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Dossier n°3 - LA POLITIQUE DE DEFENSE DE LA France
La nécessité de réviser la politique militaire internationale
Quelques chiffres
•
7 000 : c’est le nombre de militaires français déployés dans la zone de l’arc de crise SahéloSubsaharien
•
25,4 millions d'euros : c’est le montant de remboursement obtenu par la France sur les 61,6
millions d’euros qu’elle avait investi au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban
•
18 500 : c’est le nombre de postes que l’armée est parvenue à sauver sur les 25 800 suppressions
prévues initialement
•
3,8 milliards d’euros : c’est le montant que François Hollande a ajouté au budget de la défense
aux 31,4 milliards d'euros par an prévus par la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM).
N.B. : avec quatre opérations (Barkhane 1, Sangaris2 , Chamal3 , Sentinelle4 ), la France compte environ
sept mille militaires déployés dans la zone de l’arc de crise Sahélo-Subsaharien jusqu’au Moyen-Orient.
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L’Opération Barkhane prit la suite en Août 2014 des opérations Serval et Epervier. Cette opération menée de
concert avec le G5 du Sahel sur un théâtre d'opération aussi grand que l'Europe mobilise environ 3000 de nos soldats
accompagnés de 200 blindés, 200 véhicules de logistique, 4 drones MALE, 6 avions de chasse et 7 avions de transport
logistique dans le cadre d'un commandement interarmées. Son QG est basé à N'Djamena. Cette opération s'inscrit
dans une dimension stratégique cherchant stabiliser le Sahel en éradiquant les groupes djihadistes y opérant. Les
principaux sont Ansar-Dine (dominante Touareg) AQMI – tous deux repoussés du Mali et également AlMourabitoune. Ils représentent plusieurs centaines de combattants à identifier et traiter sur un théâtre d'opération
aussi vaste que l'Europe. Elle intervient en soutien aux forces de la MINUSMA.
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L'Opération Sangaris au Centrafrique mobilise à ce jour 900 soldats, 120 véhicules de combat et 6 hélicoptères
(dont un Tigre). Elle intervient en soutient aux 10 000 hommes de la Minusca ( fournies par les pays de l'UA) dans
une mission de pacification et de désarmement suite aux affrontements entre milices chrétiennes (Anti-balaka) et les
miliciens de la Seleka (musulmans), venus du Tchad et protégés par le gouvernement musulman, ayant fait envisager
un possible génocide. Les forces françaises ont opérées des patrouilles et constituent une force de réaction rapide en
soutien eux casques bleus. Au plus fort de son déploiement, l'Opération Sangaris comptait environ 2100 soldats.
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L’opération Chamal, engagée le 19 septembre 2014, emploie 700 militaires, douze avions de combat, un avion ISR
gros porteur et un ravitailleur. C'est une opération essentiellement aérienne destinée à assurer un soutien aérien aux
troupes du gouvernement irakien engagées contre l'Etat Islamique. Dès septembre 2015, elle fut étendue au
territoire Syrien afin de détruire les camps d'entrainement de l'EI. Les missions assurées sont essentiellement ISR
(Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) destinées a optimiser l'action des troupes Irakiennes. Même si plusieurs
frappes de bombes guidées ont été opérées par les chasseurs français. La FINUL est en place depuis 1978. A l'heure
actuelle, la participation de la France est à hauteur de 900 militaires, 17 VBCI, 49 VBL et 4 Mistral. Elle agit ici comme
1
Pour autant, ceux-ci sont mobilisés à des fins inutiles et ont les mains liées par une mauvaise gestion de
ses ressources budgétaires. Le rétablissement de la situation géopolitique internationale, que servent les
soldats français à l’étranger, nécessite une véritable prise de conscience du Gouvernement sur ces enjeux.
En premier lieu, il convient de souligner une mobilisation des soldats de l’armée
française à des fins s’étant révélées particulièrement inefficaces.
