Lesjugesdel`affaireCahuzac pistentd`autresévadésfiscaux

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Lesjugesdel`affaireCahuzac pistentd`autresévadésfiscaux
ÉGYPTE : DES FEMMES CONTRE
LE HARCÈLEMENT SEXUEL
CULTURE & IDÉES – SUPPLÉMENT
L’HERBORISTERIE,
UNE MÉDECINE PARALLÈLE
50 ans de manifs, par le
politologue Pascal Perrineau
CULTURE & IDÉES – SUPPLÉMENT
SCIENCE & TECHNO – SUPPLÉMENT
Samedi 27 avril 2013 - 69e année - N˚21235 - 3,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède
Lesjugesdel’affaireCahuzac
pistentd’autresévadésfiscaux
VOTRE MAGAZINE
+ TROIS SUPPLÉMENTS
L’étrange docteur Tarot
Un soigneur de célébrités
t Les juges Van Ruymbeke et Roger Le Loire, chargés du dossier Cahuzac,
étendent leurs investigations aux clients français de la banque Reyl, à Genève
t Au cœur du dossier, le témoignage d’un ancien cadre de cet établissement
L
es juges d’instruction chargés de l’affaire Cahuzac n’ont pas l’intention de
se limiter au cas de l’ex-ministre du
budget. Le parquet de Paris ne s’oppose
pas à la demande des magistrats Renaud
Van Ruymbeke et Roger Le Loire d’enquêter sur les autres clients français de la banque genevoise Reyl & Cie, qui avait abrité
le compte caché de M. Cahuzac. Les juges
s’appuient sur l’audition, le 18 avril, d’un
acteur-clédudossier,PierreCondaminGerbier, associé-gérant de Reyl jusqu’en 2010
et ex-président de la délégation de l’UMP
en Suisse. Le banquier, en délicatesse avec
sonex-employeur,indiqueaussiavoirrencontré Bernard Tapie, début 2008, quel-
t Ses patients ? François Mitterrand,
Gérard Depardieu, François Pinault,
la famille Seydoux...
ques mois avant que celui-ci ne gagne son
arbitrage dans le contentieux qui l’opposait au Crédit lyonnais.
L’affaire Cahuzac continue de faire des
remous: le communicant Stéphane Fouks
met fin à ses activités de conseil politique
des ministres. p
LIRE PAGES 2-3
BEYONCÉ:
PERFORMANCE
AÉRIENNE
À BERCY
t La chanteuse
américaine a donné
deux concerts à Paris,
qui ont mêlé karaoké,
mode et danse
M LE MAGAZINE DU « MONDE » UNIQUEMENTENFRANCEMÉTROPOLITAINE,ENBELGIQUEETAULUXEMBOURG
●
AUJOURD’HUI
t Les billets étaient
partis en une heure
t A 31 ans, la diva
du R’n’B – et soutien
d’Obama – a vendu
100millions de disques
LIRE PAGE 21
Lors de son concert
du 24 avril à Bercy.
INVISION FOR PARKWOOD
UK price £ 1,70
SPORT & FORME
Teddy Riner :
«Je repars
de zéro »
SUPPLÉMENT
ÉCONOMIE
L’appel de François
Hollande aux
investisseurs chinois
En visite à Pékin, le chef de l’Etat
veut élargir à de nouveaux
secteurs la coopération
entre les deux pays. LIRE PAGE 14
YMAGIS entre en Bourse
Entrez dans
le cinéma de demain
Page 5
> www.ymagis-bourse.com
Dans une démarche
solennelle, le nouveau
secrétaire général de la
CGT a adressé une lettre ouverte à François
Hollande réclamant
une « rupture avec la
politique d’austérité en
France et en Europe ».
Libye : « Cet
attentat est
un message »
Dans un entretien au
Monde, le ministre des
affaires étrangères
libyen, Mohamed Abdelaziz, n’écarte pas la piste
d’une attaque d’anciens
kadhafistes dans l’attentat contre l’ambassade
de France.
Logements: la
réquisition, une
arme de dissuasion
POLITIQUE – PAGE 9
INTERNATIONAL – PAGE 4
SOCIÉTÉ – PAGE 10
Social : Thierry
Lepaon écrit
au président
Cinq mois après le lancement par la ministre du
logement, Cécile Duflot,
d’une campagne de
réquisition, 75% des
appartements franciliens ciblés devraient
être remis en location
par leurs propriétaires.
