L`alimentation et le diabète

Transcription

L`alimentation et le diabète
L E
P O I N T
S U R . . .
L’alimentation
et le diabète
Centre de Documentation et d’Information de la Raf finerie Tirlemontoise
S O M M A I R E
Un mot d’introduction
3
Bref rappel de quelques notions de base
Quel diabète ?
Le rôle des hydrates de carbone et des lipides
Le contrôle de la glycémie
Les traitements
4
Diabète et alimentation
Hydrates de carbone, insuline et index glycémique
* Sucres naturels et sucres ajoutés
* Le repas complet
Régime classique et approche diététique nouvelle
Le risque d’hypoglycémie
7
Diabète et exercice physique
10
Vivre avec le diabète
12
2
Un mot d’introduction
On dénombre en Belgique quelque 200.000 personnes souffrant
ouvertement de diabète et l’on estime qu’un même nombre environ sont des
diabétiques qui s’ignorent. Ce chiffre est, hélas, en constante augmentation.
Autrefois...
Avant la découverte de l’insuline, le seul traitement recommandé aux
diabétiques consistait en un régime draconien frisant la famine (10 grammes
au maximum d’hydrates de carbone par jour !).
En 1921, grâce à l’insuline, le traitement du diabète fit un pas de géant et
les médecins, petit à petit, se montrèrent plus soucieux des véritables besoins
énergétiques de leurs malades, tout en limitant encore l’apport d’hydrates de
carbone surtout sous forme de sucres simples.
Dans les années 1950-60, de nombreuses études firent état d’une
augmentation importante de diabétiques souffrant d’artériosclérose, suite à
75 ans après la découverte
l’absorption trop élevée de lipides susceptibles de compenser le manque
énergétique des hydrates de carbone. Aussi, dès 1971, l’American Diabetic
de l’insuline, les spécialistes
Association Committee on Food and Nutrition fit savoir qu’il n’y avait aucune
sont convaincus que leur
raison objective de limiter l’apport d’hydrates de carbone complexes dans le
régime d’une personne diabétique.
patient diabétique peut
Aujourd’hui...
sans danger bénéficier d’un
régime alimentaire normal
En 1989, la British Diabetic Association estimait que “si l’interdiction
totale du sucre de table, le saccharose, était encore considérée par l’ensemble du
corps médical comme l’un des traitements spécifiques du diabète, cette
et équilibré, semblable à
démarche lui paraissait d’autant plus illogique que ces mêmes praticiens
celui qui est recommandé à
encourageaient la prescription de fructose et de lactose comme sucres de
l’ensemble de la population.
remplacement, voire de polysaccharides dissociés tels qu’on les trouve dans la
purée de pommes de terre par exemple”.
Depuis, des études approfondies, qu’elles viennent de centres spécialisés ou
d’universités, en Grande Bretagne, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas ou
de la FDA aux USA, toutes démontrent clairement que certains hydrates de
carbone complexes (pain, céréales, pommes de terre) peuvent augmenter le
taux de glucose sanguin aussi rapidement, si pas plus, et dans les mêmes
proportions qu’une quantité équivalente de glucose ou de saccharose. Rien ne
s’oppose donc à ce que les diabétiques prennent des hydrates de carbone et
même du saccharose, en quantité modérée bien sûr et en respectant l’équilibre
entre aliments à index glycémique faible et à index glycémique élevé, ainsi que
la présence au menu d’aliments riches en fibres.
3
BREF RAPPEL DE QUELQUES
NOTIONS DE BASE...
Quel diabète ?
Maladie très ancienne, on en trouve
la description, déjà remarquablement
précise, dans un manuscrit égyptien, le
Papyrus Ebers, datant de 1500 avant J.C.
Les Anciens lui donnèrent le nom de
“diabetus mellitus”, soit “fontaine” car
elle fait uriner abondamment, “de miel”
car les urines d’un diabétique dégagent
une odeur douceâtre.
Le diabète, plus précisément le diabète
sucré, est une maladie due à une déficience du métabolisme hydrocarboné
lié soit à un déficit d’insuline, soit à une
résistance anormale de l’organisme à
cette hormone, ce qui entraîne une accumulation de glucose dans les tissus. Des
troubles du métabolisme lipidique y sont
souvent associés.
On distingue deux types de diabète sucré.
