Ex-membre du Cnsp exilé aux Usa - Le capitaine de Vaisseau Zohin

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Ex-membre du Cnsp exilé aux Usa - Le capitaine de Vaisseau Zohin
Ex-membre du Cnsp exilé aux Usa - Le capitaine de Vaisseau Zohin Honoré
révèle : ``Gbagbo était derrière la mutinerie de 90``
Le Front - 10/4/2005 8:56:19 PM
Zohin Honoré, officier de la Marine nationale, ex-membre du CNSP, ex-ministre de la Construction et
de l’Urbanisme et confident du général Robert Guéi, a décidé de sortir de sa réserve après cinq (5)
années d’observation. Dans l’entretien qu’il nous accordé, Zohin Honoré parle sans détour du vrai
commanditaire du coup d’Etat de décembre 99, du deal entre l’actuel chef d’Etat ivoirien, Laurent
Gbagbo et le général Guéi, de ceux qui empêchent l’enterrement du père fondateur de l’Udpci. Pour la
première fois, l’officier de la Marine nationale a décidé de casser la baraque en rentrant en dissidence
contre le régime de Laurent Gbagbo.
M. Le ministre, vous êtes en exil depuis quelques années, depuis la fin de la transition. Alors
qu’est -ce qui justifie ce statut ?
Je me présente d’abord. Je suis le ministre Zoin Honoré et j’ai été membre du Comité national du
salut public (CNSP). J’ai été président de la commission de contrôle du patrimoine de Côte d’Ivoire.
Vous avez été également ministre ?
Oui, j’ai été aussi ministre de la Construction et de l’environnement et ministre de la Jeunesse et des
sports pendant la transition militaire.
Vous étiez proche du Général Guéi, est-ce son départ du pouvoir qui a occasionné votre exil
aux Etats Unis?
Pas forcément son départ du pouvoir, mais c’est sa mort brutale, suite à laquelle des éléments sont
allés tirer dans mon appartement aux II Plateaux. Et donc quand j’ai su que j’étais recherché pour être
exécuté, j’ai pris la clé des champs et je suis parti d’Abidjan.
Est-ce à dire que vous êtes parti après le coup d’Etat du 19 septembre 2002 ?
Oui, après le coup d’Etat du 19 septembre 2002 au cours duquel le général Guéi a trouvé la mort.
Vous dites que vous étiez recherché. Vous étiez recherché par qui ?
Je ne sais pas, peut-être que par les escadrons de la mort. Ce qui est sûr, c’est que les gens sont
allés tirer dans mon appartement sis aux Deux -Plateaux le même jour de l’assassinat du Général
Guéï. Les traces de balle se trouvent encore sur les portes de l’appartement.
Alors, aujourd’hui, quel est exactement votre statut là où vous êtes ?
Je ne voudrais pas trop m’étendre là-dessus, je voudrais plutôt qu’on passe, mais sachez que j’ai un
statut de réfugié politique.
Et où êtes-vous ?
Je suis aux Etats-Unis d’Amérique
Revenons à l’actualité politique du pays. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de transition en
Côte d’Ivoire après le 30 octobre. Quelle est votre opinion sur la question. Il y a aussi le
Général Doué Mathias et le Colonel Yao Yao Jules qui sont en exil comme vous. Avez-vous des
contacts avec eux ?
Je suis en contact avec eux. Et la situation politique en Côte d’Ivoire, je la suis au quotidien. Mais je
suis étonné des déclarations du Président Gbagbo sur la transition… Et je voudrais attirer votre
attention pour dire que le dénominateur commun du mal en Côte d’Ivoire, c’est bien Laurent Gbagbo.
Je vais m’expliquer pour dire pourquoi c’est lui le dénominateur commun du mal. Les mutineries de
mai et de juin 1990, il avait pris des contacts avec des militaires pour faire un coup d’Etat.
Vous pouvez donner des noms ?
De donner le nom de qui ?
Des militaires qu’il aurait contactés pour faire le coup d’Etat.
Non, vous les journalistes, vous ne donnez pas vos sources. De la même manière, je ne donne pas
mes sources.
Mais peut-on avoir d’autres preuves ?
