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Mot du Ministre
OCTOBRE 2013
En primeur,une
décennie de diversification !
L
M. MOHAMED ABBOU
Ministre Délégué auprès
du Ministre de l’Industrie, du Commerce, de
l’Investissement et de
l’Economie numérique,
Chargé du Commerce
Extérieur
LA FÉDÉRATION DE RUSSIE
A ÉTÉ IDENTIFIÉE COMME
UNE DESTINATION DE
NICHE QUI PEUT S’AVÉRER
TRÈS PROFITABLE
POUR DYNAMISER LES
EXPORTATIONS DES
PRODUITS ET SERVICES
MAROCAINS
es efforts déployés par le gouvernement marocain pour encourager la
croissance des exportations, dans
le cadre de la stratégie nationale
de développement et de promotion des exportations, réalisent des
effets probants. Etayée par plusieurs initiatives
lancées par l’État, à l’instar du programme
Contrats de Croissance à l’Export, cette stratégie a pu créer les conditions nécessaires à
la diversification des exportations en termes
de produits et de marchés. Les stratégies sectorielles cohérentes ont, en effet, permis une
dynamique de secteurs d’exportation moins
importants par le passé, traduite par une offre
exportable plus variée. Les chiffres viennent
confirmer cette pertinence. Ainsi, en plus de la
croissance à deux chiffres, enregistrée par les
secteurs de l’aéronautique et de l’automobile
dont les exportations ont fortement progressé
sur les neuf premiers mois de l’année, avec
respectivement, de 19,2% et 17,5%, les exportations pharmaceutiques ont progressé de 8,6%
(passant de 486 millions de dirhams à 528 millions de dirhams, tandis que les exportations
du secteur électronique ont grimpé de 9,4%
(de 4,2 millions de dirhams à 4,6 millions de
dirhams. La deuxième plus grande catégorie
d’exportations, à savoir les produits agricoles
et alimentaires, affiche une croissance de 7,7%
de 1,9 milliard de dirhams à 2,07 milliards de
dirhams. Aussi, le Royaume, conscient d’une
nécessaire diversification géographique à
laquelle les exportations marocaines doivent
s’adapter pour éviter tout retournement de
tendance, s’emploie à renforcer ses liens bilatéraux à l’extérieur du cercle traditionnel de ses
partenaires européens, chez qui la demande
a progressé de manière peu soutenue ces dernières années. Le Maroc s’est, à cet effet, tourné
de plus en plus vers l’Afrique dans l’espoir
d’intensifier ses relations économiques avec
les pays du continent. Il a pris position sur ces
marchés prometteurs en forte croissance. Un
succès embrayé notamment par le concept des
Caravanes de l’export. Depuis, les volumes des
produits exportés à destination des Etats-Unis,
des pays d’Afrique et du Moyen-Orient s’inscrivent sur un trend de hausse régulière depuis
2009, année de lancement de la stratégie relative à l’export, qui pour rappel, s’étend jusqu’à
2018 et repose sur trois piliers d’action, à savoir,
ciblage des secteurs et des produits, ciblage des
marchés et accompagnement des exportateurs.
La Russie, un marché de niche
En matière de ciblage des marchés, la Fédération de Russie a été identifiée comme une destination de niche qui peut s’avérer très profitable
pour dynamiser les exportations des produits
et services marocains. Et pour cause, la volonté
marquée de la Russie pour une transition
réussie vers l’économie de marché et ses efforts
pour un rapprochement avec les pays africains
ouvrent la voie aux entrepreneurs marocains,
souhaitant exporter en Russie, à des opportunités considérables qu’ils ne peuvent négliger.
D’autant plus que le Maroc, devenu entre
temps le premier partenaire commercial de la
Russie aux niveaux africain et arabe, ne ménage
aucun effort pour développer avec la Russie et
le partenariat économique et la coopération
culturelle, scientifique et technique. Mais aussi
le tourisme. Multipliant à cet effet les activités
promotionnelles structurées en direction de
cette destination. ▲
OCTOBRE 2013
3
Sommaire La Russie,
Sommaire
Edito
#5 OCTOBRE 2013
14
INTERVIEW
INTERVIEW : ZOUHAIR MOHAMED
EL AOUFIR - DGA RAM
14
BLUE FINGERS
16
ABDELMAJID MAZOUZ
18
28
LE PLUS
LA NOUVELLE RUSSIE
28
un pays
où il fait bon exporter !
C
20
ÉCLAIRAGE
LES PILIERS
DE LA STRATÉGIE
MAROC EXPORT PLUS
OPÉRATION PROMOTION
26
38
HORIZON EXPORT
ZAHRA MAAFIRI
Directrice Générale
Maroc Export
MAROC-RUSSIE
48
CAHIER DE
L’EXPORTATEUR
MARKETING
48
FINANCE
50
JURIDIQUE
52
Directeur de Publication
Lamia Bouzbouz
Direction éditoriale et graphique
Maroc Export - Centre marocain
de promotion des exportations.
Agence de communication
Etoiles Communication
1, rue Abou Abbas El Jiraoui, 1°étage.
Belvédère - CASABLANCA
Tél.: 05 22 24 82 68 (L.G.), Fax: 05 22 24 61 15
Email : [email protected]
BILAN ET PERSPECTIVES
38
LES CHANCES DU MAROC
42
BUZZ MAROCAIN AU PAYS DES TSARS
44
LA RUSSIE EST UNE
54
LA VIGIE DES
CONSORTIUMS
LE CODE CULTUREL
54
LES RAISONS DU MAL
56
MAROC EXPORT Magazine est édité par
Maroc Export - Centre marocain de promotion des exportations.
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Promotion des Exportations - CMPE
OCTOBRE 2013
GRANDE OPPORTUNITÉ
DE DIVERSIFICATION DE
NOS EXPORTATIONS, MAIS
C’EST AUSSI UN MARCHÉ
QUI NÉCESSITE UN PLAN
D’APPROCHE INTENSIF
AUPRÈS DES DONNEURS
D’ORDRE RUSSES.
onscients de renforcer le partenariat bilatéral, le Maroc et
la Fédération de Russie favorisent le rapprochement des
opérateurs économiques à
travers la multiplication des
échanges de visites d’affaires. L’objectif
étant de tenir compte des larges opportunités ouvertes par les accords déjà
conclus ou ceux qui devront être conclus
incessamment, aussi bien en matière de
tourisme, de la recherche scientifique,
du transport, des échanges commerciaux
et des relations culturelles. Au regard
de la volonté stratégique des hauts responsables marocains et russes d’aller
dans ce sens, Maroc Export incite de nouveaux acteurs à participer à ces échanges,
l’enjeu étant de gagner en compétitivité
et de s’inscrire en perspective de l’exportation vers ce marché émergeant. Et
pour cause, avec une croissance économique exponentielle durant la dernière
décennie et une population de plus en
plus ouverte à de nouveaux produits et
services, la Russie offre aux entreprises
marocaines, en quête de nouveaux horizons, un débouché fort intéressant.
Au nombre des principaux créneaux
d’exportation, mentionnons le secteur
agroalimentaire. Dans ce contexte, les
produits comme l’huile d’olive et l’huile
d’argan pourraient s’ajouter aux fruits
et légumes pour développer davantage
l’offre marocaine. Un autre créneau porteur est celui relatif au domaine de la
pêche maritime, surtout que les deux
pays sont à leur 6e accord, avec le nouvel
accord de coopération signé en 2012. Le
textile est également un segment où le
Maroc semble suffisamment armé pour
rivaliser avec des concurrents potentiels.
Il faut savoir que l’époque est propice
pour aborder ce marché prometteur. La
Russie a intégré l’Organisation mondiale
du commerce (OMC) en août 2012, avec
comme promesses «la baisse des taxes
d’importation, la limitation des formes
de soutien de l’État à certains secteurs et
par conséquent la hausse de la compétitivité des produits étrangers». Pour Maroc
Export, et dans sa mission d’appuyer
le développement international des
entreprises marocaines, cette année est
l’occasion de poursuivre la promotion
des entreprises marocaines en Russie, qui
est une grande opportunité de diversification de nos exportations, mais c’est
aussi un marché qui nécessite un plan
d’approche intensif auprès des donneurs
d’ordre russes. Dans ce sens, deux missions de rencontres professionnelles B
to B, organisées ces dernières années en
Russie au profit des secteurs agroalimentaire, en novembre 2012, et du textile,
en juin 2013, ont permis de donner une
opportunité à l’offre marocaine pour
exposer ses capacités sur le marché russe.
Surtout que la progression de la distribution internationale, le développement du
pouvoir d’achat en Russie et l’évolution
du degré d’exigence du consommateur
Russe, ouvrent progressivement des
perspectives aux produits Marocains. En
termes de croissance des flux comme en
termes de diversification des produits. ▲
OCTOBRE 2013
5
Les échos
EXPRESS
MAROC-ARABIE SAOUDITE
Commission
mixte en action!
L
a 12 e session de la
commission mixte
maroco-saoudienne s’est tenue en
août dernier à Djeddah.
À l’occasion, le Conseil
des hommes d’affaires
maroco-saoudiens a appelé à la création d’un
fonds d’investissement
commun et a exhorté
les opérateurs économiques, les établissements financiers et les
fonds d’investissement
des deux pays à contribu e r a u c api t a l d e c e
nouveau fonds destiné
à appuyer les projets
portés par les PME et
à saisir les opportunités d’investissement de
part et d’autre. Il a aussi
plaidé pour l’ouverture
d’une ligne maritime
entre le Maroc et l’Arabie saoudite dans le
but de développer les
échanges commerciaux
entre les deux pays. Les
résultats d’étude de faisabilité ont démontré
que ce projet, s’il devait
aboutir, est de nature à
fluidifier la circulation
des marchandises entre
les deux royaumes, dont
le volume se situe entre
4.000 et 5.000 conteneurs par mois. ▲
Riyad
Capitale Arabie Saoudite
ZOOM
Pêche : New deal
L
e nouveau protocole de
pêche entre le Maroc et
l’Union européenne (UE)
a été signé, le 18 novembre
à Bruxelles, par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime,
et Vinciunas Arunas, président
du comité des représentants
permanents des Etats membres
6
OCTOBRE 2013
de l’UE. Paraphé en juillet, ce
protocole entrera en vigueur
dès l’accomplissement des procédures internes nécessaires,
notamment son approbation
par les parlements marocain
et européen. Il sera ainsi soumis au vote le 27 novembre à la
Commission de la pêche du Parlement européen à Bruxelles,
Partage du savoir
L’Asmex (Association
marocaine des exportateurs), sur demande de la
partie libyenne, a lancé
récemment une série de
cycles de perfectionnement et de formation en
faveur de quelques hauts
cadres de l’administration
économique de la Libye.
L’objectif de cette initiative
étant de leur permettre de
s’enquérir de l’expérience
marocaine en matière
d’administration économique, de bonne gouvernance, et de se familiariser
avec les méthodes et outils
dans ce domaine.
CONTRATS
DE CROISSANCE
C’est Parti!
L
a première édition des contrats
de croissance à l’export a été lancée le 1 er août dernier au profit de 25 entreprises. 16 d’entre elles
sont émergentes et 9 confirmées. Il
s’agit d’un plan d’action qui permettra
aux entreprises exportatrices d’accéder à certains moyens nécessaires au
développement de leurs produits,
de renforcer leur positionnement
Un bateau
pour la Libye
Avec l’entrée en service de
la ligne maritime MarocLibye, effective dès septembre, les exportations
marocaines gagneraient
en compétitivité et les
échanges entre les deux
pays seront renforcés. Et
pour cause, cette liaison
permettra de réduire de
moitié le temps d’acheminement en mettant pour
la première fois le marché
libyen à trois jours du Maroc contre trois semaines
auparavant, évitant ainsi
aux marchandises des
transbordements via des
ports européens de la
Méditerranée. ▲
sur les marchés cibles, notamment
l’Afrique et le Moyen-Orient, ainsi que
de convertir celles qui exportent occasionnellement en entreprises exportatrices professionnelles et régulières.
Les premières entreprises bénéficiaires
qui ont procédé à la signature des
contrats appartiennent à des secteurs
aussi diversifiés que l’agroalimentaire,
Pharmaceutique, le secteur de l’électricité, les NTIC… Elles bénéficieront à ce
titre d’une prise en charge de certains
frais liés à des activités commerciales
spécifiques et aux différentes actions
de promotion et de développement de
leurs exportations. ▲
puis en séance plénière en décembre à Strasbourg. Il prévoit
6 catégories de pêche avec une
réduction des possibilités de
pêches en autorisant 126 navires européens d’accéder aux
eaux du Royaume contre 137
dans le cadre de l’ancien protocole. La contrepartie financière
totale annuelle estimée du protocole se chiffre à 40 millions
d’euros, dont 14 dédiés à la
poursuite de la mise en œuvre
du plan «Halieutis».▲
OCTOBRE 2013
7
Les échos
PROMOTION A L’EXPORT
MAROC-GABON
Tandem maghrébin
Coopération en marche
L
e Maroc renforce de
plus en plus ses liens
économiques avec la
Libye. Des liens qui ne
cessent de se raffermir
dans tous les domaines,
d’autant plus que ce marché est estimé à quelque
2 milliards de dirhams,
selon l’Asmex (Association marocaine des exportateurs). Dans ce cadre,
Maroc Export a signé, en
août dernier, un accord
avec son homologue libyen, le Centre libyen de
promotion des exportations (CLPE). Il s’agit d’un
plan d’actions triennal
(2014-2016) qui s’articule sur l’appui aux activités promotionnelles,
l’échange d’informations
et d’expertise, les études
de marchés, la formation
et l’assistance aux entreprises. En vertu de quoi,
les deux partenaires ont
convenu de promouvoir la
participation aux foires et
salons et d’organiser des
missions commerciales
et sectorielles, ainsi que
des rencontres BtoB afin
de faire connaître les produits de chaque pays. ▲
INGÉNIERIE ÉLECTRIQUE
Offre exportable
rayonnante
M
aroc Export, en partenariat avec la FENELEC (Fédération
nationale de l’électricité, de
l’électronique et des énergies
renouvelables), a mené la 5e
édition du Forum Maroc Afric
Elec, tenue du 26 au 30 juin
au Bénin, en marge du salon
Elec Afric.
L’objectif était de mettre en
avant, pendant cette semaine
d’expositions et de rencontres
B2B, l’offre exportable développée par le Maroc dans les
filières des équipements élec-
8
OCTOBRE 2013
triques et électroniques. Une
offre qui mise beaucoup sur
les différents programmes
d’électrification rurale lancés par le Bénin, à l’instar de
plusieurs pays de la région,
encore très peu électrifiés. À
cet effet, une trentaine d’entreprises ont présenté leur potentiel productif et diversifié qui
ne peut que se libérer pleinement dans le cadre de la collaboration entre le Maroc et
le Bénin en matière d’énergie
électrique voulue pour toute
l’année 2013. ▲
L
es travaux de la 6e
grande commission
mixte de coopération
entre le Maroc et le Gabon
se sont tenus à Marrakech,
lors de la première semaine
de septembre, sous la présidence du chef de l’État gabonais, Ali Bongo Ondimba.
Une commission qui s’est
achevée jeudi 5 septembre
avec la signature d’un procès verbal par les ministres
des Affaires Etrangères des
deux pays. À l’occasion, Ali
Bongo et ses hôtes se sont
entretenus sur des sujets
d’intérêt commun visant
singulièrement la consoli-
dation du partenariat entre
les deux pays. En effet, lors
des travaux de cette commission mixte, de nombreux
domaines de la coopération entre le Gabon et le
Maroc ont été examinés. Les
discussions et échanges
s’articulent autour de l’économie, du commerce, des
douanes, de l’industrie, des
PME/PMI, de l’agriculture,
de l’énergie, des mines, de
l’eau, de l’environnement,
de l’habitat, des télécommunications et technologies de
l’information, de la coopération culturelle, technique
et scientifique. ▲
CARAVANE DE PARTENARIAT
Escales réussies !
L
e concept «Caravane de Partenariat», la variante «globetrotteur» de la mission de
Maroc Export de promouvoir les
exportations marocaines, s’est
révélé une fois de plus être un
véritable levier de mise en réseau
des opérateurs et d’accès aux donneurs d’ordre public. Pour sa
7e édition, la caravane qui a fait sa première escale à Nairobi
au Kenya, le 23 juin, et a pris fin le 29 juin à Pointe-Noire, en
République du Congo après une escale à Kinshasa, en RD Congo,
aura imprimé un autre rythme aux relations commerciales et
économiques intra-africaines. À commencer par la signature
d’une série de protocoles de coopération entre Maroc Export
et différents organismes nationaux des trois pays visités. Protocoles où les parties s’engagent à partager leurs expériences
dans le domaine de la planification et les meilleures pratiques
dans la promotion commerciale internationale. Sans oublier
l’organisation des événements communs de relations publiques
dans l’objectif de faire du lobbying auprès des décideurs et des
donneurs d’ordres dans les pays respectifs. ▲
OCTOBRE 2013
9
Les échos
FLASH NEWS
Les échos INTERNATIONAL
Le Maroc exportateur de pièces auto
AÉRONAUTIQUE
Voilà une annonce de bon augure pour les
exportations marocaines: le 100.000e véhicule
produit à l’usine Renault-Nissan de Melloussa,
à Tanger, a été exporté en ce début de septembre. Il s’agit d’une Lodgy qui a embarqué,
en grande pompe, à destination du continent
européen via le port Tanger-Med, vu qu’une
cérémonie a été prévue pour l’occasion. Et
comme une bonne nouvelle n’arrive jamais
seule, le Groupe Renault Maroc a annoncé le
démarrage d’une plateforme d’exportation
de pièces produites au Maroc (ILN), avec des
premières expéditions vers le Brésil.
Premier cluster
du Maroc
Journée portes ouvertes
Une journée portes ouvertes, initiée par le
ministère de l’Agriculture et de la Pêche
maritime, a été organisée en juillet dernier à
Berkane. L’objectif est de présenter
les services et potentialités du nouvel agropole
de Berkane, inauguré par SM le Roi Mohammed VI, aux producteurs, investisseurs et
tous les intervenants dans le secteur agricole.
Cette rencontre a réuni les principales parties
prenantes, publiques et privées, du secteur
agricole marocain telles que le GACAM, l’INRA,
l’ORMVAO, l’EACCE, l’ONCA, ainsi que les porteurs de projets.
AGROALIMENTAIRE
Dindy voit grand
L
e groupe Zalagh, détenteur de
Dindy, la deuxième marque
marocaine de charcuterie industrielle sur le marché local,
s’active pour augmenter sa production et doper sa croissance. Il
lance le projet d’extension de son
usine de charcuterie de volaille
située dans la zone industrielle
de Nouaceur, près de Casablanca, pour un investissement de 30
millions de dirhams. L’objectif
étant d’atteindre 60 tonnes de
charcuterie de volaille par jour à
l’horizon 2016, contre 35 tonnes
actuellement. Mais ce projet s’inscrit également dans le cadre de
10
OCTOBRE 2013
l’ambition de Dindy de se développer à l’international. Cette stratégie à l’export, en gestation, vise
notamment le marché de l’Afrique
subsaharienne où le groupe alimentaire marocain est en train
de finaliser des partenariats avec
des distributeurs locaux. En attendant, la marque Dindy s’intéresse
aux habitudes de consommation
de cette partie du monde pour
customiser l’offre à la demande,
ceci en plus de certains autres
ajustements comme l’adaptation
des packagings, compte tenu des
circuits logistiques en Afrique
subsaharienne. ▲
C’est bon pour l’industrie !
La commercialisation des bâtiments industriels
du Parc industriel d’Ouled Salah débute octobre
courant. Ce nouveau parc, d’une superficie de
32 hectares, est le fruit d’un partenariat entre
la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) et le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de
l’Économie Numérique. Il offre des terrains et
des bâtiments locatifs prêts à l’emploi, avec un
package de services incluant la sécurité, le nettoyage, l’entretien des espaces verts ainsi que
la mutualisation des services communs. ▲
Donnant-Donnant
Les autorités chinoises
proposent de plafonner
le volume de leurs exportations annuelles de
panneaux solaires vers
l’Union européenne et
de fixer un prix minimal
afin de mettre un terme
au litige commercial
entre les deux parties. Les
exportations de modules
photovoltaïques vers l’UE
seraient limitées à 10
gigawatts à un prix minimal de 0,5 euro/watt. En
échange, l’UE réduirait ou
annulerait les taxes douanières imposées sur les
panneaux solaires made
in China.
AGROALIMENTAIRE
L’Inde sur la
voie lactée
L
’Inde, grande puissance émergente, a décidé de s’attaquer
au marché laitier. Aussitôt
dit, aussitôt fait. Les poudres de
lait indiennes sont entrées sur les
marchés mondiaux par la grande
porte. Au premier trimestre de
l’année 2013, l’Inde aura fourni,
Le marché US à portée
En prospect
Fin juin, quelques jours à peine après visite
du Premier ministre turc, M. Recep Tayyip
Erdogan, accompagné de près de 300 hommes
d’affaires au Maroc, c’est au tour d’une autre
mission turque, cette fois-ci dans le textile
de venir prospecter au Maroc. En effet, une
délégation d’hommes d’affaires turcs a fait
le déplacement à Casablanca à la recherche
d’opportunités de partenariat avec leurs
homologues marocains. Confirmant aussi que
le volet économique reste un point important
dans les relations entre le Maroc et la Turquie,
liés depuis janvier 2006 par un accord de libreéchange, qui a largement contribué à promouvoir les échanges commerciaux bilatéraux.
EXPRESS
S
.M. le Roi a inauguré
fin septembre la plateforme industrielle
intégrée «Midparc», appelée
à devenir le premier cluster
aéronautique du Maroc.
