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Mot du Ministre OCTOBRE 2013 En primeur,une décennie de diversification ! L M. MOHAMED ABBOU Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, Chargé du Commerce Extérieur LA FÉDÉRATION DE RUSSIE A ÉTÉ IDENTIFIÉE COMME UNE DESTINATION DE NICHE QUI PEUT S’AVÉRER TRÈS PROFITABLE POUR DYNAMISER LES EXPORTATIONS DES PRODUITS ET SERVICES MAROCAINS es efforts déployés par le gouvernement marocain pour encourager la croissance des exportations, dans le cadre de la stratégie nationale de développement et de promotion des exportations, réalisent des effets probants. Etayée par plusieurs initiatives lancées par l’État, à l’instar du programme Contrats de Croissance à l’Export, cette stratégie a pu créer les conditions nécessaires à la diversification des exportations en termes de produits et de marchés. Les stratégies sectorielles cohérentes ont, en effet, permis une dynamique de secteurs d’exportation moins importants par le passé, traduite par une offre exportable plus variée. Les chiffres viennent confirmer cette pertinence. Ainsi, en plus de la croissance à deux chiffres, enregistrée par les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile dont les exportations ont fortement progressé sur les neuf premiers mois de l’année, avec respectivement, de 19,2% et 17,5%, les exportations pharmaceutiques ont progressé de 8,6% (passant de 486 millions de dirhams à 528 millions de dirhams, tandis que les exportations du secteur électronique ont grimpé de 9,4% (de 4,2 millions de dirhams à 4,6 millions de dirhams. La deuxième plus grande catégorie d’exportations, à savoir les produits agricoles et alimentaires, affiche une croissance de 7,7% de 1,9 milliard de dirhams à 2,07 milliards de dirhams. Aussi, le Royaume, conscient d’une nécessaire diversification géographique à laquelle les exportations marocaines doivent s’adapter pour éviter tout retournement de tendance, s’emploie à renforcer ses liens bilatéraux à l’extérieur du cercle traditionnel de ses partenaires européens, chez qui la demande a progressé de manière peu soutenue ces dernières années. Le Maroc s’est, à cet effet, tourné de plus en plus vers l’Afrique dans l’espoir d’intensifier ses relations économiques avec les pays du continent. Il a pris position sur ces marchés prometteurs en forte croissance. Un succès embrayé notamment par le concept des Caravanes de l’export. Depuis, les volumes des produits exportés à destination des Etats-Unis, des pays d’Afrique et du Moyen-Orient s’inscrivent sur un trend de hausse régulière depuis 2009, année de lancement de la stratégie relative à l’export, qui pour rappel, s’étend jusqu’à 2018 et repose sur trois piliers d’action, à savoir, ciblage des secteurs et des produits, ciblage des marchés et accompagnement des exportateurs. La Russie, un marché de niche En matière de ciblage des marchés, la Fédération de Russie a été identifiée comme une destination de niche qui peut s’avérer très profitable pour dynamiser les exportations des produits et services marocains. Et pour cause, la volonté marquée de la Russie pour une transition réussie vers l’économie de marché et ses efforts pour un rapprochement avec les pays africains ouvrent la voie aux entrepreneurs marocains, souhaitant exporter en Russie, à des opportunités considérables qu’ils ne peuvent négliger. D’autant plus que le Maroc, devenu entre temps le premier partenaire commercial de la Russie aux niveaux africain et arabe, ne ménage aucun effort pour développer avec la Russie et le partenariat économique et la coopération culturelle, scientifique et technique. Mais aussi le tourisme. Multipliant à cet effet les activités promotionnelles structurées en direction de cette destination. ▲ OCTOBRE 2013 3 Sommaire La Russie, Sommaire Edito #5 OCTOBRE 2013 14 INTERVIEW INTERVIEW : ZOUHAIR MOHAMED EL AOUFIR - DGA RAM 14 BLUE FINGERS 16 ABDELMAJID MAZOUZ 18 28 LE PLUS LA NOUVELLE RUSSIE 28 un pays où il fait bon exporter ! C 20 ÉCLAIRAGE LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS OPÉRATION PROMOTION 26 38 HORIZON EXPORT ZAHRA MAAFIRI Directrice Générale Maroc Export MAROC-RUSSIE 48 CAHIER DE L’EXPORTATEUR MARKETING 48 FINANCE 50 JURIDIQUE 52 Directeur de Publication Lamia Bouzbouz Direction éditoriale et graphique Maroc Export - Centre marocain de promotion des exportations. Agence de communication Etoiles Communication 1, rue Abou Abbas El Jiraoui, 1°étage. Belvédère - CASABLANCA Tél.: 05 22 24 82 68 (L.G.), Fax: 05 22 24 61 15 Email : [email protected] BILAN ET PERSPECTIVES 38 LES CHANCES DU MAROC 42 BUZZ MAROCAIN AU PAYS DES TSARS 44 LA RUSSIE EST UNE 54 LA VIGIE DES CONSORTIUMS LE CODE CULTUREL 54 LES RAISONS DU MAL 56 MAROC EXPORT Magazine est édité par Maroc Export - Centre marocain de promotion des exportations. 23, Rue Ibnou Majed El bahar, 20000 Casablanca Tél. : (212- 5 22).30.22.10./30.75.43/88 Fax : (212- 5 22).30.17.93/45.05.57 Email : [email protected] - Facebook : Centre Marocain de Promotion des Exportations - CMPE OCTOBRE 2013 GRANDE OPPORTUNITÉ DE DIVERSIFICATION DE NOS EXPORTATIONS, MAIS C’EST AUSSI UN MARCHÉ QUI NÉCESSITE UN PLAN D’APPROCHE INTENSIF AUPRÈS DES DONNEURS D’ORDRE RUSSES. onscients de renforcer le partenariat bilatéral, le Maroc et la Fédération de Russie favorisent le rapprochement des opérateurs économiques à travers la multiplication des échanges de visites d’affaires. L’objectif étant de tenir compte des larges opportunités ouvertes par les accords déjà conclus ou ceux qui devront être conclus incessamment, aussi bien en matière de tourisme, de la recherche scientifique, du transport, des échanges commerciaux et des relations culturelles. Au regard de la volonté stratégique des hauts responsables marocains et russes d’aller dans ce sens, Maroc Export incite de nouveaux acteurs à participer à ces échanges, l’enjeu étant de gagner en compétitivité et de s’inscrire en perspective de l’exportation vers ce marché émergeant. Et pour cause, avec une croissance économique exponentielle durant la dernière décennie et une population de plus en plus ouverte à de nouveaux produits et services, la Russie offre aux entreprises marocaines, en quête de nouveaux horizons, un débouché fort intéressant. Au nombre des principaux créneaux d’exportation, mentionnons le secteur agroalimentaire. Dans ce contexte, les produits comme l’huile d’olive et l’huile d’argan pourraient s’ajouter aux fruits et légumes pour développer davantage l’offre marocaine. Un autre créneau porteur est celui relatif au domaine de la pêche maritime, surtout que les deux pays sont à leur 6e accord, avec le nouvel accord de coopération signé en 2012. Le textile est également un segment où le Maroc semble suffisamment armé pour rivaliser avec des concurrents potentiels. Il faut savoir que l’époque est propice pour aborder ce marché prometteur. La Russie a intégré l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en août 2012, avec comme promesses «la baisse des taxes d’importation, la limitation des formes de soutien de l’État à certains secteurs et par conséquent la hausse de la compétitivité des produits étrangers». Pour Maroc Export, et dans sa mission d’appuyer le développement international des entreprises marocaines, cette année est l’occasion de poursuivre la promotion des entreprises marocaines en Russie, qui est une grande opportunité de diversification de nos exportations, mais c’est aussi un marché qui nécessite un plan d’approche intensif auprès des donneurs d’ordre russes. Dans ce sens, deux missions de rencontres professionnelles B to B, organisées ces dernières années en Russie au profit des secteurs agroalimentaire, en novembre 2012, et du textile, en juin 2013, ont permis de donner une opportunité à l’offre marocaine pour exposer ses capacités sur le marché russe. Surtout que la progression de la distribution internationale, le développement du pouvoir d’achat en Russie et l’évolution du degré d’exigence du consommateur Russe, ouvrent progressivement des perspectives aux produits Marocains. En termes de croissance des flux comme en termes de diversification des produits. ▲ OCTOBRE 2013 5 Les échos EXPRESS MAROC-ARABIE SAOUDITE Commission mixte en action! L a 12 e session de la commission mixte maroco-saoudienne s’est tenue en août dernier à Djeddah. À l’occasion, le Conseil des hommes d’affaires maroco-saoudiens a appelé à la création d’un fonds d’investissement commun et a exhorté les opérateurs économiques, les établissements financiers et les fonds d’investissement des deux pays à contribu e r a u c api t a l d e c e nouveau fonds destiné à appuyer les projets portés par les PME et à saisir les opportunités d’investissement de part et d’autre. Il a aussi plaidé pour l’ouverture d’une ligne maritime entre le Maroc et l’Arabie saoudite dans le but de développer les échanges commerciaux entre les deux pays. Les résultats d’étude de faisabilité ont démontré que ce projet, s’il devait aboutir, est de nature à fluidifier la circulation des marchandises entre les deux royaumes, dont le volume se situe entre 4.000 et 5.000 conteneurs par mois. ▲ Riyad Capitale Arabie Saoudite ZOOM Pêche : New deal L e nouveau protocole de pêche entre le Maroc et l’Union européenne (UE) a été signé, le 18 novembre à Bruxelles, par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, et Vinciunas Arunas, président du comité des représentants permanents des Etats membres 6 OCTOBRE 2013 de l’UE. Paraphé en juillet, ce protocole entrera en vigueur dès l’accomplissement des procédures internes nécessaires, notamment son approbation par les parlements marocain et européen. Il sera ainsi soumis au vote le 27 novembre à la Commission de la pêche du Parlement européen à Bruxelles, Partage du savoir L’Asmex (Association marocaine des exportateurs), sur demande de la partie libyenne, a lancé récemment une série de cycles de perfectionnement et de formation en faveur de quelques hauts cadres de l’administration économique de la Libye. L’objectif de cette initiative étant de leur permettre de s’enquérir de l’expérience marocaine en matière d’administration économique, de bonne gouvernance, et de se familiariser avec les méthodes et outils dans ce domaine. CONTRATS DE CROISSANCE C’est Parti! L a première édition des contrats de croissance à l’export a été lancée le 1 er août dernier au profit de 25 entreprises. 16 d’entre elles sont émergentes et 9 confirmées. Il s’agit d’un plan d’action qui permettra aux entreprises exportatrices d’accéder à certains moyens nécessaires au développement de leurs produits, de renforcer leur positionnement Un bateau pour la Libye Avec l’entrée en service de la ligne maritime MarocLibye, effective dès septembre, les exportations marocaines gagneraient en compétitivité et les échanges entre les deux pays seront renforcés. Et pour cause, cette liaison permettra de réduire de moitié le temps d’acheminement en mettant pour la première fois le marché libyen à trois jours du Maroc contre trois semaines auparavant, évitant ainsi aux marchandises des transbordements via des ports européens de la Méditerranée. ▲ sur les marchés cibles, notamment l’Afrique et le Moyen-Orient, ainsi que de convertir celles qui exportent occasionnellement en entreprises exportatrices professionnelles et régulières. Les premières entreprises bénéficiaires qui ont procédé à la signature des contrats appartiennent à des secteurs aussi diversifiés que l’agroalimentaire, Pharmaceutique, le secteur de l’électricité, les NTIC… Elles bénéficieront à ce titre d’une prise en charge de certains frais liés à des activités commerciales spécifiques et aux différentes actions de promotion et de développement de leurs exportations. ▲ puis en séance plénière en décembre à Strasbourg. Il prévoit 6 catégories de pêche avec une réduction des possibilités de pêches en autorisant 126 navires européens d’accéder aux eaux du Royaume contre 137 dans le cadre de l’ancien protocole. La contrepartie financière totale annuelle estimée du protocole se chiffre à 40 millions d’euros, dont 14 dédiés à la poursuite de la mise en œuvre du plan «Halieutis».▲ OCTOBRE 2013 7 Les échos PROMOTION A L’EXPORT MAROC-GABON Tandem maghrébin Coopération en marche L e Maroc renforce de plus en plus ses liens économiques avec la Libye. Des liens qui ne cessent de se raffermir dans tous les domaines, d’autant plus que ce marché est estimé à quelque 2 milliards de dirhams, selon l’Asmex (Association marocaine des exportateurs). Dans ce cadre, Maroc Export a signé, en août dernier, un accord avec son homologue libyen, le Centre libyen de promotion des exportations (CLPE). Il s’agit d’un plan d’actions triennal (2014-2016) qui s’articule sur l’appui aux activités promotionnelles, l’échange d’informations et d’expertise, les études de marchés, la formation et l’assistance aux entreprises. En vertu de quoi, les deux partenaires ont convenu de promouvoir la participation aux foires et salons et d’organiser des missions commerciales et sectorielles, ainsi que des rencontres BtoB afin de faire connaître les produits de chaque pays. ▲ INGÉNIERIE ÉLECTRIQUE Offre exportable rayonnante M aroc Export, en partenariat avec la FENELEC (Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables), a mené la 5e édition du Forum Maroc Afric Elec, tenue du 26 au 30 juin au Bénin, en marge du salon Elec Afric. L’objectif était de mettre en avant, pendant cette semaine d’expositions et de rencontres B2B, l’offre exportable développée par le Maroc dans les filières des équipements élec- 8 OCTOBRE 2013 triques et électroniques. Une offre qui mise beaucoup sur les différents programmes d’électrification rurale lancés par le Bénin, à l’instar de plusieurs pays de la région, encore très peu électrifiés. À cet effet, une trentaine d’entreprises ont présenté leur potentiel productif et diversifié qui ne peut que se libérer pleinement dans le cadre de la collaboration entre le Maroc et le Bénin en matière d’énergie électrique voulue pour toute l’année 2013. ▲ L es travaux de la 6e grande commission mixte de coopération entre le Maroc et le Gabon se sont tenus à Marrakech, lors de la première semaine de septembre, sous la présidence du chef de l’État gabonais, Ali Bongo Ondimba. Une commission qui s’est achevée jeudi 5 septembre avec la signature d’un procès verbal par les ministres des Affaires Etrangères des deux pays. À l’occasion, Ali Bongo et ses hôtes se sont entretenus sur des sujets d’intérêt commun visant singulièrement la consoli- dation du partenariat entre les deux pays. En effet, lors des travaux de cette commission mixte, de nombreux domaines de la coopération entre le Gabon et le Maroc ont été examinés. Les discussions et échanges s’articulent autour de l’économie, du commerce, des douanes, de l’industrie, des PME/PMI, de l’agriculture, de l’énergie, des mines, de l’eau, de l’environnement, de l’habitat, des télécommunications et technologies de l’information, de la coopération culturelle, technique et scientifique. ▲ CARAVANE DE PARTENARIAT Escales réussies ! L e concept «Caravane de Partenariat», la variante «globetrotteur» de la mission de Maroc Export de promouvoir les exportations marocaines, s’est révélé une fois de plus être un véritable levier de mise en réseau des opérateurs et d’accès aux donneurs d’ordre public. Pour sa 7e édition, la caravane qui a fait sa première escale à Nairobi au Kenya, le 23 juin, et a pris fin le 29 juin à Pointe-Noire, en République du Congo après une escale à Kinshasa, en RD Congo, aura imprimé un autre rythme aux relations commerciales et économiques intra-africaines. À commencer par la signature d’une série de protocoles de coopération entre Maroc Export et différents organismes nationaux des trois pays visités. Protocoles où les parties s’engagent à partager leurs expériences dans le domaine de la planification et les meilleures pratiques dans la promotion commerciale internationale. Sans oublier l’organisation des événements communs de relations publiques dans l’objectif de faire du lobbying auprès des décideurs et des donneurs d’ordres dans les pays respectifs. ▲ OCTOBRE 2013 9 Les échos FLASH NEWS Les échos INTERNATIONAL Le Maroc exportateur de pièces auto AÉRONAUTIQUE Voilà une annonce de bon augure pour les exportations marocaines: le 100.000e véhicule produit à l’usine Renault-Nissan de Melloussa, à Tanger, a été exporté en ce début de septembre. Il s’agit d’une Lodgy qui a embarqué, en grande pompe, à destination du continent européen via le port Tanger-Med, vu qu’une cérémonie a été prévue pour l’occasion. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le Groupe Renault Maroc a annoncé le démarrage d’une plateforme d’exportation de pièces produites au Maroc (ILN), avec des premières expéditions vers le Brésil. Premier cluster du Maroc Journée portes ouvertes Une journée portes ouvertes, initiée par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, a été organisée en juillet dernier à Berkane. L’objectif est de présenter les services et potentialités du nouvel agropole de Berkane, inauguré par SM le Roi Mohammed VI, aux producteurs, investisseurs et tous les intervenants dans le secteur agricole. Cette rencontre a réuni les principales parties prenantes, publiques et privées, du secteur agricole marocain telles que le GACAM, l’INRA, l’ORMVAO, l’EACCE, l’ONCA, ainsi que les porteurs de projets. AGROALIMENTAIRE Dindy voit grand L e groupe Zalagh, détenteur de Dindy, la deuxième marque marocaine de charcuterie industrielle sur le marché local, s’active pour augmenter sa production et doper sa croissance. Il lance le projet d’extension de son usine de charcuterie de volaille située dans la zone industrielle de Nouaceur, près de Casablanca, pour un investissement de 30 millions de dirhams. L’objectif étant d’atteindre 60 tonnes de charcuterie de volaille par jour à l’horizon 2016, contre 35 tonnes actuellement. Mais ce projet s’inscrit également dans le cadre de 10 OCTOBRE 2013 l’ambition de Dindy de se développer à l’international. Cette stratégie à l’export, en gestation, vise notamment le marché de l’Afrique subsaharienne où le groupe alimentaire marocain est en train de finaliser des partenariats avec des distributeurs locaux. En attendant, la marque Dindy s’intéresse aux habitudes de consommation de cette partie du monde pour customiser l’offre à la demande, ceci en plus de certains autres ajustements comme l’adaptation des packagings, compte tenu des circuits logistiques en Afrique subsaharienne. ▲ C’est bon pour l’industrie ! La commercialisation des bâtiments industriels du Parc industriel d’Ouled Salah débute octobre courant. Ce nouveau parc, d’une superficie de 32 hectares, est le fruit d’un partenariat entre la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) et le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie Numérique. Il offre des terrains et des bâtiments locatifs prêts à l’emploi, avec un package de services incluant la sécurité, le nettoyage, l’entretien des espaces verts ainsi que la mutualisation des services communs. ▲ Donnant-Donnant Les autorités chinoises proposent de plafonner le volume de leurs exportations annuelles de panneaux solaires vers l’Union européenne et de fixer un prix minimal afin de mettre un terme au litige commercial entre les deux parties. Les exportations de modules photovoltaïques vers l’UE seraient limitées à 10 gigawatts à un prix minimal de 0,5 euro/watt. En échange, l’UE réduirait ou annulerait les taxes douanières imposées sur les panneaux solaires made in China. AGROALIMENTAIRE L’Inde sur la voie lactée L ’Inde, grande puissance émergente, a décidé de s’attaquer au marché laitier. Aussitôt dit, aussitôt fait. Les poudres de lait indiennes sont entrées sur les marchés mondiaux par la grande porte. Au premier trimestre de l’année 2013, l’Inde aura fourni, Le marché US à portée En prospect Fin juin, quelques jours à peine après visite du Premier ministre turc, M. Recep Tayyip Erdogan, accompagné de près de 300 hommes d’affaires au Maroc, c’est au tour d’une autre mission turque, cette fois-ci dans le textile de venir prospecter au Maroc. En effet, une délégation d’hommes d’affaires turcs a fait le déplacement à Casablanca à la recherche d’opportunités de partenariat avec leurs homologues marocains. Confirmant aussi que le volet économique reste un point important dans les relations entre le Maroc et la Turquie, liés depuis janvier 2006 par un accord de libreéchange, qui a largement contribué à promouvoir les échanges commerciaux bilatéraux. EXPRESS S .M. le Roi a inauguré fin septembre la plateforme industrielle intégrée «Midparc», appelée à devenir le premier cluster aéronautique du Maroc. Cette plateforme, dont le coût global s’élève à 887,6 millions de dirhams, s’étend sur une superficie de 124,4 ha aménagée en deux tranches. L’occasion aussi pour lancer les travaux de construction de l’usine Bombardier. Des projets qui confirment la volonté du Maroc de hisser le secteur de l’aéronautique à des niveaux de compétitivité plus élevés, de consolider les acquis en termes d’offre d’infrastructures industrielles, et d’accorder davantage de visibilité aux investisseurs tant nationaux qu’étrangers. L’usine Bombardier Maroc, qui sera réalisée en trois tranches, devra produire à terme des éléments de structure pour les commandes de vol de ses avions d’affaires Learjet 70 et 75 et de ses avions commerciaux de la Série CRJ. L’implantation de Bombardier vient s’ajouter à celle de grands donneurs d’ordre (EADS, Boeing, le Groupe Safran, Daher, Souriau, Zodiac Aerospace, Air France Industries) et confirme, une fois encore, la capacité du Royaume du Maroc d’accueillir une base aéronautique de qualité.. ▲ Grâce au programme AGOA (African growth and opportunity act), 39 pays du continent africain ont exporté en 2012, quelque 36 milliards de dollars de produits vers les États-Unis. Bien que les produits pétroliers aient représenté 84% des importations liées à l’AGOA aux États-Unis en 2012, le programme a permis la promotion d’autres exportations à valeur ajoutée telles que les véhicules, les vêtements, les chaussures, les produits agricoles transformés et les produits finis. ▲ rien que sur les marchés voisins, quelque 35.000 tonnes de lait écrémé en poudre, contre 105 tonnes sur la même période de l’année 2012. Les principaux marchés à l’export sont le Bangladesh, l’Égypte, l’Algérie, l’Arabie saoudite, le Yémen et Singapour. Une performance qui place l’Inde en quatrième position en termes de volume exporté derrière la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et l’Union européenne. Qui dit mieux? ▲ UE : EXPORTATION DE VOLAILLE Zéro taux de restitution L a Commission européenne a annoncé en juillet dernier avoir décidé de supprimer les aides à l’exportation pour les poulets congelés bénéficiant surtout aux volaillers français, notamment aux groupes bretons Doux et Tilly-Sabco. Lors de sa mise à jour habituelle des taux de restitution à l’exporta- tion, le Comité de gestion des produits animaux a en effet réduit à zéro les taux de restitution pour la viande de volaille. Ces restitutions constituent des aides à l’exportation du poulet congelé entier pour des marchés spécifiques, principalement la CEI (Communauté des États indépendants, exURSS) et le Moyen-Orient.