Pour les preuves, vous savez que lui-même, il a dit qu’il avait mis des militaires à Londres pour les
faire venir…C’était au cours des élections de 1995. Donc il était en contact avec l’armée.
Vous étiez en train de démontrer que le Président Gbagbo est le problème central. On vous suit
toujours.
Il est le dénominateur commun du mal. Et en plus de cela, je peux vous dire qu’au mois de décembre
1999, nous les jeunes militaires, nous étions partis pour manifester contre notre ministre de la
Défense dans les rues. Et le Président Gbagbo nous a envoyé notamment Lida Kouassi, Boga
Doudou, Odette Sauyet et Freedom Neruda dans la rue pour nous dire que la Côte d’Ivoire souffre
depuis 40 ans avec le PDCI et que c’était une occasion rêvée.
Et que notre manifestation ne devrait pas être une simple manifestation de réclamation de primes et
qu’on devrait faire en sorte qu’elle soit un coup d’Etat. C’est donc sur leurs conseils que tout s’est
concrétisé. Donc le Président Gbagbo a participé à ce coup d’Etat. Et lorsque ses envoyés
échangeaient avec nous, ils étaient constamment en contact avec lui.
Après ils sont venus nous rejoindre au camp Galliéni, sur la route conduisant à Akouédo, à la station
d’essence où on se servait. Et à plusieurs reprises à Akouédo. Quand le coup d’Etat a eu lieu, on est
allé accueillir M. Gbagbo en fanfare à Yamoussoukro. Pensant qu’il venait travailler avec nous
puisque c’est sur ses conseils que ça s’est passé.
Finalement il a décidé de ne pas travailler avec nous. Donc il a donné quatre ministres. En plus, ceux
qui étaient venus nous dire de concrétiser le coup d’Etat ont été nommés. Lida Kouassi a été nommé
conseiller spécial du président Guéi, Odette Sauyet a été nommé directrice centrale de la télévision et
Boga Doudou a été celui qui a introduit les articles litigieux dans la constitution actuelle. Donc, ils ont
joué des rôles importants pendant la transition.
M. le ministre, vous dites des choses assez graves, parce que celui qui a piloté le coup d’Etat
n’est pas celui qui a été dans le fauteuil présidentiel. Alors qu’est-ce qui explique l’arrivée du
général Robert Guéi ?
Nous avions pensé que c’est Laurent Gbagbo qui allait diriger l’affaire. Mais lui, il n’a pas voulu
accepter et il a joué les seconds rôles afin de surprendre tout le monde. Comme, il l’a toujours fait, et
c’est pour cela qu’il n’a pas pris ses responsabilités. Donc il ne faut pas qu’il fasse croire au peuple de
Côte d’Ivoire qu’il ne savait pas qui organisait le coup d’Etat de 1999.
Il était bien l’organisateur avec nous. Je n’ai pas parlé pour observer la scène jusqu’aujourd’hui. Et je
voulais dire au peuple de Côte d’Ivoire que c’est Laurent Gbagbo qui a aidé à faire ce coup d’Etat. Et
la nomination de certaines personnalités du FPI était une récompense par rapport à ça.
Et par rapport au fait que lui-même, était constamment à nos côtés pour nous aider à faire ce qu’il y
avait à faire, notamment la Constitution. Dans laquelle il a introduit avec son ami Boga Doudou, les
articles litigieux qui font problème aujourd’hui en Côte d’Ivoire.
M. le ministre, vous étiez très proche du général Guéi et du Président Gbagbo. Qu’est -ce que
vous savez exactement de leur rapport avant son assassinat ?
Avant son décès, je savais que Gbagbo était très proche du général Guéi. Et pendant la mise sur pied
de la Constitution, il venait le voir régulièrement.
Nuitamment ?
Il avait proposé que l’actuel président de la CEI, Camille Hoguié soit président de la commission
électorale indépendante.
C’est M. Gbagbo qui a proposé cela ?
Gbagbo a fait cette proposition à l’époque, sous la transition. Et c’est quand il est parti, que nous
avons eu une réunion avec le Général. Et moi quelqu’un m’avait soufflé que Camille Hoguié a été
celui qui a demandé à Houphouët-Boigny de sanctionner les militaires suite aux événements de
Yopougon. Et c’est pour cela qu’il n’a pas été retenu.