Cette plateforme, dont le
coût global s’élève à 887,6
millions de dirhams,
s’étend sur une superficie
de 124,4 ha aménagée en
deux tranches. L’occasion
aussi pour lancer les travaux
de construction de l’usine
Bombardier. Des projets qui
confirment la volonté du
Maroc de hisser le secteur de
l’aéronautique à des niveaux
de compétitivité plus élevés, de consolider les acquis
en termes d’offre d’infrastructures industrielles, et
d’accorder davantage de
visibilité aux investisseurs
tant nationaux qu’étrangers.
L’usine Bombardier Maroc,
qui sera réalisée en trois
tranches, devra produire à
terme des éléments de structure pour les commandes de
vol de ses avions d’affaires
Learjet 70 et 75 et de ses avions commerciaux de la Série
CRJ. L’implantation de Bombardier vient s’ajouter à celle
de grands donneurs d’ordre
(EADS, Boeing, le Groupe
Safran, Daher, Souriau, Zodiac Aerospace, Air France
Industries) et confirme, une
fois encore, la capacité du
Royaume du Maroc d’accueillir une base aéronautique de qualité.. ▲
Grâce au programme
AGOA (African growth and
opportunity act), 39 pays
du continent africain ont
exporté en 2012, quelque
36 milliards de dollars
de produits vers les
États-Unis. Bien que les
produits pétroliers aient
représenté 84% des importations liées à l’AGOA
aux États-Unis en 2012,
le programme a permis
la promotion d’autres
exportations à valeur
ajoutée telles que les véhicules, les vêtements, les
chaussures, les produits
agricoles transformés et
les produits finis. ▲
rien que sur les marchés voisins,
quelque 35.000 tonnes de lait
écrémé en poudre, contre 105
tonnes sur la même période de
l’année 2012. Les principaux marchés à l’export sont le Bangladesh, l’Égypte, l’Algérie, l’Arabie
saoudite, le Yémen et Singapour.
Une performance qui place l’Inde
en quatrième position en termes
de volume exporté derrière la
Nouvelle-Zélande, les États-Unis
et l’Union européenne. Qui dit
mieux? ▲
UE : EXPORTATION DE VOLAILLE
Zéro taux de restitution
L
a Commission européenne a annoncé en
juillet dernier avoir
décidé de supprimer les
aides à l’exportation pour
les poulets congelés bénéficiant surtout aux volaillers
français, notamment aux
groupes bretons Doux et
Tilly-Sabco. Lors de sa mise
à jour habituelle des taux
de restitution à l’exporta-
tion, le Comité de gestion
des produits animaux a en
effet réduit à zéro les taux
de restitution pour la viande
de volaille. Ces restitutions
constituent des aides à l’exportation du poulet congelé
entier pour des marchés
spécifiques, principalement
la CEI (Communauté des
États indépendants, exURSS) et le Moyen-Orient.▲
OCTOBRE 2013
11
Carte blanche
Carte blanche
Le marché russe :
Nouvelles opportunités
pour les produits
marocains
L’économie de
la Russie et la
coopération avec le
Maroc
I
l est indéniable que la signature de la
déclaration sur le Partenariat Stratégique
entre le Maroc et la Russie en octobre 2002
a lancé les bases d’un partenariat économique réel entre les deux pays. Si les débuts
de ces échanges étaient timides, il n’en
demeure pas moins que la tendance du volume
des échanges entre les deux pays est en constante
hausse.
A ce titre, le chiffre d’affaires annuel du commerce
bilatéral a augmenté de 1,9 fois entre 2010 et
2011 pour approcher les 2 milliards. En 2012, il
a dépassé cette barre pour atteindre 2,3 milliards
de dollars. La Russie est le 8ème partenaire économique pour le Maroc, tandis que le Royaume est
le 1er partenaire commercial de la Russie dans le
monde arabe et à l’échelle africaine.
Le marché traditionnel des exportations des produits marocains vers la Russie se constitue principalement des agrumes, des légumes frais et des
produits de la mer.
Bien que le Maroc ait amélioré sa position sur le
marché russe, force est de constater que la balance
commerciale reste déficitaire du côté marocain.
Cela s’explique par la nature des produits échangés. En effet, tandis que le Maroc importe des
produits non substituables tels que le gaz, le gaz
naturel liquéfié, le pétrole ou encore le blé, nos
exportations se limitent encore à des produits à
faible valeur ajoutée, principalement composées
de produits primaires tributaires des contraintes
de capacité de production et des aléas climatiques.
Néanmoins, ce déficit qui n’est pas insurmontable
tendra à l’avenir vers une réduction certaine et ce,
12
OCTOBRE 2013
PAR M. ABDELKADER
LECHEHEB
S.E.M AMBASSADEUR DE
SA MAJESTÉ LE ROI EN
RUSSIE
“La Russie est le
8ème partenaire
économique
pour le Maroc,
tandis que le
Royaume est le
1er partenaire
commercial de
la Russie dans
le monde arabe
et à l’échelle
africaine”
pour plusieurs raisons. Premièrement, les larges
parts de marché russe que le Maroc peut conquérir
; deuxièmement, l’amélioration de l’offre marocaine qui répond aux normes qualité et standards
internationaux ; troisièmement les capacités
d’absorbation du marché russe ; et dernièrement
« l’agressivité » des opérateurs économiques marocains vis-à-vis du marché russe qui est considéré,
au même titre que les Etats-Unis et l’Union Européenne, comme une cible prioritaire.
Ces parts de marchés peuvent être conquises aussi
bien au niveau des exportations traditionnelles de
l’agroalimentaire par la diversification de l’offre
marocaine, que dans la recherche de nouveaux débouchés commerciaux dans les secteurs où l’offre
marocaine dispose d’atouts compétitifs.
Ainsi, des exportations d’huile d’olive, d’huile d’argan, d’olives et de poisson en conserves pourraient
s’ajouter aux fruits et légumes pour développer
davantage l’offre marocaine dans ce secteur.
Par ailleurs, les phosphates et dérivés ainsi que le
textile et chaussures représentent également des
secteurs où le Maroc est suffisamment armé pour
être largement concurrentiel sur le marché russe.
La liste des produits marocains susceptibles de
s’exporter vers la Russie n’est pas exhaustive et
peut être affinée par des missions exploratoires et
de prospection, à l’instar des rencontres B to B organisées au courant de l’année 2013 dans le cadre
des activités promotionnelles de Maroc Export en
collaboration avec l’Association Marocaine des
Industries du Textile et de l’Habillement qui ouvriront à coup sûr des possibilités d’exportation non
négligeables. ▲
L
a Fédération de Russie reste le plus vaste Etat de la
planète, possédant des frontières avec 16 pays, et
un littoral de 37.653 km. Sa population est estimée
à 145 millions d’habitants. La Russie dispose de
ressources minières (houille, fer, nickel, diamant etc)
et énergétiques (pétrole, gaz naturel, hydroélectricité) abondantes qui en font l’un des principaux producteurs et
exportateurs mondiaux. Elle a hérité, de l’URSS, d’une industrie
lourde puissante (aciéries, raffineries, industrie chimique etc ). Les
secteurs liés à l’armement, aux nucléaires, et à l’aérospatial sont
également fortement développés, ce qui a permis aux pays de
jouer un rôle important dans la conquête de l’espace.
L’économie russe est marquée par le poids des industries extractives : gaz naturel (1er producteur et exportateur mondial), pétrole
(1er producteur et 2ème exportateur), charbon (6ème pays
producteur), métaux non ferreux. La Russie peut être également
considérée comme une puissance agricole forte - c’est le premier
producteur mondial de seigle, d’avione, d’orge, de framboise, de
groseille, de cassis. Elle est aussi un gros producteur de betterave,
de blé et de pomme de terre. En 2012, le taux de croissance de l’économie russe s’est établi à 4,3%. Ceci est le plus élevé parmi les plus
grandes économies de l’Europe et l’Asie. Elle fait partie de plusieurs
blocs et organisations économiques internationaux et régionaux
et a des partenaires sur chaque continent avec lesquels elle développe des relations fructueuses et mutuellement avantageuses.
Le Maroc est l’un des partenaires stratégiques de la Russie (La
Déclaration de partenariat stratégique a été signée le 15 Octobre
2002 lors de la visite à Moscou de Sa Majesté le Roi Mohammed
VI). Dans la structure du commerce extérieur de la Russie avec
des pays arabes, le Maroc occupe l’une des premières places. Les
exportations de la Russie vers le Maroc constituent en principe
le pétrole et les produits pétroliers (77%), le soufre (13%), les
céréales (4,1%), les engrais (2,5%), les graisses et les huiles d’origine
végétale ou animale (0,5%). Depuis des décennies le Royaume est
un grand importateur du métal russe. Les importations russes en
PAR VALERY VOROBIEV
S.E.M. AMBASSADEUR DE
LA FÉDÉRATION DE RUSSIE
AU ROYAUME DU MAROC
Les domaines
prometteurs de
la coopération
sont l’énergie,
compte tenu des
programmes
d’énergie solaire
en cours, ainsi que
d’expansion et
de modernisation
des centrales
thermiques déjà
existantes et la
pêche maritime.
provenance du Maroc sont dominées par les produits d’agrumes
(45%), d’habillement et de bonneterie (15%), des légumes frais
(9%), des chaussures (7%) et la farine de poisson (8%). La part des
biens russes dans les importations totales marocaines est de 4,6%
(7e place). Il est noter qu’il y a une tendance à la diversification de
la structure des exportations russes. Les domaines prometteurs
de la coopération sont l’énergie (compte tenu des programmes
d’énergie solaire en cours, ainsi que d’expansion et de modernisation des centrales thermiques déjà existantes), l’agriculture (la
part de la production céréalière de Russie dans les importations
marocaines ne présente que 5%) et la pêche maritime (le nouvel
Accord de coopération en matière de pêche maritime a été signé le
14 Février 2013), les services bancaires. Beaucoup de compagnies
russes manifestent leur intérêt au marché marocain. Par exemple,
la société «Gazprom» s’intéresse à la participation dans un projet
de construction et d’exploitation d’un terminal de gaz naturel
liquéfié (GNL), ainsi que dans un projet de gazéification complexe
du Maroc, y compris des livraisons à long terme du GNL sur le marché marocain. La société «SouzNefteGaz» (Moscou) souhaiterait
obtenir une licence afin d’effectuer au Maroc l’exploration pétrolière. Dans le domaine de l’énergie, la société russe «NK EnergoStoryEngineering» (Moscou) effectue des travaux des réparations
capitales de la centrale thermique marocaine «Jerada». La SARL
«Toliattinskiy transformator» (Toliatti) étudie actuellement la
possibilité de livraison des produits de propre fabrication, notamment des transformateurs, pour des sites marocains énergétiques.
La SARL OOO «B2B» (Moscou) promeut avec succès ses conceptions innovatrices en matière de production et d’exploitation des
écrans terminaux électroniques destinés au paiement des services
différents (marque commerciale « iCAN »).
Des certaines perspectives ont des produits russes de l’industrie
mécanique et de haute technologie et ceux de l’industrie aéronautique. Le domaine de biopharmacie, ainsi que des produits
cosmétiques et des équipements médicaux russes peut également
être intéressant pour des clients marocains.▲
OCTOBRE 2013 13
Interview
ZOUHAIR MOHAMED EL AOUFIR DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT COMMERCIAL ROYAL AIR MAROC
Nouveau plan de vol
Comment expliquez-vous que les résultats soient en avance sur les engagements
pris dans le cadre du contrat programme
signé avec le gouvernement ?
Ces résultats sont le fruit de deux facteurs. Il y a d’abord l’abandon des routes
déficitaires conjugué à la réduction synchronisée de nos ressources. Nous avons
abandonné des lignes de production
commercialement déficitaires tout en diminuant les coûts moyens de production.
Nous avons réussi à baisser légèrement
le coût unitaire du siège offert, tout en
diminuant la flotte d’environ 20%. Ceci a
augmenté fortement la profitabilité du
réseau que nous avons conservé.
Deuxième facteur qui explique ce résultat, c’est l’adoption d’une politique
commerciale tout autant audacieuse
qu’agressive en assurant une augmentation générale des paramètres de qualité
de service : rajeunissement de la flotte à
moins de 7 ans d’âge moyen, ponctualité
élevée à 83%, pertes bagages diminuées de
70%, rénovation des cabines, etc.…
RAM est animée d’une grande ambition
de développement à l’international. Elle
élargit de plus en plus son réseau vers
des pays émetteurs de touristes vers le
Maroc. Royal Air Maroc veut-elle développer son rôle de premier support de
l’industrie touristique nationale ?
Ces nouvelles dessertes ont-elles l’ambition d’accompagner le développement
des échanges économiques du Maroc
avec les marchés cibles ?
Royal Air Maroc est un acteur majeur du
tourisme national. La compagnie nationale accompagne le secteur touristique
national. C’est dans cette perspective
qu’elle a ouvert de nouvelles routes aériennes pour, essentiellement, développer
le trafic touristique à destination du Maroc. Nous avons doublé les dessertes avec
l’Espagne pour passer à 9 avec l’ouverture
de nouvelles lignes telles Las Palmas,
Tenerife. La ligne Marrakech-Londres
(Gatwick) que nous venons de lancer,
répond principalement au souci de Royal
Air Maroc de développer le tourisme et
les échanges économiques du Maroc avec
ces pays. Il y va de même pour les liaisons
directes avec Stockholm et Copenhague,
ainsi que pour la route aérienne Casablanca-Sao Paolo qui sera ouverte à partir du
09 décembre.
RAM joue désormais un rôle de premier
plan sur le marché africain.Quelle est la
rentabilité de votre réseau africain, qui
compte 29 destinations hors du Maroc ?
Le marché africain représente 25% du
chiffre d’affaires de Royal Air Maroc. Notre
trafic a été multiplié par dix en 10 ans.
L’aéroport Mohammed V est aujourd’hui
le premier hub aérien africain pour les
flux de trafic entre le continent et l’Europe. Ce marché dans sa globalité représente actuellement autant que le marché
français, qui est traditionnellement le
plus gros marché de RAM.
Nous desservons l’essentiel des destinations atteignables par RAM. Peutêtre que nous souhaiterons aller dans le
Maghreb, vers des villes de province et
qui ne soient pas forcément les capitales.
Nous envisageons, surtout, d’augmenter
les fréquences de ces destinations afin
d’avoir une offre différenciée qui répond
aux besoins de notre clientèle. Et puisque
l’Afrique est un continent en pleine crois-
Que représente pour Royal air Maroc
l’ouverture de nouvelles destinations,
notamment vers la fédération de Russie?
Quelles autres destinations sont prévues pour 2014 ?
Royal Air Maroc est engagée avec
confiance dans une politique de développement qui lui permettra de renforcer ses
positions sur les marchés traditionnels
et d’étendre son réseau à de nouvelles
destinations. A cet effet, nous avons
entamé cette stratégie par le lancement
de nouvelles routes aériennes en Afrique,
en Italie, en Espagne : Praia (Cap Vert),
Turin, Las Palmas, Tenerife, Madrid (à
partir de Tanger)… Nous desservirons le
Brésil par le biais d’une ligne directe (Casablanca-Sao Paolo) qui sera une porte
d’entrée pour le continent de l’Amérique
du Sud. Et nous envisageons d’ouvrir de
nouvelles lignes en Afrique de l’Est. Dans
le cadre de ce renouveau commercial,
nous prévoyons également l’extension
“Royal Air Maroc est engagée avec confiance dans une politique de développement qui lui
permettra de renforcer ses positions sur les marchés traditionnels et d’étendre son réseau
à de nouvelles destinations”.
L’AFRIQUE EST
UN CONTINENT EN
PLEINE CROISSANCE,
NOUS TRAVAILLONS
POUR OFFRIR À
NOTRE CLIENTÈLE LES
POSSIBILITÉS D’ALLER EN
AFRIQUE DE L’EST ET
EN AFRIQUE AUSTRALE.
L’ARRIVÉE EN FIN
2014 DES NOUVEAUX
LONG-COURRIERS, À
SAVOIR LES BOEING
787 DREAMLINER,
NOUS PERMETTRA DE
DESSERVIR CES ZONES
DU CONTINENT.
14
OCTOBRE 2013
Le climat de crise que connaît le secteur
de l’aérien ces dernières années vous
oblige à faire des choix. Dans quelle
mesure les choix opérés ont permis à
RAM de s’en sortir ?
Le secteur du transport aérien est marqué par une surcapacité structurelle de
l’offre qui, conjuguée à la crise économique mondiale, a entraîné une concurrence exacerbée permanente qui s’est
traduite par des tarifs souvent irréalistes.
Le Maroc n’a pas dérogé à ce constat
puisque depuis le début de l’année, l’offre
a grimpé de plus de 20%. Jamais il n’y eu
autant de sièges offerts que cette année.
Résultat de cette surcapacité et cette
guerre des prix : destruction de la valeur.
Dans ce climat, Royal Air Maroc a fait le
choix judicieux de se restructurer de manière profonde. Nous avons réduit considérablement nos charges d’exploitation
en agissant sur tous les plans : flotte, distribution, dessertes, masse salariale, etc.
Avec un outil de production rationalisé,
nous disposons aujourd’hui de coûts de
revient compétitifs, et nous avons rétabli
la confiance dans notre capacité à anticiper les mutations du marché du transport
aérien.
En parallèle, le groupe a adopté, parmi ses
choix stratégiques, une politique d’externalisation pour se concentrer sur son métier de base, en l’occurrence le transport
aérien. L’externalisation des formations
dispensées par la RAM pour ses besoins
propres vers l’OFPPT, à travers la convention qui nous lie et qui a permis la création
de l’institut ISMALA, et la cession à l’Académie Mohammed VI de l’aviation civile
de l’école de pilotes de la RAM, permet
d’envisager une extension importante de
l’offre de formation au bénéfice de tout
le pays voire de pays étrangers. De même,
l’externalisation, en partenariat avec des
leaders mondiaux dans leurs domaines,
des activités annexes de la RAM, comme
la maintenance avions, la maintenance
moteurs, le catering, le handling, permet
d’augmenter la qualité de l’offre Maroc et
l’extension des marchés.
sance, nous travaillons pour offrir à notre
clientèle les possibilités d’aller en Afrique
de l’Est et en Afrique australe. L’arrivée
en fin 2014 des nouveaux long-courriers,
à savoir les Boeing 787 Dreamliner, nous
permettra de desservir ces zones du continent.
de notre réseau à de nouveaux marchés,
en l’occurrence l’Amérique du Sud et
l’Europe de l’Est. A titre d’exemple (et
outre les nouvelles routes aériennes
déjà citées ), nous relierons dans les mois
qui viennent le Maroc à la République
Tchèque, la Hongrie, la Serbie, l’Ukraine,
la Grèce.
Quant à la ligne Casablanca-Moscou, elle
a été ouverte à partir de mars 2011 à raison de 3 vols par semaine. Et depuis mars
2012, la compagnie a programmé une 4e
fréquence hebdomadaire. Cette liaison a
été conçue essentiellement pour contribuer au trafic touristique entre la Russie
et le Maroc et notamment pour desservir
la ville d’Agadir qui est une destination
de prédilection pour les touristes russes.
C’est pourquoi la programmation des
vols a été effectuée de manière à réaliser
des connexions adaptées de et vers Agadir.Le projet de cette liaison s’inscrit également dans la perspective de connecter
les destinations africaines à travers le hub
que représente l’aéroport de Casablanca.
Quelle est la capacité fret offerte par
RAM ?
Avec un chiffre d’affaires de plus de
400 MDH en 2012, le fret assuré par le
groupe RAM s’est établi à près de 18,3
mille tonnes dont près de 9,7 mille
tonnes à l’import et 8,6 mille tonnes à
l’export. ▲
Zouhair Mohamed EL AOUFIR
Directeur Général Adjoint
Commercial
ROYAL AIR MAROC
LA LIAISON CASABLANCAMOSCOU A ÉTÉ CONÇUE
ESSENTIELLEMENT POUR
CONTRIBUER AU TRAFIC
TOURISTIQUE ENTRE LA
RUSSIE ET LE MAROC. LE
PROJET DE CETTE LIAISON
S’INSCRIT ÉGALEMENT
DANS LA PERSPECTIVE
DE CONNECTER LES
DESTINATIONS AFRICAINES
À TRAVERS LE HUB QUE
REPRÉSENTE L’AÉROPORT
DE CASABLANCA.
OCTOBRE 2013 15
Entreprendre
BLUE FINGERS
Tisser sa toile
au-delà des frontières
Opérant dans le secteur du «jeans» (denim), la toile de coton la plus portée dans le monde,
Blue Fingers a su se tailler, en l’espace de quelques années, une place parmi les leaders de
ce secteur au Maroc. Aujourd’hui, cette entreprise ambitieuse n’arrête pas de grandir et de
conquérir de nouveaux marchés de par le monde.
E
COMME LA PLUPART
DES ENTREPRISES
DE SON SECTEUR
D’ACTIVITÉ, BLUE
FINGERS TRAVAILLE
EXCLUSIVEMENT POUR
L’EXPORT.
n 2009, Rachid Maliki lance au Maroc
Blue Fingers, une entreprise spécialisée dans la production «jeans», en
partant du tissu brut. Après une solide
expérience de treize ans comme directeur
de développement chez le leader mondial
«Levi Strauss» en Belgique, on peut dire qu’il
se lance en terrain connu. La jeune entreprise commence par faire le bon choix. Elle
intègre le groupe New Wash, spécialisé dans
le délavage, afin de pouvoir mieux servir le
marché en couvrant un champ plus large
de la filière de fabrication de jeans. «Les
donneurs d’ordres cherchent des groupes
intégrés, qui maîtrisent toute la chaîne de
valeur», confirme le jeune dirigeant. Et cette
stratégie s’avère des plus gagnantes.
