Guerre du Viêt Nam, l`Escalade

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Guerre du Viêt Nam, l`Escalade
Guerre du Viêt Nam, l'Escalade:
1. 1890-1954: L'histoire du Vietnam et celle
d'un homme; Hô Chi Minh
2. 1954 - 1963: Régime de Diệm,
intervention des États-Unis
3. 1964 - 1968: L'escalade, le début du
conflit armé et la désillusion américaine
1. 1890-1954: L'histoire du Vietnam et celle d'un
homme; Hô Chi Minh:
Hô Chi Minh, de son vrai nom Nguyễn Sinh Cung,
est un indépendantiste et communiste vietnamien.
Il est parmi les hommes ayant changé l'histoire du
Viêt Nam.
Le jeune Nguyễn naît en
1890 au Vietnam, alors
sous colonisation française
(colonie d'Indochine)
depuis 1890. Il étudie dans
un premier temps à Huế
puis poursuit ses études à
Londres. Profondément
habité par des idées
indépendantistes, il entre
Image 1: Hô Chi Minh
au Parti Communiste en
1923 et suit la formation du Kommintern avant de
retourner au Viêt Nam pour y fonder en 1930 le
Parti communiste indochinois avec l'aide de Mao.
Par le biais du PCI, Hô Chi Minh créée le
mouvement politico-militaire Viêt Minh en 1941,
mouvement indépendantiste.
En 1940, le Viêt Nam passe sous occupation
japonaise après la défaite de la France lors de la
Deuxième Guerre mondiale. Grâce à ses efforts de
guerre contre l'occupation japonaise, Hô Chi Minh
déclarera la République démocratique du Viêt Nam
(RDVN) en août 1945. Cette indépendance est
soutenue par les États-Unis alors anticolonialistes
et opposés aux Japonais.
L'indépendance vietnamienne n'est pas reconnue
par la France qui se lance dans une reconquête des
ses anciens territoires. La France fonde en 1949 au
Sud l'État du Viêt Nam. Se déclenche alors la 1ère
guerre d'Indochine, opposant la nouvelle RDVN
d'Hô Chi Minh à la France et ses alliés. Affichant
clairement son affiliation au communisme, la
RDVN s'octroie les soutiens chinois et soviétiques
et perd définitivement le soutien américain.
La RDVN finit par l'emporter et le 20 juillet 1954
sont signés les accords de Genève. Ces accords
impliquent la partition du pays au 17ème parallèle
en deux états distincts avec au nord, la République
démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Vietnam),
communiste, et au sud, la République du Viêt Nam
(RVN ou Sud-Vietnam), nationaliste. Les ÉtatsUnis et la RVN ne ratifièrent pas le traité.
Les deux Viêt Nam sont
alors idéologiquement
opposés. Alors qu'au nord
s'organise un état
communiste largement
soutenu par le bloc sinosoviétique, le sud,
nationaliste, gouverné
suite à un coup d'état
(trucage des élections) par
Ngô Đình Diệm, est très
largement soutenu par les
USA.
Malgré la partition du Viêt
Nam, le Nord-Vietnam ne
souhaitait que la
réunification pays. Les
accords de Genève
prévoyaient la mise en
place de votation populaire
concernant la réunification
du pays. Mais Du fait de la
Carte 1: Partition du Viêt Nam non ratification du traité
selon les Accords de Genève par la RDV, de telles
votations ne furent pas envisagées puisque le pays
avec le quelle elles tendaient à se réunir n'était pas
reconnu comme un état. La réunification ne vit
donc pas le jour diplomatiquement.