▲ OCTOBRE 2013 11 Carte blanche Carte blanche Le marché russe : Nouvelles opportunités pour les produits marocains L’économie de la Russie et la coopération avec le Maroc I l est indéniable que la signature de la déclaration sur le Partenariat Stratégique entre le Maroc et la Russie en octobre 2002 a lancé les bases d’un partenariat économique réel entre les deux pays. Si les débuts de ces échanges étaient timides, il n’en demeure pas moins que la tendance du volume des échanges entre les deux pays est en constante hausse. A ce titre, le chiffre d’affaires annuel du commerce bilatéral a augmenté de 1,9 fois entre 2010 et 2011 pour approcher les 2 milliards. En 2012, il a dépassé cette barre pour atteindre 2,3 milliards de dollars. La Russie est le 8ème partenaire économique pour le Maroc, tandis que le Royaume est le 1er partenaire commercial de la Russie dans le monde arabe et à l’échelle africaine. Le marché traditionnel des exportations des produits marocains vers la Russie se constitue principalement des agrumes, des légumes frais et des produits de la mer. Bien que le Maroc ait amélioré sa position sur le marché russe, force est de constater que la balance commerciale reste déficitaire du côté marocain. Cela s’explique par la nature des produits échangés. En effet, tandis que le Maroc importe des produits non substituables tels que le gaz, le gaz naturel liquéfié, le pétrole ou encore le blé, nos exportations se limitent encore à des produits à faible valeur ajoutée, principalement composées de produits primaires tributaires des contraintes de capacité de production et des aléas climatiques. Néanmoins, ce déficit qui n’est pas insurmontable tendra à l’avenir vers une réduction certaine et ce, 12 OCTOBRE 2013 PAR M. ABDELKADER LECHEHEB S.E.M AMBASSADEUR DE SA MAJESTÉ LE ROI EN RUSSIE “La Russie est le 8ème partenaire économique pour le Maroc, tandis que le Royaume est le 1er partenaire commercial de la Russie dans le monde arabe et à l’échelle africaine” pour plusieurs raisons. Premièrement, les larges parts de marché russe que le Maroc peut conquérir ; deuxièmement, l’amélioration de l’offre marocaine qui répond aux normes qualité et standards internationaux ; troisièmement les capacités d’absorbation du marché russe ; et dernièrement « l’agressivité » des opérateurs économiques marocains vis-à-vis du marché russe qui est considéré, au même titre que les Etats-Unis et l’Union Européenne, comme une cible prioritaire. Ces parts de marchés peuvent être conquises aussi bien au niveau des exportations traditionnelles de l’agroalimentaire par la diversification de l’offre marocaine, que dans la recherche de nouveaux débouchés commerciaux dans les secteurs où l’offre marocaine dispose d’atouts compétitifs. Ainsi, des exportations d’huile d’olive, d’huile d’argan, d’olives et de poisson en conserves pourraient s’ajouter aux fruits et légumes pour développer davantage l’offre marocaine dans ce secteur. Par ailleurs, les phosphates et dérivés ainsi que le textile et chaussures représentent également des secteurs où le Maroc est suffisamment armé pour être largement concurrentiel sur le marché russe. La liste des produits marocains susceptibles de s’exporter vers la Russie n’est pas exhaustive et peut être affinée par des missions exploratoires et de prospection, à l’instar des rencontres B to B organisées au courant de l’année 2013 dans le cadre des activités promotionnelles de Maroc Export en collaboration avec l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement qui ouvriront à coup sûr des possibilités d’exportation non négligeables. ▲ L a Fédération de Russie reste le plus vaste Etat de la planète, possédant des frontières avec 16 pays, et un littoral de 37.653 km. Sa population est estimée à 145 millions d’habitants. La Russie dispose de ressources minières (houille, fer, nickel, diamant etc) et énergétiques (pétrole, gaz naturel, hydroélectricité) abondantes qui en font l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux. Elle a hérité, de l’URSS, d’une industrie lourde puissante (aciéries, raffineries, industrie chimique etc ). Les secteurs liés à l’armement, aux nucléaires, et à l’aérospatial sont également fortement développés, ce qui a permis aux pays de jouer un rôle important dans la conquête de l’espace. L’économie russe est marquée par le poids des industries extractives : gaz naturel (1er producteur et exportateur mondial), pétrole (1er producteur et 2ème exportateur), charbon (6ème pays producteur), métaux non ferreux. La Russie peut être également considérée comme une puissance agricole forte - c’est le premier producteur mondial de seigle, d’avione, d’orge, de framboise, de groseille, de cassis. Elle est aussi un gros producteur de betterave, de blé et de pomme de terre. En 2012, le taux de croissance de l’économie russe s’est établi à 4,3%. Ceci est le plus élevé parmi les plus grandes économies de l’Europe et l’Asie. Elle fait partie de plusieurs blocs et organisations économiques internationaux et régionaux et a des partenaires sur chaque continent avec lesquels elle développe des relations fructueuses et mutuellement avantageuses. Le Maroc est l’un des partenaires stratégiques de la Russie (La Déclaration de partenariat stratégique a été signée le 15 Octobre 2002 lors de la visite à Moscou de Sa Majesté le Roi Mohammed VI). Dans la structure du commerce extérieur de la Russie avec des pays arabes, le Maroc occupe l’une des premières places. Les exportations de la Russie vers le Maroc constituent en principe le pétrole et les produits pétroliers (77%), le soufre (13%), les céréales (4,1%), les engrais (2,5%), les graisses et les huiles d’origine végétale ou animale (0,5%). Depuis des décennies le Royaume est un grand importateur du métal russe. Les importations russes en PAR VALERY VOROBIEV S.E.M. AMBASSADEUR DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE AU ROYAUME DU MAROC Les domaines prometteurs de la coopération sont l’énergie, compte tenu des programmes d’énergie solaire en cours, ainsi que d’expansion et de modernisation des centrales thermiques déjà existantes et la pêche maritime. provenance du Maroc sont dominées par les produits d’agrumes (45%), d’habillement et de bonneterie (15%), des légumes frais (9%), des chaussures (7%) et la farine de poisson (8%). La part des biens russes dans les importations totales marocaines est de 4,6% (7e place). Il est noter qu’il y a une tendance à la diversification de la structure des exportations russes. Les domaines prometteurs de la coopération sont l’énergie (compte tenu des programmes d’énergie solaire en cours, ainsi que d’expansion et de modernisation des centrales thermiques déjà existantes), l’agriculture (la part de la production céréalière de Russie dans les importations marocaines ne présente que 5%) et la pêche maritime (le nouvel Accord de coopération en matière de pêche maritime a été signé le 14 Février 2013), les services bancaires. Beaucoup de compagnies russes manifestent leur intérêt au marché marocain. Par exemple, la société «Gazprom» s’intéresse à la participation dans un projet de construction et d’exploitation d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que dans un projet de gazéification complexe du Maroc, y compris des livraisons à long terme du GNL sur le marché marocain. La société «SouzNefteGaz» (Moscou) souhaiterait obtenir une licence afin d’effectuer au Maroc l’exploration pétrolière. Dans le domaine de l’énergie, la société russe «NK EnergoStoryEngineering» (Moscou) effectue des travaux des réparations capitales de la centrale thermique marocaine «Jerada». La SARL «Toliattinskiy transformator» (Toliatti) étudie actuellement la possibilité de livraison des produits de propre fabrication, notamment des transformateurs, pour des sites marocains énergétiques. La SARL OOO «B2B» (Moscou) promeut avec succès ses conceptions innovatrices en matière de production et d’exploitation des écrans terminaux électroniques destinés au paiement des services différents (marque commerciale « iCAN »). Des certaines perspectives ont des produits russes de l’industrie mécanique et de haute technologie et ceux de l’industrie aéronautique. Le domaine de biopharmacie, ainsi que des produits cosmétiques et des équipements médicaux russes peut également être intéressant pour des clients marocains.▲ OCTOBRE 2013 13 Interview ZOUHAIR MOHAMED EL AOUFIR DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT COMMERCIAL ROYAL AIR MAROC Nouveau plan de vol Comment expliquez-vous que les résultats soient en avance sur les engagements pris dans le cadre du contrat programme signé avec le gouvernement ? Ces résultats sont le fruit de deux facteurs. Il y a d’abord l’abandon des routes déficitaires conjugué à la réduction synchronisée de nos ressources. Nous avons abandonné des lignes de production commercialement déficitaires tout en diminuant les coûts moyens de production. Nous avons réussi à baisser légèrement le coût unitaire du siège offert, tout en diminuant la flotte d’environ 20%. Ceci a augmenté fortement la profitabilité du réseau que nous avons conservé. Deuxième facteur qui explique ce résultat, c’est l’adoption d’une politique commerciale tout autant audacieuse qu’agressive en assurant une augmentation générale des paramètres de qualité de service : rajeunissement de la flotte à moins de 7 ans d’âge moyen, ponctualité élevée à 83%, pertes bagages diminuées de 70%, rénovation des cabines, etc.… RAM est animée d’une grande ambition de développement à l’international. Elle élargit de plus en plus son réseau vers des pays émetteurs de touristes vers le Maroc. Royal Air Maroc veut-elle développer son rôle de premier support de l’industrie touristique nationale ? Ces nouvelles dessertes ont-elles l’ambition d’accompagner le développement des échanges économiques du Maroc avec les marchés cibles ? Royal Air Maroc est un acteur majeur du tourisme national. La compagnie nationale accompagne le secteur touristique national. C’est dans cette perspective qu’elle a ouvert de nouvelles routes aériennes pour, essentiellement, développer le trafic touristique à destination du Maroc. Nous avons doublé les dessertes avec l’Espagne pour passer à 9 avec l’ouverture de nouvelles lignes telles Las Palmas, Tenerife. La ligne Marrakech-Londres (Gatwick) que nous venons de lancer, répond principalement au souci de Royal Air Maroc de développer le tourisme et les échanges économiques du Maroc avec ces pays. Il y va de même pour les liaisons directes avec Stockholm et Copenhague, ainsi que pour la route aérienne Casablanca-Sao Paolo qui sera ouverte à partir du 09 décembre. RAM joue désormais un rôle de premier plan sur le marché africain.Quelle est la rentabilité de votre réseau africain, qui compte 29 destinations hors du Maroc ? Le marché africain représente 25% du chiffre d’affaires de Royal Air Maroc. Notre trafic a été multiplié par dix en 10 ans. L’aéroport Mohammed V est aujourd’hui le premier hub aérien africain pour les flux de trafic entre le continent et l’Europe. Ce marché dans sa globalité représente actuellement autant que le marché français, qui est traditionnellement le plus gros marché de RAM. Nous desservons l’essentiel des destinations atteignables par RAM. Peutêtre que nous souhaiterons aller dans le Maghreb, vers des villes de province et qui ne soient pas forcément les capitales. Nous envisageons, surtout, d’augmenter les fréquences de ces destinations afin d’avoir une offre différenciée qui répond aux besoins de notre clientèle. Et puisque l’Afrique est un continent en pleine crois- Que représente pour Royal air Maroc l’ouverture de nouvelles destinations, notamment vers la fédération de Russie? Quelles autres destinations sont prévues pour 2014 ? Royal Air Maroc est engagée avec confiance dans une politique de développement qui lui permettra de renforcer ses positions sur les marchés traditionnels et d’étendre son réseau à de nouvelles destinations. A cet effet, nous avons entamé cette stratégie par le lancement de nouvelles routes aériennes en Afrique, en Italie, en Espagne : Praia (Cap Vert), Turin, Las Palmas, Tenerife, Madrid (à partir de Tanger)… Nous desservirons le Brésil par le biais d’une ligne directe (Casablanca-Sao Paolo) qui sera une porte d’entrée pour le continent de l’Amérique du Sud. Et nous envisageons d’ouvrir de nouvelles lignes en Afrique de l’Est. Dans le cadre de ce renouveau commercial, nous prévoyons également l’extension “Royal Air Maroc est engagée avec confiance dans une politique de développement qui lui permettra de renforcer ses positions sur les marchés traditionnels et d’étendre son réseau à de nouvelles destinations”. L’AFRIQUE EST UN CONTINENT EN PLEINE CROISSANCE, NOUS TRAVAILLONS POUR OFFRIR À NOTRE CLIENTÈLE LES POSSIBILITÉS D’ALLER EN AFRIQUE DE L’EST ET EN AFRIQUE AUSTRALE. L’ARRIVÉE EN FIN 2014 DES NOUVEAUX LONG-COURRIERS, À SAVOIR LES BOEING 787 DREAMLINER, NOUS PERMETTRA DE DESSERVIR CES ZONES DU CONTINENT. 14 OCTOBRE 2013 Le climat de crise que connaît le secteur de l’aérien ces dernières années vous oblige à faire des choix. Dans quelle mesure les choix opérés ont permis à RAM de s’en sortir ? Le secteur du transport aérien est marqué par une surcapacité structurelle de l’offre qui, conjuguée à la crise économique mondiale, a entraîné une concurrence exacerbée permanente qui s’est traduite par des tarifs souvent irréalistes. Le Maroc n’a pas dérogé à ce constat puisque depuis le début de l’année, l’offre a grimpé de plus de 20%. Jamais il n’y eu autant de sièges offerts que cette année. Résultat de cette surcapacité et cette guerre des prix : destruction de la valeur. Dans ce climat, Royal Air Maroc a fait le choix judicieux de se restructurer de manière profonde. Nous avons réduit considérablement nos charges d’exploitation en agissant sur tous les plans : flotte, distribution, dessertes, masse salariale, etc. Avec un outil de production rationalisé, nous disposons aujourd’hui de coûts de revient compétitifs, et nous avons rétabli la confiance dans notre capacité à anticiper les mutations du marché du transport aérien. En parallèle, le groupe a adopté, parmi ses choix stratégiques, une politique d’externalisation pour se concentrer sur son métier de base, en l’occurrence le transport aérien. L’externalisation des formations dispensées par la RAM pour ses besoins propres vers l’OFPPT, à travers la convention qui nous lie et qui a permis la création de l’institut ISMALA, et la cession à l’Académie Mohammed VI de l’aviation civile de l’école de pilotes de la RAM, permet d’envisager une extension importante de l’offre de formation au bénéfice de tout le pays voire de pays étrangers. De même, l’externalisation, en partenariat avec des leaders mondiaux dans leurs domaines, des activités annexes de la RAM, comme la maintenance avions, la maintenance moteurs, le catering, le handling, permet d’augmenter la qualité de l’offre Maroc et l’extension des marchés. sance, nous travaillons pour offrir à notre clientèle les possibilités d’aller en Afrique de l’Est et en Afrique australe. L’arrivée en fin 2014 des nouveaux long-courriers, à savoir les Boeing 787 Dreamliner, nous permettra de desservir ces zones du continent. de notre réseau à de nouveaux marchés, en l’occurrence l’Amérique du Sud et l’Europe de l’Est. A titre d’exemple (et outre les nouvelles routes aériennes déjà citées ), nous relierons dans les mois qui viennent le Maroc à la République Tchèque, la Hongrie, la Serbie, l’Ukraine, la Grèce. Quant à la ligne Casablanca-Moscou, elle a été ouverte à partir de mars 2011 à raison de 3 vols par semaine. Et depuis mars 2012, la compagnie a programmé une 4e fréquence hebdomadaire. Cette liaison a été conçue essentiellement pour contribuer au trafic touristique entre la Russie et le Maroc et notamment pour desservir la ville d’Agadir qui est une destination de prédilection pour les touristes russes. C’est pourquoi la programmation des vols a été effectuée de manière à réaliser des connexions adaptées de et vers Agadir.Le projet de cette liaison s’inscrit également dans la perspective de connecter les destinations africaines à travers le hub que représente l’aéroport de Casablanca. Quelle est la capacité fret offerte par RAM ? Avec un chiffre d’affaires de plus de 400 MDH en 2012, le fret assuré par le groupe RAM s’est établi à près de 18,3 mille tonnes dont près de 9,7 mille tonnes à l’import et 8,6 mille tonnes à l’export. ▲ Zouhair Mohamed EL AOUFIR Directeur Général Adjoint Commercial ROYAL AIR MAROC LA LIAISON CASABLANCAMOSCOU A ÉTÉ CONÇUE ESSENTIELLEMENT POUR CONTRIBUER AU TRAFIC TOURISTIQUE ENTRE LA RUSSIE ET LE MAROC. LE PROJET DE CETTE LIAISON S’INSCRIT ÉGALEMENT DANS LA PERSPECTIVE DE CONNECTER LES DESTINATIONS AFRICAINES À TRAVERS LE HUB QUE REPRÉSENTE L’AÉROPORT DE CASABLANCA. OCTOBRE 2013 15 Entreprendre BLUE FINGERS Tisser sa toile au-delà des frontières Opérant dans le secteur du «jeans» (denim), la toile de coton la plus portée dans le monde, Blue Fingers a su se tailler, en l’espace de quelques années, une place parmi les leaders de ce secteur au Maroc. Aujourd’hui, cette entreprise ambitieuse n’arrête pas de grandir et de conquérir de nouveaux marchés de par le monde. E COMME LA PLUPART DES ENTREPRISES DE SON SECTEUR D’ACTIVITÉ, BLUE FINGERS TRAVAILLE EXCLUSIVEMENT POUR L’EXPORT. n 2009, Rachid Maliki lance au Maroc Blue Fingers, une entreprise spécialisée dans la production «jeans», en partant du tissu brut. Après une solide expérience de treize ans comme directeur de développement chez le leader mondial «Levi Strauss» en Belgique, on peut dire qu’il se lance en terrain connu. La jeune entreprise commence par faire le bon choix. Elle intègre le groupe New Wash, spécialisé dans le délavage, afin de pouvoir mieux servir le marché en couvrant un champ plus large de la filière de fabrication de jeans. «Les donneurs d’ordres cherchent des groupes intégrés, qui maîtrisent toute la chaîne de valeur», confirme le jeune dirigeant. Et cette stratégie s’avère des plus gagnantes. Une Success-Story Et pour cause, en seulement quatre ans d’activité, Blue Fingers a connu un développement fulgurant. L’entreprise emploie aujourd’hui plus de 450 personnes et dispose d’une capacité de production de 4000 pièces par jour. Autre performance, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 90 millions de dirhams en 2012. Son capital a été multiplié par quatre en autant d’années, passant de 2 millions de dirhams au lancement, à 8 millions actuellement. Faisant dire à son