En tant qu’ancien membre du CNSP, vous avez été témoin du rejet de la candidature du
Président Henri Konan Bédié et du Premier ministre Alassane Ouattara. Pouvez-vous nous en
dire davantage pour éclairer l’opinion ivoirienne ?
Pour éclairer l’opinion ivoirienne, je veux dire que ça été toujours les manoeuvres du Président
Gbagbo. Parce que vous savez très bien que quand il est avec vous, il manœuvre pour autre chose.
Par exemple pour le Et et le Ou, moi j’étais en tournée à l’intérieur du pays.
Je suis arrivée à Gagnoa et Gbagbo a insisté auprès de moi pour que le ‘’Ou’’ soit changé en Et. Le
Président Guéi a dit non, je ne peux pas changer comme ça, il faut que je demande l’avis du peuple.
Quand je lui ai fait le point de ma mission, il a dit c’est quelqu’un qui est resté avec nous
jusqu’aujourd’hui, on a tout fait ensemble.
Je lui ai dit à l’époque d’annoncer déjà l’événement, il a dit qu’un chef ne déshabille pas un chef, on
ne peut pas le dénoncer si lui-même ne se prononce pas. Et c’est comme ça déjà à l’époque qu’il a pu
côtoyer et qu’on a changé des éléments dans la Constitution qui a été élaborée uniquement par Guéi,
alors qu’il a été celui là qui a été à la base de son élaboration, surtout les éléments litigieux.
Rappelez-vous lors d’une réunion au palais de la présidence, pour justifier le Et et le Ou, on avait dû
faire appel à tous les leaders politiques. Et comme eux, ils travaillaient avec nous, Gbagbo a donné
Boga Doudou ce jour-là qui a parlé de double nationalité des personnalités qui avait la nationalité
comme M. Sydia Touré de Guinée qui est parti en Guinée pour devenir Premier ministre, comme une
autre dame qui est partie au Mali pour devenir ministre…
C’était pour justifier le fait que nous travaillons ensemble et que nous devions intervenir dans un
certain nombre de choses. Et après, sa propre campagne présidentielle a été financée par le général
Guéi. Le général Guéi lui a donné 200 millions pour faire sa campagne et la femme du général lui a
donné 100 millions.
Donc c’est vous dire qu’on était très proche. Et parce que justement, il avait souhaité travailler avec le
général Guéi dans les nouvelles structures après les élections. Et puis au dernier moment, il nous a
trahis.
M. le ministre, il est aussi dit que le Président Gbagbo a fait pression sur le général Guéi pour qu’il se
présente candidat comme lui-même et sans les autres candidats. Avez-vous des informations à ce
sujet ?
Je n’ai pas d’informations à ce sujet. Mais je sais qu’il est fortement intervenu pour que des
amendements soient apportés pour écarter des candidats. Et qu’il ait affaire seul au général Guéi.
M. Le ministre, qu’est -ce que vous savez de l’assassinat du général Guéi ?
A propos de sa mort, je n’en sais rien puisqu’au moment des événements, lorsque le général Guéi m’a
joint le matin pour me dire de me cacher parce qu’il entend des tirs à Cocody, je suis parti et donc je
n’ai pas pu suivre. Mais j’ai appris sa mort comme tout le monde.
Mais il est dit que le corps qui est "stocké" à Ivosep de Treichville subit des pratiques
cabalistiques. Qu’est -ce que vous en savez exactement ?
Certaines personnes m’auraient dit que le Président Laurent Gbagbo aurait transporté le corps au
palais pour faire des cérémonies. Et que c’est suite à cela que ses marabouts lui ont recommandé de
ne jamais enterré le général Guéi sinon son pouvoir tomberait. C’est ce que j’ai entendu dire.
De personnes sûres ?
C’est ce que j’aurais entendu dire. Je n’ai pas de confirmation, je n’ai pas mené d’enquête pour vérifier
ça.
Mais M. le ministre, vous soutenez que le général a financé la campagne de Laurent Gabgbo à
hauteur de 300 millions ?
Oui. 200 millions de la part du général et 100 millions de la part de sa femme. Il est venu chercher cet
argent en tenue bleue ce jour-là.