2. 1954 - 1964 Implication des États-Unis:
Dès sa création, la RVN fut très clairement sous
influence américaine. Cette interventionnisme
accru de la part des États-Unis s'inscrit dans une
logique anticommuniste et dans une peur de "l'effet
domino". Lutter contre le communisme dans un
pays, c'est empêcher la propagation de ses idées
aux pays voisins, et ainsi de suite rendant une zone
géographique totalement communiste. La doctrine
Image 2: Illustration de "l'effet domino" en Asie du Sud-Est
de Truman, et "l'endiguement", appliqués par les
États-Unis durant toute la Guerre Froide tendait
vers une lutte contre les pays communiste. C'est
bien pour cela que les USA ont été très actifs au
Viêt Nam, dans le but d'éviter un basculement total
de l'Asie du Sud-Est dans le communisme.
Après les Accords de Genève, le pouvoir au SudVietnam revint rapidement à Diệm, après qu'il ait
poussé à l'abdication l'empereur Bảo Đại grâce à
des votations truquées. S'étant exilé aux États-Unis
entre 1945 et 1954, Diệm a su se forger de lourds
appuis américains grâce du fait de son
anticommunisme et son appartenance à la religion
chrétienne. En 1955, les Américains montent une
base militaire à Saïgon dans le but d'entraîner et de
monter une armée efficace au sud. Le nombre de
mission et d'aide logistique américaine croît
fortement au Sud-Vietnam.
Appliquant une politique anticommuniste mais
également anti-bouddhiste, le régime de Diệm
sombre peu à peu dans un despotisme sanglant.
Les abus du régime en place font naître de forts
mouvements antigouvernementaux et surtout
accroissent la sympathie envers le Nord-Vietnam et
le communisme. Dès 1955, d'anciens membres du
Viêt Minh présents dans le Sud, prennent les armes
et, habitués à la guérilla, commencent à semer le
trouble. Ces velléités révolutionnaires menèrent en
1960 à la création du Front national pour la
libération du Sud-Vietnam (appelé par la RDV et
les États-Unis Viêt Công: contraction de
"vietnamien" et "communiste"; Cộng Sản en
vietnamien). Les liens entre le Viêt Minh et le FNL
sont indéniables bien que ces derniers se soient
toujours déclarés indépendants. L'utilisation de la
"piste Hô Chi Minh", passant par le Laos et la
Cambodge, permettait de rallier le Nord-Vietnam
au Sud-Vietnam au couvert de la jungle et ainsi de
faire passer matériel militaire et effectifs aux Viêt
Côngs.
Plus de 60 bases sont présentes au Sud en 1961.
Des opérations de "ratissage" sont effectuée
conjointement par les forces sud-vietnamiennes et
américaines afin de détruire les forces Viêt Công.
Parallèlement à l'intervention américaine, la
situation politique de la RVN devint de plus en
plus instable. Le gouvernement familial (les
principales charges gouvernementales ont été
confiée à ses proches) de Diệm commence à
prendre l'eau. La politique anti-bouddhiste finit par
pousser à bout cette communauté et le pays est
victime d'un soulèvement général. Ce soulèvement
s'illustre bien par l'immolation publique des bonzes
vietnamiens en 1963. Parmi ceux-ci, on peut citer
le bonze Thích Quảng Đức, dont la photographie
de son auto-immolation fit à l'époque le tour du
monde.
Image 3: Immolation du bonze Thích
Quảng Đức le 11 juin 1963
L'opinion international prend alors conscience de
la gravité de la situation au Sud-Vietnam. Les
États-Unis lâchent alors le président et un coup
d'État est fomenté par ses généraux avec l'appui de
la CIA. Ngô Đình Diệm se voit finalement arrêté et
sommairement assassiné le 2 novembre 1963. Son
gouvernement est remplacé alors par une junte
militaire dirigéeée par Dương Văn Minh.
3. 1964 - 1968: L'escalade, le début du conflit armé
et la désillusion américaine
Carte 2: La piste Hô Chi Minh (en noir)
Très vite le FNL s'organise et développe une
guérilla très efficace. Actif dans la jungle et très à
l'aise dans des conditions pourtant hostiles, le FNL
devient vite efficace et c'est contre cet adversaire
que devront combattre les USA.
L'appui américain se fait de plus en plus présent.