Chômage de masse, impuissance française
H
élas, le chiffre n’aura
surpris personne ! La
France a enregistré, en
mars, un nombre
exceptionnel de chômeurs :
3 224 600 demandeurs d’emploi
de catégorie A, ceux qui n’exercentaucuneactivité,mêmeréduite. Le précédent record, si l’on ose
dire, datait de janvier 1997. Il
avait coûté cher au gouvernement Juppé de l’époque.
En un mois, ce sont plus de
mille chômeurs supplémentaires qui, chaque jour, se sont ins-
ÉDITORIAL
crits à Pôle emploi. Soit l’équivalent de la population d’une ville
comme Auxerre. En un an, le
nombre de chômeurs aura augmenté de 332 000. Encore ne
s’agit-il que des catégories A. Si
l’on y ajoute les demandeurs
d’emploi en activité réduite
(catégories B et C), la barre des
5 millions a été franchie en mars,
pour la France entière, outremer compris. Quant à l’ensemble des inscrits à Pôle emploi, il
dépasse les 5,7 millions.
Par quelque bout que l’on
prenne les chiffres, ils sont accablants. 550 000 jeunes de moins
de 25 ans sont au chômage. C’est
également le sort de près de
690 000 seniors de plus de
50 ans, en hausse de 17 % en un
an. 1,9 million de chômeurs le
sont depuis plus d’un an, près
d’un million depuis plus de
deux ans.
C’est, hélas, sans surprise. La
crue du chômageest ininterrompue depuis vingt-trois mois. Elle
submergetoutel’Europeou presque, puisque 26 millions d’Européens sont actuellement sans
emploi. Soit 11 % de la population active, avec des sommets en
Grèce ou en Espagne (27 %) et
une exception allemande (5,4 %).
Cette machine à broyer les
vies et le moral de bon nombre
de familles françaises n’est pas
près de s’arrêter. Tout contribue
à l’alimenter. Bien sûr, la stagnationdurablede l’économienationale, avec son cortège de fermetures d’entreprises, de plans
sociaux, mais aussi et surtout de
réduction drastique des emplois
précaires et intérimaires, les premierstouchés.Maisil fauty ajouter une démographie qui reste
dynamique (puisque 150 000
personnes arrivent chaque
année sur le marché du travail)
et l’allongement de la durée de
vie au travail, du fait de la réforme des retraites.
Depuis Pékin, le président de
la République a assuré que la lutte contre ce fléau est « la seule
cause nationale » qui vaille. Que
peut-il dire d’autre, à ce stade? Il
faudra attendre la fin de l’année
pour juger de l’efficacité des
mesures adoptées par le gouvernement.
Mais le doute est permis. Les
emplois d’avenir peinent à trouver preneurs, les contrats de
génération démarrent tout
juste, et ces deux dispositifs ne
touchent pas le gros des demandeursd’emploi. Quant aux réformes de structure – la loi sur le
marché du travail, encore en discussionau Sénat,et lecréditd’impôt compétitivité, insuffisamment utilisé –, elles ne sont pas
directement créatrices d’emploi.
Le chômage de masse qui gangrène la société française signe
cruellement l’échec des politiques de l’emploi menées par la
gauche comme par la droite –
bien mal placée pour faire la
leçon aujourd’hui – depuis plus
de trente ans. Au-delà de l’amortisseur des emplois aidés,
au-delà des rustines de toutes
sortes, elles ont entretenu cette
« préférence française » pour le
chômage. Au bénéfice, désormais très relatif, de ceux qui ont
un emploi stable. Au détriment,
massif, de tous ceux qui n’en ont
pas, ou temporaire, ou précaire.
C’est cette fatalité qu’il faut combattre. Sans tabous. p
Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 3,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 3,50 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,
2
l’événement
0123
Samedi 27 avril 2013
Lesjugesdel’affaire
Cahuzaccherchent
d’autresévadésfiscaux
Les magistrats Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont demandé
au procureur de Paris d’élargir leur saisine, afin d’enquêter sur
d’autres cas de fraude fiscale en Suisse, après les déclarations de Pierre
Condamin-Gerbier, ancien cadre de la banque helvétique Reyl & Cie
L
es juges parisiens
Renaud Van Ruymbeke
et Roger Le Loire n’ont
pasl’intentiondeselimiter au seul cas de Jérôme
Cahuzac. Saisis depuis le
20marsd’uneinformationjudiciaireouvertenotammentpour« blanchimentdefraudefiscale »,lesdeux
magistrats, figures du pôle financier parisien, vont désormais élargir leur enquête, jusqu’alors circonscrite à l’ancien ministre du
budget du gouvernement de JeanMarc Ayrault.