• Avec le type I ou diabète insulinodépendant ou encore diabète maigre, les
cellules bêta du pancréas ne produisent
plus (ou presque plus) d’insuline.
Mortelle avant la découverte de l’insuline
comme médicament, la maladie est
aujourd’hui sous contrôle. Elle débute
généralement avant 30 ans : c’est pourquoi on l’appelle aussi diabète juvénile.
• Avec le diabète de type II ou non
insulino-dépendant, l’insuline normalement sécrétée par le pancréas est mal utilisée : on constate une résistance à son
action et/ou une anomalie de la sécrétion
elle-même. C’est le type le plus fréquent,
celui de la maturité, souvent lié à l’obésité.
Dans plus de 50 % des cas, le père ou la
mère était aussi diabétique.
4
Le rôle des glucides et des lipides
Les îlots de Langerhans produisent
deux hormones, l’insuline et le glucagon,
qui régularisent la quantité de glucose
qui passe dans le sang. On a cru pendant
longtemps que l’organisme digère plus
lentement les hydrates de carbone complexes que les sucres simples, avec pour
conséquence une libération plus lente de
glucose dans le sang et un moindre
risque de glycémie élevée. La sécrétion
d’insuline requise pour la métabolisation
rapide des sucres simples et surtout du
saccharose serait donc plus importante
et, si le pancréas ne peut y faire face,
pourrait donner lieu à l’une ou l’autre
forme de diabète. En 1981, des chercheurs
anglais tel P. Collins, et américains tels
D. Jenkins et ses collaborateurs, mettaient cette théorie en doute. Ils notaient
que, d’une part, l’effet des hydrates de
carbone complexes sur le taux de glucose
plasmatique était très variable : bien
moindre s’il avait pour origine un plat de
lentilles, par exemple, plutôt qu’une
quantité équivalente de pain. D’autre
part, que certains hydrates de carbone
complexes tels ceux que l’on retrouve
dans la purée de pommes de terre sont si
rapidement digérés qu’ils augmentent la
glycémie dans les mêmes proportions
qu’une dose équivalente de saccharose.
E.E. Blaak et W.H. Saris de l’université du Limbourg à Maastricht ont, suite
à de nombreuses études récentes tant à
long qu’à court terme, confirmé ces
conclusions. A ce jour, aucune étude
épidémiologique de longue haleine ne
fait état d’un risque plus important de
diabète lié à l’absorption de tel ou tel
hydrate de carbone, qu’il soit simple ou
complexe.
C’est là également la conclusion du
professeur Slama du service de diabétologie
de l’Hôtel-Dieu à Paris, qui a comparé la
réponse de deux groupes de diabétiques,
les uns bien équilibrés, les autres mal
équilibrés, auxquels il a administré pendant deux mois une ration équivalente
d’hydrates de carbone, soit sous forme de
d’hydrates de carbone complexes uniquement, soit sous forme mixte, sucres
complexes plus sucre simple. Qu’il s’agisse
de fructose, de saccharose ou d’amidon,
l’excursion glycémique de chaque diabétique restait semblable, avec même une
courbe pain uniquement légèrement
supérieure aux deux autres, pain plus
sucre et pain plus miel.
Par ailleurs, dès les années 70, les
spécialistes américains avaient noté que
60 à 70 % des diabétiques mouraient de
troubles cardiovasculaires contre 20 à
25 % de la population non diabétique. Ils
ont attribué cette dramatique différence
aux régimes imposés à l’époque, régimes
pauvres en hydrates de carbone mais, en
compensation, riches en graisses saturées
et en cholestérol.
En fait, le diabète, maladie métabolique, entraîne un dysfonctionnement de
l’échange entre glucides et lipides. Blaak
et Saris toujours ainsi que E.J. Close et
ses collaborateurs du département de
médecine clinique de l’université de
Leeds, en Grande-Bretagne, ont également observé que si l’on calcule le
rapport entre la quantité d’énergie d’un
régime liée aux hydrates de carbone et
celle liée aux lipides, le fait d’augmenter
la dose de glucides simples aide fortement à diminuer l’ingestion de lipides.
Il y a une relation inverse entre l’apport
d’hydrates de carbone et le BMI, ce qui
est particulièrement important pour les
patients obèses qui sont deux à trois fois
plus que d’autres sensibles au diabète et
aux complications cardio-vasculaires.
