaît « passer la moitié de ses rendez-vous avec
des clients ou partenaires à Londres à
évoquer les avantages de Paris et
Amsterdam ».
Le gouvernement n’est pas en
reste. Manuel Valls, qui a porté le
projetd’élargissement du régimede
faveur des impatriés, a ainsi
regretté publiquement les amendements à la loi de Finances qui suppriment la défiscalisation des
actions gratuites et augmentent le
taux de la taxe sur les transactions
financières. Des réformes potentiellement désastreuses, alors que
la fiscalité française pâtit déjà d’une
image déplorable. C’est d’ailleurs
l’une des premières préoccupations, avec le droit du travail, des
entreprises qui réfléchissent à une
installation en France. Un gros
effort de pédagogie est donc nécessaire. « Il faut mettre en perspective
les coûts globaux, explique Ross
McInnes. Certes la fiscalité des entreprises est plus forte à Paris qu’à Londres,maisl’immobilieryestbienplus
abordable. Les charges sociales sont
plus élevées, mais les mutuelles complémentaires sont moins chères. »
Ladynamiqueestlancée.AParis,
personne ne va lever le pied même
si la justice britannique a semé la
confusion, en tranchant en faveur
d’un vote du Parlement anglais sur
le Brexit. n
Deux hommes en mission
Christian
Noyer,
l’ex-banquier
central
devenu VRP
Ross
McInnes,
leplus
anglo-saxon
despatrons
français
A
première vue, le choix du président du conseil d’administration de Safran pour défendre les atouts de la région
Ile-de- France auprès des entreprises de la City pouvait
surprendre. Mais le nom de Ross McInnes pour incarner la fonction
d’« ambassadeur » économique de la région capitale a rapidement fait
l’unanimité. Son profil remplit tous les critères essentiels. Par sa
double culture, tout d’abord. De nationalité franco-australienne, il est
né à Calcutta, a effectué sa scolarité au lycée Janson-de-Sailly avant
de rejoindre les bancs du Saint John College à Oxford. De quoi en faire
le plus britannique des patrons français, avec un « humour “british”
qui passe très bien outre-Manche », dixit une de ses connaissances.
Il possède également une expérience de la finance, comme banquier
et directeur financier, mais également des groupes industriels.
Un élément déterminant, car l’objectif de la région Ile-de-France est
d’attirer des entreprises au-delà du seul secteur financier. Surtout,
il a déjà eu l’occasion de démontrer son sens de l’engagement au
service de l’économie française. Et ses talents de négociateur.
Représentant spécial du Quai d’Orsay pour l’Australie, il faisait partie
de l’équipe de France qui a permis à DCNS de remporter, en avril
dernier, le contrat du siècle : la fourniture à Canberra de 12 sousmarins, pour un montant de 35 milliards d’euros sur cinquante ans.
L’une de ses tâches avait alors été de combattre un certain nombre
de clichés sur la France, qu’il retrouve aujourd’hui chez
ses interlocuteurs londoniens. En particulier le manque
de productivité d’une France aux 35 heures. L’occasion de ressortir
un argumentaire déjà bien rodé.
— G. Be.
Eric Piermont/AFP
La mobilisation de la Place de Paris
ne faiblit pas. Dans la compétition
qui l’oppose à Francfort, Dublin, ou
Amsterdam pour accueillir les
futurs exilés du Brexit, la Place est
même en train de passer à l’étape 2.
Immédiatement après le Brexit, la
priorité était de montrer que Paris
était un candidat crédible. Mission
accomplie, puisque même la banque américaine Goldman Sachs a
reconnu qu’elle hésitait entre la
capitale française et Francfort. Il
s’agit désormais d’attirer concrètement entreprises et investisseurs.
Une mission qui a été confiée
depuis peu au franco-australien
Ross McInnes. Le président du conseil d’administration de Safran a été
officiellement nommé par le Premier ministre, Manuel Valls,
« ambassadeur » de « Choose Paris
Region – Welcome To Greater
Paris », nom donné au guichet unique destiné aux entreprises envisageant de venir s’installer à Paris.
