Juillet Août 2005 - Escapades buissonnières - Ville de Bourg

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Juillet Août 2005 - Escapades buissonnières - Ville de Bourg
LE DOSSIER
N° 150 – JUILLET-AOÛT 2005
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Escapades
l
buissonnieres
C’EST L’ÉTÉ. IL FAIT BEAU, LAISSEZ LA VOITURE AU GARAGE… CHAUSSEZ LES BASKETS OU
ENFOURCHEZ LE VÉLO, VOUS DÉCOUVRIREZ BOURG-EN-BRESSE SOUS UN JOUR NOUVEAU.
TÊTE EN L’AIR ET CHEVEUX AU VENT… SUIVEZ NOS ITINÉRAIRES HISTORIQUE ET NATURE !
l
l
LE DOSSIER
Bouffees de fraicheur
l
La mappemonde
de la place Quinet
DES FONTAINES À LA RIVIÈRE
REYSSOUZE… FLÂNEZ
AU FIL DE L’EAU !
A l’origine, elle se nommait place des
Cordeliers. Créée en 1873 à l’emplacement
de bâtiments insalubres, elle possédait
alors un magnifique bassin qui disparu en
1925 au profit d’une statue d’Edgar Quinet
(philosophe et historien). Cette dernière
fit, en 1943, les frais de la 2nde guerre mondiale. En 1989, la création d’une nouvelle
fontaine “des quatre chemins” est confiée
à l’architecte Avoscan. Pour symboliser le
monde et les quatre points cardinaux, il
réalise une sphère en granit rose. Cette
œuvre est aujourd’hui un lieu de rendezvous apprécié des lycéens burgiens, des flâneurs qui aiment s’attabler aux terrasses des
cafés restaurants qui la bordent.
> Départ du circuit place Bernard à
proximité de la fontaine du même
nom. Pour ne pas être tenu par la
montre, stationnez votre voiture sur
le Champ de foire : c’est à deux pas
et c’est gratuit !
Fontaine Bernard :
une oasis en cœur de ville
Les lions de l’Hôtel de Ville
Deux lions de pierre surplombent les deux
fontaines qui enserrent l’entrée de l’Hôtel
de Ville menant au Salon d’honneur.
Dessinées par Jean-Marie Friot, également
sculpteur de la chaire de Notre-Dame, elles
sont alimentées par la source de la Glacière,
située sous l’hôpital Emile Pélicand.
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> Prenez le passage des Cordeliers qui
Au centre de la place Bernard joliment
fleurie, bordée d’immeubles de caractère
datant de la fin XIXe, s’élève une imposante
fontaine. Construite en 1879 au moment
du captage des sources de Lent, elle est
située à l’emplacement de la croix de
l’ancien cimetière. Restée à sec en raison
de la vétusté des canalisations, cette imposante fontaine en fonte, a longtemps servi
de vasque à fleurs. Totalement restaurée
en 1991, elle a été remise en service
l’année suivante. L’eau retombe du sommet
dans une vasque
soutenue par de
gracieux chérubins, puis s’écoule dans le grand
bassin et ressort
par les bouches
des masques et
têtes de lion.
conduit à une petite cour carrée
agrémentée d’un puits, bordée
d’arcades du XVIe et d’une tour
octogonale aux fenestrons moulurés. Débouchez sur la place des
Cordeliers et sa fontaine sèche.
> La fontaine des Cordeliers,
résurgence du Cône
A la fin des années 80, Dominique Monziès,
architecte de la Ville, conçoit cette fontaine
qui ruisselle par intermittence aux pieds des
passants. Elle symboliserait le passage du
Cône, ruisseau qui traversa longtemps notre
ville et devenu
aujourd’hui
souterrain.
> A deux pas
de là, se
dresse place
Edgar
Quinet la
célèbre
“Vizirette”.
> SEILLON… LE POUMON VERT
Petit crochet par la forêt de Seillon, l’un
des lieux de détente préférés des habitants de Bourg et des environs. Son nom
issu du latin salix signifie saule. Pourtant,
c’est le chêne qui règne ici en maître !
Autrefois propriété des Chartreux, cette
futaie domaniale de 613 hectares est
gérée par l’Office national des forêts.
LE DOSSIER
Une liaison
très nature
> Remontez la rue piétonne Victor
Basch et admirez au passage
les magnifiques façades : celle de
l’hôtel de la Monnaie datant du XVe
(n° 22-24), de l’ancien hôtel des Joly
de Choin, gouverneurs de la ville
durant cinq générations (n° 21)…
Prenez à droite la rue des
Bons Enfants.
De la fresque l’eau jaillit
Rue des Bons Enfants, la Cité de la création de Lyon a réalisé un sympathique
trompe-l’œil d’où surgit une fontaine bien
réelle qui fait le bonheur des enfants qui
n’hésitent pas à s’asperger, histoire de prouver qu’elle est bien réelle.