C’était la nuit ?
C’était vers le soir qu’il est venu chercher cet argent en tenue bleue.
Dites-nous exactement, quel était le plan entre le général Guéi et Président Laurent Gbagbo.
Qui devrait prendre le pouvoir et comment cela devait s’organiser ?
Vous voulez parler des élections ?
Oui, qui devait être président à la suite des élections selon l’accord qui a été conclu entre eux ?
Pour les élections de 2000, le général devait être président et les élections de 2005 étaient réservées
pour Laurent Gbagbo.
Et comment expliquez-vous cette volte-face du Président Laurent Gbagbo ?
Parce qu’il a toujours fait volte-face. Aujourd’hui, il faut croire au peuple de Côte d’Ivoire qu’il n’était
pas dans le coup d’Etat de 1999. Alors qu’il était partie prenante avec nous. Vous pensez que nous,
on fait notre coup d’Etat, il n’a rien à avoir, il ne comprend rien et puis on lui donne les meilleurs
postes. Le ministre de l’Economie et des Finances, des conseillers spéciaux au palais et on fait la
Constitution ensemble.
M. le ministre, on sait aussi que lorsque vous êtes arrivé au pouvoir, le président Gbagbo a
critiqué que vous avez fait la part belle aux ministres du RDR. N’est-ce pas ce grincement de
dents qui vous a fait changer d’option ?
Justement, dès le départ, il voulait nous opposer pour que les militaires aient problème entre eux pour
qu’il en profite. Et il a réussi son coup à la fin parce qu’il avait des gens qui nous espionnaient à
l’intérieur du CNSP. Mais je ne veux pas m’avancer plus.
M. le ministre, il y a le général Doué qui est sorti de sa réserve, il y a eu également le Lieutenant
colonel Jules Yao Yao, aujourd’hui il y a Adama Sidibé et puis on compte également Oulata qui est
aussi aux Etats-Unis.
Est-ce qu’on peut dire que le ministre Zouin Honoré est dans la dissidence ?
Absolument, je ne peux qu’être dans la dissidence parce que je ne peux pas faire autrement. Que
quelqu’un avec qui on collabore depuis toujours.
Avec qui on a eu à travailler ensemble fasse volte face, et qu’il y ait mort d’hommes et qu’il ne soit pas
capable d’enterrer la personne avec laquelle il a travaillé. Et mieux, qu’il laisse ce genre de rumeurs
fantaisistes sur son corps. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Donc moi je prends corps avec le
général Doué et Yao Yao Jules. Parce qu’ils ont compris que l’armée de la République a été utilisée
abusivement depuis toujours par Gbagbo. Parce que rappelez -vous durant tous ses meetings, il a
toujours insulté l’armée. Et aujourd’hui vous savez que l’armée est utilisée comme des gardes de
corps, des sans travail à Abidjan.
Est-ce que vous êtes en contact avec ces officiers, vos collègues dissidents ?
Oui, nous sommes en contact. Très en contact parce que comme Oulata l’a dit, le général Doué
Mathias qui est un chef d’état-major a donné des ordres que chacun de nous doit exécuter à son
niveau. Et il faut que Gbagbo parte, ce n’est pas une question de rester là et vouloir penser que la
Constitution… la Constitution était là quand il a doublé tout le monde pour être président. De manière
calamiteuse comme il l’a dit lui-même.
Jusqu’aujourd’hui, il ne veut pas respecter la Constitution. La Constitution n’a pas inscrit que les
passeports diplomatiques soient distribués en ville comme il le fait. Donc il ne va pas nous faire croire
qu’il respecte la Constitution. La Constitution n’a pas dit qu’il faut prendre des militaires et les affecter
à des gens qui n’ont jamais travaillé, la Constitution n’a jamais dit que les militaires de la République
qui sont garants de l’intégrité du territoire, de l’indépendance de la nation et de la sécurité de cette
nation là doivent être banalisés au profit des milices qu’il favorise lui-même actuellement.
Donc je ne peux que prendre pied avec des vaillants soldats que sont le général Doué et Yao Yao
Jules parce que notre pays est en danger. Et quand le pays est en danger, c’est les militaires qui sont
chargés de réguler la situation.