Sa feuille de route : mettre en
valeur ce dispositif et les efforts
déployés par la France auprès d’une
ciblequienglobelesfinanciers,mais
pas seulement. « Ce guichet est destinéàunlargepublicd’investisseurset
d’entreprises, et pas seulement aux
membres de la City, confirme Ross
McInnes. Il concerne également des
entreprises internationales qui
avaient installé à Londres leur tête de
pont pour accéder au marché unique
européen, et qui réfléchissent à une
relocalisation. » Ce sont notamment
les réseaux de Business France qui,
sousl’égideduministèredesAffaires
étrangères, se chargent de la prospection. Le guichet unique joue, lui,
un rôle de pédagogie et d’accompagnement. « Sa mission est de répondre aux interrogations des investisseurs et des entreprises et de les
conseiller sur un grand nombre de
sujets qui vont de l’implantation géographique et de la sélection des
immeubles au choix de la structure
juridique idoine, en passant par les
questions de fiscalité, ou de ressources
pour la scolarité des enfants », expliquelenouvelhommefortdelaplace.
chir leur réflexion. « Pour certains
grands groupes, notamment bancaires, qui connaissent déjà la France,
cela peut également être un moyen de
confirmer leurs propres estimations », témoigne Ross McInnes. En
tant que dirigeant d’un grand
groupe, ce dernier dialogue également avec tous les patrons. Il leur
vantelesatoutsdeParis,sonécosystème et sa réserve de talents.
Eric Piermont/AFP
Guillaume Benoit
@gb_eco
L
a mission qui a été confiée à Christian Noyer est assez inédite
pour un ancien gouverneur de la Banque de France. Mandaté
par Manuel Valls, le sexagénaire qui a été le régulateur des
banques dans l’Hexagone de 2003 à 2015, a été discrètement choisi
à l’annonce du Brexit pour aller à la rencontre des acteurs financiers
anglo-saxons. Objectif : écouter et courtiser. Le haut fonctionnaire,
ancien directeur du Trésor et ex-conseiller d’Edouard Balladur, a en
quelque sorte endossé l’habit de « VRP » de la place de Paris.
Depuis le 24 juin, Christian Noyer, qui avait rédigé pour le lobby Paris
Europlace un rapport secret autour de l’hypothèse d’un « non » des
Britanniques, fait donc du porte-à-porte auprès des établissements
financiers. Accompagné de représentants du bureau « Epargne et
marchés financiers » du Trésor, il recueille les doléances tout en
essayant de convaincre que l’écosystème français est le plus adapté
pour rapatrier ses activités sur le continent. Ses meilleurs arguments ?
Son bilan irréprochable pendant la crise de la zone euro, là où d’autres
régulateurs ont trébuché. Christian Noyer peut facilement se faire
l’écho d’un système financier tricolore de qualité. Ce « Brexit Tour »
officieux a déjà conduit l’ancien locataire de l’Hôtel de Toulouse
chez HSBC, Morgan Stanley, Barclays, Credit Suisse ou BlackRock.
Il sillonne les capitales financières, Londres mais aussi New York,
où il devait s’entretenir, entre autres, avec Larry Fink, le charismatique
patron du géant de la gestion d’actifs BlackRock. Celui qui a présidé
la puissante Banque des règlements internationaux (BRI) et qui fut
l’homme de tous les G20 Finance a accès à tout le monde. Le vrai défi
pour lui ? Transformer le banquier central un peu austère en homme
de marketing. — I. Co.
// 29
Les Echos Lundi 21 novembre 2016
FINANCE
&MARCHES
LE DOLLAR AU PLUS HAUT
DEPUIS TREIZE ANS
Le billet vert a enchaîné les
hausses depuis la victoire de
Trump à la présidentielle. La
perspective d’une hausse des
taux directeurs en décembre
s’est nettement renforcée du fait
des anticipations d’une politique
économique inflationniste. Le
dollar contre les principales
devises est au plus haut depuis
2003. L’euro vaut 1,05 dollar, un
plus bas depuis un an.
les
indices
Brexit : les banques de la City sont forcées
de se préparer au pire scénario
l Les banques basées à Londres
s’apprêtent à déménager des activités
pour se protéger des effets du Brexit.
l Face à une négociation européenne
longue et incertaine, elles sont
contraintes de planifier dès maintenant.