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On sait aujourd’hui que la distinction
entre sucres simples et sucres complexes
dans l’étiologie du diabète sucré ne repose
sur aucune donnée solide.
Bien au contraire, selon le Professeur
Slama, “chaque sucre, chaque aliment sucré
est plus ou moins hyperglycémiant et plus il
est hyperglycémiant plus longtemps dure
l’hyperglycémie qu’il induit”.
Tant le diabète insulinodépendant que le diabète
non insulino-dépendant
sont tributaires du bon équilibre
alimentaire et notamment
du rapport glucides et lipides.
Le contrôle de la glycémie
La mesure de la glycémie est l’élément clé non seulement du dépistage
mais aussi de l’auto-contrôle. Ce contrôle
est important pour éviter les complications à long terme. Il faut savoir que
les diabétiques sont dix ans plus tôt que
les non-diabétiques victimes d’artériosclérose et qu’ils ont deux fois plus de
risques de souffrir d’une maladie coronarienne. Ils sont en outre particulièrement
sensibles aux infections : même une
blessure bénigne peut rapidement mener
à la gangrène, d’autant plus que l’atteinte
du système nerveux entraîne l’insensibilité, ce notamment au niveau des
membres inférieurs. Sans oublier le
risque de cécité, 20 à 25 fois plus élevé,
et l’insuffisance rénale qui constitue l’une
des causes principales de mortalité chez
ces malades.
Ce contrôle est à la portée de chacun
grâce à la mise sur le marché d’appareils
fiables et faciles à utiliser.
Le test de glycosurie, également praticable par le malade, est simple mais pas
toujours fiable.
Au médecin de compléter ces analyses et d’en tirer les conséquences quant
au traitement à prescrire.
Les traitements
Pour le diabète de type I, le traitement est, comme chacun le sait, basé
essentiellement sur l’administration d’insuline par injection sous-cutanée. A cet
effet, le stylo à insuline facilite beaucoup
la vie. D’autres méthodes d’administration sont en cours d’expérimentation :
pompe à insuline, administration orale
ou par inhalation, transplantation de cellules productrices d’insuline.
Pour le diabète de type II, le médecin
prescrira si nécessaire des sulfamidés
hypoglycémiants, des biguanides ou des
alpha-glucosidases, voire de l’insuline
lorsque les mesures diététiques ne suffisent pas.
Tant pour le diabète de type I que
pour le diabète de type II, une bonne
hygiène de vie est essentielle. Outre
l’exercice physique, cela implique un
régime alimentaire suffisant et équilibré,
guère différent par ailleurs du régime alimentaire idéal conseillé à tout-un-chacun.
Contrairement à ce que l’on a cru jusqu’ici,
• le régime du diabétique ne doit pas exclure les
glucides sous quelque forme que ce soit, bien au contraire;
• les “aliments spéciaux” dans lesquels le saccharose est remplacé par du fructose par exemple, ne sont pas recommandables car ils sont tout autant, voire davantage, chargés en
calories et plus riches en lipides que les aliments similaires
non diététiques.
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DIABETE ET ALIMENTATION
Hydrates de carbone,
insuline et index glycémique
Nombre d’auteurs - dont H.C.
Gannon, S. Algun, G. Forlani ainsi que
W. Hassinger et E. Loghani pour ne
citer que les plus récents - ont étudié et
comparé l’index glycémique ou IG,
autrement dit l’effet hyperglycémiant, de
différents hydrates de carbone, du fructose
à l’amidon en passant par le saccharose ou
sucre de table, et son influence sur le taux
d’insuline plasmatique. On peut en
conclure que pour les diabétiques
comme pour les non diabétiques un
échange isoénergétique entre saccharose
(sucre simple) et amidon (sucre complexe),
absorbés en quantité modérée au cours
d’un repas normal, n’a pas plus d’effet
significatif sur la concentration plasmatique d’insuline que sur le taux de
glycémie. Toutefois, dans le cas des
diabétiques insulino-dépendants, la dose
d’insuline requise pourrait devenir plus
importante lorsque l’on remplace au
cours d’un repas un hydrate de carbone
à faible IG par du saccharose à IG
moyennement élévé.
