Lesjugesdel`affaireCahuzac pistentd`autresévadésfiscaux
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Lesjugesdel`affaireCahuzac pistentd`autresévadésfiscaux
ÉGYPTE : DES FEMMES CONTRE LE HARCÈLEMENT SEXUEL CULTURE & IDÉES – SUPPLÉMENT L’HERBORISTERIE, UNE MÉDECINE PARALLÈLE 50 ans de manifs, par le politologue Pascal Perrineau CULTURE & IDÉES – SUPPLÉMENT SCIENCE & TECHNO – SUPPLÉMENT Samedi 27 avril 2013 - 69e année - N˚21235 - 3,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède Lesjugesdel’affaireCahuzac pistentd’autresévadésfiscaux VOTRE MAGAZINE + TROIS SUPPLÉMENTS L’étrange docteur Tarot Un soigneur de célébrités t Les juges Van Ruymbeke et Roger Le Loire, chargés du dossier Cahuzac, étendent leurs investigations aux clients français de la banque Reyl, à Genève t Au cœur du dossier, le témoignage d’un ancien cadre de cet établissement L es juges d’instruction chargés de l’affaire Cahuzac n’ont pas l’intention de se limiter au cas de l’ex-ministre du budget. Le parquet de Paris ne s’oppose pas à la demande des magistrats Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire d’enquêter sur les autres clients français de la banque genevoise Reyl & Cie, qui avait abrité le compte caché de M. Cahuzac. Les juges s’appuient sur l’audition, le 18 avril, d’un acteur-clédudossier,PierreCondaminGerbier, associé-gérant de Reyl jusqu’en 2010 et ex-président de la délégation de l’UMP en Suisse. Le banquier, en délicatesse avec sonex-employeur,indiqueaussiavoirrencontré Bernard Tapie, début 2008, quel- t Ses patients ? François Mitterrand, Gérard Depardieu, François Pinault, la famille Seydoux... ques mois avant que celui-ci ne gagne son arbitrage dans le contentieux qui l’opposait au Crédit lyonnais. L’affaire Cahuzac continue de faire des remous: le communicant Stéphane Fouks met fin à ses activités de conseil politique des ministres. p LIRE PAGES 2-3 BEYONCÉ: PERFORMANCE AÉRIENNE À BERCY t La chanteuse américaine a donné deux concerts à Paris, qui ont mêlé karaoké, mode et danse M LE MAGAZINE DU « MONDE » UNIQUEMENTENFRANCEMÉTROPOLITAINE,ENBELGIQUEETAULUXEMBOURG ● AUJOURD’HUI t Les billets étaient partis en une heure t A 31 ans, la diva du R’n’B – et soutien d’Obama – a vendu 100millions de disques LIRE PAGE 21 Lors de son concert du 24 avril à Bercy. INVISION FOR PARKWOOD UK price £ 1,70 SPORT & FORME Teddy Riner : «Je repars de zéro » SUPPLÉMENT ÉCONOMIE L’appel de François Hollande aux investisseurs chinois En visite à Pékin, le chef de l’Etat veut élargir à de nouveaux secteurs la coopération entre les deux pays. LIRE PAGE 14 YMAGIS entre en Bourse Entrez dans le cinéma de demain Page 5 > www.ymagis-bourse.com Dans une démarche solennelle, le nouveau secrétaire général de la CGT a adressé une lettre ouverte à François Hollande réclamant une « rupture avec la politique d’austérité en France et en Europe ». Libye : « Cet attentat est un message » Dans un entretien au Monde, le ministre des affaires étrangères libyen, Mohamed Abdelaziz, n’écarte pas la piste d’une attaque d’anciens kadhafistes dans l’attentat contre l’ambassade de France. Logements: la réquisition, une arme de dissuasion POLITIQUE – PAGE 9 INTERNATIONAL – PAGE 4 SOCIÉTÉ – PAGE 10 Social : Thierry Lepaon écrit au président Cinq mois après le lancement par la ministre du logement, Cécile Duflot, d’une campagne de réquisition, 75% des appartements franciliens ciblés devraient être remis en location par leurs propriétaires. Chômage de masse, impuissance française H élas, le chiffre n’aura surpris personne ! La France a enregistré, en mars, un nombre exceptionnel de chômeurs : 3 224 600 demandeurs d’emploi de catégorie A, ceux qui n’exercentaucuneactivité,mêmeréduite. Le précédent record, si l’on ose dire, datait de janvier 1997. Il avait coûté cher au gouvernement Juppé de l’époque. En un mois, ce sont plus de mille chômeurs supplémentaires qui, chaque jour, se sont ins- ÉDITORIAL crits à Pôle emploi. Soit l’équivalent de la population d’une ville comme Auxerre. En un an, le nombre de chômeurs aura augmenté de 332 000. Encore ne s’agit-il que des catégories A. Si l’on y ajoute les demandeurs d’emploi en activité réduite (catégories B et C), la barre des 5 millions a été franchie en mars, pour la France entière, outremer compris. Quant à l’ensemble des inscrits à Pôle emploi, il dépasse les 5,7 millions. Par quelque bout que l’on prenne les chiffres, ils sont accablants. 550 000 jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. C’est également le sort de près de 690 000 seniors de plus de 50 ans, en hausse de 17 % en un an. 1,9 million de chômeurs le sont depuis plus d’un an, près d’un million depuis plus de deux ans. C’est, hélas, sans surprise. La crue du chômageest ininterrompue depuis vingt-trois mois. Elle submergetoutel’Europeou presque, puisque 26 millions d’Européens sont actuellement sans emploi. Soit 11 % de la population active, avec des sommets en Grèce ou en Espagne (27 %) et une exception allemande (5,4 %). Cette machine à broyer les vies et le moral de bon nombre de familles françaises n’est pas près de s’arrêter. Tout contribue à l’alimenter. Bien sûr, la stagnationdurablede l’économienationale, avec son cortège de fermetures d’entreprises, de plans sociaux, mais aussi et surtout de réduction drastique des emplois précaires et intérimaires, les premierstouchés.Maisil fauty ajouter une démographie qui reste dynamique (puisque 150 000 personnes arrivent chaque année sur le marché du travail) et l’allongement de la durée de vie au travail, du fait de la réforme des retraites. Depuis Pékin, le président de la République a assuré que la lutte contre ce fléau est « la seule cause nationale » qui vaille. Que peut-il dire d’autre, à ce stade? Il faudra attendre la fin de l’année pour juger de l’efficacité des mesures adoptées par le gouvernement. Mais le doute est permis. Les emplois d’avenir peinent à trouver preneurs, les contrats de génération démarrent tout juste, et ces deux dispositifs ne touchent pas le gros des demandeursd’emploi. Quant aux réformes de structure – la loi sur le marché du travail, encore en discussionau Sénat,et lecréditd’impôt compétitivité, insuffisamment utilisé –, elles ne sont pas directement créatrices d’emploi. Le chômage de masse qui gangrène la société française signe cruellement l’échec des politiques de l’emploi menées par la gauche comme par la droite – bien mal placée pour faire la leçon aujourd’hui – depuis plus de trente ans. Au-delà de l’amortisseur des emplois aidés, au-delà des rustines de toutes sortes, elles ont entretenu cette « préférence française » pour le chômage. Au bénéfice, désormais très relatif, de ceux qui ont un emploi stable. Au détriment, massif, de tous ceux qui n’en ont pas, ou temporaire, ou précaire. C’est cette fatalité qu’il faut combattre. Sans tabous. p Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, 2 l’événement 0123 Samedi 27 avril 2013 Lesjugesdel’affaire Cahuzaccherchent d’autresévadésfiscaux Les magistrats Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont demandé au procureur de Paris d’élargir leur saisine, afin d’enquêter sur d’autres cas de fraude fiscale en Suisse, après les déclarations de Pierre Condamin-Gerbier, ancien cadre de la banque helvétique Reyl & Cie L es juges parisiens Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire n’ont pasl’intentiondeselimiter au seul cas de Jérôme Cahuzac. Saisis depuis le 20marsd’uneinformationjudiciaireouvertenotammentpour« blanchimentdefraudefiscale »,lesdeux magistrats, figures du pôle financier parisien, vont désormais élargir leur enquête, jusqu’alors circonscrite à l’ancien ministre du budget du gouvernement de JeanMarc Ayrault. En effet, à la suite de l’audition, jeudi 18 avril, de Pierre CondaminGerbier, un Français longtemps associégérantde lasociété fiduciaire suisse Reyl & Cie, les juges ont demandé dans la foulée au procureur de Paris, François Molins, la délivranced’unréquisitoiresupplétif, afin de les autoriser à enquêter sur d’autres évadés fiscaux français potentiels. En les incitant, officiellement, à poursuivre leurs investigations, le parquet vient de donner aux magistrats un feu vert implicite. M.Cahuzac avait été mis en examen le 20 mars après qu’il eut avoué avoir détenu depuis une vingtaine d’années un compte non déclaré en Suisse, sur lequel auraient reposé selon lui environ 600000 euros. Après avoir ouvert un premier compte à l’UBS en 1992, il avait confié la gestion de ses avoirs dès 1993 à la maison suisse Reyl&Cie–alorssimplegestionnaire de fortune –, avant de les transférer de nouveau en 2009, cette fois vers Singapour. Or, en interrogeant, jeudi 18 avril, en qualité de témoin, M. Condamin-Gerbier, un personnage essentiel de l’affaire (déjà interrogé par la police judiciaire le 13 février et le 28 mars), les magistratsontestiméqueleursinvestigations devaient s’étendre à d’autres éventuels fraudeurs du fisc français. Ancien président de la déléga- tion de l’UMP en Suisse, Pierre Condamin-Gerbier était associé gérant de Reyl & Cie jusqu’en 2010, année ou cette société financière est devenue un établissement bancaire.Reylauraitabrité,entoutediscrétion, la fortune de décideurs français (hommes d’affaires, hommes politiques, etc.). Lors de son audition par M. Van Ruymbeke, M. Condamin-Gerbier a répondu par l’affirmative lorsque le juge lui a demandé si, à sa connaissance, d’autres contribuables français avaient placé leurs avoirs au sein de Reyl & Cie. Le témoin s’est toutefois refusé, lors de cette audition, à livrer le nom de ces clients, dont il reste à prouver qu’ilsont,àl’instardeJérômeCahuzac, fraudé le fisc français, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas déclaré à l’administration fiscale l’existence de ces comptes helvétiques. C’est précisément pour vérifier ces faits, potentiellement explo- Le parquet ne veut ni agir dans la précipitation ni donner le sentiment de freiner une enquête dont les enjeux sont à la fois politiques, financiers et diplomatiques sifs, vue la prestigieuse clientèle de Reyl & Cie, que les juges Van Ruymbeke et Le Loire ont communiqué au procureur de Paris, dès après l’audition de M. Condamin-Gerbier, son procès-verbal accompagnéd’uneordonnancedesoit-communiqué (OSC) dans laquelle ils expliquent souhaiter obtenir un réquisitoire supplétif pour instruire sur des « faits nouveaux ». En d’autres termes, l’autorisation du parquet d’étendre leur enquête à l’ensembledes clientsfrançais de la banque Reyl. Une décision qui reviendrait à ouvrir une boîte de Pandore. Selon plusieurssourcesjudiciaires,leparquet de Paris souhaite procéder dans cette affaire avec la plus grande prudence, vue la sensibilité du dossier. Le parquet ne veut ni agir dans la précipitation, ni donner le sentiment de freiner une enquête dont les enjeux sont à la fois politiques, financiers et diplomatiques. De fait, depuis le début de l’affaire Cahuzac, le procureur François Molins a donné des gages d’indépendanceen ouvrant une information judiciaire visant Jérôme Cahuzac et en publiant dans la foulée, le 19 mars, un communiqué très explicite sur les soupçons pesant sur le ministre du budget, ce qui allait provoquer le jour même la démission de M.Cahuzac. Du coup, les services du parquet, jugeant prématurée l’ouverture d’un nouveau front judiciaire, ont simplement demandé aux juges de «continuer à informer» sur les faits dontilssontsaisis.Enclair,leprocureur semble estimer que MM. Van Ruymbeke et Le Loire doivent réunir d’autres éléments accréditant l’idéed’unsystèmeplusvasted’évasionfiscaleentrelaFranceetlaSuisse, avant d’élargir formellement leursaisine.Maislesdeuxjugespeuvent d’ores et déjà mener des investigations dans ce sens, sans changer pour l’instant de cadre juridique. Interrogé par Le Monde jeudi 25avril, Pierre Condamin-Gerbier a confirmé avoir été questionné par M. Van Ruymbeke sur l’existence éventuelled’autresnomsdecontribuables français. S’il a indiqué qu’il avait répondu positivement, l’ancien gestionnaire de fortune explique n’avoir « mentionné aucun nom» dans le bureau du magistrat français. « Parce que autant j’ai été interrogé sur une affaire [Cahuzac] et je dénonçais une hypocrisie, autant je ne considérais pas que j’étais là pour balancer des noms de clients,ce n’est pas dutout ma motivation et ce n’est pas du tout ce que je considère être mon rôle». Le témoin affirme n’avoir livré, pour le moment, aucune identité car il « souhaite d’abord avoir des garanties concernant l’absence de conséquence judiciaire, notamment ici en Suisse». En effet, violer le secret bancaire expose en Suisse le contrevenant à des sévères poursuites judiciaires (forte amende, prison ferme…). Toutefois, de source suisse, on indique que ce type de garanties ne se délivre pas. SollicitéedesoncôtéparLeMonde,labanque Reyl n’a pas souhaité s’exprimer. Parailleurs,l’Assembléenationale a créé mercredi 24 avril une commission d’enquête parlementaire, à l’initiative de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo, sur l’action du gouvernement et des services de l’Etatpendantl’affaireCahuzac.Cette commission vise à déterminer «d’éventuelsdysfonctionnements» dans la gestion de cette affaire par l’exécutif. p Les indégivrables Xavier Gorce Gérard Davet, Agathe Duparc, Fabrice Lhomme et Simon Piel Lesdéboiresde Reyl &Cie ne suscitentguère d’empathiechezses confrèresgenevois Depuis que l’affaire Cahuzac a éclaté, la ville aux 130 banques ne parle plus que des mésaventures de cette société fiduciaire fondée par un Français Genève Envoyé spécial L a foudre s’est abattue sur une banque, au cœur de Genève. Au 62 de la rue du Rhône, cette artère luxueuse que ponctuent les boutiques Dior, Vuitton ou Piaget.Lafoudre,maisaussileressentiment de certains banquiers genevois,à la fois jaloux de son succès et inquietsd’unscandalequi pourrait les éclabousser eux aussi. Reyl & Cie, car c’est d’elle qu’il s’agit, se retrouve au pilori pour avoirouvert,en1993,uncompteau nom de Jérôme Cahuzac, chirurgien esthétique spécialisé dans les implants capillaires. Un compte comme beaucoup de banques à Genève en ont eus – et en ont encore.Danslejargon,onparlede« legacy business », modèle d’affaires hérité de l’époque où le secret bancaire faisait affluer des fortunes non déclarées. Et des déflagrations comme celles provoquées par l’affaire Cahuzac, Genève en a vu d’autres. Alors pourquoi la ville aux 130 banques ne parle-t-elle que des mésaventures de Reyl, qui, elle, refuse de s’exprimer ? « Ils n’ont pas respecté les règles de discrétion et de prudence, lâche ce représentant d’un établissement vieux de 200ans sous couvert d’anonymat. Pour l’affaire Madoff, on s’est serré les coudes. Mais là, Reyl se retrouve tout seul. » Une acrimonie qui en dit long surle désarroid’une profession qui découvre avec stupeur les reculades des autorités suisses sur le secret bancaire. Dans la foulée du G20 de Washington, le 19 avril, la ministre suisse des finances, EvelineWidmer-Schlumpf,s’estditeprête à envisager l’échange automatique d’informations«si cela devient un standard international». Mais il y a autre chose. Reyl & Cie est une banque de droit suisse. Son fondateur, Dominique Reyl, 74 ans, d’origine française, a pris la nationalité suisse, tout comme son fils François, 47 ans, qui dirige l’établissement depuis 2008. Or les familles patriciennes de la place ont parfois de la peine à voir autre chosechezReylqu’uneéquipefrançaise venue faire fortune sur leur territoire. Question de style, sans doute. Les banquiers genevois ont certes perdu de leur modestie depuis que l’écrivain Georges Haldas affirmait qu’ils ne dînaient, malgré leur fortune, «que [d’] une maigre soupe et deux tomates farcies, une troisième eût été synonyme de gloutonnerie». Mais ils n’apprécient guère le succès un peu tapageur d’un nouveau venu. François Reyl, dont le physique lui vaut d’être surnommé le « Tom Cruise de la finance», s’affiche en vidéo pour promouvoir sa banque, obtient des entretiensdansleFinancialTimesetmul- tiplie les preuves de sa réussite, de sa villa à Cologny, le quartier des milliardaires, à son chalet de Verbier. « Il ne fait pas partie de la famille », tranche un vieux Genevois. A Genève, ces jours-ci, les noms de clients de Reyl susceptibles de placer ailleurs leurs actifs se monnaient cher Question de jalousie, peut-être. «FrançoisReyla étéagressifsurl’acquisition de clientèle », entend-on. Il a diversifié et développé ses activités à toute vitesse et arraché pour cela une centaine de collaborateurs à ses concurrents. En 2006, Reyl & Cie ne gérait que un milliard de francs suisses (830 millions d’eu- ros).Fin2012,lebilanétaitde7,3milliards de francs suisses (6milliards d’euros).Unecroissancequis’explique par son succès dans la gestion institutionnelle. Lancée en 2003, elle représente près de 3 milliards d’euros et inclut des fonds d’investissement comme son « emerging markets equities », plusieurs fois célébréparlesclassementsinternationaux. La filiale de Paris, ouverte en 2004 pour une clientèle dont les avoirs sont déclarés, gérerait plus de 400 millions d’euros, tout comme la filiale de Zurich, ouverte en 2011. A éplucher les communiqués officiels, on découvre que, à Londres, Reyl gère une centaine de millions de francs suisses. Le secteur delabanqued’affairesetd’investissement, lui, est en plein développement. Cette stratégie « argent propre» vaut aussi à Reyl des admirateurs à Genève. « François Reyl a tout fait pour diminuer et diluer son “legacy business” », reconnaît un concurrent, issu d’une nouvelle génération qui rêve de se battre «à armes égales» sur le marché international. «Le secret bancaire, poursuit-il, c’est une plaie qu’on n’arrive pas à refermer. Il a fait de nos aînés de mauvais gérants, payés pour un déjeuner par année avec des clients qui, parce qu’ils économisaient 40% d’impôt, lâchaient 2% de frais pour une gestion sans performance. Vraiment, pour Reyl, l’affaire Cahuzac, c’est pas de chance.» C’est en tout cas un coup de tonnerre qui semble avoir ouvert les appétits. A Genève, ces jours-ci, deux types d’information se monnaient cher: les noms de clients de Reyl susceptibles de placer ailleurs leursactifs déclarés,et lesnomsdes collaborateurs de qualité de la banque que d’autres aimeraient engager. Reyl survivra-t-elle au choc ? p Serge Michel 0123 l’événement Samedi 27 avril 2013 3 Les juges de l’affaire Tapie regardent vers la Suisse Selon le témoignage d’un ex-cadre de Reyl, M.Tapie semblait certain en 2008 d’obtenir un arbitrage positif sur son litige avec le Crédit lyonnais U CadredeluxechezReyl, témoinnuméro1enFrance Portrait Genève Envoyés spéciaux C’est le témoin numéro un de l’affaire Reyl. Pierre Condamin-Gerbier a joué ces dernières semaines la star de l’ombre: distillant au compte-gouttes des informations auprès des journalistes, apparaissant tantôt masqué, tantôt à visage découvert à la télévision et dans les journaux. Mais c’est désormais la justice française qui manifeste son intérêt pour une source qui connaît de l’intérieur le fonctionnement de la maison Reyl, et ses possibles dérives. Ancien associé gérant de Reyl Private office de 2006 à 2010, M.Condamin a été entendu à quatre reprises, entre le 13février et le 18avril, par la police judiciaire, les Douanes, et le juge Van Ruymbeke. D’auditions en auditions, ce Français établi en 2004 sur la rive suisse du lac Léman, est devenu le cauchemar de ses anciens employeurs. Rien ne le prédestinait pourtant à jouer le rôle de gorge profonde. Avec ses façons polies et son look impeccable, Pierre CondaminGerbier, 42 ans, a durant des années fait partie du système, accueillant à bras ouverts les fraudeurs du fisc français. Sa spécialité? Le « family office», sorte de bureau auquel peuvent s’adresser les millionnaires qui souhaitent un service clé en main: optimisation fiscale, analyse patrimoniale, ouverture de sociétés offshore, conseils philanthropiques, gestion de flotte automobile et de biens immobiliers. Il fait ainsi ses armes dans différents établissements dont Credit suisse et UBS. Nommé à la tête du « Private Office» de Reyl, il croit avoir tiré le gros lot, jouant le rôle de confident, de complice et de concierge de luxe de très prestigieux clients. Il s’entend alors à merveille avec Dominique L’entrée de la banque Reyl dans le quartier de la finance à Genève. BORIS HEGER/AFP et François Reyl. Jusqu’à son licenciement abrupt fin 2009, avec un départ effectif en juillet2010. Sur cette rupture, les versions divergent. M.Condamin-Gerbier évoque un conflit d’intérêt, lorsque Reyl & Cie, qui allait obtenir le statut de banque en novembre2010, aurait fait pression sur lui pour que les clients du Private Office ouvrent des comptes chez elle. La banque, elle, fait savoir par la bande qu’elle aurait découvert en 2008 que son employé était criblé de dettes et qu’il aurait, chez un employeur précédent, mélangé sa carte de crédit personnelle et celle de l’entreprise, ce qui lui aurait valu des poursuites pénales. M.Condamin-Gerbier reconnaît partiellement ces faits mais affirme que tout a été réglé: son casier judiciaire est désormais vierge. Clients prestigieux Depuis qu’il a quitté Reyl, en emportant au passage quelques prestigieux clients, M. CondaminGerbier est devenu allergique à l’hypocrisie de certains banquiers. En particulier à celle, selon lui, de François Reyl, qui se présente dans certains médias comme étant à la tête d’un établissement plus blanc que blanc. L’affaire Cahuzac est l’étincelle qui l’a décidé à parler. «Je ne supporte plus cette tartufferie, répète-t-il. Il est temps de faire table rase du passé, de reconnaître ses torts.» Chez M.Condamin-Gerbier, cette attitude ne date pas d’hier. Déjà en 2007, alors qu’il était responsable de la délégation de l’UMP en Suisse, il avait critiqué Eric Woerth, alors trésorier de la campagne Sarkozy. Ce dernier, venu à Genève pour récolter des fonds auprès de riches donateurs français, était parti en 2009 en guerre contre les exilés fiscaux. Ecœuré, M. Condamin-Gerbier a alors claqué la porte de l’UMP et rejoint le parti de l’Alternative libérale. p Agathe Duparc et Serge Michel bale nciaga.com ne nouvelle pièce, intéressante selon les enquêteurs, a été récemment versée au dossier judiciaire dans l’affaire Lagarde-Tapie. Il s’agit du témoignage, recueilli sur procès-verbal, le 28 mars, de Pierre CondaminGerbier, ancien cadre français de la société fiduciaire suisse Reyl. Les juges parisiens Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire portant sur les conditions dans lesquelles l’homme d’affaires Bernard Tapie a pu percevoir 403 millions d’euros en juillet 2008, à l’issue d’un arbitrage voulu par Bercy, dans le cadre du litigede l’entrepreneur avec le Crédit lyonnais. L’une de leurs hypothèses de travail est que M. Tapie, proche de M. Sarkozy, aurait pu recevoir l’assurance des pouvoirs publics que l’arbitrage irait forcément dans son sens. La procédure vise donc des faits de « détournement de fonds publics » et « faux ». Dans ce cadre, le témoignage de Pierre Condamin-Gerbier vient renforcer leurs soupçons. Le banquier, ancien membre de l’UMP, aurait en effet rencontré à Paris M. Tapie, début 2008, à l’occasion d’un déjeuner. Ils auraient été mis en contact par Ariane Slinger, la responsable de la société suisse Ace International, spécialisée dans le montage de trusts et structures offshore. Contactée par Le Monde, celle-ci a confirmé le rendez-vous, pris « à titre amical ». Il ne se dit pas grandchose, lors de ce déjeuner, selon M. Condamin-Gerbier. Il serait juste question, ce jourlà, et d’après ce témoin interrogé parLe Monde, d’une éventuelleinstallation de M. Tapie en Suisse, et d’un rachat du club de football du Servette de Genève. « Il [M. Tapie] prend soin de nous dire : “Je ne veux pas que les gens pensent que je veux être en Suisse pour échapper, pour m’exiler fiscalement, je m’im- plante en Suisse, mais je continuerai à payer mes impôts en France.” Et puis, à ma surprise, il reprend contact, il demande à me revoir à Genève, pour visiter des biens immobiliers.» Toujours selon M. CondaminGerbier, les deux hommes se parlent à nouveau : « Je prends quand même soin de lui demander quel est son budget pour ses biens immobiliers (…). La réponse qu’il me fait, c’est que de budget il n’y en a pas et que, de toute façon, il est certain de toucher très prochainement une très importante somme d’argent parce qu’il est certain d’avoir gain de cause dans le cadre de la procédure d’arbitrage. Donc, voilà, effectivement, ensuite il me rappelle. Il vient un week-end visiter quelques biens immobiliers que je présélectionne pour lui, on «J’ai toujours su que mon dossier était imperdable (...). Je n’avais aucune assurance politique» Bernard Tapie échange à nouveau sur l’information que je lui ai donnée sur le club du Servette de Genève, et je n’entends plus jamais parler derrière de M. Tapie qui ne donne pas suite. » Plusieurs familiers du marché immobilier en Suisse confirment les démarches récurrentes de M. Tapie pour s’installer sur le territoire helvétique. Pour les enquêteurs, qui ont déjà multiplié les perquisitions aux domiciles et bureaux des arbitres, de M. Tapie et de ses avocats, puis sollicité les archives de l’Elysée, ces déclarations pourraient ainsi laisser penser que M. Tapie était certain de gagner son contentieux contre le Crédit lyonnais. Six mois avant l’arbitrage, aurait-il reçu des assurances du pouvoir politique? Bernard Tapie s’insurge. « D’abord, je rencontre des dizaines de gens chaque jour, indique-t-il au Monde, je n’ai donc aucun souvenir de ce témoin. Quant au Servette de Genève, cela fait des années qu’on me demande de le racheter…» Sur le fond du dossier, il maintientsa position.Il n’a, assure-t-il, jamais négocié quelque avantage que ce soit avec le pouvoir politique. « La meilleure des preuves, c’est que je fais l’objet d’un contrôle fiscal extrêmement strict, à la demande de François Baroin, alors ministre de l’économie de Nicolas Sarkozy », jure-t-il. Plusieurs décisions de justice liées à son conflit avec le Crédit lyonnais, antérieures à l’arbitrage, lui ont de fait été favorables. « J’ai toujours su que mon dossier était imperdable, que ce serait une longue lutte, mais que je gagnerais. Je n’avais aucune assurance politique. Mes rencontres avec Nicolas Sarkozy ou Claude Guéant ? On abordait plein de sujets, dont les conditions fiscales liées à mon arbitrage favorable. Et je n’ai même pas été suivi sur ce problème fiscal ! Et puis, si j’avais eu des certitudes, pourquoi auraisje attendu septembre 2008 pour reprendre les meubles qui m’avaient été saisis ? J’ai vécu avec un lit et deux chaises pendant des années… » Dans ce climat de suspicion généralisé, M. Tapie prend les devants. Il a écrit, le 23 avril, à Bruno Bézard, directeur général desfinances publiques, lui demandant de lever le secret bancaire sur tous ses comptes, et renonce à toute prescription : « J’ai une dizaine de comptes à l’étranger, à Singapour, Hongkong ou Monaco, assure-t-il. Toutes mes sociétés sont déclarées, enregistrées, et je paie tous mes impôts en France. C’est unesommeconséquente! En revanche, je n’ai jamais eu de comptes en Suisse, chez Reyl ou ailleurs.» p Gérard Davet et Fabrice Lhomme international 4 0123 Samedi 27 avril 2013 Libye: «Cet attentat est un message» Le ministre libyen des affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, semble privilégier la piste kadhafiste Entretien bientôt adopter une loi pour la justice transitionnelle. Après le succès de l’intervention française au Mali, il faut maintenant réfléchir à une mission de maintien de la paix alliée à un soutien politique et humanitaire au Mali. Tripoli Envoyée spéciale N ommé ministre des affaires étrangères en janvier dans le gouvernement dirigé par Ali Zeidan, Mohamed Abdelaziz a reçu Le Monde jeudi 25 avril, deux jours après l’attentat qui a ravagél’ambassadede Franceà Tripoli, le premier dans la capitale libyenne depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Des groupes djihadistes venus du nord du Mali ont-ils pu se réfugier en Libye ? Beaucoup de mercenaires qui ont combattu pour l’ancien régime de Kadhafi sont partis au nord du Mali. Jusqu’à présent, nous n’avons pas confirmation qu’il y a des djihadistes sur notre sol, mais ce n’estpasimpossible.La sécurisation de nos frontières, longues de Comment analysez-vous l’attentat qui a visé l’ambassade de France et quels sont les éléments d’enquête dont vous disposez aujourd’hui ? Ce genre d’attentat peut arriver partout, on l’a vu avec ce qui s’est passé récemment à Boston, aux Etats-Unis. Mais nous sommes un pays en train de se construire et nous avons deux défis majeurs à relever. Un défi intérieur, avec la création d’une véritable armée et d’une police. Or cela prend beaucoup de temps. Et un défi extérieur, posé par les partisans de l’ancienrégime de MouammarKadhafi, qui sont aujourd’hui très actifs. Ils ont des relations à l’étranger et ont noué des alliances. Selon nous, l’objectif de cet attentat vise clairement à nuire aux relations bilatérales qui sont très avancées entre la France et la Libye. Il faut maintenir cette coopérationet nous sommes heureux que le message de la France, lors de la venue ici de Laurent Fabius, ait été de dire qu’il n’y aurait aucune conséquence négative sur ces relations. Le deuxième aspect de cet attentat est un message : les auteurs veulent nous signifier qu’ils sont là, bien présents, et qu’ils peuvent peser sur le processus de démocratisation que nous menons. C’est un acte criminel et terroriste. Pour l’heure, nous savonsque l’explosifquia étéutilisé, entre 100 kg et 150 kg, est très sophistiqué et qu’il n’a pas été fabriquéen Libye. Laméthode,aussi, donne des indications. L’opérationa étébien préparéeet,vul’heu- «Nous savons que l’explosif utilisé, entre 100kg et 150kg, est très sophistiqué et qu’il n’a pas été fabriqué en Libye» 4 000 kilomètres, sans compter près de 2 000 kilomètres de côte, est très difficile. Nous avons besoin pour cela de l’assistance technique de l’Union européenne. Les brigades de combattants (katibas) nées pendant la révolution sont omniprésentes en Libye. Ne constituent-elles pas aussi un risque pour la sécurité ? Mohamed Al-Megaryef, le président de l’Assemblée nationale libyenne (au centre), sur le site de l’ambassade de France, jeudi 25 avril. M. TURKIA/AFP re matinaleà laquellecela s’estproduit[7 h 10], ellen’a pas faitde victimes. C’est un message. Vous semblez dire qu’une des pistes envisagées est celle de partisans de Mouammar Kadhafi ? Il est prématuré de tirer des conclusions, les investigations sont en cours, mais il ne faut pas exclurece scénario. Nos renseignements ont établi, par des écoutes téléphoniques notamment, des relationsentre les partisansde l’ancien régime ici, en Egypte et dans d’autres pays. Peut-être ont-ils noué des liens avec des groupes terroristes comme Al-Qaida pour déstabiliser la Libye. Ils connaissent bien le pays, et ils ont des moyens financiers, 150 milliards de dollars [115 milliards d’euros], peut-être plus, car tous les fonds du régime Kadhafi ne sont pas connus. Nous avons créé une commission pour recouvrer ces fonds et conclu un partenariat avec une société américaine,car nous avons besoin de formation spécialisée. Un projet de loi qui prévoit d’exclure tous ceux qui ont travaillé sous l’ancien régime suscite beaucoup de débats en ce moment en Libye… Personnellement, j’y suis opposé. Si les critères actuels étaient appliqués,cela aboutiraità l’exclusion de 80 % des Libyens qui ont travaillé avec l’ancien régime. Il faudrait pratiquement fermer le ministère des affaires étrangères! L’exclusion pour l’exclusion ne marche pas. Nous avons ratifié des accords sur les droits de l’homme et le résultat serait très négatif. Non, il faut se concentrer sur l’aspect pénal et criminel. Derrière ce débat, il y a en fait une dimension émotionnelle car beaucoup de gens ont souffert pendant quarante-deux ans de la dictature. Mais l’avenir de la Libye ne peut pas être fondé sur l’émotion. Après l’attaque contre le consulat américain en septembre 2012 à