BANQUE
Vincent Collen
@VincentCollen
— Correspondant à Londres
Depuis le 15e étage de la tour Citi,
Michael Lavelle montre du doigt les
gratte-ciel de la capitale britannique. « Quoi qu’il arrive, Londres restera un centre financier mondial clef
et notre siège européen y demeurera », affirme le patron de la banque d’investissement britannique
du groupe américain. Au Royaume-Uni comme sur le continent,
personne ne doute que la City conservera son rang de première place
financière européenne après le
Brexit. Mais la sortie programmée
de l’Union européenne force les
banques installées sur les rives de la
Tamise à se préparer à un changement majeur, et vite.
Theresa May démarrera en avril
la négociation avec les autres pays
européens. Malgré les prises de
position dures en Allemagne
comme en France, il faudra attendre 2019, au plus tôt, pour savoir si
les banques basées en Grande-Bretagne conserveront le « passeport »
européen qui leur permet d’opérer
partout dans l’Union (lire ci-dessous). « Les banques ne peuvent pas
se permettre d’attendre aussi longtemps », explique Guntram Wolff,
du think tank Bruegel. Dès
aujourd’hui, elles échafaudent
leurs plans pour se protéger des
effets potentiels du Brexit. « Dans
l’incertitude, elles sont obligées de
prévoir le pire », poursuit le chercheur. Chez Citi, « plusieurs centaines de personnes sont mobilisées »,
explique Michael Lavelle.
L’ampleur de l’exode reste inconnue. Avant le référendum, HSBC a
parlé d’un millier de positions qui
pourraient déménager à Paris, JP
Morganaévoqué4.000postes.Mais
aucun détail n’a été donné depuis.
« Entre 5 % et 20 % des emplois de
banque d’investissement internationaux pourraient partir », avance un
banquierfrançaisdelaCity.Lesbanques expliquent qu’elles feront tout
pour ne pas perdre de revenus.
« Nous mettrons nos salariés là où
nous le devrons pour servir nos
clients », poursuit Michael Lavelle.
« Wait and see »
L’exode est-il imminent ? Certains
en sont persuadés. « Les premières
décisions devraient être prises dès le
début 2017 », assure Ken Owens, qui
conseille les établissements envisageant de se développer à Dublin
chez PwC. Goldman Sachs aurait
déjà réservé un étage dans ses
locaux de Francfort, selon Reuters.
D’autres ont sans doute intérêt à
dramatiser pour pousser Theresa
May à négocier le meilleur accord
possible. « Les mains des banquiers
frémissent au-dessus du bouton
“délocalisation” », a assuré récemment Anthony Browne, de la fédération des banques britanniques.
Tous les établissements ne sont
pas aussi pressés. Les grandes banques européennes comme Deutsche Bank, BNP Paribas ou Société
Générale, disposent, par nature,
d’une forte présence sur le continent. Certains groupes britanniques, comme HSBC ou Barclays,
ont eux aussi une présence dans la
zone euro qui leur donne une certaine flexibilité et un peu plus de
temps avant d’agir. « Contrairement
aux américaines, aux suisses ou aux
asiatiques, les banques qui ont leur
siège dans un pays de l’Union européenneouquiyontuneforteprésence
n’auront pas besoin de créer une
filiale ou de demander de nouvelles
autorisations de la part des régulateurs », explique Guntram Wolff.
Ces derniers jours, certains dirigeants ont voulu calmer les esprits.
Axel Weber, le président de la banque suisse UBS, a dit qu’il adoptera
une approche très britannique de
« wait and see ». « Personne ne veut
prendre une mauvaise décision en
déménageant rapidement étant
donné l’incertitude qui règne, a
déclaré Daniel Pinto, directeur de la
banque d’investissement de JP
Morgan. Nous seront prêts à prendre
une décision définitive lorsque nous
aurons une meilleure idée de la direction dans laquelle on va. » n
Cataclysmeouobstacle surmontable ?L’impact
dela pertedu passeportfinanciereuropéenfait débat
Londres pourrait négocier
des accords d’équivalence
avec Bruxelles qui couvriraient l’essentiel des
activités de la City.