patron non sans fierté: «C’est une vraie success-story. En très peu de temps, nous avons pu nous hisser parmi les cinq premières entreprises dans notre domaine». En effet, l’entreprise fait partie des cinq sélectionnées pour bénéficier de subventions accordées dans le cadre d’un programme de soutien spécifique pour le développement des exportations dans le secteur du textile. Ce programme, toujours en cours d’exécution, devrait aboutir à une aide de 40 millions de dirhams, destinée à permettre à ces acteurs de mieux structurer le tissu industriel du Maroc et de renforcer le positionnement des produits manufacturés marocains sur les marchés internationaux. Une activité orientée vers l’export Comme la plupart des entreprises de son secteur d’activité, Blue Fingers travaille exclusivement pour l’export. Une partie de sa production va vers les États-Unis, mais l’essentiel prend le chemin de l’Europe, vers la France, l’Italie, l’Allemagne, ou encore l’Espagne. Sur le marché international, Blue Fingers, et le «jeans» made in Morocco font face à la concurrence de pays voisins comme la Tunisie ou la Turquie. Mais cela n’effraye pas Rachid Maliki, car pour lui, les entreprises marocaines sont bien armées pour bien résister. « Chaque pays dispose Maîtriser toute la filière pour mieux servir le marché D ès le lancement du projet, en 2009, l’idée de Rachid Maliki était simple: maîtriser l’ensemble de la filière pour être compétitif sur le marché. Il faut dire que ce jeune homme connaît la fabrication des jeans comme sa 16 OCTOBRE 2013 poche. En intégrant le groupe New Wash, son entreprise, Blue Fingers, peut se targuer d’assurer toutes les étapes de la création des jeans. Elle se positionne en aval du «converteur», chargé du tissage, et assure toutes les étapes de production pour délivrer un produit fini, prêt à être porté. Elle fait ainsi partie des cinq «agrégateurs» chargés de développer cette branche du textile marocain et de la faire rayonner sur le marché international. ▲ Le voyage en Russie a été positif dans le sens où il nous a permis de jauger le potentiel de ce marché et d’établir quelques contacts intéressants. de ses propres avantages. L’Accord de libreéchange avec les États-Unis, par exemple, est un atout indéniable dont seules les entreprises marocaines peuvent tirer profit», explique-t-il. Toujours à la recherche de nouveaux marchés, l’entreprise multiplie les participations aux salons et autres évènements professionnels de par le monde. «Aujourd’hui, nous cherchons à consolider notre présence sur les marchés allemand et américain», déclare Rachid Maliki. Ajoutant qu’il reste «beaucoup de choses à faire dans ces pays». La conjoncture étant ce qu’elle est dans le domaine du textile, Rachid Maliki est conscient qu’en plus de ces clients «classiques», l’entreprise doit également prospecter de nouveaux marchés afin de pallier la baisse de la demande qui touche certains pays clients tels que l’Espagne, crise économique oblige. Elle s’est ainsi naturellement tournée vers les pays du nord de l’Europe, qui montrent une meilleure résilience face aux aléas économiques. Et cette stratégie semble marcher, puisque Blue Fingers dispose déjà de ses premiers clients en Hollande et en Suède. Une expérience concluante, que le dirigeant espère être un premier pas vers la conquête commerciale de cette partie du vieux continent. Des premiers contacts positifs avec la Russie Dans leur quête de nouveaux marchés à l’international, les dirigeants de Blue Fingers ont participé à une caravane organisée pour les exportateurs marocains en Russie, en juin dernier. Et même si l’entreprise n’exporte pas encore vers ce marché prometteur, Maliki reste optimiste quant au potentiel de ce marché récemment ouvert au monde: «Ce voyage a été positif dans le sens où il nous a permis de jauger le potentiel de ce marché et d’établir quelques contacts intéressants», témoigne-t-il. Cette mission d’hommes d’affaires lui a, en effet, permis d’entrer en contact avec d’importants clients potentiels, tels que le géant Yudashkin. des contacts que le dirigeant espère concrétiser bientôt, grâce au voyage organisé par Maroc Export au mois d’octobre Rachid Maliki nourrit de grandes ambitions pour son entreprise. Il espère franchir le cap symbolique du million de pièces produites par an, au lieu des quelque 700.000 aujourd’hui. Et si la totalité de sa production est vendue à l’étranger sous les marques de ses donneurs d’ordres, il nourrit l’espoir de lancer un jour sa propre marque. Et son entreprise semble bien armée pour cela. «Le plus difficile, lorsque l’on souhaite créer une marque, est de maîtriser l’outil productif», souligne-t-il. Or, Blue Fingers dispose déjà d’une unité de production performante. Cette marque serait tournée en premier lieu vers le marché local. «Au Maroc, le marché existe», poursuit-il confiant. Le jeune dirigeant verrait bien sa marque, par la suite, s’attaquer à l’international en s’appuyant sur ses contacts et ses réseaux déjà en place. Petit poisson deviendra grand! ▲ L’ENTREPRISE EMPLOIE AUJOURD’HUI PLUS DE 450 PERSONNES ET DISPOSE D’UNE CAPACITÉ DE 4000 PIÈCES PAR JOUR. OCTOBRE 2013 17 Entreprendre ABDELMAJID MAZOUZ Le farmer de Berkane Faisant preuve d’un bon sens des affaires et d’un vif esprit de décision en étant tour à tour agriculteur, producteur, commerçant et distributeur, Abdelmajid Mazouz s’attaque au marché international. En toute confiance. terre produites par an, soit 12% du tonnage produit au niveau de sa région, Abdelmajid Mazouz est également commerçant avec une large expérience dans le domaine de conditionnement et celui de la distribution des fruits et légumes. Il achète et revend, majoritairement sur le marché local, 18.000 tonnes de clémentines et 4.000 tonnes d’oranges. Cet agriculteur multi-casquettes dispose aussi d’un complexe agro industriel de 10 chambres frigo et de deux stations de conditionnement, soumises aux normes de qualité les plus strictes. La première station qui est sa propre propriété lui permet de conditionner, annuellement, 8.000 tonnes de clémentines et 12.000 tonnes d’oranges. Quant à la deuxième, qui appartient à un autre groupe du secteur, elle lui permet de conditionner 2200 tonnes d’agrumes par an. Test à l’export Abdelmajid Mazouz a eu l’occasion de se frotter au quotidien aux spécificités et aux contraintes du monde agricole A vec 25 ans d’expérience dans la filière agricole, Abdelmajid Mazouz, la quarantaine à peine, n’a pourtant rien d’un débutant dans le domaine de l’agriculture. Entre ses trois propriétés agricoles d’une superficie de 18 hectares, plantées en clémentiniers (8500 arbres), et sept unités de 400 hectares exploitées dans le cadre d’un partenariat, utilisées pour la culture de la pomme de terre et la pastèque, Abdelmajid Mazouz a eu l’occasion de se frotter au quotidien aux spécificités et aux contraintes du monde agricole. Avec comme résultat du parcours des projets construits sous sa casquette de self made man. Agriculteur du haut de ses centaines d’hectares exploités, avec une capacité de 8.000 tonnes de clémentines annuellement et quelque 18.000 tonnes de pommes de - EN 2011, NOUS AVONS CHERCHÉ À MÉNAGER DES OPPORTUNITÉS À L’EXPORT POUR NOTRE PRODUCTION DE CLÉMENTINES. 18 OCTOBRE 2013 Lui est du Maroc «lointain». Il est de Berkane et donc d’une région longtemps oubliée, en marge du processus de développement national car enclavée. «Enclavée!», s’exclame Abdelmajid Mazouz, en guise de protestation, rappelant que le discours royal de 2003 est une initiative qui a «réhabilité la région de l’Oriental et donné un regain d’intérêt certain à toute la région», se félicitant surtout de l’attractivité retrouvée de sa ville natale Berkane, ville disposant d’un potentiel de production agricole important et diversifié. Et même si Abdelmajid Mazouz n’a pas fait d’études très poussées, ce «simple fellah», comme il se plaît à se définir malgré le large éventail de ses activités, a su profiter de la conjoncture favorable à la région depuis le déclic du Plan Maroc Vert. Mais ce n’est pas le gros de son challenge. Il a aussi eu le temps de mûrir une idée qui date de plusieurs années, celle d’intégrer le volet exportation parmi ses activités. Mazouz a donc décidé de tenter l’expérience de s’attaquer au marché international, notamment pour sa production de clémentines. «Nous avons, jusqu’à il y a deux ans, travaillé sur le marché local. En 2011, nous avons cherché à ménager des opportunités à l’export pour notre production de clémentines, encouragé par le succès de ce produit marocain qui est très apprécié à l’étranger, notamment en Russie où nos agrumes ont développé une grande notoriété chez leurs consommateurs», annonce Mazouz, précisant: «auparavant, j’ai collaboré essentiellement avec un groupe exportateur marocain. Certaines de mes productions étaient en fait exportées par son intermédiaire. Mon objectif est d’exporter en direct certains de mes produits». Un peu comme monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir ! «Nous sommes conscients d’être novices sur le marché international et c’est la raison pour laquelle nous avons adopté une démarche sécurisante, question de voir si cette tentative va porter des fruits ou pas», explique-t-il. En effet, pour ce galop d’essai, le primo exportateur s’est tourné vers l’Union européenne, le Canada et la Russie, devenue depuis quelques années une destination inévitable de la production marocaine d’agrumes. Il a ainsi pu écouler quelque 5000 tonnes de clémentines par an durant les deux dernières campagnes. Réalisant un chiffre d’affaires à l’export de 21 millions de dirhams. Prendre goût à l’export À la question de savoir comment il s’est préparé pour aborder le marché international, Mazouz avance souriant qu’il existe plusieurs façons de cibler de nouveaux marchés d’exportation, «mais le seul et unique moyen de frapper dans le mille, c’est de foncer sans se poser trop de questions existentielles». Ajoutant: «notre première tentative sur le marché international nous a confortés à l’idée que l’exportation est une piste d’évolution pour notre société. Mais je suis le premier à admettre qu’il ne faut pas croire pour autant que la partie est gagnée d’avance et il ne veut surtout pas brûler les étapes». Mazouz est en effet conscient du besoin de bien saisir le mode de fonctionnement de l’opération export et de la nécessité de l’adaptation de son offre aux besoins du marché étranger. «Nous travaillons fort. Nous participons à des expositions commerciales, des salons professionnels. Ceci en plus de collecter suffisamment d’informations sur les tendances des marchés et leurs risques», conclut Mazouz. En attendant, et depuis la première fournée de clémentines exportées, les choses sont allées très vite, et pour le mieux, vu que Mazouz est en négociation avec certains pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite vers laquelle il a déjà exporté récemment ses produits, ainsi que le marché étasunien où il prospecte depuis peu. Rien que ça! ▲ «Nous sommes conscients d’être novices sur le marché international et c’est la raison pour laquelle nous avons adopté une démarche sécurisante, question de voir si cette tentative va porter des fruits» CET AGRICULTEUR A SU PROFITER DE LA CONJONCTURE FAVORABLE À LA RÉGION DEPUIS LE DÉCLIC DU PLAN MAROC VERT. OCTOBRE 2013 19 Eclairage LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS Exportez avec les bons outils ! 20 OCTOBRE 2013 Le Maroc a lancé un dispositif d’encouragement des exportations et a intégré un effort de promotion conséquent à travers divers mécanismes pour améliorer l’offre exportable marocaine et l’aider à trouver preneur sur le marché international. Il existe actuellement toute une gamme d’outils tels que les conventions de partenariat mises en place par l’État, les missions d’affaires, l’organisation et/ou la participation à des salons internationaux. En plus des structures d’aide à l’export mettent notamment à disposition des entreprises des informations clés sur le potentiel des marchés ciblés, les modalités d’exportation, la concurrence, etc. La panacée pour booster l’offre exportable du Maroc jugée insuffisante en volume et en diversité, et peu rentable. OCTOBRE2013 2013 21 OCTOBRE Eclairage LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS Le programme d’audit consiste à auditer 1.000 entreprises, tous secteurS d’activités confondus, à l’horizon 2015, réparties, par année, comme suit : ANNéeS Nombre d’entreprises à auditer 100 O ù se trouve la croissance projetée sur le court et moyen termes? Pas au Maroc ! Il faudrait aller la chercher dans les marchés à l’international, et particulièrement dans les marchés émergents à forte croissance. Conscient de cet impératif, le Maroc s’est résolument engagé dans un processus de développement par le biais de la promotion de l’investissement et le développement de nouveaux secteurs industriels à forte valeur ajoutée en termes d’exportation. Et ce en mettant en place différentes stratégies sectorielles assorties d’échéances en phase avec la dynamique économique mondiale telles que Plan Emergence Industrielle, Plan Azur, Plan Maroc Vert, Plan Halieutis, Plan Maroc Numérique… Dès lors, le Maroc devait mettre en place une stratégie en faveur de l’amélioration des exportations pour saisir les opportunités qui s’offrent à toute la production nationale, à échéance, à son offre exportable. Baptisée «Maroc Export Plus», cette stratégie, initiée depuis 2009, ambitionne de tripler les exportations marocaines en dix ans, via trois axes à savoir un ciblage des secteurs et des produits «afin d’orienter, en priorité, les efforts vers les produits dont l’offre est déjà disponible, puis ceux issus des plans sectoriels en cours». Un ciblage des marchés «pour consolider la position du Maroc sur ses marchés traditionnels, et se diversifier vers de nouveaux marchés à fort 150 200 250 300 Une centaine d’entreprises seront accompagnées dans leur stratégie d’export chaque année. potentiel». Et un accompagnement des acteurs «pour mettre à la disposition de l’ensemble des entreprises, les outils nécessaires à leur développement à l’international». Cinq cents entreprises seront accompagnées dans leur stratégie d’export chaque année. Pour donner la pleine mesure à cette ambition, des mesures sectorielles spécifiques aux secteurs à fort potentiel à l’export ont été élaborées. Elles concernent essentiellement les exportateurs confirmés et ont pour objectif de faciliter l’acte d’exporter, en amont ou sur le marché cible, et de promouvoir globalement le secteur sur les marchés ciblés. 68 mesures sont ainsi prévues pour les différents secteurs visés. Parallèlement six conventions de partenariat, dotées d’un montant global de 1,162 milliard de SIX CONVENTIONS DE PARTENARIAT, DOTÉES D’UN MONTANT GLOBAL DE 1,162 MILLIARD DE DIRHAMS, POUR LA MISE EN ŒUVRE DES MESURES TRANSVERSALES DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS. 22 OCTOBRE 2013 dirhams, ont été signées en 2009. Ces six conventions constituent les piliers édifiant la charpente de la stratégie Maroc Export Plus qui a pour objectif de porter le montant des exportations de 114 milliards de dirhams en 2008 à 229 milliards de dirhams en 2015, soit donc le double en un peu plus de 5 ans, et atteindre, d’ici 2018, presque le triple avec 327 milliards de dirhams. En 2015, il est attendu un PIB additionnel de 45 milliards qui devrait atteindre 85 milliards d’ici 2018. Contrat de croissance à l’export, l’effet de levier La première des six conventions de partenariat, qui concrétisent la mise en œuvre de cette stratégie, est sans doute la plus importante. Elle prend la forme de contrats de croissance à l’export. Elle vise à mettre en place, au profit de 375 entreprises exportatrices ou potentiellement exportatrices, durant la période 2011-2017, un appui financier pour la prise en charge partielle des dépenses liées aux actions de promotion et de développement des exportations. Les entreprises sont recrutées à partir d’un appel à candidature public, dans lequel elles sont scindées en deux groupes. Le premier est composé par les entreprises confirmées à l’export, dont les exportations sont comprises entre 50 et 500 millions de dirhams par an. Le second concerne les entreprises exportatrices émergentes, dont le chiffre d’affaires à l’export est inférieur à 50 millions de dirhams. Deux ans après la signature de cette convention par l’ancien ministre du Commerce, Abdellatif Maâzouz, son successeur, Abdelkader Amara active la machine en signant, le 1er septembre dernier, à Rabat, des contrats avec 25 entreprises exportatrices ou potentiellement exportatrices. Les premiers bénéficiaires de cette initiative se répartissent comme suit: 9 entreprises confirmées avec un chiffre d’affaires à l’export compris entre 50 et 500 millions de dirhams par an et 16 émergentes dont le chiffre d’affaires à l’export est inférieur à 50 millions de dirhams. Les entreprises qui ont bénéficié de ce premier lot de contrats opèrent dans différents secteurs particulièrement l’agroalimentaire et le textile. Certaines d’entre elles exportent déjà en Europe, aux États-Unis et même en Australie. Cela dit, la priorité a été donnée à cette deuxième catégorie, car, selon Abdelkader Amara, le but est d’ «encourager les sociétés émergentes à exporter davantage en les assistant pendant quelques années à booster leurs produits sur des marchés à fort potentiel pour nos exportations et de générer des exportations additionnelles leur permettant d’accroître leur chiffre d’affaires à l’export». Consortiums à l’export, l’art de chasser en meute La deuxième convention de partenariat est relative au programme d’appui aux consortiums d’exportation. Elle a pour objectif de soutenir la constitution, le «Maroc Export Plus», consiste à encourager le regroupement d’entreprises exportatrices et particulièrement les PME/PMI sous la forme de consortiums de valorisation. développement et la consolidation de 55 consortiums d’exportation durant la période 2011-2017, à travers un accompagnement financier et technique. Dans ce volet, «Export Synergia», lancé par le Département du Commerce extérieur, est un programme qui interviendra dans tous les secteurs exportateurs avec une dotation de 120 millions de dirhams. Une enveloppe prise en charge par le «fonds d’appui aux consortiums d’exportation». Il est à rappeler que cette formule, citée sous le volet d’agrégation dans la stratégie gouvernementale «Maroc Export Plus», consiste à encourager le regroupement d’entreprises exportatrices et particulièrement les PME/PMI sous la forme de consortium de valorisation. Dans ce cadre, «l’État s’engage à financer, au titre de ce programme d’appui aux consortiums d’exportation, et au bénéfice de chaque consortium constitué, les projets de structuration, de développement et de consolidation desdits consortiums avec un plafond de OCTOBRE 2013 23 Audit à l’export, l’ordonnance salutaire La troisième convention entend mettre en place et animer un dispositif d’audit à l’export ciblant 1.000 entreprises, entre 20112015, avec un budget alloué de 27 millions de dirhams. L’objectif étant de soutenir les PME ma- OCTOBRE 2013 2011 Sauvegarder les aquis et saisir de nouvelles opportunités • Consolidation des marchés traditionnels • Développement des exportations des produits existants e erm 2015 Promouvoir la nouvelle offre et gagner des parts de marché LONG ter e rm MOYE Nt PRINCIPES OBJECTIFS financement global de 1,5 million de dirhams assorti d’un accompagnement en expertise équivalent à 20 jours d’assistance technique». L’initiative n’est pas nouvelle. Puisqu’il s’agit d’une version revisitée basée sur les acquis enregistrés depuis le début de la mise en œuvre des consortiums d’exportations au Maroc, une expérience qui a démarré en 2003, en contribution de la coopération internationale. Expérience qui a abouti à la création de 21 consortiums. Ce remake prend en considération les leçons tirées par rapport à certains aspects qui ont été revus. C’est pour cette raison que pour la seconde phase, l’axe central de la nouvelle stratégie tourne autour de l’accompagnement, en amont et en aval, des consortiums qui seront créés. Et afin d’assurer une meilleure efficacité à ces actions, un système de gouvernance et de pilotage est institué, il implique l’ensemble des parties prenantes partenaires, à savoir le ministère de l’Économie et des Finances, le ministère du Commerce extérieur, Maroc Export, et la Confédération patronale CGEM. En plus, deux instances sont mises en place. Il y a le comité consortia à vocation opérationnelle et le meeting consortia à vocation stratégique. Ces instances s’assurent le concours de deux bureaux d’études techniques chargés de la sensibilisation et de l’accompagnement des consortiums d’exportation dans l’élaboration de leurs plans stratégiques de développement à l’international. 