Une Success-Story
Et pour cause, en seulement quatre ans
d’activité, Blue Fingers a connu un développement fulgurant. L’entreprise emploie aujourd’hui plus de 450 personnes et dispose
d’une capacité de production de 4000 pièces
par jour. Autre performance, elle a réalisé un
chiffre d’affaires de 90 millions de dirhams
en 2012. Son capital a été multiplié par
quatre en autant d’années, passant de 2 millions de dirhams au lancement, à 8 millions
actuellement. Faisant dire à son patron non
sans fierté: «C’est une vraie success-story. En
très peu de temps, nous avons pu nous hisser
parmi les cinq premières entreprises dans
notre domaine». En effet, l’entreprise fait
partie des cinq sélectionnées pour bénéficier de subventions accordées dans le cadre
d’un programme de soutien spécifique pour
le développement des exportations dans le
secteur du textile. Ce programme, toujours
en cours d’exécution, devrait aboutir à une
aide de 40 millions de dirhams, destinée à
permettre à ces acteurs de mieux structurer
le tissu industriel du Maroc et de renforcer le
positionnement des produits manufacturés
marocains sur les marchés internationaux.
Une activité orientée vers l’export
Comme la plupart des entreprises de son
secteur d’activité, Blue Fingers travaille
exclusivement pour l’export. Une partie de
sa production va vers les États-Unis, mais
l’essentiel prend le chemin de l’Europe, vers
la France, l’Italie, l’Allemagne, ou encore
l’Espagne. Sur le marché international,
Blue Fingers, et le «jeans» made in Morocco
font face à la concurrence de pays voisins
comme la Tunisie ou la Turquie. Mais cela
n’effraye pas Rachid Maliki, car pour lui, les
entreprises marocaines sont bien armées
pour bien résister. « Chaque pays dispose
Maîtriser toute la filière pour mieux servir le marché
D
ès le lancement du projet, en 2009, l’idée de Rachid Maliki était simple:
maîtriser l’ensemble de la
filière pour être compétitif sur
le marché. Il faut dire que ce
jeune homme connaît la fabrication des jeans comme sa
16
OCTOBRE 2013
poche. En intégrant le groupe
New Wash, son entreprise,
Blue Fingers, peut se targuer
d’assurer toutes les étapes de
la création des jeans. Elle se
positionne en aval du «converteur», chargé du tissage, et
assure toutes les étapes de
production pour délivrer un
produit fini, prêt à être porté. Elle fait ainsi partie des
cinq «agrégateurs» chargés de
développer cette branche du
textile marocain et de la faire
rayonner sur le marché international. ▲
Le voyage en Russie a été positif
dans le sens où il nous a permis
de jauger le potentiel de ce
marché et d’établir quelques contacts intéressants.
de ses propres avantages. L’Accord de libreéchange avec les États-Unis, par exemple, est
un atout indéniable dont seules les entreprises marocaines peuvent tirer profit»,
explique-t-il.
Toujours à la recherche de nouveaux marchés, l’entreprise multiplie les participations
aux salons et autres évènements professionnels de par le monde. «Aujourd’hui, nous
cherchons à consolider notre présence sur
les marchés allemand et américain», déclare
Rachid Maliki. Ajoutant qu’il reste «beaucoup de choses à faire dans ces pays». La
conjoncture étant ce qu’elle est dans le domaine du textile, Rachid Maliki est conscient
qu’en plus de ces clients «classiques», l’entreprise doit également prospecter de nouveaux marchés afin de pallier la baisse de la
demande qui touche certains pays clients
tels que l’Espagne, crise économique oblige.
Elle s’est ainsi naturellement tournée vers
les pays du nord de l’Europe, qui montrent
une meilleure résilience face aux aléas économiques. Et cette stratégie semble marcher, puisque Blue Fingers dispose déjà de
ses premiers clients en Hollande et en Suède.
Une expérience concluante, que le dirigeant
espère être un premier pas vers la conquête
commerciale de cette partie du vieux continent.
Des premiers contacts positifs
avec la Russie
Dans leur quête de nouveaux marchés à
l’international, les dirigeants de Blue Fingers ont participé à une caravane organisée
pour les exportateurs marocains en Russie,
en juin dernier. Et même si l’entreprise n’exporte pas encore vers ce marché prometteur,
Maliki reste optimiste quant au potentiel de
ce marché récemment ouvert au monde: «Ce
voyage a été positif dans le sens où il nous a
permis de jauger le potentiel de ce marché
et d’établir quelques contacts intéressants»,
témoigne-t-il. Cette mission d’hommes
d’affaires lui a, en effet, permis d’entrer en
contact avec d’importants clients potentiels,
tels que le géant Yudashkin. des contacts
que le dirigeant espère concrétiser bientôt,
grâce au voyage organisé par Maroc Export
au mois d’octobre
Rachid Maliki nourrit de grandes ambitions
pour son entreprise. Il espère franchir le
cap symbolique du million de pièces produites par an, au lieu des quelque 700.000
aujourd’hui. Et si la totalité de sa production
est vendue à l’étranger sous les marques de
ses donneurs d’ordres, il nourrit l’espoir
de lancer un jour sa propre marque. Et son
entreprise semble bien armée pour cela. «Le
plus difficile, lorsque l’on souhaite créer une
marque, est de maîtriser l’outil productif»,
souligne-t-il. Or, Blue Fingers dispose déjà
d’une unité de production performante.
Cette marque serait tournée en premier lieu
vers le marché local. «Au Maroc, le marché
existe», poursuit-il confiant. Le jeune dirigeant verrait bien sa marque, par la suite,
s’attaquer à l’international en s’appuyant
sur ses contacts et ses réseaux déjà en place.
Petit poisson deviendra grand! ▲
L’ENTREPRISE EMPLOIE
AUJOURD’HUI PLUS
DE 450 PERSONNES
ET DISPOSE D’UNE
CAPACITÉ DE 4000
PIÈCES PAR JOUR.
OCTOBRE 2013 17
Entreprendre
ABDELMAJID MAZOUZ
Le farmer de Berkane
Faisant preuve d’un bon sens des affaires et d’un vif esprit de décision en étant tour
à tour agriculteur, producteur, commerçant et distributeur, Abdelmajid Mazouz
s’attaque au marché international. En toute confiance.
terre produites par an, soit 12% du tonnage
produit au niveau de sa région, Abdelmajid
Mazouz est également commerçant avec
une large expérience dans le domaine de
conditionnement et celui de la distribution
des fruits et légumes. Il achète et revend,
majoritairement sur le marché local, 18.000
tonnes de clémentines et 4.000 tonnes
d’oranges. Cet agriculteur multi-casquettes
dispose aussi d’un complexe agro industriel
de 10 chambres frigo et de deux stations de
conditionnement, soumises aux normes de
qualité les plus strictes. La première station
qui est sa propre propriété lui permet de
conditionner, annuellement, 8.000 tonnes
de clémentines et 12.000 tonnes d’oranges.
Quant à la deuxième, qui appartient à un
autre groupe du secteur, elle lui permet de
conditionner 2200 tonnes d’agrumes par
an.
Test à l’export
Abdelmajid Mazouz a eu
l’occasion de se frotter au
quotidien aux spécificités et
aux contraintes du monde
agricole
A
vec 25 ans d’expérience dans la filière
agricole, Abdelmajid Mazouz, la quarantaine à peine, n’a pourtant rien
d’un débutant dans le domaine de l’agriculture. Entre ses trois propriétés agricoles
d’une superficie de 18 hectares, plantées
en clémentiniers (8500 arbres), et sept
unités de 400 hectares exploitées dans le
cadre d’un partenariat, utilisées pour la
culture de la pomme de terre et la pastèque,
Abdelmajid Mazouz a eu l’occasion de se
frotter au quotidien aux spécificités et
aux contraintes du monde agricole. Avec
comme résultat du parcours des projets
construits sous sa casquette de self made
man. Agriculteur du haut de ses centaines
d’hectares exploités, avec une capacité de
8.000 tonnes de clémentines annuellement
et quelque 18.000 tonnes de pommes de
- EN 2011, NOUS AVONS CHERCHÉ À MÉNAGER DES OPPORTUNITÉS
À L’EXPORT POUR NOTRE PRODUCTION DE CLÉMENTINES.
18
OCTOBRE 2013
Lui est du Maroc «lointain». Il est de
Berkane et donc d’une région longtemps
oubliée, en marge du processus de développement national car enclavée. «Enclavée!»,
s’exclame Abdelmajid Mazouz, en guise
de protestation, rappelant que le discours
royal de 2003 est une initiative qui a «réhabilité la région de l’Oriental et donné un
regain d’intérêt certain à toute la région», se
félicitant surtout de l’attractivité retrouvée
de sa ville natale Berkane, ville disposant
d’un potentiel de production agricole important et diversifié. Et même si Abdelmajid
Mazouz n’a pas fait d’études très poussées,
ce «simple fellah», comme il se plaît à se définir malgré le large éventail de ses activités,
a su profiter de la conjoncture favorable à la
région depuis le déclic du Plan Maroc Vert.
Mais ce n’est pas le gros de son challenge.
Il a aussi eu le temps de mûrir une idée qui
date de plusieurs années, celle d’intégrer le
volet exportation parmi ses activités. Mazouz a donc décidé de tenter l’expérience
de s’attaquer au marché international,
notamment pour sa production de clémentines. «Nous avons, jusqu’à il y a deux ans,
travaillé sur le marché local. En 2011, nous
avons cherché à ménager des opportunités
à l’export pour notre production de clémentines, encouragé par le succès de ce produit
marocain qui est très apprécié à l’étranger,
notamment en Russie où nos agrumes ont
développé une grande notoriété chez leurs
consommateurs», annonce Mazouz, précisant: «auparavant, j’ai collaboré essentiellement avec un groupe exportateur marocain.
Certaines de mes productions étaient en
fait exportées par son intermédiaire. Mon
objectif est d’exporter en direct certains
de mes produits». Un peu comme monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans
le savoir ! «Nous sommes conscients d’être
novices sur le marché international et c’est
la raison pour laquelle nous avons adopté
une démarche sécurisante, question de
voir si cette tentative va porter des fruits ou
pas», explique-t-il. En effet, pour ce galop
d’essai, le primo exportateur s’est tourné
vers l’Union européenne, le Canada et la
Russie, devenue depuis quelques années
une destination inévitable de la production
marocaine d’agrumes. Il a ainsi pu écouler
quelque 5000 tonnes de clémentines par
an durant les deux dernières campagnes.
Réalisant un chiffre d’affaires à l’export de
21 millions de dirhams.
Prendre goût à l’export
À la question de savoir comment il s’est
préparé pour aborder le marché international, Mazouz avance souriant qu’il existe
plusieurs façons de cibler de nouveaux
marchés d’exportation, «mais le seul et
unique moyen de frapper dans le mille, c’est
de foncer sans se poser trop de questions
existentielles». Ajoutant: «notre première
tentative sur le marché international nous a
confortés à l’idée que l’exportation est une
piste d’évolution pour notre société. Mais je
suis le premier à admettre qu’il ne faut pas
croire pour autant que la partie est gagnée
d’avance et il ne veut surtout pas brûler les
étapes». Mazouz est en effet conscient du
besoin de bien saisir le mode de fonctionnement de l’opération export et de la nécessité
de l’adaptation de son offre aux besoins
du marché étranger. «Nous travaillons
fort. Nous participons à des expositions
commerciales, des salons professionnels.
Ceci en plus de collecter suffisamment
d’informations sur les tendances des marchés et leurs risques», conclut Mazouz. En
attendant, et depuis la première fournée
de clémentines exportées, les choses sont
allées très vite, et pour le mieux, vu que
Mazouz est en négociation avec certains
pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite vers laquelle il a déjà exporté récemment ses produits, ainsi que le marché
étasunien où il prospecte depuis peu. Rien
que ça! ▲
«Nous sommes conscients
d’être novices sur le marché
international et c’est la
raison pour laquelle nous
avons adopté une démarche
sécurisante, question de voir
si cette tentative va porter des
fruits»
CET AGRICULTEUR
A SU PROFITER DE
LA CONJONCTURE
FAVORABLE À LA
RÉGION DEPUIS LE
DÉCLIC DU PLAN
MAROC VERT.
OCTOBRE 2013 19
Eclairage
LES PILIERS DE LA STRATÉGIE
MAROC EXPORT PLUS
Exportez avec les
bons outils !
20
OCTOBRE 2013
Le Maroc a lancé un dispositif d’encouragement
des exportations et a intégré un effort de promotion conséquent à travers divers mécanismes pour
améliorer l’offre exportable marocaine et l’aider
à trouver preneur sur le marché international. Il
existe actuellement toute une gamme d’outils tels
que les conventions de partenariat mises en place
par l’État, les missions d’affaires, l’organisation
et/ou la participation à des salons internationaux.
En plus des structures d’aide à l’export mettent
notamment à disposition des entreprises des informations clés sur le potentiel des marchés ciblés,
les modalités d’exportation, la concurrence, etc. La
panacée pour booster l’offre exportable du Maroc
jugée insuffisante en volume et en diversité, et peu
rentable.
OCTOBRE2013
2013 21
OCTOBRE
Eclairage
LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS
Le programme d’audit consiste à auditer 1.000 entreprises, tous secteurS
d’activités confondus, à l’horizon 2015, réparties, par année, comme suit :
ANNéeS
Nombre d’entreprises
à auditer
100
O
ù se trouve la croissance
projetée sur le court et
moyen termes? Pas au Maroc ! Il faudrait aller la chercher
dans les marchés à l’international, et particulièrement dans les
marchés émergents à forte croissance. Conscient de cet impératif,
le Maroc s’est résolument engagé
dans un processus de développement par le biais de la promotion
de l’investissement et le développement de nouveaux secteurs
industriels à forte valeur ajoutée
en termes d’exportation. Et ce
en mettant en place différentes
stratégies sectorielles assorties
d’échéances en phase avec la
dynamique économique mondiale telles que Plan Emergence
Industrielle, Plan Azur, Plan Maroc
Vert, Plan Halieutis, Plan Maroc
Numérique… Dès lors, le Maroc
devait mettre en place une stratégie en faveur de l’amélioration des
exportations pour saisir les opportunités qui s’offrent à toute la
production nationale, à échéance,
à son offre exportable. Baptisée
«Maroc Export Plus», cette stratégie, initiée depuis 2009, ambitionne de tripler les exportations
marocaines en dix ans, via trois
axes à savoir un ciblage des secteurs et des produits «afin d’orienter, en priorité, les efforts vers les
produits dont l’offre est déjà disponible, puis ceux issus des plans
sectoriels en cours». Un ciblage
des marchés «pour consolider la
position du Maroc sur ses marchés traditionnels, et se diversifier
vers de nouveaux marchés à fort
150
200
250
300
Une centaine
d’entreprises
seront
accompagnées
dans leur
stratégie d’export
chaque année.
potentiel». Et un accompagnement des acteurs «pour mettre à
la disposition de l’ensemble des
entreprises, les outils nécessaires
à leur développement à l’international». Cinq cents entreprises
seront accompagnées dans leur
stratégie d’export chaque année.
Pour donner la pleine mesure
à cette ambition, des mesures
sectorielles spécifiques aux secteurs à fort potentiel à l’export ont
été élaborées. Elles concernent
essentiellement les exportateurs
confirmés et ont pour objectif
de faciliter l’acte d’exporter, en
amont ou sur le marché cible, et
de promouvoir globalement le
secteur sur les marchés ciblés.
68 mesures sont ainsi prévues
pour les différents secteurs visés.
Parallèlement six conventions
de partenariat, dotées d’un montant global de 1,162 milliard de
SIX CONVENTIONS DE PARTENARIAT, DOTÉES D’UN MONTANT GLOBAL DE 1,162
MILLIARD DE DIRHAMS, POUR LA MISE EN ŒUVRE DES MESURES TRANSVERSALES
DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS.
22
OCTOBRE 2013
dirhams, ont été signées en 2009.
Ces six conventions constituent
les piliers édifiant la charpente
de la stratégie Maroc Export Plus
qui a pour objectif de porter le
montant des exportations de 114
milliards de dirhams en 2008 à
229 milliards de dirhams en 2015,
soit donc le double en un peu plus
de 5 ans, et atteindre, d’ici 2018,
presque le triple avec 327 milliards de dirhams. En 2015, il est
attendu un PIB additionnel de 45
milliards qui devrait atteindre 85
milliards d’ici 2018.
Contrat de croissance à
l’export, l’effet de levier
La première des six conventions
de partenariat, qui concrétisent la
mise en œuvre de cette stratégie,
est sans doute la plus importante.
Elle prend la forme de contrats
de croissance à l’export. Elle vise
à mettre en place, au profit de
375 entreprises exportatrices ou
potentiellement exportatrices,
durant la période 2011-2017, un
appui financier pour la prise en
charge partielle des dépenses liées
aux actions de promotion et de
développement des exportations.
Les entreprises sont recrutées à
partir d’un appel à candidature
public, dans lequel elles sont scindées en deux groupes. Le premier
est composé par les entreprises
confirmées à l’export, dont les
exportations sont comprises entre
50 et 500 millions de dirhams
par an. Le second concerne les
entreprises exportatrices émergentes, dont le chiffre d’affaires à
l’export est inférieur à 50 millions
de dirhams. Deux ans après la
signature de cette convention
par l’ancien ministre du Commerce, Abdellatif Maâzouz, son
successeur, Abdelkader Amara
active la machine en signant, le
1er septembre dernier, à Rabat,
des contrats avec 25 entreprises
exportatrices ou potentiellement
exportatrices. Les premiers bénéficiaires de cette initiative se
répartissent comme suit: 9 entreprises confirmées avec un chiffre
d’affaires à l’export compris entre
50 et 500 millions de dirhams
par an et 16 émergentes dont le
chiffre d’affaires à l’export est inférieur à 50 millions de dirhams. Les
entreprises qui ont bénéficié de ce
premier lot de contrats opèrent
dans différents secteurs particulièrement l’agroalimentaire et
le textile. Certaines d’entre elles
exportent déjà en Europe, aux
États-Unis et même en Australie.
Cela dit, la priorité a été donnée
à cette deuxième catégorie, car,
selon Abdelkader Amara, le but
est d’ «encourager les sociétés
émergentes à exporter davantage
en les assistant pendant quelques
années à booster leurs produits
sur des marchés à fort potentiel
pour nos exportations et de générer des exportations additionnelles leur permettant d’accroître
leur chiffre d’affaires à l’export».
Consortiums à l’export,
l’art de chasser en meute
La deuxième convention de
partenariat est relative au programme d’appui aux consortiums
d’exportation. Elle a pour objectif de soutenir la constitution, le
«Maroc Export
Plus», consiste
à encourager le
regroupement
d’entreprises
exportatrices et
particulièrement
les PME/PMI
sous la forme de
consortiums de
valorisation.
développement et la consolidation de 55 consortiums d’exportation durant la période 2011-2017,
à travers un accompagnement
financier et technique. Dans ce
volet, «Export Synergia», lancé par
le Département du Commerce
extérieur, est un programme qui
interviendra dans tous les secteurs
exportateurs avec une dotation
de 120 millions de dirhams. Une
enveloppe prise en charge par le
«fonds d’appui aux consortiums
d’exportation». Il est à rappeler
que cette formule, citée sous le
volet d’agrégation dans la stratégie gouvernementale «Maroc
Export Plus», consiste à encourager le regroupement d’entreprises
exportatrices et particulièrement les PME/PMI sous la forme
de consortium de valorisation.
Dans ce cadre, «l’État s’engage à
financer, au titre de ce programme
d’appui aux consortiums d’exportation, et au bénéfice de chaque
consortium constitué, les projets
de structuration, de développement et de consolidation desdits
consortiums avec un plafond de
OCTOBRE 2013 23
Audit à l’export,
l’ordonnance salutaire
La troisième convention entend
mettre en place et animer un dispositif d’audit à l’export ciblant
1.000 entreprises, entre 20112015, avec un budget alloué de
27 millions de dirhams. L’objectif
étant de soutenir les PME ma-
OCTOBRE 2013
2011
Sauvegarder
les aquis et saisir de
nouvelles opportunités
• Consolidation des marchés traditionnels
• Développement des exportations des
produits existants
e
erm
2015
Promouvoir la
nouvelle offre et
gagner des parts de
marché
LONG
ter
e
rm
MOYE
Nt
PRINCIPES OBJECTIFS
financement global de 1,5 million
de dirhams assorti d’un accompagnement en expertise équivalent à
20 jours d’assistance technique».
L’initiative n’est pas nouvelle.
Puisqu’il s’agit d’une version revisitée basée sur les acquis enregistrés depuis le début de la mise en
œuvre des consortiums d’exportations au Maroc, une expérience
qui a démarré en 2003, en contribution de la coopération internationale. Expérience qui a abouti
à la création de 21 consortiums.
Ce remake prend en considération les leçons tirées par rapport à
certains aspects qui ont été revus.
C’est pour cette raison que pour la
seconde phase, l’axe central de la
nouvelle stratégie tourne autour
de l’accompagnement, en amont
et en aval, des consortiums qui
seront créés. Et afin d’assurer une
meilleure efficacité à ces actions,
un système de gouvernance et de
pilotage est institué, il implique
l’ensemble des parties prenantes
partenaires, à savoir le ministère
de l’Économie et des Finances, le
ministère du Commerce extérieur,
Maroc Export, et la Confédération
patronale CGEM. En plus, deux
instances sont mises en place. Il y a
le comité consortia à vocation opérationnelle et le meeting consortia
à vocation stratégique. Ces instances s’assurent le concours de
deux bureaux d’études techniques
chargés de la sensibilisation et de
l’accompagnement des consortiums d’exportation dans l’élaboration de leurs plans stratégiques
de développement à l’international.