Les banques de la City auront-elles
toujours accès au marché européen
lorsque le Brexit sera devenu une
réalité ? A première vue, l’affaire est
entendue : en quittant l’UE, les établissements enregistrés au Royaume-Uniperdrontleur« passeport ».
Ils ne pourront plus automatiquementcommercialiserleursservices
dans les 27 autres Etats membres,
commec’estlecasaujourd’hui.C’est
cette perspective qui les force à
accélérer leurs préparatifs.
Parfaitement « gérable »
Certains auront besoin d’établir une
filiale dans un autre pays, enregistrée auprès du régulateur, qui exigera qu’elle soit capitalisée à la hauteur des activités qu’ils y auront.
« Nous avons une filiale à Paris, mais
elle devra très probablement être
mieux capitalisée pour soutenir des
Les experts sont divisés sur la future place de la City. Photo AFP
opérations consommatrices de capitauxcommeletrading »,expliqueun
responsabled’unebanqueasiatique
à Londres. La plupart des grandes
banques auront les moyens de
s’adapter, au prix d’une restructuration certes coûteuse d’une partie de
leurs activités et d’une mobilisation
temporaire du management. La
perte du passeport européen est
parfaitement « gérable » pour les
banques de la City, a estimé récemment l’agence de notation Moody’s.
MaislaplacedeLondrespourra-telle conserver son rang, aujourd’hui
presque à égalité avec New York ?
Lesexpertssontdivisés.PourBarney
Reynolds, avocat chez Shearman &
Sterling, le Royaume-Uni pourra
facilement négocier des statuts
d’équivalence avec Bruxelles au lieu
de vouloir à tout prix conserver le
passeport, ce qu’il juge « irréaliste ».
Certains de ces accords, secteur par
secteur, existent déjà, comme
MiFID II, souligne-t-il. En les généra-
lisant, on parviendrait au même
résultat qu’avec le passeport. « Ce
seraitdansl’intérêtdetoutlemonde »,
assure-t-il, car les entreprises européennesnevoudrontpasvoirlesservices financiers auxquels elles accèdentaujourd’huivialaCitydispersés
dansplusieursplaces.« Unepartiede
ces activités risqueraient de partir aux
Etats-Unis ou en Asie », estime
Miranda Carr, l’une des responsables de la filiale britannique de la
banque chinoise Haitong.
David Wright n’est pas aussi optimiste. Pour ce juriste spécialiste du
secteur financier chez Flint Global,
la City risque bien de perdre « jusqu’à 20 % » de son activité tournée
vers l’Union européenne et les services qui lui sont associés (avocats,
experts-comptables, conseils...).
Les accords d’équivalence ne sont
pas la bonne solution pour Londres, selon lui, car le Royaume-Uni
n’aurait pas son mot à dire sur la
réglementation. « Si l’UE s’aperçoit
qu’elle y perd, elle pourra modifier la
réglementation de façon unilatérale », prévient-il. — V. C.
Citigrouptranchera
d’iciàmars
surdes délocalisations
La banque a rapproché
son entité irlandaise
de son entité anglaise
pour garantir son accès
au marché européen.
Anne Drif
@anndrif
Citi serait dans une bien meilleure
position que ses concurrents face
au Brexit. C’est ce que pense Jim
Cowles, le patron de labanque américaine pour l’Europe et le MoyenOrient. L’établissement a en effet
rapproché son entité irlandaise de
sa banque britannique début 2016
pour optimiser son capital. Elle s’est
ainsi ménagée une porte de sortie
sur le marché continental en cas de
rupture sèche avec l’Europe, a-t-il
expliqué jeudi lors de la traditionnelle conférence annuelle du
groupe à Londres.
Mais ce n’est pas un sauf-conduit.