Malgré des résultats particulièrement efficientes (125 terroristes musulmans mis hors de combat,
20 tonnes de munitions neutralisées et 3.5 tonnes de drogues saisie) de nos militaires pour
l’opération Barkhane, les effectifs mobilisés n’ont qu’un rôle de garde-barrières. L’opération
piétine. Prendre conscience de l’importance de la plateforme stratégique qu’est devenue ce
véritable noeud de ravitaillement pour trafiquants d’armes, de drogues et de candidats au djihad
depuis le chaos libyen de 2011 doit apparaître comme une priorité : car sans traiter les causes de
la déstabilisation de la bande sahélo-subsaharienne, l’armée française risque de s’embourber pour
des années au Sahel, encourageant une érosion du moral des troupes, une attrition importante,
au sein d’un climat d'extrême tension budgétaire. Afin d'éradiquer la menace djihadiste du Sahel
et stabiliser la région en offrant aux états du G5 au Sahel les moyens de pacifier à long terme la
région, objet même de l’opération Barkhane, le Ministère de la Défense doit prendre la mesure des
causes du conflit.
De la même manière, il est intolérable que les soldats de l’armée française n’aient qu’une posture
factice au sein de l’opération Sangaris. Quel est le plan de sortie de crise, quels sont les plans mis
en œuvre pour stabiliser la Centrafrique, la doter d'institutions solides ? Etant donné le très faible
niveau opérationnel, notamment des forces de la Minusca, nos soldats sont condamnés à user leur
matériel et leur moral dans un conflit sans fin, alors même que leurs effectifs ont été diminué pour
renforcer le dispositif Barkhane.
Les mêmes problématiques se posent en Irak, où les moyens employés semblent dérisoires en
regard des missions effectuées. Sur mille sorties effectuées par les avions français, seulement
trente objectifs ont été détruits. On rétorquera qu'il s'agit en grande partie de missions ISR pour
les forces irakiennes voire jordaniennes. Mais ces missions n'ont-elles pas pour vocation
d’alimenter la boucle du renseignement opérationnel débouchant sur des frappes précises à l'aide
de munitions guidées de précision ? Pourquoi les missions d'appui sol de Mirages 2000 n’offrent
pas de résultats plus concluants ? Contenir l'Etat Islamique ? Le détruire ? Temporiser avant un
déploiement plus important ? Quel est le véritable objet de cette mobilisation ?
En Syrie, la posture exaltée du Gouvernement français à l’égard du Président Assad a engendré
une force de réserve qui s'inscrit dans le dispositif global de la FINUL qui atteint 10000 hommes. Son mandat
concerne l'observation et la confirmation du départ des troupes israéliennes au Sud du Liban, le rétablissement de la
paix et l'aide au gouvernement Libanais à restaurer son autorité notamment face à Israël et à son adversaire du
Hezbollah libanais.
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Enfin l'Opération Sentinelle, elle intervient en complément à Vigipirate suite aux attentats de janvier 2015. Elle vise
à déployer 10412 militaires sur le territoire national afin de protéger des lieux classés «sensibles ». Plus de 6000
homme sont déployés en Ile de France. Les lieux protégés sont des lieux de cultes, bâtiments officiels nationaux ou
étranger (Consulats, ambassades…), organes de presse et monuments. Ils sont au nombre de 722.
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des engagement de nos soldats et matériels militaires5 dans des opérations aux objectifs opaques,
voire hasardeux et ne s’appuyant sur aucun plan de résolution sur le long terme.De même : quelle
finalité d’intervention pour la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ? Depuis plus
de trente-cinq ans, aucun véritable résultat n’est ressorti de son intervention. Le conflit de l'été
2006 a définitivement enregistré son incapacité à s'interposer, du fait de la faiblesse du dispositif
et d’un matériel inadapté au terrain - les blindés étant relativement efficace sur un terrain
accidenté. Aucun des objectifs ne semblent remplis. Si la situation s'est apaisée, aucun traité de
paix n'a été signé entre les parties, le Hezbollah renforce ses structures proto-étatiques au
détriment du Gouvernement libanais ; enfin, les Israéliens occupent encore des zones frontalières.