24
Stratégie Maroc Export Plus
LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS
Court
te
Eclairage
• Elargissement des marchés ciblés
• Promotion de nouvelles offres sur
les marchés traditionnels
me
2018
Consolider et
développer des
champions à l’export
• internationalisation des entreprises
marocaines
• Elargissement significatif de la zone
géographique couverte
• Promotion d’un large éventail
de produits
Exportations 1):
114 Mds Dh
(2008)
229 Mds Dh
327 Mds Dh
+45 Mds Dh
+85 Mds Dh
+200 000
+300 000
PIB généré :
Emploi créés :
1) Périmètre des exportations du Maroc comprenant les biens hors phosphates et dérivés + les services hors tourisme
Selon Abdelkader
Amara, le but
des contrats de
croissance est
d’ «encourager
les sociétés
émergentes
à exporter
davantage en les
assistant à booster
leurs produits sur
des marchés à fort
potentiel.»
rocaines dans leurs démarches
d’amélioration de leurs performances à l’exportation à travers
un diagnostic de leurs capacités.
Le département de Amara veut
ainsi les assister et les accompagner à travers l’analyse de leurs
aptitudes à l’export ainsi que
l’identification de leurs dysfonctionnements dans le but d’aboutir
à un plan d’action et un dispositif
d’accompagnement à l’export.
Ces audits seront réalisés par des
experts certifiés par le Centre du
Commerce International (ITC).
Lesdits experts interviendront au
sein de chaque entreprise bénéficiaire pour analyser la structure et
l’aptitude à l’export, la qualité du
management en charge du développement de l’export, la détermination du profil exportateur
et les possibilités d’évolution à
l’export, l’identification des écarts,
anomalies et dysfonctionnements
à l’export, l’élaboration au profit de l’entreprise auditée d’une
stratégie et d’un plan d’action
export définis en adéquation avec
les capacités et les potentialités
de l’entreprise et enfin l’aide à
l’implémentation du programme
d’action recommandé. Sur le coût
de l’opération, qui est de 25.000
dirhams, l’entreprise paye 5.000
dirhams, l’État prenant en charge
le reste. Les 20.000 dirhams sont
versés directement par l’État à
l’auditeur (après la réception définitive des livrables) et les 5.000
dirhams sont versés par l’entreprise à l’auditeur suite à un ordre
de paiement émis par le Département du Commerce Extérieur.
Formation diplômante,
nécessité absolue
La quatrième convention porte
sur la formation et le renforcement des compétences en commerce international, parce que la
décision de se développer à l’international nécessite, de la part des
acteurs candidats, une formation
adéquate à même d’apporter l’expertise et la confiance nécessaires
à leur réussite dans l’exportation.
Elles engagent les ministères
de l’Économie, le département
Commerce extérieur et de l’Enseignement supérieur, la CGEM,
l’Université internationale de Rabat et l’Université Al Akhawayn.
L’objectif étant de mettre en place
une formation diplômante de
type master et un cursus de formation continue en matière de commerce international, au niveau de
sept universités marocaines, de
façon à pouvoir assurer la formation de 2.200 diplômés, dont 300
masters.
Certification,
le sésame de l’export
La cinquième convention de
partenariat concerne le programme de soutien à la certification des petits et moyens
producteurs, à travers les ministères de tutelle et Maroc Taswiq
(ex Office de commercialisation
et exportation). Ainsi, grâce à un
appui financier de l’État, l’objectif
est d’arriver d’ici 2013 à la certification de 3.818 petits et moyens
producteurs pour une superficie
globale sujette à la certification de
10.450 hectares. Une mission plus
en adéquation avec la situation actuelle de l’agriculture marocaine.
À côté d’entreprises agricoles de
grande taille qui ont une taille
et un niveau technologique suf-
fisants pour assurer directement
leur commercialisation sur les
marchés internationaux, il existe
une multitude de petits et moyens
producteurs. Ces derniers qui assurent la plus grande part de la
production nationale ne peuvent
accéder qu’au marché local et sont
exclus de fait du marché national et encore plus du marché à
l’exportation.
Internationalisation
des salons, le tremplin
Enfin, et pour améliorer l’image
et la notoriété du Maroc, la sixième
et dernière convention a pour
objet d’apporter à l’Office des
foires et expositions de Casablanca (OFEC) un accompagnement
financier pour l’internationalisation de cinq salons sectoriels
afférents aux métiers mondiaux
du Maroc. Il s’agit des secteurs des
nouvelles technologies et l’offshoring, les industries pharmaceutiques «Medical Expo, les produits
de terroir «Terroirs Expo», les industries électriques «Elec Expo» et
les industries automobiles. Pour
La stratégie Maroc
Export Plus est
en phase avec les
plans sectoriels
et les plans
horizontaux visant
le renforcement
de la compétitivité
des exportations:
le plan logistique,
l’amélioration du
climat des affaires
au Maroc.
ce faire, le Département du Commerce Extérieur et l’OFEC ont mis
en place une stratégie pour le
développement du secteur des
Foires et Salons internationaux,
qui a identifié quatre piliers importants, à savoir le développement de l’infrastructure d’accueil,
la mise à niveau réglementaire
appropriée et encadrement du
secteur (certification), le déploiement des mesures d’accompagnement et d’incitation des PME
et PMI pour élargir l’assiette des
exposants et la capitalisation sur
l’OFEC comme acteur de référence
dans la mise en œuvre de cette
stratégie. Cette stratégie confirme
le potentiel qu’a le Maroc, Casablanca en particulier, pour devenir un hub pour la tenue de salons
sectoriels internationaux. ▲
LE DÉPARTEMENT DU COMMERCE EXTÉRIEUR
ET L’OFEC ONT MIS EN PLACE UNE
STRATÉGIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU
SECTEUR AU MAROC DES FOIRES ET SALONS
INTERNATIONAUX
OCTOBRE 2013 25
Eclairage
LES PILIERS DE LA STRATÉGIE MAROC EXPORT PLUS
Opération promotion
Acteur majeur dans la politique publique de l’accompagnement à l’export des
entreprises marocaines, Maroc Export est orienté vers l’efficacité opérationnelle.
Pour l’année 2013, il a mobilisé les énergies à travers 92 actions promotionnelles sur
une trentaine de marché afin de couvrir 12 secteurs d’activité.
V
oilà 33 ans que le Centre
marocain de promotion
des exportations (CMPE)
est au service de l’export et des
exportateurs marocains. «Avec
une expertise très pointue et
un dévouement renouvelé pour
accompagner l’offre nationale
à l’international», précise Zahra
Maâfiri, Directrice générale de
Maroc Export, ajoutant que «le
centre a toujours été à l’écoute
des entreprises marocaines et se
veut être un outil efficace, parmi
d’autres, pour traduire dans les
faits la stratégie nationale de
développement des exportations». À la question de savoir
comment, la Directrice générale
déclare «nous accompagnons les
exportateurs marocains, conformément à nos missions, autour
de trois activités principales, à
savoir la participation des entreprises aux salons professionnels et aux actions collectives
de prospection, la promotion
des savoir-faire marocains et
l’information aux entreprises, le
tout en mettant un accent ciblé
et direct sur la mise en relation.
Nous assurons également un
accompagnement plus rapproché des exportateurs en contactant des consultants marchés
sur place pour encadrer les participants aux pavillons Maroc et
les informer sur les conditions
d’accès au marché». La promotion des exportations allant de
pair avec l’étude de marché, la
prospection fait partie du lot
quotidien de Maroc Export. Ce
sont principalement des études
quantitatives, qualitatives et
documentaires. L’idée étant de
défricher le terrain pour permettre à l’exportateur d’aller
droit au but et de bien cadrer sa
stratégie.
26
OCTOBRE 2013
Zahra Maafiri
Directrice Générale
Maroc Export
Une flamme toujours vive
Après plus de trois décennies, la cadence est toujours
maintenue avec, comme credo,
«promotion continue, intensive et ciblée». Pour le «millésime» 2013, quelque 92 actions
promotionnelles sont programmées sur une trentaine
de marchés afin de couvrir 12
secteurs d’activité. Le but étant
de consolider l’un des axes
majeurs de la stratégie Maroc
Export Plus, à savoir le ciblage
des marchés et des clients. Ce
programme promotionnel à
l’international est autour de 3
axes majeurs à savoir l’appui à
tous les secteurs à fort potentiel à l’export et aux secteurs
en développement, tels l’aéronautique, les IMME (industries
métallurgiques, métalliques
et électroniques), la chimie et
la parachimie. La couverture
des marchés stratégiques avec
67% des actions qui seront destinées à l’Union européenne,
les États-Unis et l’Afrique, 27%
aux marchés de niche comme
la Russie et la Chine et 6% aux
marchés adjacents, tels la Belgique et le Canada. Le 3e axe
du programme 2013 consiste à
recentrer l’effort promotionnel
sur les actions de démarchage
direct et de prospection qui
représenteront 45% des actions
prévues. En effet, pour mener
à bien cette mission, Maroc
Export intensifie de plus en plus
ses actions promotionnelles à
travers l’organisation et la participation active aux manifestations et missions économiques
et commerciales au profit des
entreprises exportatrices ou
disposant d’une offre expor-
table, en particulier les PME
afin d’augmenter le nombre
d’entreprises exportatrices.
Mais aussi en contractant des
marchés importants pour les
opérateurs économiques pour
des produits de secteurs traditionnels et modernes. À l’instar
de la mission BtoB qui a mené,
en mai dernier, une quinzaine
de sociétés et groupes marocains leaders dans le secteur
de l’agroalimentaire à prendre
part à une prospection en Pologne et en Hongrie. Ou encore
la mission de rencontres professionnelles organisées en
juin dernier en Russie au profit
d’une dizaine de sociétés du
secteur textile parties à la rencontre des grandes enseignes
russes, les maisons de luxe, les
créateurs, les grands importateurs/distributeurs de vête-
ments et les producteurs russes.
La caravane de partenariat est
l’autre outil manié à merveille
par Maroc Export. Après sept
éditions réussies qui ont ciblé
17 pays, ces opérations d’envergure se sont révélées un levier
performant pour dénicher de
nouvelles opportunités de développement en Afrique subsaharienne pour les entreprises
marocaines et partant accroître
les échanges économiques
avec les partenaires africains.
Au cours de ces caravanes, un
nombre d’actions importantes
a été concrétisé. Il y a lieu de
citer la conclusion d’accords de
partenariat entre la Fédération
nationale de l’électricité, de
l’électronique et des énergies
renouvelables (Fenelec) et ses
homologues de la plupart des
pays africains visités. La mise
Le stand Maroc
Export à l’ANUGA
Cologne en
Allemagne,
en place de joint-ventures dans
le domaine des TIC au Sénégal, au Gabon, au Mali, en Côte
d’Ivoire ou encore au Burkina
Faso. L’établissement d’unités
pharmaceutiques marocaines
en Guinée équatoriale, au Sénégal. Ainsi que le lancement de
projets par des entreprises marocaines dans le domaine de la
construction, l’électrification,
l’assainissement et l’habitat
dans beaucoup de pays africains visités.▲
APRÈS SEPT ÉDITIONS RÉUSSIES, LA
CARAVANE DE PARTENARIAT S’EST
RÉVÉLÉE UN LEVIER PERFORMANT POUR
DÉNICHER DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS
DE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
SUBSAHARIENNE.
OCTOBRE 2013 27
Le plus
La nouvelle
Russie
28
OCTOBRE 2013
L’ouverture de la Fédération de Russie sur l’économie
de marché a influencé le niveau de vie de la population
russe de plusieurs manières. Les Russes ont modifié
leur mode de vie et leur comportement de consommation, laissant apparaître de nouveaux marchés et des
consommateurs d’un genre nouveau. Elle fait preuve
d’une qualité précieuse, celle de l’adaptation aux
réformes menées par la Fédération de Russie.
OCTOBRE 2013
29
Le plus
LA NOUVELLE RUSSIE
A
près un long isolement économique,
la Russie a fini par rejoindre, en août
2012, l’Organisation mondiale du
commerce (OMC), devenant ainsi le 156 e
L’ADHÉSION À L’OMC
A ACCÉLÉRÉ L’OUVERTURE
SUR L’EXTÉRIEUR, OPÉRÉE
PAR LA RUSSIE DEPUIS
LES ANNÉES 90, APRÈS
UNE LONGUE PÉRIODE DE
REPLI SUR SOI.
membre de l’organisation. Avec une population de plus de 144 millions d’habitants,
cette adhésion au temple mondial du commerce a été plus que saluée de par le changement qualitatif réel au régime actuel des
échanges commerciaux qu’elle pourrait
apporter. Surtout parce qu’elle rendra le
pays plus attractif pour les investisseurs
étrangers et favorisera un essor comparable à celui qu’a connu la Chine depuis
qu’elle est devenue membre de l’organisation en 2001. L’adhésion à l’OMC a également accéléré l’ouverture sur l’extérieur,
opérée par le pays depuis les années 90,
après une longue période de repli sur soi.
Résultat des courses, les mutations économiques qui ont accompagné le passage de
l’économie planifiée à celle de marché ont
bouleversé la structure sociale russe et les
rapports entre groupes sociaux. La population russe a, en effet, connu des évolutions
notables en matière d’accès à l’emploi et
d’augmentation du niveau de vie de la
classe moyenne: deux facteurs du changement de ses habitudes de consommation.
Et depuis ?
Depuis le début des années 1990, le marché a offert des opportunités pour accumuler des fortunes en un temps record !
Conjugué à une croissance économique
stable, des réserves de change considérables, l’augmentation des salaires, l’avènement du crédit à la consommation…
c’est le triomphe planétaire de l’économie
de marché ! Dans les deux grandes métropoles du pays, Saint-Pétersbourg et la
capitale Moscou, mais aussi dans d’autres
villes prospères russes, on ne compte plus
les inaugurations de joailleries, de salons
et de boutiques de mode, de restaurants
prestigieux, de clubs de nuit privés...
Pratiquement toutes les marques ont un
représentant commercial en Russie et la
liste des marques étrangères présentes
sur le marché russe s’allonge tous les ans.
Aujourd’hui, Moscou, qui depuis quelque
temps occupe la première place du hitparade des capitales les plus chères au
monde, est une ville alignée en matière
de tendances sur les capitales de la mode
comme Paris, Milan, Londres et New York.
La nouvelle classe possédante s’est habituée à dépenser de l’argent et elle aime
le montrer! dans la capitale russe, on est
ébahi devant le défilé des véhicules de
luxe tels que les Hammer, les Jaguar et les
Lamborghini. Les parfums dernier cri, les
foulards signés, les costumes de marques,
les paires de chaussures… sont en forte
progression de vente. Il faut croire que la
clientèle appropriée est là. Selon une récente étude de Deloitte, société de consultation financière internationale, la Russie
Alimentation. Gigantesques marchés de gros à Moscou.
“Le format d’un marché de gros de type Rungis nécessite une participation de l’Etat.”
L
a mairie de Moscou a récemment présenté deux
sites situés dans le voisinage immédiat du MKAD (périphérique de la capitale russe)
adaptés à la construction d’un
marché de gros similaire à Rungis, à Paris ou à Mercamadrid,
dans la région de la capitale
espagnole, d’environ 1 million
de mètres carrés. La création
d’un réseau de terminaux de
gros dans la région de Moscou
30
OCTOBRE 2013
est prévue par un programme
d’État approuvé l’année dernière. Pour rappel,Moscou possède plusieurs grandes bases
alimentaires de gros. Mais la
ville a besoin de remplacer ces
formats (beaucoup plus petits
en taille et situés à l’intérieur
du périphérique, ce qui complique la logistique), en formant
un ou deux grands terminaux.
Selon la mairie de Moscou,
l’apparition d’un important
centre logistique alimentaire
vise, d’une part, à satisfaire
le besoin en aliments frais des
habitants de la capitale, et de
l’autre, à constituer une plaque
tournante, y compris pour les
petits fabricants russes. «L’idée
n’est pas de créer une porte
d’entrée pour les aliments importés, mais de créer une sorte
d’ «aspirateur» pour attirer les
produits fabriqués en Russie»,
est-il indiqué du côté de la mai-
rie pour expliquer la logique des
autorités. La recherche active de
parcelles libres de 50 à 100 hectares (Rungis fait 230 hectares)
qui permettrait de construire
un million de mètres carrés
d’immobilier a déjà été lancée.
Parmi les exigences concernant
les sites, il y a la proximité d’une
ligne de chemin de fer, de l’aéroport et de plusieurs routes. «Les
camions, y compris de grande
taille, se compteront par mil-
liers chaque nuit», dit-on. «Nous
examinons actuellement plusieurs parcelles afin d’implanter
le cluster dans le nord et le sud
de Moscou». Pour réaliser ses
plans ambitieux, l’administration de la ville compte recourir
au partenariat public-privé. La
Ville de Moscou pourrait entrer
dans le projet de terrain (elle
possède un bon nombre d’hectares libres à Moljaninovo) ou
se limiter à la construction des
routes d’accès et des infrastructures de génie, si un autre site
est choisi. Selon Alexeï Nemeriouk, les accords préliminaires
avec les propriétaires fonciers,
les investisseurs et les promoteurs ont été atteints. Les investissements dans la construction
pourraient atteindre 0,9 milliard
de dollars. Les autorités de la
ville de Moscou assumeront les
fonctions de régulateur promettant que la ville déterminera
les règles du commerce et de
formation des prix, et assurera
le libre accès des producteurs à
ces marchés». ▲
Au bout de dix-huit ans de négociations, la Russie est devenue le 22 août
2012 le 156e membre de l’Organisation mondiale du commerce.
OCTOBRE 2013 31
Le plus
LES DÉPENSES ASSOCIÉES
AU SECTEUR DU LUXE EN
RUSSIE ONT ENREGISTRÉ
UNE CROISSANCE
ANNUELLE DE 10 À
12% DEPUIS QUELQUES
ANNÉES.
LA NOUVELLE RUSSIE
occupe la 7e place en ce qui concerne le
plus grand nombre de millionnaires.
Toujours selon le cabinet d’étude, Moscou
est devenue la capitale mondiale des très
riches, avec 79 milliardaires résidents
contre 58 à New York.
Par ailleurs, les Russes figurent en bonne
place dans l’étude Forbes, les actifs moyens
des 20 plus grandes fortunes se chiffrent
à 10,1 milliards de dollars contre 7,6 milliards de dollars pour le Moyen-Orient.
Mais pas seulement. Car même si ce boum
de la consommation n’englobe pas la population du pays dans son intégralité, dans
ce nouvel environnement économique,
une nouvelle classe moyenne fait son
apparition et montre, sensiblement, les
mêmes modes de consommation que les
classes moyennes d’Occident. Une classe
moyenne émergente qui selon plusieurs
sondages consume même beaucoup. La
consommation d’automobiles, d’habillements, de voyages, de produits alimentaires, informatiques ou électroménagers
n’avait jamais été aussi importante dans la
Fédération. Une consommation à la faveur
d’une population jeune, disposant d’un
revenu mensuel moyen par tête d’environ
1.500 euros et ayant fait des études supérieures. Très aisée pour les critères russes,
cette couche sociale, qui a la jouissance
d’une maison principale, d’une résidence
secondaire et d’une à trois voitures, représente 3 à 4% de la population du pays, tandis que les gens pouvant se réclamer d’un
niveau de vie «assez aisé» représenteraient
12 % au maximum de la population. Pour
le gouvernement russe, l’émergence de
cette classe moyenne importante, qui a su
profiter de la conjoncture, est à considérer
comme le principal bilan de la décennie
écoulée, vu que «la pauvreté généralisée
des années 1990 a laissé la place à une
aisance de masse». En cause, «l’augmentation des salaires, qui ont été multipliés par
7 à 8 depuis l’an 2000, mais aussi les pensions qui ont augmenté, la pauvreté qui
a été divisée par deux, tandis que l’espérance de vie augmentait et que la natalité
atteignait son niveau maximal depuis 20
ans», selon le gouvernement qui citait
les leviers de la naissance de cette classe
moyenne.
Les russes saluent la vie à crédit
Ce facteur est à relier au fait que le crédit
à la consommation est en train d’émerger
dans certains grands magasins de grandes
villes de Russie. De nombreux Russes souscrivent à des crédits. En effet, selon des
statistiques fournies par TKS bank, une
banque locale, le marché russe des cartes
de crédit a connu une augmentation de
82,5% en 2012, atteignant les 671 milliards de roubles (environ 16,4 milliards
d’euros). Dans ce sillage, les prédictions de
Standard & Poor’s selon lesquelles le bénéfice net des banques russes atteindrait
en 2013 1.000 milliards de roubles (près
de 24,8 milliards d’euros), se présentent
comme assez réalistes. Révisions confortées par la performance de l’exercice 2012
où les banques ont déjà gagné 930 milliards de roubles (23,04 milliards d’euros),
les revenus pour l’année 2011 s’élevant à
850 milliards de roubles (21,06 milliards
d’euros). Et le potentiel des cartes de crédit
en Russie reste immense, selon Alfa Bank,
une banque russe qui témoigne que seuls
17% de citoyens russes sont détenteurs
d’une au minimum, pour une population
active d’environ 90 millions d’individus. ▲
Restauration. Un paradis gastronomique
M
oscou veut devenir un paradis gastronomique. Selon
l’étude de l’administration
fédérale, actuellement, la
restauration moscovite est
dominée par les chaînes de
cafés et manque de diversité. En outre, la capitale
Moscou compte un café pour
quelque 1570 habitants,
alors qu’à Londres ce chiffre
est d’un pour 580 habitants
et à Tokyo, d’un pour 90
habitants. L’administration
32
OCTOBRE 2013
a développé dans ce sens
un projet de restauration à
Moscou visant à améliorer
cette situation. Le projet
en question comprend de
nombreuses mesures. Par
exemple, la marque «Gastronomie moscovite» sera
développée et l’image gastronomique de la ville sera
améliorée grâce à l’ouverture de nouveaux restaurants et cafés de qualité.