L’entité de Citi à Dublin, qui porte
46 milliards d’euros d’actifs, est en
effet habilitée à mener des opérations bancaires de financement,
mais pas des opérations de trading,
qui sont gérées à Londres depuis sa
filiale anglaise. C’est là que la question de transfert dans des juridictions continentales pourrait donc
seposerencasde« hardBrexit ».La
banque a par ailleurs démenti la
rumeur d’un transfert de 900 personnes à Dublin.
Un transfert d’activités
complexe
La question des transferts est
cependant complexe, car certains
métierscommelestauxnécessitent
les deux types d’habilitation (bancaire et trading). A ce stade, Jim
Cowles n’a pas indiqué avoir tranché sur le choix d’une localisation.
« Nous sommes en train d’analyser
toutes les questions que cela soulève,
du point de vue juridique, réglementaire, conformité et risques, sachant
qu’entre un “hard” et un “soft” Brexit,
les options intermédiaires peuvent
être nombreuses », a déclaré le dirigeant. « Nous devons nous préparer
à toutes les éventualités. » Citi se
donne jusqu’au premier trimestre
2017 pour arrêter sa décision, a-t-il
ajouté.
En réalité, il n’est pas certain qu’il
tranche entre Paris ou Francfort, où
le groupe compte respectivement
180et300personnes(contreplusde
6.000 à Londres et 2.500 à Dublin).
Jim Cowles a particulièrement
insisté sur l’environnement réglementaire et déclaré qu’il « n’y aura
pas une seule juridiction choisie,
mais plusieurs, si la banque devait en
venir à se prononcer sur cette question ». « 60 % de nos 18.000 personnes présentes dans la région sont
hors du Royaume-Uni, déployées
dans 21 pays », et « ce qui comptera
sera la proximité avec nos clients »,
a-t-il souligné. Seule certitude, pour
Jim Cowles, l’option d’un rapatriement pur et simple à New York n’est
pas à l’ordre du jour – menace que
faisaientplanerdesbanques américaines ces dernières semaines. Il a
garanti également qu’aucune activité ne disparaîtrait.
Jim Cowles a émis un seul souhait à l’égard des autorités bruxelloises : que, dans ce climat d’incertitude, elles arrêtent d’ores et déjà la
durée de la période de transition,
pour permettre aux entreprises de
se mettre en règle « quelle que soit la
décision finale ». n
Le point
Union
Européenne
06 //
Jeudi 17 novembre 2016 Les Echos
MONDE
en
chiffres
RUSSIE : BAISSE
DE LA PRODUCTION
ROYAUME-UNI : LÉGER
RECUL DU CHÔMAGE
La production industrielle
de la Russie s’affiche en recul
de 0,2 % par rapport
à octobre 2015, après une
diminution de 0,8 % sur un an
en septembre. L’évolution
de l’activité a été contrastée
pour les hydrocarbures :
la production de pétrole a
progressé le mois dernier de
2,4 % sur un an alors que celle
de gaz naturel a reculé de 1,8 %.
Le taux de chômage au
Royaume-Uni a légèrement
reculé, à 4,8 %, lors
de la période de trois mois
achevée fin septembre,
au plus bas depuis 2005.
Au total, 1,6 million
de personnes étaient au
chômage pendant la période
de juillet à septembre,
soit 146.000 de moins
qu’un an plus tôt.
13 %
LES DEMANDES D’ASILE
DÉCÉLÈRENT EN FRANCE
La France a enregistré
70.500 demandes d’asile
entre janvier et octobre,
soit une hausse de 13 % par
rapport à la même période
de 2015, ce qui marque une
tendance à la décélération,
selon l’Ofpra (+23,6 % en 2015).
UNION EUROPÉENNE
Budget :Bruxelles desserre l’étau
pourmieux soutenir lacroissance
l La Commission renonce à sanctionner
l’Espagne, le Portugal et l’Italie.
l Elle appelle à une « politique budgétaire expansionniste » en zone euro.