Depuis 1978, une centaine de soldats français sont tombés au champ d'honneur pour des résultats
inexistants.
Avec pour objectif de protéger le territoire français, l’opération Sentinelle semble quant à elle se
faire le reflet de l’absence de maîtrise des instances politiques à gérer les doctrines d’emplois des
forces et principes stratégiques les plus élémentaires. Il y a maintenant plus de soixante-dix ans
que l'armée française n'a pas opéré en guerre sur son territoire national. Est-ce à ce titre que
l’absence de contrôle peut être justifiée ? S'il s'agit de transformer nos soldats en garde-barrières
soumis à des règles d'engagement aussi strictes que celles des policiers, tout en servant de cibles
de choix, alors l'objectif est atteint.
Imposer à des militaires un travail de policier qui ne correspond ni à leur entraînement ni à
leurs compétences ne permettra pas de combattre fermement les djihadistes présents sur notre
territoire. Les militaires doivent pouvoir s’adonner à leur métier : l’exercice de la guerre. Or, la
guerre est présente sur notre territoire : comme l’a justement rappelé le CEMA, nos soldats ne
devraient-ils pas cesser les gardes continuelles et harassantes ? Disposer de règles d'engagement
souples en cas d'attaque ? Etre engagés dans des opérations de démantèlement de réseaux
terroristes ?
La politique économique relative au domaine de l’armée comporte des lacunes
dommageables : absence de remboursement de crédits, conditions déplorables de vie pour les
soldats de l’armée française, il est nécessaire d’en prendre la mesure et de réinvestir des fonds
dans ses rangs.
Absence de remboursements
Nos opérations, menées avec l'accord de l'ONU, sont également encadrées par l'OTAN. Dans cette
perspective, il convient de signaler l’existence des OMP. Malgré le soutien qui peut leur être
octroyées, la source de leur financement doit pourtant soulever l’attention. La France finance à
hauteur de 7,22% les OMP, contribution financière inversement proportionnelle aux contributions
de contingents civils et militaires assurés (en général) par des pays en développement. Outre cela,
le pays participe à la préparation opérationnelle en amont des OMP. Le financement de la France
aux OMP servant essentiellement à équiper des armées issues de pays en développement,
L’essentiel de nos opérations sur l'arc de crise s’élaborent au sein de climats extrêmement
rigoureux achevant nos matériels vétustes et faisant subir une attrition prématurée à nos rares
modèles tout justes sortis d'usine.
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l'opportunité offerte par ces subsides est d’autant plus prégnante dans la mesure où leurs
contingents ne sont pas aux normes opérationnelles - voire totalement sous-équipés. Cet état de
fait serait tolérable si les remboursements étaient rapides et effectifs ; mais les procédures de
remboursement complexes de l'ONU ne permettent pas une effectivité du processus. En 2013, la
France a ainsi déboursé 61,6 millions d'euros dans le cadre de la FINUL : son remboursement ne
s’est opéré qu’à hauteur 25,4 millions d'euros ! Pour des contingents mobilisés majoritairement
inopérants. Conséquence : la France déploie ses propres troupes en soutien, afin d’obtenir un
résultat efficient - tel le dispositif Barkhane en soutien à la Minusma ou le dispositif Sangaris dans
le cadre de la Minusca. Eu égard à la tension budgétaire aggravée que traverse nos armées ces
dernières années, cette situation n'est pas tolérable.
Des conditions déplorables
Les plaintes issues des effectifs militaires témoignent de leur épuisement, de leur démoralisation
légitime. Pour exemple : les conditions scandaleuses de logement des soldats de l'Opération
Sentinelle qui, après des journées de services éreintantes, bénéficient de conditions plus que
précaires - avec notamment une lacune de mille lits. Environ 1074 incidents se sont produits
depuis le début de l'opération : insultes, menaces, agressions physiques… Sans que ne puisse être
répliquée qu’une résistance minimale. Avec plus de cent dépôts de plaintes, le moral des troupes
est au plus bas : aucune décoration venant couronner les efforts des membres de l'opération (au
même titre qu'une OPEIX), ni octroi de primes gratifiant ses acteurs. Ecouter nos militaires devient
une priorité, qu’il s’agisse des hommes du rang ou des officiers supérieurs. Car le moral des
troupes est vital. Cesser de les envoyer dans des opérations hasardeuses, où leurs sacrifices ne
servent que les conséquences des errements diplomatiques de décideurs politiques déconnectés
des enjeux attenants à la situation du terrain.