Une chaine de fast-food sera
lancée, des cafés mobiles
seront ouverts. Une école
et des facultés de cuisine
prépareront des spécialistes
de restauration. La ville
moscovite prévoit le lancement de musées et théâtres
gastronomiques ainsi que
de festivals de gastronomie
russe. En plus, l’administration propose la mise en place
d’un grand marché de gros
à la périphérie du Nouveau
Moscou commercialisant
les produits de fabricants et
fournisseurs russes. ▲
Automobile. Ça roule à Moscou
L
e Cabinet d’analyse Economist Intelligence Unit (EIU) a publié un classement des villes les plus chères du
monde en termes de coût de possession
d’une automobile. Moscou s’y classe en
huitième position. Selon cette étude,
acheter et entretenir une voiture dans la
capitale russe revient plus cher qu’à Paris,
Londres, Tokyo, New York et Zurich. Mais
moins cher qu’à Shanghai, Sao Paulo,
Delhi. Pour leur enquête, les chercheurs
de l’EIU se sont basés sur le prix moyen
d’achat d’une nouvelle voiture familiale
(avec un volume moteur de 1,8l à 2,5l),
ainsi que sur les coûts d’usage et d’entretien et les dépenses en combustible.Il
s’avère que l’acquisition d’une nouvelle
automobile familiale coûte environ 34.000
dollars à Moscou contre, à Londres par
exemple, à peu près 30.000 dollars. Quant
à l’entretien d’une voiture sur trois ans, les
économistes britanniques en ont estimé le
coût total à une moyenne de 17.000 dollars
à Moscou, pour, à New York disons, près
de 11.000 dollars. Parallèlement, les chercheurs britanniques se sont penchés sur
la dynamique d’évolution des coûts liés à
l’automobile dans plusieurs grandes villes
du monde. Pour Moscou, le mouvement
semble encourageant : au cours des trois
dernières années, l’indice a baissé de 18
% (il n’a baissé que d’1,5 % à Londres, et, à
Paris et Tokyo par exemple, il a même augmenté de, respectivement, 13 et 3 %). Pour
illustration, à l’heure actuelle, les voitures
coûtent moins cher aux États-Unis qu’en
Russie. Un cross-over Suzuki Grand Vitara,
par exemple, est aujourd’hui proposé à
moins de 20.000 dollars sur les sites des
concessionnaires officiels américains, soit
une demi-fois moins cher qu’en Russie, où
il coûte plus de 30.000 dollars. ▲
OCTOBRE 2013 33
Le plus
LA NOUVELLE RUSSIE
Le créneau du luxe
Le créneau du luxe a le vent en poupe en Russie. Et pour cause, non seulement la Russie a la
classe moyenne qui croit le plus rapidement, mais les millionnaires et les milliardaires sont
aussi en plein essor. Ces Russes au très haut pouvoir d’achat s’intéressent au tourisme, aux
excursions, à la gastronomie et bien entendu au shopping de luxe. La dolce vita!
est question du secteur de la mode. La population urbaine représente plus de 73% de la
population totale. Moscou, avec 9,5 millions
d’habitants, est le leader dans la consommation du luxe (59% du marché), puis en second
vient avec 16% de part de marché, la capitale
culturelle de la Russie, Saint-Pétersbourg qui
compte avec 4,6 millions d’habitants. Les 25
% qui restent sont répartis dans toutes les
autres villes consommatrices de ce type de
produits. Ensuite et surtout, parce que l’offre
locale est peu importante, puisqu’elle constitue actuellement 20% du marché seulement,
la majorité des produits étant importés.
Le monde dans l’assiette
Les Russes consacrent
13% de leurs revenus aux
vêtements et aux chaussures,
comparativement à 7% chez les
Japonais et les Anglais.
LES DÉPENSES EN
NOURRITURE DES
CONSOMMATEURS
RUSSES AFFICHENT
UNE PROGRESSION DE
PRÈS DE 70% CETTE
DERNIÈRE DÉCENNIE.
34
OCTOBRE 2013
E
n Russie d’aujourd’hui, on est très loin
de l’époque communiste. L’heure n’est
plus aux files d’attente interminables
pour se procurer les produits de première
nécessité, mais à la sacralisation des produits
de luxe. Sur le marché du luxe, cette attitude
à l’égard de la consommation est facilement
identifiable. C’est un spectacle quotidien, un
véritable défilé de mode urbain, dans les rues
de la capitale russe où les femmes sont perchées sur leurs hauts talons et moulées dans
leur jolie robe! La Russie, par conséquent,
constitue le cinquième marché en Europe
dans le secteur de la mode. Les dépenses associées à ce secteur ont enregistré une croissance annuelle de 10 à 12% depuis quelques
années, particulièrement dans les grandes
villes. Les Russes consacrent 13% de leurs
revenus aux vêtements et aux chaussures,
comparativement à 7% chez les Japonais et
les Anglais. Dans leurs stratégies de croissance à l’international, les groupes de vêtements de luxe mondiaux considèrent pour
de bonnes raisons la Russie comme un pays
d’une importance déterminante. D’abord
parce que les grandes métropoles russes
sont particulièrement à considérer lorsqu’il
Ouvert au monde, le consommateur russe
internationalise également son assiette:
haute gastronomie, restauration rapide,
jambon sec, fromages et vins européens,
produits exotiques ou bio… autant de produits importés de plus en plus présents
dans les cuisines russes, perçus comme étant
de meilleure qualité que leurs équivalents
locaux. Cette ouverture sur le monde a aussi
favorisé une forte exposition des Russes aux
autres modes de vie, notamment le mode
occidental, ce qui se traduit par une hausse
de la demande pour un choix de repas plus
faciles et rapides à préparer. Même les produits alimentaires américains sont devenus
fort populaires auprès des consommateurs
russes. Par ailleurs, un nombre important de
consommateurs russes fortunés se montrent
intéressés et prêts à acheter des produits
agroalimentaires de grande qualité et une
tendance à «manger santé» croît en popularité auprès des jeunes consommateurs
pour qui bonne forme et belle apparence
physique sont des critères importants dans le
choix de ce qu’ils mangent. Les revenus étant
en pleine croissance, les dépenses en nourriture des consommateurs ont fait de même,
affichant une progression de près de 70%
cette dernière décennie. Les dépenses alimentaires représentent désormais plus d’un
tiers du budget du ménage russe moyen. La
Russie est même devenue le deuxième marché mondial d’importation de produits ali-
Russie. People
L
e très select club d’élite des
milliardaires voit de plus en plus
arriver une foule de nouveaux
capitalistes… russes. Mais ce n’est
pas tout ! Ils sont arrivés même à
déstabiliser l’âge moyen des milliardaires, notamment européens. Il y a
cinq ans, celui-ci était de 62 ans. Aujourd’hui, il est de 58 ans, en partie
grâce aux 87 milliardaires russes dont
la moyenne d’âge est seulement de
46 ans. Sans les Russes, la moyenne
d’âge remonte à 60 ans. Toutefois,
leur présence se remarque encore
plus parmi les milliardaires de moins
de 40 ans: 13 sur 14 «jeunes» milliardaires viennent de Russie. A l’instar
du quarantenaire Suleiman Kerimov,
milliardaire par le contrôle de la
société pétrolière Nafta Moskva qu’il
a acquise par d’importants emprunts
et qui est connu pour ses dépenses
somptuaires. Selon le dernier classement de Forbes des hommes les
plus riches de la planète, la fortune
de Suleiman Kerimov est d’ailleurs
estimée à 7,1 milliards de dollars.
Mais l’homme le plus riche parmi les
«under 40» est Sergei Popov, 36 ans,
dont la fortune a été estimée à 6,4
milliards de dollars. Et pourtant il a
commencé à gagner sa vie en vendant des métaux dans l’Oural et la Sibérie… C’est en se liant d’amitié avec
Andrei Melnichenko, le propriétaire
de MDM Bank, qu’il a commencé à
faire fortune, notamment en achetant des parts des entreprises industrielles soudainement bon marché à
la suite de l’effondrement du rouble
en 1998. Les sommes gagnées lui ont
permis des dépenses capricieuses,
comme celle de demander à Whitney Houston et Christina Aguilera
de se produire lors de son mariage
en 2005. Autre record: Kostyantin
Zhevago le nouveau nanab ukrainien
n’avait que 19 ans lorsqu’il a débuté
en tant que directeur financier d’une
modeste banque. L’ascension a été
fulgurante. Et ce n’est pas fini ! ▲
OCTOBRE 2013 35
Le plus
LA NOUVELLE RUSSIE
mentaires transformés, derrière la Chine. Les
investissements dans le domaine ont surtout
été réalisés à Moscou et Saint-Pétersbourg,
pivots de la récente prospérité économique
russe et marchés primaires pour les biens
importés en raison du haut niveau de revenu
disponible des consommateurs des deux
grandes régions urbaines.
A portée de clic
En 2012, le marché du commerce électronique en Russie a grossi de plus de 30%.
Ozon, un des leaders du secteur, l’année
dernière a augmenté son bénéfice net de
63 %, pour atteindre les 7,77 milliards de
roubles. Enter, un autre gros acteur a vu son
chiffre d’affaires multiplié presque par sept
au cours du premier trimestre 2013, jusqu’à
1,67 milliard de roubles. A l’heure actuelle,
en Russie, il y a 32.000 magasins internet
actifs. Le volume global du marché atteint
10 à 15 milliards de dollars, ce qui en fait,
actuellement, le plus gros d’Europe orientale
selon les dires d’Euromonitor International.
D’ici 2015, le segment internet du détail
en Russie devrait être multiplié par trois,
et, d’ici 2020, occuper le quatrième rang
mondial en volume. Près de 50 % des investissements venture en Russie dans le secteur
des IT se font aujourd’hui sur des start-ups
actives dans le domaine du e-commerce (le
reste va aux technologies cloud, à l’offre de
logiciels et aux télécommunications) comme
le signale la compagnie Rossiskaya Venturnaya et PWC. Le public du commerce électronique en Russie s’étoffe lui aussi. En 2012,
41% des Russes ont augmenté le nombre de
leurs achats par Internet. Ozon précise que
le nombre de clients de ses magasins a grossi
de 35 % en un an, et les visites mensuelles des
sites du holding sont passées de 15,5 millions à 24 millions. Cette croissance active
du e-commerce est liée à la pénétration d’un
Internet fiable et bon marché dans les régions : 50 à 60 % du total des achats internet
sont régionaux. «Même dans le segment du
vêtement de luxe, la moitié des ventes se font
au-delà des limites de Moscou et Saint-Pétersbourg, bien que le pouvoir d’achat de la
population soit plus faible dans les régions»,
confirme Aïgul Khalikova, associée du cabinet de consulting McKinsey. «La croissance
36
OCTOBRE 2013
du e-commerce s’explique par le fait que l’on
ne trouve pas, dans les villes de 100.000 à
300.000 habitants, le choix de marchandises
qu’offre Internet», explique-t-elle.
Les russes s’offrent le monde
Non seulement la Russie a la classe
moyenne qui croit le plus rapidement,
mais les millionnaires et les milliardaires
sont aussi en plein essor. Ces derniers ont
un patrimoine de plus de 300 milliards
de dollars US et20 % d’entre eux sont des
Moscovites. Ces Russes au très haut pouvoir d’achat voyagent beaucoup de par le
monde. Ils s’intéressent au tourisme, aux
excursions, à la gastronomie et bien entendu au shopping de luxe. IMM international,
cabinet spécialisé dans le conseil et la vente
de médias en vol indique qu’en termes de
chiffre, ce sont 26.9 millions de touristes
russes qui ont voyagé hors de Russie en
2011 (un chiffre qui a plus que doublé
ces quatre dernières années), dont 21.4
millions en Europe contre 5 .5 millions en
dehors. Et ce n’est qu’un début. Le nombre
de touristes russes voyageant à l’étranger
devrait augmenter de 7% à 16% par an dans
les prochaines années, 50% optent pour le
tourisme balnéaire et voyagent en couple
avec des dépenses conséquentes, selon IMM
International.▲
Une étude sur ce que les
Russes considèrent comme
du luxe montre que pour
38% d’entre eux, c’est un
jet privé, et 37% pensent à
des voitures exclusives.
26.9 MILLIONS DE
TOURISTES RUSSES
ONT VOYAGÉ HORS DE
RUSSIE EN 2011 DONT
21.4 MILLIONS EN
EUROPE CONTRE 5 .5
MILLIONS EN DEHORS.
OCTOBRE 2013 37
Horizon Export
La Russie,
puissance re-émergente !
C
MAROC-RUSSIE
Un rendez-vous
attendu
39 LA RUSSIE, PUISSANCE RE-ÉMERGENTE !
40 COOPERATION MAROC-RUSSIE
BILAN ET PERSPECTIVES
42 ECHANGES MAROCO-RUSSES
LES CHANCES DU MAROC
44 PROMOTIONS
BUZZ AU PAYS DES TSARS
38
OCTOBRE 2013
onsacrée au rang de «puissance
émergente», elle est le R des BRICS,
aux côtés du Brésil, de l’Inde, de la
Chine et de l’Afrique du Sud. La Russie, cinquième puissance économique mondiale,
compte à l’échelle du monde. Son économie croît à un bon rythme d’environ 4% par
an et son redressement économique est
plus rapide que celui des pays développés.
Le pays des Tsars dispose également des
troisièmes réserves monétaires mondiales
(après la Chine et le Japon) et fait figure
de champion du désendettement (la dette
russe est l’une des plus faibles au monde à
hauteur de 10% du PIB). Les hydrocarbures
ne sont pas en reste puisque la Russie détient les plus importantes réserves de gaz
prouvées (premier producteur et exportateur mondial), les deuxièmes réserves de
pétrole (premier producteur) et de charbon (sixième pays producteur). La Russie a
également hérité de l’URSS une industrie
lourde et technologique centrée sur l’aéronautique, la défense, le nucléaire et le spatial. Elle est encore le premier exportateur
d’armes dans le monde. En août 2012, la
Russie a adhéré à l’Organisation mondiale
du commerce (OMC), après une durée
record de dix-huit ans de négociation,
avec pour espoir de passer à une économie de marché en engageant une série de
réformes à même de renforcer le système
commercial multilatéral via la facilitation
des échanges économiques, tout comme
les investissements étrangers, puisque
les membres de l’OMC s’engagent, en
théorie, à s’appliquer mutuellement la
«clause de la Nation la plus favorisée»,
règle de droit international héritée du
GATT (Général Agreement on Tariffs and
Trade), l’ancêtre de l’OMC. Une mesure
avec des avantages attendus pour les pays
exportateurs qui résulteraient de la réduction des droits de douane, de la facilitation
du commerce avec la Fédération russe
et d’une meilleure prévisibilité dans la
régulation de son commerce extérieur. Par
ailleurs, la demande agricole et alimentaire domestique en augmentation devrait
aboutir à un recours croissant de la Russie
aux marchés extérieurs. Les retombées
sont bénéfiques également pour la Russie
puisque selon la Banque mondiale, cette
adhésion devrait permettre à la Russie de
gonfler son PIB de 49 milliards de dollars
en trois ans. ▲
OCTOBRE2013
2013 39
OCTOBRE
Horizon Export
MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU
table programme d’action pour le renforcement
des relations bilatérales et de leur ouvrir de nouvelles et larges perspectives. Sur un autre registre
de la politique étrangère de la Russie et dans la
coopération de Moscou avec les pays africains, notamment dans les domaines économique et commercial, le Maroc occupe une place importante.
Comme le montre la réunion des ambassadeurs
de la Fédération de Russie accrédités au Maghreb
et dans la région du Sahel, tenue à Rabat en mai
dernier et co-présidée par le ministre des Affaires
étrangères et de la Coopération Saâdeddine El
Otmani et le vice ministre des Affaires étrangères
russe Mikhail Bogdanov.
COOPERATION MAROC-RUSSIE
Bilan
et perspectives
Potentiel de coopération
Pour Hassan Sentissi, président du Conseil
d’Affaires Maroco-Russe et président de l’ASMEX
(Association marocaine des exportateurs marocains) : «une quinzaine de secteurs d’activité sont
concernés par ce partenariat, constituant ainsi la
plateforme de travail du Conseil d’affaires Maroco-Russe, qui, lui, a été créé en 2006», précise-t-il,
ajoutant que «les mesures prises aussitôt ont eu un
impact direct sur la restructuration des relations
commerciales entre les deux pays et la dynamisation des échanges, mais beaucoup reste encore
à faire. Néanmoins, je peux dire que le marché
russe est désormais considéré comme une cible
prioritaire pour le développement du commerce
extérieur national». En effet, le Maroc et la Russie
ont dernièrement multiplié les initiatives et les
missions diplomatiques et ils en récoltent déjà les
bénéfices. Chacun des deux pays considère désormais l’autre comme partenaire stratégique. «À partir de là, il est important de noter que nous sommes
devant un marché immense et tellement méconnu
des opérateurs économiques marocains qu’il faudra redoubler d’effort pour initier l’exportateur
marocain à ce marché spécifique et faire découvrir
Le Maroc et la Russie ont
qualifié de «distingués»
leurs liens et forment le
vœux de voir la coopération
bilatérale s’intensifier dans
les domaines économique,
commercial, touristique et des
investissements.
LE MAROC ET
LA RUSSIE ONT
DERNIÈREMENT
MULTIPLIÉ LES
INITIATIVES ET
LES MISSIONS
DIPLOMATIQUES,
CHACUN DES DEUX
PAYS CONSIDÈRE
DÉSORMAIS L’AUTRE
COMME PARTENAIRE
STRATÉGIQUE.
E
D
ans le cadre de l’ouverture de son économie,
le Maroc continue à renforcer davantage sa
coopération multidimensionnelle à travers
la mise en place de partenariats stratégiques avec
plusieurs pays. En termes d’échanges commerciaux, la coopération maroco-russe est quelque peu
modeste. Cependant, on constate une particularité
primordiale: Rabat et Moscou aspirent à diversifier
leurs liens économiques. Une volonté concrétisée
par la visite officielle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Fédération de Russie, en octobre 2002, et
OCTOBRE 2013
Sur la bonne voie
En attendant, la Russie figure parmi les 10 premiers partenaires commerciaux du Maroc. Et le
Maroc, qui le lui rend bien, est le premier partenaire
commercial de la Russie aux niveaux africain et
arabe avec 12% des échanges, avec un chiffre arrondi
à 2,4 milliards de dollars comme chiffre global des
échanges avec la Fédération pour l’année 2012. «Nos
ambitions, c’est au moins arriver, de nouveau, aux
trois milliards réalisés en 2010. Les échanges entre
les deux pays se sont nettement raffermis durant la
dernière décennie», confirme Hassan Sentissi regrettant que «cela ait essentiellement profité au partenaire russe qui a fait progresser ses exportations de
2,7 milliards de dirhams à 16,5 milliards entre 2000
et 2011». Durant cette même période, les exportations marocaines destinées à ce marché se sont
élevées de 644 millions de dirhams à seulement 2,15
milliards en 2011, avec un pic à 3 milliards en 2010.
Un déficit dû à la nature des produits importés de
Russie et qui sont essentiellement énergétiques dont
les prix ont explosé durant la dernière décennie. Un
écart qui pousse aujourd’hui le Maroc à redoubler
d’effort et à rapprocher les exportateurs marocains
de ce marché à fort potentiel, notamment pour
diversifier l’offre marocaine vers de nouvelles niches.
«Le Maroc et la Russie peuvent encore mieux faire. Il
y a des domaines et des secteurs où nous pouvons
encore améliorer nos réalisations», conclut Hassan
Sentissi sur une note optimiste. ▲
LES EXPORTATIONS
MAROCAINES DESTINÉES
AU MARCHÉ RUSSE SE
SONT ÉLEVÉES DE 644
MILLIONS DIRHAMS,
EN 2000, À 2,15
MILLIARDS EN 2011.
Produits de la mer. Un marché mature.
Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération
de Russie avec M. Saâdeddine El Othmani
40
les produits et l’offre exportable marocaine aux
consommateurs russes», annonce Hassan Sentisi
sur un ton injonctif en précisant qu’«il y a énormément de niches que nous devons explorer des deux
côtés. Les russes qui disposent de capitaux assez
importants sont à la recherche de placements et
d’investissements et le Maroc, grâce à sa position
stratégique par rapport à l’Afrique, se doit d’attirer
les investisseurs russes».
qui a donné un nouvel élan aux relations des deux
pays dans tous les domaines, notamment dans les
domaines des pêches maritimes, de la recherche
scientifique et technique, de l’espace et des technologies de télécommunications, sans négliger la
volonté des deux pays d’examiner les possibilités
de coopération militaire. Mais l’événement saillant
de la visite Royale a été la signature par Sa Majesté
le Roi Mohammed VI et le Président Vladimir Poutine de la Déclaration sur le Partenariat Stratégique
entre les deux pays . Elle constitue en fait un véri-
n matière halieutique, il faut
dire que dans le chapitre halieutique des échanges extérieurs du
Maroc, la Russie fédérale, qui absorbe
une grande partie des exportations
du Maroc, est déjà bien présente. Une
situation qui évolue de plus en plus.
