Les sept péchés capitaux du blé A l`automne, il avait percé la terre

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Les sept péchés capitaux du blé A l`automne, il avait percé la terre
Les sept péchés capitaux du blé
A l'automne, il avait percé la terre, puis en était resté au stade de plantule, au risque du
gel ou des excès de pluie. Les longues nuits l'avaient enfermé dans une profonde
tristesse. Il paressait depuis bien trop longtemps. L'hiver l'avait empli de vague à l'âme.
Au premier jour du printemps, il s'apprête à sortir de sa réserve. Les jours s'allongent, le
sol se réchauffe, la nature est prête à redémarrer son cycle de vie. Discrètement et
sûrement il a passé son hiver à accumuler pour lui seul les forces mystérieuses de la
montaison puisées dans la froideur.
Prenant conscience du temps perdu et s'irritant de tant de désinvolture de sa part, de tant
d'inconscience face au peu de temps qu'il lui reste pour arriver à maturité, il ne freinera
aucun de ses excès.
Le printemps sera ripaille, gargantuesque en azote ou phosphore. Il talle, s'épaissit, couvre
son territoire, pour mieux s'élancer et se verdir. Il avale, ingurgite aussi bien les aliments de
la terre que de l'air. Il se nourrit à s'en faire péter les feuilles.
Toute cette éclosion de la nature le rend encore plus actif, encore plus envieux de ce qui
l'entoure. De l'arbre il prendra la protection du vent. Dans les haies il trouvera la défense
contre poux et parasites. Surtout ne rien laisser aux vulgaires graminées des prés ou
pois de printemps.
La chaleur du renouveau est alors une exaltation de plaisir, une luxuriance végétative.
Dans une débauche totale, attiré par le ciel, gorgé de chlorophylle, il atteint un vert à faire
pâlir la nature environnante. Ses épis bien remplis, il se laissera hâler, dans toute sa
nudité, par le soleil d'été, en attendant d'être cueilli, choyé, malaxé et pétri.
Ainsi, sans vergogne, il peuple les champs du monde, se rendant indispensable pour
nourrir l'humanité. Il est au centre de toutes les tables, de nombreux mythes et
religions. Il s'est fièrement hissé au rang de symbole universel, symbole de
fécondité, de partage, de renaissance ...
Le blé, à qui on ne donnerait pas le bon dieu sans confession, est en fait, un bienfaiteur
de l'humanité!
Laurent Pacheteau: Je suis né fin 1956 dans la commune de St Mesmin en Vendée où je vis
toujours. Je suis paysan depuis 34 ans. Une lignée de paysans par mon père et de forgerons
par ma mère. La terre et le feu sont dans mes gènes. Je cultive les deux et tente d’en tirer le
meilleur. Le feu est l’élément perturbateur, subversif. La terre est l’élément rassurant, il
donne racine et équilibre.
Ma culture doit beaucoup à l’éducation populaire. Avec diverses associations culturelles et
philosophiques j’ai avancé. Sur ce chemin, il y a Arts Métiss association culturelle du Pays de
Pouzauges avec qui j’ai participé à plusieurs ateliers d’écriture.

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