Benghazi, l’implication d’isla- mistes radicaux libyens dans l’attentat de Tripoli vous paraît-elle plausible, en raison de l’intervention militaire française au Mali ? Il y a des extrémistes qui ont contribuéà la révolutionlibyenne. Entre 200 à 250 étaient liés à Al-Qaida avant d’être libérés [en 2010, avant la chute de l’ancien régime]. Maintenant, ils disent qu’ils ont la légitimitépour participer au processus démocratique, mais, à 90 %, la population libyenne est modérée. Le problème existe. La solution est d’avoir un dialogue avec eux et de poursuivre une politique d’intégration avec les familles. Utiliser la force n’est pas la bonne approche dans le contexte de réconciliation nationale nécessaire pour reconstruire la Libye. J’espère que le Congrès va Nous disposons désormais d’une étude très complète sur 18 000 de ces combattants, c’est une bonne base pour prendre des décisions.On ne peut pasdémilitariser sans un plan économique et social. Certains ont commencé à intégrer la police et l’armée, mais le nombre de ces milices reste important, car elles n’ont pas confiance dans la police, qu’elles veulent assister, ou dans l’armée, qui reste très insuffisante. Mais il faut être objectif sur cette question. Ce sont ces katibas qui ont maintenu depuis un an et demi la sécurité. Grâce à elles, il n’y a pas beaucoup de crimes. Je rappelle que de 16 000 à 18 000 criminels de droit commun avaient été libérés des prisons par Kadhafi. Nous n’avons pas la capacité complète, par exemple, de protéger les ambassades, mais le ministère de l’intérieur a créé, il y a trois mois, un service spécialisé dans la protection des corps diplomatiques. La volonté politique est là. Le problème, c’est le temps. p Propos recueillis par Isabelle Mandraud Le dispositifde sécuritéautourde l’ambassademisen cause Tripoli Envoyée spéciale ray-ban.com *NE TE CACHE PAS *RÉSISTE AUX CHOCS - DES VERRES RENFORCÉS POUR RÉSISTER AUX IMPACTS. MOD. RB 4180 COL. 601/71 Sous la conduite d’un juge antiterroriste venu de Paris, l’enquête se poursuivait, jeudi 25 avril, autour de l’ambassade française à Tripoli, visée, mardi, par un attentat qui a ravagé ses locaux et blessé deux gendarmes français dans le quartier chic Hay El Andalus-Gargaresh de la capitale libyenne. Selon les premiers éléments recueillis, notamment par les équipes françaises de police scientifique et technique dépêchées sur place ainsi que dix hommes du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), l’opération aurait été préparée par des repérages et planifiée pour faire un maximum de dégâts. « L’explosif utilisé était pur, pas mélangé à des gravats », indique l’un des enquêteurs. L’un des gendarmes, touché par de multiples éclats, a été rapatrié à Paris dans un état jugé grave, et seule l’heure matinale de l’explosion, 7 h 10, a évité le pire. « C’est une catastrophe », a déclaré le président de l’Assemblée libyenne, Mohamed Al-Mega- ryef, lors de sa visite sur les lieux jeudi. « Tous ceux qui sont chargés de la sécurité portent une part de responsabilités », a-t-il ajouté, en reconnaissant des « failles » dans le dispositif de surveillance. « C’était l’ambassade française la plus vulnérable dans toute la région », acquiesce Fabien R., chef d’escadron du GIGN. Une région devenue très sensible depuis l’intervention militaire française au Mali… Or, moins de trois semaines avant l’attentat, confie au Monde une source locale, un braquage à main armée avait eu lieu devant la porte même de l’ambassade. Les agresseurs étaient alors parvenus à s’enfuir avec le butin convoité, un 4 × 4, pourtant pourvu d’une plaque d’immatriculation diplomatique… Dans un courrier daté du 7 mars envoyé au chef de la sécurité de Tripoli et reproduit dans la presse libyenne, le commissaire du quartier, Abdelhakim Moustapha Abdallah, avait lui-même souligné l’absence de sécurité devant de nombreuses ambassades, dont celle de France. Entouré de villas, situé dans des rues étroites où tout le monde pouvait se garer contre le mur d’enceinte, sans espace de protection, le bâtiment de la chancellerie française n’était gardé que par quatre gendarmes et deux voitures banalisées de la police libyenne, à l’extérieur. Etait-ce l’heure de la relève ? Lors de l’attentat, ces dernières n’étaient en tout cas pas présentes. « Autosurveillance » Dans les heures qui ont suivi l’explosion, l’école et l’Institut français ont fermé leurs portes. « La sécurité officielle n’existe pas, mais la population s’autosurveille », relève Othmane Ben Sassi, ancien secrétaire général du Conseil national de transition durant le conflit libyen, aujourd’hui conseiller au siège du gouvernement. Cette « autosurveillance» pourrait en effet s’avérer la source la plus précieuse d’informations. Des riverains, qui ont offert leurs propres vidéos, ont affirmé aux enquêteurs avoir vu un individu garer, le matin même, le véhicule chargé d’explosifs avant de se précipiter vers une autre voiture qui l’attendait au bout de la rue. Faute de police et d’armée suffisamment structurées aujourd’hui en Libye, bien peu d’habitants réclament cependant, tout en les craignant, la dissolution des milices post-révolutionnaires, omniprésentes et fortement armées. « On connaît leurs limites, mais malgré tout, ce sont elles qui contrôlent encore la situation », assure M. Ben Sassi. Chaque ville, chaque quartier, et même chaque parti politique possède ainsi sa propre katiba. Un équilibre des forces qui assurait, jusqu’à mardi matin du moins, une relative sérénité à Tripoli. Très endommagée et jugée trop exposée, l’ambassade de France, qui avait été pillée en 2011 durant le conflit libyen, nécessitant déjà, pour sa réhabilitation, l’envoi d’une équipe de sécurisation du GIGN, devra se trouver une nouvelle demeure. Un casse-tête, sauf à payer une petite fortune à des particuliers, car l’Etat libyen ne dispose pas de site public adéquat. Pas même pour ses propres ministères. p I. M. 0123 international Samedi 27 avril 2013 En Espagne, la tentation de la «violence» pointe chez certains manifestants Des groupes antisystème appellent à la «chute du régime» et manifestent devant le Parlement Madrid Correspondance Lors de la manifestation près du Congrès des députés, jeudi 25 avril, à Madrid. SERGIO PEREZ/REUTERS et la population. Selon le baromètre du Centre de recherche sociologique d’avril, la corruption est devenue la deuxième préoccupation des Espagnols, mentionnée par plus de 40 % des sondés, devant les problèmes économiques et juste derrière le chômage. Au premier trimestre 2013, le chômage touche plus de 57% des jeunes Les partis de gouvernement semblent avoir pris conscience du risque de remise en cause du système de représentation politique. Le Parti populaire (droite), majoritaire au Parlement de la région de Madrid, a proposé qu’un tiers des députés régionaux soient élus individuellement dans le cadre de circonscriptions, les deux autres tiers restant élus, comme aujourd’hui, sur des listes fermées dont la composition est dans la seule main des directions de partis. Le parti socialiste, cédant à la pression de la base, a accepté que son secrétaire général soit élu à l’avenir dans le cadre de primaires. Cela suffira-t-il à le sortir du marasme dans lequel il est plongé ? Ses anciens électeurs ne lui ont pas pardonné sa brutale conversion à la rigueur, en 2010. L’absence d’une opposition forte ouvre la voie à une contestation du système institutionnel. De plus en plus, c’est depuis la rue que la société espagnole essaie de changer les choses, comme en témoigne le combat contre les expulsions de logement mené par la Plate-forme des victimes du crédit immobilier. Depuis des années, elle tente d’empêcher des Nouveau plan de rigueur à Madrid Le gouvernement espagnol devait dévoiler, vendredi 26 avril, un nouveau plan de rigueur destiné à réduire le déficit et à convaincre Bruxelles de lui accorder un délai supplémentaire de deux ans pour le ramener à 3 % du produit intérieur brut. Augmentation de l’âge de la retraite, déjà porté à 67 ans ? Nouvelles taxes ? En un peu plus d’un an, l’exécutif de Mariano Rajoy a déjà augmenté l’impôt sur le revenu et la TVA, baissé les allocations-chômage, fermé l’accès à la santé publique aux sans-papiers, supprimé la prime de Noël des fonctionnaires, augmenté les frais universitaires et réformé le marché du travail de façon à réduire fortement les indemnités de licenciement et à faciliter les plans sociaux. Les syndicats et l’opposition affirment que l’austérité « étouffe » des citoyens déjà frappés par le chômage. – (Corresp.) expulsions par la négociation sur le terrain.Aujourd’hui,elle est parvenue à placer ce problème au cœur du débat politique. Sans recours à la violence. La plate-forme Debout !, au contraire, la revendique. Pour la manifestation de jeudi, elle avait lancé un appel à ceux qui, « par leur travail, sont habitués à affronter des situations qui requièrent du courage, de la force et de la décision, comme les mineurs, pompiers, vigiles et ceux qui pratiquent des arts martiaux… ». Elle avait fourniun plan des points névralgiques de la manifestation, avec un système de couleurs indiquant les endroits susceptibles d’être les plus violents, donné des conseils pour renverser les barrières de sécurité, attaquer des policiers ou échapper aux gaz lacrymogènes, ainsi que les numéros de téléphone portable de trois avocats. Le gouvernement avait déployé plus de 1 400 policiers et la séance du Parlement a été suspendue. Avantmêmelamanifestation,quatre personnes,membres présumés dugroupeantisystèmeetanarchiste Bloc noir, ont été arrêtées alors qu’elles préparaient des cocktails Molotov et onze étudiants ont été interpellés sur le campus de la Complutense. Dans la manifestation, quinze autres personnes ont été arrêtées. Certaines transportaient des matières dangereuses, telles que de l’acide. p Sandrine Morel L ce, Royaume-Uni et Espagne), les Etats-Unis avaient préparé un projet de résolution proposant la créationd’unmécanismede surveillance des droits de l’homme intégré à la Minurso. L’initiative, défendue avec acharnement par l’ambassadrice américaine Susan Rice, a déclenché l’ire de Rabat, qui considérait cette démarche comme une atteinteà sa souveraineté.Il l’a rejetée « catégoriquement» et a reporté sine die des manœuvres militaires prévues avec les Américains. Le roi du Maroc, Mohammed VI, aurait dépêché ses conseillers en Russie et en Chine pour solliciter l’appui de ces deux membres permanents du Conseil de sécurité. Pis, selon une source diplomatique, il aurait adressé une lettre de protestation au président Barack Obama. Deux semaines de lobbying effréné plus tard, Washington, « refusant sans doute de s’aliéner un pays stable dans la région et un allié en matière de lutte antiterroriste, a capitulé », résume une source proche du dossier. La résolution adoptée est même «enretraitparrapportà2012»,relève un diplomate. Le texte souligne la nécessité « d’améliorer la situation des droits de l’homme » mais neréclame plusdes «mesuresindépendantes et crédibles» en ce sens. « Occasion manquée » Créée pour surveiller le cessezle-feu et organiser un référendum destiné à déterminer le statut de cette ancienne colonie espagnole, annexée par le Maroc en 1975 et revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Polisario, la Minurso et ses 230 casques bleus poursuivront donc leurs activités à l’identique jusqu’en avril 2014. Les ONG regrettent « une occasion manquée ». Pour Philippe Bolopion, le directeur de Human Rights Watch auprès de l’ONU, « il est regrettable que les Etats-Unis, qui avaient au départ une position louable, aient reculé si vite sans obtenir une seule concession marocaine ». Selon lui, toutefois, le Maroc « a senti le vent du boulet » es Français ont obtenu de l’ONU leur « bon de sortie » du Mali, avec les félicitations du Conseil de sécurité. La résolution 2100, autorisant la création d’une opération de maintien de la paix censée prendre le relais des forces française et panafricaine, a été adoptée à l’unanimité, jeudi 25 avril. Une adoption qualifiée de « succès » par la France, confirmant « le soutien unanime de la communauté internationale à la stabilisation» du Mali, alors que le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, entamait jeudi sa troisième visite dans le pays depuis l’intervention française en janvier, pour « préparer l’après-guerre». Le mandat de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dontles 11 200soldats et 1 440 policiers seront déployés de manière échelonnée à partir du 1er juillet « pour une période initiale de douze mois », sera de stabiliser les zones urbaines pacifiées, d’empêcher le retour d’éléments armés, de protéger les civils, de veiller au respect des droits de l’homme et de faciliter le processus politique. Coût de l’opération ? De 600 millions à 1 milliard de dollars la première année, selon les experts. Les 6 200 soldats ouest-africains déjà présents sur place devront être « certifiés » par l’ONU, autant dire faire preuve de « bonne conduite », avant de pouvoir intégrer la Minusma. Le déploiement des troupes dépendra des conditions de sécurité, que le Conseil a prévu de réexaminer dans soixante jours. A Paris, on estime que la situationsurleterrainest«ennetteamélioration». Il n’y a plus de combats. «Lesobjectifsfixésà l’opérationServal sont atteints », affirment des sources militaires, assurant que les groupes terroristes sont empêchés pour de nombreuses années de reconstituer un sanctuaire djihadiste. Selon elles, 700combattants ont été tués sur un effectif de départ estimé à 2 000, 200 autres ont été faits prisonniers. Mandat robuste Reste le problème de Kidal, ville du nord du pays contrôlée par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), mêlés à des transfuges des groupes djihadistes Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et Ansar Eddine. La lutte antiterroriste n’étant pas du ressort des casques bleus, la résolution – rédigée par la France – autorise les forces françaises à intervenir pour venir en aide à la Minusma, « en cas de menace grave et imminente». Pas question, pour autant, de jouer les pompiers. Ce rôle reviendra aux bataillons de réserve, auxquels seront sans doute intégrés des Tchadiens. « L’intervention des forces françaises ne peut se faire que dans une circonstance exceptionnelle», a insisté l’ambassadeur de la France auprès des Nations unies, Gérard Araud, avant de rappeler que la Minusma disposera d’un « mandat robuste » et aura donc « les moyens de se défendre ». Placé sous chapitre VII, son mandat prévoit l’usage de la force en cas de légitime défense. C’est dans ce contexte que les 1 000 soldats français devant rester au Mali jusqu’à la fin de l’année serontappelés à prêter main-forte. L’objectif est de contrer une éventuelleguérilla des groupes islamistes armés. Cent cinquante officiers français de liaison et d’état-major opéreront comme casques bleus, 200 autres militaires seront intégrés à la mission européenne de formation de l’armée malienne et les 650 restants formeront la force de soutien à la Minusma, dont le QG sera établi à Gao. p Alexandra Geneste et Nathalie Guibert (à Paris) Entrez dans le cinéma de demain Le spécialiste des technologies numériques pour l’industrie du cinéma entre en Bourse > 39,7 M€ de chiffre d’affaires La mission de l’ONU au Sahara occidental n’examinera pas la question des droits de l’homme a Mission des Nations unies pourl’organisationd’un référendumau Sahara occidental (Minurso) est et restera la seule opération de maintien de la paix de l’ONUdépourvued’unecomposante « droits de l’homme », tout du moins pour un an. LeConseilde sécuritéa renouvelé, à l’unanimité, jeudi 25 avril et pour un an, son mandat, sans rien changer aux prérogatives qui sont les siennesdepuis 1991. L’élargissement des compétences de la Minurso fait l’objet, depuis plusieurs années, de débats au sein de l’organeexécutifde l’ONU,quichaque fois tournent court sous la pression marocaine relayée par la France, dotée du droit de veto. Cette année, ce n’est pas un partisan traditionnel de la cause sahraouie qui a engagé le débat. Sanspréveniraucunde leurs partenaires au sein du Groupe des amis du Sahara occidental (Russie, Fran- La résolution votée par le Conseil de sécurité prévoit le déploiement de 11 200 casques bleus L Dossiersahraoui: le Maroc fait reculer les Etats-Unis New York (Nations unies) Correspondante LaFranceorganise, aux Nationsunies, sonretraitmilitairedu Mali New York (Nations unies) Correspondante I ls sont venus pour en découdre. Aux abords du Congrès des députés espagnols, jeudi 25 avril en fin de journée, quelques centaines de manifestants se sont rassemblés à l’appel de la plateforme ¡ En pie ! (« Debout ! ») pour « assiéger le Parlement ». Objectif : « La chute du régime (démission du gouvernement, dissolution des Assemblées et de la direction de l’Etat) et l’ouverture d’un processus de transition vers un nouveau modèle d’organisation politique, économique et social, réellement juste et solidaire. » Les moyens : la guérilla urbaine. « Ça fait trois ans que l’on manifeste pacifiquement et ça ne sert à rien. On ne nous écoute pas. L’Etatprovidence est démantelé. Le chômage ne cesse d’augmenter. Il faut passer à quelque chose de plus agressif.» Malgré ses airs de gentil garçon, ses yeux bleu clair et son sourire angélique, Manuel Lopez, 24 ans, étudiant en mathématiques qui se rêve enseignant, avoue être venu chercher la bagarre. « La violence est nécessaire pour attirer l’attention sur notre rage », lâche-t-il face au cordon de policiers protégé par des barrières qui bloquent l’accès au Parlement. Le pacifisme des manifestations des « indignés» va-t-il laisser placeà uneradicalisationdes mouvements sociaux ? Cette crainte est bien réelle en Espagne, même si les mobilisations comme celles de jeudi restent marginales et leur succès limité.«Si la situationempire, si les politiquessocialesse durcissent et que le désespoir s’installe, il est prévisible que la population se radicalise. Une étincelle peut suffire », prévient le sociologue José Félix Tezanos. Or l’Espagne s’enfonce chaque jour davantage dans la crise. Selon l’Institut national de statistiques, au premier trimestre 2013, le chômage touche plus de 27 % de la population active, 57 % des jeunes. Sur les 6,2 millions de chômeurs, 3,4 millions sont sans emploi depuis plus d’un an. « Tout cela va très mal se terminer, assure Vicente, un manifestant de 62 ans. Nos élus sont corrompus et mènent des politiques de coupes budgétaires brutales. Nous avons l’obligation de manifester pour réformer cette démocratie et de chasser ces députés qui ne nous représentent pas. » Le fossé grandirait entre les élus 5 et a bien conscience que tout faux pas lui sera vite reproché. Les experts ne s’expliquent pas le revirement américain – sauf à spéculer sur le rôle de l’ONG prodémocrate et pro-sahraouie Robert F. Kennedy Center, dont la présidente serait proche du secrétaire d’Etat John Kerry –, d’autant plusquelerapport2013 dudépartement d’Etat consacre 12 pages à la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. « Les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis», souligne le document. Des violations confirmées, en mars 2012, par le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Juan Mendez, à son retour du Maroc et du Sahara occidental. Ce qui fait dire au représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, que « l’initiative américaine restera d’actualité» et représente « une victoire morale pour les droits de l’homme». p A. Ge > Une croissance de 53% en 2012 > Une marge opérationnelle de près de 15% > +83% à l’International > Un développement dans 8 pays > N°1 en France et en Allemagne > Plus de 2 200 salles équipées en Europe UNE AMBITION : DEVENIR N°1 EN EUROPE Participez à l’Introduction en Bourse sur NYSE Euronext Paris Vous avez jusqu’au 29 avril 17h pour souscrire BIENTÔT SUR VOS ÉCRANS ! > Retrouvez toute l’information et les modalités de l’opération sur www.ymagis-bourse.com Des exemplaires du prospectus visé par les Autorités des marchés financiers le 17 avril 2013 sous le numéro 13-165, composé du document de base enregistré le 9 avril 2013 sous le numéro I. 13-012,et d’une note d’opération, sont disponibles sans frais auprès d’YMAGIS (106-108 rue La Boétie 75008 Paris), ainsi que sur les sites Internet d’YMAGIS (www.ymagis.com) et de l’Autorité des marchés financiers (www.amf-france.org). L’attention du public est attirée sur le chapitre 4 « Facteurs de risques » du Document de Base enregistré par l’AMF, et plus particulièrement sur les facteurs de risques « De nouvelles solutions de financement pourraient apparaître suite à l’arrêt programmé du système de VPF, notamment pour financer le renouvellement des équipements numériques » et « Risques liés aux engagements hors bilan générés par l’activité Tiers Collecteur », ainsi que sur le chapitre 2 « Facteurs de risques liés à l’offre » figurant dans la note d’opération visée par l’AMF. Ces risques sont à prendre en considération par les investisseurs avant toute décision d’investissement. Ce document ne constitue pas et ne saurait être considéré comme constituant une offre au public, une offre de souscription ou une sollicitation d’intérêt du public en vue d’une opération par offre au public de titres financiers. Les informations contenues dans ce document ne constituent pas une offre de titres aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, au Japon ni dans aucun autre pays. 6 international Les Etats-Unis confirment l’usage d’armes chimiques par Bachar Al-Assad La Maison Blanche craint de se voir entraînée dans une intervention en Syrie Washington Correspondante A lors que l’ancien président George W. Bush réaffirmait, jeudi 25 avril, à Dallas (Texas),sa conviction queles EtatsUnis doivent « s’efforcer d’étendre le règne de la liberté » dans le monde, lors de l’inauguration de sa bibliothèqueprésidentielle,en présence de Barack Obama et des anciens présidents encore en vie, la Maison Blanche a reconnu pour lapremièrefois ceque sespartenaires essaient de lui faire admettre publiquement depuis des semaines : des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, un facteur qui pourrait entraîner une intervention américaine dans le conflit. La déclaration figure dans une lettre au sénateur McCain et à plusieurs de ses collègues, républicainsmaisaussidémocrates.Ceuxci avaient demandé, la veille, des informations à la Maison Blanche sur les affirmationsdes services de renseignement israéliens, français et britanniques faisant état de l’utilisation d’armes chimiques par les forces de Bachar Al-Assad. Lue par le secrétaire à la défense, Chuck Hagel, en visite à Abou Dhabi, la réponse de la Maison Blanche est d’une grande prudence : « La communauté américaine du renseignement, avec différents degrés de certitude, est parvenue à la conclusion que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle,en Syrie, en particulier du gaz sarin », indique la lettre. Un hautresponsableaméricaina justifié cette prudence par les erreurs des services de renseignement sur les armes de destruction massive de l’Irak en 2002-2003. « Compte tenude nos antécédentsdansla collecte du renseignement, y compris sur les armes de destruction massive, il est important d’établir les faits avec certitude», a-t-il dit. LaMaison Blanchea affirmédisposer d’informations basées sur des échantillons physiologiques – notamment les résultats de tests sanguins effectués sur des victimes –, mais ne pas pouvoir considérer ces prélèvements comme 0123 planète une preuve formelle de l’utilisation du gaz. Elle a refusé de confirmer l’existence d’un deuxième lieu, outre Alep, où des armes chimiques auraient été utilisées, comme l’avait révélé le secrétaire d’Etat John Kerry. En août 2012, Barack Obama avait indiqué que le recours aux armes chimiques constituait une « ligne rouge » pour les Etats-Unis et que les conséquences seraient « énormes ». C’est précisément « parce nous prenons cette ligne rouge au sérieux » que la décision doit être basée sur des faits confirmés, a ajouté le haut responsable. S’ils devaient l’être, alors « toutes les options sont sur la table ». Intensifier les pressions Les sénateurs républicains – et quelquesdémocratescommeDianne Feinstein – ont estimé que la ligne rouge avait été franchie. Ils réclament l’instauration d’une zone de sécurité ou d’un corridor humanitaireducôté de la frontière nord, protégée par l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne. Les« réalistes», hostilesàtouteprécipitation tant que l’intérêt national n’est pas en jeu, mettent en garde les va-t-en-guerre en rappelant que l’aviation syrienne est l’une des plus puissantes de la région. Ils posent la question de savoir quelle serait la base légale pour une intervention.Etquelsensauraitl’instauration d’un couloir humanitaire dans le nord du pays, alors que la population civile qui est menacée se trouve aussi dans le sud? L’administration Obama veut intensifier les pressions, notamment sur Moscou, pour obtenir que l’ONU puisse enquêter sur place. Le Pentagone a préparé des plansd’urgenceetdéployéunecentainedemembresdesforcesspéciales en Jordanie. Barack Obama consulte beaucoup les alliés de la région. Après l’émir du Qatar, le roi Abdallah de Jordanie était attendu vendredi 26 avril à la Maison Blanche. Le 29 avril, John Kerry recevra ses homologues arabes. A l’ordre dujour,laSyriemaisaussileprocessus de paix israélo-palestinien. p Corine Lesnes Israël L’aviationisraéliennea abattu undrone venantdu Liban Venezuela Le chef de file de l’opposition conteste le résultat de la présidentielle CARACAS. Henrique Capriles a annoncé, jeudi 25 avril, qu’il contesterait le résultat de la présidentielle vénézuélienne du 14 avril remportée de peu par Nicolas Maduro. M. Capriles, qui a dénoncé des fraudes, a subordonné sa reconnaissance des résultats à un recomptage des voix. – (AFP.) Russie Incendie meurtrier dans un asile psychiatrique MOSCOU. Trente-huit personnes ont péri dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 avril dans l’incendie d’un hôpital psychiatrique près de Ramenski, à une quarantaine de kilomètres au nord de Moscou. – (AFP.) Les plantes endémiques de Tuvalu souffrent de la salinisation du sol, causée par la montée du niveau de la mer et par les grandes marées. LAURENT WEYL/ARGOS/PICTURETANK te étude, directeur de recherche halieutique à la CPS. Lespaysde Mélanésie,telsquela Papouasie-Nouvelle-Guinée ou les îles Salomon, seront les grands perdants:« LaPapouasiedisposed’une importante industrie de conserverie, mais d’ici à quelques décennies, elle va devoir importer du thon pour l’alimenter. Heureusement, Avec l’abondance des pluies, l’expansion de l’aquaculture et des pêcheries en eau douce est encouragée elledisposed’unbonaccordinternational pour en acheter où elle veut, avec des abattements douaniers.» Pour les plus petites économies telles Tuvalu ou Kiribati, l’exode des thons pourraient entraîner d’importantes pertes financières. Sur la pêche côtière, les effets s’annoncent plus dramatiques encore, compte tenu de la dégradation des récifs coralliens. « Le taux de recouvrement des récifs vivants devrait passer de 40 % aujourd’hui à travers le Pacifique, à 10 % ou 20 % en 2050 », indiquent les scientifiques, prévoyant une baisse de 20 % de la quantité de poissons de récifs. Cette érosion du garde-manger des lagonsse conjugue,notammenten Mélanésie, à une forte croissance démographique, mettant en péril la survie même des populations. Avec la plus grande abondance des pluies, la CPS encourage l’expansion de l’aquaculture et des pêcheries en eau douce. Aux îles Fidji, à Vanuatu ou aux Samoa sont récemment apparues des fermes aquacoles de tilapia du Nil, une espèce introduite. Pour soulager la pression sur les récifs et permettre aux populations côtières d’avoir accès aux thons, des dispositifs de concentration du poisson, sorte de pontons flottants qui les attirent, sont aussi préconisés. Sur terre aussi, les populations s’adaptent. Aux Fidji, le Centre d’études des cultures et des arbres du Pacifique a créé un département spécialisé dans l’adaptation des cultures vivrières. « Le changement de climat pose des exigences aux récoltes, qui doivent supporter des pressions écologiques imprévi- siblescommela sécheresse,la salinité, les températures extrêmes et le lessivage des terres », expliquent ses responsables. Manioc, taros, patates douces, bananes ont été passées au crible par milliers, afin de proposer aux agriculteurs de nouvelles variétés plus résistantes. « Nous faisons la promotion de ces semences », témoigne Henry Puna, premier ministre des îles Cook, un archipel de 12 200 habitants,sévèrement touchépar l’érosion des côtes. L’argent pour financer ces programmes d’adaptation fait cependant cruellement défaut. Les mécanismes internationaux de financement sont formatés pour les pays moyensougrands.LesEtatsinsulaires d’Océanie ont rarement la taille critique pour y prétendre. « On ne parvient pas à faire entendre notre voix sur la scène internationale. Il est indispensable pour nous d’agir en tant que région», estime Henry Puna, se réjouissant que le changement climatique soit le thème central du sommet annuel du Forum du Pacifique, organisation politiquerégionale,quisetiendraenseptembre aux îles Marshall. p Claudine Wéry L’expédition Tara reprend la mer vers l’Arctique Les scientifiques s’interrogent sur l’avenir des organismes microscopiques propres au pôle Nord T ara reprend la mer.Cap plein nord : le célèbre voilier s’apprête à appareiller de Lorient, dans le Morbihan, le 19 mai, pour une expédition de sept mois dans l’océan Arctique qui empruntera le passage du Nord-Est côté russe, puis reviendra par celui du Nord-Ouest. Un grand voyage de 25 000 kilomètres autour du pôle Nord avec à son bord une quinzaine de personnes, essentiellement des scientifiques, en quête d’éléments minuscules : virus, bactéries mais aussi protistesetmétazoaires,soitlafrange la plus microscopique du plancton, une ressource précieuse à étudier dans son environnement tant qu’il en est encore temps. « Il s’agit d’unemissionnécessaireeturgente, prévient Chris Bowler, biologiste de l’Ecole normale supérieure et directeur de recherche au CNRS. L’Arctique est l’une des régions les plus productives de la planète dans cedomaine,nousdevonsnousyrendre avant que l’homme ne vienne y mettre la main. » La goélette va ainsi retrouver les glaces dans lesquelles elle s’était laissé emprisonner en septembre2006. Elle avait alors dérivé 500 jours pour parcourir la distance entre la Sibérie et le Groenland, soit deux fois moins de Pevek Cerc le Tuktoyaktuk CANADA Pôle Nord Resolute e NEW YORK. Les frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat de Boston, voulaient se rendre à New York pour y faire exploser des bombes à Times Square, mais leur plan a échoué quand leur voiture a été prise en chasse, ont affirmé jeudi 25 avril le maire de New York, Michael Bloomberg, et le chef de la police. – (AFP.) C onstellation d’îles et d’atolls éparpillés dans l’océan, les micro-Etats du Pacifique sont parmi les plus exposés au monde aux conséquences du réchauffementclimatique: acidification de l’océan, multiplication descatastrophes naturelles,dégradation des récifs coralliens, élévation du niveau de la mer… Les Petit Poucet de la planète, qui comptent environ 10 millions d’habitants, paient cash l’incivisme écologique des grandes puissances. « Le Pacifique insulaire est victime des pays industriels qui n’arrivent pas à contrôler leurs émissions de CO2. La vérité est qu’on ne peut que subir et s’adapter», assène Jimmie Rodgers, directeur général de laCommunautéduPacifique(CPS), organisation régionale de développement. Réunis à l’initiative de l’Institutde recherchepourle développement (IRD) et de l’université deNouvelle-Calédonie,unetrentaine de chercheurs originaires de la région ont planché cette semaine sur la conception d’un modèle de développement durable adapté à ce contexte local, où le climat dicte de nouveaux modes de vie à des peuples aux