M. le ministre jusqu’à quel degré vous êtes en contact avec eux ?
Je ne peux pas vous dire
Mais vous annoncez des actions si la communauté internationale ne faisait pas entendre
raison au Président Gbagbo. Quelques jours seulement de la fin de son mandat
constitutionnel, on constate qu’il s’agrippe au pouvoir. Mieux, il dit qu’il reste au pouvoir après
le 30 octobre, alors la population se demande bien quelle est la portée de votre action ?
Je vous renvoie à la déclaration du général Doué parce que l’armée est une symphonie et se joue
avec un chef en tête. Le général Doué est le chef de cet orchestre là, il vous a dit ce qu’il doit être fait.
Moi je ne pense qu’à la suggestion du général Doué. On a dit toujours qu’il faut que les ivoiriens
règlent leur problème à l’ivoirienne.
Il n’a pas parlé de violence, il n’a pas parlé de tueries, mais il a parlé de ce que le président Gbagbo
doit quitter le pouvoir. Et immédiatement. Ce n’est pas négociable et ce n’est pas discutable.
Mais qu’est-ce que vous ferez, vous officiers de l’armée ivoirienne si le 30 octobre, au soir le
président confisquait le pouvoir ?
Je vous renvoie aussi à la déclaration du général Doué.
Oui, la déclaration du général Doué, vous pouvez nous rafraîchir la mémoire
Il a déjà fait une déclaration en disant au Président Gbagbo de partir. Et à ceux qui aiment la Côte
d’Ivoire de l’aider à partir car nous ne voulons pas verser le sang de nos compatriotes, car nous ne
voulons pas qu’il y ait mort d’hommes en Côte d’Ivoire, car nous ne voulons pas qu’il y ait la guerre
civile en Côte d’Ivoire. Parce que si lui président de la République de Côte d’Ivoire, souhaite qu’il y ait
une guerre civile en proclamant qu’elle doit se faire sur dix ans après son départ, nous nous sommes
pas pour que le départ d’une tierce personne puisse occasionner la mort des centaines et des millions
de morts pendant dix (10) ans. Ce n’est pas le rôle d’un dirigeant, ce n’est pas le rôle d’un
responsable. Comme tel, l’armée, le général Doué et ses hommes comme nous sommes, on prendra
nos responsabilités. Disons que nous sommes en train d’aider nos parents à ne pas subir le sort de
quelqu’un qui veut les tuer.
Dites nous, combien êtes-vous au total hors du pays ? Et est -ce que vous êtes en contact avec
des officiers présentement en Côte d’Ivoire et qui sont en fonction ?
Je ne vous dirai rien non plus parce que ce serait faire la part belle à quelqu’un que de déclarer un
certain nombre de choses. Je veux dire que nous prendrons nos responsabilités et nous savons
comment nous allons les prendre.
Le peuple aimerait être rassuré M. le ministre
Par rapport à quoi par exemple ?
Le peuple souffre et en tout cas une bonne partie de la population estime que…
L’armée de la nation est chargée de la sécurité de cette nation. Elle est garante de la nation. Et nos
amis qui sont dans les rangs actuellement, comme nous autres, comme ceux qui sont à Bouaké, nous
ne sommes pas là pour verser le sang de nos compatriotes.
Et c’est parce que nous sommes contre que Gbagbo se comporte comme ça. Si nous étions de la
même mentalité que lui, la guerre civile aurait déjà eu lieu. Sinon le général Doué ne ferait pas la
déclaration pour prévenir pour dire qu’on arrive. Pour quelqu’un qui veut tuer inutilement ou qui veut
faire du mal, on ne prévient pas. On vient par surprise. C’est pour prévenir pour que M. Gbagbo soit
aidé par ses amis à partir en douceur parce qu’il n’est plus crédible pour diriger la Côte d’Ivoire que le
général Doué a lancé un message.
Dites leur que les militaires ne feront rien, il n’ont rien contre leur compatriotes. Mais que nous
aiderons M. Gbagbo à partir.
C’est justement ce que nous voudrions savoir, comment allez-vous y prendre ?
Par tous les moyens, ça été dit. C’est le départ de lui et de lui seul, pas quelqu’un d’autre.