Aux États-Unis le président en fonction John
Fitzgerald Kennedy, qui avait alors amorcé un
départ des américains, est assassiné en le 22
novembre 1963 par Lee Harvey Oswald. Lyndon
Johnson le remplace à la tête du pays en 1964. Le
retrait est annulé et au contraire le contingent
américain est augmenté. La situation politique
intérieure de la RDVN continua à se détériorer.
Durant l'année 1964, sept gouvernements se
succèdent à la tête du pays. Cette instabilité accroît
la puissance américaine sur place.
En mai commencent des opérations au Laos afin de
couper "la piste Hô Chi Minh". Puis en août ont
lieu des incidents dans le golfe du Tonkin. Deux
destroyer américain sons victimes de tir nord-
vietnamien alors qu'ils s'aventuraient dans les eaux
territoriales de la RDVN. Ces événements sont
alors instrumentalisés par le président Johnson qui
fait voter au Congrès américain la Résolution du
golfe du Tonkin, lui laissant ainsi la possibilité de
déclaré la guerre à la RDVN sans devoir en
demander l'autorisation au congrès. Il est
aujourd'hui prouvé que les événements du Tokin
ont été utilisé par le président américain pour
légitimer une intervention armée massive dans le
conflit. La guerre éclate réellement lorsque les
Américains commencent à bombarder des bases
militaires au nord. Des attentats au sud font des
victimes américaines qui provoquent de facto des
représailles militaires au nord.
En 1961, Lyndon Johnson est officialisé en tant
que président des États-Unis d'Amérique après des
votations populaires gagnées avec plus de 60% des
voix. Une telle victoire pour Johnson montre bien
la confiance avec laquelle les américains se sont
lancés dans cette guerre et le soutient qu'ils
portaient au débuts du conflit à leur gouvernement.
Dans la même période, les États-Unis s'impliquent
également dans la guerre civile du Laos, opposant
les communistes du Pathet Lao au gouvernement
pro-américain. Le Nord-Vietnam porte également
soutien au Pathet Lao, soutenu par les Soviétiques
Durant le mois de février 1965, le FNL attaqua des
bases militaires au sud de Hué et firent de
nombreuses victimes américaines. La réplique ne
se fit pas attendre et les différentes base militaire
près de la frontière se virent équipées de missiles
sol-air. Toujours en février, Johnson lance
l'opération "Rolling Thunder", un bombardement
aérien massif du Nord-Vietnam.
C'est en mars que le président américain accepta
l'utilisation du napalm dans le but de détruire les
forces du FNL. Le napalm restera l'arme
emblématique de la Guerre du Viêt Nam dans la
pensée populaire. Inventé aux États-Unis en 1942,
cette substance incendiaire à base d'essence fût
massivement utilisée durant tout la durée de la
guerre par les Américains. Dans des bombes ou
grâce à des lance-flamme le napalm fait beaucoup
de dégâts, à la fois humains, mais également
environnementaux. Des zones sont totalement
incendiées et des portions de jungle sont rasées.
L'utilisation de défoliants et d'herbicides entre
également dans la stratégie américaine pour
débusqué les guérilleros Viêt Công. Le tristement
célèbre agent orange a également été massivement
déversé sur des zones de combat. Là aussi, les
dégâts sur la faune et la flore, mais également sur
les êtres humains, sont immenses. Les populations
ressentent encore aujourd'hui les séquelles de
l'utilisation de l'agent orange et des autres
"herbicides arc-en-ciel"; malformations, cancer ou
fausse couche sont encore fréquente aujourd'hui
tant ces produits disparaissent lentement.
Image 4: Enfants d'un village bombardé au napalm.
Récompensée du prix Pulitzer, cette photographie a
contribué à la prise de conscience de l'horreur du
conflit vietnamien aux USA et dans le monde
En avril 1965, la RDVN décide d'intervenir
militairement au sud. Les forces américaines
augmentant de plus en plus s'élève en juillet à
125'000 hommes.