traditions millénaires. Dans une étude publiée dans la revue Nature Climate Change, l’IRD et le secrétariat général de la CPS mettent en garde sur l’impact « considérable» du réchauffement global sur la sécurité alimentaire de ces îles. Les ressources en poissons, qui constituent la première source de protéines des habitants et un socle du développement, vont être particulièrement affectées. Environ 1 million de tonnes de thonidés sont pêchés chaque année en Océanie. A Kiribati, les droits de pêche représententjusqu’à40% des revenus nationaux tandis qu’aux îles Marshall,la pêcheet la transformation du poisson pèsent pour 25 % dans le produit intérieur brut. « L’élévation de la température des eaux de surface, plus importante à l’ouest du bassin océanique, va entraîner la migration des thons vers la Polynésie, à l’est », explique Johann Bell, un des auteurs de cet- u rctiq Etats-Unis Les frères Tsarnaev visaient aussi New York Nouméa Correspondante a re SARAJEVO. Le président serbe Tomislav Nikolic, qui avait suscité une vive émotion en juin 2012 en niant que le massacre de Srebrenica ait été un génocide, a pour la première fois demandé, jeudi 25 avril, que la Serbie soit pardonnée pour ce « crime horrible », tout en évitant d’employer le terme de « génocide ». – (Reuters.) Le réchauffement met à mal les ressources halieutiques et l’agriculture dont elles dépendent la i Serbie Le président Nikolic s’excuse pour Srebrenica Les petites îles du Pacifique se cherchent un nouveau modèle de développement po JÉRUSALEM. L’aviation israélienne a abattu un drone venant du Liban, jeudi 25 avril, vers 14 heures, à 8 kilomètres à l’ouest d’Haïfa. La marine a poursuivi ses recherches, vendredi, pour tenter de recueillir les débris de ce petit avion sans pilote détruit par un F-16 israélien, lesquels devraient permettre de savoir s’il s’agissait d’un drone armé ou muni de caméras d’observation. Le drone de fabrication iranienne abattu le 6octobre 2012 au-dessus du Néguev, que le Hezbollah avait reconnu avoir lancé, était muni de caméras. Cette fois-ci, la milice chiite libanaise a démenti les accusations israéliennes. « Il y aura une réaction israélienne; le Hezbollah sait qu’il ne faut pas nous provoquer», a déclaré Danny Danon, vice-ministre israélien de la défense. p Laurent Zecchini Samedi 27 avril 2013 RUSS I E Doudinka Québec Ilulissat Franz Joseph GROENLAND Saint Pierreet-Miquelon 1 000 km temps qu’une précédente expédition norvégienne n’en avait mis entre 1894 et 1896. Car la fonte des glaces de mer s’accélère au point de permettre, à l’avenir, l’ouverture de nouvelles routes maritimes, l’exploitation de nouvelles ressources – pêche, pétrole, gaz –, le développement du tourisme… Les océanographes et biologistes vont aborder les bouleversements en cours par le petit bout du microscope. Un litre d’eau de mer contient de 10 milliards à 100 milliards d’organismes vivants et Mourmansk Tromso Lorient Expédition « Tara » 19 mai 2013 6 décembre 2013 c’est cette biomasse qu’ils veulent connaître. D’une part, le plancton est essentiel dans l’écosystème marin, puisqu’il constitue la base de la chaîne alimentaire ; d’autre part, la biodiversité de ses organismes joue un rôle déterminant dans les grands cycles biogéochimiques de l’azote, du carbone et de l’oxygène notamment. Rappelons que la moitié de l’oxygène que l’on consomme sur terre provient des océans, tandis que le milieu marin est le premier puits de carbone de la planète. «Lephytoplanctonnourritlezooplanctonricheenlipidesconsommé par les morues, les baleines… C’est le premier service que l’Arctique rend à l’homme, résume Lars Stemmann, chercheur au laboratoire d’océanographie de Villefranchesur-Mer(CNRS,universitéParis-VI). Puis les détritus et les déjections partent nourrir les populationsdes profondeurs et séquestrent le carbone au fond des océans.» Fonte record de la banquise Mais comment le planton va-t-il réagir aux conséquences du changement climatique ? Durant l’été 2012, la banquise a fondu d’une façon phénoménale jamais observée par les scientifiques auparavant.Moinsétendues,beaucoup moins épaisses et plus promptes à fondre au printemps, les glaces de mer ont perdu les trois quarts de leur volume en deux à trois décennies, selon l’océanographe et physicien JeanClaude Gascard, directeur de recherche émérite au CNRS. Or c’est à la lisière de la banquise que se multiplie le phytoplancton, à l’abri sous la glace, avec une bonne exposition à la lumière. C’est dans cette zone frontière que Tara souhaite concentrer ses recherches. p Martine Valo france 8 0123 Samedi 27 avril 2013 François Hollande sous la pression de ses fidèles Les critiques sur l’austérité et l’Europe gagnent désormais le cœur de la majorité et de l’exécutif I l y a d’abord eu, début avril, les chevau-légers Montebourg, Duflot et Hamon, qui, chacun avec leurs mots, ontremis en question la politique d’austérité en Europe et invité le chef de l’Etat à infléchir son cap économique. « Il n’y a qu’une ligne politique au gouvernement», les avait aussitôt fait taire le premier ministre, JeanMarc Ayrault. Las : c’est désormais le général Bartolone, président de l’Assemblée nationale et troisième personnage de l’Etat, qui sonne la charge. Dans un entretien au Mondedatédu 26 avril,Claude Bartolone plaide pour « un nouveau temps du quinquennat » sur une ligneplus à gauche,etpousse François Hollande à une « confrontation » directe avec l’Allemagne en Europe, plus directe que la « tension amicale» théorisée par le chef de l’Etat le 28 mars sur France 2. Fragilisé par un contexte économique en alerte rouge – chômage en hausse inexorable, investissement en berne, consommation en baisse –, l’exécutif subit chaque jour davantage les récriminations d’une majorité en désaccord avec une politique économique jugée trop austère. Avec, en ligne de mire, le spectre d’une déroute aux municipales et aux européennes de 2014. « Le maximum de la débâcle, si elle a lieu, se produira aux européennes»,estime d’ailleursun ministre. Le doute avait déjà gagné le cœur de la « Hollandie». Il s’exprime désormais jusqu’au sein de la garde rapprochée du président. «Il faut que la gauche dise clairement qu’il y a une inclinaison face à unepolitiquequi menacede devenir récessive », explique François Rebsamen, patron des socialistes au Sénat et « hollandais » historique. « La crise oblige la gauche à changer de stratégie », ajoutait le 24 avril dans Les Echos le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, très proche du chef de l’Etat. Un autre ministre hollandais, fidèle de la première heure, résume : « Il faut éviter l’austérité en France car on n’en est pas loin. » Longtemps réservée à la seule aile gauche du PS, la critique de la rigueur s’étend à tous les étages de la maison socialiste. « Tout le monde est convaincu qu’il faut installer une autre voie en Europe et par conséquent en France », glisse un poids lourd du parti. Pour preuve, le texte que la direction du PS doit proposer vendredi 26 avril à sa commission des résolutions en vuede la préparation de la conven- M. Mélenchon dénonce la « duplicité » de M. Hollande «Une fois de plus, les socialistes refusent de choisir» « Je suis consterné et, comme beaucoup, blessé. » Jean-Luc Mélenchon n’a pas manqué l’occasion de critiquer François Hollande, jeudi soir 25 avril, dans l’émission « Des paroles et des actes » sur France 2, après l’opposition du gouvernement à l’amnistie syndicale. La proposition de loi, présentée par le Front de gauche, a été rejetée mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Le coprésident du Parti de gauche a répété que le chef de l’Etat lui avait fait cette promesse lors de leur première rencontre après l’élection présidentielle. « J’en donne ma parole d’honneur», a-t-il assuré avant de mettre en cause la sincérité de M. Hollande. « Quelle duplicité ! parce qu’il m’a promis les yeux dans les yeux qu’il ferait l’amnistie », a-t-il accusé. « J’en appelle à la conscience des parlementaires de gauche, ne trahissez pas votre famille, rompez les rangs, votez avec nous ! », a-t-il lancé. Jean-Marc Ayrault entouré de Pierre Moscovici et de Harlem Désir, lors du conseil national du Parti socialiste, le 13 avril, àParis. MARLENE AWAAD/IP3 tion sur l’Europe prévue le 16juin. Ce document d’une vingtaine de pages, que Le Monde s’est procuré, invite la gauche européenne à « s’indigner » contre « les recettes qui ont conduit au pire : le libreéchange commercial comme seul horizon des relations extérieures, l’austérité comme étalon à l’intérieur de nos frontières». Il désigne surtout un adversaire, la chancelière allemande, Angela Merkel, et fustige son « intransigeance égoïste qui ne songe à rien d’autre qu’à l’épargne des déposants outre-Rhin, à la balance commerciale enregistrée à Berlin et à son avenir électoral». « L’exécutif panique » Coordonné notamment par Jean-Christophe Cambadélis, viceprésident du Parti socialiste européen, mais surveillé de près par de nombreux ministres et par François Hollande, ce texte encourage à « se confronter politiquement à la droite allemande» pour gagner «la bataille de la réorientation». « L’exécutif panique. Il a tellement peur que le parti se fracture en deux sur la question européenne sous la pression des militants qu’il gauchiseses positions à l’extrême», décrypte un cadre PS. Pour l’instant,officiellement,le chefdel’Etat Entretien Gérard Grunberg, directeur de recherche du CNRS à Sciences Po Que pensez-vous de la position de M. Bartolone, qui plaide pour une « confrontation » avec l’Allemagne ? Comme on pouvait s’y attendre, les socialistes se positionnent en dépit de la réalité! Le but de M.Bartolone est d’en revenir, en France et en Europe, au clivage gauche-droite, et de plaider pour des réformes qui permettraient de ressouder la gauche jusqu’aux communistes. Mais cela impliquerait d’abandonner une grande partie du programme défendu par M.Hollande, fondé sur la politique de l’offre. Avec, en plus, une contradiction gigantesque: se réconcilier avec les entrepreneurs! Une fois de plus, les socialistes refusent de choisir entre les lignes politiques. M. Bartolone ne dit-il pas tout haut ce que les responsables de l’exécutif ne peuvent pas dire ? Mais quand il plaide la confrontation avec l’Allemagne, cela n’a aucun sens ! C’est grave. On ne peut à la fois vouloir se rapprocher de l’Espagne, de l’Italie, du Portugal et de la Grèce, des pays gérés par la droite ou par une coalition, et expliquer qu’on va faire un front de gauche contre les droites! Tous ces pays, y compris la France, ont signé le pacte de stabilité, aboutissant à un pouvoir de contrôle des institutions européennes. Si M. Bartolone pense qu’on peut régler les problèmes européens en faisant un front gauche-droite, il se trompe. Comment interprétez-vous cette pression de la majorité, bien au-delà de l’aile gauche du PS, sur François Hollande ? Par la panique. Le réflexe habituel dans ces cas-là, c’est de ressouder la gauche. Mais compte tenu de ce qu’est Jean-Luc Mélenchon, se fixer comme objectif de ressouder la gauche me paraît stupéfiant. Les auteurs de cette initiati- ve peuvent bien plaider qu’ils aident M.Hollande à installer un rapport de force avec l’Allemagne, il est douteux que cette manœuvre soit payante : elle installe le trouble sur la politique menée. Le chef de l’Etat n’est-il pas en train de perdre la main sur sa majorité ? N’ayant ni la volonté ni l’autorité pour imposer sa politique au parti et à la majorité, il est, de fait, en train de perdre la main. Il y a dans le parti et au groupe une volonté de contourner l’autorité du premier secrétaire, Harlem Désir, pour prendre la direction du parti. C’est une véritable offensive. Cela me paraît grave car les socialistes peuvent contraindre Hollande à un immobilisme absolu en matière de réformes. Pourra-t-il résister ? Il a probablement le dessein de rester fidèle à sa ligne. Il a pour lui les institutions de la Ve Républi- que. Mais vu la situation, on peut arriver à une crise politique grave. Il est affaibli. Et pour des raisons de popularité, de tempérament et désormais d’assise politique, je le vois difficilement renverser la table et imposer clairement sa ligne à son parti. Quelle correspondance historique peut-on trouver dans l’histoire de la gauche au pouvoir ? La période 1982-1983. L’époque où les partis de gouvernement voulaient sortir du système monétaire européen et où l’on parlait, déjà, d’Europe germano américaine ! L’idée dominante, c’était qu’on réglerait mieux nos problèmes tout seuls… Il a fallu un an pour que Mitterrand y mette fin avec le tournant de la rigueur. Mais lui avait de l’autorité sur le parti. p Propos recueillis par Françoise Fressoz et David Revault d’Allonnes refuse de dévier de son cap, au-delà du nécessaire desserrement de l’étau des 3 %. Et Matignon martèle que le « sérieux budgétaire » est la seule arme possible pour rester « crédible » vis-à-vis des partenaires européens, et le seul chemin pour « créer un rapport de forces » avec Berlin. « La réorientation de l’Europen’est pasterminée.Le président de la République, les ministres de l’économie et du budget sont à la manœuvre tous les jours, mais eux ne font pas des interviews au Monde », explique-t-on chez le premier ministre, piqué au vif par les déclarations de Claude Bartolone. Les ministres et le président de l’Assembléene feraient-ilsquedire tout haut ce que le président pense tout bas ? « Il ne s’agit pas de mettre en l’air la politique de sérieux budgétaire,maisil yaunbesoin,objectivement, de retrouver de l’oxygène, traduitle députéOlivier Faure,proche de M. Ayrault. Ce que dit Bartolone ne peut être dit par François Hollande ou le premier ministre, ce seraitunefaute.Maisuneautrefaute serait de ne pas construire de rapport de forces avec Merkel.» La poussée de fièvre des derniers jours témoigne du manque de marge au plan national comme européen, où « Angela Merkel est inflexible à cause des élections », résume un ministre, qui ne voit qu’une issue : « Il faut faire le gros dos, afficher notre ténacité en espérant que la fin de 2013 sera meilleure que le début. » Pas vraiment l’acte II du quinquennat que beaucoup réclament à grands cris. p Bastien Bonnefous et David Revault d’Allonnes 0123 politique Samedi 27 avril 2013 La CGT sermonne le chef de l’Etat et l’appelle à changer de cap AnneHidalgo: «Mon plan contrele dieselà Paris» La candidate PS à la Mairie de Paris promet des mesures contraignantes contre la pollution «Le Monde» dévoile la lettre ouverte adressée à M.Hollande par Thierry Lepaon Entretien I l n’est pas trop tard pour changer de cap. Tel est le sens de la démarche solennelle et inédite qu’entreprend Thierry Lepaon en adressant, vendredi 26 avril, une lettre ouverte à François Hollande. « Ce n’est pas une démarche hostile, pas du tout, a précisé au Monde le secrétaire général de la CGT qui, depuis son élection le 22 mars, a rendu une visite de courtoisie au chef de l’Etat. C’est une démarche de responsabilité.» « Il y a maintenant un an, écrit M. Lepaon, les Françaises et les Français vous élisaient président de la République. Ils affirmaient ainsi le besoin d’une rupture avec la politique économique et sociale menée précédemment. De ce besoin, vous en avez fait votre slogan: “Le changement,c’estmaintenant”. La CGT s’était clairement exprimée pour un changement de majorité dans l’intérêt des salariés. Or, nous sommes contraints de constater l’écart grandissant entre vos engagements et les actes. Le décalage est immense entre les attentes des salariés et les réponses politiques apportées. Pour les salariés, rien n’a changé positivement dans leur vie au travail et dans leurs conditions sociales. » M.Lepaon rappelleque lorsde la conférence sociale de juillet 2012, M. Hollande avait présenté une feuillede route.«Unefeuillederoute, en particulier en matière sociale, ne peut pas être continuellement remise en cause ou déchirée pendant le parcours», souligne le dirigeant de la CGT. Il demande que la prochaine conférence sociale, les 20 et 21 juin, porte sur « l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat,l’emploi,la politiqueindustrielle, les services publics, une protection sociale de haut niveau, les droits à la retraite ». Dans son texte, M. Lepaon revient sur la transcription dans la loi de l’accord sur l’emploi qui « divise les Français, les salariés, les organisations syndicales et les parlementaires, y compris ceux de la majorité.Comment dans ces conditions le texte de l’accord du 11 janvier pourrait-il devenir loi de la République ? » Critiquant le refus de l’amnistie syndicale, M. Lepaon P remière adjointe au maire deParis, chargéede l’urbanisme, Anne Hidalgo, qui veut succéder à Bertrand Delanoë, est la candidate socialiste aux élections municipales de 2014. La circulation a baissé à Paris, mais pas la pollution. N’est-ce pas l’échec de Bertrand Delanoë et le vôtre ? Thierry Lepaon, lors du 50e congrès de la CGT, à Toulouse le 22 mars. GABALDA REMY/AFP s’insurge: « Derrière la loi d’amnistiese joueaussila condamnationde la politique de votre prédécesseur dont la brutalité a contraint nombre de salariés à se mobiliser et à agir. Beaucoup ont voté pour vous et vous les rejetez. La poursuite de cetteattitudeseraitincompréhensible.» «Ma crainte, c’est que le FN mobilise plus que les syndicats de salariés le 1er-Mai» Thierry Lepaon secrétaire général de la CGT A la fin de cette lettre qui relève plus de l’avertissement que de la déclaration de guerre, M. Lepaon martèle: «Laruptureavec lespolitiques d’austérité et de rigueur budgétaire doit être à l’ordre du jour en France et en Europe. » « On pense que la situation est grave et qu’il faut que le président se ressaisisse, explique au Monde M. Lepaon. Je pense que s’il a bien conscience de cette situation, il doit prendre les décisions qui visent à faire en sorte que le cap soit changé. Il n’est pas trop tard pour bien faire. Le président est au pied du mur: ou c’est un changement de cap ou il renonce à la feuille de route, celle du changement». Avec la loi sur l’emploi, ditil, « une partie de la France va s’opposer à une autre partie de la France. Le rôle du président de la République, c’est de rassembler. C’est sa mission première. On ne sort pas d’une crise avec un pays divisé». Fustigeant « l’absence de stratégie industrielle » et réclamant un débat national pour savoir si « le travail est un coût ou une richesse», M. Lepaon souligne que « le problème n’est pas de dire au président “vous êtes comme le précédent”. Mais il est trop sensible aux arguments du Medef ». Sur le refus de l’amnistie, il évoque « une faute politique» – « on ne crache pas sur ceux qui vous ont fait élire » – et affirme : « On est plus doux avec les opposants au mariage pour tous qu’avec les syndicalistes ouvriers, la seule catégorie qui est toujours ciblée. » M. Lepaon espère retisser des liens avec la CFDT. « Notre syndicalisme n’a pas d’avenir si on n’avance pas de manière unitaire.» L’image du syndicalismefrançais, qui va défiler de façon divisée le 1er-Mai, « est triste à mourir ». « Ma crainte, ajoute-t-il, c’est que le Front national mobilise plus que les syndicats de salariés le 1er-Mai et ça, c’est terrible». La CGT et la CFDT manifesteront, dans la semaine du 7 au 14 juin, avec les syndicats européens sur le slogan « changer de cap contre les politiques d’austérité », et M. Lepaon se montre optimistesurlaprésentationà la conférence sociale d’un « tronc commun de propositions» avec la CFDT. M. Lepaon confirme son refus de manifester avec le Front de gauche le5 mai : « C’est un homme politique respectable qui a appelé à une manifestation politique. Dans ses repères revendicatifs, la CGT ne propose pas une VIe République. Et ce n’est pas une confédération qu’onsiffle etqui vient. » M. Hollande n’est pas le seul visé par le sermon du dirigeant cégétiste. p Michel Noblecourt Le lent démarragedes emploisd’aveniren banlieue L de 2 736 emplois d’avenir d’ici à la fin de l’année, seuls 140 contrats ont été signés sur les 14 missions locales présentes sur ce territoire. Ainsi, la mission locale de SaintDenis - Pierrefitte a conclu 17contrats. Idem pour celle regroupantPantin,Le Pré-Saint-Gervaiset Les Lilas. Celle d’Epinay – SaintOuen–Ile-Saint-Denis–Villetaneuse en a signé 16, tout comme le secteur Clichy-sous-Bois – Livry-Gargan – Montfermeil – Vaujours. Les municipalités ont aussi annoncé des recrutements : Saint-Denis a budgété 20 postes ; Clichy-sousBois, 6. Pantin et Aubervilliers en annoncent 50, mais sur deux ans… Et pourtant, contrairement à ce que laisse penser le ministère de la 3 224 600 Les chiffres du chômage de mars, publiés jeudi 25avril par le ministère du travail, confirment ce que l’on pressentait: le record du nombre de demandeurs d’emploi, qui datait de janvier1997, a été dépassé. 3224 600personnes sont inscrites en catégorie A (sans aucune activité), contre 3 195 500 début 1997. Si l’on inclut les demandeurs d’emploi ayant eu une activité réduite (catégories B et C), la France passe le cap des 5 millions d’inscrits à Pôle emploi (4,7millions sur la métropole). En comptant les DOM, le nombre de chômeurs en catégorie A a bondi de 38800 personnes. Sur un an, la hausse est de près de 350000 chômeurs (+11,1%), soit près de 1 000 demandeurs d’emplois supplémentaires par jour. p ville, les freins au recrutement ne sont pas à chercher dans le vivier des candidats. Dans le département, où les sorties sans diplôme du système scolaire sont plus fortes qu’ailleurs, les missions n’ont pasdemalàtrouverdesjeunesintéressés par ces contrats qui leur offrent un emploi durant trois ans avec une formation qualifiante. Frilosité « Nous avons beaucoup de jeunes non diplômés prêts à être recrutésmais manquonsd’employeurs», constate Caroline Machillot, directrice de la mission de Saint-Denis. Quandla mairiea annoncélerecrutement de ses emplois d’avenir, plus d’une centaine de jeunes ont postulé en dix jours, raconte-t-elle. «Nous avons prospecté les associations et les bailleurs mais ils demeurent frileux à s’engager pour trois ans», renchérit Jamal Saïdi, chargé de mission. Pour des structures associatives, souvent fragilisées après des années de subventions s’amenuisant,embauchern’estpasunepriorité. « Beaucoup d’associations n’ont pas les moyens d’embaucher»,expliqueRadiaManfouf,responsable de la mission de LivryGargan, qui raconte qu’un mail a étéenvoyéauxassociationsdubassin mais sans grand succès. Absolument pas. Paris a pris les mesures qu’il fallait depuis 2001 en matière d’écologie urbaine. Je citeraile tramway,l’accroissement de l’offre de bus et de métro, sans parler de Vélib’et d’Autolib’. Nous avons réussi à diminuer le trafic automobile de 25 %. Aujourd’hui, seuls7 %des déplacementsauquotidiendansParis se font en voiture. Dansle mêmetemps,lesgouvernements, et notamment ceux auxquels Mme Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, a participé, ont pris des mesures à contresens qui ont favorisé le développement du diesel. Si bien que, de 2000 à 2011, la part du diesel dans le parc automobile français est passée de 49% à 72 %. La question n’est donc pas de savoir si Paris a échoué. Si nous sommes à la veille d’un scandale de santé publique, c’est à cause de l’irresponsabilité des précédents gouvernements. Jean-Marie Le Guen, député de Paris et adjoint à la santé, propose d’interdire les voitures diesel dans Paris. Est-ce réaliste ? Hidalgo ouvre le dossier du travail dominical Anne Hidalgo envisage d’autoriser davantage de commerces à ouvrir le dimanche, dans la capitale. « Je suis prête à revoir la carte des zones touristiques à Paris, mais je veux que la condition soit celle du dialogue social », a-t-elle déclaré aux Echos-TV, mercredi 24 avril. Il existe actuellement sept zones touristiques à Paris dans lesquelles l’employeur n’est pas obligé de majorer le salaire horaire du dimanche, sauf accord de branche ou d’entreprise. Le PCF-PG et les écologistes sont contre. L’UMP et le Medef y sont favorables. Il a raison de rappeler l’enjeu, mais plutôt que l’interdiction, qui n’est pas techniquement réaliste, je propose des mesures incitatives. Aller vers la fin du diesel à Paris dans la mandature sera ma priorité, au même titre que le logement, si je suis élue maire. D’ici à trois ans, nous aurons réussi l’éradicationdu dieseldanslaflottedelaVille.Ilreste30%de véhiculesmunicipaux qui roulent au gasoil. Il faut que d’ici à deux ans, il n’y ait plus de bus de la RATP au diesel à Paris. J’interdirai les cars de tourisme au diesel dans la capitale. Il existe des solutionsutiliséesdansd’autresvilles comme les minibus électriques. Jeveuxtravailleravec laprofession des taxis pour transformer le parc existant en une flotte à moteur hybride, électrique. Une autre piste: pourquoi ne pas étudier la création de taxis collectifs? Pour fluidifier les accès routiers aux aéroports, je propose une voie réservée aux taxis et au covoiturage. Allez-vous continuer de réduire la circulation automobile ? Oui, par de nouveaux modes de transports alternatifs. Je prolongerai le tramway à l’ouest ainsi que la ligne 10 du métro jusqu’à Ivry-surSeine, à l’est. Je travaille à un plan vélo pour doubler les pistes cyclables.Nous devonssurtoutencourager la mutation du parc automobile privé vers la voiture électrique. Autolib’par son succès nous a permis d’enclencher cette révolution. Je propose que soit étudiée l’ouverture des couloirs de bus aux scootersetauxvoituresélectriqueslorsqu’elles sont en covoiturage. Jusqu’ici, le gouvernement n’a pas pris de mesures antidiesel. Que devrait-il faire ? Il pourrait créer une prime à la casse pour les voitures anciennes. Je suis favorable à un péage pour lescamionsà l’entréede l’agglomération parisienne. Beaucoup de poids lourds passent par la métropole et ne s’y arrêtent pas. Des réformes fiscales doivent être prises pour ramener le diesel au même prix que celui de l’essence. Le gouvernement doit faire le pari de la voiture électrique et s’engager vers la transition écologique. p Propos recueillis par Béatrice Jérôme PARIS «Nous ne sommes qu’à 17% de l’objectif», déclare le ministre délégué à la ville, François Lamy es emplois d’avenir ont du mal à rencontrer leur public en banlieue. On savait déjà les chiffres nationaux pas fameux, avec 10 000 contrats signés fin mars. Ceux avancés par le ministre délégué chargé de la ville, François Lamy, pour les quartiers populaires – pourtant prioritairement concernés par ce dispositif d’aide à l’emploi des jeunes peu qualifiés–, sontaussiàlatraîne:«Nousnesommes qu’à 17 % de l’objectif», admet le ministre. Quelque 30 % des emplois aidés devaient être créés dans les zones urbaines sensibles. Un tour des missions locales en Seine-Saint-Denis confirme ce retard à l’allumage. Alors que l’objectif assigné au département est 9 L’obligation d’un tutorat durant le contrat comme la nécessité de mettre en place un parcours de formation demeurent un frein majeur pour des petites structures qui ne connaissent souvent même pas leur organisme collecteur, remarquent les missions locales contactées.«Le côtéformationobligatoire leur fait peur. Il y a de la com’ à faire », remarque Coralie Chastaing, référente des contrats aidés à Epinay-sur-Seine. Quant aux collectivités locales, si elles sont nombreuses à ne pas avoir encore voté leur budget ; beaucoup expliquent qu’avec la rigueur budgétaire imposée par l’Etat, elles ne peuvent faire de miracle. « On a budgété 20contrats et cela représente le troisième effort en termes de budget de fonctionnement», remarque Patrick Vassallo, conseiller municipal délégué à l’emploi à Saint-Denis. Dans les missions locales, oninsiste sur le fait que ce dispositif – le premier qui s’adresse vraimentauxsansdiplôme– peutmarcher. « On y croit à ces contrats qui amènentàunequalification»,assure Ammessaade Azoug, directrice de la mission de Pantin. Mais, insistesoncollègued’Aubervilliers,JeanFrançois Eloidin, « il faut laisser du temps au dispositif de s’installer». p Sylvia Zappi 15e Conditions Foire dans nos magasins ! Du 27 avril au 12 mai, offres exceptionnelles dans nos trois espaces CANAPÉS, LITERIE, MOBILIER, 3 000 M2 D’ENVIES ! Steiner, Duvivier, Burov, Diva, Collins & Hayes, Stressless • André Renault, Bultex, Epéda, Simmons, Sealy, Stearns & Foster, Swiss confort, Swiss Line, Tempur, Tréca, Trump • Gautier www.topper.fr 7J/7 • M° BOUCICAUT • P. 