Certains exportateurs marocains du
secteur y sont établis depuis bien longtemps, à l’instar de la société Copelit
Maroc, spécialisée dans la production
de farine, huile de poisson et congélation du poisson pélagique. Selon son
directeur d’exploitation de l’unité de
farine de poisson, Mustapha Bouyaknifen, la société Copelit a su s’imposer
sur le marché russe, connu pour être
très exigeant, et ce grâce à la qualité
de leurs produits ainsi que celle de
leurs services: «Cela fait 15 ans que
nous exportons régulièrement vers la
Russie avec d’importants clients, aussi
fidèles qu’exigeants, notamment sur
le plan de la qualité. Nous avons suivi
leur demande et ils nous ont accompagnés dans les différentes étapes de
mise à niveau et de modernisation de
nos outils de production. Aujourd’hui,
je peux dire que nous avons quintuplé
nos livraisons vers le marché russe,
avec une belle évolution annuelle
moyenne de l’ordre de 25 à 30%. Avec
nos clients et partenaires russes, nous
visons le long terme. Pour nous, la
Russie n’est plus un marché spot, mais
un marché présentant des perspectives très prometteuses pour plusieurs
produits autres que la farine de pois-
son, je pense notamment au poisson
congelé». D’autres professionnels
du secteur partagent cet optimisme,
notamment la filière de conserves de
sardines. Et pour cause, la Russie est
depuis longtemps considérée comme
le plus grand importateur de sardines
au monde, denrées, faut-il le préciser,
qui sont des produits phares pour le
Maroc et dont il est premier exportateur mondial et premier producteur
de la sardine (Sardina pilchardus) avec
près de la moitié des débarquements
mondiaux, suivi par l’Espagne. Et ce
malgré le volume de production qui
fluctue beaucoup suite à l’irrégularité
d’approvisionnement des unités de
transformation. C’est dire le manque
à gagner! ▲
OCTOBRE 2013 41
Horizon Export
MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU
ECHANGES MAROCO-RUSSES
Les chances du Maroc
La récente adhésion de la Russie à l’OMC et le partenariat stratégique signé avec la
Fédération sont autant de leviers pour structurer une offre exportable attractive, dès
lors que les maillons de cette offre se rejoignent.
La mobilisation de la coopération
serait incomplète si elle n’intègre
pas les aspects culturels,
scientifiques et universitaires.
les phosphates et dérivés, les aliments pour bétail,
l’artisanat …», énumère Hassan Sentissi doublement motivé par les casquettes de président de
l’ASMEX et du Conseil d’Affaires Maroco-Russe,
ajoutant «je tiens par ailleurs à souligner que le
secteur du tourisme est un secteur d’avenir pour
le partenariat maroco-russe. Il est regrettable de
constater que sur les dizaines de millions de touristes russes qui parcourent le monde, moins de
50.000 seulement viennent au Maroc. Ils allaient
essentiellement en Égypte et en Tunisie, le Maroc
a toutes les chances aujourd’hui de capter une
grande partie de cette clientèle». C’est d’autant
plus vrai que les autorités russes ont récemment
recommandé aux tours opérateurs du pays de ne
plus vendre de séjours en Égypte, en raison de son
instabilité politique, et que le problème de transport qui était jusque-là un handicap pour attirer
les touristes russes vers le Maroc vient d’être
résolu. La compagnie aérienne nationale, Royal
Air Maroc (RAM), sur proposition du Comité
d’affaires maroco-russe, a donné son accord pour
que les touristes russes viennent au Maroc au prix
du charter et a augmenté le nombre de vols à trois
fréquences par semaine, avec l’objectif d’ aller
vers cinq fréquences très prochainement. Ce qui
fait dire à Hassan Sentissi qu’«Il va falloir créer des
partenariats avec les tours opérateurs russes qui
sont d’ailleurs demandeurs».
De l’importance de la culture
Sur un autre registre, en considération de la
place que revêt la culture dans le rapprochement
des peuples et la création d’importants flux
humains (tourisme, enseignement...) et commerciaux, les membres du Conseil d’affaires maroco-
russe vantent le dynamisme de la représentation
diplomatique marocaine à Moscou qui, en partenariat avec Maroc Export, ont pu organiser des
expositions artistiques, culturelles et d’Artisanat
dans ce but. À ce titre, le Conseil d’affaires marocorusse rappelle la participation marocaine à l’une
des plus importantes manifestations à l’étranger
où le patrimoine artistique et culturel marocain a
marqué les esprits des partenaires russes. Il s’agit
de la première Session de l’Arabia Expo, une exposition qui vise à contribuer à l’établissement des
liens entre les associations d’hommes d’affaires
russes et arabes, entre les chambres de commerce
et d’industrie et les structures financières au
niveau régional, et où pour l’édition 2013, l’artisanat, le tourisme et la culture se sont donné le mot
à Kazan, capitale du Tatarstan. Et ce n’est pas tout.
Maroc Export, le Conseil d’affaires maroco-russe
et l’Asmex envisagent de concert de promouvoir
des événements similaires dans différentes villes
russes. Hassan Sentissi, conscient du facteur
culturel dans l’amélioration des échanges commerciaux entre les différents pays abonde dans
ce sens: «la mobilisation de la coopération serait
incomplète si elle n’intègre pas les aspects culturels, scientifiques et universitaires. Dans cet esprit,
la mise en œuvre des dispositions de l’Accord
culturel et éducatif, signé en 2006, devrait cibler
la question des équivalences des diplômes, la programmation annuelle des semaines culturelles et
l’enseignement des langues arabe et russe dans
les établissements universitaires des deux pays».
Une ambition que l’ASMEX cherche à concrétiser
en initiant un partenariat entre une université
marocaine et l’Université NGIMO de Moscou. ▲
RAM A DONNÉ SON
ACCORD POUR QUE LES
TOURISTES RUSSES VIENNENT
AU MAROC AU PRIX DU
CHARTER ET A AUGMENTÉ LE
NOMBRE DE VOLS À TROIS
FRÉQUENCES PAR SEMAINE.
3 questions à Hassan Sentissi. Président de l’ASMEX
L’OFFRE MAROCAINE
DISPOSE D’ATOUTS
COMPÉTITIFS EN
RUSSIE QU’IL FAUT
RENFORCER FACE À DES
CONCURRENTS DE TAILLE
TELS QUE LES ETATSUNIS LE CANADA OU
ENCORE LA TURQUIE.
42
OCTOBRE 2013
C
’est clair, le Maroc importe beaucoup plus
qu’il n’exporte. C’est en particulier vrai avec
la Fédération de la Russie, avec 16,5 milliards de dirhams de produits importés contre
2,15 milliards de dirhams de produits exportés
pour l’année 2012. Un millésime moyen appelé
à se bonifier pour résorber le déficit commercial
qui a découlé du renforcement du partenariat
économique entre les deux pays. Car jusque-là, les
exportations marocaines vers la Russie sont dominées par les fruits et légumes, avec notamment
les agrumes, dont ce pays est particulièrement
friand. Les Russes, on le sait, ont une préférence
particulière pour l’orange marocaine, plus précisément la clémentine. L’autre produit fortement
exporté vers la Russie est la farine de poisson. En
gros, le Maroc exporte des produits primaires
fortement exposés à des problèmes de capacité de
production et des conditions climatiques. D’où la
mobilisation de la partie marocaine en vue d’accroître les exportations vers ce pays, au regard des
parts de marchés conséquentes à prendre depuis
la récente adhésion de la Russie à l’OMC (Organisation mondiale de commerce) en août 2012.
«Le potentiel du marché russe, particulièrement
regardant sur la qualité, est considérable, notamment au niveau de certains secteurs où l’offre
marocaine dispose d’atouts compétitifs certains
qu’il faut renforcer face à des concurrents de
taille tels que les États-Unis le Canada ou encore
la Turquie. Parmi les autres produits appelés à se
développer sur ce marché, je citerai l’aviculture,
les produits halal tous types confondus, les produits de la pêche, l’huile d’olive, l’huile d’argan,
Où en sont les investissements russes
au Maroc ?
Il y a un marché très porteur au Maroc
pour les investisseurs russes. Ils doivent
venir au Maroc pour profiter de la croissance marocaine et du hub Maroc en
direction de l’Afrique subsaharienne. La
Russie peut participer à la réalisation des
nombreux plans sectoriels industriels
en cours au Maroc tels que l’énergie,
l’agriculture, la pêche, les TIC , l’aéronautique, la mécanique… Sans parler
des possibilités de partenariat Marocorusse en Afrique subsaharienne dans
divers secteurs tels que les mines, les
BTP, l’énergie, la pêche, les ports et le
transport maritime, la finance…
À ce titre je rappellerai qu’au moment
où le Maroc n’attire que des montants
réduits d’investissements russes, ce
pays est un important pourvoyeur d’IDE
à l’étranger. En 2010, ce sont pas moins
de 50 milliards de dollars d’investissements directs russes qui ont été recensés
dans le monde, le Maroc n’en a reçu
qu’une infime partie. C’est regrettable
au regard des potentialités offertes par
le Maroc à travers ses différentes stratégies sectorielles et de l’ampleur des IDE
russes au cours des dernières années.
Mais des perspectives favorables se dessinent à l’horizon. Outre le commerce
des biens, l’ASMEX compte s’activer
dans ce volet également.
Quelles sont les difficultés et les spécificités pour l’accès au marché russe ?
Initialement, le premier blocage est
celui de la langue, mais à mon sens, à
l’ère de la mondialisation, c’est devenu
un faux problème. En tout cas, c’est un
problème facilement surmontable. Il
y avait effectivement le problème de
transport, mais cela a été réglé grâce
à la solution trouvée avec la RAM. Par
ailleurs, il est important de savoir que
la Russie a adhéré à l’OMC, et cela, à
mon sens, favorisera encore plus les
échanges commerciaux. La Russie est
un marché particulièrement regardant
sur la qualité et nous avons des concurrents de taille tels que les Etats-Unis le
Canada, la Turquie… mais il n’y a pas de
barrières non tarifaires.
Quelles sont les pratiques en matière
de paiement des exportations et leur
sécurisation ?
Les exportations vers la Russie ne diffèrent pas de celles adressées au reste
du monde. Il faut respecter la réglementation en vigueur dans le pays cible et
rester vigilant en terme d’évaluation
des risques selon les secteurs d’activité.
Il existe comme vous le savez des systèmes d’assurance export qui couvrent
le risque et qui permettent aux exportateurs de minimiser leurs risques. ▲
OCTOBRE 2013 43
Horizon Export
MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU
PROMOTION
Buzz
au pays des TSARS
L’économie russe est considérée comme suffisamment prometteuse et saine pour que les
entreprises marocaines s’y intéressent. Dans ce sens, des actions conjointes sont menées
par Maroc Export, le Conseil d’affaires russo-marocain et l’ASMEX.
C
LE CONSEIL INTERVIENT
POUR INSISTER SUR LE
RÔLE DES ÉCHANGES
BILATÉRAUX ET
SUR L’IMPORTANCE
GÉOSTRATÉGIQUE DE
NOTRE PAYS
44
OCTOBRE 2013
ontrairement à une idée reçue, le
pétrole n’est plus le moteur de la
croissance en Russie. C’est la consommation, qui, depuis dix ans, compte pour
80% de la croissance. Une tendance tirée
par une population de 144 millions qui
fait de la Russie un marché de consommateurs à fort potentiel appelé à devenir
le premier en Europe et le 4e mondial à
l’horizon 2020. Des raisons qui font que
de plus en plus d’entreprises marocaines
exportatrices cherchent à prospecter en
Russie. L’initiative revient conjointement à
Maroc Export, qui continue à faire preuve
d’une plus grande diversification géographique vers des marchés à fort potentiel,
et ce en organisant des missions collectives destinées à faire découvrir le marché
russe ou à conforter un courant d’affaires
existant dans le cadre de rendez-vous
BtoB, ainsi qu’à l’Asmex (Association des
exportateurs marocains) et au Conseil
d’affaires maroco-russe qui n’a eu de
cesse de créer l’occasion pour insuffler
une dynamique supplémentaire, inciter et
promouvoir les échanges maroco-russes.
Hassan Sentissi, président dudit Conseil,
en veut pour exemples « l’organisation, en
2011, à Casablanca, de la dixième session
du Conseil arabo-russe et la troisième session du Conseil maroco-russe ou encore la
participation marocaine à des événements
majeurs cette année en cours, tels que
Arabia Expo, le Forum économique russoafricain (URAL Expo) d’Ekaterinbourg, ou
encore le Forum Economique mondial de
Saint Petersbourg ». Ces différentes rencontres ont été l’occasion de confirmer,
encore une fois, le potentiel de croissance
des échanges commerciaux entre le Maroc
et la Russie et l’engagement des deux pays
de donner une nouvelle dimension aux
relations bilatérales. C’est en tout cas le
credo du président du Conseil marocorusse qui note « qu’à chacun de ces événements, le Conseil intervient pour insister
sur le rôle des échanges bilatéraux et sur
l’importance géostratégique de notre pays
pour servir de bridge entre la Fédération
de la Russie et les pays africains, en explicitant les opportunités à saisir pendant
cette période très spéciale que traversent
les pays du nord de la Méditerranée, d’un
côté, et ceux du Sud, de l’autre ».
Intérêt grandissant
L’intérêt est tel pour le marché russe
qu’il a été inscrit en tête des destinations
d’intérêt dans le cadre du plan d’action
2013-2015 de l’Association marocaine
des exportateurs. Dans ce cadre, un programme spécifique et le déploiement
d’une activité structurée en direction de
cette destination ont été mis en place.
Plusieurs actions ont déjà été entreprises
lors du premier semestre de l’année en
cours, à l’instar de l’organisation de la
participation des exportateurs marocains
à plusieurs rendez-vous commerciaux
et économiques en Russie, en plus de la
création de plusieurs occasions de B2B. La
dernière en date a été organisée par Maroc
Export au profit du secteur du textile à
Moscou. De plus, l’Asmex prépare l’ouverture d’une représentation commerciale à
Saint Petersbourg. Une mesure qualifiée
de «louable» par les exportateurs marocains, car elle leur permettra d’assurer un
cadre continu de suivi des relations commerciales et d’appui sur le terrain. Aussi
et dans la cadre des efforts de l’ASMEX
de trouver et développer des créneaux
porteurs pour les exportateurs marocains,
l’association est en train de mettre en
place un programme d’accompagnement
des opérateurs désireux de se certifier Halal à destination des marchés extérieurs,
en général, et en Russie, en particulier, vu
que l’industrie du halal devient rapidement très populaire en Russie. Le nombre
de sociétés russes ajoutant l’inscription
halal à leurs affiches publicitaires ne cesse
d’augmenter.
Les fruits des efforts
Autant d’efforts qui commencent à
porter leurs fruits. Puisque l’Asmex, en
partenariat avec Maroc Export, a envisagé
de convier une quarantaine d’hommes
d’affaires russes avec la participation massive de tour-opérateurs qui viendront ainsi
visiter le Maroc et le recommanderont
ensuite à leurs clients pour des séjours
touristiques. Une initiative qui fait suite à
la campagne de promotion de la destination Maroc opérée par la Royal Air Maroc
qui s’est étalée sur tout le mois d’août dernier dans les médias (trois radios locales
russes), ainsi qu’à travers des panneaux
Les campagnes de promotion de
publicitaires lumineux et des affiches au
la destination Maroc en Russie
niveau des stations du métro moscovite,
se multiplient au profit de
met en exergue la richesse et la diversité l’amélioration des échanges entre
les deux pays.
du produit touristique marocain. Toujours
sur le volet touristique, Hassan Sentissi
tient à annoncer «en avant-première» que:
«deux groupes touristiques russes ont
exprimé leur volonté de construire des
motels au sud du Maroc pour faire profiter les touristes russes du soleil marocain
lorsqu’il fait-40 degrés chez eux». Pour
sa part, le conseil d’affaires maroco-russe
œuvre pour l’organisation de «la semaine
du Maroc» dans les grandes villes russes
IL EST IMPORTANT
en vue de faire la promotion de la destination Maroc pour le business, mais aussi
QUE LES ACTIONS
le tourisme. En termes de facilitation de la
PROMOTIONNELLES SOIENT
circulation des personnes, le Conseil d’afPERMANENTES ET NON
faires œuvre pour assouplir les conditions
d’obtention de visas pour les Marocains et
OCCASIONNELLES
les possibilités de leur accorder des visas
long séjour, voire jouer la carte de la réciprocité comme font les Marocains avec les
Russes. Mais pour développer toutes ces
actions, il est important que les actions
promotionnelles soient permanentes et
non occasionnelles. À bon entendeur. ▲
OCTOBRE 2013 45
Horizon Export
MAROC-RUSSIE, UN RENDEZ-VOUS ATTENDU
PROMOTION
Géostratégie
commerciale
Tout en préservant ses parts acquises dans ses marchés d’exportation traditionnels, le Maroc
fait le choix de toucher des nouveaux marchés en se tournant de plus en plus vers les pays
émergents. Notamment vers les pays de l’Europe de l’Est.
D
LES MISSIONS
D’AFFAIRES DANS
LES PAYS DE L’EST
ONT DÉMONTRÉ QUE
LE MAROC DISPOSE
D’UN AVANTAGE
COMPÉTITIF EN TERMES
DE QUALITÉ DE L’OFFRE
ET DE PRIX DANS
L’AGROALIMENTAIRE ET
LE TEXTILE.
46
OCTOBRE 2013
ans le cadre de ses activités promotionnelles
en faveur de l’offre exportatrice marocaine,
Maroc Export a accompagné, en mai 2013, 15
sociétés leaders dans le secteur de l’agroalimentaire
(produits frais et transformés) à une mission de rencontres professionnelles en Pologne et en Hongrie.
Les participants qui ont pris part à cette mission
représentent plus de 90% des exportations du secteur national. Cette mission, organisée par Maroc
Export en collaboration avec la FIFEL (Fédération
interprofessionnelle de production et d’exportation
de fruits et légumes) et en partenariat avec la CGEM
et le conseil d’affaires Maroco-Hongrois, a permis
de donner une opportunité à l’offre marocaine pour
exposer ses capacités en vue de s’enquérir, voire
pour mieux répondre aux attentes des importateurs
polonais et hongrois. Les prospects qui ont été ciblés
pour cette mission sont les grossistes, les grandes et
moyennes surfaces et les importateurs. En Pologne,
il s’agit de Targban (principal importateur de fruits
et légumes en Pologne), Carrefour Pologne, Auchan
Pologne, Real (Groupe Metro), Fresh World. En
Hongrie, il s’agit de Mirsa (importateur de fruits,
légumes et viandes pour la surgélation), Mota (importateur de fruits et légumes), et CBA (principale
chaîne de supermarchés de Hongrie). Cette mission
a permis de mieux cerner ces marchés, leur circuit
de distribution axé toujours sur le réseau d’épicerie
tout en prenant en considération la montée de
grands distributeurs, de connaître le positionnement du Maroc par rapport à ses concurrents,
notamment espagnols et turcs. Il en résulte que le
Maroc devrait structurer son offre en termes de visibilité et de communication, lancer une réflexion en
matière de création d’une plateforme logistique des
exportations marocaines vers ces pays et en matière
de procédures de dédouanement et formalités
administratives d’import pour un flux d’affaires
direct du Maroc vers ces marchés, et voire même vers
la Russie et toute l’Europe centrale et de l’Est.
Opportunité a saisir pour le textile
Pour les opérateurs du secteur de textile, Maroc
Export a organisé en juin 2013 une mission à Moscou, Russie. Avec pour objectifs la mise en œuvre
d’un programme de rencontres d’affaires entre les
fabricants marocains et les acheteurs russes, l’organisation de réunions B to B en mode showroom
chez les enseignes et quelques maisons russes et
l’encadrement et introduction des entreprises
marocaines sur le marché russe. Fait majeur, il est
à noter une nouvelle tendance: une recherche de
tendances orientalistes due a l’influence du développement du tourisme des Russes vers les pays du
Maghreb. Cette tendance se concrétise par un désir
de se créer à la maison un petit coin de «Soleil». Sans
oublier l’immense population musulmane de Russie (environ 10%) au pouvoir d’achat élevé et qui est
à la recherche de produits «orientalistes». Le marché
russe de l’habillement n’est pas en reste, vu qu’il est
l’un des plus dynamiques de l’économie du pays. Il
enregistre une croissance permanente due en particulier à l’émergence d’une classe moyenne de plus
en plus nombreuse, plus de 25% de la population, et
qui dope les ventes du secteur. Pour les entreprises
marocaines ayant pris part au voyage, les points
forts de la mission étaient la qualité des contacts
établis. En effet, chaque entreprise marocaine dans
le textile de maison a eu au moins 3 demandes
d’envois de collection avec les grilles des prix, en
ce qui concerne le textile de l’habillement, tous
attendent des prototypes de produits et des collections. Ces missions d’affaires ont démontré que le
Maroc dispose d’un avantage compétitif en termes
de qualité de l’offre et de prix dans deux grands
secteurs nationaux que sont l’agroalimentaire et le
textile. Forts de cette visibilité, les acteurs marocains
de l’exportation ont les cartes en main pour mettre
en œuvre des stratégies d’exportation vers ces pays
ciblés. Charge à eux de s’imposer dans la compétition mondiale! ▲
OCTOBRE 2013 47
Cahier de l’exportateur
5
MARKETING
idées reçues à
démonter pour
apprendre le russe
Il y a tout plein de bonnes raisons de ne pas apprendre le russe! Voilà 5 «idées reçues »
à combattre pour aisément imaginer qu’il y a intérêt à apprendre la langue des Tsars !
1
2
48
OCTOBRE 2013
Le russe, ça ne sert à rien !
Faux! Apprendre le russe peut servir à beaucoup de choses. La Russie est une passerelle naturelle entre l’Europe et l’Asie: plus de 144 millions d’habitants en Russie
et 300 millions en ex-URSS utilisent le russe comme langue de communication.