> Face à vous, s’ouvre la place des
Bons Enfants. Traversez-là !
N° 150 – JUILLET-AOÛT 2005
merciale de Brou. Les
espèces arboricoles y sont
abondantes : saules pleureurs, bouleaux, peupliers, érables, charmes, merisiers et noisetiers… Dans ce cadre
bucolique, s’est installée une faune variée :
canards col vert, écureuils roux, petits rongeurs, aigrettes garzettes, mésanges bleues…
Au passage, remarquez une sculpture
métallique de René Roche “les animaux” et
l’imposante architecture de l’Hôtel-Dieu
datant de la fin du XVIIIe.
> A la sortie du parc, se dresse face à
vous le moulin de Brou.
La cascade des Bons Enfants
L’ancestral moulin de Brou
La place des Bons Enfants a vu le jour en
1961 par résorption d’un îlot insalubre.
En 1991, la construction d’un parking souterrain et le réaménagement de la place
débouchent sur la création d’une fontaine
en cascade qui rythme de ses clapotis
mélodieux cette surface minérale.
Autrefois, Bourg comptait neuf moulins à
eau dont il ne reste que quelques témoins
dont celui de Brou. Bâti, avant 1490, sur le
canal des moulins creusé au Moyen-âge par
les moines, il utilisa, jusqu’en 1952, l’énergie des eaux détournées de la Reyssouze
pour moudre le grain. Le premier coup
porté à son intégrité est venu avec la suppression de sa chute hydraulique en 1952
et de la création du boulevard Charles De
Gaulle. Aujourd’hui, vous pouvez admirer
son lavoir, une partie de ses bâtiments et
une cheminée, vestige de la période vapeur.
Ouverte en 1998, la liaison verte mène au parc
de loisirs de Bouvent.
Aux moindres rayons de soleil, marcheurs et cyclistes fréquentent cette voie
sableuse longeant le lit de la Reyssouze.
Au fil de ce sentier aux “airs” campagnards,
découvrez la diversité de la faune et de la
flore du milieu humide. Tout l’été, les iris
d’eau ou iris faux-acore ceinturent la rivière
et le nénuphar jaune (Nuphar lutea) envahit
son lit de ses larges feuilles arrondies…
Soudain, plic-ploc-plac ! Les grenouilles
vertes (Rana esculenta) qui prennent le soleil
sur les berges plongent à votre approche. Plus
loin, un martin pêcheur et des mouettes
rieuses… piquent une tête alors qu’à la surface de l’eau, la libellule déprimée (libellula
de pressa) s’ébat.
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A mi-chemin, se dresse le pont de la
Reyssouze. Construit en 1875, cet ouvrage
en pierre de taille permettait le passage de
la voie ferrée Bourg/Oyonnax. Poursuivez,
et vous croiserez des saules têtard, arbres
très prisés car produisant des rameaux
d’osier…
> Vous pouvez au choix : faire halte
> Rejoignez et traversez le boulevard de
Brou et suivez la rue Charles Robin.
Au niveau du pont qui enjambe
la Reyssouze, tournez à droite pour
longer le quai Groboz. Juste avant
le collège de Brou, prenez à gauche
la liaison verte.
Les Baudières : un parc géant !
Créé dans les années 80, à la faveur de
l’aménagement de la partie Sud de la
ZAC de la Croix-Blanche, ce parc est l’un
des plus grands espaces verts de la ville. Il
s’étend le long de la Reyssouze et de son
canal, entre le boulevard Saint-Nicolas et la
médiathèque Vailland. Lieu privilégié de
promenade, de pêche et de jeux, il fait le
lien entre le centre-ville et la zone com-
> Poursuivez à pied ou à bicyclette le
reste du parcours. Empruntez la rue
des Prés de Brou et rejoignez la liaison verte (derrière le magasin Fly).
au moulin de Curtafray qui a été
désaffecté en 1965, refaire l’itinéraire en sens inverse ou faire
une pause à Bouvent.
Bouvent, la playa des Bressans
Réalisé à partir de 1983, le parc de Bouvent
couvre 56 hectares dont 21
de plan d’eau obtenus à
partir d’une carrière de gravier ouverte pour l’A40.
Ce havre de détente propose parcours pour bouger,
plage pour bronzer, plan
d’eau pour s’adonner à la
baignade et aux activités
nautiques…. Entrée payante et baignade surveillée.■
LE DOSSIER
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Sur la trace des
Grands Hommes
ILS SONT ARTISTE, ARCHITECTE, SCIENTIFIQUE, HOMME POLITIQUE. CERTAINS SONT NÉS
À BOURG, D’AUTRES Y ONT VÉCU. A TRAVERS UNE PETITE BALADE DANS LA VILLE, REMONTEZ
LE TEMPS SUR LES PAS DES GRANDS HOMMES DE BOURG… MAIS AUSSI D’UNE REINE !