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En Ile-de-France, cinq mois après le lancement par la ministre du logement, Cécile Duflot, d’une campagne de réquisition, 75 % des appartements ciblés ont été remis en location ou sont sur le point de l’être,sans queles pouvoirspublics aient eu besoin d’aller au bout de la procédure. Dès novembre 2012, les agents de l’Etat ont passé au crible les fichiers de l’administration fiscale pour repérer les logements appartenant à des personnes morales (entreprises, associations, institutions…) vacants depuis plus de dixhuit mois et ce dans quatre régions où le marché immobilier est particulièrement tendu (Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées). En Ile-de-France, là ou le programme est le plus avancé, sur les 90 000 logements sortis des fichiers vacants, après un premier examen, 70 000 ont été identifiés comme correspondant aux critères de la réquisition. Pour des raisons d’efficacité, les services de l’Etat n’ont retenu que les immeubles comportant entre 5 et 10logements vacants. « Les procédures de réquisition sont longues et complexes. Il n’est pas “rentable” de lancer le processus pour un seul logement isolé », explique-t-on à la préfecture d’Ile-de-France. En vertu de cette règle, les 70000logementsinitiauxontfondu comme neige au soleil. Seuls 7 500 appartements franciliens Deux procédures coexistent Une ordonnance de 1945 Elle stipule que tout local vide depuis plus de huit mois peut être visé par une réquisition. Sont concernés les locaux d’habitation puis, à partir de 1956, ceux à caractère commercial ou professionnel. Un article de la loi contre les exclusions de 1998 Il introduit un nouveau cadre législatif. Ne peuvent être réquisitionnés que des bâtiments appartenant à des « personnes morales » (Etat, organisme HLM, collectivité locale, association…) et vacants depuis plus de dix-huit mois. Ce délai vient d’être ramené à douze mois par Cécile Duflot. Des membres de l’association Droit au logement manifestent contre les expulsions à Paris, le 16 mars. BERTRAND LANGLOIS/AFP ont passé ce critère. Sur ce total, à la fin mars, 5 053 logements (366immeubles) ont reçu la visite d’agents de l’Etat assermentés par la préfecture. Objectif : vérifier la vacance et l’état des locaux. Le reste est en attente de traitement. A l’issue de cette première phase, sur les 5 053 logements identifiés, 228 apparaissaient dans les fichiers mais avaient été démolis entre-temps et 240 autres se sont révéléêtre desbureauxoudescommerces occupés. Ces erreurs s’expliquent en partie par le décalage entre la situation au regard des impôts – arrêtée au 1er janvier 2011 – et la réalité du terrain. En plus d’un an, certains biens ont changé de statut. Selon le pointage du ministère du logement, 75% du stock recevable, soit 3 784 logements, avait été ou allait être remis spontanément sur le marché. « Il y aura un suivi de ces bâtiments pour vérifier que cette intention est bien suivie d’effet, assure un membre du cabinet de CécileDuflot. Si ce n’est pas le cas, la procédure de réquisition reprendra son cours.» Aufinal,combienyaura-t-ilvrai- ment de bâtiments réquisitionnés ? Difficile d’obtenir un chiffre définitif. Pour l’instant, seuls 412 logements identifiés par ce travail de fourmi vont faire l’objet d’une intervention directe de l’Etat, intervention qui peut aller jusqu’à la réquisition. Sur ce total, 4 immeubles (30 logements) sont danslaphase ultimeavantle transfert de propriété, moyennant indemnité. Situés à Dourdan (Essonne),Nanteuil-lès-Meaux(Seine-et-Marne), Roissy-en-France (Val-d’Oise) et Saint-Maur-des-Fossés(Val-de-Marne),ils risquentfort defairepartiedespremiersréquisitionnés de l’ère Duflot. En région, le tri a aussi été très important. En Provence-AlpesCôte d’Azur, sur les 24 000 logements potentiellement vacants, 278 ont été retenus pour une visite, mais tous ne feront pas l’objet d’une intervention de l’Etat. En Midi-Pyrénées, sur les 912 immeublesrepérés,la moitiéétait enréalité en travaux ou occupée. Pour l’heure, seule une propriété privée de 15 logements dans le centre de Toulousefait l’objet d’unedécision de réquisition. ASaint-Maur,sixstudiosvides,unemenaceetunsoudainprojetdetravaux Reportage Le permis de travaux est bien visible sur le portail rouillé. Au premier plan, un bout de façade fraîchement repeinte et des menuiseries neuves tranchent avec l’état sauvage du jardin. Cet ensemble de maisonnettes, situé dans une petite rue calme d’un quartier résidentiel de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), est inscrit sur la « liste noire» qui recense les biens susceptibles d’être réquisitionnés en Ile-de-France. Mme D. (qui a requis l’anonymat) est l’un des agents assermentés de la direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (Drihl) chargés de vérifier la vacance des locaux dans le Val-de-Marne. En bonne enquêtrice, elle a d’abord fait un repérage des lieux pour vérifier l’inoccupation du site. « L’accès était complètement libre, le portail ne fermait pas, et il n’y avait alors aucun signe de travaux en cours», explique cette fonctionnaire, plus habituée jusqu’alors à mener des études et à gérer les relations avec les bailleurs sociaux qu’à traquer les propriétaires réfractaires à la location. Un rapide coup d’œil lui permet de repérer six studios inoccupés. Un premier courrier est adressé au propriétaire, un marchand de biens constitué en société civile immobilière. « Ce n’est pas toujours évident, il y a des gens injoignables, d’autres qui vous raccrochent au nez, plus rarement quelques insultes », témoigne Mme D.. A Saint-Maur-des-Fossés, après plusieurs appels et un peu de négociation, Mme D.arrive à organiser, en décembre2012, une visite du site en présence du propriétaire. « Il a justifié la vacance de son bien par le fait qu’il réfléchissait à un éventuel projet immobilier», se rappelle la fonctionnaire. Un argument souvent utilisé par les propriétaires qui espèrent gagner du temps et faire s’enliser la procédure. « La peur de la réquisition semble avoir en tout cas déclenché des travaux», ironise Jean-Martin Delorme, directeur de la Drihl. En spécialiste du logement, il se méfie de cet empressement soudain à rénover qui est souvent une astuce pour échapper à la loi. « Outils puissants » D’ici fin avril, le propriétaire de Saint-Maur devra préciser et justifier ce qu’il veut faire de son bien. Le préfet choisira de valider ou non ses arguments. Si la réquisition est prononcée, un attributai- re (Etat, collectivité locale, organismes HLM…) sera désigné pour faire l’intermédiaire entre le propriétaire et le futur locataire. La durée de la réquisition sera aussi fixée. Elle peut courir jusqu’à six ans, voire douze ans en cas de travaux. Pendant cette durée, le propriétaire est indemnisé sur la base d’un loyer au mètre carré inférieur à celui des HLM, autour de 5 euros pour les communes de l’agglomération parisienne. A la préfecture du Val-de-Marne, un bilan de l’opération sur le département est en cours. Sur les dix-huit immeubles (environ 200 logements) repérés lors d’une première opération, douze, après vérification, se sont révélés occupés, en travaux ou trop dégradés pour être retenus. Sur les six potentiellement réquisitionnables, seuls deux, dont celui situé à Saint-Maur, sont aujourd’hui réellement menacés par un arrêté de réquisition. Une autre liste de trente-quatreimmeubles (entre 300 et 350 logements) est en cours. Huit bâtiments semblent correspondre au cadre de la loi. Pour le préfet du Val-de-Marne, ThierryLeleu, ce type de campagne n’est pas inutile. « La menace de la réquisition ne va pas résoudre la crise du logement dans un département qui compte 65 000demandeurs de logements sociaux dont 7 500 déclarés comme prioritaires, analyse le représentant de l’Etat. Pour autant c’est un outil puissant qui oblige les propriétaires à se déterminer. Et au final, les deux tiers des locaux repérés vont rentrer spontanément ou sous la pression de l’Etat sur le marché », estime-t-il. p C. Ro. Au ministère du logement, on rappelle que « la réquisition n’est pas une formule magique, mais un moyenparmilapanopliedesdispositionslégalesquipermetderécupérer des logements. C’est aussi une façon de décourager les propriétaires tentés par la vacance.» De fait, symboliquement forte, la mesure est complexe et longue. De trois à cinq mois sont nécessaires entre le premier courrier adressé au propriétaire et l’arrêté de réquisition. Si le bâtiment nécessi- Pourdesraisons d’efficacité,lesservices del’Etatn’ontretenu quelesimmeubles comportant entre5et 10logements vacants teuneremiseenétat,lesdélaispeuvent s’allonger de plusieurs semaines avant l’arrivée de locataires. Cette lourdeur de la procédure est d’ailleurs pointée par l’association Droit au logement, qui milite pour que le gouvernement utilise l’ordonnance de 1945 sur les réquisitions, un texte, selon son président, Jean-Baptiste Eyraud, « plus facile à mettre en œuvre et donc plus efficace». Cette procédure avait été utilisée en 1995 par Jacques Chirac qui, en deux ans, avait réussi à réquisitionner plus de 1 000 logements dont 800 dans la capitale. En 2001, Marie-Noëlle Lienemann, alors secrétaire d’Etat au logement, avait elle aussi activé ce levier. Faute de temps et de moyens, elle n’avait remis sur le marché qu’une centaine de logements à Paris. Mme Duflot, même si elle n’a jamais affiché d’objectifs précis, espère faire mieux que ses prédécesseurs. Elle compte sur le durcissement de la législation et sur la mobilisation des biens de l’Etat, des mesures qui ont été actées dans sa loi du 18 janvier 2012. p Catherine Rollot La prime annuelle des professeurs des écoles en passe d’être créée par Vincent Peillon Le protocole que le ministre de l’éducation a commencé à présenter aux syndicats, jeudi 25avril, ne mentionne aucun montant L aprimeannuellepourles professeurs des écoles est en passe d’être créée. Le protocole que le cabinet du ministre de l’éducation, Vincent Peillon, a commencé à présenter aux syndicats jeudi 25avril propose « la création d’une indemnité au bénéfice des enseignants du premier degré». Selon nos informations, que le ministère se refuse à confirmer, la prime devrait s’élever à environ 400euros avec un premier versement en décembre et un second au printemps 2014. L’idée est de la doubler d’ici à la fin du quinquennat pour qu’elle ressemble à celle dont bénéficient aujourd’hui tous les enseignants de collège et de lycée. C’est la mesure phare du protocole que le ministre met à la signature des fédérations de l’éducation. Il y donne des orientations pour la répartition des 90 millions d’euros de mesures catégorielles du budget 2013 qui devraient être adoptées avant l’été. Chaque année, en effet, le budget de l’éducation nationale comporte une somme consacrée aux augmentations, dont une part est affectée automatiquement, compte tenu de l’ancienneté et de l’inflation, et l’autre est à répartir. L’enveloppe 2014 devrait être de 80 mil- lions d’euros, celle de 2015, de 70 millions. Les orientations du protocole valent pour les trois années. En fait, le ministère de l’éducation dispose de l’enveloppe 2013 depuis plusieurs mois, sans avoir eu le droit d’y toucher. Craignant que cette prime aux enseignants soit perçue comme un cadeau supplémentaire fait à un ministère déjà bien traité, Matignon comme Bercy ont préféré attendre. Le protocole présenté aux syndicats ne mentionne aucun montant. En revanche s’en dégagent des prioritéset unesprit, celuides contreparties. M. Peillon profite de ce docu- ment de quatre pages pour poser les premières pierres du débat sur le métier d’enseignant qu’il va ouvrir à la rentrée et préciser d’oreset déjàquela primeaux maîtres est octroyée pour assurer «l’évaluation pédagogique des élèves, la concertation en équipe pour mettreen place les projets éducatifs territoriaux, l’accueil des handicapés et le dialogue avec les familles». Petite contrepartie Cette mesure veut aussi apporter unedéclinaisonconcrèteaufait que l’école primaire est la priorité, mais on ne peut s’empêcher de la lire comme une petite contrepar- tieà la demi-journéedetravailsupplémentairequeM.Peillondemande aux maîtres à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires. S’ajoutera d’ailleurs pour eux la possibilité de passer plus facilement à l’échelon hors classe, le plus haut de la profession. A l’heure actuelle, ils sont quatre fois moins nombreux que les certifiés à y terminer leur carrière. Le protocole prévoit deux autres bénéficiaires prioritaires: la médecinescolaire(médecins,infirmiers, assistant sociaux) et les personnelslesmoinsbienpayés.Ilrappelle que la refonte des grilles de la catégorieC est en cours mais que le ministre souhaite aller au-delà. Comme il voudrait que la situation des enseignants précaires « fasse l’objet d’un travail approfondi» et queceux-cibénéficientd’une«harmonisationdes pratiquesacadémiques ». De même, si les syndicats signent, les parcours antérieurs à l’enseignementserontmieuxvalorisés dans les carrières, des mesures favoriseront la mobilité entre l’encadrement et l’enseignement. Il s’agit d’en finir avec des carrières entières entre les murs d’une classe, mais aussi d’autoriser un proviseur à reprendre quelques heures de cours. p Maryline Baumard 0123 société Samedi 27 avril 2013 LaCorsefrappéeparuntroisièmeassassinat d’unepersonnalitépubliqueensixmois Maire de Letia et président de l’influent parc naturel régional de Corse, Jean-Luc Chiappini a été tué par balles par deux hommes à scooter, jeudi 25avril, près d’Ajaccio Bastia Correspondant C ’est le troisième notable assassiné en Corse en six mois. Jean-Luc Chiappini, 65 ans, président du parc naturel régional de Corse (PNRC) et maire de Letia (Corse-du-Sud) a été tué par balles, jeudi 25 avril à la mi-journée, alors qu’il circulait à bord de sa C5 noire sur la route qui le menait de l’aéroport NapoléonBonaparte, à Ajaccio, où son avion en provenancede Parisvenait d’atterrir. Ce fut une véritable « scène de film», selon un policier de la direction régionale de la police judiciaire corse. « Les tueurs circulaient à scooter, ils ont tiré une première fois sur la voiture dans le rondpoint qui permet de rejoindre la nationale,puis encore à deux reprises après que le véhicule de la victime a percuté le rebord de la route avant de franchir les grilles de l’Institut consulaire de formation», un organisme dépendant de la chambre de commerce et d’industrie de la Corse-du-Sud, aux alentours duquel de nombreux étudiants en stage se retrouvaient à cette heure de la journée. Pour l’instant,selon une formule habituelle en Corse, les enquêteurs indiquent qu’« aucune piste n’est privilégiée », tout en soulignant que le mode opératoire d’assassins « extrêmement déterminés et dotés d’un grand sang-froid » signait un « travail de professionnels ou de gens aguerris ». Depuis les assassinats de l’ancien bâtonnier Antoine Sollacaro, le 15 octobre 2012, et de Jacques Nacer, président de la chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio un mois plus tard, M. Chiappiniest la troisième personnalité publique à tomber sous les balles de tueurs et le dixième homicide recensé en Corse depuis le début de l’année. Au total, dix élus ont été assassinéssur l’île depuis 1990. Sans être une personnalité politique de premier plan – en 2004 et 2010,il avaitéchouéà être éluà l’assemblée de Corse, où il avait siégé avec les Radicaux de gauche de La police scientifique sur les lieux de l’assassinat de Jean-Luc Chiappini, jeudi 25 avril. PASCAL POCHARD/AFP 1984 à 1986 –, Jean-Luc Chiappini restait malgré tout un homme de poids en raison de ses fonctions de président du parc naturel régional de Corse depuis 1995, un organismequi rassemble145 des 360communes que compte la Corse et couvre par sa superficie quelque 40 % du territoire de l’île. Il était également maire, constamment réélu depuis 1977, du petit village de Letia. Son assassinat est-il lié à ses fonctions politiques ou aux éclats d’une personnalité que certains proches, sous le couvert de l’anonymat, décrivent comme « vive » ? « La méthode employée par ses assassins donne plutôt à penser à un contraten bonne et due forme», analyse une source judiciaire au palais de justice d’Ajaccio. Le même rappelle « le climat persistant de pressions sur les élus investis de charges décisionnaires en matière de subventions » – l’une des attributions du parc naturel régional de Corse. Dans un récent rapport, la chambre régionale des comptes soulignait la bonne gestion globale du parc, mais notait cependant leshabituellesirrégularitésconstatéesen Corse pource type d’établissementpublic: frais dereprésentation exponentiels « sans aucune explications» et clientélisme bon teint. «La méthode employée donne plutôt à penser à un contrat en bonne et due forme», analyse une source judiciaire Ainsi, le rapport notait que pas moins de onze agents du parc étaient affectés à Letia, le village dont M. Chiappini était le maire, alors que la commune ne disposaitd’aucuneimplantationspécifique liée aux fonctions du PNRC. M. Chiappini avait par ailleurs été condamné en 2010 pour recrutement abusif par le tribunal correctionnel d’Ajaccio. Jeudi 25avril, à l’annoncede l’assassinatde l’élu, les conseillers territoriaux de l’assemblée de Corse ont immédiatement ajourné leurs travaux, consacrés à l’adoption d’une délibération visant à reconnaître la co-officialité de la langue corse et ont décidé à l’unanimité de s’abstenir de tout commentaire public « par respect » pour la famille et les proches de M. Chiappini. Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a condamné « ce lâche assassinat» et a promis dans un communiqué que « tous les moyens seront mis en œuvre pour interpeller les auteurs et les déférer devant la justice », évoquant « l’engagement total de l’Etat, dans la durée, pour lutter contre toutes les formes de violence dont la Corse et ses habitants sont victimes ». Pratiquement mot pour mot, les mêmes paroles avaient été prononcées lors d’une visite expresse en Corse, il y a cinq mois. C’était au lendemain de l’assassinat de Jacques Nacer. p Antoine Albertini C «Une activité qui représente 1% du chiffre d’affaires d’Havas et 99% de ses emmerdes» Stéphane Fouks Patron de Havas Worldwide Gilles Finchelstein, du débat télévisé de M. Cahuzac, encore ministre du budget, avec Jean-Luc Mélenchon,le7janvier.«Avraidire,ilexpirait fin mars, et nous avons décidé de ne pas le renouveler », préfère expliquer M. Fouks. Autre motif non avoué : mettre fin aux soupçons nés de l’existence d’un même contrat global qui a alimenté les rumeurs sur la protection dont aurait pu jouir M. Cahuzac de la part du ministre de l’économie, Pierre Moscovici. Il faut dire qu’après Dominique Strauss-Kahn, dont Euro RSCG avait peaufiné la « précampagne» début 2011, avant le scandale du Sofitel, c’est la deuxième fois, qu’un « pote » de Stéphane Fouks chute avec fracas. Et la deuxième fois que le patron de l’agence de communication assure ne pas avoir connu la face cachée de ses clients. Avec cette décision, c’est l’une des spécificités d’Havas qui prend fin. Si, comme Havas, Publicis a « placé » plusieurs des siens à la communication de divers ministères, l’agence de Maurice Lévy ne se livrait pas à ces activités de conseil rémunéré dont son rival Fouks a fait sa marque de fabrique. La trace, chez cet ancien rocardien, de son goût pour la politique, acquis il y a trente ans avec ses inséparables complices, le criminologue Alain Bauer et surtout Manuel Valls. M. Fouks continuera d’ailleurs de conseiller gracieusement le ministre de l’intérieur: un rôle de « visiteur du soir » de la Place Beauvau qu’il assume parfaitement. L a cour d’appel de Paris a débouté, jeudi 25avril, le président de Guinée-Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema, de ses poursuites en diffamation contre le Comité catholique contre la faim (CCFD-Terre solidaire). Le rapport de cette ONG, en 2009, « Biens mal acquis, à qui profite le crime ? », dénonçait les agissements de plusieurs dictateurs africains, parmi lesquels M. Obiang et sa famille. Ceux-ci étaient, entre autres, accusés d’avoir blanchi au début des années 2000 « environ 26,5 millions de dollars en achats immobiliers, via un compte au Banco Santander de Madrid ». « Intimidation judiciaire » Le président équato-guinéen, 70 ans, au pouvoir depuis trentequatre ans, débouté en première instance, avait été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à payer 2 500 euros de dommages et intérêts pour plainte abusive à chacun des quatre membres du CCFD. Cette disposition n’a pas été retenue par la cour d’appel, sans qu’il soit possible d’affirmer si ce rejet est dû ou non à une hypothétique immunité attachée au statut de chef d’Etat – c’est ce que soutenait l’avocat du président africain, Me Olivier Metzner, décédé le 17 mars. L’intégralité de la décision sera connue dans une quinzaine de jours. Me Antonin Lévy, qui a remplacé Me Metzner avec son confrère Nicolas Huc-Morel, assure ignorer pour l’instant si son client souhaite se pourvoir en cassation. Mais l’avocat du CCFD, Me Henri Leclerc, se félicite déjà que M.Obiang n’ait pas eu gain de cause, jeudi: « Le seul chef d’Etat qui ait osé faire un procès, malgré les éléments qu’apportait le CCFD, l’a perdu en première instance et en appel. Cela fait avancer l’ensemble du dossier», juge-t-il. Dans le cadre de l’affaire dite « des biens mal acquis », deux autres chefs d’Etat sont visés par une plainte déposée en 2008 par l’ONG Transparency International France, Denis Sassou Nguesso, président du Congo-Brazzaville, et Omar Bongo, le défunt président gabonais. « La justice française reconnaît aujourd’hui la réalité de ce régime», se réjouit Antoine Dulin, l’un des coauteurs du rapport du CCFD, tandis que l’ONG souhaite que cette décision « très claire, dissuade définitivement» le plaignant de recourir à « l’intimidation judiciaire». M. Obiang continue pourtant de faire travailler ses avocats: deux autres procédures de diffamation sont en cours, pour des articles publiés par Le Parisien et Paris Match. p Béatrice Gurrey Justice L’avocat de Stéphane Richard écrit à la Cour des comptes après les informations révélées par « Le Monde » Dans un courrier adressé, jeudi 25 avril, à Didier Migaud, président de la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF) de la Cour des comptes, Me Jean-Etienne Giamarchi, conseil du PDG de France Télécom, Stéphane Richard, s’étonne que « des magistrats de la Cour des comptes aient pu d’ores et déjà “prendre la décision”, comme l’affirme le journal Le Monde, de lui signifier “une mise en cause formelle pour octroi d’un avantage injustifié” [Le Monde du 26 avril] ». M. Richard, qui va être entendu dans le cadre de l’affaire Lagarde-Tapie, est en effet susceptible d’être formellement « mis en cause » par la CDBF. « S’ils ont quelque chose à dire, ils auraient été mieux inspirés de le réserver à mon client, puisque celui-ci sera entendu, sauf à ce que soit ainsi démontrée l’existence de préjugés avant même que M. Stéphane Richard ait été invité a s’exprimer », poursuit l’avocat. Condamnation de la France pour les conditions de détention dans l’ancienne prison de Nancy La Cour européenne des droits de l’homme a condamné, jeudi 25 avril, la France à verser 10 000 euros à un détenu, Enzo Canali, en raison des conditions « dégradantes» de sa détention dans la maison d’arrêt de Nancy, aujourd’hui fermée. Les juges ont pour la première fois évoqué la surpopulation comme élément du traitement dégradant. – (AFP.) « Mur des cons » : Christiane Taubira saisit le CSM Faits divers Fusillade meurtrière à Istres L’agence de lobbying Havas Worldwide, qui était en contrat avec Bercy, veut rétablir son image entier. « Il faut s’interroger sur les conditions d’exercice d’une activité qui représente 1 % du chiffre d’affaires d’Havas Worldwide et 99 % de ses emmerdes», reconnaît Stéphane Fouks, dont l’agence est aujourd’hui numéro un du conseil aux entreprises en France. Le contrat de conseil politique qui avait été signé avec Bercy allait de l’harmonisation de la parole des ministres à la préparation, avec Biensmalacquis:leprésident équato-guinéendébouté La garde des sceaux, Christiane Taubira, a saisi jeudi 25 avril le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avis, après la tempête politique provoquée par la découverte d’un « mur des cons » dans les locaux du Syndicat de la magistrature. – (AFP.) Aprèsl’affaireCahuzac,StéphaneFouksmet fin à sonactivitéde conseilpolitiqueà des ministres ’enestfiniduconseilrémunéré d’Havas Worldwide (exEuro RSCG) aux politiques. Le vice-président du groupe Havas, Yannick Bolloré, a décidé de cesser de signer des contrats avec les ministres en exercice. « Une décision conjointe», assure le patron de Havas Worldwide, Stéphane Fouks, au Monde. Une conséquence directe, en tout cas, de l’« aveu», par l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac – qui était lié par contrat avecl’agencedelobbying–del’existence de ce compte en Suisse. « Peut-être faut-il que nous options pour moins de personnalisation. » Après cette déflagration politique, le président du conseil d’administration d’Havas, Vincent Bolloré, le père de Yannick, s’était épanché auprès de quelques proches. Stéphane Fouks, de son côté, avait très mal vécu les attaques dontilavaitété« injustement»l’objet,estime-t-il,danslapresse.Ebranlé, celui qui avait personnellement conseillé Jérôme Cahuzac (ce dernier l’avait averti trois jours avant François Hollande qu’il allait « dire lavéritéauxjuges»)afiniparconvenir que cette « hypervisibilité» pouvait avoir effectivement des effets négatifs sur l’image du groupe tout 11 C’est d’ailleurs M. Valls qui, le 23 avril, a remis les insignes d’officier de la légion d’honneur à la coprésidente d’Havas Worldwide, Mercedes Erra. Manuel Valls a célébréses« originescatalanescommunes » avec l’alter ego de StéphaneFouks devant près de cinq cents personnesréuniesàlaCiténationale de l’histoire de l’immigration. Au milieu de grands patrons du CAC40 et de publicitaires, la ministreYaminaBenguiguietlacandidate UMP à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet – dont un de ses communicants vient d’Havas Worldwide. Quant à Jérôme Cahuzac, c’est Anne Hommel, désormais à la tête sa propre agence de communication, Majorelle, qui veille sur son image,comme elle le fait pour DSK, Anne Sinclair, la patronne du Huffington Post, ou encore Mathieu Pigasse, l’un des trois actionnaires du Monde. «La vérité n’est pas mon sujet », lâche-t-elle dans Le Nouvel Observateur du 25 avril : cette ancienne d’EuroRSCG ne rechigne pas à prononcer des mots que son ex-complice, Stéphane Fouks se refuse d’employer. p Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin Un jeune homme de 19 ans armé d’une kalachnikov a tué trois passants dans un quartier résidentiel d’Istres (Bouches-du-Rhône), jeudi 25 avril. Interpellé, il a livré le nom d’un homme de 24 ans qui, selon lui, s’apprêtait à commettre le même acte, et qui a été arrêté à Paris le soir même. Le jeune homme, qui souffre de problèmes psychologiques selon des sources proches de l’enquête, aurait acheté une kalachnikov démilitarisée sur Internet et l’aurait ensuite remise en état de marche. – (AFP.) Paris 1er : 19 Rue des Halles - tél. : 01 42 33 41 57 - paris.home-contemporain.fr Paris 6 ème : 27 rue Mazarine - tél. : 01 43 25 55 00 - paris.home-contemporain.fr Lille : 18 rue de Pas - tél. : 03 20 30 08 92 - lille.home-contemporain.fr économie 12 0123 Samedi 27 avril 2013 J CAC 40 3 820,1 PTS – 0,5 % |j DOW JONES 14 700 PTS + 0,2 % |J EURO-DOLLAR 1,3025 |j PÉTROLE 102,9 $ LE BARIL |k TAUX FRANÇAIS À 10 ANS 1,76 % | 26/04-9H30 Berlin craint une politique monétaire trop laxiste Selon Angela Merkel, l’Allemagne aurait besoin d’une hausse des taux de la BCE, et non d’une baisse M ais quelle mouche a donc piqué Angela Merkel ? La chancelière allemande s’estlivrée, jeudi 25 avril, à un commentaire pour le moins inhabitueldans uneAllemagne où l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE) fait figure de vache sacrée. Alors que la déprime économique s’amplifie en zone euro, les marchés tablent sur une baisse des taux dès la prochaine réunion de l’autorité monétaire, le 2 mai. Espoir alimenté par les déclarations de certains banquiers centraux, à commencer par le patron de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann. Mais Mme Merkel pense un peu différemment. « Actuellement, pour ce qui concerne l’Allemagne, [laBCE] devrait probablementaugmenter un peu ses taux », a-t-elle estimé. Tout en concédant que l’institution de Francfort se trouve dans une « situation très compliquée » : « Pour d’autres pays elle aurait en fait besoin d’agir un peu plus (…)pour s’assurerque les entreprises ont accès au financement », a-t-elle ajouté lors d’un colloque sur le secteur bancaire. A Berlin, tant au ministère de l’économie qu’aux finances, on veut relativiser des propos « banals ». Pourtant, la chancelière ne se permet jamais d’émettre un avis sur la politique monétaire et n’apprécie guère quand d’autres capitales, à commencer par Paris, tentent d’influencer les décisions de la BCE. « C’est une grosse nouveauté », insiste Johannes Gareis, économiste à Francfort de Natixis. La remarque est d’autant plus surprenante que l’Allemagne n’est pas épargnée par le coup de froid qui saisit la zone euro. Certes, le gouvernement vient de relever légèrement sa prévision de croissance (de 0,4 % à 0,5 %) pour 2013. Certes, le taux de chômage y est historiquement bas (6,8 % attendus cette année). Mais les derniers indicateurs révèlent une dégradation du climat des affaires. Dans les entreprises, les carnets de commande se dégarnissent et l’investissement fléchit. Il n’empêche. A cent cinquante joursduscrutinquiremetsonman- Zone euro Allemagne a Déficit public 2012 en % du PIB 0,2 – 3,7 a Dette publique 2012, en % du PIB 90,6 81,9 a Evolution annuelle du PIB au 4e trim. 2012 0,4 – 0,9 Taux de chômage en février 2013 12 % Taux annuel d’inflation en mars 2013 1,7 % 1,8 % 5,4 % La chancelière Angela Merkel à l’assemblée annuelle de la Fédération des caisses d’épargnes allemandes, à Dresde, le 25 avril. FABRIZIO BENSCH/REUTERS dat en jeu, Mme Merkel envoie un message destiné à son opinion publique. L’Allemagne ne veut pas sembler encourager les velléités de relance budgétaire et monétaire qui se font jour en Europe. Sa déclaration intervient trois jours après une passe d’armes entre Berlin et le président de la Commission européenne. Pour avoir déclaré que la politique de rigueur en zone euro avait « atteint ses limites », José Manuel Barroso s’est fait tancer par plusieurs membres du gouvernement, dont Guido Westerwelle, ministre des affaires étrangères. Face à une situation européenne de plus en plus inextricable, Berlin doit jouer sur deux tableaux. Dans les faits, Mme Mer- Fauteuils & Canapés Club Haut de Gamme 25e anniversaire 25% et + sur tous les fauteuils club. Ex. : fauteuil Memory cuir London 1 400 € = 890 € Offre valable jusqu’au 18 Mai L’indémodable fauteuil CLUB, plus de 80 ans et toujours plus de succès ! Cuir mouton ciré, patiné, vieilli, suspension et ressorts. Plus de 30 modèles en exposition. 