Gangrénée par une technocratie, qui délaye l'organisation et les responsabilités, qui n’aborde pas
la situation de manière synthétique, l’armée est organisée selon un schéma matriciel. Faire
fonctionner l'armée comme une grosse entreprise relève d’une méconnaissance totale de l'esprit
militaire français et d’une volonté de destruction d’une liaison armée-nation logique. La vocation
du militaire n'est ni d’être un salarié ou fonctionnaire ; le soldat est avant tout le défenseur de la
Cité, celui de ses intérêts. Parangon de cette nouvelle organisation, la base de Miramas, qui s’est
fait braquer ses dépôts de munitions, illustre particulièrement bien l'inefficacité d’une telle
application politique.
De la nécessité de réinvestir dans le champ de la Défense
Après les attaques terroristes de janvier, François Hollande a rajouté 3,8 milliards d'euros annuels
aux 31,4 milliards d'euros par an prévus par la loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM).
Crédits qui permettront d'entretenir une véritable « armée de l'intérieur », constituée avec
l'officialisation plus ou moins tacite d'un nouveau front intérieur - l’armée parvenant en outre à
sauver 18 500 postes sur les 25 800 suppressions prévues initialement. Cela n'est pas assez.
Diminuer l'hémorragie n’empêche pas l'écoulement de sang. Augmenter nos effectifs, cesser de
jongler systématiquement entre nos différentes OPEIX afin de renflouer les plus urgentes : voilà
les mesures urgentes à mener.
Qu’en est-il des équipements ? Avec trois satellites d'écoute et de surveillance, des
communications sont en place, bientôt rejoints par trois drones stratégiques dédiés au
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renseignement militaire (Systèmes MQ-9 Reaper) en complément des six dispositifs existants : estce véritablement suffisant ?
L’achat sur l'étagère de ce type de drone MALE aux US est burlesque si l’on considère que le
projet d'un EuroMALE est à l'étude depuis 2001 et les suites de la guerre du Kosovo-Metochie. Au
niveau stratégique, le renseignement d'origine image (ROIM) bénéficie lui aussi ses satellites et
bientôt, un nouveau système de drone intermédiaire viendra combler ses rangs. En termes
d’acquisition, du traitement et de la transmission des données, le dispositif semble se maintenir ou
se mettre en place, ce qui paraît être déjà une victoire…
Cependant, la logistique, illustrée par les ratages de l'A400M (avion de transport militaire)
demeure le parent pauvre. Aucune nouvelle escadre de transport stratégique n'est programmée,
et le matériel existant risque fort de ne pas être renouvelé. Louer les services des Russes, des
Allemands et des Anglais ne peut constituer une mesure satisfaisante. Pour faire bon poids,
l’Armée de Terre et la Marine comptent également investir dans l'achat de blindés (25 VBCI,
véhicule tout-terrain à huit roues, et 13 porteurs polyvalents), poursuivre le programme Scorpion…
qui vise à renouveler les blindés à compter de 2018. Des renforts d'équipements sont également
prévus : des FÉLIN – c'est-à-dire l'équipement de tir du fantassin, dont un Famas, des jumelles
infrarouges, etc. – seulement 310, complété par 1500 ensembles parachutistes, et une quinzaine
de nouveaux hélicoptères. L'armée recevra seulement 11 nouveaux Rafales. Le nombre final de
nos Rafales a été ramené à moins de 300, soit un peu moins de deux cents présents en
permanence en ligne (si l'on écarte de potentiels OPEX en cours) et la Marine à une frégate de
nouvelle génération (les fameuses FREMM, que la France a préféré vendre à l'Égypte).