De plus, la Russie est un marché en pleine expansion qui intéresse les hommes et
femmes d’affaires de par le monde. Or les hommes d’affaires russes apprécient
lorsque leurs interlocuteurs parlent un peu le russe. Apprenez les rudiments du russe
rapidement et vous vous sentirez plus à l’aise une fois sur place.
Apprendre le russe prend des années !
Bien sûr, vous ne parlerez pas couramment le russe après 3 semaines de cours
intensifs, ni d’ailleurs aucune autre langue étrangère. En même temps, motivé et
avec une bonne méthode, on peut bien apprendre les bases de la langue en six
mois. Et une personne qui tient sa motivation dans la durée peut très bien atteindre
un niveau tout à fait raisonnable, en moins de 2 ans, vous permettant d’avoir les
conversations usuelles de la vie de tous les jours et même faire des affaires !
3
4
5
L’alphabet russe, c’est trop compliqué !
Si vous pensez ainsi, attendez de savoir que pour apprendre le chinois, la langue la
plus parlée dans le monde, il vous faudrait connaître par cœur plusieurs milliers de
caractères (5000) pour être en mesure de lire… le journal. Le russe compte seulement 33 lettres et signes (10 voyelles, 21 consonnes et 2 lettres qui n’ont pas de son,
à l’instar des lettres muettes en français) dont la plupart ne vous sont pas inconnues
d’ailleurs. Sur les 33 lettres, seules 15 lettres sont réellement à apprendre, car il y a de
fortes chances que vous connaissiez déjà les autres. Dans ce cas, vous en savez déjà
presque la moitié !
Les méthodes de russe se valent
Que nenni! Justement, il y a «méthode et méthode». Il faut savoir que les Russes,
depuis leur ouverture sur le monde, font promouvoir l’étude et l’enseignement de
la langue russe, ainsi que toutes les cultures que cette langue véhicule. Dans ce sens,
les spécialistes russes ont développé d’excellentes méthodes, même si elles nécessitent une discipline particulière, mais qui permettent dès la seconde semaine, de
lire, même sans comprendre, mais au moins en reconnaissant les mots et en les
prononçant. Puis ensuite, on apprend des petites phrases, les pronoms, les cas, un
par un et ainsi de suite… Le russe, c’est comme tout, ça s’apprend !
Il faut être un véritable intello pour apprendre le russe !
Heureusement, c’est faux ! Même si plusieurs scientifiques apprennent le russe
pour accéder à maints travaux en mathématiques, physique, chimie (domaine
où la recherche soviétique puis russe restent inégalées) et qui ne sont accessibles
qu’en russe, pour apprendre le russe, l’amour de la Russie et de la culture russe vous
aideront plus que tout. La curiosité pour cette langue magnifique et pour la culture
qui va avec fera le reste.
OCTOBRE 2013 49
Cahier de l’exportateur
FINANCE
Jauger le marché
Le succès de toute exportation dépend de la maîtrise du risque de non paiement qui lui en est
inhérent. Sur ce registre, le marché russe ne présente pas plus de risques que d’autres marchés.
P
IL EST DE COUTUME
DE RECOURIR À UNE
GARANTIE ÉMISE
CONFORMÉMENT À
UNE LÉGISLATION
ÉTRANGÈRE AUTRE
QUE RUSSE, CE QUI
EST GÉNÉRALEMENT
ACCEPTÉ PAR LES
TRIBUNAUX RUSSES.
lusieurs études sur le comportement de paiement en «BtoB» concernant les exportations
vers la Russie attestent que «la majorité des
relations entre fournisseurs étrangers et clients russes
se déroulent de manière satisfaisante et conformément aux dispositions contractuelles». Toutefois, et
à l’instar de toute opération d’export, des réflexes et
règles en matière de maîtrise du risque de non-paiement doivent être de mise de la part de l’exportateur.
En outre, il serait nécessaire que l’exportateur fasse
preuve d’une vigilance supplémentaire du fait que le
marché russe recèle un certain nombre de spécificités.
Sur ce plan, Adil Doulabi, expert en entrepreneuriat
et finance stipule que: «pour se prémunir contre le
risque de non-paiement, il existe à l’endroit de l’exportateur une multitude de garanties, d’instruments
et de solutions de sécurisation des paiements. La décision finale du choix de l’outil de couverture du risque
de non-paiement doit être prise en fonction d’une
évaluation des risques à la lumière des circonstances
spécifiques et des préférences des parties ainsi qu’en
fonction des circonstances propres à la transaction
considérée».
Du business en toute sécurité
Parmi les garanties possibles, Adil Doulabi énumère entre autres «la garantie ou caution accordée
par une société affiliée au groupe auquel fait partie
l’entreprise importatrice, le gage sur les produits
fournis ou sur un autre bien immobilier propriété du
client et enfin l’hypothèque sur un bien immobilier
de l’importateur ou toute autre personne morale», rajouter que «dans le cas d’export vers le marché russe,
ces garanties peuvent présenter quelques limites
dues essentiellement aux spécificités du marché, de
l’environnement des affaires et des pratiques commerciales en Russie, par exemple, la délivrance d’une
garantie bancaire dans le cadre d’un contrat de vente
est rare en Russie, le coût étant considérable, le gage
sur les produits fournis ou tout autre bien du client
peut poser des difficultés dans le cas d’une vente à un
tiers. L’hypothèque est aussi une option qui n’est pas
sans poser quelques difficultés quant à son évaluation
en plus du fait qu’il n’est pas souvent très pratique de
négocier une hypothèque pour garantir un contrat
de fournitures».
Maître Moustafa Degdeg, avocat d’affaires au Barreau
de Casablanca note, par ailleurs, que: «la constitution d’une hypothèque doit faire l’objet d’un accord
détaillé d’hypothèque qui doit être enregistré auprès
du bureau russe des titres fonciers». Maître Degdeg
évoque également une particularité de la législation
russe qui exige que la garantie ne soit émise que par
une banque et pas par d’autres personnes morales,
et de ce fait, toute caution non bancaire, demeure en
Russie un instrument de garantie subsidiaire. Dans le
même ordre d’idées, Degdeg précise: «il est de coutume de recourir à une garantie émise conformément
à une législation étrangère autre que russe, ce qui
est généralement accepté par les tribunaux russes».
Concernant le paiement, pour Adil Doulabi, le mode
de règlement le plus garanti, et le plus recommandé
pour une société voulant exporter pour la première
fois en Russie, est «la lettre de crédit (payable à 3 mois)
irrévocable et confirmée avec une garantie bancaire
d’une grande banque russe, en cas de doute». Doulabi
rappelle qu’on peut exiger toujours le paiement en
avance, «mais il faut que l’importateur accepte et
qu’il y ait suffisamment de confiance entre les deux
partenaires». ▲
La Smaex assure.
A
u Maroc, la SMAEX, Société
marocaine d’assurance à l’exportation, offre un service d’assurance de prospection en destination
des exportateurs, et pour lequel elle
agit en tant que mandataire de l’Etat.
Notamment dans le cadre de la stra-
50
OCTOBRE 2013
tégie visant à insuffler les entreprises
marocaines dans une dynamique pérenne d’export. Toujours sous la forme
d’une avance remboursable en cas de
succès, l’assurance prospection proposée par l’organisme comporte deux
produits: une Assurance prospection
normale (APN) pour des exportateurs
bien établis, et une Assurance prospection simplifié (APS) destinée essentiellement aux PME et aux entreprises
de création récente dont le chiffre
d’affaires à l’exportation ne dépasse
pas 1 million de dirhams. ▲
OCTOBRE 2013 51
Cahier de l’exportateur
JURIDIQUE
Les précautions
à prendre
Dans le contexte de changements rapides qui caractérisent la Russie d’aujourd’hui,
l’expertise du marché russe constitue un atout solide pour une protection efficace des
sociétés marocaines et de leur développement en Russie. Un balisage juridique s’impose.
L
IL EST ESSENTIEL DE
PRÉCISER INTÉGRALEMENT
AU NIVEAU DE TOUT
DOCUMENT CONTRACTUEL
LA RAISON SOCIALE,
LA FORME JURIDIQUE
ET L’ADRESSE DE
L’ACHETEUR AFIN
D’IDENTIFIER CLAIREMENT
LES PARTIES AU CONTRAT
a Fédération de Russie a toujours constitué
un marché très important pour les exportateurs et les investisseurs de par le monde. Cette
attractivité a été renforcée depuis août 2012, date à
laquelle la Russie est devenue membre à part entière
de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Surtout que dans le cadre de son adhésion, elle a pris
un certain nombre de mesures visant à ouvrir son
économie. Parmi les principales conséquences, il y
a lieu de citer la baisse des droits de douane de 10%
à 7,8% en moyenne sur les produits, une ouverture
davantage d’un certain nombre de secteurs (industries et services) aux investisseurs étrangers et une
limitation des formes de soutien de l’Etat. Pour les
entreprises marocaines, cette ouverture pourrait se
traduire par l’apparition de solides opportunités
dans différents secteurs qui n’attendaient qu’à être
saisies. Toutefois, et parce que l’environnement
juridique n’est pas assez stable du fait de la récente
adhésion à l’OMC, les exportateurs marocains ont
besoin d’une meilleure exploitation de cette nouvelle donne pour favoriser leurs exportations vers
ce marché à fort potentiel. Dans ce sens les avocats
d’affaires leur conseillent de connaître les principales nouveautés en matière de règlementations
et tarifs douaniers et de tenir compte de quelques
spécificités juridiques et pratiques du marché russe
au niveau du processus d’export vers la Russie.
La bonne démarche
À la question de savoir quelles sont les principales nouveautés survenues en matière de règles
et droits de douane suite à l’adhésion de la Russie à
l’OMC, maître Moustafa Degdeg, avocat d’affaires
au barreau de Casablanca, les synthétise comme
suit: «désormais, en moyenne, le plafond tarifaire
est de 7,8% contre 10% en moyenne avant l’adhésion
pour l’ensemble des produits. Le plafond tarifaire
moyen applicable aux produits agricoles est de 10,8
%, ce qui est inférieur à ce qu’il était (13,2%) et le
plafond moyen applicable aux produits manufac-
52
OCTOBRE 2013
turés importés est de 7,3% contre 9,5% avant». Pour
ce qui est des spécificités juridiques et pratiques du
marché russe, et afin de favoriser un succès durable
de ses exportations vers cette destination, il est des
règles que l’on se doit de respecter, en sus des règles
générales et classiques de préparation et d’informations juridiques nécessaires pour exporter vers
n’importe quel autre pays dans le monde. Dans ce
registre, le droit russe présente certaines caractéristiques et spécificités pratiques que tout exportateur
marocain envisageant vendre à des clients russes
devrait prendre en considération. Dans ce cas, maître
Moustafa Degdeg note l’existence de faiblesses dans
le système légal encadrant les affaires, et prône une
prise de conscience de cet état de fait avant d’entamer toute exportation. Si la grande majorité des
conditions contractuelles peut être conclue sans
limitation, car les règles obligatoires applicables
aux conditions de vente sont très peu nombreuses,
maître Mustapha Degdeg indique qu’en Russie:
«il n’est pas rare que plusieurs personnes morales
utilisent la même raison sociale, c’est pourquoi il est
donc essentiel de préciser intégralement au niveau
de tout document contractuel la raison sociale,
la forme juridique et l’adresse de l’acheteur afin
d’identifier clairement les parties au contrat». Et Degdeg d’ajouter que «les conditions de vente doivent
contenir des informations suffisantes concernant la
spécification, la quantité et la qualité des produits, le
prix d’achat et les modalités de paiement, ainsi que
les conditions spécifiques et le délai de livraison, par
exemple en utilisant les incoterms ou autres modalités». L’une des autres spécificités du marché russe,
tient au fait que beaucoup d’opérations transitent
via des systèmes offshore complexes impliquant des
parties tierces avant d’atterrir chez le client importateur final, sur ce point, Degdeg précise: «il est donc
essentiel d’utiliser des conditions de vente simples et
transparentes, c’est-à-dire sous la forme de livraisons
directes du fournisseur étranger au client russe et,
même, d’opter pour le paiement direct du compte
LES DÉCISIONS
du partenaire russe au compte fournisseur. Si les
conditions de vente impliquent de tierces parties,
des entités offshore et des livraisons indirectes, il
convient de s’assurer qu’il existe un motif économique valable auquel faire référence en cas de litige».
Choisir la législation la mieux maîtrisée au niveau
des contrats constitue une autre règle à observer,
l’exportateur et son avocat ou conseiller auront donc
tout intérêt à choisir d’un commun accord, bien sûr,
avec l’importateur russe la législation régissant leurs
relations commerciales où il sera le plus à l’aise et
qui pourra facilement être appliquée en cas de litige.
Maître Degdeg signale, par ailleurs, que: «les contrats
régis par la Convention de Vienne sur les contrats
de vente internationale de marchandises sont
assez rares». Dans le même ordre d’idées, Il est vital
de connaître les règles en matière d’approbation
de l’entreprise, d’identifier les personnes qui sont
habilitées à signer les contrats pour éviter des litiges
quant aux responsabilités des uns et des autres. À noter que tout contrat d’exportation vers la Russie est
soumis à la législation russe sur la concurrence qui,
en résumé, interdit des dispositions contractuelles
de nature à limiter la capacité du client à vendre les
marchandises d’un concurrent ou qui interfère avec
la fixation du prix de revente. Maître Degdeg soulève
un autre point: «il faut savoir qu’au niveau de la
conclusion de contrat de vente, celui-ci ne sera soumis à des obligations russes en matière de licence,
d’enregistrement ou autres exigences d’approbation
administrative que s’il contient des éléments relatifs
à un rapport de franchise ou concerne des droits
de propriété intellectuelle (marques, brevets) qui
doivent être transférés au client. En ce moment, ce
type de contrat, l’enregistrement du contrat auprès
de Rospatent, le service fédéral russe de la propriété
intellectuelle, devient obligatoire». Pour la gestion
de contentieux et conflits, et aux dires de maître
Degdeg, il est vivement conseillé d’inclure une clause
d’arbitrage dans le contrat, les décisions arbitrales
russes et étrangères sont généralement reconnues
par les tribunaux russes. Rappelant qu’«Il faut éviter
toutefois d’aller en justice, car les décisions des tribunaux russes ou étrangers peinent à être appliquées à
un fournisseur étranger du fait du nombre limité de
traités signés entre la Russie et d’autres pays». Vous
voilà avertis, à vos exports !▲
DES TRIBUNAUX
RUSSES OU
ÉTRANGERS
PEINENT À ÊTRE
APPLIQUÉES À
UN FOURNISSEUR
ÉTRANGER DU
FAIT DU NOMBRE
LIMITÉ DE TRAITÉS
SIGNÉS ENTRE
LA RUSSIE ET
D’AUTRES PAYS.
INVESTISSEMENT
Russie. Cadre juridique et fiscal
L
e processus de réformes du
cadre juridique et fiscal russe
s’est accéléré depuis 2001. En ce
qui concerne les garanties légales des
investisseurs étrangers, elles ont été
renforcées par la Loi fédérale «Sur les
investissements étrangers en Fédération de Russie» du 9 juillet 1999 dont
les principales garanties sont:
• le statut légal des investisseurs
étrangers ne peut être moins favorable que celui des russes,
• les investisseurs étrangers doivent
être indemnisés de tout préjudice
causé par les autorités Russes,
• les investisseurs étrangers dont
les biens auraient été confisqués ou
nationalisés doivent être indemnisés,
• les nouvelles législations ou réglementations peuvent, si elles ont un
impact négatif sur les activités d’un
investisseur étranger, ne pas lui être
appliquées pendant la période du
retour sur investissement, dans la
limite de 7 années à compter de la
date d’investissement. ▲
OCTOBRE 2013 53
La vigie des consortiums
LE CODE CULTUREL
Plafond de verre
Tout, ou presque, est fait pour stimuler le déclic «export en consortium» des
entreprises marocaines. Les effets obtenus tardent encore, freinés non pas (que) par
des facteurs administratifs ou financiers, mais aussi par le facteur culturel.
D
LA PISTE DES
CONSORTIUMS EST UNE
OPTION QUI N’EST PAS
PRIVILÉGIÉE MÊME
PAR LES SECTEURS
REPRÉSENTANT LES
MÉTIERS MONDIAUX
DU MAROC QUI SONT
APPELÉS À ÊTRE LES FERS
DE LANCE DE L’EXPORT.
epuis le lancement, en 2003, d’un
programme pour la création et
l’accompagnement des consortiums d’exportation, 21 consortiums
ont été constitués. Un programme, pour
rappel, initié en collaboration avec
l’Organisation des Nations Unies pour
le Développement Industriel (ONUDI)
et le financement de la Coopération
italienne. L’expérience a été revisitée et
reconduite en 2011, et le dispositif a profité d’une large opération de communication, menée sous forme de road-show
régionaux. Avec des messages «exhortatifs» lors de séminaires soigneusement
préparés avec des orateurs connus pour
leur expertise ou réputés. en plus, le
programme «Export Synergia», lancé
par le ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies et
doté d’un budget de 120 millions de
dirhams en faveur de ces structures, est
un plan d’aide déployé pour la création
de 55 consortiums marocains d’exportation à l’horizon 2015, ainsi que pour
l’accompagnement, de l’amont à l’aval,
du développement à l’international de
ces entreprises dans le secteur du textile-habillement, mais aussi l’agroalimentaire, le BTP, le tourisme, les services
et l’industrie mécanique et électrique.
Leur admission à ce programme leur
donne droit, en tant que consortium,
à un apport financier plafonné à 1,5
million de dirhams, afin de les accompagner dans les phases de démarrage,
de structuration et de développement à
l’international.
Les freins
Pour autant, les entreprises marocaines restent frileuses à se constituer
en grappes pour mieux affronter le
marché international? Alors qu’à les
entendre, l’export représente pour chacune d’elle un sujet capital ! Des freins
d’ordres différents. Les premiers sont
psychologiques. Certains dirigeants
n’ont pas la motivation nécessaire.
D’autres ne sont motivés que pour
faire un «coup», sans stratégie à moyen
terme, ce qui peut s’avérer calamiteux
Consortium. Le bon format
C
omment contourner
le facteur juridique
et accéder aux bienfaits des alliances ? Selon
les experts, il n’est pas indispensable de créer une
structure juridique. Cependant, il est fortement
conseillé aux acteurs de
formaliser leur collabora t i o n a u t ra v e r s d ’u n
accord de consortium. Il
existe deux grandes typologies de consortiums
d’exportation:
54
OCTOBRE 2013
Par secteurs:
• soit des consortiums plurisectoriels, hétérogènes
(présence d’entreprises
de secteurs différents) ou
c o m p l é m e n t a i re s ( p ré s e n ce d ’e n t re p r i s e s d e
secteurs différents, mais
avec les mêmes objectifs
en termes de clients cible:
ex. acheteurs secteur
mode: habillement, maroquinerie, chaussures,
bijouterie, etc.)
• Ou des consortiums
monosectoriels, simples
(toutes les entreprises
ont le même produit) ou
complémentaires (les entreprises appartiennent
au même secteur, mais
offrent des produits différents et complémentaires
[ex. pâtes alimentaires/
couscous, jus de fruits,
confiseries, miel, dattes
conditionnées, etc.]
Par activités
• Consortiums de promo-
tion qui s’occupent uniquement de l’activité de
promotion commerciale
pour les entreprises
associées, la vente des
produits est effectuée
directement par chaque
entreprise,
• Consortiums de vente
qui s’occupent, non seulement de l’activité de
promotion, mais aussi du
contrôle de la qualité et de
la vente des produits des
entreprises associées. ▲
OCTOBRE 2013 55
par la suite ! Les dirigeants des entreprises peuvent tout simplement être
«freinés» en termes de facteur culturel,
trouvant une difficulté à faire du business dans un univers aux codes culturels
spécifiques ou une maitrise partielle
des langues étrangères. «Il ne fait pas
de doute que les opportunités existent,
mais force est de relever toutefois une
frilosité des entreprises marocaines à
se regrouper en formes collaboratives
pour augmenter leur potentiel de croissance via l’exportation», remarque Ali
Berrada, expert ONUDI qui regrette que
les entreprises marocaines s’orientent
peu vers ces consortiums à l’exportation
qui peuvent pallier l’insuffisance de
leurs ressources et la faiblesse de leurs
compétences. Ajoutant que «l’ancrage
du concept au Maroc n’est pas aussi
manifeste qu’on pourrait le croire. La
piste des consortiums est une option
qui n’est pas privilégiée même par
les secteurs représentant les métiers
mondiaux du Maroc qui sont appelés
à être les fers de lance de l’export». Et
quand elles s’ouvrent à cette option,
plusieurs entreprises la conditionnent.
Tr a h i s s a n t a i n s i u n e s é l e c t i v i t é q u i
existe au sein des consortiums. Ce que
confirment beaucoup de membres de
56
OCTOBRE 2013
consortiums qui ont des demandes
d’adhésion, mais qui préfèrent mettre
en place des critères d’adhésion clairs
et dédier d’un comité interne de sélection pour les faire respecter. L’objectif
étant de trouver la bonne complémentarité des gammes ou la philosophie la
plus proche. En fait, tous rêvent plus
d’exportation qu’ils ne mettent tout
e n œ u v r e p o u r y r é u s s i r. U n p a t r o n
d’entreprise reconnaît les avantages des
consortiums, mais rechigne à se mettre
en alliance, car il n’accepte pas d’être
e n a s s o c i a t i o n av e c d e s e n t r e p r i s e s
qui puissent commettre des erreurs et
lui coûter plus cher que l’apport d’un
consortium! Cette démarche sélective,
justifiée ou non, constitue un frein à la
constitution de plus de consortiums au
Maroc. À un moment où les entreprises
marocaines sont invitées à se battre
pour faire mieux demain qu’hier. ▲
l’ancrage du concept des
consortiums au Maroc reste
à renforcer.