80, rue Claude-Bernard - 75005 PARIS Tél. : 01.45.35.08.69 www.decoractuel.com kel et son entourage insistent moins sur le strict respect des critères de Maastricht que sur la nécessité d’entreprendre des réformes structurelles. Jeudi, le ministre des finances Wolfgang Schäuble a paru donner son blanc-seing à la France : celleci, a-t-il affirmé à la radio allemande Deutschlandfunk, devrait bénéficier d’une certaine flexibilité budgétaire si elle poursuit ses réformes. Mais, alors qu’un parti antieuro vient de voir le jour en Allemagne, « Angela Merkel voit bien qu’il y a de plus en plus de lassitude et d’inquiétude au sein de la population», décrit Gilles Moëc, économiste à la Deutsche Bank. La politique monétaire très généreuse de la BCE n’est pas pour rien dans le malaise qui agite les Allemands. Les épargnants s’agacent des effets néfastes de taux très bas sur leurs économies. Et certains experts commencent à pointer le risque d’une bulle immobilière avec des prix qui augmentent à toute vitesse dans les plus grandes villes allemandes. Asymétrie entre Nord et Sud Jörg Asmussen, membre allemand du directoire de la BCE, a semblé accréditer ces craintes. Il a reconnu, jeudi dans un discours prononcé à Londres et diffusé par la BCE, que « des baisses de taux assoupliraient encore plus des conditions de financement déjà extrêmement lâches dans les éco- nomies du cœur de la zone euro », donc essentiellement en Allemagne. Au risque de conduire à terme à des « déséquilibres ». Tandis que les répercussions d’un tel geste sur les pays fragiles du sud de l’Europe seraient « limitées», a-t-il estimé. Les marchés anticipent que le principal taux directeur de la BCE, aujourd’huifixé à 0,75%,soit diminué d’un quart de point, à 0,50 %. Un plus bas historique. Mais tous les analystes le savent et le soulignent: une baisse du loyer de l’argent ne permettra pas de faire repartir le crédit aux PME dans les économies dites périphériques. Outreledébatquioccupelesdirigeantseuropéenssurle bondosage entre austérité et relance, Mme Merkel et M. Asmussenmettent ainsi le SOURCE : EUROSTAT doigt sur une interrogation cruciale : comment concevoir le pilotage économique d’une zone euro de plus en plus asymétrique, entre un Nord plutôt en forme et un Sud qui s’enfonce dans la crise ? Les statistiques du chômage ont révélé, jeudi, que 27,2 % de la population active en Espagne est sans emploi.La Francea aussi enregistré un pic historique, avec 3,2millions de chômeurs en mars. L’Allemagne, de son côté, prévoit une nouvelle embellie de son marché du travail: selon les prévisions de Berlin, le taux de chômage devrait tomber en 2014 à 6,6 % de la population active. p Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) et Marie de Vergès La politiqued’austéritéde M.Cameronsuscitede fortes critiques,alorsquel’économiebritanniquestagne Le Royaume-Uni échappe à la récession, mais, sur dix-huit mois, la croissance du pays est nulle Londres Correspondance L e gouvernementbritannique peut pousser un soupir de soulagement.Le produitintérieur brut (PIB) du Royaume-Uni aaugmentéde 0,3% au premiertrimestre, selon les statistiques publiées jeudi 25 avril. C’est une bonnesurprise. La plupart des économistes attendaient plutôt une « progression» de 0,1 %. Après un quatrième trimestre 2012 négatif, cela permet au pays d’échapper à la récession, ce qui l’aurait fait plonger dans un infamant triple dip – une troisième période de recul de la croissance depuis la crise financière de 2008. George Osborne, le chancelier de l’Echiquier, y voit « un signe encourageant que l’économie est en trainde cicatriser».Il évitepourtant tout triomphalisme. Car le Royaume-Uni reste en proie à une grave crise. Sur dix-huit mois, la croissance est nulle. Et la richesse nationale produite est 2,6 % plus basse que son pic de début 2008. Aucune des récessions précédentes, au XXe siècle, n’avait duré aussi longtemps. Même pendant la crise de 1929, l’économie britan- nique avait retrouvé son niveau initial après quatre ans. Et il n’y a aucunsigne d’un prochaindécollage: la plupart des économistesprédisent une croissance inférieure à 1 % pour 2013. Si bien que les débats sont vifs sur la stratégie du gouvernement: la cure d’austérité lancée il y a trois ans a-t-elle asphyxié l’économie ? Pour l’opposition, c’est une évidence. « Nous n’aurons pas de retour à la croissance tant que M. Osborne ne sortira pas la tête du sable, pour comprendre que son plan ne marche pas », estime Ed Balls, le chancelier de l’Echiquier « fantôme» du Parti travailliste. D’autre voix, moins prévisibles, font entendre la même opinion : sur une vingtaine d’économistes, qui avaient signé, avant les élections de 2010, une lettre appelant à l’austérité, une moitié a désormais publiquement changé d’avis. Même le Fonds monétaire international fait savoir ses doutes. Sa directrice, Christine Lagarde, a récemment estimé qu’il faudrait réduire l’austérité si la croissance faiblissait trop. Leurs arguments sont simples : la croissance n’est pas au rendezvous et le déficit n’a guère reculé. Il reste autour de 6 % du PIB, stable d’une année sur l’autre. C’est plus que celui de la Grèce ou du Portugal. Et la dette devrait dépasser 100% du PIB d’ici à deux ans. Du coup, le triple A britannique n’est plus qu’un souvenir. Moody’s a été la première agence à retirer cette note en février. Fitch a fait de même le 19avril, ajoutant que le déficit ne devrait pas passer sous les 6 % jusqu’en 2015. C’est deux fois plus que la limite maximale imposée par l’Union européenne: si cela n’a pas de conséquencepour le pays, qui n’est pas dans la zone euro, cela met en lumière l’ampleur du problème. Un déficit public abyssal Le débat est d’autant plus virulent que Londres n’a aucune pression internationale pour continuer sa politique. « Contrairement aux pays périphériques de la zone euro, nous n’étions pas forcés de faire cela. Le Royaume-Uni s’est lancé (…) dans une expérience économique majeure, pour voir si une politique antikeynésienne pouvait restaurer la croissance », écrit sur son blog John van Reenen, de la London School of Economics. Pour lui, trois ans après, il n’y a pas de doute : « Cette grande expérience a échoué. » Il s’inquiète en particulier de la baisse du budget d’investissementdu gouvernement,qui a chuté de 40 %. « C’est précisément le genre de dépenses qui ont un effet multiplicateur important. » Il appelle à un grand plan pour construire« routes, logements,écoles, hôpitaux et autres projets de transport et d’énergie». Pourtant, même les opposants de l’austérité reconnaissent que la marge de manœuvre est faible, tant le déficit est abyssal. Les travaillistes souhaitent une réduction des coupes budgétaires, pas une hausse des dépenses. Et politiquement, les Britanniques continuent à leur faire moins confiance, sur l’économie, qu’aux conservateurs au pouvoir. Il n’y a donc presque aucune chance pour que Londres change de stratégie. « Peut-être que l’histoire prouvera que M. Osborne avait raison, écrit John van Reenen. (…) Mais les dommages causés, avec 62millions de citoyens aux revenus en baisse, 2,5 millions de chômeurs et une jeune génération blessée sont un prix énorme à payer.» p Eric Albert A PARTIR DU 29 AVRIL, UN NOUVEAU CAHIER ÉCONOMIE&ENTREPRISE AVEC VOTRE QUOTIDIEN LeMonde.fr/economie 14 0123 économie Samedi 27 avril 2013 M.Hollande prêt à «lever tous les freins» aux investissements chinois en France En visite à Pékin, le chef de l’Etat a souhaité jeter les bases d’une coopération globale avec la Chine, qui doit passer, aussi, par une plus grande ouverture du marché intérieur aux sociétés françaises Pékin Envoyés spéciaux P our ne pas décevoir, mieux vaut ne pas mettre la barre trop haut. Retenant les leçons des quinquennats précédents, l’entourage du président de la République, François Hollande, s’était bien gardé d’entretenir de trop fortes illusions sur les « gros contrats » susceptibles d’être signés à l’occasion de la visite du chef de l’Etat en Chine, jeudi 25 et vendredi 26 avril. De fait, la moissonauraétéplutôtmodeste,enparticulier pour les deux gros secteurs quesontle nucléaireet l’aéronautique, sur lesquels les Chinois sont d’âpres négociateurs. La visite de M. Hollande a aussi été l’occasion d’insister sur une double volonté française: élargir le champdelacoopérationenChineà de nouveaux secteurs et accueillir en France plus d’investissements chinois créateurs d’emplois. Dans le nucléaire, Areva a signé aveclegroupeCNNCunelettred’intention pour doter la Chine d’une usine de traitement et de recyclage des déchets usés. « Ce n’est qu’une étape, mais une étape importante », souligne toutefois un proche du dossier. Quant à l’accord tripartite, passé par ailleurs entre Areva, EDF et CGNPC, il ouvre la voie à des « études communes en vue d’un nouveau réacteur de troisième génération [EPR] franco-chinois». Mais, en dehors des deux réacteurs EPRencoursdeconstructionàTaishan, Pékin n’a toujours pas commandé de nouvelles tranches. M. Hollande s’est néanmoins félicité d’avoir jeté les bases d’une coopération globale, « de la mine jusqu’à la sûreté en passant par les réacteurs et le retraitement». Concernantl’aéronautique,l’accord signé, jeudi, entre Airbus et CASGCn’est toutefoisquela validation d’un programme d’achat de quarante-deuxA320 et de dix-huit A330, dont les contrats avaient déjà été signés – et leur acquisition gelée à la suite de l’imposition de la taxe carbone par l’Europe. Certains s’attendaient à une bonne surprise au sujet de l’A380. Ils ont dû déchanter. Une partie des A320 doit être assemblée dans l’usine chinoise de Tianjin. «Nous devons faire en sorte qu’il puisse y avoir un bon partage des technologies et des conséquences de ces contrats sur l’emploi en Chineeten France», a dit M.Hollande, évoquant, de manière elliptique, le bras de fer avec les Chinois, qui souhaitent attirer davantage de ces technologies et assembler plus d’Airbus sur leur territoire – seul l’A320 l’est pour l’instant. Soucieux de ne pas être jugé à la seule aune de ces « gros contrats », à la signature desquels il a assisté debout, au côté de son homologue chinois, Xi Jinping, dans une salle d’apparat du Palais du peuple de Pékin, le président de la République a insisté sur la nécessité de diversifier le partenariat commercial entre la France et la Chine. Outre les « piliers de l’aéronautique et du nucléaire », M. Hollande veut une « sortie par le haut », en « augmentant le volume de nos échanges et de nos investissements, Les échanges avec l’empire du Milieu représentent 40% du déficit du commerce extérieur français et non pas en les réduisant, ce qui serait la pire des attitudes ». Il s’agit d’accroître les investissements français en Chine en les élargissant à de nouveaux secteurs et, inversement, d’accueillir davantage d’investissements chinois en France. M. Hollande a promis à ses hôtes, en échange de l’ouverture du marché chinois, de lever « tous les obstacles, tous les freins » aux investissements chinois en France, à la condition qu’ils «contribuent à lacréationd’emploisetà l’activité». Le chef de l’Etat avait tenu un discours similaire sur les nouveaux champs de coopération lors de sa visite en Inde, mi-février : il avait mis en avant l’intérêt de la France à davantage miser sur ses entreprises de taille moyenne, comme le fait l’Allemagne, en particulier dans les secteurs où ses atouts rencontrent les besoins des économies émergentes. C’est le cas pour la Chine dans l’agroalimentaire,la santé, le développement urbain et les énergies nouvelles, autant de secteurs ciblés lors du forum économique qui a rassemblé responsablesfrançais et chinois jeudi après-midi au Palais du peuple de Pékin. La coopérative laitière française Sodiaal par exemple va fournir, sur dix ans, du lait entier à l’unité de production créée en Bretagne par le chinois Synutra. La réforme de la santé publique engagée par Pékin crée aussi des opportunités pour un laboratoire comme bioMérieux dans le domaine du diagnostic : «Jamais je n’aurais pensé il y a cinq ou six ans que la Chine générerait un marché plus important que la France. Or, d’ici à deux ans, elle sera, après les Etats-Unis, le second marché de bioMérieux», indique Alain Mérieux, le fondateur de la société. Alors que M. Hollande a insisté sur le désir français de résorber son déficit commercial avec Pékin François Hollande et Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine, jeudi 25 avril, à Pékin. MARK RALSTON/REUTERS – il « n’est pas acceptable » que les échanges avec la Chine accusent chaque année « 26 milliards d’euros de déficit », soit 40 % du déficit global du commerce extérieur français, a-t-il dit –, les Chinois ont réitéré leur position : « Lorsqu’on est pieds et poings liés, on ne peut pas marcher à grand pas », a déclaré Xi Jinping à la clôture du forum économique, déplorant que l’Union européenne impose des restrictions à l’exportation de certaines hautes technologies à destination de la Chine. Avec Pékin, la voie du donnant-donnant est semée d’embûches. p Brice Pedroletti et Thomas Wieder avec Harold Thibault L’activitéde PPRdansle luxeaccuseun net coupde frein Lessyndicatsdu Printemps Le pôle sport du groupe français affiche un recul des ventes. Sa filiale Puma est à la peine vontsaisirla justice surla cessiondu groupe C ela ressemble à une douche froide: la croissance dans le luxe commence à ralentir sérieusement et les performances stratosphériques du secteur en Chinese dégonflentcommeun ballon de baudruche. Le groupe PPR, qui prendra le nom de Kering en juin, ne fait pas exception et a publié, jeudi 25 avril, un chiffre d’affaires pour le premier trimestre en hausse de 1 %, à 2,36 milliards d’euros (+3,1 % à périmètreet taux dechangecomparable), alors que les analystes de Dow Jones Newswire tablaient sur une augmentation de 5,1 %. La principale locomotive du groupe, le luxe (Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent) n’aug- CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX Que recouvre la notion d’âme selon les différences croyances religieuses et les philosophies ? L’âme peut-elle être séparée du corps et lui survivre ? Que nous dit la science contemporaine de la conscience humaine ? Un dossier de 30 pages pour explorer la question mystérieuse de l’esprit humain. Réorganisation du Saint-Siège, dialogue interreligieux et évangélisation dans le monde : enquête sur les grands défis du pape François. mente « que » de 4,5 %, à 1,52 milliard d’euros, tandis que le pôle sport et mode de vie (Puma, Volcom) recule de 4,9 %, à 842 millions. Le directeur financier, JeanMarc Duplaix, a indiqué qu’il ne s’attendait pas à un rebond de la consommation en Chine, où la croissance du pôle luxe ne devrait pas excéder 10 %. PourGucci,l’attraitpourles produits de maroquinerie, notamment les sacs à mains, qui ne sont pas siglés par un logo, s’accélère dansce pays.Signeque lesconsommateurs veulent des produits plus sophistiqués, plus exclusifs – plus chers aussi – qu’ils ne retrouveront pas portés par des millions de personnes. Dans le monde entier, la croissance de la marque phare du groupe PPR, Gucci, a été divisée par trois par rapport au premier trimestre de 2012, à + 4 % (à périmètre et taux de change comparables). Les analystes attendaient + 6%, après 8,2 % au quatrième trimestre 2012. Le coup de frein est aussi marqué chez Bottega Veneta, où la croissance des ventes a été rabotée à 8,8 %. Affectée par un ralentissement du tourisme japonais à Hawaï, cette marque est bien la seule, au sein de PPR, à conserver une hausse de ses ventes de plus de 20 % en Chine. Au niveau mondial, Yves Saint Laurent, relancé par le styliste Hedi Slimane, affiche une hausse de 18,7 % des ventes. Pourseconsoler,François-Henri Pinault, le PDG de PPR, peut se dire que Gucci publie des résultats un peu meilleurs que ceux de son concurrent Louis Vuitton, dont la croissance au premier trimestre (+ 3 %) est tombée à son plus bas niveau depuis trois ans. Mais Hermès, Richemont ou Burberry’s affichent toujours une très belle résilience à la moindre demande en Chine et au ralentissement économique en Europe de l’Ouest. L’autre pilier de PPR, l’activité sports et mode de vie, n’est pas – loin s’en faut – dans une forme olympique. Affecté, selon PPR, par « un contexte économique difficile dans l’habillement et les articles de sport en Europe de l’Ouest », Puma, qui était censé, au moment où il avait rejoint PPR, générer des flots d’or et profiter de l’engouement mondial pour les activités sportives, tarde à trouver sa voie. Cette filiale affiche un recul de ses ventes de 2,3 % à périmètre et taux de change comparables. Son nouveau directeur général, Björn Gulden, qui a occupé pendant près de vingt ans plusieurs postes de direction au sein d’Adidas, chez Helly Hansen et chez Deichma (chaussures et articles de sport) arrivera le 1er juillet. Selon JeanFrançois Palus, directeur général délégué de PPR, les résultats d’un récent audit de Puma devraient l’aider dans ses choix. Puma a poursuivi la mise en œuvre de son plan de transforma- La croissance de la marque phare du groupe, Gucci, a été divisée par trois par rapport au premier trimestre 2012 tion, ce qui a mené à la fermeture de 45 magasins non rentables, essentiellement situés en Europe, au cours du premier trimestre. Depuis des mois, PPR se recentre sur les activités plus rentables que la distribution. Le groupe a cédé, au premier trimestre, Cyrillus, Vertbaudet et les activités de Redcats aux Etats-Unis et dans les pays nordiques. Il a aussi annoncé la prochaine mise en Bourse de la Fnac, approuvée par l’Autorité des marchés financiers. Mais, même s’il poursuit ses emplettes dans le luxe, avec la griffe Christopher Kane et le joaillier italien Pomeletto, le groupe présidé par François-Henri Pinault n’a pas convaincu le marché boursier. Le titre PPR a subi, vendredi 26avril à la Bourse de Paris, la plus forte baisse (– 5,9% à 167,95 euros). p Nicole Vulser Ils déplorent le manque d’informations sur la vente du grand magasin à des qataris L es salariés du Printempss’apprêtentà saisir la justice. Réunis, jeudi 25 avril, pour un comité central d’entreprise (CCE) concernantla cession de leur groupe, ils ont estimé « ne pas être en mesure de rendre un avis » sur cette opération, a déclaré au Monde, Bernard Demarcq, secrétaire général de l’UGICT-CGT. L’identité des investisseurs qataris devant acheter les 70 % de l’entreprise détenus par le fonds Rreef (filiale immobilière de la Deutsche Bank), ainsi que les 30 % restants, propriété de Borletti Group, n’a en effet pas été révélée aux représentants syndicaux, selon M.Demarcq. Elle aurait cependant été communiquée aux experts conseils du CCE. Mais ceux-ci auraient respecté la clause de confidentialité qui les lie. Ce que dément Françoise Laconi, déléguée CFE-CGC. « On joue sur les mots. Le nom du repreneur nousa étécommuniquéoralement.» Impact sur l’emploi Selon Philippe Bellanger de la CFDT, cité par l’AFP, il s’agirait de l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa Al-Thani, comme l’avait indiqué récemment le site Mediapart. Officiellement, l’acquisitionserait le fait d’une société luxembourgeoise Divine Investment SA (Disa) regroupant des investisseurs qataris, avait également révélé le site. Plus grave pour les représentants des salariés – qui disent aussi être indifférentsà l’originegéographique de leur repreneur – « les montages financiers, l’impact de l’endettement sur les frais financiers, l’impact sur l’emploi, et le business plan » n’ont pas non plus été transmis. Ils estiment que le projet de transformation du grand magasin du boulevard Haussmann, révélé par Mediapart, provoquerait la suppression de 226 postes, sans compter les emplois indirects. La direction « ne confirme, ni n’infirme ce plan » a-t-il été déclaré lors du CCE. La promesse selon laquelle les salariés obtiendraient une augmentation salariale de 2,7 %, plus une augmentation de 0,3 % en juillet, « si la cession de l’entreprise se passait bien » ne les a pas fait fléchir. Les syndicats ont refusé à l’unanimité de donner leur avis sur le projet pour lequel ils étaient consultés, estimant n’avoir pas toutes les informations en main. Ils souhaitent que l’accord de cession intègre des éléments concernant la gestion des seniors et garantisse le maintien des emplois salariés d’ici à 2020. Les représentants du personnel vont saisir la justice, et ont mandaté la secrétaire du CCE « pour les représenter et obtenir la suspension et/ou l’annulation de la procédure de consultation sur les éventuelles conséquences pour la société du projet d’acquisition […] Ainsi que [pour obtenir] la suspension duprojet de cession devant le Tribunal de grande instance, afin, également, d’agir devant toutes les juridictions pénales pour tous délits pouvantêtre préjudiciablesà l’intérêt collectif des salariés du Printemps». Cette décision a été votée par 14 voix sur 16, les deux représentants de la CFE-CGC s’étant abstenus. Le président du CCE, Sylvain Morel, également directeur des ressources humaines du Printemps, se serait engagé, selon les syndicats, à ce qu’il n’y ait aucun plan social collectif pendant un an.Sollicitée par Le Monde, la direction n’a pas répondu. p Annie Kahn 0123 Pertes & profits | chronique Par Stéphane Lauer Une autre galaxie Samsung M ême en terme de marketing, l’élève s’est hissé à la hauteur du maître. Vendredi 26avril, jour du lancement de son nouveau smartphone vedette, le Galaxy S4, le groupe sud-coréen Samsung a annoncé le plus gros bénéfice trimestriel de son histoire. Apple n’a plus, à l’évidence, le monopole du buzz savamment orchestré. Samsung gagne actuellement, en moyenne, 55 millions d’euros par jour. Même si la société dégage encore une marge opérationnelle deux fois moins élevée que celle d’Apple, on ne peut qu’être frappé par le croisement des trajectoires des deux géants. Le groupe américain fait l’objet de doutes grandissants sur sa capacité à poursuivre sa croissance quand celle de Samsung semble inexorable. Sur les trois premiers mois de 2013, le groupe sud-coréen a vendu deux fois plus de smartphones qu’Apple. Et il croît neuf fois plus vite que le groupe américain, selon le cabinet d’études Strategy Analytics. Désormais, en termes de part de marché, les deux fabricants ne boxent plus dans la même catégorie: celle de Samsung atteint presque le double de celle d’Apple. Quand l’un gagne plus de trois points de parts de marché, l’autre en perd plus d’un. Pas mal pour Samsung à la veille d’un lancement majeur comme celui du Galaxy S4. Même si les ventes de l’iPhone continuent à croître, l’écart devrait se creuser avec le nouvel appareil du sud-coréen. Au premier trimestre, Samsung a écoulé 70 millions de smartphones. Certains analystes jugent que la barre des 80 millions pourrait être dépassée au deuxième trimestre. Au premier trimestre, Samsung a vendu deux fois plus de smartphones qu’Apple Côté profits, ils s’attendent aussi à un nouveau record avec un bénéfice opérationnel supérieur à presque 7milliards d’euros. La concurrence doit se dire que, décidément, Samsung vient d’une autre Galaxie. Sa recette: une gamme plus complète que celle d’Apple, un positionnement prix inférieur et une forte maîtrise de la chaîne de production, des composants au produit fini. Seul le logiciel, Android de Google, lui échappe. Mais il ne faudrait pas faire avec Samsung la même erreur que certains ont fait avec Apple: les arbres ne montent pas au ciel. Même si le Galaxy S4 s’apprête à être le premier contributeur aux résultats du conglomérat sudcoréen, l’histoire n’est toutefois pas terminée. D’ici la fin de l’année, les concurrents de Samsung vont lancer une avalanche de Smartphones bas de gamme et moyenne gamme. Très vite, les marges du géant sud-coréen pourraient se retrouver sous pression. Apple n’a pas non plus le monopole du statut de star déchue. p Retrouvez Pertes & profits sur le Net : lauer.blog.lemonde.fr L’affaire d’espionnage des salariés et des clients d’Ikea rebondit à Avignon Deux cadres du magasin de Vedène (Vaucluse) devaient être présentés au juge d’instruction U ne nouvelle étape vient d’être franchie dans l’enquête sur l’espionnage de salariés et de clients d’Ikea France. Deux hommes devaient être conduits, vendredi 26 avril, au tribunal de grande instance de Versailles, devant Alain Gallaire, le juged’instructionchargéde ce dossier. Il s’agit de l’ancien directeur du magasin Ikea de Vedène (Vaucluse), près d’Avignon, et du responsable de la sécurité de l’établissement. Tous deux avaient été placés en garde à vue, mardi, puis incarcérés à la maison d’arrêt du Pontet, dans la banlieue d’Avignon, en attendant d’être transférés. Un mandat d’amener avait été délivré à leur encontre. Ils pourraient être mis en examen par le magistrat instructeur. Mardi, plusieurs policiers du SRPJ de Versailles s’étaient rendus dans le Vaucluse pour perquisitionner le magasin de Vedène et auditionner six personnes. Outre les deux hommes déjà évoqués, uncommandantde police, responsable du service départemental de l’information générale (ex-Renseignements généraux), et son ex-secrétaire ont été entendus par les enquêteurs, selon le quotidien régional La Provence. Sollicités par Le Monde, le parquet de Versailles, le SRPJ et le ministère de l’intérieur n’ont fait aucun commentaire sur cette information. Le commandant de police et son ancienne collaboratrice ont recouvré leur liberté sans que l’on sache si des charges ont été retenues à leur encontre. Le directeur Fin de l’alliancestratégiqueentre Danoneet le japonaisYakult Danone et le japonais Yakult ont annoncé, vendredi 26 avril, la fin de leur alliance stratégique nouée en 2004. Celle-ci prévoyait que Danone, déjà premier actionnaire avec 20% du capital de Yakult, puisse monter jusqu’à 35 %. Or, le groupe français souhaiterait bien se renforcer dans le japonais. Il est vrai que l’entreprise nippone est un spécialiste mondial des probiotiques, ces ferments actifs pour la santé que l’on retrouve dans Actimel, et des boissons à base de lait fermenté. Mais le japonais a, pour l’heure, défendu son indépendance. Les négociations sur l’augmentation de la participation de Danone au capital de Yakult ont échoué. Danone a précisé qu’un accord de coopération s’est substitué à l’alliance stratégique. « Cet accord ne prévoit pas d’engagement ou de limitation de participation actionnariale pour Danone», a précisé le groupe français dans un communiqué. p Laurence Girard + 14 % Finance C’est la hausse des bonus des traders octroyés par BNP Paribas en 2012 par rapport à l’année précédente, selon Le Figaro du vendredi 26 avril. La banque a versé au total 559 millions d’euros à 3 252 opérateurs (171894 euros en moyenne par individu). Aéronautique L’Etat vend 2,1 % du capital d’EADS L’Etat a mis en Bourse, vendredi 26 avril, 2,1 % du groupe d’aéronautique et de défense EADS, dont il détient 15 % du capital. Une cession évaluée à près de 710 millions d’euros. Selon la nouvelle gouvernance du groupe, la France et l’Allemagne ne devront plus détenir respectivement que 12% du capital d’EADS. – (Reuters.) High-tech Laurent Solly à la tête de Facebook France Le groupe Facebook a annoncé, jeudi 25 avril, la nomination à la tête de Facebook France de Laurent Solly, qui occupait jusqu’à présent le poste de directeur général de la régie publicitaire de TF1. Il avait été, en 2007, le directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. L’équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent a annoncé, vendredi 26 avril, une perte nette de 353 millions d’euros au premier trimestre, incluant 122 millions de charges de restructuration, contre un bénéfice de 398 millions un an plus tôt. Le chiffre d’affaires s’élève à 3,23 milliards d’euros, en hausse de 0,6 %. – (AFP.) Hôtellerie Accor : les salariés dénoncent un « coup d’Etat » Des représentantes des salariés d’Accor ont dénoncé, jeudi 25 avril, un « coup d’Etat » de deux actionnaires (les fonds Colony et Eurazeo) détenteur de 21,42 % du capital, à propos de l’éviction du PDG Denis Hennequin, lors de l’assemblée générale du groupe. Elles ont appelé « le gouvernement à prendre des participations dans le capital d’Accor ». Pétrole Fort recul du bénéfice de Total au premier trimestre Le groupe Total a annoncé, vendredi 26 avril, une chute de 58 % de son résultat net (part du groupe) au premier trimestre, à 1,53 milliard d’euros, en raison d’une lourde charge annoncée fin mars liée à la cession d’un projet dans les sables bitumineux canadiens. Le bénéfice net ajusté, indicateur le plus suivi dans le secteur, a reculé de 7 %, à 2,86 milliards d’euros. – (AFP.) A Vedène, la direction est accusée d’avoir contrôlé les antécédants judiciaires des salariés. MAXPPP/LE DAUPHINÉ du magasin de Vedène a aussi été questionné par les enquêteurs, tout comme le responsable du département client et marketing, Stéphane Cattier. Informations « sensibles » Délégué syndical central CFTC, ce dernier indique avoir remis aux policiers une clé USB qui recèle des informations « sensibles » en rapport avec l’enquête. Elles lui avaientétécommuniquées,dit-il,il y a quelques années, par un salarié d’Ikea qui travaillait dans le département sécurité au siège social de l’enseigne, dans les Yvelines. Visé par une procédure de licenciement, cet homme avait été accompagné par M. Cattier, notamment lors d’entretiens avec la hiérarchie. M. Cattier affirme que son syndicat, au niveau local, va se constituer partie civile dans le dossier. Délégué syndical CFDT, Gilbert Kimbembe déclare qu’une plainte sera déposée par son organisation. M. Cattier est persuadé que tout le personnel du magasin de Vedène a été victime du système, mis en place par la direction, qui consistaità vérifier,en toute illégalité,les éventuelsantécédentsjudiciaires des personnes recrutées. Ces pratiques, assure-t-il, prévalaient à l’époque où Ikea France était dirigé par Jean-Louis Baillot (1996-fin 2009). Et elles ont, selon lui, été maintenues par la suite. Des accusations similaires ont déjà été lancées par Jean-François Paris, l’ancien responsable du département sécurité de l’enseigne, mis en examen dans cette affaire, en janvier. M. Baillot les a réfutées (Le Monde du 30 octobre 2012). La direction d’Ikea, elle, s’en tient au même discours depuis le début: pas de commentaire sur la procédure pénale en cours. p Ces offres seraient loin de se valoir. Un exemple : alors que le fonds d’investissement luxembourgeois Cube, actionnaire de la Saur à hauteur de 12 %, s’engage à injecter 250 millions d’euros de nouveaux capitaux, dont 195 millions dès la signature d’un accord, le groupe Séché Environnement, qui détient 33 % du capital de l’entreprise, mobiliserait 115 à 140millions, dont 65 millions provenant de la cession du pôle loisirs de la Saur, peut-on lire dans un document interne. L’offre du fonds Impala, géré par l’homme d’affaires Jacques Veyrat, évoque un apport de 200millions d’euros, mais dont la moitié serait amenée sous forme de prêts bancaires. Un comble quand on sait que la Saur meurt d’une dette trop élevée! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la dernière offre, présentée par le pool des banques créancières, emmené par BNP Paribas, Royal Bank of Scotland et BPCE, effraie une partie des salariés : les 200millions d’euros qu’il projette d’injecter proviennent uniquement de « lignes de prêts ». Guerre de lobbying « Sur le papier, l’offre de Cube est la mieux-disante, estime un proche des négociations. Mais elle est loin d’avoir gagné, car c’est celle qui demande le plus d’efforts aux créanciers de la Saur. Or, rien ne pourra se faire sans leur accord. » De fait, le projet soumis par Cube évoque une dette ramenée à 807 millions d’euros. Ce qui impliquerait que les banques acceptent Conjoncture Au Japon, la politique monétaire très souple ne parvient pas encore à endiguer la déflation Les prix à la consommation au Japon, hors produits périssables, ont reculé de 0,5 % en mars sur un an a annoncé, vendredi 26 avril, le ministère des affaires intérieures. – (AFP.) PARIS 15e SINCE 1923 Bertrand Bissuel Une mission de conciliation a jusqu’à fin juin pour restructurer la dette du distributeur d’eau A Agroalimentaire Mauvais premier trimestre pour Alcatel Lesquatreoffresde reprisede la Saur passéesaucrible près des mois d’incertitude, les négociations autour de la reprise de la Saur sont entrées dans leur dernière ligne droite. Début avril, quatre « offres fermes » ont été déposées auprès de la mandataire Hélène Bourbouloux, qui a été chargéed’une conciliationeta jusqu’à finjuinpour restructurer les 2 milliards d’euros de dette du numéro trois français de la distribution d’eau, et lui trouver de nouveaux actionnaires. Mardi 23 et jeudi 25 avril, ces offres ont été présentées aux syndicats de l’entreprise, qui se plaignaient d’être exclus des négociations. « Nous voulons une solution industrielle de long terme et nous ne laisseronspas la Saur être saucissonnée », assure Didier Deloffre, délégué Force ouvrière (FO) au comité central de l’entreprise. 