D’après J.B. Banthe et al, même un
repas riche en fructose ou en saccharose
n’entraîne pas de réaction insulinique
élevée en rapport avec la réaction glycémique. En fait, le meilleur indicateur de
la réponse insulinique n’est autre que la
réponse glycémique. (voir fig. 1)
Qu’en est-il des sucres “naturels” et
des sucres “ajoutés” ? Les hydrates de
carbone sont l’un des constituants naturels des fruits. M.A. Ha a noté que leur
IG varie de 22 pour la cerise à 72 pour la
pastèque.(voir fig. 2)
Ces différences sont probablement
dues à leur composition en monosaccharides (notamment le rapport glucose/
fructose) ainsi qu’à leur teneur en fibres.
En outre, si l’IG du kiwi correspond bien
à son taux de sucres totaux et de chaque
sucre en particulier, il n’en est rien pour
les poires et les pommes. D’après G. B.
Hollenbeck et son équipe, l’effet sur la
glycémie ou le taux d’insuline de ces
fruits frais, comme d’ailleurs du lait également riche en sucres naturels, pris
comme tels ou au cours d’un repas, ne
diffère pas chez les diabétiques non insulino-dépendants et les non diabétiques.
L’index glycémique d’un aliment est
indépendant de sa seule teneur en glucides.
Par ailleurs, J.C. Brand Miller et ses
collaborateurs ont comparé l’effet sur la
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glycémie et le taux d’insuline de 40 denrées alimentaires chargées en sucres naturels et celui de denrées auxquelles l’on
avait ajouté du sucre. Conclusion : aucune différence significative.
J.C. Brand Miller et I. Lobbezoo
dont les travaux portent sur une quantité impressionnante d’aliments naturellement sucrés, estiment même que nombre
de ceux-ci, avec ou sans ajout de sucres
simples, influencent moins la glycémie
que la plupart des denrées à base d’hydrates de carbone complexes qui font
partie du régime alimentaire de nos pays
occidentaux. (voir fig. 3)
Qu’en est-il des repas complets ?
Lorsqu’on ajoute du saccharose à un
repas complet sans en modifier la teneur
en amidon, on s’attend évidemment à ce
que les réponses glycémique et insulinique soient plus importantes.
D.J. Jenkins a toutefois remarqué
que chez les non diabétiques qui prennent du pain ou du glucose en plus de
leur repas l’augmentation de la surface
située sous la courbe de réponse glycémique augmente de façon uniforme
de 0 à 50 g. Elle s’infléchit en plateau dès
que l’on dépasse les 50 g. (voir fig. 4)
L’effet hyperglycémiant d’un sucre
ajouté à un repas complet dépend et de
l’IG du repas en question et de son
volume. Un exemple : si on ajoute 10 g
de saccharose dans un bol de céréales
contenant 20 g d’hydrates de carbone,
l’augmentation de la surface représentant
la réponse glycémique serait de 26 %
environ si la céréale en question est à
Fig. n°1 : Rapport entre la surface située
sous la courbe (AUC) du glucose et de
l’insuline pour des repas complets de même
composition, une moitié des hydrates de
carbone étant du fructose, du saccharose, de
la fécule de p.d.t., de l’amidon de froment
ou du glucose.
L’ajout raisonnable de sucre,
même sous forme de saccharose,
n’influence pas plus l’équilibre
glucidique d’un repas complet
que ne le font les sucres “naturels”
ou la plupart des hydrates
de carbone complexes.
Le sucre simple inclus dans un fruit
ou un jus de fruit élève la concentration
de glucose dans le sang tout autant
que le sucre de table ou saccharose.
Fig. n°2 : Index glycémique (IG) de
quelques fruits. Valeurs moyennes calculées
à partir de différentes sources.
Pain
Cerise
Prune
Pamplemouse
Pêche
Poire
Pomme
Orange
Raisin
Mangue
Kiwi
Banane
Melon
Anannas
Pastèque
10
20
30
40
50
Index glycémique (glucose = 100)
8
60
70
base de flocons d’avoine (IG=65) et de
16 % environ s’il s’agit de flocons de maïs
(cornflakes IG=89). Cette augmentation
sera respectivement de 16 % et 7 % si l’on
ajoute 20g de saccharose à 40g d’hydrates
de carbone.