CERTAINS DIRIGEANTS RECHIGNENT À SE METTRE EN ALLIANCE CAR ILS
N’ACCEPTENT PAS D’ÊTRE EN ASSOCIATION AVEC DES ENTREPRISES POUVANT
COMMETTRE DES ERREURS QUI PUISSENT COÛTER PLUS CHÈRE QUE L’APPORT
D’UN CONSORTIUM!
OCTOBRE 2013 57
La vigie des consortiums
FAIBLESSE DES EXPORTATIONS
les raisons
du mal
Les PME marocaines peinent à l’export. Et les raisons à cela sont multiples. Le manque
de formation des dirigeants, la faible compétitivité, ou encore une culture de repli sur le
marché local… sont parmi les responsables de cette situation qui ne doit pas rester une
fatalité!
B
eaucoup de chefs d’entreprises
marocaines sont frileux à l’idée de
s’orienter vers des marchés étrangers.
«L’ouverture vers l’international, c’est toute
une culture à avoir», explique un consultant
dans le domaine de l’accompagnement des
entreprises à l’export. Et cette culture d’ouverture, beaucoup d’entreprises marocaines
ne l’ont pas. Elles préfèrent se concentrer sur
un marché local qu’elles connaissent bien
au lieu de tenter «l’aventure» de l’internationalisation.
La préparation, un enjeu clé
LA FORMATION
CONSTITUE UN ENJEU
MAJEUR POUR
LES ENTREPRISES
MAROCAINES, À L’HEURE
OÙ LE MAROC EST
ENTRÉ DE PLAIN PIED
DANS LE PROCESSUS DE
MONDIALISATION.
58
OCTOBRE 2013
Les chefs d’entreprises marocains
manquent, en général, de préparation. Plusieurs ont appris leur métier sur le tas et se
contentent d’une gestion «en bon père de
famille». La formation constitue donc un enjeu majeur pour les entreprises marocaines,
à l’heure où le Maroc est entré de plainpied dans le processus de mondialisation.
Ce problème ne se pose pas pour certains
jeunes patrons, bien formés et maitrisant
les langues étrangères, qui disposent d’une
vision orientée vers l’international dès le
lancement de leurs entreprises. «Avant
de lancer la production, nous avions déjà
démarché des clients à l’étranger», confirme
Mohammad Ayoub, ingénieur agronome,
qui vient de lancer une unité de production
d’engrais biologiques pour l’agriculture
dans la région d’Agadir. Le manque de formation et de préparation des dirigeants a
également fait qu’une grande partie des
entreprises exportatrices a tout misé sur les
marchés traditionnels, notamment dans le
sud de l’Europe. Ils se sont ensuite retrouvés
en difficulté à cause de la crise qui a touché
de plein fouet ces pays, mais également à
cause de leur manque de réactivité.
D’un autre côté, certaines des industries traditionnellement exportatrices ont
perdu pied face à la concurrence étrangère.
«L’industrie de la chaussure s’est beaucoup
dégradée. Aujourd’hui, il est difficile de
trouver de la main-d’œuvre qualifiée et
on a beaucoup perdu en compétitivité»,
déplore Hakim Essafi, fils d’une famille de
chausseurs, qui a lancé sa propre enseigne
de magasins dans le même domaine. Luimême importe aujourd’hui la quasi-totalité
des articles de son catalogue au lieu de les
produire sur place. Il faut dire que, comme
plusieurs autres industries, cette filière
dépend beaucoup des intrants qui sont
en bonne majorité importés. Mais il s’agit
également d’un problème de compétitivité
dont souffre une bonne partie des entreprises marocaine, et que la mondialisation
n’a fait que ressortir au grand jour.
Certaines entreprises y arrivent
Dans certains cas, il s’agit juste de raisons
conjoncturelles ou de difficultés surmontables. Dans le domaine des nouvelles technologies, les problèmes de préparation ou
d’ambition se posent beaucoup moins que
dans les autres secteurs. Plusieurs entreprises
ont récemment entamé leur processus d’ouverture, généralement avec succès. Pourquoi
avoir attendu jusqu’à maintenant? «Avant,
nous n’étions pas assez forts pour faire face
à la rude concurrence étrangère», explique
Hamza Aboulfath, fondateur de l’entreprise
Genious Communications, spécialisée dans
les solutions d’hébergement web. Il faut dire
que l’ouverture vers les marchés étrangers
a un coût, qui peut s’avérer élevé pour ces
entreprises, généralement encore jeunes.
«Mais aujourd’hui, le marché marocain ne
suffit plus à absorber notre croissance. Nous
avons donc élargi notre périmètre à toute
la région MENA, grâce notamment aux missions de Maroc Export», poursuit le jeune
dirigeant. Cependant, même chez certains
OCTOBRE 2013 59
DANS CERTAINS CAS, IL
S’AGIT JUSTE DE RAISONS
CONJONCTURELLES
OU DE DIFFICULTÉS
SURMONTABLES.
DANS LE DOMAINE
DES NOUVELLES
TECHNOLOGIES,
LES PROBLÈMES DE
PRÉPARATION OU
D’AMBITION SE POSENT
BEAUCOUP MOINS
QUE DANS LES AUTRES
SECTEURS
60
OCTOBRE 2013
industriels qui réalisent déjà une bonne
partie de leur chiffre d’affaires à l’export, la
prudence face aux marchés étrangers reste
de mise. «Nous n’avons pas de difficulté à
exporter, du moment que nous disposons de
la capacité de production nécessaire. Le seul
paramètre à verrouiller est la solvabilité des
clients étrangers», affirme un industriel du
textile. Si certaines entreprises marocaines
souffrent d’un problème de compétitivité
Le facteur culturel joue un rôle prédominant dans les
affaires internationales. Une grande part du succès à
l’export revient à bien gérer ce facteur.
face à la forte concurrence internationale,
plusieurs d’entre elles ont de vraies cartes
à jouer à l’international, à condition de disposer du support et de l’accompagnement
adéquats. ▲
Quelques recettes pour mieux exporter
A
fin de stimuler les
exportations
de biens et de services, le Maroc a
mis en pl ace des
programmes spécifiques d’accompagnement pour
différents secteurs. Il existe
d’autres solutions
qui permettent aux
PME marocaines
de se prendre en
main pour être
mieux armées.
L’ a p p r e n t i s s a g e
des langues étrangères est devenu
aujourd’hui, plus
qu’un atout, une
nécessité pour
t o u t e e n t re p r i s e
qui s’internationalise. Une bonne
maîtrise des l angues facilite les
échanges et représ e n t e u n e ex c e l -
lente façon de
surmonter les difficultés à l’export.
L a f o r m at i o n e st
également un
enjeu important
pour la compétitivité des entreprises marocaines.
Il existe des pro grammes de coaching ainsi que
des formations en
management, à
même de rendre
les dirigeants plus
aptes à orchestrer
une ouverture vers
l’international. Les
entreprises de petite taille peuvent
également mutualiser leurs ressources pour une
meilleure efficacité, notamment en
ce qui concerne la
participation aux
salons internationaux. ▲
OCTOBRE 2013 61
On y était
1
Différentes participations marocaines aux événements internationaux.
1-2-3: participation marocaine à Automechanika-Moscow du 24 au 29 août 2013. ,4:Stand Maroc Export à l’OFEC lors du Salon de l’aéronautique 5 : Mme
Zahra Maâfiri, DG Maroc Export.
62
OCTOBRE 2013
2
3
4
5
OCTOBRE2013
2013 63
OCTOBRE
63
On y était
1
1: Petit déjeuner d’accueil à Pointe Noire lors de la dernière étape de la 7e caravane de partenariat,2 : Mme Claudine Munari, ministre du Commerce et
des Approvisionnements du Congo,3 : Mme Claudine Munari avec Monsieur le Ministre Abdelkader Amara ,3-4-5 : étape Pointe Noire
Scènes de la 7e Caravane de Partenariat, en juin 2013, organisée par Maroc Export lors des différentes escales à Nairobi au Kenya, à Kinshasa en
République démocratique du Congo et à Pointe Noire en République du Congo.
64
OCTOBRE 2013
2
3
4
5
OCTOBRE 2013
65
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :
80%
18%
2%
Fiches pratiques
Russie
services
industrie
agriculture
• NOM
OFFICIEL
: FÉDÉRATION
DE RUSSIE
• CAPITAL
: MOSCOU
• SUPERFICIE
: 17 MILLIONS DE KM²
• LANGUES OFFICIELLES : RUSSE
Part
des principaux
secteurs d’activités dans le PIB :
• MONNAIE
: ROUBLE
60%
76%
70%
2010
2011
Hongrie
UKRAINE
• NOM OFFICIEL
• CAPITALE
• SUPERFICIE
• LANGUE OFFICIELLE
• MONNAIE
: UKRAINE
: KIEV
: 603 500 KM²
: UKRAINIEN
: HRYVNIA (UAH). (1 € = ENVIRON 11 UAH)
prévisions 2012
• NOM OFFICIEL
• CAPITALE
• SUPERFICIE
• LANGUE OFFICIELLE
• MONNAIE
Pologne
: HONGRIE
: BUDAPEST
: 93 030 KM²
: HONGROIS
: FORINT
: RÉPUBLIQUE DE POLOGNE
: VARSOVIE
: 603 500 KM²
: POLONAIS
: ZLOTY (4,4 PLN =1 €)
Part of the main business sectors in the GDP for 2012
66,9 %
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :
64,4%
30,6%
5%
• NOM OFFICIEL
• CAPITALE
• SUPERFICIE
• LANGUE OFFICIELLE
• MONNAIE
31%
3,5%
Part des principaux secteurs d’activités (en % de PIB) (2012)
57,9 %
32,3%
9,8%
services
industry
farming
Part des principaux secteurs d’activités (en % de PIB) (2012)
services
industrie
agriculture
Situation économique
La Russie a connu durant les années Poutine (2000-2008)
une croissance moyenne de 7 % par an (8,1 % en 2007, 5,6 %
en 2008). La Russie a été durement touchée par la crise, avec
la plus grande récession des années 2000 (près de -8 % en
2009), mais le pire a été évité. Très dépendante du cours
des matières premières, l’économie russe n’a pas connu
jusqu’ici les réformes structurelles nécessaires à sa diversification. Le gouvernement russe a toutefois récemment
relancé un vaste plan de privatisation.
Echanges Maroc-Russie
Les échanges commerciaux entre la Russie et le Maroc ont connu
un certain essor depuis les cinq-six dernières années. Le Maroc
importe de Russie environ 30 % de ses besoins en hydrocarbures.
La Russie quant à elle est le principal partenaire du Maroc dans le
domaine des agrumes (notamment les mandarines qui sont de
loin majoritaires sur le marché russe) et l’un des principaux dans
le domaine de la pêche. La Russie est en effet l’un des principaux
partenaires commerciaux du Maroc dans ce domaine avec une
quantité importante de poissons (sardines et sardinelles, maquereaux, pélamides...) qui est exportée du Maroc vers la Russie.
Quoi de neuf ?
En novembre 2012 ont eu lieu des négociations entre Evgueny
Nepoklonov, directeur adjoint du Service fédéral russe de
contrôle vétérinaire et phytosanitaire (Rosselkhoznadzor) avec
Abdelkader Lecheheb, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Maroc en Fédération de Russie et
Hassan Sentissi El-Idrissi, coprésident du Conseil d’affaires russo-marocain. Cette réunion entrait dans le cadre du développement des relations entre la Fédération de Russie et le Royaume
du Maroc. Les thèmes abordés concernaient notamment les
questions de la sécurité sanitaire pour les livraisons de poissons
et produits dérivés, du Maroc vers la Russie. Des représentants
de l’Agence fédérale russe de la pêche ont également participé
à cette réunion. La partie russe a souligné son intérêt pour la
poursuite d’une coopération constructive entre les deux pays.
66
OCTOBRE 2013
services
industrie
agriculture
Situation économique
L’Ukraine bénéficie d’un potentiel économique important: ressources minières et énergétiques, vastes et fertiles surfaces agricoles (22% des terres arables en Europe),
main-d’œuvre qualifiée et peu coûteuse. L’Ukraine est
également un pays industriel, le 8e producteur mondial
d’acier. Les seuls produits sidérurgiques représentaient
27% des exportations en 2011, les produits minéraux
plus de 12%. Le secteur agricole (20% des exportations en
2011) est un avantage comparatif majeur. La croissance
des années 2000 reposait cependant en grande partie
sur des gains de termes de l’échange (prix des métaux
/ prix de l’énergie). Le pays a cependant été durement
frappé par la crise de l’automne 2008 qui a stoppé net
une décennie de croissance forte.
Echanges Maroc- Ukraine
Les relations commerciales Maroc-Ukraine sont régies
par un Accord commercial qui a été signé lors de la visite
du ministre ukrainien des Affaires étrangères au Maroc
du 23 au 25 décembre 2001. À noter également que les
deux parties ont procédé à la signature de l’Accord sur
la promotion et la protection réciproque des investissements. À noter que le Maroc demeure parmi les cinq
plus grands partenaires de l’Ukraine en Afrique, avec un
chiffre d’affaires du commerce bilatéral de presque 300
millions de dollars US.
Quoi de neuf?
Le Maroc et l’Ukraine sont en train de finaliser leur
Accord de libre-échange (ALE). Les deux pays sont
conscients qu’ils doivent établir des liens directs de
manière à éviter que leurs échanges commerciaux ne
passent par un État tiers. Selon la partie ukrainienne, le
Maroc viendra s’ajouter à une liste «de grands pays dans
lesquels nous avons un vif intérêt comme la Turquie ou
le Canada…» avec qui des pourparlers pour des ALE similaires sont en cours.
Situation économique
La situation macroéconomique de la Hongrie se caractérise
par l’obligation de réduction de sa dette publique, dans un
contexte de faible croissance (-1,2% en 2012 et +0,1% prévu
pour 2013), d’un repli de la confiance des chefs d’entreprise et
des consommateurs, du durcissement des conditions de crédit
et financières du désendettement en cours des entreprises et
des ménages et d’un important assainissement budgétaire. La
croissance hongroise repose essentiellement sur les exportations, notamment vers l’Allemagne qui capte 25% du marché
de l’export hongrois. En 2012, les investissements ont diminué
de 5,2%. Le chômage concerne 10,4 % de la population active.
Echanges Maroc- Hongrie
Plusieurs accords de coopération lient le Maroc à la Hongrie
dans les domaines de l’économie, de la science et de la technologie. Le renforcement des relations économiques entre les
deux pays a fait l’objet d’une rencontre, en mars 2012 à Rabat,
entre le ministre de l’Économie et des Finances, Nizar Baraka,
et le président de l’Assemblée nationale de Hongrie, Laszlo Kover, qui effectuait une visite officielle au Maroc. Les entretiens
ont notamment porté sur la promotion des échanges économiques entre les deux pays. Pour rappel, le Maroc occupe le
troisième rang dans les échanges commerciaux entre la Hongrie et les pays africains.
Quoi de neuf ?
Une vingtaine de sociétés et groupes marocains leaders
dans le secteur de l’agroalimentaire (produits frais et
transformés) ont pris part à une mission de rencontres
professionnelles B to B au profit du secteur agroalimentaire en mai 2013 en Hongrie. Les participants du secteur
des fruits et légumes frais présents représentent plus de
90% des exportations du secteur national. Cette mission,
organisée dans le cadre des activités promotionnelles de
Maroc Export et en partenariat avec le conseil d’affaires
Maroco-Hongrois a permis de donner une opportunité
à l’offre marocaine pour exposer ses capacités en vue de
s’enquérir, voire pour mieux répondre aux attentes des
importateurs hongrois.
8,3 %
BTP
31%
3,5%
industrie
agriculture
20,6%
6,4%
Commerce
Transports
télécoms
Situation économique
La Pologne a été le seul État membre de l’UE à afficher une
croissance positive de son PIB en 2009 (+1,7%). Après une
croissance soutenue en 2010 et 2011 (3,8% et 4,5%), l’activité
a nettement marqué le pas en 2012 (à seulement 1,9% contre
2,5% prévus dans la Loi de Finances). Révisant à la baisse sa
prévision de croissance pour 2013, 2,9% à 2,2%. Ces prévisions
restent optimistes par rapport à celles de la Commission européenne, qui prévoit 1,1% de croissance en 2013.
Echanges Maroc-Pologne
Voilà 54 ans que le Maroc et la Pologne entretiennent des relations diplomatiques, et depuis 1959, Rabat et Varsovie ne cessent
de développer leurs relations. Un Groupe d’amitié parlementaire
maroco-polonais a été créé à la Diète polonaise et un groupe similaire à la Chambre des Représentants depuis 1999. Plusieurs partenariats et accords lient les deux pays dans différents domaines
(politique, économique, judiciaire, culturel et touristique).
Quoi de neuf ?
Outre le plan politique, la coopération bilatérale entre le Maroc et la
Pologne est très dynamique. Dans ce sens, les deux pays sont déterminés à consolider cet acquis par une coopération dans le domaine
économique et financier, notamment par la ratification des accords
commerciaux.
OCTOBRE 2013
67
Vient de paraître
La 3e Voie
S
L’HUMANITÉ POURRAIT
VIVRE SANS CONFLITS
SI ELLE ADOPTAIT UNE
AUTRE MANIÈRE DE
GÉRER LES TENSIONS.
LORSQU’IL Y A
OPPOSITION ENTRE DEUX
ÊTRES, DEUX VISIONS DU
MONDE, LES SOLUTIONS
HABITUELLES NE FONT
QUE DES PERDANTS
tephen R. Covey développe dans cet ouvrage
l’un des thèmes qui lui tenaient le plus à cœur
dans son best-seller mondial «Les 7 habitudes
de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent».
Il montre que l’humanité pourrait vivre sans
conflits si elle adoptait une autre manière de gérer
les tensions. Lorsqu’il y a opposition entre deux
êtres, deux visions du monde, les solutions habituelles (fuite, lutte ou compromis) ne font que des
perdants. Stephen R. Covey propose une troisième
voie, qui va au-delà de la dualité, en inventant
une issue positive qui satisfait les deux parties.
Pour y arriver, il a développé une méthode: se voir
soi-même avec justesse et humilité, voir l’autre
avec empathie, puis créer ensemble une synergie
d’où émergera la solution. En effet, nul besoin
d’être génial ni d’investir beaucoup dans les
recherches, il faut réfléchir d’une autre façon. Pour
cela il convient de pratiquer l’écoute empathique
et nous montrer sincèrement ouverts aux idées
divergentes. Comment ? En installant «un théâtre
magique» où aucune idée n’est proscrite. Au-delà
du brainstorming qui débouche souvent sur un
résultat banal, c’est un véritable processus créatif
avec des étapes qui conduisent à la «3e voie». Plutôt
que de se disputer pour sa part du gâteau, chercher
à avoir un gâteau encore plus grand. Quand on ne
fait que diviser un gâteau, en fin de compte, il reste
toujours le même. Ni être accommodant, ni combattre, ni renoncer, la «3e voie» vise à transformer
la situation pour fabriquer un autre gâteau plus
gros. À condition, bien entendu, de dépasser le
principal obstacle à la synergie: l’orgueil. Pour l’auteur, cette troisième voie peut être pratiquée pour
résoudre les problèmes au travail, avec nos enfants
ou nos voisins, dans notre couple, à l’échelle des
conflits de société ou des problèmes du monde. À
travers de nombreux exemples, l’auteur indique
comment y parvenir. Un texte qui donnera à chacun l’envie d’essayer.
Inventer des solutions innovantes
grâce à la «3ème Voie»
- LEGO, le fabricant de jouets danois, a développé
des milliers d’idées de nouveaux produits grâce à
des clients qui avaient piraté son système informatique. Face à un problème de piratage (des passionnés ont réussi à accéder aux plans techniques des
ingénieurs Lego et ont confectionné leurs propres
68
OCTOBRE 2013
jouets), au lieu de dénoncer les pirates en question,
Lego les a contactés, a essayé de les comprendre
puis… leur a proposé un partenariat !Eux concevaient de nouveaux produits et Lego leur procurait
les matières premières et ensuite… écoulait ces
nouvelles lignes de produits.
- Une école en zone d’éducation prioritaire
menacée de fermeture a vu ses effectifs et résultats scolaires grimper en flèche. L’école en question souffrait de délinquance, ses murs étaient
pleins de graffitis, les professeurs, désespérés,
ne savaient plus quoi/comment faire, etc. Le proviseur, qui avait lu le précédent livre de Covey, a
tenté de réfléchir autrement. Donc, plutôt que
de punir les élèves, le proviseur leur a proposé
d’être les « acteurs » de l’école. Elle a par exemple
nommé tel élève responsable de la cantine, tel
autre responsable de telle cour, etc.
- Le chef de la police municipale de Richmond
au Canada qui faisait face à quatre-vingt mille
crimes et délits par an, insatisfait d’être cantonné
à son rôle de répression de la criminalité, cherchait inlassablement d’autres possibilités que les
pratiques agressives pour faire respecter la loi.
Plutôt que de dresser inlassablement des procèsverbaux à ceux qui enfreignent la loi, pourquoi
ne pas récompenser des jeunes qui la respectent
ou font quelque chose d’utile? Ainsi naquit l’idée
des «contraventions positives» échangeables aussi
bien contre une part de pizza, un baladeur ou aller
gratuitement à la piscine ou la patinoire! ▲
OCTOBRE 2013 69
OCTOBRE 2013 69
Kiosque
Automechanika2013
Le Maroc cherche les débouchés pour
sa production industrielle
27 Août 2013
70
OCTOBRE 2013