15 économie Samedi 27 avril 2013 de tirer un trait sur près de 1,2 milliard de créances ! Moins exigeant, Séché envisagerait de reprendre la Sauravecunedettede969 millions d’euros et Impala de 982 millions. De leur côté, les banques créancières seraient prêtes à convertir 350millions de cette dette en fonds propres. En attendant la préconisation de Mme Bourbouloux, dans les prochaines semaines, les repreneurs se livrent une intense guerre de lobbying.Propriétairede 38 % de la Saur, via le Fonds stratégique d’investissement (FSI), l’Etat serait très courtisé.Le pool de banques créancières s’est offert les services de Jean Peyrelevade, l’ex-patron du Crédit lyonnais, pour plaider sa cause. « Et il est très actif », assure un familier de Bercy. p Cédric Pietralunga PRIX D’OUVERTURE ! Chaises, consoles et tables extensibles, canapés et fauteuils... notre collection Calligaris est en vente exclusivement au Calligaris store Calligaris Store : 37 rue du Commerce Paris 15e 01 45 75 29 98, 7j/7, M° Av. Emile Zola © Et toujours nos trois espaces : Canapés : 63 rue de la Convention, 01 45 77 80 40 Literie : 66 rue de la Convention, 01 40 59 02 10 Mobilier Gautier : 147 rue St-Charles, angle 58 rue de la Convention, 01 45 75 02 81 7j/7 • M° Boucicaut • P. gratuit • www.topper.fr A Paris depuis 1926 16 0123 décryptages ANALYSES Samedi 27 avril 2013 La crise d’identité de l’OTAN C ’est untroubleprofond,peut-êtrele prélude à une véritable crise existentielle. Il résulted’une questionà laquellesontparfois confrontées les organisations : « Mais à quoi servons-nous vraiment ? » Et cette question, on commence à se la poser au siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), à Bruxelles. De réunions ministérielles sans agenda en sommets sans décision, l’organisation vivote, secherche,tente de« redéfinir » ceciou derelancer cela. En réalité, la fin de sa mission afghane en 2014 – avec, à la clé, les incertitudes sur la suite– conjuguéeàunecrise économiqueet budgétaire sans précédent, qui mine ses membres européens, la plonge dans le désarroi. Et ce ne sont pas les commentaires, feutrés ou explicites, des responsables américains sur ce que l’International Herald Tribune du 12 avril appelait lerisquede«manquedepertinencemilitaire collective» des Européensqui va redonnerle moral au secrétaire général Anders Fogh Rasmussen et à ses adjoints… Signe supplémentaire des difficultésactuelles: unsommetdes chefsd’Etatet degouvernementdel’Alliancea été annulé,fautede certitudesur la présencedeBarackObama. Depuis 2010-2011, les Européens ont presque tous raboté leurs budgets militaires, cibles évidemment assez faciles. Les opinions publiques sont moins sensibles à ces mesures qu’à d’autres, qui les touchent plus directement. Au total, le continent consacre aujourd’hui 15 % de moins qu’en 2001 à sa défense. Ni la France ni la Grande-Bretagne n’atteignent plus la norme OTAN de 2 % du produit intérieur brut consacré au domaine militaire. L’effort français devrait avoisiner 1 % en 2025. Et si l’Allemagne dispose désormais, pour ce qui est de l’armement conventionnel, d’un budget comparable à celui dela France,elle hésitetoujoursà franchirle pas qui l’amènerait à un autre statut que celui de puissance économique. A l’OTAN, les Européens n’assument plus qu’un tiers, bientôt un quart, des dépenses, alors qu’ils supportaient la moitié de celles-ci il y a dix ans. Des nations, petites ou moyennes, Analyse Jean-Pierre Stroobants Service International sont tout simplementhors jeu, incapables d’apporter à l’organisation des moyens militaires pertinents. Difficile dès lors de continuer à fonctionner, surle longterme,commeun ensembleprésumé uni et consensuel. A fortiori si, comme lors de la guerre en Libye, des divergences politiques se fontjour:huitmembresont prispartàlaguerre, mais l’Allemagne, la Pologne et la Turquie étaient absentes. Et l’OTAN, attirée un peu contre son gré dans l’aventure, ne s’est pas privée de mettre en évidence les lacunes et les L’organisation vivote et se cherche. La fin de sa mission afghane en 2014, conjuguée à une crise économique sans précédent en Europe, la plonge dans le désarroi défaillancesde l’opération. Qui, c’est vrai, furent nombreuses: ravitailleurs en vol, moyens pour le renseignement ou techniques de suppression des défenses antiaériennes ennemies furent insuffisants. Les soldats danois ont manqué de munitions; l’abstention de Berlin a, un temps, paralysé la flotte des avions de surveillance Awacs gérée par la Bundeswehr… Absente au Mali, où on ne lui a d’ailleurs rien demandé même si elle se targue d’être aussi une forceantiterroriste; assez heureuse que son rôle dansleconflitsyrienselimiteàdéployerdesmissiles en Turquie et à faire de la planification « au cas où » ; disposant depuis 2002 d’une Force de réaction rapide qui n’a jamais été déployée, l’OTAN se cherchait une raison d’être. Et un moyen de calmer ses tensions internes. Elle Politique | chronique par Françoise Fressoz croyait l’avoir trouvé avec la smart defence. Une « défense intelligente» à base de mutualisation et de partage des dépenses, avec une meilleure coordination des investissements et l’espoir d’économies d’échelle bénéfiques à l’ensemble. Les contributeurs importants de l’Alliance, aujourd’hui contraints financièrement, pourraient ainsi accepter de continuer à payer pour ceux qui bénéficient des moyens communs tout en contribuant très peu. Et Washington, en proie au doute sur la volonté réelle des Européens de s’assumer davantage, mais aussi sur leur utilité véritable dans la solution de conflits au Moyen-Orient ou en Asie à l’avenir, verrait peut-être d’un bon œil l’aspect économique du projet: développer les coopérations et les financements communs pourrait signifier vendre davantage de matériel américain et imposer à tous la norme « made in USA». Aujourd’hui, des projets concrets de coopération sont lancés. Combien aboutiront? Difficile àdire,comptetenudeleur ampleur,des difficultés financières durables des Européens et du peu d’entrain de certains d’entre eux. Sans évoquer la concurrenceavec les initiativesde la toujours chimérique « Europe de la défense». Cette dernière a lancé des projets de pooling and sharing,ettantlaFrancequel’Allemagne– cettedernière avec davantage d’ambiguïté – se demandent si, plutôt que d’envisager un nouveau partagedes rôlesau seind’une OTAN vieillissante,il ne vaudrait pas mieux développer la puissance capacitaire de l’Union. Un beau sujet de réflexion pour le successeur de Catherine Ashton, cette haute représentante de la diplomatie européenne chargée, en théorie, des questions de sécurité. Et pour celui d’Anders Fogh Rasmussen, qui quittera également son poste en 2014. A moins que, d’ici là, le Congrès des Etats-Unis ne mette tout le monde d’accord en réorientant une fois pour toutes la participationaméricaineà une Alliancesouvent jugée, à Washington, comme définitivement sur le déclin. p [email protected] Avec Dossiers&Documents devenez incollable sur l’actualité et faites la différence aux examens ! Les vieux démons E n plaidant, comme il vient de le faire dans Le Monde, pour une « confrontation» avec l’Allemagne, là où François Hollande préfère parler de «tension amicale», Claude Bartolone remet en scène de façon spectaculaire la tentation de «l’autre politique» récurrente depuis 1983. Il reproduit ce que Laurent Fabius avait fait à sa manière en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel européen. Il ose dire «non», dans l’espoir de pouvoir écrire autre chose: une autre histoire européenne et surtout une autre politique économique, moins contraignante, plus redistributive. Ce n’est pas une surprise. M.Bartolone était à l’époque le bras droit de M.Fabius, dont il dirigeait la campagne. Mais, depuis, son ancien mentor est devenu ministre des affaires étrangères de François Hollande, alors que lui, le lieutenant, poursuit son émancipation, et de façon d’autant plus spectaculaire qu’il est devenu président de l’Assemblée nationale. Depuis dix mois, de son perchoir, Claude Bartolone contemple quasi quotidiennement les tressaillements d’une gauche parlementaire qui tire à hue et à dia : «montebourgienne» un jour, sociale-démocrate le lendemain, sans doctrine pour l’unir ni résultats pour la tenir. Il sent monter les tensions, voit le moment où tout va exploser et, prévoyant, propose une recomposition à la mode Bartolone: un « pacte rouge, vert, rose» dont le ressort serait la Chaque mois 3 dossiers réalisés à partir des meilleurs articles du Monde de 1944 à aujourd’hui. www.lemonde.fr/dosdoc Au train de déliquescence où vont les choses, la seule arme d’Hollande reste l’ambiguïté (jusqu’à risquer l’isolement?) serait-elle dispensée des efforts de désendettement? Ne s’exposeraitelle pas à la double peine en voulant trop s’éloigner du bouclier allemand? Un tel débat mérite d’être posé. Assumer la confrontation aurait l’avantage pour M.Hollande de clarifier sa ligne et de jouer l’air du redressement plus vigoureusement qu’aujourd’hui. Mais, au train de déliquescence où vont les choses, il n’est pas sûr de pouvoir trouver une majorité capable d’assumer un tel discours. L’ambiguïté reste sa seule arme. La gauche n’en a pas fini avec ses vieux démons. p [email protected] Livredu jour Le «tsar rouge» sur les planches L e 5 mars 1953 moururent deux des plus grandscitoyens soviétiques: Serge Prokofiev et Joseph Staline. Inutile de préciser que la disparition du second occulta celle du premier.Par l’ampleurdesconséquencesattendues de l’ère post-stalinienne, à peine ouverte, mais aussi par choix médiatique, la mort du musicien n’étant rendue publique qu’après les obsèques du « camarade-maréchal», afin de ne pas mettre en compétition les deux deuils. La rocambolesque mort du dictateur rouge – découvert inanimé, Staline est laissé sans soins par peur que le médecin, s’il ne peut le sauver, compromette celui qui l’aurait appelé au chevet de l’illustre patient – a fait l’objet d’une évocation en bandes dessinées, dont le second volet a été primé au Rendez-vous de l’Histoire à Blois en 2012. La Mort de Staline Une histoire vraie… soviétique de Fabien Nury (scénario) et Thierry Robin (dessins) Dargaud. Deux volumes, 60 p. et 64 p., sous coffret, 32 ¤. Mai 2013 2,95 € contestation de la rigueur et l’arme le bras de fer avec l’Allemagne. Politiquement, c’est habile. Cela permet de ressouder autour de la hantise d’un « 21avril européen» le PCF, les Verts et une partie grandissante de socialistes qui ne savent plus comment vendre à leurs électeurs la quasi-récession dans laquelle est plongé le pays. Economiquement, les arguments restent aussi faibles qu’en 1983: en quoi une France qui oserait le bras de fer avec l’Allemagne Repris en coffret à l’occasion du 60e anniversaire de l’événement, et accompagné d’un facsimilé de la « une » de la Pravda qui annonce le décès du maître du Kremlin, ce diptyque – « Agonie » et « Funérailles » – est bien plus qu’une évocation scrupuleuse des derniers moments de Staline et de la guerre de succession qui oppose dans un combat sans merci les membres du Politburo jusqu’à l’élimination de Beria, en juin 1953. Ephémère nouvel homme fort de l’URSS – c’est lui qui prononce sur la place Rouge l’éloge funèbre du « tsar rouge ». Lavrenti Pavlovitch Beria (1899-1953) est le maître de la police politique (NKVD) depuis les grandes purges de 1936-1938, orchestrées par son maître Iéjov (1895-1940). C’est lui qui est le véritable « héros » de l’évocation de Nury et Robin. Parce qu’il est impliqué dans la mort de Staline. En sursis, il est promis à une purge que la disparition du tyran ajourne. Plus intelligent et entreprenant que ses pairs du Politburo, il multiplie les initiatives et prend l’ascendant sur ses collègues jusqu’à ce que Khrouchtchev lance une contre-attaque à la faveur de la crise de Berlin-Est, où Beria fait donner les chars contre l’insurrection populaire. L’épisode est à peine évoqué dans la BD. Disque fétiche C’est que l’enjeu narratif obéit à une stricte dramaturgie. Simplification et resserrement ne nuisentcependantpas à l’intelligencedecette méditation sur le pouvoir, sa construction, ses déviances et sa transmission. Ainsi l’épisode inaugural – le concert radiodiffusé du 23e concerto pour piano, de Mozart, interprété par Maria Yudina – est authentique mais remonte à 1943. La terreur des acteurs qui, par peur d’éventuelles représailles d’un maître courroucé, font revenir la soliste, rejouer le concert,redémarrerdenuitune usinepourgraver l’enregistrement afin que Staline ait, à son réveil, le 78-tours qu’il croyait déjà disponible estsuffisammentsymptomatiquede l’absurdité du régime pour donner à ce thriller politique du printemps 1953 la tonalité d’une comédie noire. Et de fait, des témoins attestent que c’est ce disque fétiche que Staline avait placé sur le pick-up de la pièce où l’on trouve le matin du 1er mars 1953 le dictateur inconscient. La documentation, impeccable, donne à cette évocation historique une dimension éthique.Leçonsurlafoliedu pouvoiroùl’intelligencetactique,à forced’absurdité,conduit àl’aveuglement, la fable composée par Fabien Nury est idéalement servie par le trait et la palette de Thierry Robin, dont la noirceur mesurée, les cadrages, le travail subtil sur les espaces contribuent à faire de ce double album une référence pour les amateurs de BD comme pour ceux que la notion de « vérité » à la soviétique fascine. p Philippe-Jean Catinchi CorrespondanceUne lettre de Philippe Peninque A la suite de l’article intitulé « Les parts d’ombre de Jérôme Cahuzac » (Le Monde du 18 avril), Philippe Peninque nous a adressé le cour- rier suivant : « Il est écrit dans cet article que j’ai été le client de la clinique de Jérôme Cahuzac, spécialisée en implants capillaires. Cette information est tout à fait inexacte : je n’ai jamais eu besoin d’implants capillaires et je n’en ai toujours pas besoin. » 0123 décryptages DÉBATS Samedi 27 avril 2013 17 Nécessaire féminisme radical en pays arabes Hichem, «minot» assassiné La fin de la dictature n’a pas libéré les femmes que je n’ai pas oublié Dans les cités de Marseille, on vit aussi dans la légalité Smaïn Laacher Sociologue. Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS-CNRS) R enverser une dictature, ce n’est pas modifier substantiellement les fondements de l’ordre social et des structures mentales. Les soulèvements qui ont eu lieu dans les sociétés arabes se sont arrêtés à mi-chemin, dans la mesure où la remise en question radicale des régimes politiques ne s’est nullement accompagnée d’une remise en question radicale des systèmes qui sont au principe de la domination des hommes sur les femmes. Vouloir abattre la tyrannie et juger par ailleurs comme accessoire la lutte contre les tyranniesqui,au quotidien(du travailà la rue jusqu’àla chambre à coucher), font de la vie des femmes, dans leur grande majorité, un enfer sur terre, c’est reconnaître que la pensée a failli. Ce point de vue est partagé par des femmes arabes ayant activement pris part aux soulèvements populaires dans leur pays. Voilà ce que disait, lors d’un entretien réalisé le 10 mars 2011 par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), une militante des droits de l’homme à Manama (Bahreïn) qui fut très active lors des protestations contre le régime : « Les revendications politiques et sociales des manifestants n’incluent pas les droits des femmes. La question desfemmesesttotalementabsente.Personnenerevendique l’égalité ou les droits civiques pour les femmes, pas même les femmes.» Sans aucun doute est-ce la fin d’un certain monde pour ceux qui ont cru que gouverner, c’était habiter le pouvoiren famille pourl’éternité.Au Maroc,en Egypte, en Tunisie, en Libye, en Algérie (à Alger, le pouvoir n’est pasà l’Assembléenationale,aussi le nombreimportant de femmes députées ne change-t-il rien à l’affaire) ou au Yémen, les Parlements nationaux actuels, océans de misogynie,ne laissentaucun espoiraux femmes quant à l’amélioration de leur sort et de leurs droits. Il n’y a nulle raison d’attendre une quelconque aide de l’extérieur. Les « mouvements progressistes » en Occident regardent, avec un mélange de désarroi et d’optimisme béat, les mouvements contre-révolutionnaires agir, d’abord, pour mettre au pas les femmes qui ont osé transgresser les normes religieuses et culturelles en pays musulmans. Pourtant, si les femmes ont été physiquement écartées des derniers soulèvements populaires, l’Etat et ses diverses polices ont, quant à eux, parfaitement perçu la menacepolitiqueque représentaientdes corpsen liberté dans l’espace public, en particulier lorsqu’il s’agit de celui des femmes. Les exemples sont nombreux. Entre autres, celui de la jeune Egyptienne Aliaa Magda Elmahdy, qui a publié l’image de son corps nu sur son blog, ou celui de cette jeune Tunisienne qui a rejoint le mouvement des Femen, et qui a adopté, en Tunisie même, leur mode d’interpellation publique contre l’oppression des femmes.Le propos n’estpas ici de savoir si elles ont tort ou raison. Il s’agit avanttout de comprendre ces gestes inouïs. A ma connaissance, c’est bien la première fois que des jeunes femmes arabes montrent publiquement, totalement ou en partie, leur corps nu, événement majeur puisque c’est un corps de femme nu qui échappe à l’enfermement domestique et aux injonctions d’hommes et de femmes soucieux de la légalité traditionnelle et du respect de la norme religieuse. Ce corps nu, quelle que soit sa nationalité, n’est pas n’importe quel corps, il n’est pas un corps parmi des millions d’autres corps, il n’est pas innommable, abstrait, il n’incarne pas tous les corps – une Islandaise n’est pas une Egyptienne – et n’est donc pas sans origine, sans histoire, sans culture, sans désir. Ces corps ont une identité carilssont identifiables:AliaaMagdaElmahdya20ans, elle est née en Egypte ; Amina a 19 ans, elle est née en Tunisie. Ainsi, ce n’est pas seulement une dimension inconnuedessociétésarabesquis’exposeaumonde,etenpremier lieu aux regards de tous les Arabes. Ces corps sont des corps qui refusent de se soumettre et par lesquels advient aussi le politique; c’est un corps qui agit contre laviolencedeshommesetdetouteslesinstitutionsgouvernées par des hommes, armés ou non. Marion Millo Professeur de français, aujourd’hui enseignante dans les Côtes-d’Armor C’est bien la première fois que des jeunes femmes arabes montrent publiquement, totalement ou en partie, leur corps nu C’est un corps qui fait de la résistance, autrement dit qui fait de la politique contre le « souverain» (terrestre etdivin),maisaussicontretouslespetitstyransordinaires et les millions d’autoentrepreneurs en morale religieuse. Elles signent, contre leur volonté ou non, par cet acte inouï, une déclaration qui est une exigence politique et morale: la femme et, ou l’homme ont le droit à leur liberté, une liberté non soumise aux impératifs de la communauté politico-religieuse. Cette liberté signifie cet impératif majeur, nullementpartagé:agirparsoi-mêmesansêtresoumisàl’hégémonie du collectif et de ses lois et ne pas se laisser dominer par une quelconque instance transcendante, aussi divine soit-elle. Au fond, peu importe que ce geste fût rare. Il a probablement choqué, même ceux et celles qui ne cessent de s’autoproclamer « démocrates», « laïques », « progressistes», etc. Ce geste n’a pas voulu se décliner sous forme de slogans, encore moins était-il sous-tendu par quelques propositions programmatiques. Cette radicalité, dans son expression protestataire, s’adresse au sens, aux émotions et à l’intelligence. Ces expériences sont à chaque fois un événement qui n’est pas seulement un fait, mais plus profondémentune rupture.C’estde l’inédit qui engageune autre histoire sociale des femmes dont toute la difficulté va être d’en élucider la signification. Les corps nus ou en partie dévêtus d’Aliaa Magda Elmahdy et d’Amina ont cette faculté inattendue de penser ensemble des registres qui ont toujours été tenus séparés dans cette société : la politique, la religion, la liberté, l’art, la pluralité humaine, l’action en commun, etc. « Etre libre et agir ne font qu’un », disait HannahArendt. L’action humaine est capable de miracle, mais seulement par la liberté qui est cette capacité à faire advenir l’imprévisible. Il s’agit maintenant de penser cet événement, car c’est par cette activité, pour paraphraser une nouvelle fois Hannah Arendt, que les normes, les règles rigides et les croyances générales (religieuses, politiques, etc.) peuvent être « sapées». p Le modèle allemand par Selçuk Dernier ouvrage paru: « Insurrections arabes. Utopie révolutionnaire et impensé démocratique», Buchet-Chastel, 324 p., 21 ¤ P rofesseur dans un collège du 13e arrondissement de Marseille pendant neuf ans, j’ai croisé le chemin de centaines de « minots » des quartiers Nord. Deux d’entre eux viennentde tomber sous les balles de ces règlements de comptes qui font la « une » des journaux, entre deux résultats sportifs et la dernière « petite phrase » du microcosme politique. L’un s’appelait Hichem Agaba, il est mort dans une fusillade le 13 mars au beau milieu de la matinée. Il a été mon élève trois années durant. J’ai connu ses attentes, ses rires, ses colères, ses difficultés et ses espoirs. Un enfant comme les autres après tout, ou presque. A ceci près que son horizon était bouché par les barres de béton géantes qui repoussaient le ciel un peu trop haut, un peu trop loin. A ceci près que, pour lui comme pour tous les enfants de ces quartiers de relégation, l’enfance est loin d’être toujours un jeu, entre le retrait progressif des services publics, le grignotage des solidarités par la montée du chômage et de l’insécurité sociale. Derrière ces phrases toutes faites, des réalités toutes pleines: 60 % d’enfants qui ont au moinsun parentau chômage, celuici touchant dans certains quartiers 70 % des moins de 25 ans ; l’ascenseur d’un immeuble de 17 étages qui reste dix ans en panne : pensez aux courses qu’il faut remonter, le petit dernier dans les bras, et le souffle vous manque. Pensez encore à ces ordures qu’on préfère jeter par la fenêtre et qu’aucun service municipal ne vient enlever, et le souffle vous manque encore. Les habitants qui se battent contre les rats dans leur appartement attendent avec anxiété leur facture d’électricité démesurée puisqu’on a fait le choix du tout-électrique quand les prix ne cessaient de flamber. L’entrée des élèves d’un collège dans le virage d’une rue très passante reste sans signalisation ni sécurisation particulière malgré les demandes répétées pour la mise en place d’un ralentisseur. Je pense à toi, Aïda, morte à 13 ans de ne pas aller à l’école dans un quartier où la police municipale fait traverser les enfants. A quoi s’ajoute la chasse aux pauvres menée au centre-ville sous couvert de plans de rénovation qui fait des quartiers Nord le réceptacle de toutes les misères et de tous les exils. Mais aussi un lieu savamment isolé du reste de la cité à la nuit tombée, puisque les transports urbains y cessent de circuler dès 21 heures. Devant ce tableau loin d’être exhaustif, devant les CV retournés, les demandes de stage refusées, les années de collège ratées qui mènent parfois à la déscolarisation, comment s’étonner des séductions de l’économie parallèle ? Et voilà des enfants, dès la sixième, capables de mettre un peu de beurre dans les épinards familiaux en endossant le rôle de « guetteur ». Quelle honte ! Quel scandale : ils n’ont pas de morale ces gens-là ! Depuis les années 1980, on vit dans une société qui matraque à l’envi qu’il n’y a que l’argent et la réussite individuelle qui font la valeur d’un homme. Même les programmes de divertissement télévisés ne sont que des variations sur le thème de l’élimination de l’autre, du triomphe personnel. Seulement là où les duretés des conditions de vie font prendre un tour radical à cette vision partagée par tous, il y aurait horreur, manquement à la dignité humaine. Face à la destruction des espoirs collectifs, des solidarités populaires et ouvrières, les héros ne peuvent plus promettre des lendemains qui chantent pour tous. Seulement un « ici, tout de suite » puisqu’en fin de compte, devant, derrière, où que je regarde, il n’y a plus que moi. Alors plutôt Tony Montana, le héros de Scarface, que Che Guevara, quoi d’étonnant à cela ? Ici comme ailleurs, le petit atome libéral tente de frayer sa propre voie, mais là, le problème est qu’on ne voit que ça. Dire que la misère engendre la violence serait faire fi de tous ces êtres qui y vivent dans le silence et le respect des règles communes. C’est en tout cas ce que l’on parvient à distinguer du discours tenu par les habitantsdesdites banlieuesdans le vacarme des spécialistes de tout acabit, et autres experts, notamment de la sécurité, devenusnos nouveauxsociologues. Comme si la seule parole audible ne pouvait être que défensive, tentative désespérée de répondreau stigmate. L’injustice sociale qui y règneen maître est-elle plus tolérable quand elle est subie dans le silence des questions qu’on ne pose pas que quand elle accouche d’émeutes ou d’apprentis grands bandits? Quandl’explosion de colèreest collective, radicale, peut-être désordonnée mais qu’elle demandedes comptes comme lors de l’embrasement de 2005, on lui dénie toute pensée, toute portée politique. On la réduit à un phénomène violent qui essentialise ses acteurs en délinquants et les prive de toute parole. Quand il n’y a plus forcément colère mais recherche effrénée de réussite, fûtelle illégale, c’est toujours la même figure du délinquant qui est convoquée : un délinquant par nature. Représentation néocolonialiste de l’autre, celui qui ne sait pas s’intégrer. Ennemi par essence, délinquant ou terroriste potentiel, dépossédé de toute image valorisante ou de modèle édifiant, il peut parfois devenir légitime qu’un «jeune» chercheà arracher un peu depouvoir par la foi radicalisée en une religion Devant les CV retournés, les demandes de stage refusées, les années de collège ratées qui mènent parfois à la déscolarisation, comment s’étonner des séductions de l’économie parallèle? condamnée d’avance, diabolisée dans la théorie du « choc des civilisations». Puisqu’elle fait peur en soi, autant en faire une arme pour soi. Les trafiquants au petit pied ont bien intégré, eux aussi, la loi du marché et la rudesse de sa concurrence, mais eux se trouvent du côté où c’est illégal, et donc illégitime. Les conséquences de leur course au profit peuvent leur être directement imputées, ils sont visibles et repérables par ceux dont ils perturbent l’existence et avec qui ils partagentpourtant le plus souvent un quotidien de galère. Quand un grand groupe qui fait des bénéfices licencie et brise des vies, c’est sans bruit et on ne sait même plus contre qui tourner sa colère. Ces territoires retranchés de l’espace commun, ces lieux mis au ban (banlieues) ne sont-ils pas aujourd’hui principalement envisagés sous l’angle de l’origine, étrangère,de ceux qui les habitent majoritairement? Comment ne pas éprouver un malaise devant la dernière opération en date du gouvernement qui vise à remettre de l’ordre dans les cités de Marseille et qui prend pour nom « plan de reconquête des banlieues » ? Encore une preuve que le conflit est appréhendé à travers le point de vue territorial, et non social. A partir de toutes ces limitations de perspective, de tous ces prismes déformants, comment dire la complexitéd’une vie qui s’achève un jour de mars sur l’asphalte ? Tes talents, Hichem, ton intelligence, ta vivacité, ton esprit de repartie et ton humour, j’ai eu la chance de les entendre et ils emplissent d’un bruit assourdissant le silence qui est fait sur ce qu’a été ta réalité, et que j’ignore en grande partie. Ce bruit assourdissant est celui de l’exigence, non pas de la « reconquête », mais du combat pour plus de justice. Pour tous. p 18 0123 décryptages DIALOGUES Posture, imposture… Médiateur Pascal Galinier P osture ou imposture? Telle est la question cette semaine, après la parution de l’article d’Yves-Michel Riols évoquant la « posture gaullienne de Viktor Orban» dans le supplément « Géo &politique» (LeMonde daté 14-15 avril). Une vraie-fausse analyse faite à l’occasion des trois ans du retour au pouvoir, le 25 avril 2010, du Hongrois et de son parti de droite, le Fidesz. Notre journaliste campe d’emblée la Hongrie en « laboratoire des bouleversements du continent européen». Il parle de «posture gaullienne» pour décrire « la volonté d’en découdre, une fois pour toutes, avec l’héritage communiste, un scepticisme prononcé envers une forme de capitalisme mondialisé et un farouche attachement à l’indépendance nationale» du ministre-président de Hongrie. Et pousse le bouchon jusqu’au bout en soulignant «la similitude du parcours des deux hommes; de la Résistance à l’occupant, en passant par une traversée du désert et un retour triomphal au pouvoir, porté par un sursaut national et l’ambition de rompre avec un ordre ancien discrédité». «On dirait que LeMonde a ouvert ses colonnes à un laudateur de Ceaucescu, attaque Janos Borovi (Paris). Riols a découvert un nouveau “Danube de la pensée”… La Hongrie, laboratoire d’un nouveau modèle? Non merci! » «Un petit mot sur les Roms? Sur la limitation de la liberté d’information? Sur le soutien à l’extrême droite? Sur les discours xénophobes? Sur la chape de plomb qui est tombée sur le pays ? Non, pardon, nous lisons Valeurs actuelles, pas Le Monde… », raille « Montaigne» (Web). Non, non, cher anonyme, vous lisez bien LeMonde… Et c’est là ce qui pose problème à ceux qui ont pris la plume pour nous écrire sur le sujet. «Je vous demande Samedi 27 avril 2013 de nous éclairer. Soit notre cher journal “de référence” nous ment depuis des années, soit cette “opinion” mérite un complément, estime Patrice Chevy (Garches, Yvelines). Le sujet n’est pas mineur au moment où tant de voix s’élèvent pour dire que cette Hongrie qui bafoue les principes mêmes de l’Europe n’y a plus sa place.» «Devoir de réponse», titrait naguère le médiateur dans une de ses chroniques (LeMonde daté 18-19 septembre 2011). YvesMichel Riols s’y est plié sans hésiter. Directement, sur le blog «Le Monde des lecteurs», où ses lecteurs pourront constater que leur journal a publié leurs lettres, comme la plupart le souhaitaient. Indirectement, dans cette page Dialogues. « Personnage volontairement clivant, Viktor Orban suscite des adhésions et des rejets très tranchés, admet celui qui fut correspondant du Monde à Budapest. Cet article visait uniquement à apporter un éclairage sur sa logique et sa méthode, pour tenter de décrypter le sens de la politique qu’il mène, trois ans après son retour au pouvoir. Libre, ensuite, à chacun d’en penser ce qu’il veut. Il me semble légitime que notre journal soit aussi le reflet de la diversité des opinions qui s’expriment au sujet d’un dirigeant d’un pays européen, démocratiquement élu.» La diversité des opinions de nos lecteurs est, elle, toute relative… En tout et pour tout, le médiateur a relevé deux commentaires plutôt favorables après la publication de cet article. Dont un anonyme, en ligne, du (ou de la?) dénommé(e) « Misa» : «Merci à M.Riols pour cette présentation balancée de la situation hongroise. Cela change agréablement des volées d’anathèmes lancées début 2012 sur le même Orban. Plutôt que de nous poser en donneurs de leçons, nous gagnerions à entendre ce que demandent et nous disent les peuples d’Europe de l’Est, et singulièrement le peuple hongrois.» Peter Techet (Munich) trouve, lui, «provoquant[e] et intellectuellement très intéressant[e] » la recherche d’éventuelles «valeurs communes entre l’“orbanisme” et le gaullisme». Certes, dit-il, «les deux politiciens ont des caractères plutôt différents», mais une telle comparaison peut «contribuer à une meilleure compréhension du phénomène Orban», estime ce journaliste allemand, qui dit enquêter actuellement à Budapest. L à est toute la question. C’est justement cette mise en abyme avec de Gaulle qui choque. « Comparer un nain et un géant! », s’insurge Pierre Waline (Budapest), un lecteur français « établi depuis de nombreuses années en Hongrie, et qui proteste ici à la demande de très nombreux amis hongrois indignés ». « L’amalgame avec cet Ubu roi hongrois est un véritable scandale, éructe Laszlo Nemety (Web). De Gaulle, le combattant de Pétain, et le petit dictateur qui réhabilite Horthy, ce Pétain hongrois… C’est grave ! » « Je ne suis pas gaulliste, mais il y a une marge entre la Ve République et le régime hongrois actuel », dit Philippe Vigneron (Bruxelles). ENQUÊTE SUR UN PHÉNOMÈNE PLANÉTAIRE 0123 hors-série décryptage « mes feuilletons » par martin winckler enquête les séries télé racontent le monde divertissements affiches mystère, top 20, quiz… Comparaison n’est pas raison, mais peut-être faut-il rappeler ce que l’on disait du général de Gaulle après son retour au pouvoir. Jusque dans ces colonnes. « Le coup d’Etat permanent», résumait d’une formule cinglante un certain François Mitterrand, dans un essai paru en 1964… Une formule qui irait comme un gant au Viktor Orban de 2013. Des articles de notre correspondante à Vienne, Joëlle Stolz – saluée par plusieurs lecteurs–, à ce même supplément « Géo & politique» qui, en février2012, publia pas moins de trois pages sur « l’homme qui fait peur à l’Europe », dont un entretien sans complaisance de l’impétrant (Le Monde daté 5-6 février 2012), difficile de nous soupçonner d’ignorer « ce que Viktor Orban fait subir à la Hongrie» (titre d’une tribune que nous avons offerte, en janvier2012, à Zsofia Mihancsik, rédactrice en chef du site d’information hongrois Galamus.hu). N’est-ce pas justement parce qu’il est controversé qu’un « animal politique» comme Orban justifie qu’un journal « de référence» comme Le Monde s’intéresse à toutes ses facettes ? Par-delà le bien et le mal, dirait Michel Onfray – autre sujet de votre agacement cette semaine, après sa tribune contre la guerre du Mali… Soyez assurés, chers lecteurs, que, sous votre œil vigilant, nous continuerons à décoder les postures… et les impostures. p [email protected] Mediateur.blog.lemonde.fr Courrier Politique Tous les mêmes ! Désespérément optimiste, et quitte à passer pour naïf, je reste persuadé – comme seulement (hélas!) 