Gustave Doré, dessinateur
> Départ devant le théâtre de Bourg,
Le dessinateur est devenu célèbre pour ses
illustrations (ci-dessous Le petit chaperon
rouge) mais aussi pour son “Dante et
Virgile dans le 9e cercle de l’enfer”, aujourd’hui exposé à Brou. Gustave Doré réside
quatre années au n°3 de la rue Bourgmayer
et commence sa carrière d’illustrateur au
collège de Bourg (lycée Lalande).
chef d’œuvre de l’architecte Tony
Ferret qui marqua la cité de son
empreinte.
Tony Ferret,
architecte prolifique
Né à Azé (71) en
1851, Antoine Ferret
suit une école de
dessin à Mâcon puis
s’engage en 1870
dans l’armée. Rêvant
de devenir architecte, il poursuit ses études à Paris puis
décroche en 1884 la
première place du
concours pour l’emploi
d’architecte
départemental de l’Ain. Son ascension
sociale fulgurante fait de lui un architecte
incontournable dans l’Ain pour des commandes privées et publiques. A un moment
où la ville se métamorphose avec la percée
de l’avenue Alsace-Lorraine, il conçoit de
nombreux projets : la Préfecture, reconstruite après l’incendie de 1885, l’ancienne
maternité boulevard de Brou, la Poste de
l’avenue Alsace-Lorraine (actuel centre
Camus), le théâtre et la Grenette. Il
participe également à des restaurations
religieuses : église de Brou, reconstruction
du clocher de Notre-Dame.
> Remontez vers la promenade du Bastion et faites une halte à l’ombre des
arbres devant la statue de l’illustre
médecin-anatomiste Xavier Bichat.
Xavier Bichat,
père de la médecine moderne
Elevée en 1843, cette statue de David
D’Angers représente Xavier Bichat en
jeune médecin de province à ses débuts.
Elle a sa réplique dans l’ancienne faculté
de médecine de Paris. Sa carrière éclatante
fait qu’il a aujourd’hui plusieurs rues et
un hôpital à son nom, qu’il figure sur le
fronton du Panthéon. Chaque année se
tiennent à Paris les Entretiens de Bichat.
Gustave Flaubert a affirmé en son temps :
“la grande école médicale française est sortie
du tablier de Bichat” !
Né à Thoirette en 1771, il s’oriente vers la
médecine après des études de philosophie.
Il est incorporé en 1792 dans l’armée en
tant que chirurgien à Lyon puis à l’hôpital
de Bourg-en-Bresse. Arrivé à Paris en
1794, il rencontre de grands noms de la
médecine et s’oriente vers la recherche. Il
construit en sept ans une œuvre prodigieuse tout en enseignant l’anatomie et la
physiologie. Admis à la Société de médecine de Paris en 1799, il publie le “Traité des
membranes”, ouvrage fondateur de la
médecine moderne. Xavier Bichat meurt
en 1802 à l’âge de 31 ans et repose aujourd’hui au cimetière du Père-Lachaise.
> Remontez la rue Charles-Jarrin
et poursuivez jusqu’à la rue
Bourgmayer. Au passage
admirez l’architecture de la DDE
installée dans l’ancien couvent des
Visitandines (n°23), les magnifiques
portes cochères, tourelles… Au n°13,
l’hôtel de Loras a abrité l’artiste
Gustave Doré.
> De la rue Bourgmayer, faites un petit
crochet par le parc de la Visitation
en remontant la rue des Casernes.
Vous y trouverez une des statues les
moins connues d’Alphonse Muscat,
“Le grand-père et l’enfant”.
Alphonse Muscat,
le “Millet des Bressanes”
Né en 1871 à Genève, le jeune Alphonse
fait ses études à l’école Carriat puis aux
Beaux-arts de Lyon et Paris. Revenant à
Bourg après la 1ère guerre mondiale, il
installe son atelier de sculpture au 10, rue
Quinet et ne cesse de produire des œuvres
sur commandes : le fronton du clocher de
l’église Notre-Dame à la demande de Tony
Ferret, le monument aux morts, la
sarcleuse (square
Joubert), le monument de Lalande…
Mort en 1944 ,
Alphonse Muscat a
exprimé à travers
son œuvre l’humble travail paysan,
ce qui lui valu le
surnom de Millet
bressan.
LE DOSSIER
hôtel Louis XV de la ville abrita
notamment la famille de Meillonnas
et le jeune Edgar Quinet.