Régime classique et
approche diététique nouvelle
Le diabète, perturbation chronique
du métabolisme, se caractérise par une
élévation anormale du taux de glucose
dans le sang. De là l’idée classique d’un
régime pauvre en glucides, et surtout en
sucres simples facilement digérés tel le
saccharose, susceptibles d’entraîner une
rapide remontée glycémique postprandiale.
Comme nous venons de le dire,
nombre de recherches ont été menées
depuis les années 80 dont il ressort que
cette approche, beaucoup trop restrictive, est à revoir.
En pratique, rien ne s’oppose à ce
que l’on recommande aux diabétiques
tout comme aux non diabétiques un
régime diététique basé sur la variété, la
modération et l’équilibre des nutriments.
Insistons sur le fait que le respect de ces
prescriptions est pour le diabétique plus
que pour d’autres nécessaire étant donné
que le risque relatif de certaines maladies
chroniques n’est pas négligeable.
• Tout d’abord, le diabétique doit veiller
à maintenir un poids “idéal” avec un
BMI de 20 à 25. Ceci est particulièrement important quand on sait que
80 % au moins des diabétiques de type
II sont des obèses. Attention donc à la
prise de poids surtout à partir d’un certain âge.
• Les hydrates de carbone représenteront
entre 55 et 75 % de l’énergie totale
ingérée, dont 10 à 25 % de sucres
simples, mono et disaccharides, et
3g/MJ par jour (soit 25 à 30 g) de fibres
(polysaccharides complexes non assimilables). A cet effet, il faut varier le
plus possible les mets porteurs de glucides : fruits et céréales, pain, pâtes, riz,
pommes de terre, légumes secs, sans
craindre le sucre ajouté à la tasse de café
-ceci en quantité modérée car les
hydrates de carbone en solution entraînent rapidement une hausse de la glycémie. Les aliments à base de fibres
contribuent utilement à la perte de
poids, car ils provoquent rapidement la
satiété.
• Les lipides représenteront tout au plus
30 % du total énergétique, dont 10 %
de graisses saturées au maximum.
Celles-ci sont les principales responsables des taux élévés de cholestérol et
des maladies cardiovasculaires, complications auxquelles les diabétiques sont
particulièrement sensibles. On peut
abaisser jusqu’à 8 % l’apport de graisses
saturées en les remplaçant avantageusement par des hydrates de carbone qui,
de plus, aident à la digestion des
lipides.
• Les protéines n’influencent pas (ou
peu) la glycémie. Toutefois, l’excès de
protéines surcharge le travail des reins
et on sait que les diabétiques sont
sujets, dans le long terme, à des
troubles rénaux. Il est donc recommandé de veiller à limiter la consommation
de protéines à 10-15 % de la ration
énergétique, soit 0,80 g pour les
femmes et 0,85 g pour les hommes par
kilo et par jour.
• L’alcool n’est pas interdit, en quantité
modérée : au maximum, trois verres de
vin par jour. L’alcool peut entraîner
une chute de la glycémie qui perdure
durant quelques heures, car il freine la
production de glucose par le foie. Les
liqueurs très sucrées ont un effet
contraire et sont en outre très caloriques.
• Pour le reste également, eau, vitamines,
sels minéraux, oligo-éléments, les doses
recommandées sont celles du sujet en
bonne santé.
Deux remarques encore :
• l’ajout de sel doit rester modeste car le
risque d’hypertension est élevé chez les
diabétiques;
• les aliments “spéciaux” n’ajoutent rien à
un régime bien équilibré. De plus, l’excès de fructose élève le taux de tri-
glycérides dans le sang.
Ces recommandations sont valables
pour les deux types de diabète avec toutefois une insistance particulière sur la perte
de poids pour les diabétiques de type II,
perte de poids sous stricte surveillance
médicale afin d’éviter tout dérapage.
Le diabétique veillera à répartir ses
repas de façon régulière afin d’éviter une
hypoglycémie éventuelle : 3 repas complets et 2 à 3 petites collations. Pour un
snack, il choisira une pomme ou une
tranche de pain beurrée, ou encore du
chocolat dont l’index glycémique est
faible. Les pâtisseries et les glaces ne sont
pas interdites après un repas complet : un
repas complet tend à faire diminuer l’index glycémique des aliments qui le composent.