37 % des Français selon un récent sondage– que la majorité des élus locaux et nationaux sont honnêtes. Actuellement, la droite – dans sa logique, je dirais que c’est de bonne guerre – exploite jusqu’à la nausée l’« affaire Cahuzac » pour discréditer la gauche au pouvoir en instruisant contre elle un procès en incompétence, à laquelle vient s’ajouter une suspicion récurrente quant à sa légitimité à gouverner le pays. Dans ce contexte, vis-à-vis des propositions avancées pour tenter de moraliser la vie publique, elle reste dans son habituelle posture d’hostilité à tout réel contrôle. Et, bien sûr, l’argument majeur serait l’inefficacité des mesures envisagées, mesures qui existent pourtant dans la plupart des pays européens. Plus grave, aux voix de l’opposition est venue se joindre – et cela me scandalise – celle de Claude Bartolone, président socialiste de l’Assemblée nationale. Je crains que, de la part du quatrième personnage de l’Etat, une attitude aussi irresponsable n’apporte une justification aux inquiétants slogans de « Tous les mêmes ! » proférés par les populistes. Michel Bardet, Orléans La surenchère Depuis l’« affaire Cahuzac », le petit monde politique est en effervescence et nous sommes en train d’assister à une surenchère de démagogie. L’empressement servile avec lequel certains publient ou annoncent la publication prochaine de leur patrimoine me semble plus que malsain. C’est à qui devra prouver à quel point il est modeste, humble, honnête et transparent: « Regardez, je ne me suis pas enrichi! » Tout cela est grotesque! Un patrimoine modeste n’a jamais constitué une preuve d’honnêteté et être riche n’est en aucune manière la preuve, ni même l’indice, d’une quelconque culpabilité. Ce qui m’intéresse, c’est son efficacité, sa compétence, son honnêteté, son engagement. L’argent et la réussite économique sont devenus suspects, honteux. Tout se conjugue pour faire de notre pays un pays de losers. Le seul choc dont nous avons tous besoin est celui qui redonnera confiance aux travailleurs, aux entrepreneurs et aux créateurs. Celui qui encouragera, au lieu de les pénaliser, le travail, la réussite, la prise de risque, la création. Celui qui nous tirera vers le haut plutôt que vers le bas. Tout le contraire de ce qui se passe depuis quelques mois et de ce qui est annoncé pour les mois à venir. Lucien Rodier, Paris International Une version plus conforme à la réalité J’ai beaucoup apprécié la lucidité de la chronique « Printemps arabe : tout ça pour ça ! » (Le Monde du 19 avril), qui tranche avec la position angélique affichée par Le Monde depuis deux ans. Je n’évoquerai que le cas de la Syrie, que je connais pour y avoir circulé du 20 au 28 mars 2011 lors des premiers événements de Deraa. Le Monde s’est contenté de ressasser l’antienne « Bachar Al-Assad est un tyran qui fait rien qu’à massacrer son peuple ». Je me félicite de cette évolution de la ligne éditoriale qui tolère la publication de cette version plus conforme à la réalité géopolitique. J’espère que les lecteurs pourront enfin trouver dans leur journal des arguments qui s’opposeront à la tentation de notre gouvernement d’armer la rébellion. Alain Coulon, Paris Economie La fin de Florange Vous voulez comprendre le monde d’aujourd’hui ? Regardez les séries télé… conseille l’écrivain Martin Winckler dans « La vie en séries ». Dans ce nouveau hors-série, Le Monde décrypte ce phénomène qui, de New York à Séoul, d’Istanbul à Stockholm, de Rio à Tel-Aviv, captive les spectateurs devant leur écran, qu’il s’agisse d’un téléviseur, d’un ordinateur ou d’un smartphone. « Dr House », « Dexter » ou « Game of Thrones » sont les nouveaux avatars de la culture populaire, mais surtout les témoins privilégiés de notre époque. Contrairement à la phrase rituelle de «X Files », la vérité n’est pas ailleurs, elle est là. « LA VIE EN SÉRIES », un hors-série du Monde 100 pages - 7,50 € en vente chez votre marchand de journaux A force de souffler le chaud et le froid, ArcelorMittal a finalement obtenu gain de cause, à savoir l’arrêt définitif des hauts-fourneaux de Florange. De plus, le projet européen Ulcos – processus sidérurgique à très basses émissions de CO2 – a été définitivement abandonné, transformant la vallée de la Fensch en une sorte de « Vallée de la mort » bis. Touchée en plein cœur, la Lorraine, au fil des ans, a perdu ce qui faisait sa fierté: le charbon et l’acier. Déjà, par le passé, des hommes s’étaient âprement battus pour défendre leurs droits et leurs emplois. Ceux de Florange ont fait comme leurs aînés, avec le résultat que l’on sait. Mais ils auront montré que le mot « solidarité » avait encore un sens et pouvait, dans une certaine mesure, déplacer des montagnes. Pendant six ans, donc, les deux hauts-fourneaux seront « mis sous cocon»… Rappelons que Vulcain, le dieu romain du feu, de la forge et des métaux, a donné son nom à un papillon « tout feu tout flamme », qui, comme on s’en doute, fut chenille en amont… A son tour, le site florangeois connaîtra-t-il pareille métamorphose, que cette citation de Violette Lebon, écrivaine d’origine québécoise, pourrait illustrer à merveille : « Ce que la chenille appelle la mort, le papillon l’appelle renaissance » ? Claude Gisselbrecht, Augny (Moselle) 0123 décryptages Samedi 27 avril 2013 19 On pensait le Cavaliere fini. Erreur. Il a suffi de la réélection de Giorgio Napolitano et la désignation d’Enrico Letta pour le voir renaître Et, à la fin, c’est Berlusconi qui gagne… « L’Age, c’est moi ». Dessin de Giannelli à propos des 87 ans du président réélu Giorgio Napolitano (publié à Milan dans le « Corriere della Sera ») Beppe Grillo et Silvio Berlusconi vus par le dessinateur israélien Michel Kichka (TV5 Monde) Philippe Ridet Rome Correspondant L ’attaquant anglais Gary Lineker, qui ne connaissait sans doute rien à la politique italienne, disait à propos du football : « C’est un sport inventé par les Anglais, qui se joue à 11 contre 11, mais à la fin, ce sont les Allemands que gagnent. » S’il en est d’accord, nous reprendrions volontiers sa formule pour l’adapter. « La politiqueitalienne est une mêlée apparemment furieuse entre la droite et la gauche, et à la fin, c’est Berlusconi qui gagne…» Les dernières élections générales des 24 et 25 février ont offert une nouvelle illustration de cette maxime. Sorti de la scène politique en novembre 2011, passé aux oubliettes par Mario Monti, cerné par les juges dans trois procédures au tribunal de Milan (fraude fiscale, prostitution de mineure et abus de pouvoir), le Cavaliere neremonterait jamaissur son cheval, pensait-on.Erreurfuneste. Il a suffi d’une campagne électorale pour qu’il démontre une nouvelle fois sa capacité à cogner quand il est dans les cordes et à parler à la pancia (l’« estomac ») des Italiens. Laréélection,le20avril,deGiorgioNapolitano, le très vieux (87ans) président de la République,et la désignation, le 24 avril, du jeune (46 ans) Enrico Letta à la présidence du Conseil lui redonnent de l’air. Berlusconi a permis l’une et l’autre, et son parti, le Peuple de la liberté, est désormais partie prenante de la nouvelle majorité droitegauche-centre, dont il est devenu l’un des actionnaires majoritaires. Qu’on s’avise de lui chercher noise et il fera s’écrouler ce fragile assemblage. Les termes du contrat qu’il s’apprête à passer avec M. Letta sont simples et peuvent se résumer ainsi: « Je te soutiens mais tu m’aides afin que je ne finisse pas en prison. Sinon… » Avec lui, c’est « pile je gagne, face, tu perds ». S’il devait décider son parti à retirer sa confiance au nouvel exécutif qui s’apprête à naître après deux mois de blocages politiques et provoquer de nouvellesélections,le Peupledela libertél’emporterait. C’est du moins ce que disent les sondages. Il y a vingt ans que l’Italie vit et souffre de et par Berlusconi. Insubmersible, toujours jeune malgré ses 76 ans, soutenu désormais dans sa vie privée par un tendron qui lui rend 50 ans (Francesca Pascale), le Caïman a déjà vu passer dans son marigot le corps de son principal ennemi, Pier Luigi Bersani, secrétaire général du Parti démocrate, contraint à la démission après son échec à composer un gouvernement. Ses électeurs, qui avaient été séduitspar le Mouvement5 étoiles de Beppe Grillo, refluent à présent vers lui. « Berlusconi ne réussit pas à cacher sa joie », observe Stefano Folli, éditorialiste du quotidien économique Il Sole 24 ore. On le comprend… Il Giornale, le quotidien dirigé par son frère Paolo, n’hésite pas à affirmer que « Berlusconi prend le pays sur ses épaules ». On peut aussi penser que ce sont les Italiens qui portent ce fardeau… p La comédie italienne vue par le dessinateur Mauro Biani (publié dans « Il Manifesto »). « Mais dans quel pays vous vivez, vous, les Italiens ? – Fais pas chier ! ! » Dessin d’Altan (publié dans l’hebdomadaire « L’Espresso ») Beppe Grillo, du Mouvement 5 étoiles, fait griller une brochette d’hommes politiques exclus du Parlement italien (Francesco Storace, Franco Marini, Gianfranco Fini et Antonio Di Pietro). Après avoir dessiné pour « La Stampa » et « La Repubblica », le caricaturiste Giorgio Forattini diffuse ses « vignettes » sur son site www. forattini.it culture & styles 20 0123 Samedi 27 avril 2013 Du cinéma et de l’utopie, selon Alexander Kluge La Cinémathèque française rend hommage à l’intellectuel, grande figure du Nouveau cinéma allemand Rencontre T andis que l’exposition « De l’Allemagne», organisée par le Musée du Louvre, rallume une guerre qu’on croyait éteinte, il se trouve qu’un grand artiste et intellectuel allemand est aujourd’hui de passage à Paris, à l’invitation de la Cinémathèque française,qui lui rend hommage.Relativement méconnu en France, Alexander Kluge est une des principales figures du Nouveau Cinéma allemand, ce mouvement né au début des années 1960 qui a donné naissanceà des artistesaussi considérables que Rainer Werner Fassbinder, Peter Nestler, Werner Herzog ou Hans-Jürgen Syberberg. L’homme semble être fait dans une étoffe qui n’existe plus guère. Courtoisie chaleureuse, voix de De l’esprit à revendre, du savoir à ne plus savoir avec qui le partager, pour autant pas un gramme de suffisance velours, présence magnétique, allégresse musicale. Un goût de la poésie planante s’immisce dans une érudition encyclopédique. De l’esprit à revendre, du savoir à ne plus savoir avec qui le partager, pourautant pasun grammede suffisance: la face de lumièrede la spiritualité allemande, si elle devait exister. Paraissant, avec tout ça, vingt ans de moins que ses quatrevingt-un printemps sonnés sabre au clair. De l’Allemagne,Kluge a naturellement son idée lui aussi. Il dit qu’elle ressemble à Heinrich von Kleist : « Son double visage, nationalisme barbare et aspiration aux Lumières, est sa vérité. » Du point devue de la lecturecritiquede l’histoire allemande, son œuvre, qui peut se résumer à un demi-siècle de défi opiniâtre à la norme, renvoie l’accrochage des conservateurs français à un acte de dévotion germanophilique. Mais qui donc, au juste, est cet homme ? Le parcours est d’une confondanterichesse. Kluge est en MANUEL BRAUN POUR « LE MONDE » effet actif – au sens où il a associé son nom de manière notoire et durable à chacun de ses domaines, dans des champs aussi divers que le droit, la sociologie, l’histoire, le cinéma, la littérature ou la télévision. Né à Halberstadt en 1932, il obtient en 1956 son diplôme de droit à l’université de Francfort. Tout en commençant une œuvre Benjamin Millepied au Châtelet Winterbranch Merce Cunningham Moving Parts Benjamin Millepied Quintett William Forsythe Reflections Création mondiale Benjamin Millepied 01 40 28 28 40 chatelet-theatre.com Avec le soutien de 23-25 mai 2013 L •A • DANCE P R O J E C T littéraire, il devient le conseiller juridique de Theodor Adorno et Max Horkheimer à l’Institut de recherche sociale, qui resteront ses maîtres à penser. Pistonné par Adorno – qui a le cinéma en horreur et le recommande pour l’en dégoûter –, le jeune homme curieuxde tout devientaussi assistant de Fritz Lang sur un de ses derniers films, Le Tombeau hindou (1959). Cinéaste en herbe, il cosigne en 1962, avec une vingtaine de jeunes réalisateurs, le célèbre manifeste d’Oberhausen,acte officiel de la naissance du Nouveau Cinéma allemand. Cette révolte est au diapason d’uneviolenterupturegénérationnelle. Elle emporte la vitupération des pères nazis et de la société bourgeoise, annonce l’embardée sanglantede la Fractionarmée rouge. De par son âge, sa formation intellectuelle, sa culture encyclopédique, son indéfectible allant, Kluge occupe une position centrale pour organiser cette aspiration au changement dans le domaine du cinéma. Il signe par ailleurs quelques-unes des œuvres sinon les plus reconnues du moins les plus remarquables de ce Nouveau Cinéma. Anita G. (1966) : un premier long-métrage qui voit une jeune femme juive d’Allemagne de l’Est (lasœurde Kluge,de fauxairsd’Anna Karina) se réfugier en RFA pour y être chassée comme un mauvais fantôme.Les Artistessous leschapiteaux : perplexes (1968), Lion d’or à la Mostra de Venise : l’histoire de Leni Peikert, une jeune funambule qui veut révolutionner son art sur les ailes de la poésie et se heurte aux tristes pesanteurs environnantes. Ferdinand le radical (1975): unex-commissairede police,devenu responsable de la sécurité d’un groupe industriel, commet des attentatspour justifier son affabulation sécuritaire. Voilà quelques titres qui témoignent d’un cinéma de la pensée, du fragment, de l’association des lointains. Des intrigues ténues, de l’enquête sociale, du lyrisme, de la fulgurance. Godard n’est pas loin, et Kluge le revendique : « L’étincelle, pour nous, ç’a été la Nouvelle Vague, la politique des auteurs, l’image invisible qui naît entre deux plans, l’idée que le cinéma était cet art totalqui devenait l’opéra du XXe siècle et permettait de comprendre l’Histoire. » Il est un Des intrigues ténues, de l’enquête sociale, du lyrisme, de la fulgurance: Godard n’est pas loin et Kluge le revendique point sur lequel Alexander Kluge va pourtant infléchir son credo : la croyance en la toute-puissance de l’auteur. Dans un monde remis au pas au seuil des années 1980, il organise, pour ainsi dire, sa propre disparition comme auteur. On le trouve d’abord à pied d’œuvre sur plusieurs films collectifs ultrapolitiques, tels L’Allemagne en automne (1978), chant du cygne de la Fraction armée rouge en même temps que du Nouveau Cinéma allemand, ou Le Candidat (1980), portrait grotesque de Franz Josef Strauss, leader de la formation ultraconservatrice CSU (Union chrétiennesociale). Kluge passe ensuite avec armes et bagages à la télévision, où il se crée les moyens d’une totale indépendance grâce à la création de sa société DCTP (Development Company for Television Programing). Il y concocte depuis trente ans des programmes culturels très originaux de trente minutes, destinés aux cases tardives des chaînes privées RTL et SAT1. Par ailleurs, il travaille à la réalisation de filmsessais qui sortent occasionnellement en salles puis vivent leur vie en DVD. Nouvelles de l’antiquité idéologique (2008) en est un bon exemple, hommage de neuf heures rendu au projet avorté de Sergueï Eisenstein de transposer Le Capital, de Karl Marx, au cinéma. Il va sans dire que ce type de film, où le mélange des genres et des tons est absolument stupéfiant, exige une certaine ouverture d’esprit de la part des spectateurs. La perte d’aura qui résulte de ces choix pour sa carrière est compensée par la liberté de création Christoph Hochhäusler, une filiation revendiquée Christoph Hochhäusler, 40 ans et trois longs-métrages à son actif (Le Bois lacté, L’Imposteur, Sous toi, la ville), est l’un des plus brillants cinéastes de la nouvelle génération allemande. Il évoque ainsi Kluge : « Pour lui, le cinéma, c’est avant toute chose un principe de curiosité, une exploration du monde et une pratique sociale. Ce n’est plus un film montré dans une salle ou produit par des professionnels de l’industrie du divertissement. C’est ce qu’il voulait dire quand il a déclaré que le cinéma avait en réalité dix mille ans. Son idée du cinéma, décidément moderne, a des implications pratiques, politiques, philosophiques et esthétiques, et son grand mérite est de s’y confronter, souvent en même temps. On peut voir dans son œuvre la tentative de concilier l’avant-garde de Weimar et Fritz Lang, l’école de Francfort et les contes des frères Grimm. Son influence sur le cinéma allemand est à la fois marginale et d’une importance capitale. Pour moi, et pour nombre de mes pairs, je crois, il est une source constante d’inspiration. » dont il jouit dans sa retraite volontaire, d’où sa curiosité universelle se donne cours comme jamais, de la musique de Wagner à l’intelligence artificielle, en passant par les trente-six façons de donner un baiser. Il ne fait guère de doute que ce renoncement est pour lui une reconquête: «J’ai fini par comprendre que l’auteur n’est pas aussi crucial qu’on le pense. J’ai rapetissé mon ego, je suis devenu une taupe. Je suis passé du cinéma des auteurs à la télévision des auteurs. Rien à voir avec la télévision telle qu’elle existe, ou aussi peu que ce qu’y a fait Rossellini à la fin de sa vie. Le but du jeu est d’apporter, à doses homéopathiques, et avec l’accord du spectateur, sur une forte base d’improbabilité, de l’anti-télévision à la télévision. » Entre ses émissions et ses essais, ses films-minute et ses films-fleuves,laproductionde Kluge devient inquantifiable, sa présence impondérable. Entre deux livres et deux films, il continue d’être un spectateur. Encore précise-t-il : « Je ne suis pas un esthète. Un rien me suffit. J’en suis resté au plaisir de cette bande de 1902 qui montre l’électrocution d’un éléphant. Je vais voir les Tarantino. » Venu d’un siècle qui a réservé à sa génération la pire barbarie et les pires désillusions, Kluge a toujours de la colère, mais pas d’amertume.Tel unvieuxtalmudiste,rendu fou de joie par la conviction qu’il lui reste beaucoup à apprendre, il pensefermementque« l’utopie s’améliore pendant que nous l’attendons». p Jacques Mandelbaum Alexander Kluge, le radical. Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, Paris 12e. Tél. : 01-71-19-33-33. Jusqu’au 3 juin. Cinematheque.fr Rencontres avec Alexander Kluge : le vendredi 26 avril à 19 h 30 au Goethe Institut, 17, avenue d’Iéna, Paris 16e. Et le samedi 27 avril à 15 heures à la Cinémathèque. 0123 culture & styles Samedi 27 avril 2013 21 Mi-abeille, mi-fusée, Beyoncé survole la foule de Bercy Lors de son second concert parisien, devant un public aux anges, la diva a offert un show à sa mesure: agile, altier et aérien R’n’B I l fait beau et chaud, en ce riant jeudi 25 avril. La foule qui prend d’assaut le Palais omnisports de Paris-Bercy n’en est que plus allègre. Beyoncé Knowles, 31 ans et 100 millions de disques vendus, y donne le second de ses deux concerts parisiens, après des années d’absence dans la capitale. Dans l’assistance, parade un mix assez composite de jeunes filles en fleurs, de trentenaires débonnaires,de lascarsà casquette et de people en goguette – le duo d’amuseurs Eric & Ramzy récolte ainsi de copieux applaudissements, avant le début des festivités. Lors de la mise en vente des billets, il y a quelques semaines, les deux concerts à Bercy avaient affiché complet au bout de quelques minutes. Nul doute qu’il faudra bien plus de temps aux détenteurs des précieux sésames pour se remettre du show auquel ils ont assisté. Car parler de simple concert serait réducteur: c’est une performance totale, débordant vers le karaoké, la mode, la danse ou la propagande, que Beyoncé leur a offerte, deux heures durant. Certains retiendront la facture très « son et lumière » du spectacle, avec sono bruyante et pyrotechnie dernier cri, passant en revue quelques-uns des tubes les plus puissants des années 2000, de Crazy in Love à Halo. D’autres resteront bluffés par les chorégra- phies millimétrées de la diva et de ses acolytes, entre lap dance affriolant, pastiches pêchus de Broadwayet superproductionhollywoodienne, façon Busby Berkeley. Les fashionistas se rappelleront à jamais de l’affolant ballet de jupes, robes,corsets, bustiers,froufrous, cuissardes et bodys exhibés par Beyoncé et ses girls, telles de mutantes créatures de podium. Quant aux rares marxistes infiltrés dans le public, ils se souviendront de ce raffut comme d’une Elle s’agrippe à une corde et survole la fosse, sous une pluie de paillettes et de vivats énième démonstration de force de l’impérialisme américain, toujoursprompt à propager, souscouvert d’entertainment, les vertus du libéralisme:souscet angle,ladiffusion avant le concert d’un spot féministe, avec intervention d’Hillary Clinton, alternant avec celle de clips vantant les mérites de sodas ou de parfums customisés,est éloquente.Etdissipe définitivement les soupçons de sympathies communistes de la chanteuse, après que ses récentes vacances à Cuba ont été jugées, par certains parlementaires américains, comme de nature à briser l’embargo de l’île. Mais, loin de ces pesantes consi- dérations, ce que l’essentiel du public gardera du show tient, au contraire, à sa légèreté : spectacle leste, agile, aérien que celui-là. Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme Beyoncé « Queen Bee » (« l’abeille reine ») : la diva R’n’B maîtrise les airs comme personne. Elle a grandi à Houston, où la NASA dispose d’un centre fameux pour astronautes. Et elle chante, par conséquent, plus souvent qu’à l’occasion les joies de l’aérospatiale (Countdown, Lift Off). De la ruche à la fusée, c’est sur cette ligne ténue, d’ailleurs, que progresse le concert tout entier. Les imposants écrans télévisés, déployés de part et d’autre de la scène, ne diffusent que des scènes d’élévation, ou presque : images d’abeilles butinant joyeusement, de monarque libertine en guêpière dorée, de compte à rebours avant décollage vers le cosmos. Il y aurait donc deux Beyoncé. D’un côté, la reine des abeilles. Celle qui pollinise une féminité fière et émancipée depuis le début des années 2000, lorsqu’elle officiait au sein du girl’s band Destiny’s Child, dont elle repêche ici le tube Survivor – coffre profond, léger vibrato. Celle qui vocalise pour l’investiture de Barack Obama, guinche avec Michelle pour lutter contre l’obésité, organise une collecte de vêtements pour Emmaüs avant ses concerts parisiens. Celle qui, casquette queer vissée à la tête, se targue de ne compter, hor- Les fashionistas se rappelleront des tenues exhibées par Beyoncé et ses girls. FRANK MICELOTTA/AP mis une paire d’aimables acrobates français, que des femmes sur scène à ses côtés : une dizaine de musiciennes, une dizaine de danseuses. Cela donne Girls (Run the World) en ouverture altière de concert, dans un essaim de robes rayées. Cela donne encore Grown Woman, entraînant titre inédit, tout en zébrures afro, I Will Always Love You, en hommage a capella à feu Whitney Houston,ou l’hymne Single Ladies (Put a Ring on It), et ses déhanchés frondeurs. Derrière ces pas de danse se tientl’autre Beyoncé.La fusée fuselée. Celle qui propulse, du haut de A L’Auditoriumde Bourges, un mêmeplateaupourtroisesthétiques L ou Rawls, crooner soul, Hugh Masekela, trompettiste de jazz, et le grand maître indien du sitar Ravi Shankar au même programme que Jimi Hendrix ou la communauté psyché hippie menée par Jefferson Airplane et le Grateful Dead. Des réputations du free-jazz comme Archie Shepp ou Don Cherry, John Surman et Steve Lacy passant avant ou après Pink Floyd,Yes, les PrettyThingsou Captain Beefheart. A la fin des années 1960 et au début des années 1970, les rares festivals organisés aux Etats-Unis et en Europe pratiquaient aisément le grand écart stylistique au cours d’une seule journée de concerts. Le festivalier était alors peutêtre plus enclin à sortir de ses habitudeset,de toute manière,les festivals, pas encore sous le label de « musiques populaires», se comptant en quelques dizaines annuellement, on n’allait pas faire la fine bouche. Multipliés depuis à l’envi – cent par semaine au doigt mouillé –, la plupart des festivals ont depuis, pour ceux qui se veulent les plus variés dans leur programmation, mis les genres dans des soirées thématiques en un même endroit : soirée hard rock, soirée Brésil, soirée chanson, soiréepianistede jazz,soirée filleboudeuse… Le Printemps de Bourges, commed’autres, a beaucoup pratiqué l’exercice. A quelques occasions, pourtant, le millésime 2013 du festival de musiques, organisé du 23 au 28 avril, a retrouvé cette envie de contrastes stylistiques, de décloisonnement. A cet égard, le programme proposé, jeudi 25 avril, à L’Auditorium, s’est révélé assez Sophie Hunger, née en 1983, a des déclamations que l’on a pu entendre chez Patti Smith dans ses créatives années 1970 rap. Sa voix, son débit coulant, ses musiques croisent les tourneries hypnotiques funk et soul de D’Angelo avec l’apport jazz et chanson d’un des vocalistes les plus complets, Al Jarreau. Sophie Hunger, née à Berne (Suisse) en 1983, donne dans le rock, plus ou moins rageur, avec un sens de l’orchestration très affirmé. Elle a des déclamations que l’on a pu entendre chez Patti Smith dans ses créatives années 1970, autant que des envies de surprises vocales, par la projection, le souffle, le malaxage des mots devenant sons. Guillaume Perret est saxophoniste, originaire d’Annecy,32 ans, à la tête d’Electric Epic, formation instrumentale où l’improvisation est une affaire de construction rigoureuse, quartette expérimentateur dans son rapport au ryth- T E R R E U N F I L M D ’ E S P O I R D E S O N O S I O N Vivre après la catastrophe Sylvain Siclier Printemps de Bourges, Avec Cody Chesnutt, Alpha Blondy, Kenny Arkana, Public Enemy, Lou Doillon, Woodkid, Savages, Babx, Alex Beaupain, The Vaccines, Breakbot, Vitalic, Aufgang, Valerie June, Marie-Pierre Arthur, Ez3kiel, Disiz, Sexion d’Assaut… Jusqu’au 28 avril. Programme complet, horaires et tarifs sur Printemps-bourges.com Aureliano Tonet OF HOPE me, au son, dans lequel se retrouve le lyrisme d’un certain rock progressif – King Crimson, Magma –, une propulsion rock metal et des mélodies d’Orient. On sort de la soirée sans sentiment d’une juxtaposition d’esthétique. Chaque concert, en moyenne concentré en une cinquantaine de minutes, a été un moment de joie musicienne, d’affirmation d’un propos par rapport à une esthétique, à des filiations possibles. Avec, pour chacun, un haut niveaud’intentionponctuéde passages intenses. L’interprétation de rêve de Trouble, par José James, tiré de son récent album No Beginning No End (Blue Note Records/EMI), suivie d’une version tout en spiritualité d’Ain’t No Sunshine, tube de Bill Withers, en 1971. L’émotion vocale que Sophie Hunger fait surgir de sa chanson Herarun, qui figure sur The Danger of Light (Two Gentlemen/Universal Music), là aussi disque récent. Et en fin de son concert un chant a cappella, qui file avec un naturel éblouissant, avec le soutien d’harmonies vocales de ses musiciens. La montée en puissance, implacable, du thème Kakoum, composition de Guillaume Perret, déjà prenante en ouverture de son disque publié par Tzadik, la compagnie phonographiquede l’Américain John Zorn, mais que le concert, ce concert, mène vers l’incandescence. p Crédits non contractuels • Design : TROÏKA Bourges Envoyé spécial exemplaire. José James, Sophie Hungeret l’ElectricEpic de Guillaume Perret se sont ainsi succédé dans la salle la plus respectueuse et exacte en matière de sonorisation – le chapiteau du W et le 22 étant, eux, à l’opposé. Venus de pays différents, leur propos musical a peu de points de convergence. Le public, même si certains spectateurs étaient venus plus pour l’un, l’une ou l’autre, a pris la soirée dans sa globalité. Peu de mouvements dans la salle, d’un concert à l’autre. José James, originaire de Minneapolis (Minnesota), 35 ans, relève de la soul, avec des éléments de familial. Celle qui grimpe les tonalités, crescendo, sur Love on Top, hitjacksonienen diabledeson quatrième et dernier album en date, 4 (2011). D’aucunes pourraient ne pas se relever de tels écartèlements, de telles contradictions. Beyoncé les surplombe, littéralement. Elle a trop chaud ; les ventilateurs ne la ventilent pas assez. Lasse d’en réclamerdenouveaux,elle s’agrippe à une corde munie d’un harnais, et survole la fosse, sous une pluie de paillettes et de vivats. Abeille etfusée réunies,temps suspendu. p THE LAND Contrastes stylistiques lors de la troisième soirée du festival, où se sont notamment produits José James, Sophie Hunger et Guillaume Perret Musique ses talons aiguilles, les archétypes d’une certaine Amérique rutilante, gentiment croyante et phallocrate. Celle qui chanta, en 2009, pour la famille Kadhafi, ou, en février, à la mi-temps du Superbowl. Celle qui a baptisésa tournée The Mrs. Carter Tour, du nom de son époux, le rappeur Shawn Carter, alias Jay-Z. Celle qui simule en combinaison dentelée, sur Naughty Girl, un peep show de pacotille,et fait rugir les lance-flammes tous azimuts. Celle qui entrecoupe sa prestation d’extraits du documentaire qu’elle a réalisé pour HBO, Life is But a Dream, ode un brin édifiante à l’épanouissement ACTUELLEMENT AU CINÉMA METROPOLITAN FILMEXPORT © 2012 The Land of Hope Film Partners. Tous droits réservés. 22 0123 carnet en vente actuellement K En kiosque Samedi 27 avril 2013 ¹C (iáëCÚ ª0&) .0&$V7 20&) (+{2)5V((+V $0) {2202[V) M{ $VPMMV .0&+ MV MV2XV5{P2 V Francoise Duthu, Noëlle et Christian Khodja, Jean et Marie-Paule Duthu, ses enfants, c .C E9íiëG<C EC S <CÖáCÞ Ž he < b| Inhumée au cimetière de Saint-Nicolas de la Grave, elle a rejoint son époux, ³0&+ (0&(V P2T0+5{(P02 V Michel DUTHU. ˆi a[ fY fY fY ˆi a[ fY fi d^ « De grèves en révolutions Je n´ai fait que penser aux autres. » Jean Ferrat. [{+2V(05.&yMP[P(V‹T+ 6, square de Ponthieu, 78310 Maurepas. AU CARNET DU «MONDE» Naissance La famille de « Parfois le chemin est dur. » Pierre Mortez. Ces 3 kg de bébé se requinquent avant de partir faire connaissance de Noé, leur frangin. [email protected] Hors-série décédés en 1980 et 2010. Cet avis tient lieu de faire-part. de Le président directeur général, Le conseil d’administration, La direction du réseau France Bleu, Ses collègues de France Bleu et de France Info Tous les personnels de Radio France ont la très grande douleur de faire part du décès de Philippe CHAFFANJON, directeur général adjoint de Radio France, en charge du réseau France Bleu, survenu le 24 avril 2013, à l’âge de cinquante-cinq ans. Les obsèques auront lieu le samedi 27 avril, à 15 heures, en l’église de Couthures-sur-Garonne. Tous présentent à sa mère, à sa femme, à ses enfants, sa famille et à ses proches, leurs sincères condoléances. Une messe sera célébrée ultérieurement à Paris. (Le Monde du 26 avril.) Dès jeudi 25 avril, En cette occasion, la direction et le personnel de Maphar adressent leurs sincères condoléances à son fils, Hugues, à sa fille, Marine, à sa famille ainsi qu’à l’ensemble de ses collaborateurs. Françoise et Pierre Mardrus, ses enfants, ont la douleur de faire part du décès de Mme Monique MARDRUS, Laurand Kovacs-Gontal, son époux, François et Gisèle Kovacs et leurs enfants, son beau-frère et sa belle-sœur, Lucienne Kovacs et ses enfants, sa belle-sœur, Thérèse et Nathalie, ont la douleur de faire part du décès de Micheline KOVACS-GONTAL, « Catherine «, dans la Résisance, enseignante à la retraite de l’Institut catholique de Paris, médaillée de la ville de Paris pour l’ensemble de sa carrière, chevalier dans l’ordre des Palmes académiques, survenu le 24 avril 2013, à son domicile, dans sa quatre-vingt-dixième année. La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 27 avril, à 9 h 30, en l’église de Moutiers-en-Cinglais. Nos remerciements émus vont à l’ADMR de Thury-Harcourt et au SIAD de Bourguébus, qui l’on accompagnée avec affection tout au long de sa maladie. Selon sa volonté, pas de fleurs ni de plaques, vous pourrez déposer des dons aux institutions charitables de votre choix. Condoléances sur registre. Cet avis tient lieu de faire-part et de remerciements. M. Laurand Kovacs-Gontal, La Bagotière, 14220 Les Moutiers-en-Cinglais. LA QUATRIÈME DIMENSION NOTRE UNIVERS EST-IL L’OMBRE D’UN AUTRE ? ( 6 I 9 / ; D --------------------------- Catherine et Michèle ses filles, Louis, son petit-fils, Thierry Lacamp et Gilles le Gouëllec, ses gendres, ont la tristesse de faire part du décès de Alexandre Baptiste TEYSSIER, ancien directeur général de la Caisse primaire centrale d’assurance maladie de Paris, ont la profonde tristesse de faire part du décès de survenu le 12 avril 2013, à l’âge de quatre-vingt-douze ans. Brigitte REGIS, survenu le 22 avril 2013. Il a rejoint son épouse, Une cérémonie religieuse a été célébrée le vendredi 26 avril, à 10 h 30, en la chapelle du cimetière du PèreLachaise, à Paris 20e. Une bénédiction sera donnée le lundi 29 avril, à 10 h 30, en l’église Saint-Laurent d’Annecy-le-Vieux (HauteSavoie), suivie de la crémation au crématorium municipal d’Annecy, à 12 heures. Cet avis tient lieu de faire-part. Joséphine, née CASAS, décédée le 12 septembre 2012. L’inhumation a eu lieu le 16 avril au cimetière de Montmartre, dans l’intimité familiale. Il était un homme généreux et brillant. Merci à celles et ceux, anciens collègues, qui ont une pensée pour lui. Mme Irène Regis, 12, chemin de Beaulieu, 74940 Annecy-le-Vieux. Famille Teyssier, 37/39, rue Saint-Sébastien, 75011 Paris. Paola Saba et Valerio Vastola survenu le 21 avril 2013, dans sa quatre-vingt-douzième année. La cérémonie religieuse a été célébrée le jeudi 25 avril, à 14 h 30, en l’église Saint-Jean-Baptiste, 158, avenue Charlesde-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine, suivie de l’inhumation au cimetière nouveau de Neuilly, à Nanterre. Jean MOUNICOT, nous a quittés le 21 avril 2013. Les obsèques religieuses auront lieu le mardi 30 avril, à 14 heures, en la chapelle de la Fondation Aulagnier, 30, rue Auguste Bailly, à Asnières-sur-Seine (Hauts-deSeine). L’inhumation aura lieu le vendredi 3 mai, à 14 heures, dans le caveau de famille, au cimetière de Mazerolles (Pyrénées-Atlantiques). ont l’immense tristesse d’annoncer le décès de leur père et beau-père survenu à Rome le 25 mars 2013, à l’âge de quatre-vingt-douze ans. Ancien professeur de langue et de littérature françaises à l’Université de la Sapienza de Rome, il fut professeur invité à l’université d’Aix-en-Provence. Il était un spécialiste éminent de Théophile de Viau, poète baroque du e 17 siècle, dont il a édité l’œuvre complète. Grand ami de la France, il était chevalier de la Légion d’honneur. En mission pour le développement en Haïti, fidèle à sa philosophie féministe et humaniste, Elisabeth Padet, Nicole Padet, Alain Padet, ont la tristesse d’annoncer le décès de Les Semblat. Ni fleurs ni plaques, dons aux associations du Sud, (aster-international.org). Jacques Tardi, son fils, et Dominique Grange-Tardi, sa belle-fille, Diego, Oscar, Rachel, Lisa ses petits-enfants, Les familles Archinard, Robichon, Bert, Vingtain, Bontoux, ont la tristesse de faire part du décès de née COLLIN, ont la douleur et la tristesse de faire part du décès, dans sa quatre-vingt-onzième année, de M. Lucien MAZUEL. Le corps repose au Funérarium phocéen. 