M. le ministre, excusez-nous d’insister là-dessus, parce que vous en appelez à la communauté
internationale, mais si telle est qu’elle ne réagit pas jusqu’au 30 octobre, qu’allez-vous faire au
terme de cette date ?
La communauté internationale va réagir. La communauté internationale aime la Côte d’Ivoire. Vous
voyez bien que la France est présente en Côte d’Ivoire. Vous voyez même que la France a perdu des
compatriotes en Côte d’Ivoire, elle a perdu des journalistes en Côte d’Ivoire. Vous voyez que l’ONU
même a perdu des soldats en Côte d’Ivoire, vous voyez que les présidents africains sont au chevet de
la Côte d’Ivoire qui est encore malade. Jamais ils ne pourront nous abandonner. Et donc, nous
sommes là avec eux pour aider le président Laurent Gbagbo à partir.
Et si malgré tout, la communauté internationale décide que Gbagbo continue après le 30
octobre ?
Elle ne pourra pas décider ça. La communauté internationale ne pourra pas décider ça.
Et si c’était décidé ?
Non, elle ne peut pas décider à la place des Ivoiriens. La majorité des ivoiriens, la majorité pensante,
pas ceux qui sont sous les bases des escadrons de la mort qui exécutent les populations. Je parle de
la majorité pensante qui a envie qu’il parte. Il ne peut pas rester là parce qu’il a eu un mandat de cinq
ans. Le président Bédié a dit qu’il a eu un mandat de cinq ans, il ne peut pas outre passer son mandat
en disant qu’il s’impose.
Mais s’il veut s’imposer par la force, lui, il n’a jamais fait l’armée. Il y a une force qui est naturelle, qui
appartient à la Côte d’Ivoire. S’il veut utiliser la force, cette force là, lui diront non tu n’as pas la force et
nous, nous sommes la force de la nation.
M. le ministre est ce que vous êtes en train de nous dire que la population pourrait demander
de manière générale la démission du président Gbagbo si la communauté internationale
demandait qu’il soit maintenu au pouvoir sans les pouvoirs de gouverner ?
Voilà ! La population demandera sa démission. La population de Côte d’Ivoire y compris les militaires
ivoiriens. Ce que je dis ne concerne pas seulement les militaires ivoiriens, c’est la population dans son
ensemble, dans sa globalité, dans sa totalité qui demandera à Gbagbo de partir. Parce qu’il ne peut
que partir. Vous savez très bien que les tueries qui ont eu lieu à l’Ouest, qui ont eu lieu à Abidjan…
On ne peut pas être président de la République, gouverner la moitié d’une nation et penser qu’on va
le laisser pour qu’il continue à tuer les gens et dire qu’il est président. La communauté internationale
voit très loin ça. Vous même, qui me parlez, vous êtes Ivoiriens, vous ne serez pas d’accord que
Gbagbo soit président pour aller casser vos journaux, ce n’est pas possible.
M. le ministre, là, vous en appeler à la communauté internationale, vous demandez aussi au
peuple de prendre ses responsabilités. Ici à Abidjan, il y a beaucoup de personnes du côte du
pouvoir qui pendant que vous faites plus un coup d’Etat médiatique que pragmatique. Qu’estce que vous répondez à ceux qui pensent que vous êtes des officiers félons comme ils le
disent ?
Des officiers félons parce que nous n’avons pas envie de verser le sang de nos parents. Pourquoi ils
disent ça ? Parce qu’ils pensent qu’on va rentrer à Abidjan, tirer à droite et à gauche, faire des milliers
de morts et puis il va être content. C’est ce qu’il souhaite parce que lui, il tue déjà nos parents. Il tue
les personnalités là-bas et donc il veut qu’on tue, nous aussi. Mais nous, si on savait tuer, depuis le
coup d’Etat de 1999, il n’y a pas eu une goutte de sang qui a été versée. Parce que nous, on était la
manette du pouvoir.
Maintenant que lui il vient, il vaut tuer donc il a inféodé des gens pour ces gens là parlent de cette
façon. Mais ce ne sont pas des gens libres qui parlent. C’est des gens qui sont sous les effets des
escadrons de la mort à Abidjan. Vous savez très bien qu’à Abidjan, quand tu parles, si on ne te tue
pas, on tue quelqu’un à côté. Donc ils sont sous les effets de ces actes de barbarie, c’est pour cela
qu’ils parlent ainsi. Quelqu’un qui n’est pas à Abidjan ne peut pas parler comme ça.