Derek Perrotte
@DerekPerrotte
— Bureau de Bruxelles
Bruxelles s’inquiète, sermonne,
menace et, à la fin, ne sanctionne
pas. L’édition 2016 de la revue par
la Commission européenne des
situations budgétaires et des projets
debudget2017des19Etatsdelazone
euro, dévoilée mercredi, rappelle
les précédents exercices. Dans le
viseur depuis l’été pour non-respect
destrajectoiresnégociéespourrevenirdanslesclous,l’EspagneetlePortugal évitent le carton rouge d’un
avis négatif, qui aurait entraîné une
amende, la suspension de fonds
structurels et aurait constitué une
grande première.
Cette menace, brandie depuis
l’été, est même levée pour les deux
pays, les efforts récents et les promesses pour 2017 étant jugés suffisants pour jouer la clémence : « Il ne
faut pas les accabler mais continuer à
les aider à sortir de la crise », souligne
le commissaire aux Finances Pierre
Moscovici. Autre dossier chaud,
l’Italie, en dépit de l’ampleur de sa
dette (133 % du PIB) et d’un budget
loin de produire les efforts exigés
pour la réduire, est aussi préservée :
Matteo Renzi, qui l’exigeait en fustigeant les « diktats » de l’Europe, a
obtenuunepriseencomptetrèssouple des dépenses d’urgence liées aux
séismes et à l’accueil des migrants.
Ces trois pays restent tout de
mêmeenjointsdefairedeseffortssur
leurs budgets 2017, qui présentent,
comme ceux de la Belgique, la Finlande, la Slovénie, la Lituanie et Chypre, un « risque de non-conformité »
aux règles européennes. Cinq pays
ontdesbudgets« globalementconformes » : la France, l’Irlande, l’Autriche,
la Lettonie et Malte. Sans surprise,
enfin,l’Allemagne,l’Estonie,lesPaysBas, la Slovaquie et le Luxembourg
reçoivent un satisfecit total.
C’est pourtant, n’en déplaise à
l’Allemagne, une victoire de la ligne
« Moscovici »d’unepolitiquebudgétaire plus souple, tirant plein profit
des flexibilités ouvertes par le pacte
de croissance. Et un signal politique
supplémentaire du refus de la Commission Juncker d’une trop forte
austérité. Cette approche rompt
avec l’ère Barroso et fait écho aux
déclarations, la veille, de Barack
Obama, qui a promis depuis Athènes de « dire à l’Europe que l’austérité
ne peut à elle seule être le vecteur de la
prospérité ».« Notrerôleestderenforcer la reprise économique », encore
trop « fragile » pour ramener le chômage et la pauvreté à des niveaux
plus tenables, explique Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission. Une urgence, et même un
devoir « face à la montée des populismes », abonde Pierre Moscovici.
Il est temps que
les Etats jouissant de
marges de manœuvre
budgétaires
alimentent plus le
moteur économique.
LaCommissionfranchitàceteffet
un nouveau pas en appelant, une
première, à « une orientation budgétaire expansionniste » pour la zone
euro, de l’ordre de 0,5 % de PIB. En
clair : après les efforts produits
depuis la crise pour rétablir la situationglobale(ledéficitdelazoneeuro
est retombé à 1,8 % de PIB), il est
tempsquelesEtatsjouissantdemarges de manœuvre budgétaires alimentent plus le moteur économique, en complément des efforts
qu’entreprend de son côté Bruxelles
(plan Juncker, réformes bancaires,
etc.). La BCE pousse dans le même
sens. « On peut et on doit combler
l’écart entre la croissance réelle et
la croissance potentielle », souligne
un expert européen. Cet appel du
pied à l’Allemagne promet, admet
Pierre Moscovici, des « débats animés » à l’Eurogroupe et à l’Ecofin,
qui se pencheront sur la question
les 5 et 6 décembre. « J’assume
pleinement », assure-t-il, louant sa
démarche comme « une ambition
pour la zone euro » et « une étape
vers une forme d’union budgétaire ».
Un serpent de mer que la France
et Jean-Claude Juncker tentent de
faire avancer depuis longtemps.
Sans succès jusqu’ici. n
La Commission souligne les progrès de la France, au grand
regret d’un Sénat très remonté contre le budget 2017
La Commission juge
le projet de loi de finances
« globalement conforme ».