24 Stratégie Maroc Export Plus LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS Court te Eclairage • Elargissement des marchés ciblés • Promotion de nouvelles offres sur les marchés traditionnels me 2018 Consolider et développer des champions à l’export • internationalisation des entreprises marocaines • Elargissement significatif de la zone géographique couverte • Promotion d’un large éventail de produits Exportations 1): 114 Mds Dh (2008) 229 Mds Dh 327 Mds Dh +45 Mds Dh +85 Mds Dh +200 000 +300 000 PIB généré : Emploi créés : 1) Périmètre des exportations du Maroc comprenant les biens hors phosphates et dérivés + les services hors tourisme Selon Abdelkader Amara, le but des contrats de croissance est d’ «encourager les sociétés émergentes à exporter davantage en les assistant à booster leurs produits sur des marchés à fort potentiel.» rocaines dans leurs démarches d’amélioration de leurs performances à l’exportation à travers un diagnostic de leurs capacités. Le département de Amara veut ainsi les assister et les accompagner à travers l’analyse de leurs aptitudes à l’export ainsi que l’identification de leurs dysfonctionnements dans le but d’aboutir à un plan d’action et un dispositif d’accompagnement à l’export. Ces audits seront réalisés par des experts certifiés par le Centre du Commerce International (ITC). Lesdits experts interviendront au sein de chaque entreprise bénéficiaire pour analyser la structure et l’aptitude à l’export, la qualité du management en charge du développement de l’export, la détermination du profil exportateur et les possibilités d’évolution à l’export, l’identification des écarts, anomalies et dysfonctionnements à l’export, l’élaboration au profit de l’entreprise auditée d’une stratégie et d’un plan d’action export définis en adéquation avec les capacités et les potentialités de l’entreprise et enfin l’aide à l’implémentation du programme d’action recommandé. Sur le coût de l’opération, qui est de 25.000 dirhams, l’entreprise paye 5.000 dirhams, l’État prenant en charge le reste. Les 20.000 dirhams sont versés directement par l’État à l’auditeur (après la réception définitive des livrables) et les 5.000 dirhams sont versés par l’entreprise à l’auditeur suite à un ordre de paiement émis par le Département du Commerce Extérieur. Formation diplômante, nécessité absolue La quatrième convention porte sur la formation et le renforcement des compétences en commerce international, parce que la décision de se développer à l’international nécessite, de la part des acteurs candidats, une formation adéquate à même d’apporter l’expertise et la confiance nécessaires à leur réussite dans l’exportation. Elles engagent les ministères de l’Économie, le département Commerce extérieur et de l’Enseignement supérieur, la CGEM, l’Université internationale de Rabat et l’Université Al Akhawayn. L’objectif étant de mettre en place une formation diplômante de type master et un cursus de formation continue en matière de commerce international, au niveau de sept universités marocaines, de façon à pouvoir assurer la formation de 2.200 diplômés, dont 300 masters. Certification, le sésame de l’export La cinquième convention de partenariat concerne le programme de soutien à la certification des petits et moyens producteurs, à travers les ministères de tutelle et Maroc Taswiq (ex Office de commercialisation et exportation). Ainsi, grâce à un appui financier de l’État, l’objectif est d’arriver d’ici 2013 à la certification de 3.818 petits et moyens producteurs pour une superficie globale sujette à la certification de 10.450 hectares. Une mission plus en adéquation avec la situation actuelle de l’agriculture marocaine. À côté d’entreprises agricoles de grande taille qui ont une taille et un niveau technologique suf- fisants pour assurer directement leur commercialisation sur les marchés internationaux, il existe une multitude de petits et moyens producteurs. Ces derniers qui assurent la plus grande part de la production nationale ne peuvent accéder qu’au marché local et sont exclus de fait du marché national et encore plus du marché à l’exportation. Internationalisation des salons, le tremplin Enfin, et pour améliorer l’image et la notoriété du Maroc, la sixième et dernière convention a pour objet d’apporter à l’Office des foires et expositions de Casablanca (OFEC) un accompagnement financier pour l’internationalisation de cinq salons sectoriels afférents aux métiers mondiaux du Maroc. Il s’agit des secteurs des nouvelles technologies et l’offshoring, les industries pharmaceutiques «Medical Expo, les produits de terroir «Terroirs Expo», les industries électriques «Elec Expo» et les industries automobiles. Pour La stratégie Maroc Export Plus est en phase avec les plans sectoriels et les plans horizontaux visant le renforcement de la compétitivité des exportations: le plan logistique, l’amélioration du climat des affaires au Maroc. ce faire, le Département du Commerce Extérieur et l’OFEC ont mis en place une stratégie pour le développement du secteur des Foires et Salons internationaux, qui a identifié quatre piliers importants, à savoir le développement de l’infrastructure d’accueil, la mise à niveau réglementaire appropriée et encadrement du secteur (certification), le déploiement des mesures d’accompagnement et d’incitation des PME et PMI pour élargir l’assiette des exposants et la capitalisation sur l’OFEC comme acteur de référence dans la mise en œuvre de cette stratégie. Cette stratégie confirme le potentiel qu’a le Maroc, Casablanca en particulier, pour devenir un hub pour la tenue de salons sectoriels internationaux. ▲ LE DÉPARTEMENT DU COMMERCE EXTÉRIEUR ET L’OFEC ONT MIS EN PLACE UNE STRATÉGIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR AU MAROC DES FOIRES ET SALONS INTERNATIONAUX OCTOBRE 2013 25 Eclairage LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS Opération promotion Acteur majeur dans la politique publique de l’accompagnement à l’export des entreprises marocaines, Maroc Export est orienté vers l’efficacité opérationnelle. Pour l’année 2013, il a mobilisé les énergies à travers 92 actions promotionnelles sur une trentaine de marché afin de couvrir 12 secteurs d’activité. V oilà 33 ans que le Centre marocain de promotion des exportations (CMPE) est au service de l’export et des exportateurs marocains. «Avec une expertise très pointue et un dévouement renouvelé pour accompagner l’offre nationale à l’international», précise Zahra Maâfiri, Directrice générale de Maroc Export, ajoutant que «le centre a toujours été à l’écoute des entreprises marocaines et se veut être un outil efficace, parmi d’autres, pour traduire dans les faits la stratégie nationale de développement des exportations». À la question de savoir comment, la Directrice générale déclare «nous accompagnons les exportateurs marocains, conformément à nos missions, autour de trois activités principales, à savoir la participation des entreprises aux salons professionnels et aux actions collectives de prospection, la promotion des savoir-faire marocains et l’information aux entreprises, le tout en mettant un accent ciblé et direct sur la mise en relation. Nous assurons également un accompagnement plus rapproché des exportateurs en contactant des consultants marchés sur place pour encadrer les participants aux pavillons Maroc et les informer sur les conditions d’accès au marché». La promotion des exportations allant de pair avec l’étude de marché, la prospection fait partie du lot quotidien de Maroc Export. Ce sont principalement des études quantitatives, qualitatives et documentaires. L’idée étant de défricher le terrain pour permettre à l’exportateur d’aller droit au but et de bien cadrer sa stratégie. 26 OCTOBRE 2013 Zahra Maafiri Directrice Générale Maroc Export Une flamme toujours vive Après plus de trois décennies, la cadence est toujours maintenue avec, comme credo, «promotion continue, intensive et ciblée». Pour le «millésime» 2013, quelque 92 actions promotionnelles sont programmées sur une trentaine de marchés afin de couvrir 12 secteurs d’activité. Le but étant de consolider l’un des axes majeurs de la stratégie Maroc Export Plus, à savoir le ciblage des marchés et des clients. Ce programme promotionnel à l’international est autour de 3 axes majeurs à savoir l’appui à tous les secteurs à fort potentiel à l’export et aux secteurs en développement, tels l’aéronautique, les IMME (industries métallurgiques, métalliques et électroniques), la chimie et la parachimie. La couverture des marchés stratégiques avec 67% des actions qui seront destinées à l’Union européenne, les États-Unis et l’Afrique, 27% aux marchés de niche comme la Russie et la Chine et 6% aux marchés adjacents, tels la Belgique et le Canada. Le 3e axe du programme 2013 consiste à recentrer l’effort promotionnel sur les actions de démarchage direct et de prospection qui représenteront 45% des actions prévues. En effet, pour mener à bien cette mission, Maroc Export intensifie de plus en plus ses actions promotionnelles à travers l’organisation et la participation active aux manifestations et missions économiques et commerciales au profit des entreprises exportatrices ou disposant d’une offre expor- table, en particulier les PME afin d’augmenter le nombre d’entreprises exportatrices. Mais aussi en contractant des marchés importants pour les opérateurs économiques pour des produits de secteurs traditionnels et modernes. À l’instar de la mission BtoB qui a mené, en mai dernier, une quinzaine de sociétés et groupes marocains leaders dans le secteur de l’agroalimentaire à prendre part à une prospection en Pologne et en Hongrie. Ou encore la mission de rencontres professionnelles organisées en juin dernier en Russie au profit d’une dizaine de sociétés du secteur textile parties à la rencontre des grandes enseignes russes, les maisons de luxe, les créateurs, les grands importateurs/distributeurs de vête- ments et les producteurs russes. La caravane de partenariat est l’autre outil manié à merveille par Maroc Export. Après sept éditions réussies qui ont ciblé 17 pays, ces opérations d’envergure se sont révélées un levier performant pour dénicher de nouvelles opportunités de développement en Afrique subsaharienne pour les entreprises marocaines et partant accroître les échanges économiques avec les partenaires africains. Au cours de ces caravanes, un nombre d’actions importantes a été concrétisé. Il y a lieu de citer la conclusion d’accords de partenariat entre la Fédération nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables (Fenelec) et ses homologues de la plupart des pays africains visités. La mise Le stand Maroc Export à l’ANUGA Cologne en Allemagne, en place de joint-ventures dans le domaine des TIC au Sénégal, au Gabon, au Mali, en Côte d’Ivoire ou encore au Burkina Faso. L’établissement d’unités pharmaceutiques marocaines en Guinée équatoriale, au Sénégal. Ainsi que le lancement de projets par des entreprises marocaines dans le domaine de la construction, l’électrification, l’assainissement et l’habitat dans beaucoup de pays africains visités.▲ APRÈS SEPT ÉDITIONS RÉUSSIES, LA CARAVANE DE PARTENARIAT S’EST RÉVÉLÉE UN LEVIER PERFORMANT POUR DÉNICHER DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE. OCTOBRE 2013 27 Le plus La nouvelle Russie 28 OCTOBRE 2013 L’ouverture de la Fédération de Russie sur l’économie de marché a influencé le niveau de vie de la population russe de plusieurs manières. Les Russes ont modifié leur mode de vie et leur comportement de consommation, laissant apparaître de nouveaux marchés et des consommateurs d’un genre nouveau. Elle fait preuve d’une qualité précieuse, celle de l’adaptation aux réformes menées par la Fédération de Russie. OCTOBRE 2013 29 Le plus LA NOUVELLE RUSSIE A près un long isolement économique, la Russie a fini par rejoindre, en août 2012, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), devenant ainsi le 156 e L’ADHÉSION À L’OMC A ACCÉLÉRÉ L’OUVERTURE SUR L’EXTÉRIEUR, OPÉRÉE PAR LA RUSSIE DEPUIS LES ANNÉES 90, APRÈS UNE LONGUE PÉRIODE DE REPLI SUR SOI. membre de l’organisation. Avec une population de plus de 144 millions d’habitants, cette adhésion au temple mondial du commerce a été plus que saluée de par le changement qualitatif réel au régime actuel des échanges commerciaux qu’elle pourrait apporter. Surtout parce qu’elle rendra le pays plus attractif pour les investisseurs étrangers et favorisera un essor comparable à celui qu’a connu la Chine depuis qu’elle est devenue membre de l’organisation en 2001. L’adhésion à l’OMC a également accéléré l’ouverture sur l’extérieur, opérée par le pays depuis les années 90, après une longue période de repli sur soi. Résultat des courses, les mutations économiques qui ont accompagné le passage de l’économie planifiée à celle de marché ont bouleversé la structure sociale russe et les rapports entre groupes sociaux. La population russe a, en effet, connu des évolutions notables en matière d’accès à l’emploi et d’augmentation du niveau de vie de la classe moyenne: deux facteurs du changement de ses habitudes de consommation. Et depuis ? Depuis le début des années 1990, le marché a offert des opportunités pour accumuler des fortunes en un temps record ! Conjugué à une croissance économique stable, des réserves de change considérables, l’augmentation des salaires, l’avènement du crédit à la consommation… c’est le triomphe planétaire de l’économie de marché ! Dans les deux grandes métropoles du pays, Saint-Pétersbourg et la capitale Moscou, mais aussi dans d’autres villes prospères russes, on ne compte plus les inaugurations de joailleries, de salons et de boutiques de mode, de restaurants prestigieux, de clubs de nuit privés... Pratiquement toutes les marques ont un représentant commercial en Russie et la liste des marques étrangères présentes sur le marché russe s’allonge tous les ans. Aujourd’hui, Moscou, qui depuis quelque temps occupe la première place du hitparade des capitales les plus chères au monde, est une ville alignée en matière de tendances sur les capitales de la mode comme Paris, Milan, Londres et New York. La nouvelle classe possédante s’est habituée à dépenser de l’argent et elle aime le montrer! dans la capitale russe, on est ébahi devant le défilé des véhicules de luxe tels que les Hammer, les Jaguar et les Lamborghini. Les parfums dernier cri, les foulards signés, les costumes de marques, les paires de chaussures… sont en forte progression de vente. Il faut croire que la clientèle appropriée est là. Selon une récente étude de Deloitte, société de consultation financière internationale, la Russie Alimentation. Gigantesques marchés de gros à Moscou. “Le format d’un marché de gros de type Rungis nécessite une participation de l’Etat.” L a mairie de Moscou a récemment présenté deux sites situés dans le voisinage immédiat du MKAD (périphérique de la capitale russe) adaptés à la construction d’un marché de gros similaire à Rungis, à Paris ou à Mercamadrid, dans la région de la capitale espagnole, d’environ 1 million de mètres carrés. La création d’un réseau de terminaux de gros dans la région de Moscou 30 OCTOBRE 2013 est prévue par un programme d’État approuvé l’année dernière. Pour rappel,Moscou possède plusieurs grandes bases alimentaires de gros. Mais la ville a besoin de remplacer ces formats (beaucoup plus petits en taille et situés à l’intérieur du périphérique, ce qui complique la logistique), en formant un ou deux grands terminaux. Selon la mairie de Moscou, l’apparition d’un important centre logistique alimentaire vise, d’une part, à satisfaire le besoin en aliments frais des habitants de la capitale, et de l’autre, à constituer une plaque tournante, y compris pour les petits fabricants russes. «L’idée n’est pas de créer une porte d’entrée pour les aliments importés, mais de créer une sorte d’ «aspirateur» pour attirer les produits fabriqués en Russie», est-il indiqué du côté de la mai- rie pour expliquer la logique des autorités. La recherche active de parcelles libres de 50 à 100 hectares (Rungis fait 230 hectares) qui permettrait de construire un million de mètres carrés d’immobilier a déjà été lancée. Parmi les exigences concernant les sites, il y a la proximité d’une ligne de chemin de fer, de l’aéroport et de plusieurs routes. «Les camions, y compris de grande taille, se compteront par mil- liers chaque nuit», dit-on. «Nous examinons actuellement plusieurs parcelles afin d’implanter le cluster dans le nord et le sud de Moscou». Pour réaliser ses plans ambitieux, l’administration de la ville compte recourir au partenariat public-privé. La Ville de Moscou pourrait entrer dans le projet de terrain (elle possède un bon nombre d’hectares libres à Moljaninovo) ou se limiter à la construction des routes d’accès et des infrastructures de génie, si un autre site est choisi. Selon Alexeï Nemeriouk, les accords préliminaires avec les propriétaires fonciers, les investisseurs et les promoteurs ont été atteints. Les investissements dans la construction pourraient atteindre 0,9 milliard de dollars. Les autorités de la ville de Moscou assumeront les fonctions de régulateur promettant que la ville déterminera les règles du commerce et de formation des prix, et assurera le libre accès des producteurs à ces marchés». ▲ Au bout de dix-huit ans de négociations, la Russie est devenue le 22 août 2012 le 156e membre de l’Organisation mondiale du commerce. OCTOBRE 2013 31 Le plus LES DÉPENSES ASSOCIÉES AU SECTEUR DU LUXE EN RUSSIE ONT ENREGISTRÉ UNE CROISSANCE ANNUELLE DE 10 À 12% DEPUIS QUELQUES ANNÉES. LA NOUVELLE RUSSIE occupe la 7e place en ce qui concerne le plus grand nombre de millionnaires. Toujours selon le cabinet d’étude, Moscou est devenue la capitale mondiale des très riches, avec 79 milliardaires résidents contre 58 à New York. Par ailleurs, les Russes figurent en bonne place dans l’étude Forbes, les actifs moyens des 20 plus grandes fortunes se chiffrent à 10,1 milliards de dollars contre 7,6 milliards de dollars pour le Moyen-Orient. Mais pas seulement. Car même si ce boum de la consommation n’englobe pas la population du pays dans son intégralité, dans ce nouvel environnement économique, une nouvelle classe moyenne fait son apparition et montre, sensiblement, les mêmes modes de consommation que les classes moyennes d’Occident. Une classe moyenne émergente qui selon plusieurs sondages consume même beaucoup. La consommation d’automobiles, d’habillements, de voyages, de produits alimentaires, informatiques ou électroménagers n’avait jamais été aussi importante dans la Fédération. Une consommation à la faveur d’une population jeune, disposant d’un revenu mensuel moyen par tête d’environ 1.500 euros et ayant fait des études supérieures. Très aisée pour les critères russes, cette couche sociale, qui a la jouissance d’une maison principale, d’une résidence secondaire et d’une à trois voitures, représente 3 à 4% de la population du pays, tandis que les gens pouvant se réclamer d’un niveau de vie «assez aisé» représenteraient 12 % au maximum de la population. Pour le gouvernement russe, l’émergence de cette classe moyenne importante, qui a su profiter de la conjoncture, est à considérer comme le principal bilan de la décennie écoulée, vu que «la pauvreté généralisée des années 1990 a laissé la place à une aisance de masse». En cause, «l’augmentation des salaires, qui ont été multipliés par 7 à 8 depuis l’an 2000, mais aussi les pensions qui ont augmenté, la pauvreté qui a été divisée par deux, tandis que l’espérance de vie augmentait et que la natalité atteignait son niveau maximal depuis 20 ans», selon le gouvernement qui citait les leviers de la naissance de cette classe moyenne. Les russes saluent la vie à crédit Ce facteur est à relier au fait que le crédit à la consommation est en train d’émerger dans certains grands magasins de grandes villes de Russie. De nombreux Russes souscrivent à des crédits. En effet, selon des statistiques fournies par TKS bank, une banque locale, le marché russe des cartes de crédit a connu une augmentation de 82,5% en 2012, atteignant les 671 milliards de roubles (environ 16,4 milliards d’euros). Dans ce sillage, les prédictions de Standard & Poor’s selon lesquelles le bénéfice net des banques russes atteindrait en 2013 1.000 milliards de roubles (près de 24,8 milliards d’euros), se présentent comme assez réalistes. Révisions confortées par la performance de l’exercice 2012 où les banques ont déjà gagné 930 milliards de roubles (23,04 milliards d’euros), les revenus pour l’année 2011 s’élevant à 850 milliards de roubles (21,06 milliards d’euros). Et le potentiel des cartes de crédit en Russie reste immense, selon Alfa Bank, une banque russe qui témoigne que seuls 17% de citoyens russes sont détenteurs d’une au minimum, pour une population active d’environ 90 millions d’individus. ▲ Restauration. Un paradis gastronomique M oscou veut devenir un paradis