Le Baron de Meillonnas
au siècle des Lumières
> Remontez le boulevard Leclerc pour
rejoindre le square des Quinconces.
Son emblème est le kiosque,
construit en 1887 sur les plans
de Tony Ferret.
> Descendre l’avenue A. Muscat
pour faire une halte place Joubert.
Là encore, on retrouve une création
de Muscat : “La sarcleuse”.
En 1774, Gaspard de Marron, baron de
Meillonnas, fait construire cet hôtel pour
sa jeune épouse, Marie-Anne Carrelet de
Loisy. Exemple même de l’aristocratie
éclairée du XVIIIe siècle, il est le fondateur
d’une manufacture de faïence en son
château de Meillonnas. Son épouse, douée
de talents artistiques multiples, en avait fait
un hôtel très à la mode de l’époque.
> En descendant l’avenue AlsaceLorraine, arrêtez vous au n°8 à
l’intersection de la rue
Lalande. Dans cette maison naquit Jérôme
Lalande en 1732.
Jérôme Lalande,
astronome…
Né à Bourg en 1732,
Joseph-Jérôme Lefrançois
de Lalande est l’un des
plus célèbres astronomes
du XVIIIe siècle. Après avoir étudié au
collège des Jésuites de Bourg (qui prit le
nom de lycée Lalande), il fait son Droit à
Paris. Sa rencontre avec l’astronome
Delisle est décisive et il s’oriente vers cette
science. En 1751, il effectue la première mesure précise de la parallaxe
de la lune, ce qui lui ouvre à 21 ans les
portes de l’Académie des sciences !
Spécialiste des comètes, il écrit une
kyrielle d’ouvrages d’astronomie et
fonde à Bourg la société d’émulation
et l’observatoire du Mail. Il meurt à
Paris en 1807. Son nom est inscrit sur
la Tour Eiffel.
> Rejoignez la rue Teynière. Au
n°5 : l’hôtel de Meillonnas, qui
dévoilera courant juillet sa
façade restaurée. Le plus bel
Edgar Quinet,
N° 150 – JUILLET-AOÛT 2005
> …ET UNE GRANDE DAME
À BROU
Offrez vous une escapade à Brou pour
découvrir une femme qui a très fortement marqué notre cité : Marguerite
d’Autriche.
Edifié au début du XVI e siècle, le
monastère royal de Brou est le chef
d’œuvre voulu par Marguerite
d’Autriche pour perpétuer sa gloire et
l’amour qu’elle vouait à son époux,
Philibert le Beau. Née à Bruxelles en
1480, fille de Marie de Bourgogne et de
l’empereur d’Autriche, Maximilien Ier de
Habsbourg, elle épouse à 3 ans le futur
Charles VIII et devient Reine de France
à la mort de Louis XI. A 11 ans, elle sera
répudiée par Charles VIII qui lui préfèrera Anne de Bretagne. En 1497, elle est
mariée à l’Infant d’Espagne, Don Juan
de Castille, qui décèdera quelques mois
plus tard. Veuve à 17 ans, elle épousera
en 1501 le duc de Savoie Philibert le
Beau qui meurt trois ans plus tard.
Marguerite d’Autriche décide alors de
réaliser le vœu fait à sa belle-mère,
Marguerite de Bourbon, de construire
un couvent à Brou. Commencée en
1513, une magnifique église s’élève,
achevée en 1532. Marguerite d’Autriche
est morte deux ans plus tôt sans avoir pu
admirer son chef d’œuvre. Son corps
repose auprès de celui de Philibert le
Beau à Brou.
défenseur des libertés
Né dans la maison Varenne de Fenille
(actuel collège Saint-Pierre), Edgar Quinet
habita également l’hôtel de Meillonnas
pendant son enfance. Ce célèbre philosophe et historien du XIXe siècle, républicain convaincu, a laissé également son
nom à une place de Bourg où s’élevait jadis
sa statue (qui fut fondue en 1943 par
les Allemands).
Issu d’une vieille
famille de la bourgeoisie bressane, il
étudie au collège
de Bourg (lycée
Lalande). Reçu à
Polytechnique, il y
renonce pour le
Droit. A Paris, sa
vocation d’homme de lettres se
révèle. Il voyage
en Allemagne, en
Grèce et devient
professeur de littérature étrangère à la
Faculté de Lyon, puis décroche une
chaire au Collège de France. Ses attaques
contre les Jésuites et l’influence papale
entraînent sa suspension. Elu député de
l’Ain en 1848, il sera proscrit sous Napoléon
III et se réfugiera en Belgique puis en
Suisse. Il rentre en France après la capitulation de l’empereur et devient député de la
Seine. Prolifique et visionnaire, son œuvre
n’a jamais remporté la notoriété de ses amis
Michelet et Hugo.
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