En effet, à la suite de l’audition,
jeudi 18 avril, de Pierre CondaminGerbier, un Français longtemps
associégérantde lasociété fiduciaire suisse Reyl & Cie, les juges ont
demandé dans la foulée au procureur de Paris, François Molins, la
délivranced’unréquisitoiresupplétif, afin de les autoriser à enquêter
sur d’autres évadés fiscaux français potentiels. En les incitant, officiellement, à poursuivre leurs
investigations, le parquet vient de
donner aux magistrats un feu vert
implicite.
M.Cahuzac avait été mis en examen le 20 mars après qu’il eut
avoué avoir détenu depuis une
vingtaine d’années un compte non
déclaré en Suisse, sur lequel
auraient reposé selon lui environ
600000 euros. Après avoir ouvert
un premier compte à l’UBS en 1992,
il avait confié la gestion de ses
avoirs dès 1993 à la maison suisse
Reyl&Cie–alorssimplegestionnaire de fortune –, avant de les transférer de nouveau en 2009, cette fois
vers Singapour.
Or, en interrogeant, jeudi
18 avril, en qualité de témoin,
M. Condamin-Gerbier, un personnage essentiel de l’affaire (déjà
interrogé par la police judiciaire le
13 février et le 28 mars), les magistratsontestiméqueleursinvestigations devaient s’étendre à d’autres
éventuels fraudeurs du fisc français.
Ancien président de la déléga-
tion de l’UMP en Suisse, Pierre
Condamin-Gerbier était associé
gérant de Reyl & Cie jusqu’en 2010,
année ou cette société financière
est devenue un établissement bancaire.Reylauraitabrité,entoutediscrétion, la fortune de décideurs
français (hommes d’affaires, hommes politiques, etc.).
Lors de son audition par M. Van
Ruymbeke, M. Condamin-Gerbier
a répondu par l’affirmative lorsque
le juge lui a demandé si, à sa
connaissance, d’autres contribuables français avaient placé leurs
avoirs au sein de Reyl & Cie. Le
témoin s’est toutefois refusé, lors
de cette audition, à livrer le nom de
ces clients, dont il reste à prouver
qu’ilsont,àl’instardeJérômeCahuzac, fraudé le fisc français,
c’est-à-dire qu’ils n’ont pas déclaré
à l’administration fiscale l’existence de ces comptes helvétiques.
C’est précisément pour vérifier
ces faits, potentiellement explo-
Le parquet ne veut ni
agir dans la
précipitation ni donner
le sentiment de freiner
une enquête dont les
enjeux sont à la fois
politiques, financiers et
diplomatiques
sifs, vue la prestigieuse clientèle de
Reyl & Cie, que les juges Van Ruymbeke et Le Loire ont communiqué
au procureur de Paris, dès après
l’audition de M. Condamin-Gerbier, son procès-verbal accompagnéd’uneordonnancedesoit-communiqué (OSC) dans laquelle ils
expliquent souhaiter obtenir un
réquisitoire supplétif pour instruire sur des « faits nouveaux ». En
d’autres termes, l’autorisation du
parquet d’étendre leur enquête à
l’ensembledes clientsfrançais de la
banque Reyl.
Une décision qui reviendrait à
ouvrir une boîte de Pandore. Selon
plusieurssourcesjudiciaires,leparquet de Paris souhaite procéder
dans cette affaire avec la plus grande prudence, vue la sensibilité du
dossier. Le parquet ne veut ni agir
dans la précipitation, ni donner le
sentiment de freiner une enquête
dont les enjeux sont à la fois politiques, financiers et diplomatiques.
De fait, depuis le début de l’affaire Cahuzac, le procureur François
Molins a donné des gages d’indépendanceen ouvrant une information judiciaire visant Jérôme Cahuzac et en publiant dans la foulée, le
19 mars, un communiqué très
explicite sur les soupçons pesant
sur le ministre du budget, ce qui
allait provoquer le jour même la
démission de M.Cahuzac.