Le Sénat a, lui, décidé de
rejeter d’emblée le projet.
Renaud Honoré
@r_honore
Si François Hollande voulait trouver
des motifs de consolation en cet
automne guère réjouissant pour lui,
il pourrait se tourner vers Bruxelles.
Longtemps abonnée au rôle de cancre budgétaire durant ce quinquennat, la France a vu pour une fois son
budget salué positivement par la
Commission européenne mercredi.
« Globalement conforme » : cet avis
de l’exécutif européen à propos du
projetdeloidefinancespour2017ne
donne pas encore à Paris le rôle
d’élèvemodèle,maisilconfortel’exécutif dans son objectif de ramener le
déficit sous la barre des 3 % du PIB.
« C’est une bonne nouvelle qui était
Nouveau site SL : le luxe se vit aussi au quotidien
attendue depuis longtemps », a commenté en connaissance de cause
l’ancien ministre des Finances de
François Hollande, Pierre Moscovici, désormais commissaire aux
Affaires économiques. Bruxelles
voit donc le déficit français à 2,9 %
l’an prochain, un peu au-dessus du
2,7 %prévupar l’exécutif.Signedesa
confiance relative, Pierre Moscovici
insiste moins sur 2017 que sur la
suite : « On voit bien que le budget
2018 sera clef pour l’avenir », a-t-il
expliqué,mettantengardelescandidats à la présidentielle contre toute
fuite en avant budgétaire.
La Commission européenne ne
donne pas pour autant un quitus
complet à Paris sur 2017. Certains
risques sont identifiés, comme le
coût de la recapitalisation attendue
d’Areva ou les économies très incertaines prévues par le gouvernement
grâce à une réforme de l’Unédic qui
n’existe pas pour le moment. Les faibles efforts structurels sont égale-
ment épinglés. Enfin, la Commission regrette les « progrès limités »
dans la gouvernance budgétaire
française. Paris avait promis de mettre en place des mécanismes permettant de mieux contrôler les
dépenses publiques. Le résultat est
maigre : les programmes de « revue
desdépenses »ontététrèsdécevants
cette année, et l’objectif d’évolution
de la dépense locale reste indicatif.
Un geste politique fort
Cescritiquesrestentàfleuretsmouchetés quand on compare à l’artillerie lourde sortie par le Sénat. La
Haute Assemblée n’a en effet visiblement pas la même vision du
budget 2017 que la Commission
européenne, et a décidé de le rejeter
sans même l’examiner en séance
publique. Un geste politique fort
– sans grande incidence sur le fond
puisque le dernier mot revient à
l’Assemblée nationale – utilisé la
dernière fois en 1992. Ce qui justifie
une telle offensive ? Les sénateurs
de droite, majoritaires, ne font pas
dans la demi-mesure quand ils évoquent le budget 2017 du gouvernement, qualifié successivement de
« bidon »,« maquillécommeunevoiture volée » (sic), « marqué par une
insincéritéinqualifiable »,ouencore
« d’affichage électoral ».
Sur le fond, le chiffre de 20 milliards de déficit supplémentaire est
avancé, mais cela n’amènerait
celui-ci qu’à un niveau compris
entre 3 % et 3,2 % au dire même des
sénateurs de l’opposition, pas si loin
de ce que calcule la Commission.
Une Commission brocardée pour
avoir conforté le gouvernement.
« J’ai surtout l’impression que Pierre
Moscovici vient au secours du candidat Hollande », a critiqué Vincent
Capo-Canellas (UDI-UC).
(
Lire l’éditorial
d’Etienne Lefebvre
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Le point
Point
de vue
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Stamina AM
Note de marché
Paris, le 9 novembre 2016
Élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis :
quelles conséquences immédiates pour notre gestion ?
La victoire de Donald Trump à la présidentielle et des Républicains dans les deux chambres du Congrès se
solde par une baisse très modérée des indices mondiaux ce matin (à 11h, heure de Paris).