Les véritables combats terrestres entre soldats
américains et nord-vietnamien commencent à
éclater dès octobre. Appliquant la stratégie du
"search and destroy", consistant à s'introduire en
territoire hostile par hélicoptères puis chercher et
détruire les effectifs Viêt Công avant de repartir le
plus rapidement possible, les Américains arrivent à
porter des coups à la guérilla du FNL. Enchaînant
quelques victoires, comme celle de la vallée de la
Drang, visant à coupé le sud en deux, et empêché
une progression rapide des troupes ennemies. En
décembre 65, les forces américaines comptent
185000 hommes.
Durant l'année 1966, les combats s'intensifièrent.
Les bombardements réguliers du Nord-Vietnam,
les opérations de débusque de camps Viêt Công,
sont massivement réalisées. Des opérations de
raids et de commandos sont menées afin de trouver
et détruire des caches d'armes ne mènent souvent à
rien tant le FNL est organiser et sait combattre
dans ces zones où les marines américains n'arrivent
pas à se rendre totalement efficaces. Après déjà 12
ans d'interventions dans le pays, les Américains se
rendent compte que cette guerre ne sera pas une
guerre express comme ils ont eu à en livrer par
exemple en Corée (3 ans). Les effectifs sur place
sont immenses. On compte plus de 510000
hommes au sud en 1967. Aux quels viennent
s'ajouter 48000 Sud-Coréens, 10000 Thaïlandais,
4000 Australiens ainsi que 48000 hommes basés en
Thaïlande. Malgré le nombre incroyables de
soldats mobilisés sur place, seulement 10 à 25%
des troupes ont été réellement impliqué dans au
combat.
L'année 1967 est marquée
par la tentative américaine
de prendre le contrôle du
"Triangle de Fer". Cette
zone appelée ainsi par les
américains à cause de son
imprenabilité, causera bien
du tord aux forces
américaines. Déjà réputée
Image 4: Localisation du imprenable lors de la
"Triangle de Fer"
guerre d'Indochine, cette
zone est un véritable bastion Viêt Minh et est une
base important des forces alliées de la RDVN et du
FNL durant toute la guerre. Des tunnels
imprenables y sont situés (Tunnels de Củ Chi) et
malgré l'acharnement commun des Américains et
de Sud-Vietnamiens à débarrasser la zone des
ennemis communistes, rien n'y fera. La zone
restera un bastion Viêt Công durant l'ensemble de
la guerre.
Aux États-Unis, la peau de l'ours vietnamien est
vendue bien trop vite. Alors que l'opinion public
est persuadé d'une proche reddition du camp
communiste, l'alliance FNL et RDVN lance une
offensive massive sur le Sud-Vietnam en février
1968.
Cette opération impliquant la totalité des forces
Viêt Công désignée sous le terme "d'offensive du
Tết" (en référence au nouvel an asiatique), avait
deux but: permettre un soulèvement populaire au
sud mais également détruire le moral américain et
ainsi accentuer les protestations aux États-Unis
même. Si d'un point de vu militaire l'opération est
un échec total (le FNL perd la quasi totalité de ses
hommes et ne sera plus influant jusqu'à la fin de la
guerre), la réussite est réelle. Alors qu'aux USA le
public commence à se questionner sur le bien
fondé de cette guerre, et surtout sur son
dénouement, "l'offensive du Tết" a été une
véritable prise de conscience de l'opinion
américaine. L'implication psychologique de cette
opération de grande envergure fut un des
principaux facteurs de la défaite américaine. En
plus de démoralisé les soldats, une telle opération a
permis à semer un doute assez grand aux ÉtatsUnis quant à l’intérêt de cette guerre.
Lâché par l'opinion public, le président Johnson
finit par devoir abandonner son poste. Richard
Nixon le remplace et enclenchera le retrait
progressif des troupes, jusqu'au départ américain
30 avril 1975.

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