Les promesses de sécurisation, de maintien, de renouvellement sont dérisoires. Les stratèges, les
officiers et les industriels de La Défense rivalisent d'ingéniosité et produisent d'excellents
équipements de dernière génération (Félin, VBCI, Leclerc, Rafale, Tigres...) mais en trop faible
quantité, leur déploiement sur des théâtres d'opération garantissant surtout leur usure à défaut de
leur renouvellement. L'opération Serval et sa suite Sangaris ont démontré notre misère
opérationnelle concernant l'usure et l'attrition rapide d'équipements obsolètes. Et ce, même si
nous pouvons compter sur des moyens de projection et des architectures de commandement et
de renseignement (C4ISR) remarquables. Car la France est encore l'un des rares pays à pouvoir se
payer le luxe d'un tel déploiement en dehors de toute coalition. Les budgets ne permettent pas
d'acheter les équipements conçus, ni même parfois de les produire, encore moins d'équiper au
juste niveau toutes les forces armées. Augmenter les effectifs – ou plutôt arrêter de les réduire
au-delà du raisonnable – sans que l'équipement soit coordonné à leur mesure revient à minimiser
les menaces qui pèsent sur nos intérêts nationaux, ou à se moquer des Français et désespérer les
militaires. Le matériel existe mais la réticence à s'en servir et l’incapacité à le financer sont deux
éléments particulièrement alarmants - notamment en regard du réarmement auquel s’adonnent
les nations du monde entier.
Renouvellement du matériel, nouveautés présentées jusqu'en 2016 : mesures dérisoires qui le
resteront jusqu'à la fin de la LPM en 2019. En attendant, 10 000 hommes et un matériel
considérable sont actuellement engagés en opérations extérieures. Il faut enfin mettre un terme à
la politique économique suicidaire qui conduit à sacrifier nos industries d'armement. Ces dernières
se voient dans l'obligation de réduire toujours davantage leurs investissements. A titre d’exemple :
l'achat de nos futures armes d'assaut, dont les industriels français spécialisés en armes légères ont
été écarté, ou encore les catapultes de notre porte-avion, de conception américaines, qui
nécessitent des réparations de techniciens américains.
Nos plus grandes industries d'armement (Thalès, EADS…) - parmi les quinze plus grandes à
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l’échelle mondiale, doivent faire face à la concurrence impitoyable menée par les multinationales
américaines, obligeant d'ailleurs EADS à s'internationaliser et perdant de facto une partie de sa
spécificité française. Les forces brutes nécessaires au réarmement sont là : encore faudrait-il que
la décision politique se résolve à les activer. Le monde entier réarme quand les budgets européens
baissent sans cesse. Selon le cabinet IHS Jane, spécialiste des questions de défense, les budgets
réunis des membres de l'OTAN seront dépassés par les Non-Otaniens en 2021. Les dépenses
mondiales s’élèveront à hauteur 1650 milliards de dollars et les dépenses des pays de l'Asie
Pacifique (sans compter la très dynamique Fédération Indienne) seront supérieurs aux budgets
des Etats-Unis et du Canada. Toutefois il ne s'agit pas que de de crédit ou de budget. Le général
Forget l'a rappelé : des budgets ne se départissent pas d'une pensée militaire doctrinale, d’emploi
cohérent des forces, d’une perception claire des intérêts nationaux. Lors de la Guerre du Kosovo,
les budgets militaires européens atteignaient les deux tiers des budgets américains, tout en étant
très loin d'être aux deux tiers de leurs capacités opérationnelles… .
Si la France veut conserver son rang de nation-cadre, si elle veut assurer la sécurité des
Français, la Défense doit cesser d'être une variable d'ajustement dans un monde qui a renoncé à
la chimère de « la fin de l'Histoire ». Il ne suffit pas de nouveaux et maigres crédits, il faut lancer
une nouvelle politique de réarmement, correspondant aux nouvelles menaces et aux vieilles
ambitions, et écrire un nouveau Livre blanc qui ne soit pas une fois encore dirigé contre les
militaires, contre l'armée et contre la sécurité de la France.
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