Le risque d’hypoglycémie
Une alimentation insuffisante ou mal
équilibrée, une activité physique intensive, l’absorption d’alcool peuvent abaisser
dangereusement le taux de sucre dans le
sang. Dans ce cas, il faut pouvoir disposer rapidement de glucose. G. Slama
recommande 15 g d’hydrates de carbone
sous forme de tablettes ou, mieux, d’une
solution de glucose ou de saccharose. Un
verre de jus d’orange ou de lait sucré peut
suffire mais agit moins rapidement.
Compléter éventuellement cette prise
par un en-cas riche en hydrates de carbone : pain avec confiture, yaourt sucré ou
aux fruits, biscuit, ou avancer l’heure du
repas suivant.
Glucose
Pain
Lentilles
9
Bonbons mentholés
Glucose
Bonbons mous
Pain
Fig. n°3 : Variations du taux de glucose
plasmatique après ingestion de 50g
d’hydrates de carbone sous forme de glucose,
pain blanc et deux types de bonbons très
sucrés.
Fig. n°4 : Augmentation des surfaces
représentant la réponse glycémique (x+/-SE)
de sujets sains après consommation de
différentes quantités de glucose, de pain, de
lentilles.
DIABETE
ET EXERCICE PHYSIQUE
Longtemps, les médecins ont
déconseillé l’exercice d’un sport
aux diabétiques. Là encore, les
certitudes ont été mises en question. La pratique d’une activité
physique modérée mais régulière
accroît la sensibilité des cellules à
l’insuline et permet un meilleur
contrôle de la glycémie.
L’activité physique a des effets positifs
tant sur la glycémie que sur l’équilibre
insulinique des diabétiques dont elle
normalise la sensibilité à l’insuline.
Vrance et Wasserman font état d’un
abaissement du taux de base du glucose
sanguin en cas d’hyperglycémie, d’une
meilleure réponse insulinique à l’apport
de glucides, d’une meilleure utilisation
du glucose par l’organisme. Pour les
diabétiques de type I, la pratique d’un
sport permet de réduire, parfois dans des
proportions importantes, la dose d’insuline
quotidiennement nécessaire. De manière
générale, l’exercice physique améliore le
métabolisme des graisses, sans oublier son
effet bénéfique sur le stress, dont tout
malade est trop souvent victime. Bien que
10
les raisons de ces bénéfices ne soient pas
déterminées avec précision, ils ne font
aucun doute. Pour une amélioration permanente, l’activité doit être fréquente, de
l’ordre de 20 à 30 minutes trois à quatre
fois par semaine.
Préventivement, la pratique régulière
d’un sport diminue de 20 %, voire
davantage, le risque de devenir diabétique avec l’âge, ceci notamment chez les
personnes en surcharge pondérale.
Sont recommandés les sports aérobiques : marche, jogging, natation,
cyclisme, ski. Egalement tennis, basket,
volley ou squash pour les moins de 50 ans.
Sont déconseillés les sports plus
exigeants : alpinisme, plongée, sports
mécaniques.
Ouvrages consultés
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Nutr. Research 14, 651-59
11
Le patient diabétique peut, avec l’aide de son
médecin, vivre une longue vie parfaitement normale.
Réalisation :
Vivre avec le diabète
D’autant plus que les régimes classiques, basés sur des
interdits difficiles à respecter et très décourageants, ne
sont plus de mise.
A l’heure actuelle, les diabétologues s’accordent à reconnaître que les hydrates de carbone,
qu’ils soient à longue ou à courte chaîne, rapides
ou lents, ajoutés ou non, ne nuisent pas davantage au métabolisme glucidique de leurs patients
qu’à celui des non diabétiques pourvu :
• qu’ils respectent l’équilibre nutritionnel tel que
défini par les autorités compétentes et notamment l’Organisation Mondiale de la Santé ;
• qu’ils contrôlent attentivement leur glycémie
pour la maintenir dans les limites définies par
leur médecin ;
• qu’ils luttent efficacement contre les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, dont le tabagisme ;
pour maigrir si nécessaire ;
• enfin, qu’ils pratiquent régulièrement un exercice physique, gymnastique ou sport
modéré.
Une étude du Centre de Documentation
et d’Information de la Raf finerie Tirlemontoise
Editeur responsable : M. Gevers - Avenue de Tervueren, 182 - 1150 Bruxelles
• qu’ils maintiennent leur BMI entre 20 et 25 et prennent les mesures adéquates

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