29, boulevard de l’Océan, à Marseille 9e. Les obsèques seront célébrées le samedi 27 avril 2013, à 15 heures, en l’église de Céreste (Alpes-de-Haute-Provence). Résidence Les Nymphéas, 23, avenue des Caillols, 13012 Marseille. Remerciements Simone Veil, Ses fils Et sa famille, survenu le 23 avril 2013, dans sa quatre-vingt-dix-huitième année. Antoine VEIL et dans l’incapacité d’y répondre, Ils rappellent la mémoire de son époux, vous prient de trouver, ici, leurs très sincères remerciements. René TARDI, décédé le 26 octobre 1986. Ses cendres ont rejoint la nature qu’il aimait par dessus tout La cérémonie aura lieu le jeudi 25 avril, à 14 h 30, en l’église de Saint-Marcel-lèsValence, suivie de l’inhumation au cimetière de Valence. Le présent avis tient lieu de faire-part. Cet avis tient lieu de faire-part et de remerciements. # 8 2 A ' I ) ; D Charles et Benjamin Ward, très touchés des nombreuses marques de sympathies qui leur ont été témoignées lors du décès de Mme Henriette TARDI, M. Jean Pierre PADET, survenu le 21 avril 2013, à l’âge de quatre-vingts ans. Eric Haffner-Dupré, Marko Kantar, Saïd Lamrini, Claude Roche, Parents et amis, De la part de « Vivre comme si c’était le dernier jour, ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant. » (Marc Aurèle). Philippe Mazuel, Sylvie et Cora Jacobsohn, L’enterrement aura lieu le mardi 30 avril, à 10 heures, à Etreillers (Aisne). Lyon. Geneviève Mazuel-Roche et ses enfants, Aurélie, Hélène et Guillaume Roche, Antoine et Françoise Adjuto et leurs enfants, Marie-Lise SEMBLAT, présidente d’Aster-International, docteur en géographie, chevalier dans l’ordre national du Mérite ancienne chargée de mission aux DDF, présidente de l’AEIDL, a trouvé la mort qui l’attendait au bord de la route de Cayes (Haïti). Marie-France Mounicot, Ses filles, Sa petite-fille Basile Mounicot, son frère. Mme Liliane Mazuel, née Smee, médaillée de la France libre, Bernard et Béatrice Mazuel et leurs enfants, Diane Mazuel et Arnaud Tabet et leur fils, Sacha, Chloé et Margaux Mazuel, M. Guido SABA, Prières et pensées seulement. $""!# (,3)-&.!'. le volume no 5 Mme Irène Regis, M. Jean Regis (†), ses parents, Fabienne Regis et Laurent Jacquier-Laforge, Isabelle Regis, ses sœurs et son beau-frère, Matthias Cure-Regis, son neveu, Le professeur Hervé Cure Et toute sa famille, née BRAMAUD du BOUCHERON, Roland HUSSON, Les-Moutiers-en-Cinglais (Calvados). Cet avis tient lieu de faire-part. Fondateur du laboratoire Maphar en 1951, François Lefeuntun avait contribué à son développement durant de longues années. Il avait maintenu sa collaboration jusqu’à cette année au travers de son activité professionnelle. Les nombreux amis français et chiliens Philippe CHAFFANJON, Une messe sera célébrée ultérieurement à Paris. Collections ------------------------------------------------------- La famille rappelle à votre souvenir ses parents, ont la très grande douleur de faire part du décès de Les obsèques auront lieu le samedi 27 avril, à 15 heures, en l’église de Couthures-sur-Garonne. Hors-série La cérémonie aura lieu le samedi 27 avril, à 8 h 45, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e. décédé le 23 avril 2013, à Cordoba (Argentine), se souviennent avec une immense reconnaissance de son action de conseiller culturel et de coopération scientifique et technique de l’ambassade de France à Santiago en faveur des opprimés et des persécutés de la dictature du général Pinochet. survenu le 24 avril 2013 à l’âge de cinquante-cinq ans. Et aussi : Français - Géographie Philosophie - Sciences Éco. Sciences et vie de la Terre a la grande tristesse de faire part de son décès, survenu le 22 avril 2013. Michel et Delhi, Décès Suzanne Chaffanjon, sa mère, Isabelle Chaffanjon, sa femme, Charlotte, Pierre, Camille, Matthieu, ses enfants, Laure et Camille, ses sœurs, Emmanuel et Nicolas, ses beaux-frères, Ses tantes et oncles, Ses cousines et cousins, Ses nièces et neveux, Hors-série Benoît GUILLAUMIN La mise en bière a eu lieu ce vendredi 26 avril, à 14 h 45, en la salle mortuaire de Cochin, Paris 6e. ont débarqué bien en avance, le 21 avril 2013 à Paris. ancien directeur général du laboratoire MAPHAR. née VITALIS, survenu le 18 avril 2013, à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Martin et Louis M. François LEFEUNTUN, Lucienne DUTHU, EÖ .ÖëE9 iÖ ÒCëEáCE9 5ÖÞäÖ0Ž hZ < b| ‰5éÖáÞ Azá9zÞ Géíçá9Þ† Pressés de profiter du printemps, ont le regret de faire part du décès de ont la profonde tristesse d’annoncer le décès de c Hors-série Les Laboratoires MAPHAR Anniversaire de décès Pierre VERMERSCH, 27 avril 1986 - 30 avril 2005. Familles Mouzaoui et Vermersch. Q / ; ; D 2 # 8 F J) Q 6 8 8 D 9 D 8 2 % "=;#C72:$ :2 B $:!,=>:$ B X &( $#+.( 3 W&Td1`& KCb!!&G&!L2 3 *::99 3 ,E9,, *TTK2 U&O&a g :J:QB[*SU/ #%1* R& \Tb<L& O& `&LL& +66$: /7"=9,:$2: &L R& T&^b12 MK )bTG%M& $!L#_TKM& O% $#+.( \&!OK!L J Gb12 \b%T 'A" K% M1&% O& :,EV;9" 2b1L \Th2 O& A3" 4: $749"2@=! 2%T M& \T1a P1b2-%& ., )914, >!) U6h-%& CK!`K1T& ' MZbTOT& O& MK Wb`1#L# #O1LT1`& O% $#+.( UKTL& CK!`K1T& BK2L&T`KTO *G&T1`K! Qa\T&22 @I X Qa\1T& ?1! X SKL& &L 21_!KL%T& bCM1_KLb1T&2 @bL&> M&2 J O&T!1&T2 `61??T&2 <_%TK!L K% d&T2b O& dbLT& `KTL& @bG X ]T#!bG X *OT&22& X UbO& \b2LKM X Dès jeudi 25 avril, le volume no 15 CLIMAT la catastrophe annoncée Préface de Stéphane Foucart RLG-N B% P%!?% C-O.+$% ;% +$O?-B-%! M1>+$% EO$G , ?O$. @%. .$KK@"=%!?. , # %& ,!(!'*)& +$ #")+& , @J>MMS. & @JDB-?-O! >:O!!". B$ 9O!B%07G !" 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O&2 1!?bTGKL1b!2 db%2 `b!`&T!K!L &! db%2 KOT&22K!L ' !bLT& 21h_&5 ]KT !bLT& 1!L&TG#O1K1T&V `&2 Ob!!#&2 \b%TTK1&!L "LT&2 `bGG%!1-%#&2 ' O&2 L1&T2V 2K%? 21 db%2 `b`6&> MK `K2& `13`b!LT&5 0123 météo & jeux Samedi 27 avril 2013 5 à 10° 10 à 15° 27.04.2013 12h TU D Lille Reykjavik 4 11 40 km/h 5 10 A 3 10 4 9 PARIS Metz 6 12 3 11 4 10 Rennes 2 12 Limoges 4 3 9 7 9 6 Lyon 9 3 D Montpellier Toulouse A 13 16 12 14 Aujourd’hui Des pluies souvent abondantes arroseront les régions situées entre les Pyrénées et les frontières de l'est. C'est d'ailleurs sur le tiers est du pays qu'il pleuvra le plus. La chute des températures occasionnera de la neige à très basse altitude, voire presque en plaine vers le Luxembourg le matin ! L'instabilité restera de mise sur les autres régions avec des averses parfois orageuses. L'extrême nord restera plus au sec et sous quelques belles éclaircies. Fraîcheur généralisée.. Jours suivants Lundi Nord-Ouest Ile-de-France Nord-Est Sud-Ouest Sud-Est Mardi 14 18 Lever 23h21 Coucher 07h34 Lever 06h35 Coucher 21h00 Sainte Zita Coeff. de marée 106/105 Ajaccio 40 km/h Dimanche 4 12 3 11 5 13 3 13 5 11 3 13 4 15 3 13 3 13 13 17 4 16 4 16 7 13 6 16 8 15 3 15 4 15 8 18 4 17 6 17 8 15 7 18 10 15 11 20 4 D Rabat Front froid Occlusion Thalweg Jérusalem Le Caire enpartieensoleillé assezensoleillé pluiemodérée assezensoleillé averseséparses pluieetneige enpartieensoleillé beautemps enpartieensoleillé enpartieensoleillé enpartieensoleillé enpartieensoleillé enpartieensoleillé beautemps assezensoleillé averseséparses beautemps enpartieensoleillé averseséparses faiblepluie aversesmodérées aversesmodérées beautemps assezensoleillé faiblepluie aversesmodérées 4 16 14 15 6 7 4 13 14 5 4 3 2 13 13 18 12 10 3 3 10 6 17 2 13 6 11 23 16 29 10 3 11 28 26 12 11 10 11 20 27 19 19 21 11 6 16 14 27 12 17 7 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb 2 14 11 3 2 15 14 14 11 12 7 20 29 10 9 25 22 24 20 24 14 15 28 22 19 16 22 26 27 22 19 24 14 15 3 16 24 26 35 27 26 27 23 30 31 27 30 31 31 24 13 24 aversesmodérées assezensoleillé assezensoleillé enpartieensoleillé enpartieensoleillé enpartieensoleillé averseséparses enpartieensoleillé averseséparses enpartieensoleillé Dans le monde Alger assezensoleillé Amman beautemps Bangkok variable,orageux Beyrouth beautemps Brasilia enpartieensoleillé Buenos Aires enpartieensoleillé Dakar beautemps Djakarta aversesmodérées Dubai averseséparses Hongkong variable,orageux Jérusalem beautemps Kinshasa variable,orageux Le Caire beautemps Mexico soleil,oragepossible Montréal enpartieensoleillé Nairobi variable,orageux New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington assezensoleillé assezensoleillé enpartieensoleillé beautemps enpartieensoleillé enpartieensoleillé enpartieensoleillé variable,orageux beautemps assezensoleillé assezensoleillé assezensoleillé enpartieensoleillé assezensoleillé Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis aversesmodérées 25 30 assezensoleillé 27 28 faiblepluie 24 24 soleil,oragepossible 27 30 averseséparses 24 28 variable,orageux 23 26 Outremer 30 39 8 19 13 23 9 20 14 19 20 28 6 14 27 31 14 24 12 23 10 18 16 23 7 20 15 18 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h Un génie d’avance 124 PAGES - 7,90 € - EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 5 6 7 Sudoku n˚13-100 8 9 Solution du n˚13-099 10 1 1 12 8 2 8 III IV 7 V 3 2 1 Solution du n° 13 - 099 I. Autocritique. II. Frimeuse. UDR. III. Fatale. Laies. IV. Le. Ne. Pondre. V. Ite. Brème. Za. VI. Gertrude. Pou. VII. Guisarme. VIII. Abo. Télé. Né. IX. Nattera. Itou. X. Tressaillent. 2 8 8 5 3 4 4 2 1 6 3 5 9 9 2 6 3 5 7 8 1 4 1 3 5 8 9 4 2 6 7 6 7 3 1 4 5 9 8 2 2 9 8 7 6 3 5 4 1 4 5 1 9 8 2 6 7 3 5 6 7 4 3 9 1 2 8 8 4 9 6 2 1 7 3 5 3 1 2 5 7 8 4 9 6 Très difficile Complétez toute la grille avec des chiffres allant de 1 à 9. Chaque chiffre ne doit être utilisé qu’une seule fois par ligne, par colonne et par carré de neuf cases. 20.50 Les Enfants de la télé. Invités : Pierre Arditi, Julien Courbet... 23.15 Tout le monde aime la France. Invités : Laurent Ournac, Malik Bentalha, Cécile de Ménibus, Marie-Ange Nardi... (115 min). FRANCE 2 20.45 Candice Renoir. Série. Pourvu qu’on ait l’ivresse. A tout seigneur, tout honneur (S1, 3 et 4/8, inédit, audiovision) U. 22.25 Ce soir (ou jamais !). 0.25 Mon Taratata à moi. 1.55 Journal, Météo (20 min). FRANCE 3 20.45 Faut pas rêver. Maroc, à l’ombre de l’Atlas. Magazine. 22.40 Météo, Soir 3. 23.10 Enquêtes de régions. Magazine. 0.10 Doc 24. Documentaire (60 min). CANAL + X I. Passe beaucoup de temps dans les arbres. II. Ira jusqu’au bout sans rien lâcher. Bon ou mauvais, il nous fait avancer. III. Evite de se brûler à chaque tour de manivelle. Paresseux. Brisé pour mieux supporter. IV. Bout de bois. Vient des Bouches-du-Rhône. V. Mis de côté. Désagréable en bouche. VI. Lunes des mers chaudes. Norme de la téléphonie aujourd’hui. VII. User par frottement. Donne son accord. VIII. Le titane au labo. Très mal traité. IX. Relanceras les affaires. X. Ebranle tous nos sens. A perdu toute sa fraîcheur. 3 8 Réalisé par Yan Georget IX Horizontalement 1 7 6 9 VIII 6 9 VI VII 9 3 6 Vendredi 26 avril TF 1 7 II L e déménagement exige un minimum d’organisation. Emballer, charger, transporter et déballer tout votre mobilier ne s’improvise pas», indique la fiche « Déménagement» du site Pap.fr. Cela vaut-il pour la chronique « C’est tout Net ! » ? Installée dans le présent emplacement depuis septembre2011, après une colocation en page 2, elle a été conquise par cette vue imprenable sur la météo et les jeux. En novembre2012, de 2000 signes, elle a étendu sa superficie à 2 800. Une extension qu’elle doit au « Courrier des lecteurs» qui lui a concédé son lopin de papier. Et puis, récemment, cette petite annonce: « A louer, charmant 2 500 signes, refait à neuf, situé en rez-de-jardin de la dernière page quotidienne du cahier “Eco”. Disponible dès le 30avril. Références exigées.» Finis les caprices du mercure, les bourrasques et les giboulées, terminés les mots croisés et les sudokus, dépassés les résultats des tirages du Loto! La chronique prend ses « clics » et ses claques! 15 % des ménages français envisagent de déménager en 2013, selon le troisième baromètre du déménagement des Déménageurs bretons, réalisé par l’IFOP. A l’échelle régionale, les habitants des villes situées au nord de la France sont ceux qui déménagent le moins. La nordiste « C’est tout Net! » fera donc exception. Mais pour aucun des motifs avancés par les 35-49 ans : achat immobilier (45 %), mobilité professionnelle (15 %), mariage ou divorce (14 %). S’agissant d’un déménagement d’entreprise, « cela s’explique sou- Les soirées télé I Horizontalement Beyrouth Tripoli Tripoli Dépression Front chaud Athènes Boris Vian Motscroisés n˚13-100 3 A Istanbul Mercredi 8 15 2 Bucarest Sofia Tunis Tunis Alger Anticyclone Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Bucarest Budapest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik Les jeux 1 0 Odessa 101 Ankara Séville En Europe 7 14 Budapest Zagreb Belgrade Rome D Kiev Afghanistan Risques de nouvelles pluies après les inondations Perpignan Températures à l’aube 1 22 l’après-midi D Milan 1005 Lisbonne Lisbonne 1020 Nice Marseille 9 15 6 14 Berne Munich Vienne Barcelone Barcelone 1025 1 Grenoble 015 10 10 8 10 1030 6 4 5 14 Biarritz Bruxelles Madrid Bordeaux 40 km/h Londres Paris Chamonix Clermont-Ferrand Moscou Copenhague Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague Dublin 1035 5 5 A suivre St-Pétersbourg Riga Edimbourg 7 5 Dijon Poitiers Helsinki Oslo Stockholm Besançon 2 11 par Marlène Duretz A 1020 A 4 11 Nantes 5 101 1025 103 Strasbourg 5 104 7 5 0 4 5 Orléans 3 11 40 km/h 1005 Châlonsen-champagne 0123 est édité par la Société éditrice du « Monde » SA Verticalement 1. Prend les bonnes mesures dans les coins. 2. A-t-il lâché sa plume pour se mettre aux textos. 3. Cours africain. Grand chez les lourds. Belle à cornes. 4. Descente dans les profondeurs. 5. Forme d’avoir. Achevé comme un cerf. 6. Donne le ton. Possessif. Cries comme un cerf. 7. Mammifère des mers du Sud. Baie nippone. 8. A fait chanter Peer Gynt. Auxiliaire. 9. Fin de partie. Risque d’exploser à tout moment. 10. Epuisera. 11. Finit dans la Garonne. Encadrent le précédent. Tour complet. 12. Passe la brosse dans le bon sens. Philippe Dupuis Verticalement 1. Affligeant. 2. Uraète. Bar. 3. Tit. Ergote. 4. Oman. Tu. Ts. 5. Célébrités. 6. Rue. Rusera. 7. Is. Pédalai. 8. Télomère. 9. Ane. Il. 10. Quid. Pente. 11. Uderzo. Eon. 12. Erseaux. Ut. 20.55 Le Prénom p Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS). Rédaction 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 Abonnements par téléphone : de France 32-89 (0,34 ¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89 Tarif 1 an : France métropolitaine : 399 ¤ Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74; Par courrier électronique: [email protected] Médiateur: [email protected] Internet: site d’information: www.lemonde.fr ; Finances : http://finance.lemonde.fr ; Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Documentation: http ://archives.lemonde.fr Collection: Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0717 C 81975 ISSN 0395-2037 Imprimerie du « Monde » 12, rue Maurice-Gunsbourg, 94852 Ivry cedex Président : Louis Dreyfus Directrice générale : Corinne Mrejen PRINTED IN FRANCE 80, bd Auguste-Blanqui, 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 Fax : 01-57-28-39-26 23 C’est tout Net ! | chronique > 35° D 3 11 Caen 30 à 35° 995 Amiens Rouen Brest www.meteonews.fr 25 à 30° 10 10 Cherbourg 20 à 25° En Europe 990 Samedi 27 avril Fortes pluies et froid dans l’est 40 km/h 15 à 20° 101 5 0 à 5° 10 05 -5 à 0° -10 à -5° 10 10 < -10° écrans Toulouse (Occitane Imprimerie) Montpellier (« Midi Libre ») Film Alexandre de La Patellière et Mathieu Delaporte. Avec Patrick Bruel (2012, audiovision). 22.45 Low Cost Film Maurice Barthélémy. Avec Judith Godrèche, Jean-Paul Rouve, Gérard Darmon (Fr., 2011). 0.10 Comment savoir Film James L. Brooks. Avec Reese Witherspoon, Paul Rudd, Owen Wilson (EU, 2010, 115 min). FRANCE 5 20.41 On n’est pas que des cobayes ! Au sommaire : Défi : nager le plus vite possible ; Mission : déchiffrer les messages codés... 21.37 Empreintes. Katia et Marielle Labèque, rock et baroque. 22.33 C dans l’air. Magazine. 23.43 Entrée libre. Magazine (20 min). ARTE 20.50 Temple Grandin. Téléfilm. Mick Jackson. Avec Claire Danes, Catherine O’Hara, David Strathairn (EU, 2010). 22.35 Suicide Club Film Olaf Saumer. Avec Klaus Dieter Bange, Hildegard Schroedter (Allemagne, 2010, v.o.). 0.10 Court-circuit. Spécial Festival de Stuttgart. Magazine (55 min). M6 20.50 NCIS : Los Angeles. Série. Ecart de conduite. Soldats de papier (saison 4, ép. 11 et 12/24, inédit) ; Un Noël électromagnétique. Sous surveillance (S3, 11 et 12/24). Avec Chris O’Donnell (195 min) U. vent par des enjeux de rationalisation des coûts et de regroupement des effectifs, auxquels s’ajoutent bien souvent des problématiques de gestion d’espace, d’accessibilité, de démarche de développement durable, d’amélioration du confort ou encore d’amélioration de l’image de marque» (bit.ly/13qquLt). A supposer que la chronique « C’est tout Net ! » soit un salarié, ce « déménagement d’entreprise» s’avérerait, comme pour 75 % des salariés, « positif pour le bien-être, l’efficacité, la motivation et la convivialité avec ses collègues». «A louer, charmant 2500signes, refait à neuf. Disponible dès le 30 avril» «Lorsque vous quittez un logement, il est nécessaire de prévenir toute une série d’organismes et d’administrations de ce changement», rappelle Pap.fr. Carte grise? «C’est tout Net!» n’a pas le permis de conduire. Carte d’électeur? Elle dispose déjà d’une « Carte des lecteurs» ! Passeport? A quoi lui servirait-il? Elle franchit les frontières virtuelles du Web sans avoir à décliner son identité. Carte de séjour? Dans Le Monde… et vous la voudriez « sans-papiers» ?! «Pour organiser les conditions matérielles» d’un déménagement, le site Service-public.fr précise, par ailleurs, que « je peux éventuellement bénéficier d’un congé » (bit.ly/17RRTcH). Va pour ton lundi, chronique! p [email protected] Samedi 27 avril TF 1 20.50 The Voice, la plus belle voix. Episode 13. 23.20 Au cœur des coulisses. 0.05 Les Experts. Série. Maison de poupée. La Légende vivante (S7, 7 et 9/24, 95 min) U. Avec George Eads. FRANCE 2 20.45 Le Plus Grand Cabaret du monde. Divertissement. Invités : Cyril Hanouna, Chantal Lauby, Françoise Laborde, Didier Barbelivien, Stéphane Bourgoin... 23.00 On n’est pas couché. Invités : Aurélie Filippetti, Jacques Higelin, Patricia Darré, Biyouna, Fabrice Eboué (180 min). FRANCE 3 20.45 Isabelle disparue. Téléfilm. Bernard Stora. Avec Line Renaud, Bernard Le Coq, Patrick Bouchitey (Fr., 2010). 22.30 Divorce et fiançailles. Téléfilm. Olivier Péray. Avec Ariane Ascaride, Michel Aumont, Annick Blancheteau (Fr., 2011). 0.05 Météo, Soir 3 (20 min). CANAL + 20.55 Contrebande p Film Baltasar Kormákur. Avec Mark Wahlberg, Kate Beckinsale, Ben Foster (EU, 2012) V. 22.45 Jour de rugby. Coupe d’Europe. 23.15 Jour de foot. Ligue 1 (34e journée). 0.05 Samedi sport. Magazine (10 min) V. FRANCE 5 20.30 Echappées belles. La Bourgogne, sans modération. Magazine. 22.02 Les Routes de l’impossible. [3/3] Chine, la vertigineuse vallée des oubliés. 22.52 L’Œil et la Main. Magazine. 23.19 Dr CAC. Magazine (26 min). ARTE 20.50 L’Aventure humaine. Les Glaciers du Karakorum. Documentaire. 21.40 Premiers à l’Everest ? Documentaire. 22.35 Girls, girls, girls. Les Groupes de filles : histoire d’une conquête musicale. Documentaire (Allemagne, 2011). 23.25 Tracks. Magazine. Angela Davis ; Wong Kar-wai ; Hocico ; Linder Sterling (55 min). M6 20.50 Hawaï 5-0. Série. Hana I Wa’Ia (S3, 14/24, inédit) U ; Mai Ka Wa Kahiko. I Helu Pu (S2, 15 et 16/23) U ; Ua Hiki Mai Kapalena Pau. Oia’i’o (S1, 23-24/24) U. 1.00 Supernatural. Série (saison 3, ép. 6 et 7/16, 90 min) V. 24 0123 0123 Samedi 27 avril 2013 Les femmes, atout du Japon Lettre d’Asie Philippe Pons L e néologisme « mancession» (composé des mots « man » et « recession»), apparu aux Etats-Unis en 2009 pour épingler une disparité dans le taux de chômage (plus élevé parmi les hommes que parmi les femmes) a fait son apparition au Japon. Officiellement, le chômage dans l’Archipel est faible comparé aux autres pays industrialisés (4,6%), mais il est aussi à peu près également réparti entre hommes et femmes. En réalité, si les Japonaises apparaissent moins dans les statistiques du chômage, c’est qu’elles sont souvent sousemployées: émargeant sur le marché du travail temporaire ou précaire, elles ne remplissent pas toujours les conditions pour être recensées parmi les demandeurs d’emploi. Ou bien, elles se sont retirées du marché du travail pour se consacrer à des activités bénévoles. Confronté à un vieillissement et à une dénatalité aussi rapides l’un que l’autre, le Japon néglige l’un des atouts de son redressement économique: les femmes. En 2012, le Fonds monétaire international (FMI) avait publié un rapport intitulé « Les femmes peuvent-elles sauver le Japon? » Elles le font déjà par leur engagement dans les réseaux sociaux, associations et organisations non gouvernementales, qui constituent la force vive de la société civile dont elles sont souvent la cheville ouvrière. En dépit des dispositions de la Constitution de 1947, qui prévoit « l’égalité fondamentale» des sexes en termes de droit, puis de la loi de 1987 sur l’égalité des chances pour l’emploi, peu de progrès ont été accomplis: les trois quarts des employés en contrat à durée déterminée sont des femmes, bien qu’elles aient le même bagage universitaire que les hommes. Quand elles ont un emploi a durée indéterminée, leurs salaires sont inférieurs de 25 % à celui des hommes. Le premier ministre Shinzo Abe a déclaré qu’il souhaitait plus de femmes au travail. Pour ce faire, il entend remédier à une carence qui les éloigne du marché du travail: l’insuffisance de garderies et de services d’assistance maternelle. Selon le premier ministre, les entreprises devraient accorder à leurs employées un congé parental de trois ans avec la garantie de pouvoir ensuite reprendre leur carrière. Actuellement, les deux tiers des femmes ayant un diplôme universitaire quittent volontairement leur emploi à la naissance de leur premier enfant. Une fois celui-ci élevé, elles reviennent sur le marché du travail, mais elles doivent accepter un travail moins qualifié, temporaire, voire précaire. Le Japon est, avec la Corée du Sud, le pays développé où la part des femmes dans les fonctions d’encadrement reste le plus faible (12 %). Seulement 2 % de femmes siègent dans les conseils d’administration (contre 17 % dans l’Union européenne, selon une étude du cabinet de conseil McKinsey : Women Matter. Making the Breakthrough, 2012). A la Chambre basse, 7,9 % des députés sont des femmes, ce qui place l’Archipel au 163e rang sur 190 pays pour le ratio des femmes en politique. Les études de McKinsey ou du FMI soulignent la corrélation entre l’emploi des femmes et le potentiel de croissance d’un pays, mais aussi le taux de fécondité : celui-ci est plus élevé dans les pays où les femmes travaillent davantage. Pour l’instant, beaucoup de Japonaises quittent leur travail au premier enfant ou bien ne se marient pas (ou tard) et ont tout au plus un enfant. Selon Seiko Noda, présidente du Conseil général du Parti libéraldémocrate (au pouvoir), « les faibles chances des Japonaises de trouver un travail correspondant à leur qualification dissuadent les couples de fonder une famille et accentue la dénatalité». Le pays souffre d’un déficit de main-d’œuvre. Pour y remédier, le premier ministre, Shinzo Abe, veut encourager le retour des mères de famille sur le marché du travail Un rapport de l’Institut de recherche sur la population et la sécurité sociale, publié en mars, est alarmant: la population japonaise passera en 2040 à 107 millions d’habitants, soit une diminution de 20millions d’habitants en un quart de siècle (en 2010, le Japon en comptait 128 millions). La courbe descendante devrait se poursuivre en 2060 : les Japonais seront alors à moins de 87 millions… Cette dépopulation se sent déjà dans les campagnes, soulignent les auteurs du rapport: petites villes fantômes; maisons abandonnées ; fermeture de lignes de tortillards; villages habités uniquement par des personnes âgées et où il est difficile de maintenir un niveau convenable de services sociaux… Il revient aux municipalités de réanimer une économie de proximité – industrie locale, pêche, agriculture – à laquelle peut contribuer un retour vers les campagnes de jeunes las de la vie en entreprise. Le Japon fait le choix d’assumer le vieillissement de sa population – en faisant du marché de services destiné aux seniors un élément de croissance et en permettant aux retraités de continuer à travailler – et de faire face à la dénatalité en palliant les effets de ces phénomènes sur l’économie par une délocalisation de sa production vers des pays à bas coût plutôt que d’importer massivement de la main-d’œuvre étrangère. Les dirigeants espèrent ainsi conserver au pays sa qualité de vie et sa stabilité sociale – pour l’instant préservées en dépit des crises et catastrophes naturelles subies par l’Archipel et d’une montée des inégalités qui se traduit par une nouvelle pauvreté. Mais ce choix suppose aussi qu’ils sachent vite et mieux tirer parti d’une des ressources humaines négligées du pays : les femmes. p [email protected] Changementsdans l’offre éditorialedu «Monde» P lusieurs changements interviennent dans les pages du Monde à compter de notre édition de lundi 29 avril datée 30. La création d’un cahier « Eco & entreprise» quotidien Pour amplifier sa couverture de l’actualité des entreprises et des grands enjeux économiques, en Francecommeà l’étranger,LeMonde va offrir dans ses pages un cahier « Eco & entreprise » quotidien, qui sera adossé à un contenu enrichi sur notre site Internet. Une attention particulière sera accordée aux grandes mutations: le changement du centre de gravité vers les pays émergents et l’Asie, ainsi que l’impact des nouvelles technologies sur tous les acteurs de l’économie, entreprises, moyens de production, modes de consommation. Le Monde mettra l’accent sur l’innovation, les entrepreneurs précurseurs, la conquête de nouveaux marchés. Le cahier « Eco & entreprise » comportera notamment, le lundi, un dossier hebdomadaire et deux pages « Management », le mardi deux pages « Stratégie & innovation », le mercredi deux pages « Universités & grandes écoles », le jeudi une page « Idées », le vendredi une page « Histoire », et le samedi des pages « Marchés » et « Argent & patrimoine». Reportages, enquêtes, portraits, analyses, débat d’idées, chroniques : le cahier quotidien « Eco & entreprise » décryptera la nouvelle ère économique mondiale. « Décryptages» Vous retrouverez chaque jour dans l’espace « Décryptages » du Monde, en fin du premier cahier, une grande analyse, ainsi que la page « Débats », la page « Enquête/ Reportage/Portrait», et vos autres rendez-vous. Chroniques La dernière page du premier cahier du Monde sera consacrée à de grandes chroniques: le lundi (édition datée mardi) celle de Sylvie Kauffmann, « L’air du monde », portant un regard sur le phénomène de la mondialisation ; le mardi (édition datée mercredi) celle de Gérard Courtois, « France », consacrée à la vie politique française; le mercredi (édition datée jeudi) celle d’Arnaud Leparmentier, « Europe », traitant de l’Union européenne; le jeudi celle d’Alain Frachon, « International », sur la diplomatie. Deux nouvelles chroniques sont créées : levendredi (éditiondatée samedi), une chronique « Culture » de Michel Guerrin, et le samedi (édition datée dimanche-lundi), une chronique« L’air du temps» de Florence Aubenas, sur la société d’aujourd’hui. La chronique « Juste un mot » de Didier Pourquery est à retrouver désormais dans M Le magazine du Monde. Suppléments hebdomadaires Deux suppléments hebdomadaires du Monde changent de date de parution : le supplément « Science & santé » (auparavant intitulé « Science & techno ») sera publié dans l’édition de mardi (datée mercredi), et le supplément « Géo & politique» dans l’édition de mercredi (datée jeudi). Les autres suppléments hebdomadaires conservent leur rendezvous: « Le Monde des livres » le jeudi (daté vendredi), « Culture & idées » et « Sport & forme » le vendredi (daté samedi) avec M Le magazine du Monde, et « TéléVisions » le samedi (daté dimanchelundi). p Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus Directrice du « Monde», membre du directoire, directrice des rédactions Natalie Nougayrède Directeur délégué des rédactions Vincent Giret Directeurs adjoints des rédactions Michel Guerrin, Rémy Ourdan Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann Rédacteurs en chef Arnaud Leparmentier, Cécile Prieur, Nabil Wakim Rédactrice en chef « M Le magazine du Monde » Marie-Pierre Lannelongue Rédactrice en chef « édition abonnés » du Monde.fr Françoise Tovo Rédacteurs en chef adjoints François Bougon, Vincent Fagot, Nathaniel Herzberg, Damien Leloup Chefs de service Christophe Châtelot (International), Luc Bronner (France), Virginie Malingre (Economie), Auréliano Tonet (Culture) Rédacteurs en chef « développement éditorial » Julien Laroche-Joubert (Innovations Web), Didier Pourquery (Diversifications, Evénements, Partenariats) Chef d’édition Christian Massol Directeur artistique Aris Papathéodorou Photographie Nicolas Jimenez Infographie Eric Béziat Médiateur Pascal Galinier Secrétaire générale du groupe Catherine Joly Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président pTirage du Monde daté vendredi 26 avril 2013 : 347 801 exemplaires. CLIMAT la catastrophe annoncée Préface de Stéphane Foucart Hausse des températures, fonte des glaces, acidification des océans… la communauté scientifique multiplie les rapports alarmants sur la réalité du réchauffement climatique et sur ses conséquences à désormais très court terme. Malgré cela et en dépit d’une multitude de conférences internationales, les dirigeants du monde révèlent leur incapacité à mesurer la gravité de la crise et à prendre les décisions qui s’imposent. COMPRENDRE UN MONDE QUI CHANGE PAR LES GRANDES SIGNATURES DU MONDE EN PARTENARIAT AVEC Plus d’informations sur www.lemonde.fr/boutique ou au 32 89 (0,34€ TTC/min). 6,90 € - En vente dans tous les kiosques *Chaque volume de la collection est vendu au prix de 6,90 € en plus du Monde, sauf le n° 1, offre de lancement au prix de 3,90 € en plus du Monde. Chaque élément peut être acheté séparément à la Boutique du Monde, 80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris. Offre réservée à la France métropolitaine, sans obligation d’achat du Monde et dans la limite des stocks disponibles. Visuels non contractuels. Société éditrice du Monde, 433 891 850 RCS Paris. 2