gastronomique. Selon l’étude de l’administration fédérale, actuellement, la restauration moscovite est dominée par les chaînes de cafés et manque de diversité. En outre, la capitale Moscou compte un café pour quelque 1570 habitants, alors qu’à Londres ce chiffre est d’un pour 580 habitants et à Tokyo, d’un pour 90 habitants. L’administration 32 OCTOBRE 2013 a développé dans ce sens un projet de restauration à Moscou visant à améliorer cette situation. Le projet en question comprend de nombreuses mesures. Par exemple, la marque «Gastronomie moscovite» sera développée et l’image gastronomique de la ville sera améliorée grâce à l’ouverture de nouveaux restaurants et cafés de qualité. Une chaine de fast-food sera lancée, des cafés mobiles seront ouverts. Une école et des facultés de cuisine prépareront des spécialistes de restauration. La ville moscovite prévoit le lancement de musées et théâtres gastronomiques ainsi que de festivals de gastronomie russe. En plus, l’administration propose la mise en place d’un grand marché de gros à la périphérie du Nouveau Moscou commercialisant les produits de fabricants et fournisseurs russes. ▲ Automobile. Ça roule à Moscou L e Cabinet d’analyse Economist Intelligence Unit (EIU) a publié un classement des villes les plus chères du monde en termes de coût de possession d’une automobile. Moscou s’y classe en huitième position. Selon cette étude, acheter et entretenir une voiture dans la capitale russe revient plus cher qu’à Paris, Londres, Tokyo, New York et Zurich. Mais moins cher qu’à Shanghai, Sao Paulo, Delhi. Pour leur enquête, les chercheurs de l’EIU se sont basés sur le prix moyen d’achat d’une nouvelle voiture familiale (avec un volume moteur de 1,8l à 2,5l), ainsi que sur les coûts d’usage et d’entretien et les dépenses en combustible.Il s’avère que l’acquisition d’une nouvelle automobile familiale coûte environ 34.000 dollars à Moscou contre, à Londres par exemple, à peu près 30.000 dollars. Quant à l’entretien d’une voiture sur trois ans, les économistes britanniques en ont estimé le coût total à une moyenne de 17.000 dollars à Moscou, pour, à New York disons, près de 11.000 dollars. Parallèlement, les chercheurs britanniques se sont penchés sur la dynamique d’évolution des coûts liés à l’automobile dans plusieurs grandes villes du monde. Pour Moscou, le mouvement semble encourageant : au cours des trois dernières années, l’indice a baissé de 18 % (il n’a baissé que d’1,5 % à Londres, et, à Paris et Tokyo par exemple, il a même augmenté de, respectivement, 13 et 3 %). Pour illustration, à l’heure actuelle, les voitures coûtent moins cher aux États-Unis qu’en Russie. Un cross-over Suzuki Grand Vitara, par exemple, est aujourd’hui proposé à moins de 20.000 dollars sur les sites des concessionnaires officiels américains, soit une demi-fois moins cher qu’en Russie, où il coûte plus de 30.000 dollars. ▲ OCTOBRE 2013 33 Le plus LA NOUVELLE RUSSIE Le créneau du luxe Le créneau du luxe a le vent en poupe en Russie. Et pour cause, non seulement la Russie a la classe moyenne qui croit le plus rapidement, mais les millionnaires et les milliardaires sont aussi en plein essor. Ces Russes au très haut pouvoir d’achat s’intéressent au tourisme, aux excursions, à la gastronomie et bien entendu au shopping de luxe. La dolce vita! est question du secteur de la mode. La population urbaine représente plus de 73% de la population totale. Moscou, avec 9,5 millions d’habitants, est le leader dans la consommation du luxe (59% du marché), puis en second vient avec 16% de part de marché, la capitale culturelle de la Russie, Saint-Pétersbourg qui compte avec 4,6 millions d’habitants. Les 25 % qui restent sont répartis dans toutes les autres villes consommatrices de ce type de produits. Ensuite et surtout, parce que l’offre locale est peu importante, puisqu’elle constitue actuellement 20% du marché seulement, la majorité des produits étant importés. Le monde dans l’assiette Les Russes consacrent 13% de leurs revenus aux vêtements et aux chaussures, comparativement à 7% chez les Japonais et les Anglais. LES DÉPENSES EN NOURRITURE DES CONSOMMATEURS RUSSES AFFICHENT UNE PROGRESSION DE PRÈS DE 70% CETTE DERNIÈRE DÉCENNIE. 34 OCTOBRE 2013 E n Russie d’aujourd’hui, on est très loin de l’époque communiste. L’heure n’est plus aux files d’attente interminables pour se procurer les produits de première nécessité, mais à la sacralisation des produits de luxe. Sur le marché du luxe, cette attitude à l’égard de la consommation est facilement identifiable. C’est un spectacle quotidien, un véritable défilé de mode urbain, dans les rues de la capitale russe où les femmes sont perchées sur leurs hauts talons et moulées dans leur jolie robe! La Russie, par conséquent, constitue le cinquième marché en Europe dans le secteur de la mode. Les dépenses associées à ce secteur ont enregistré une croissance annuelle de 10 à 12% depuis quelques années, particulièrement dans les grandes villes. Les Russes consacrent 13% de leurs revenus aux vêtements et aux chaussures, comparativement à 7% chez les Japonais et les Anglais. Dans leurs stratégies de croissance à l’international, les groupes de vêtements de luxe mondiaux considèrent pour de bonnes raisons la Russie comme un pays d’une importance déterminante. D’abord parce que les grandes métropoles russes sont particulièrement à considérer lorsqu’il Ouvert au monde, le consommateur russe internationalise également son assiette: haute gastronomie, restauration rapide, jambon sec, fromages et vins européens, produits exotiques ou bio… autant de produits importés de plus en plus présents dans les cuisines russes, perçus comme étant de meilleure qualité que leurs équivalents locaux. Cette ouverture sur le monde a aussi favorisé une forte exposition des Russes aux autres modes de vie, notamment le mode occidental, ce qui se traduit par une hausse de la demande pour un choix de repas plus faciles et rapides à préparer. Même les produits alimentaires américains sont devenus fort populaires auprès des consommateurs russes. Par ailleurs, un nombre important de consommateurs russes fortunés se montrent intéressés et prêts à acheter des produits agroalimentaires de grande qualité et une tendance à «manger santé» croît en popularité auprès des jeunes consommateurs pour qui bonne forme et belle apparence physique sont des critères importants dans le choix de ce qu’ils mangent. Les revenus étant en pleine croissance, les dépenses en nourriture des consommateurs ont fait de même, affichant une progression de près de 70% cette dernière décennie. Les dépenses alimentaires représentent désormais plus d’un tiers du budget du ménage russe moyen. La Russie est même devenue le deuxième marché mondial d’importation de produits ali- Russie. People L e très select club d’élite des milliardaires voit de plus en plus arriver une foule de nouveaux capitalistes… russes. Mais ce n’est pas tout ! Ils sont arrivés même à déstabiliser l’âge moyen des milliardaires, notamment européens. Il y a cinq ans, celui-ci était de 62 ans. Aujourd’hui, il est de 58 ans, en partie grâce aux 87 milliardaires russes dont la moyenne d’âge est seulement de 46 ans. Sans les Russes, la moyenne d’âge remonte à 60 ans. Toutefois, leur présence se remarque encore plus parmi les milliardaires de moins de 40 ans: 13 sur 14 «jeunes» milliardaires viennent de Russie. A l’instar du quarantenaire Suleiman Kerimov, milliardaire par le contrôle de la société pétrolière Nafta Moskva qu’il a acquise par d’importants emprunts et qui est connu pour ses dépenses somptuaires. Selon le dernier classement de Forbes des hommes les plus riches de la planète, la fortune de Suleiman Kerimov est d’ailleurs estimée à 7,1 milliards de dollars. Mais l’homme le plus riche parmi les «under 40» est Sergei Popov, 36 ans, dont la fortune a été estimée à 6,4 milliards de dollars. Et pourtant il a commencé à gagner sa vie en vendant des métaux dans l’Oural et la Sibérie… C’est en se liant d’amitié avec Andrei Melnichenko, le propriétaire de MDM Bank, qu’il a commencé à faire fortune, notamment en achetant des parts des entreprises industrielles soudainement bon marché à la suite de l’effondrement du rouble en 1998. Les sommes gagnées lui ont permis des dépenses capricieuses, comme celle de demander à Whitney Houston et Christina Aguilera de se produire lors de son mariage en 2005. Autre record: Kostyantin Zhevago le nouveau nanab ukrainien n’avait que 19 ans lorsqu’il a débuté en tant que directeur financier d’une modeste banque. L’ascension a été fulgurante. Et ce n’est pas fini ! ▲ OCTOBRE 2013 35 Le plus LA NOUVELLE RUSSIE mentaires transformés, derrière la Chine. Les investissements dans le domaine ont surtout été réalisés à Moscou et Saint-Pétersbourg, pivots de la récente prospérité économique russe et marchés primaires pour les biens importés en raison du haut niveau de revenu disponible des consommateurs des deux grandes régions urbaines. A portée de clic En 2012, le marché du commerce électronique en Russie a grossi de plus de 30%. Ozon, un des leaders du secteur, l’année dernière a augmenté son bénéfice net de 63 %, pour atteindre les 7,77 milliards de roubles. Enter, un autre gros acteur a vu son chiffre d’affaires multiplié presque par sept au cours du premier trimestre 2013, jusqu’à 1,67 milliard de roubles. A l’heure actuelle, en Russie, il y a 32.000 magasins internet actifs. Le volume global du marché atteint 10 à 15 milliards de dollars, ce qui en fait, actuellement, le plus gros d’Europe orientale selon les dires d’Euromonitor International. D’ici 2015, le segment internet du détail en Russie devrait être multiplié par trois, et, d’ici 2020, occuper le quatrième rang mondial en volume. Près de 50 % des investissements venture en Russie dans le secteur des IT se font aujourd’hui sur des start-ups actives dans le domaine du e-commerce (le reste va aux technologies cloud, à l’offre de logiciels et aux télécommunications) comme le signale la compagnie Rossiskaya Venturnaya et PWC. Le public du commerce électronique en Russie s’étoffe lui aussi. En 2012, 41% des Russes ont augmenté le nombre de leurs achats par Internet. Ozon précise que le nombre de clients de ses magasins a grossi de 35 % en un an, et les visites mensuelles des sites du holding sont passées de 15,5 millions à 24 millions. Cette croissance active du e-commerce est liée à la pénétration d’un Internet fiable et bon marché dans les régions : 50 à 60 % du total des achats internet sont régionaux. «Même dans le segment du vêtement de luxe, la moitié des ventes se font au-delà des limites de Moscou et Saint-Pétersbourg, bien que le pouvoir d’achat de la population soit plus faible dans les régions», confirme Aïgul Khalikova, associée du cabinet de consulting McKinsey. «La croissance 36 OCTOBRE 2013 du e-commerce s’explique par le fait que l’on ne trouve pas, dans les villes de 100.000 à 300.000 habitants, le choix de marchandises qu’offre Internet», explique-t-elle. Les russes s’offrent le monde Non seulement la Russie a la classe moyenne qui croit le plus rapidement, mais les millionnaires et les milliardaires sont aussi en plein essor. Ces derniers ont un patrimoine de plus de 300 milliards de dollars US et20 % d’entre eux sont des Moscovites. Ces Russes au très haut pouvoir d’achat voyagent beaucoup de par le monde. Ils s’intéressent au tourisme, aux excursions, à la gastronomie et bien entendu au shopping de luxe. IMM international, cabinet spécialisé dans le conseil et la vente de médias en vol indique qu’en termes de chiffre, ce sont 26.9 millions de touristes russes qui ont voyagé hors de Russie en 2011 (un chiffre qui a plus que doublé ces quatre dernières années), dont 21.4 millions en Europe contre 5 .5 millions en dehors. Et ce n’est qu’un début. Le nombre de touristes russes voyageant à l’étranger devrait augmenter de 7% à 16% par an dans les prochaines années, 50% optent pour le tourisme balnéaire et voyagent en couple avec des dépenses conséquentes, selon IMM International.▲ Une étude sur ce que les Russes considèrent comme du luxe montre que pour 38% d’entre eux, c’est un jet privé, et 37% pensent à des voitures exclusives. 26.9 MILLIONS DE TOURISTES RUSSES ONT VOYAGÉ HORS DE RUSSIE EN 2011 DONT 21.4 MILLIONS EN EUROPE CONTRE 5 .5 MILLIONS EN DEHORS. OCTOBRE 2013 37 Horizon Export La Russie, puissance re-émergente ! C MAROC-RUSSIE Un rendez-vous attendu 39 LA RUSSIE, PUISSANCE RE-ÉMERGENTE ! 40 COOPERATION MAROC-RUSSIE BILAN ET PERSPECTIVES 42 ECHANGES MAROCO-RUSSES LES CHANCES DU MAROC 44 PROMOTIONS BUZZ AU PAYS DES TSARS 38 OCTOBRE 2013 onsacrée au rang de «puissance émergente», elle est le R des BRICS, aux côtés du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. La Russie, cinquième puissance économique mondiale, compte à l’échelle du monde. Son économie croît à un bon rythme d’environ 4% par an et son redressement économique est plus rapide que celui des pays développés. Le pays des Tsars dispose également des troisièmes réserves monétaires mondiales (après la Chine et le Japon) et fait figure de champion du désendettement (la dette russe est l’une des plus faibles au monde à hauteur de 10% du PIB). Les hydrocarbures ne sont pas en reste puisque la Russie détient les plus importantes réserves de gaz prouvées (premier producteur et exportateur mondial), les deuxièmes réserves de pétrole (premier producteur) et de charbon (sixième pays producteur). La Russie a également hérité de l’URSS une industrie lourde et technologique centrée sur l’aéronautique, la défense, le nucléaire et le spatial. Elle est encore le premier exportateur d’armes dans le monde. En août 2012, la Russie a adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après une durée record de dix-huit ans de négociation, avec pour espoir de passer à une économie de marché en engageant une série de réformes à même de renforcer le système commercial multilatéral via la facilitation des échanges économiques, tout comme les investissements étrangers, puisque les membres de l’OMC s’engagent, en théorie, à s’appliquer mutuellement la «clause de la Nation la plus favorisée», règle de droit international héritée du GATT (Général Agreement on Tariffs and Trade), l’ancêtre de l’OMC. Une mesure avec des avantages attendus pour les pays exportateurs qui résulteraient de la réduction des droits de douane, de la facilitation du commerce avec la Fédération russe et d’une meilleure prévisibilité dans la régulation de son commerce extérieur. Par ailleurs, la demande agricole et alimentaire domestique en augmentation devrait aboutir à un recours croissant de la Russie aux marchés extérieurs. Les retombées sont bénéfiques également pour la Russie puisque selon la Banque mondiale, cette adhésion devrait permettre à la Russie de gonfler son PIB de 49 milliards de dollars en trois ans. ▲ OCTOBRE2013 2013 39 OCTOBRE Horizon Export MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU table programme d’action pour le renforcement des relations bilatérales et de leur ouvrir de nouvelles et larges perspectives. Sur un autre registre de la politique étrangère de la Russie et dans la coopération de Moscou avec les pays africains, notamment dans les domaines économique et commercial, le Maroc occupe une place importante. Comme le montre la réunion des ambassadeurs de la Fédération de Russie accrédités au Maghreb et dans la région du Sahel, tenue à Rabat en mai dernier et co-présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Saâdeddine El Otmani et le vice ministre des Affaires étrangères russe Mikhail Bogdanov. COOPERATION MAROC-RUSSIE Bilan et perspectives Potentiel de coopération Pour Hassan Sentissi, président du Conseil d’Affaires Maroco-Russe et président de l’ASMEX (Association marocaine des exportateurs marocains) : «une quinzaine de secteurs d’activité sont concernés par ce partenariat, constituant ainsi la plateforme de travail du Conseil d’affaires Maroco-Russe, qui, lui, a été créé en 2006», précise-t-il, ajoutant que «les mesures prises aussitôt ont eu un impact direct sur la restructuration des relations commerciales entre les deux pays et la dynamisation des échanges, mais beaucoup reste encore à faire. Néanmoins, je peux dire que le marché russe est désormais considéré comme une cible prioritaire pour le développement du commerce extérieur national». En effet, le Maroc et la Russie ont dernièrement multiplié les initiatives et les missions diplomatiques et ils en récoltent déjà les bénéfices. Chacun des deux pays considère désormais l’autre comme partenaire stratégique. «À partir de là, il est important de noter que nous sommes devant un marché immense et tellement méconnu des opérateurs économiques marocains qu’il faudra redoubler d’effort pour initier l’exportateur marocain à ce marché spécifique et faire découvrir Le Maroc et la Russie ont qualifié de «distingués» leurs liens et forment le vœux de voir la coopération bilatérale s’intensifier dans les domaines économique, commercial, touristique et des investissements. LE MAROC ET LA RUSSIE ONT DERNIÈREMENT MULTIPLIÉ LES INITIATIVES ET LES MISSIONS DIPLOMATIQUES, CHACUN DES DEUX PAYS CONSIDÈRE DÉSORMAIS L’AUTRE COMME PARTENAIRE STRATÉGIQUE. E D ans le cadre de l’ouverture de son économie, le Maroc continue à renforcer davantage sa coopération multidimensionnelle à travers la mise en place de partenariats stratégiques avec plusieurs pays. En termes d’échanges commerciaux, la coopération maroco-russe est quelque peu modeste. Cependant, on constate une particularité primordiale: Rabat et Moscou aspirent à diversifier leurs liens économiques. Une volonté concrétisée par la visite officielle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Fédération de Russie, en octobre 2002, et OCTOBRE 2013 Sur la bonne voie En attendant, la Russie figure parmi les 10 premiers partenaires commerciaux du Maroc. Et le Maroc, qui le lui rend bien, est le premier partenaire commercial de la Russie aux niveaux africain et arabe avec 12% des échanges, avec un chiffre arrondi à 2,4 milliards de dollars comme chiffre global des échanges avec la Fédération pour l’année 2012. «Nos ambitions, c’est au moins arriver, de nouveau, aux trois milliards réalisés en 2010. Les échanges entre les deux pays se sont nettement raffermis durant la dernière décennie», confirme Hassan Sentissi regrettant que «cela ait essentiellement profité au partenaire russe qui a fait progresser ses exportations de 2,7 milliards de dirhams à 16,5 milliards entre 2000 et 2011». Durant cette même période, les exportations marocaines destinées à ce marché se sont élevées de 644 millions de dirhams à seulement 2,15 milliards en 2011, avec un pic à 3 milliards en 2010. Un déficit dû à la nature des produits importés de Russie et qui sont essentiellement énergétiques dont les prix ont explosé durant la dernière décennie. Un écart qui pousse aujourd’hui le Maroc à redoubler d’effort et à rapprocher les exportateurs marocains de ce marché à fort potentiel, notamment pour diversifier l’offre marocaine vers de nouvelles niches. «Le Maroc et la Russie peuvent encore mieux faire. Il y a des domaines et des secteurs où nous pouvons encore améliorer nos réalisations», conclut Hassan Sentissi sur une note optimiste. ▲ LES EXPORTATIONS MAROCAINES DESTINÉES AU MARCHÉ RUSSE SE SONT ÉLEVÉES DE 644 MILLIONS DIRHAMS, EN 2000, À 2,15 MILLIARDS EN 2011. Produits de la mer. Un marché mature. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie avec M. Saâdeddine El Othmani 40 les produits et l’offre exportable marocaine aux consommateurs russes», annonce Hassan Sentisi sur un ton injonctif en précisant qu’«il y a énormément de niches que nous devons explorer des deux côtés. Les russes qui disposent de capitaux assez importants sont à la recherche de placements et d’investissements et le Maroc, grâce à sa position stratégique par rapport à l’Afrique, se doit d’attirer les investisseurs russes». qui a donné un nouvel élan aux relations des deux pays dans tous les domaines, notamment dans les domaines des pêches maritimes, de la recherche scientifique et technique, de l’espace et des technologies de télécommunications, sans négliger la volonté des deux pays d’examiner les possibilités de coopération militaire. Mais l’événement saillant de la visite Royale a été la signature par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président Vladimir Poutine de la Déclaration sur le Partenariat Stratégique entre les deux pays . Elle constitue en fait un véri- n matière halieutique, il faut dire que dans le chapitre halieutique des échanges extérieurs du Maroc, la Russie fédérale, qui absorbe une grande partie des exportations du Maroc, est déjà bien présente. Une situation qui évolue de plus en plus. Certains exportateurs marocains du secteur y sont établis depuis bien longtemps, à l’instar de la société Copelit Maroc, spécialisée dans la production de farine, huile de poisson et congélation du poisson pélagique. Selon son directeur d’exploitation de l’unité de farine de poisson, Mustapha Bouyaknifen, la société Copelit a su s’imposer sur le marché russe, connu pour être très exigeant, et ce grâce à la qualité de leurs produits ainsi que celle de leurs services: «Cela fait 15 ans que nous exportons régulièrement vers la Russie avec d’importants clients, aussi fidèles qu’exigeants, notamment sur le plan de la qualité. Nous avons suivi leur demande et ils nous ont accompagnés dans les différentes étapes de mise à niveau et de modernisation de nos outils de production. Aujourd’hui, je peux dire que nous avons quintuplé nos livraisons vers le marché russe, avec une belle évolution annuelle moyenne de l’ordre de 25 à 30%. Avec nos clients et partenaires russes, nous visons le long terme. Pour nous, la Russie n’est plus un marché spot, mais un marché présentant des perspectives très prometteuses pour plusieurs produits autres que la farine de pois- son, je pense notamment au poisson congelé». D’autres professionnels du secteur partagent cet optimisme, notamment la filière de conserves de sardines. Et pour cause, la Russie est depuis longtemps considérée comme le plus grand importateur de sardines au monde, denrées, faut-il le préciser, qui sont des produits phares pour le Maroc et dont il est premier exportateur mondial et premier producteur de la sardine (Sardina pilchardus) avec près de la moitié des débarquements mondiaux, suivi par l’Espagne. Et ce malgré le volume de production qui fluctue beaucoup suite à l’irrégularité d’approvisionnement des unités de transformation. C’est dire le manque à gagner! ▲ OCTOBRE 2013 41 Horizon Export MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU ECHANGES MAROCO-RUSSES Les chances du Maroc La récente adhésion de la Russie à l’OMC et le partenariat stratégique signé avec la Fédération sont autant de leviers pour structurer une offre exportable attractive, dès lors que les maillons de cette offre se rejoignent. La mobilisation de la coopération serait incomplète si elle n’intègre pas les aspects culturels, scientifiques et universitaires. les phosphates et dérivés, les aliments pour bétail, l’artisanat …», énumère Hassan Sentissi doublement motivé par les casquettes de président de l’ASMEX et du Conseil d’Affaires Maroco-Russe, ajoutant «je tiens par ailleurs à souligner que le secteur du tourisme est un secteur d’avenir pour le partenariat maroco-russe. Il est regrettable de constater que sur les dizaines de millions de touristes russes qui parcourent le monde, moins de 50.000 seulement viennent au Maroc. Ils allaient essentiellement en Égypte et en Tunisie, le Maroc a toutes les chances aujourd’hui de capter une grande partie de cette clientèle». C’est d’autant plus vrai que les autorités russes ont récemment recommandé aux tours opérateurs du pays de ne plus vendre de séjours en Égypte, en raison de son instabilité politique, et que le problème de transport qui était jusque-là un handicap pour attirer les touristes russes vers le Maroc vient d’être résolu. La compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc (RAM), sur proposition du Comité d’affaires maroco-russe, a donné son accord pour que les touristes russes viennent au Maroc au prix du charter et a augmenté le nombre de vols à trois fréquences par semaine, avec l’objectif d’ aller vers cinq fréquences très prochainement. Ce qui fait dire à Hassan Sentissi qu’«Il va falloir créer des partenariats avec les tours opérateurs russes qui sont d’ailleurs demandeurs». De l’importance de la culture Sur un autre registre, en considération de la place que revêt la culture dans le rapprochement des peuples et la création d’importants flux humains (tourisme, enseignement...) et commerciaux, les membres du Conseil d’affaires maroco- russe vantent le dynamisme de la représentation diplomatique marocaine à Moscou qui, en partenariat avec Maroc Export, ont pu organiser des expositions artistiques, culturelles et d’Artisanat dans ce but. À ce titre, le Conseil d’affaires marocorusse rappelle la participation marocaine à l’une des plus importantes manifestations à l’étranger où le patrimoine artistique et culturel marocain a marqué les esprits des partenaires russes. Il s’agit de la première Session de l’Arabia Expo, une exposition qui vise à contribuer à l’établissement des liens entre les associations d’hommes d’affaires russes et arabes, entre les chambres de commerce et d’industrie et les structures financières au niveau régional, et où pour l’édition 2013, l’artisanat, le tourisme et la culture se sont donné le mot à Kazan, capitale du Tatarstan. Et ce n’est pas tout. Maroc Export, le Conseil d’affaires maroco-russe et l’Asmex envisagent de concert de promouvoir des événements similaires dans différentes villes russes. Hassan Sentissi, conscient du facteur culturel dans l’amélioration des échanges commerciaux entre les différents pays abonde dans ce sens: «la mobilisation de la coopération serait incomplète si elle n’intègre pas les aspects culturels, scientifiques et universitaires. Dans cet esprit, la mise en œuvre des dispositions de l’Accord culturel et éducatif, signé en 2006, devrait cibler la question des équivalences des diplômes, la programmation annuelle des semaines culturelles et l’enseignement des langues arabe et russe dans les établissements universitaires des deux pays». Une ambition que l’ASMEX cherche à concrétiser en initiant un partenariat entre une université marocaine et l’Université NGIMO de Moscou. ▲ RAM A DONNÉ SON ACCORD POUR QUE LES TOURISTES RUSSES VIENNENT AU MAROC AU PRIX DU CHARTER ET A AUGMENTÉ LE NOMBRE DE VOLS À TROIS FRÉQUENCES PAR SEMAINE. 3 questions à Hassan Sentissi. Président de l’ASMEX L’OFFRE MAROCAINE DISPOSE D’ATOUTS COMPÉTITIFS EN RUSSIE QU’IL FAUT RENFORCER FACE À DES CONCURRENTS DE TAILLE TELS QUE LES ETATSUNIS LE CANADA OU ENCORE LA TURQUIE. 42 OCTOBRE 2013 C ’est clair, le Maroc importe beaucoup plus qu’il n’exporte. C’est en particulier vrai avec la Fédération de la Russie, avec 16,5 milliards de dirhams de produits importés contre 2,15 milliards de dirhams de produits exportés pour l’année 2012. Un millésime moyen appelé à se bonifier pour résorber le déficit commercial qui a découlé du renforcement du partenariat économique entre les deux pays. Car jusque-là, les exportations marocaines vers la Russie sont dominées par les fruits et légumes, avec notamment les agrumes, dont ce pays est particulièrement friand. Les Russes, on le sait, ont une préférence particulière pour l’orange marocaine, plus précisément la clémentine. L’autre produit fortement exporté vers la Russie est la farine de poisson. En gros, le Maroc exporte des produits primaires fortement exposés à des problèmes de capacité de production et des conditions climatiques. D’où la mobilisation de la partie marocaine en vue d’accroître les exportations vers ce pays, au regard des parts de marchés conséquentes à prendre depuis la récente adhésion de la Russie à l’OMC (Organisation mondiale de commerce) en août 2012. «Le potentiel du marché russe, particulièrement regardant sur la qualité, est considérable, notamment au niveau de certains secteurs où l’offre marocaine dispose d’atouts compétitifs certains qu’il faut renforcer face à des concurrents de taille tels que les États-Unis le Canada ou encore la Turquie. Parmi les autres produits appelés à se développer sur ce marché, je citerai l’aviculture, les produits halal tous types confondus, les produits de la pêche, l’huile d’olive, l’huile d’argan, Où en sont les investissements russes au Maroc ? Il y a un marché très porteur au Maroc pour les investisseurs russes. Ils doivent venir au Maroc pour profiter de la croissance marocaine et du hub Maroc en direction de l’Afrique subsaharienne. La Russie peut participer à la réalisation des nombreux plans sectoriels industriels en cours au Maroc tels que l’énergie, l’agriculture, la pêche, les TIC , l’aéronautique, la mécanique… Sans parler des possibilités de partenariat Marocorusse en Afrique subsaharienne dans divers secteurs tels que les mines, les BTP, l’énergie, la pêche, les ports et le transport maritime, la finance… À ce titre je rappellerai qu’au moment où le Maroc n’attire que des montants réduits d’investissements russes, ce pays est un important pourvoyeur d’IDE à l’étranger. En 2010, ce sont pas moins de 50 milliards de dollars d’investissements directs russes qui ont été recensés dans le monde, le Maroc n’en a reçu qu’une infime partie. C’est regrettable au regard des potentialités offertes par le Maroc à travers ses différentes stratégies sectorielles et de l’ampleur des IDE russes au cours des dernières années. Mais des perspectives favorables se dessinent à l’horizon. Outre le commerce des biens, l’ASMEX compte s’activer dans ce volet également. Quelles sont les difficultés et les spécificités pour l’accès au marché russe ? Initialement, le premier blocage est celui de la langue, mais à mon sens, à l’ère de la mondialisation, c’est devenu un faux problème. En tout cas, c’est un problème facilement surmontable. Il y avait effectivement le problème de transport, mais cela a été réglé grâce à la solution trouvée avec la RAM. Par ailleurs, il est important de savoir que la Russie a adhéré à l’OMC, et cela, à mon sens, favorisera encore plus les échanges commerciaux. La Russie est un marché particulièrement regardant sur la qualité et nous avons des concurrents de taille tels que les Etats-Unis le Canada, la Turquie… mais il n’y a pas de barrières non tarifaires. Quelles sont les pratiques en matière de paiement des exportations et leur sécurisation ? Les exportations vers la Russie ne diffèrent pas de celles adressées au reste du monde. Il faut respecter la réglementation en vigueur dans le pays cible et rester vigilant en terme d’évaluation des risques selon les secteurs d’activité. Il existe comme vous le savez des systèmes d’assurance export qui couvrent le risque et qui permettent aux exportateurs de minimiser leurs risques. ▲ OCTOBRE 2013 43 Horizon Export MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU PROMOTION Buzz au pays des TSARS L’économie russe est considérée comme suffisamment prometteuse et saine pour que les entreprises marocaines s’y intéressent. Dans ce sens, des actions conjointes sont menées par Maroc Export, le Conseil d’affaires russo-marocain et l’ASMEX. C LE CONSEIL INTERVIENT POUR INSISTER SUR LE RÔLE DES ÉCHANGES BILATÉRAUX ET SUR L’IMPORTANCE GÉOSTRATÉGIQUE DE NOTRE PAYS 44 OCTOBRE 2013 ontrairement à une idée reçue, le pétrole n’est plus le moteur de la croissance en Russie. C’est la consommation, qui, depuis dix ans, compte pour 80% de la croissance. Une tendance tirée par une population de 144 millions qui fait de la Russie un marché de consommateurs à fort potentiel appelé à devenir le premier en Europe et le 4e mondial à l’horizon 2020. Des raisons qui font que de plus en plus d’entreprises marocaines exportatrices cherchent à prospecter en Russie. L’initiative revient conjointement à Maroc Export, qui continue à faire preuve d’une plus grande diversification géographique vers des marchés à fort potentiel, et ce en organisant des missions collectives destinées à faire découvrir le marché russe ou à conforter un courant d’affaires existant dans le cadre de rendez-vous BtoB, ainsi qu’à l’Asmex (Association des exportateurs marocains) et au Conseil d’affaires maroco-russe qui n’a eu de cesse de créer l’occasion pour insuffler une dynamique supplémentaire, inciter et promouvoir les échanges maroco-russes. Hassan Sentissi, président dudit Conseil, en veut pour exemples « l’organisation, en 2011, à Casablanca, de la dixième session du Conseil arabo-russe et la troisième session du Conseil maroco-russe ou encore la participation marocaine à des événements majeurs cette année en cours, tels que Arabia Expo, le Forum économique russoafricain (URAL Expo) d’Ekaterinbourg, ou encore le Forum Economique mondial de Saint Petersbourg ». Ces différentes rencontres ont été l’occasion de confirmer, encore une fois, le potentiel de croissance des échanges commerciaux entre le Maroc et la Russie et l’engagement des deux pays de donner une nouvelle dimension aux relations bilatérales. C’est en tout cas le credo du président du Conseil marocorusse qui note « qu’à chacun de ces événements, le Conseil intervient pour insister sur le rôle des échanges bilatéraux et sur l’importance géostratégique de notre pays pour servir de bridge entre la Fédération de la Russie et les pays africains, en explicitant les opportunités à saisir pendant cette période très spéciale que traversent les pays du nord de la Méditerranée, d’un côté, et ceux du Sud, de l’autre ». Intérêt grandissant L’intérêt est tel pour le marché russe qu’il a été inscrit en tête des destinations d’intérêt dans le cadre du plan d’action 2013-2015 de l’Association marocaine des exportateurs. Dans ce cadre, un programme spécifique et le déploiement d’une activité structurée en direction de cette destination ont été mis en place. Plusieurs actions ont déjà été entreprises lors du premier semestre de l’année en cours, à l’instar de l’organisation de la participation des exportateurs marocains à plusieurs rendez-vous commerciaux et économiques en Russie, en plus de la création de plusieurs occasions de B2B. La dernière en date a été organisée par Maroc Export au profit du secteur du textile à Moscou. De plus, l’Asmex prépare l’ouverture d’une représentation commerciale à Saint Petersbourg. Une mesure qualifiée de «louable» par les exportateurs marocains, car elle leur permettra d’assurer un cadre continu de suivi des relations commerciales et d’appui sur le terrain. Aussi et dans la cadre des efforts de l’ASMEX de trouver et développer des créneaux porteurs pour les exportateurs marocains, l’association est en train de mettre en place un programme d’accompagnement des opérateurs désireux de se certifier Halal à destination des marchés extérieurs, en général, et en Russie, en particulier, vu que l’industrie du halal devient rapidement très populaire en Russie. Le nombre de sociétés russes ajoutant l’inscription halal à leurs affiches publicitaires ne cesse d’augmenter. Les fruits des efforts Autant d’efforts qui commencent à porter leurs fruits. Puisque l’Asmex, en partenariat avec Maroc Export, a envisagé de convier une quarantaine d’hommes d’affaires russes avec la participation massive de tour-opérateurs qui viendront ainsi visiter le Maroc et le recommanderont ensuite à leurs clients pour des séjours touristiques. Une initiative qui fait suite à la campagne de promotion de la destination Maroc opérée par la Royal Air Maroc qui s’est étalée sur tout le mois d’août dernier dans les médias (trois radios locales russes), ainsi qu’à travers des panneaux Les campagnes de promotion de publicitaires lumineux et des affiches au la destination Maroc en Russie niveau des stations du métro moscovite, se multiplient au profit de met en exergue la richesse et la diversité l’amélioration des échanges entre les deux pays. du produit touristique marocain. Toujours sur le volet touristique, Hassan Sentissi tient à annoncer «en avant-première» que: «deux groupes touristiques russes ont exprimé leur volonté de construire des motels au sud du Maroc pour faire profiter les touristes russes du soleil marocain lorsqu’il fait-40 degrés chez eux». Pour sa part, le conseil d’affaires maroco-russe œuvre pour l’organisation de «la semaine du Maroc» dans les grandes villes russes IL EST IMPORTANT en vue de faire la promotion de la destination Maroc pour le business, mais aussi QUE LES ACTIONS le tourisme. En termes de facilitation de la PROMOTIONNELLES SOIENT circulation des personnes, le Conseil d’afPERMANENTES ET NON faires œuvre pour assouplir les conditions d’obtention de visas pour les Marocains et OCCASIONNELLES les possibilités de leur accorder des visas long séjour, voire jouer la carte de la réciprocité comme font les Marocains avec les Russes. Mais pour développer toutes ces actions, il est important que les actions promotionnelles soient permanentes et non occasionnelles. À bon entendeur. ▲ OCTOBRE 2013 45 Horizon Export MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU PROMOTION Géostratégie commerciale Tout en préservant ses parts acquises dans ses marchés d’exportation traditionnels, le Maroc fait le choix de toucher des nouveaux marchés en se tournant de plus en plus vers les pays émergents. Notamment vers les pays de l’Europe de l’Est. D LES MISSIONS D’AFFAIRES DANS LES PAYS DE L’EST ONT DÉMONTRÉ QUE LE MAROC DISPOSE D’UN AVANTAGE COMPÉTITIF EN TERMES DE QUALITÉ DE L’OFFRE ET DE PRIX DANS L’AGROALIMENTAIRE ET LE TEXTILE. 46 OCTOBRE 2013 ans le cadre de ses activités promotionnelles en faveur de l’offre exportatrice marocaine, Maroc Export a accompagné, en mai 2013, 15 sociétés leaders dans le secteur de l’agroalimentaire (produits frais et transformés) à une mission de rencontres professionnelles en Pologne et en Hongrie. Les participants qui ont pris part à cette mission représentent plus de 90% des exportations du secteur national. Cette mission, organisée par Maroc Export en collaboration avec la FIFEL (Fédération interprofessionnelle de production et d’exportation de fruits et légumes) et en partenariat avec la CGEM et le conseil d’affaires Maroco-Hongrois, a permis de donner une opportunité à l’offre marocaine pour exposer ses capacités en vue de s’enquérir, voire pour mieux répondre aux attentes des importateurs polonais et hongrois. Les prospects qui ont été ciblés pour cette mission sont les grossistes, les grandes et moyennes surfaces et les importateurs. En Pologne, il s’agit de Targban (principal importateur de fruits et légumes en Pologne), Carrefour Pologne, Auchan Pologne, Real (Groupe Metro), Fresh World. En Hongrie, il s’agit de Mirsa (importateur de fruits, légumes et viandes pour la surgélation), Mota (importateur de fruits et légumes), et CBA (principale chaîne de supermarchés de Hongrie). Cette mission a permis de mieux cerner ces marchés, leur circuit de distribution axé toujours sur le réseau d’épicerie tout en prenant en considération la montée de grands distributeurs, de connaître le positionnement du Maroc par rapport à ses concurrents, notamment espagnols et turcs. Il en résulte que le Maroc devrait structurer son offre en termes de visibilité et de communication, lancer une réflexion en matière de création d’une plateforme logistique des exportations marocaines vers ces pays et en matière de procédures de dédouanement et formalités administratives d’import pour un flux d’affaires direct du Maroc vers ces marchés, et voire même vers la Russie et toute l’Europe centrale et de l’Est. Opportunité a saisir pour le textile Pour les opérateurs du secteur de textile, Maroc Export a organisé en juin 2013 une mission à Moscou, Russie. Avec pour objectifs la mise en œuvre d’un programme de rencontres d’affaires entre les fabricants marocains et les acheteurs russes, l’organisation de réunions B to B en mode showroom chez les enseignes et quelques maisons russes et l’encadrement et introduction des entreprises marocaines sur le marché russe. Fait majeur, il est à noter une nouvelle tendance: une recherche de tendances orientalistes due a l’influence du développement du tourisme des Russes vers les pays du Maghreb. Cette tendance se concrétise par un désir de se créer à la maison un petit coin de «Soleil». Sans oublier l’immense population musulmane de Russie (environ 10%) au pouvoir d’achat élevé et qui est à la recherche de produits «orientalistes». Le marché russe de l’habillement n’est pas en reste, vu qu’il est l’un des plus dynamiques de l’économie du pays. Il enregistre une croissance permanente due en particulier à l’émergence d’une classe moyenne de plus en plus nombreuse, plus de 25% de la population, et qui dope les ventes du secteur. Pour les entreprises marocaines ayant pris part au voyage, les points forts de la mission étaient la qualité des contacts établis. En effet, chaque entreprise marocaine dans le textile de maison a eu au moins 3 demandes d’envois de collection avec les grilles des prix, en ce qui concerne le textile de l’habillement, tous attendent des prototypes de produits et des collections. Ces missions d’affaires ont démontré que le Maroc dispose d’un avantage compétitif en termes de qualité de l’offre et de prix dans deux grands secteurs nationaux que sont l’agroalimentaire et le textile. Forts de cette visibilité, les acteurs marocains de l’exportation ont les cartes en main pour mettre en œuvre des stratégies d’exportation vers ces pays ciblés. Charge à eux de s’imposer dans la compétition mondiale! ▲ OCTOBRE 2013 47 Cahier de l’exportateur 5 MARKETING idées reçues à démonter pour apprendre le russe Il y a tout plein de bonnes raisons de ne pas apprendre le russe! Voilà 5 «idées reçues » à combattre pour aisément imaginer qu’il y a intérêt à apprendre la langue des Tsars ! 