M. le ministre, une dernière préoccupation, vous qui avez été un acteur principal du coup d’etat
de 1999, après tout ce que la Côte d’Ivoire a connu, si c’était à refaire ?
Reprendre le coup d’Etat ? Le coup d’Etat, c’est Gbagbo qui le fait et c’est lui qui est là. S’il avait
laissé les différents présidents de la République travailler correctement, parce que depuis HouphouëtBoigny, c’est lui qui remue tout en côte d’Ivoire. Et les gens pensaient que c’était quelqu’un de bien
qui venait diriger correctement la Côte d’Ivoire. On ne savait que c’était quelqu’un qui était plein de
vengeance, qui venait faire les règlements de compte au palais de la République. Si jamais Gbagbo
n’était pas en Côte d’Ivoire…
Comme maintenant on connaît sa stratégie, je pense que les Ivoiriens dans leur totalité ne feraient
pas attention à ce qu’il dit et à ce qu’il fait. C’est lui qui nous a opposé jusqu’aujourd’hui. C’est
pourquoi je vous disais que le dénominateur commun du mal en Côte d’Ivoire, c’est Laurent Gbagbo.
Et c’est clair que s’il quitte la Côte d’Ivoire, le pays sera définitivement en paix parce que personne
n’ira attaquer l’autre, n’ira attaquer le mandat de quelqu’un et attenter à la vie de quelqu’un.
Et c’est Gbagbo Laurent qui fait ça depuis toujours et tant qu’il est là, ça va être comme ça. Il faut qu’il
parte pour que nous soyons définitivement en paix. Pour construire notre si beau pays.
M. le ministre, comment vivez-vous aux Etats-Unis, que faites-vous et quelles sont vos
activités précisément ?
Je n’ai pas d’activité aux Etats-Unis.
Vous étiez à l’Université le matin qua nd je vous ai eu au téléphone ?
Rire ! C’est personnel et je ne vais pas vous dire.
D’accord. Vous rentrez quand à Abidjan, je présume après le 30 octobre.
Je ne sais pas. (Rire). Je réfléchis. Je vous ai dit tout à l’heure ce qu’il y a à faire. Il faut que Gbagbo
Laurent parte.
Vous avez un message pour la population ivoirienne ?
Je dirais à la population ivoirienne que la seule possibilité pour elle, de retrouver sa paix, sa cohésion,
de retrouver ce que Houphouët-Boigny nous a laissé, la paix qu’il nous a enseigné, qui nous fait battre
nos cœurs quand un Ivoirien a un problème, elle sera là quand Gbagbo sera parti. J’ai lu dans le
journal un jour que quand Gbagbo part, le lendemain ces rebelles sont désarmés.
Effectivement quand Gbagbo va partir, le lendemain ils seront désarmés parce qu’actuellement leur
problème, le désarmement des rebelles ne concerne pas les armes qu’ils ont. C’est un désarmement
moral. Et tant que leur moral sera enflé, sera en sang et sera dans la douleur, ils auront ces armes là.
Parce que si Gbagbo est au palais, ça va les énerver et ça va énerver tout le monde. Dites vous qu’au
départ, il était avec tous les partis politiques. Ils étaient en symbiose, les gens ont voulu accompagner
son mandat. Mais on a compris aujourd’hui qu’il n’était pas venu pour diriger la Côte d’Ivoire.
Il était venu pour la disperser, pour semer la mort, la désolation, pour semer le chaos en Côte d’Ivoire.
Et il faut qu’il parte que nous ayons la paix.
Merci M. le ministre
Merci. Je voudrais ajouter aussi que la plainte contre le ministre Adjoumani est une cabale honteuse.
Il a fait le coup d’Etat et quand on le dit, ça le fait fâcher et il va porter plainte contre les gens.
Merci pour le complément M. le ministre
Interview réalisée au téléphone par Adama Koné (DNA), Honoré Sépé (Le Front) André Silver Konan et
Jules Claver Aka (Le Nouveau Réveil)