Si les résultats électoraux étaient peu anticipés, le calme relatif avec lequel les marchés accueillent ce
résultat n’est pas moins inattendu. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette apparente sérénité : le
fait que le nouveau président ne gouverne pas avant deux mois, le fait qu’il propose une politique fiscale
favorable aux entreprises et aux ménages payant l’impôt sur le revenu, ou encore son programme de
relance budgétaire.
Cela dit, même si certaines directions sont nettement tracées, une très grande incertitude demeure sur
la mise en application de cette politique, en particulier sur les relations économiques internationales.

Dans Stamina Patrimoine et Dynamique, nous avions mis en place des couvertures
optionnelles sur indices actions, dont certaines hier soir (contre un éventuel « crash » de
marché). Nous avons revendu la partie de ces protections positionnées pour un crash, mais
conservé les protections contre un risque modéré, car une certaine volatilité pourrait
perdurer, notamment en Europe.

Notre point de vue économique global n’a pas fondamentalement varié : les Etats-Unis
connaissent une croissance modérée mais assez régulière, l’Europe poursuit sa reprise. Le
degré de risque global des portefeuilles n’a donc pas de raison, à nos yeux, d’être
fondamentalement réévalué (pour information, Stamina Patrimoine affiche une sensibilité
actions autour de 50% aujourd’hui).

La politique monétaire américaine ne semble pas devoir être modifiée par l’élection :
l’inflation reprend, le chômage est bas, il n’y a pas de stress financier notable. Ainsi, le
scénario de remontée des taux par la Fed n’a pas de raison d’être remis en cause. Au
contraire même, la relance budgétaire promise par Trump pourrait conduire à une
accélération de l’inflation. Il est d’autant plus urgent pour la Fed d’agir prochainement. Le
relèvement des taux américains paraît toujours très probable ; nous restons de ce fait
absents des taux gouvernementaux.
STAMINA ASSET MANAGEMENT
Société par Actions Simplifiée au capital social de 1 960 259 Euros - immatriculée au registre du Commerce et des Sociétés de
Paris sous le numéro 491 164 612 et agréée en qualité de société de gestion de portefeuille le 3 août 2006 sous le numéro GP 06
000021. Siège social : 15/19 avenue de Suffren - 75007 Paris
Stamina AM
Le rendez-vous hebdo
Paris, le 7 novembre 2016
 La classe d’actifs qui nous semble pouvoir être la plus impactée à court-moyen terme sont les
pays émergents. Le protectionnisme promis par Trump pourrait les heurter. Nous décidons par
conséquent de vendre une partie de notre exposition aux actions émergentes (dans Stamina
Patrimoine et Dynamique)
 Les actions américaines, ainsi que le crédit, pourrait bénéficier de certains aspects de la
politique trumpienne, en particulier la réduction des taux d’imposition sur les sociétés, les
ménages, et les mesures de relance, par exemple dans le domaine énergétique traditionnel.
Nous renforçons donc notre exposition aux obligations à haut rendement aux Etats-Unis (dans
Stamina Patrimoine et Dynamique).
 Enfin, la volatilité pourrait perdurer sur les marchés, car l’incertitude demeure élevée sur la
politique américaine et sur les prochaines échéances politiques européennes (référendum
italien, élections présidentielles française et allemandes dans les prochains mois). Toutefois,
l’incertitude politique n’empêche pas nécessairement les marchés de monter.
Tous ces éléments seront réévalués en permanence, car l’environnement politique des grandes
puissances « occidentales » promet d’être mouvant pour plusieurs mois.
Mais pour résumer, dans la suite immédiate de l’élection, notre positionnement est peu modifié, si ce
n’est envers les pays émergents, qui nous semblent moins attractifs à court terme, et envers les
perspectives d’inflation américaine, qui nous semblent se renforcer.
Achevée de rédiger, le 9 novembre 2016.
Source : Stamina Asset Management. Les performances passées ne constituent pas un indicateur fiable des performances
futures. Les informations contenues dans ce document ont été prises à des sources considérées comme fiables et à jour au
moment de sa parution, cependant leur exactitude ne peut être garantie.
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