1 2 48 OCTOBRE 2013 Le russe, ça ne sert à rien ! Faux! Apprendre le russe peut servir à beaucoup de choses. La Russie est une passerelle naturelle entre l’Europe et l’Asie: plus de 144 millions d’habitants en Russie et 300 millions en ex-URSS utilisent le russe comme langue de communication. De plus, la Russie est un marché en pleine expansion qui intéresse les hommes et femmes d’affaires de par le monde. Or les hommes d’affaires russes apprécient lorsque leurs interlocuteurs parlent un peu le russe. Apprenez les rudiments du russe rapidement et vous vous sentirez plus à l’aise une fois sur place. Apprendre le russe prend des années ! Bien sûr, vous ne parlerez pas couramment le russe après 3 semaines de cours intensifs, ni d’ailleurs aucune autre langue étrangère. En même temps, motivé et avec une bonne méthode, on peut bien apprendre les bases de la langue en six mois. Et une personne qui tient sa motivation dans la durée peut très bien atteindre un niveau tout à fait raisonnable, en moins de 2 ans, vous permettant d’avoir les conversations usuelles de la vie de tous les jours et même faire des affaires ! 3 4 5 L’alphabet russe, c’est trop compliqué ! Si vous pensez ainsi, attendez de savoir que pour apprendre le chinois, la langue la plus parlée dans le monde, il vous faudrait connaître par cœur plusieurs milliers de caractères (5000) pour être en mesure de lire… le journal. Le russe compte seulement 33 lettres et signes (10 voyelles, 21 consonnes et 2 lettres qui n’ont pas de son, à l’instar des lettres muettes en français) dont la plupart ne vous sont pas inconnues d’ailleurs. Sur les 33 lettres, seules 15 lettres sont réellement à apprendre, car il y a de fortes chances que vous connaissiez déjà les autres. Dans ce cas, vous en savez déjà presque la moitié ! Les méthodes de russe se valent Que nenni! Justement, il y a «méthode et méthode». Il faut savoir que les Russes, depuis leur ouverture sur le monde, font promouvoir l’étude et l’enseignement de la langue russe, ainsi que toutes les cultures que cette langue véhicule. Dans ce sens, les spécialistes russes ont développé d’excellentes méthodes, même si elles nécessitent une discipline particulière, mais qui permettent dès la seconde semaine, de lire, même sans comprendre, mais au moins en reconnaissant les mots et en les prononçant. Puis ensuite, on apprend des petites phrases, les pronoms, les cas, un par un et ainsi de suite… Le russe, c’est comme tout, ça s’apprend ! Il faut être un véritable intello pour apprendre le russe ! Heureusement, c’est faux ! Même si plusieurs scientifiques apprennent le russe pour accéder à maints travaux en mathématiques, physique, chimie (domaine où la recherche soviétique puis russe restent inégalées) et qui ne sont accessibles qu’en russe, pour apprendre le russe, l’amour de la Russie et de la culture russe vous aideront plus que tout. La curiosité pour cette langue magnifique et pour la culture qui va avec fera le reste. OCTOBRE 2013 49 Cahier de l’exportateur FINANCE Jauger le marché Le succès de toute exportation dépend de la maîtrise du risque de non paiement qui lui en est inhérent. Sur ce registre, le marché russe ne présente pas plus de risques que d’autres marchés. P IL EST DE COUTUME DE RECOURIR À UNE GARANTIE ÉMISE CONFORMÉMENT À UNE LÉGISLATION ÉTRANGÈRE AUTRE QUE RUSSE, CE QUI EST GÉNÉRALEMENT ACCEPTÉ PAR LES TRIBUNAUX RUSSES. lusieurs études sur le comportement de paiement en «BtoB» concernant les exportations vers la Russie attestent que «la majorité des relations entre fournisseurs étrangers et clients russes se déroulent de manière satisfaisante et conformément aux dispositions contractuelles». Toutefois, et à l’instar de toute opération d’export, des réflexes et règles en matière de maîtrise du risque de non-paiement doivent être de mise de la part de l’exportateur. En outre, il serait nécessaire que l’exportateur fasse preuve d’une vigilance supplémentaire du fait que le marché russe recèle un certain nombre de spécificités. Sur ce plan, Adil Doulabi, expert en entrepreneuriat et finance stipule que: «pour se prémunir contre le risque de non-paiement, il existe à l’endroit de l’exportateur une multitude de garanties, d’instruments et de solutions de sécurisation des paiements. La décision finale du choix de l’outil de couverture du risque de non-paiement doit être prise en fonction d’une évaluation des risques à la lumière des circonstances spécifiques et des préférences des parties ainsi qu’en fonction des circonstances propres à la transaction considérée». Du business en toute sécurité Parmi les garanties possibles, Adil Doulabi énumère entre autres «la garantie ou caution accordée par une société affiliée au groupe auquel fait partie l’entreprise importatrice, le gage sur les produits fournis ou sur un autre bien immobilier propriété du client et enfin l’hypothèque sur un bien immobilier de l’importateur ou toute autre personne morale», rajouter que «dans le cas d’export vers le marché russe, ces garanties peuvent présenter quelques limites dues essentiellement aux spécificités du marché, de l’environnement des affaires et des pratiques commerciales en Russie, par exemple, la délivrance d’une garantie bancaire dans le cadre d’un contrat de vente est rare en Russie, le coût étant considérable, le gage sur les produits fournis ou tout autre bien du client peut poser des difficultés dans le cas d’une vente à un tiers. L’hypothèque est aussi une option qui n’est pas sans poser quelques difficultés quant à son évaluation en plus du fait qu’il n’est pas souvent très pratique de négocier une hypothèque pour garantir un contrat de fournitures». Maître Moustafa Degdeg, avocat d’affaires au Barreau de Casablanca note, par ailleurs, que: «la constitution d’une hypothèque doit faire l’objet d’un accord détaillé d’hypothèque qui doit être enregistré auprès du bureau russe des titres fonciers». Maître Degdeg évoque également une particularité de la législation russe qui exige que la garantie ne soit émise que par une banque et pas par d’autres personnes morales, et de ce fait, toute caution non bancaire, demeure en Russie un instrument de garantie subsidiaire. Dans le même ordre d’idées, Degdeg précise: «il est de coutume de recourir à une garantie émise conformément à une législation étrangère autre que russe, ce qui est généralement accepté par les tribunaux russes». Concernant le paiement, pour Adil Doulabi, le mode de règlement le plus garanti, et le plus recommandé pour une société voulant exporter pour la première fois en Russie, est «la lettre de crédit (payable à 3 mois) irrévocable et confirmée avec une garantie bancaire d’une grande banque russe, en cas de doute». Doulabi rappelle qu’on peut exiger toujours le paiement en avance, «mais il faut que l’importateur accepte et qu’il y ait suffisamment de confiance entre les deux partenaires». ▲ La Smaex assure. A u Maroc, la SMAEX, Société marocaine d’assurance à l’exportation, offre un service d’assurance de prospection en destination des exportateurs, et pour lequel elle agit en tant que mandataire de l’Etat. Notamment dans le cadre de la stra- 50 OCTOBRE 2013 tégie visant à insuffler les entreprises marocaines dans une dynamique pérenne d’export. Toujours sous la forme d’une avance remboursable en cas de succès, l’assurance prospection proposée par l’organisme comporte deux produits: une Assurance prospection normale (APN) pour des exportateurs bien établis, et une Assurance prospection simplifié (APS) destinée essentiellement aux PME et aux entreprises de création récente dont le chiffre d’affaires à l’exportation ne dépasse pas 1 million de dirhams. ▲ OCTOBRE 2013 51 Cahier de l’exportateur JURIDIQUE Les précautions à prendre Dans le contexte de changements rapides qui caractérisent la Russie d’aujourd’hui, l’expertise du marché russe constitue un atout solide pour une protection efficace des sociétés marocaines et de leur développement en Russie. Un balisage juridique s’impose. L IL EST ESSENTIEL DE PRÉCISER INTÉGRALEMENT AU NIVEAU DE TOUT DOCUMENT CONTRACTUEL LA RAISON SOCIALE, LA FORME JURIDIQUE ET L’ADRESSE DE L’ACHETEUR AFIN D’IDENTIFIER CLAIREMENT LES PARTIES AU CONTRAT a Fédération de Russie a toujours constitué un marché très important pour les exportateurs et les investisseurs de par le monde. Cette attractivité a été renforcée depuis août 2012, date à laquelle la Russie est devenue membre à part entière de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Surtout que dans le cadre de son adhésion, elle a pris un certain nombre de mesures visant à ouvrir son économie. Parmi les principales conséquences, il y a lieu de citer la baisse des droits de douane de 10% à 7,8% en moyenne sur les produits, une ouverture davantage d’un certain nombre de secteurs (industries et services) aux investisseurs étrangers et une limitation des formes de soutien de l’Etat. Pour les entreprises marocaines, cette ouverture pourrait se traduire par l’apparition de solides opportunités dans différents secteurs qui n’attendaient qu’à être saisies. Toutefois, et parce que l’environnement juridique n’est pas assez stable du fait de la récente adhésion à l’OMC, les exportateurs marocains ont besoin d’une meilleure exploitation de cette nouvelle donne pour favoriser leurs exportations vers ce marché à fort potentiel. Dans ce sens les avocats d’affaires leur conseillent de connaître les principales nouveautés en matière de règlementations et tarifs douaniers et de tenir compte de quelques spécificités juridiques et pratiques du marché russe au niveau du processus d’export vers la Russie. La bonne démarche À la question de savoir quelles sont les principales nouveautés survenues en matière de règles et droits de douane suite à l’adhésion de la Russie à l’OMC, maître Moustafa Degdeg, avocat d’affaires au barreau de Casablanca, les synthétise comme suit: «désormais, en moyenne, le plafond tarifaire est de 7,8% contre 10% en moyenne avant l’adhésion pour l’ensemble des produits. Le plafond tarifaire moyen applicable aux produits agricoles est de 10,8 %, ce qui est inférieur à ce qu’il était (13,2%) et le plafond moyen applicable aux produits manufac- 52 OCTOBRE 2013 turés importés est de 7,3% contre 9,5% avant». Pour ce qui est des spécificités juridiques et pratiques du marché russe, et afin de favoriser un succès durable de ses exportations vers cette destination, il est des règles que l’on se doit de respecter, en sus des règles générales et classiques de préparation et d’informations juridiques nécessaires pour exporter vers n’importe quel autre pays dans le monde. Dans ce registre, le droit russe présente certaines caractéristiques et spécificités pratiques que tout exportateur marocain envisageant vendre à des clients russes devrait prendre en considération. Dans ce cas, maître Moustafa Degdeg note l’existence de faiblesses dans le système légal encadrant les affaires, et prône une prise de conscience de cet état de fait avant d’entamer toute exportation. Si la grande majorité des conditions contractuelles peut être conclue sans limitation, car les règles obligatoires applicables aux conditions de vente sont très peu nombreuses, maître Mustapha Degdeg indique qu’en Russie: «il n’est pas rare que plusieurs personnes morales utilisent la même raison sociale, c’est pourquoi il est donc essentiel de préciser intégralement au niveau de tout document contractuel la raison sociale, la forme juridique et l’adresse de l’acheteur afin d’identifier clairement les parties au contrat». Et Degdeg d’ajouter que «les conditions de vente doivent contenir des informations suffisantes concernant la spécification, la quantité et la qualité des produits, le prix d’achat et les modalités de paiement, ainsi que les conditions spécifiques et le délai de livraison, par exemple en utilisant les incoterms ou autres modalités». L’une des autres spécificités du marché russe, tient au fait que beaucoup d’opérations transitent via des systèmes offshore complexes impliquant des parties tierces avant d’atterrir chez le client importateur final, sur ce point, Degdeg précise: «il est donc essentiel d’utiliser des conditions de vente simples et transparentes, c’est-à-dire sous la forme de livraisons directes du fournisseur étranger au client russe et, même, d’opter pour le paiement direct du compte LES DÉCISIONS du partenaire russe au compte fournisseur. Si les conditions de vente impliquent de tierces parties, des entités offshore et des livraisons indirectes, il convient de s’assurer qu’il existe un motif économique valable auquel faire référence en cas de litige». Choisir la législation la mieux maîtrisée au niveau des contrats constitue une autre règle à observer, l’exportateur et son avocat ou conseiller auront donc tout intérêt à choisir d’un commun accord, bien sûr, avec l’importateur russe la législation régissant leurs relations commerciales où il sera le plus à l’aise et qui pourra facilement être appliquée en cas de litige. Maître Degdeg signale, par ailleurs, que: «les contrats régis par la Convention de Vienne sur les contrats de vente internationale de marchandises sont assez rares». Dans le même ordre d’idées, Il est vital de connaître les règles en matière d’approbation de l’entreprise, d’identifier les personnes qui sont habilitées à signer les contrats pour éviter des litiges quant aux responsabilités des uns et des autres. À noter que tout contrat d’exportation vers la Russie est soumis à la législation russe sur la concurrence qui, en résumé, interdit des dispositions contractuelles de nature à limiter la capacité du client à vendre les marchandises d’un concurrent ou qui interfère avec la fixation du prix de revente. Maître Degdeg soulève un autre point: «il faut savoir qu’au niveau de la conclusion de contrat de vente, celui-ci ne sera soumis à des obligations russes en matière de licence, d’enregistrement ou autres exigences d’approbation administrative que s’il contient des éléments relatifs à un rapport de franchise ou concerne des droits de propriété intellectuelle (marques, brevets) qui doivent être transférés au client. En ce moment, ce type de contrat, l’enregistrement du contrat auprès de Rospatent, le service fédéral russe de la propriété intellectuelle, devient obligatoire». Pour la gestion de contentieux et conflits, et aux dires de maître Degdeg, il est vivement conseillé d’inclure une clause d’arbitrage dans le contrat, les décisions arbitrales russes et étrangères sont généralement reconnues par les tribunaux russes. Rappelant qu’«Il faut éviter toutefois d’aller en justice, car les décisions des tribunaux russes ou étrangers peinent à être appliquées à un fournisseur étranger du fait du nombre limité de traités signés entre la Russie et d’autres pays». Vous voilà avertis, à vos exports !▲ DES TRIBUNAUX RUSSES OU ÉTRANGERS PEINENT À ÊTRE APPLIQUÉES À UN FOURNISSEUR ÉTRANGER DU FAIT DU NOMBRE LIMITÉ DE TRAITÉS SIGNÉS ENTRE LA RUSSIE ET D’AUTRES PAYS. INVESTISSEMENT Russie. Cadre juridique et fiscal L e processus de réformes du cadre juridique et fiscal russe s’est accéléré depuis 2001. En ce qui concerne les garanties légales des investisseurs étrangers, elles ont été renforcées par la Loi fédérale «Sur les investissements étrangers en Fédération de Russie» du 9 juillet 1999 dont les principales garanties sont: • le statut légal des investisseurs étrangers ne peut être moins favorable que celui des russes, • les investisseurs étrangers doivent être indemnisés de tout préjudice causé par les autorités Russes, • les investisseurs étrangers dont les biens auraient été confisqués ou nationalisés doivent être indemnisés, • les nouvelles législations ou réglementations peuvent, si elles ont un impact négatif sur les activités d’un investisseur étranger, ne pas lui être appliquées pendant la période du retour sur investissement, dans la limite de 7 années à compter de la date d’investissement. ▲ OCTOBRE 2013 53 La vigie des consortiums LE CODE CULTUREL Plafond de verre Tout, ou presque, est fait pour stimuler le déclic «export en consortium» des entreprises marocaines. Les effets obtenus tardent encore, freinés non pas (que) par des facteurs administratifs ou financiers, mais aussi par le facteur culturel. D LA PISTE DES CONSORTIUMS EST UNE OPTION QUI N’EST PAS PRIVILÉGIÉE MÊME PAR LES SECTEURS REPRÉSENTANT LES MÉTIERS MONDIAUX DU MAROC QUI SONT APPELÉS À ÊTRE LES FERS DE LANCE DE L’EXPORT. epuis le lancement, en 2003, d’un programme pour la création et l’accompagnement des consortiums d’exportation, 21 consortiums ont été constitués. Un programme, pour rappel, initié en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) et le financement de la Coopération italienne. L’expérience a été revisitée et reconduite en 2011, et le dispositif a profité d’une large opération de communication, menée sous forme de road-show régionaux. Avec des messages «exhortatifs» lors de séminaires soigneusement préparés avec des orateurs connus pour leur expertise ou réputés. en plus, le programme «Export Synergia», lancé par le ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies et doté d’un budget de 120 millions de dirhams en faveur de ces structures, est un plan d’aide déployé pour la création de 55 consortiums marocains d’exportation à l’horizon 2015, ainsi que pour l’accompagnement, de l’amont à l’aval, du développement à l’international de ces entreprises dans le secteur du textile-habillement, mais aussi l’agroalimentaire, le BTP, le tourisme, les services et l’industrie mécanique et électrique. Leur admission à ce programme leur donne droit, en tant que consortium, à un apport financier plafonné à 1,5 million de dirhams, afin de les accompagner dans les phases de démarrage, de structuration et de développement à l’international. Les freins Pour autant, les entreprises marocaines restent frileuses à se constituer en grappes pour mieux affronter le marché international? Alors qu’à les entendre, l’export représente pour chacune d’elle un sujet capital ! Des freins d’ordres différents. Les premiers sont psychologiques. Certains dirigeants n’ont pas la motivation nécessaire. D’autres ne sont motivés que pour faire un «coup», sans stratégie à moyen terme, ce qui peut s’avérer calamiteux Consortium. Le bon format C omment contourner le facteur juridique et accéder aux bienfaits des alliances ? Selon les experts, il n’est pas indispensable de créer une structure juridique. Cependant, il est fortement conseillé aux acteurs de formaliser leur collabora t i o n a u t ra v e r s d ’u n accord de consortium. Il existe deux grandes typologies de consortiums d’exportation: 54 OCTOBRE 2013 Par secteurs: • soit des consortiums plurisectoriels, hétérogènes (présence d’entreprises de secteurs différents) ou c o m p l é m e n t a i re s ( p ré s e n ce d ’e n t re p r i s e s d e secteurs différents, mais avec les mêmes objectifs en termes de clients cible: ex. acheteurs secteur mode: habillement, maroquinerie, chaussures, bijouterie, etc.) • Ou des consortiums monosectoriels, simples (toutes les entreprises ont le même produit) ou complémentaires (les entreprises appartiennent au même secteur, mais offrent des produits différents et complémentaires [ex. pâtes alimentaires/ couscous, jus de fruits, confiseries, miel, dattes conditionnées, etc.] Par activités • Consortiums de promo- tion qui s’occupent uniquement de l’activité de promotion commerciale pour les entreprises associées, la vente des produits est effectuée directement par chaque entreprise, • Consortiums de vente qui s’occupent, non seulement de l’activité de promotion, mais aussi du contrôle de la qualité et de la vente des produits des entreprises associées. ▲ OCTOBRE 2013 55 par la suite ! Les dirigeants des entreprises peuvent tout simplement être «freinés» en termes de facteur culturel, trouvant une difficulté à faire du business dans un univers aux codes culturels spécifiques ou une maitrise partielle des langues étrangères. «Il ne fait pas de doute que les opportunités existent, mais force est de relever toutefois une frilosité des entreprises marocaines à se regrouper en formes collaboratives pour augmenter leur potentiel de croissance via l’exportation», remarque Ali Berrada, expert ONUDI qui regrette que les entreprises marocaines s’orientent peu vers ces consortiums à l’exportation qui peuvent pallier l’insuffisance de leurs ressources et la faiblesse de leurs compétences. Ajoutant que «l’ancrage du concept au Maroc n’est pas aussi manifeste qu’on pourrait le croire. La piste des consortiums est une option qui n’est pas privilégiée même par les secteurs représentant les métiers mondiaux du Maroc qui sont appelés à être les fers de lance de l’export». Et quand elles s’ouvrent à cette option, plusieurs entreprises la conditionnent. Tr a h i s s a n t a i n s i u n e s é l e c t i v i t é q u i existe au sein des consortiums. Ce que confirment beaucoup de membres de 56 OCTOBRE 2013 consortiums qui ont des demandes d’adhésion, mais qui préfèrent mettre en place des critères d’adhésion clairs et dédier d’un comité interne de sélection pour les faire respecter. L’objectif étant de trouver la bonne complémentarité des gammes ou la philosophie la plus proche. En fait, tous rêvent plus d’exportation qu’ils ne mettent tout e n œ u v r e p o u r y r é u s s i r. U n p a t r o n d’entreprise reconnaît les avantages des consortiums, mais rechigne à se mettre en alliance, car il n’accepte pas d’être e n a s s o c i a t i o n av e c d e s e n t r e p r i s e s qui puissent commettre des erreurs et lui coûter plus cher que l’apport d’un consortium! Cette démarche sélective, justifiée ou non, constitue un frein à la constitution de plus de consortiums au Maroc. À un moment où les entreprises marocaines sont invitées à se battre pour faire mieux demain qu’hier. ▲ l’ancrage du concept des consortiums au Maroc reste à renforcer. CERTAINS DIRIGEANTS RECHIGNENT À SE METTRE EN ALLIANCE CAR ILS N’ACCEPTENT PAS D’ÊTRE EN ASSOCIATION AVEC DES ENTREPRISES POUVANT COMMETTRE DES ERREURS QUI PUISSENT COÛTER PLUS CHÈRE QUE L’APPORT D’UN CONSORTIUM! OCTOBRE 2013 57 La vigie des consortiums FAIBLESSE DES EXPORTATIONS les raisons du mal Les PME marocaines peinent à l’export. Et les raisons à cela sont multiples. Le manque de formation des dirigeants, la faible compétitivité, ou encore une culture de repli sur le marché local… sont parmi les responsables de cette situation qui ne doit pas rester une fatalité! B eaucoup de chefs d’entreprises marocaines sont frileux à l’idée de s’orienter vers des marchés étrangers. «L’ouverture vers l’international, c’est toute une culture à avoir», explique un consultant dans le domaine de l’accompagnement des entreprises à l’export. Et cette culture d’ouverture, beaucoup d’entreprises marocaines ne l’ont pas. Elles préfèrent se concentrer sur un marché local qu’elles connaissent bien au lieu de tenter «l’aventure» de l’internationalisation. La préparation, un enjeu clé LA FORMATION CONSTITUE UN ENJEU MAJEUR POUR LES ENTREPRISES MAROCAINES, À L’HEURE OÙ LE MAROC EST ENTRÉ DE PLAIN PIED DANS LE PROCESSUS DE MONDIALISATION. 58 OCTOBRE 2013 Les chefs d’entreprises marocains manquent, en général, de préparation. Plusieurs ont appris leur métier sur le tas et se contentent d’une gestion «en bon père de famille». La formation constitue donc un enjeu majeur pour les entreprises marocaines, à l’heure où le Maroc est entré de plainpied dans le processus de mondialisation. Ce problème ne se pose pas pour certains jeunes patrons, bien formés et maitrisant les langues étrangères, qui disposent d’une vision orientée vers l’international dès le lancement de leurs entreprises. «Avant de lancer la production, nous avions déjà démarché des clients à l’étranger», confirme Mohammad Ayoub, ingénieur agronome, qui vient de lancer une unité de production d’engrais biologiques pour l’agriculture dans la région d’Agadir. Le manque de formation et de préparation des dirigeants a également fait qu’une grande partie des entreprises exportatrices a tout misé sur les marchés traditionnels, notamment dans le sud de l’Europe. Ils se sont ensuite retrouvés en difficulté à cause de la crise qui a touché de plein fouet ces pays, mais également à cause de leur manque de réactivité. D’un autre côté, certaines des industries traditionnellement exportatrices ont perdu pied face à la concurrence étrangère. «L’industrie de la chaussure s’est beaucoup dégradée. Aujourd’hui, il est difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée et on a beaucoup perdu en compétitivité», déplore Hakim Essafi, fils d’une famille de chausseurs, qui a lancé sa propre enseigne de magasins dans le même domaine. Luimême importe aujourd’hui la quasi-totalité des articles de son catalogue au lieu de les produire sur place. Il faut dire que, comme plusieurs autres industries, cette filière dépend beaucoup des intrants qui sont en bonne majorité importés. Mais il s’agit également d’un problème de compétitivité dont souffre une bonne partie des entreprises marocaine, et que la mondialisation n’a fait que ressortir au grand jour. Certaines entreprises y arrivent Dans certains cas, il s’agit juste de raisons conjoncturelles ou de difficultés surmontables. Dans le domaine des nouvelles technologies, les problèmes de préparation ou d’ambition se posent beaucoup moins que dans les autres secteurs. Plusieurs entreprises ont récemment entamé leur processus d’ouverture, généralement avec succès. Pourquoi avoir attendu jusqu’à maintenant? «Avant, nous n’étions pas assez forts pour faire face à la rude concurrence étrangère», explique Hamza Aboulfath, fondateur de l’entreprise Genious Communications, spécialisée dans les solutions d’hébergement web. Il faut dire que l’ouverture vers les marchés étrangers a un coût, qui peut s’avérer élevé pour ces entreprises, généralement encore jeunes. «Mais aujourd’hui, le marché marocain ne suffit plus à absorber notre croissance. Nous avons donc élargi notre périmètre à toute la région MENA, grâce notamment aux missions de Maroc Export», poursuit le jeune dirigeant. Cependant, même chez certains OCTOBRE 2013 59 DANS CERTAINS CAS, IL S’AGIT JUSTE DE RAISONS CONJONCTURELLES OU DE DIFFICULTÉS SURMONTABLES. DANS LE DOMAINE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES, LES PROBLÈMES DE PRÉPARATION OU D’AMBITION SE POSENT BEAUCOUP MOINS QUE DANS LES AUTRES SECTEURS 60 OCTOBRE 2013 industriels qui réalisent déjà une bonne partie de leur chiffre d’affaires à l’export, la prudence face aux marchés étrangers reste de mise. «Nous n’avons pas de difficulté à exporter, du moment que nous disposons de la capacité de production nécessaire. Le seul paramètre à verrouiller est la solvabilité des clients étrangers», affirme un industriel du textile. Si certaines entreprises marocaines souffrent d’un problème de compétitivité Le facteur culturel joue un rôle prédominant dans les affaires internationales. Une grande part du succès à l’export revient à bien gérer ce facteur. face à la forte concurrence internationale, plusieurs d’entre elles ont de vraies cartes à jouer à l’international, à condition de disposer du support et de l’accompagnement adéquats. ▲ Quelques recettes pour mieux exporter A fin de stimuler les exportations de biens et de services, le Maroc a mis en pl ace des programmes spécifiques d’accompagnement pour différents secteurs. Il existe d’autres solutions qui permettent aux PME marocaines de se prendre en main pour être mieux armées. L’ a p p r e n t i s s a g e des langues étrangères est devenu aujourd’hui, plus qu’un atout, une nécessité pour t o u t e e n t re p r i s e qui s’internationalise. Une bonne maîtrise des l angues facilite les échanges et représ e n t e u n e ex c e l - lente façon de surmonter les difficultés à l’export. L a f o r m at i o n e st également un enjeu important pour la compétitivité des entreprises marocaines. Il existe des pro grammes de coaching ainsi que des formations en management, à même de rendre les dirigeants plus aptes à orchestrer une ouverture vers l’international. Les entreprises de petite taille peuvent également mutualiser leurs ressources pour une meilleure efficacité, notamment en ce qui concerne la participation aux salons internationaux. ▲ OCTOBRE 2013 61 On y était 1 Différentes participations marocaines aux événements internationaux. 1-2-3: participation marocaine à Automechanika-Moscow du 24 au 29 août 2013. ,4:Stand Maroc Export à l’OFEC lors du Salon de l’aéronautique 5 : Mme Zahra Maâfiri, DG Maroc Export. 62 OCTOBRE 2013 2 3 4 5 OCTOBRE2013 2013 63 OCTOBRE 63 On y était 1 1: Petit déjeuner d’accueil à Pointe Noire lors de la dernière étape de la 7e caravane de partenariat,2 : Mme Claudine Munari, ministre du Commerce et des Approvisionnements du Congo,3 : Mme Claudine Munari avec Monsieur le Ministre Abdelkader Amara ,3-4-5 : étape Pointe Noire Scènes de la 7e Caravane de Partenariat, en juin 2013, organisée par Maroc Export lors des différentes escales à Nairobi au Kenya, à Kinshasa en République démocratique du Congo et à Pointe Noire en République du Congo. 64 OCTOBRE 2013 2 3 4 5 OCTOBRE 2013 65 Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB : 80% 18% 2% Fiches pratiques Russie services industrie agriculture • NOM OFFICIEL : FÉDÉRATION DE RUSSIE • CAPITAL : MOSCOU • SUPERFICIE : 17 MILLIONS DE KM² • LANGUES OFFICIELLES : RUSSE Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB : • MONNAIE : ROUBLE 60% 76% 70% 2010 2011 Hongrie UKRAINE • NOM OFFICIEL • CAPITALE • SUPERFICIE • LANGUE OFFICIELLE • MONNAIE : UKRAINE : KIEV : 603 500 KM² : UKRAINIEN : HRYVNIA (UAH). (1 € = ENVIRON 11 UAH) prévisions 2012 • NOM OFFICIEL • CAPITALE • SUPERFICIE • LANGUE OFFICIELLE • MONNAIE Pologne : HONGRIE : BUDAPEST : 93 030 KM² : HONGROIS : FORINT : RÉPUBLIQUE DE POLOGNE : VARSOVIE : 603 500 KM² : POLONAIS : ZLOTY (4,4 PLN =1 €) Part of the main business sectors in the GDP for 2012 66,9 % Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB : 64,4% 30,6% 5% • NOM OFFICIEL • CAPITALE • SUPERFICIE • LANGUE OFFICIELLE • MONNAIE 31% 3,5% Part des principaux secteurs d’activités (en % de PIB) (2012) 57,9 % 32,3% 9,8% services industry farming Part des principaux secteurs d’activités (en % de PIB) (2012) services industrie agriculture Situation économique La Russie a connu durant les années Poutine (2000-2008) une croissance moyenne de 7 % par an (8,1 % en 2007, 5,6 % en 2008). La Russie a été durement touchée par la crise, avec la plus grande récession des années 2000 (près de -8 % en 2009), mais le pire a été évité. Très dépendante du cours des matières premières, l’économie russe n’a pas connu jusqu’ici les réformes structurelles nécessaires à sa diversification. Le gouvernement russe a toutefois récemment relancé un vaste plan de privatisation. Echanges Maroc-Russie Les échanges commerciaux entre la Russie et le Maroc ont connu un certain essor depuis les cinq-six dernières années. Le Maroc importe de Russie environ 30 % de ses besoins en hydrocarbures. La Russie quant à elle est le principal partenaire du Maroc dans le domaine des agrumes (notamment les mandarines qui sont de loin majoritaires sur le marché russe) et l’un des principaux dans le domaine de la pêche. La Russie est en effet l’un des principaux partenaires commerciaux du Maroc dans ce domaine avec une quantité importante de poissons (sardines et sardinelles, maquereaux, pélamides...) qui est exportée du Maroc vers la Russie. Quoi de neuf ? En novembre 2012 ont eu lieu des négociations entre Evgueny Nepoklonov, directeur adjoint du Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire (Rosselkhoznadzor) avec Abdelkader Lecheheb, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Maroc en Fédération de Russie et Hassan Sentissi El-Idrissi, coprésident du Conseil d’affaires russo-marocain. Cette réunion entrait dans le cadre du développement des relations entre la Fédération de Russie et le Royaume du Maroc. Les thèmes abordés concernaient notamment les questions de la sécurité sanitaire pour les livraisons de poissons et produits dérivés, du Maroc vers la Russie. Des représentants de l’Agence fédérale russe de la pêche ont également participé à cette réunion. La partie russe a souligné son intérêt pour la poursuite d’une coopération constructive entre les deux pays. 66 OCTOBRE 2013 services industrie agriculture Situation économique L’Ukraine bénéficie d’un potentiel économique important: ressources minières et énergétiques, vastes et fertiles surfaces agricoles (22% des terres arables en Europe), main-d’œuvre qualifiée et peu coûteuse. L’Ukraine est également un pays industriel, le 8e producteur mondial d’acier. Les seuls produits sidérurgiques représentaient 27% des exportations en 2011, les produits minéraux plus de 12%. Le secteur agricole (20% des exportations en 2011) est un avantage comparatif majeur. La croissance des années 2000 reposait cependant en grande partie sur des gains de termes de l’échange (prix des métaux / prix de l’énergie). Le pays a cependant été durement frappé par la crise de l’automne 2008 qui a stoppé net une décennie de croissance forte. Echanges Maroc- Ukraine Les relations commerciales Maroc-Ukraine sont régies par un Accord commercial qui a été signé lors de la visite du ministre ukrainien des Affaires étrangères au Maroc du 23 au 25 décembre 2001. À noter également que les deux parties ont procédé à la signature de l’Accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements. À noter que le Maroc demeure parmi les cinq plus grands partenaires de l’Ukraine en Afrique, avec un chiffre d’affaires du commerce bilatéral de presque 300 millions de dollars US. Quoi de neuf? Le Maroc et l’Ukraine sont en train de finaliser leur Accord de libre-échange (ALE). Les deux pays sont conscients qu’ils doivent établir des liens directs de manière à éviter que leurs échanges commerciaux ne passent par un État tiers. Selon la partie ukrainienne, le Maroc viendra s’ajouter à une liste «de grands pays dans lesquels nous avons un vif intérêt comme la Turquie ou le Canada…» avec qui des pourparlers pour des ALE similaires sont en cours. Situation économique La situation macroéconomique de la Hongrie se caractérise par l’obligation de réduction de sa dette publique, dans un contexte de faible croissance (-1,2% en 2012 et +0,1% prévu pour 2013), d’un repli de la confiance des chefs d’entreprise et des consommateurs, du durcissement des conditions de crédit et financières du désendettement en cours des entreprises et des ménages et d’un important assainissement budgétaire. La croissance hongroise repose essentiellement sur les exportations, notamment vers l’Allemagne qui capte 25% du marché de l’export hongrois. En 2012, les investissements ont diminué de 5,2%. Le chômage concerne 10,4 % de la population active. Echanges Maroc- Hongrie Plusieurs accords de coopération lient le Maroc à la Hongrie dans les domaines de l’économie, de la science et de la technologie. Le renforcement des relations économiques entre les deux pays a fait l’objet d’une rencontre, en mars 2012 à Rabat, entre le ministre de l’Économie et des Finances, Nizar Baraka, et le président de l’Assemblée nationale de Hongrie, Laszlo Kover, qui effectuait une visite officielle au Maroc. Les entretiens ont notamment porté sur la promotion des échanges économiques entre les deux pays. Pour rappel, le Maroc occupe le troisième rang dans les échanges commerciaux entre la Hongrie et les pays africains. Quoi de neuf ? Une vingtaine de sociétés et groupes marocains leaders dans le secteur de l’agroalimentaire (produits frais et transformés) ont pris part à une mission de rencontres professionnelles B to B au profit du secteur agroalimentaire en mai 2013 en Hongrie. Les participants du secteur des fruits et légumes frais présents représentent plus de 90% des exportations du secteur national. Cette mission, organisée dans le cadre des activités promotionnelles de Maroc Export et en partenariat avec le conseil d’affaires Maroco-Hongrois a permis de donner une opportunité à l’offre marocaine pour exposer ses capacités en vue de s’enquérir, voire pour mieux répondre aux attentes des importateurs hongrois. 8,3 % BTP 31% 3,5% industrie agriculture 20,6% 6,4% Commerce Transports télécoms Situation économique La Pologne a été le seul État membre de l’UE à afficher une croissance positive de son PIB en 2009 (+1,7%). Après une croissance soutenue en 2010 et 2011 (3,8% et 4,5%), l’activité a nettement marqué le pas en 2012 (à seulement 1,9% contre 2,5% prévus dans la Loi de Finances). Révisant à la baisse sa prévision de croissance pour 2013, 2,9% à 2,2%. Ces prévisions restent optimistes par rapport à celles de la Commission européenne, qui prévoit 1,1% de croissance en 2013. Echanges Maroc-Pologne Voilà 54 ans que le Maroc et la Pologne entretiennent des relations diplomatiques, et depuis 1959, Rabat et Varsovie ne cessent de développer leurs relations. Un Groupe d’amitié parlementaire maroco-polonais a été créé à la Diète polonaise et un groupe similaire à la Chambre des Représentants depuis 1999. Plusieurs partenariats et accords lient les deux pays dans différents domaines (politique, économique, judiciaire, culturel et touristique). Quoi de neuf ? Outre le plan politique, la coopération bilatérale entre le Maroc et la Pologne est très dynamique. Dans ce sens, les deux pays sont déterminés à consolider cet acquis par une coopération dans le domaine économique et financier, notamment par la ratification des accords commerciaux. OCTOBRE 2013 67 Vient de paraître La 3e Voie S L’HUMANITÉ POURRAIT VIVRE SANS CONFLITS SI ELLE ADOPTAIT UNE AUTRE MANIÈRE DE GÉRER LES TENSIONS. LORSQU’IL Y A OPPOSITION ENTRE DEUX ÊTRES, DEUX VISIONS DU MONDE, LES SOLUTIONS HABITUELLES NE FONT QUE DES PERDANTS tephen R. Covey développe dans cet ouvrage l’un des thèmes qui lui tenaient le plus à cœur dans son best-seller mondial «Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent». Il montre que l’humanité pourrait vivre sans conflits si elle adoptait une autre manière de gérer les tensions. Lorsqu’il y a opposition entre deux êtres, deux visions du monde, les solutions habituelles (fuite, lutte ou compromis) ne font que des perdants. Stephen R. Covey propose une troisième voie, qui va au-delà de la dualité, en inventant une issue positive qui satisfait les deux parties. Pour y arriver, il a développé une méthode: se voir soi-même avec justesse et humilité, voir l’autre avec empathie, puis créer ensemble une synergie d’où émergera la solution. En effet, nul besoin d’être génial ni d’investir beaucoup dans les recherches, il faut réfléchir d’une autre façon. Pour cela il convient de pratiquer l’écoute empathique et nous montrer sincèrement ouverts aux idées divergentes. Comment ? En installant «un théâtre magique» où aucune idée n’est proscrite. Au-delà du brainstorming qui débouche souvent sur un résultat banal, c’est un véritable processus créatif avec des étapes qui conduisent à la «3e voie». Plutôt que de se disputer pour sa part du gâteau, chercher à avoir un gâteau encore plus grand. Quand on ne fait que diviser un gâteau, en fin de compte, il reste toujours le même. Ni être accommodant, ni combattre, ni renoncer, la «3e voie» vise à transformer la situation pour fabriquer un autre gâteau plus gros. À condition, bien entendu, de dépasser le principal obstacle à la synergie: l’orgueil. Pour l’auteur, cette troisième voie peut être pratiquée pour résoudre les problèmes au travail, avec nos enfants ou nos voisins, dans notre couple, à l’échelle des conflits de société ou des problèmes du monde. À travers de nombreux exemples, l’auteur indique comment y parvenir. Un texte qui donnera à chacun l’envie d’essayer. Inventer des solutions innovantes grâce à la «3ème Voie» - LEGO, le fabricant de jouets danois, a développé des milliers d’idées de nouveaux produits grâce à des clients qui avaient piraté son système informatique. Face à un problème de piratage (des passionnés ont réussi à accéder aux plans techniques des ingénieurs Lego et ont confectionné leurs propres 68 OCTOBRE 2013 jouets), au lieu de dénoncer les pirates en question, Lego les a contactés, a essayé de les comprendre puis… leur a proposé un partenariat !Eux concevaient de nouveaux produits et Lego leur procurait les matières premières et ensuite… écoulait ces nouvelles lignes de produits. - Une école en zone d’éducation prioritaire menacée de fermeture a vu ses effectifs et résultats scolaires grimper en flèche. L’école en question souffrait de délinquance, ses murs étaient pleins de graffitis, les professeurs, désespérés, ne savaient plus quoi/comment faire, etc. Le proviseur, qui avait lu le précédent livre de Covey, a tenté de réfléchir autrement. Donc, plutôt que de punir les élèves, le proviseur leur a proposé d’être les « acteurs » de l’école. Elle a par exemple nommé tel élève responsable de la cantine, tel autre responsable de telle cour, etc. - Le chef de la police municipale de Richmond au Canada qui faisait face à quatre-vingt mille crimes et délits par an, insatisfait d’être cantonné à son rôle de répression de la criminalité, cherchait inlassablement d’autres possibilités que les pratiques agressives pour faire respecter la loi. Plutôt que de dresser inlassablement des procèsverbaux à ceux qui enfreignent la loi, pourquoi ne pas récompenser des jeunes qui la respectent ou font quelque chose d’utile? Ainsi naquit l’idée des «contraventions positives» échangeables aussi bien contre une part de pizza, un baladeur ou aller gratuitement à la piscine ou la patinoire! ▲ OCTOBRE 2013 69 OCTOBRE 2013 69 Kiosque Automechanika2013 Le Maroc cherche les débouchés pour sa production industrielle 27 Août 2013 70 OCTOBRE 2013