Du coup, les services du parquet,
jugeant prématurée l’ouverture
d’un nouveau front judiciaire, ont
simplement demandé aux juges de
«continuer à informer» sur les faits
dontilssontsaisis.Enclair,leprocureur semble estimer que MM. Van
Ruymbeke et Le Loire doivent réunir d’autres éléments accréditant
l’idéed’unsystèmeplusvasted’évasionfiscaleentrelaFranceetlaSuisse, avant d’élargir formellement
leursaisine.Maislesdeuxjugespeuvent d’ores et déjà mener des investigations dans ce sens, sans changer
pour l’instant de cadre juridique.
Interrogé par Le Monde jeudi
25avril, Pierre Condamin-Gerbier a
confirmé avoir été questionné par
M. Van Ruymbeke sur l’existence
éventuelled’autresnomsdecontribuables français. S’il a indiqué qu’il
avait répondu positivement, l’ancien gestionnaire de fortune explique n’avoir « mentionné aucun
nom» dans le bureau du magistrat
français. « Parce que autant j’ai été
interrogé sur une affaire [Cahuzac]
et je dénonçais une hypocrisie,
autant je ne considérais pas que
j’étais là pour balancer des noms de
clients,ce n’est pas dutout ma motivation et ce n’est pas du tout ce que
je considère être mon rôle».
Le témoin affirme n’avoir livré,
pour le moment, aucune identité
car il « souhaite d’abord avoir des
garanties concernant l’absence de
conséquence judiciaire, notamment ici en Suisse». En effet, violer
le secret bancaire expose en Suisse
le contrevenant à des sévères poursuites judiciaires (forte amende,
prison ferme…). Toutefois, de source suisse, on indique que ce type de
garanties ne se délivre pas. SollicitéedesoncôtéparLeMonde,labanque Reyl n’a pas souhaité s’exprimer.
Parailleurs,l’Assembléenationale a créé mercredi 24 avril une commission d’enquête parlementaire,
à l’initiative de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) de
Jean-Louis Borloo, sur l’action du
gouvernement et des services de
l’Etatpendantl’affaireCahuzac.Cette commission vise à déterminer
«d’éventuelsdysfonctionnements»
dans la gestion de cette affaire par
l’exécutif. p
Les indégivrables Xavier Gorce
Gérard Davet, Agathe Duparc,
Fabrice Lhomme et Simon Piel
Lesdéboiresde Reyl &Cie ne suscitentguère d’empathiechezses confrèresgenevois
Depuis que l’affaire Cahuzac a éclaté, la ville aux 130 banques ne parle plus que des mésaventures de cette société fiduciaire fondée par un Français
Genève
Envoyé spécial
L
a foudre s’est abattue sur une
banque, au cœur de Genève.
Au 62 de la rue du Rhône, cette artère luxueuse que ponctuent
les boutiques Dior, Vuitton ou Piaget.Lafoudre,maisaussileressentiment de certains banquiers genevois,à la fois jaloux de son succès et
inquietsd’unscandalequi pourrait
les éclabousser eux aussi.
Reyl & Cie, car c’est d’elle qu’il
s’agit, se retrouve au pilori pour
avoirouvert,en1993,uncompteau
nom de Jérôme Cahuzac, chirurgien esthétique spécialisé dans les
implants capillaires. Un compte
comme beaucoup de banques à
Genève en ont eus – et en ont encore.Danslejargon,onparlede« legacy business », modèle d’affaires
hérité de l’époque où le secret bancaire faisait affluer des fortunes
non déclarées. Et des déflagrations
comme celles provoquées par l’affaire Cahuzac, Genève en a vu
d’autres. Alors pourquoi la ville
aux 130 banques ne parle-t-elle que
des mésaventures de Reyl, qui, elle,
refuse de s’exprimer ? « Ils n’ont
pas respecté les règles de discrétion
et de prudence, lâche ce représentant d’un établissement vieux de
200ans sous couvert d’anonymat.
Pour l’affaire Madoff, on s’est serré
les coudes. Mais là, Reyl se retrouve
tout seul. »
Une acrimonie qui en dit long
surle désarroid’une profession qui
découvre avec stupeur les reculades des autorités suisses sur le
secret bancaire. Dans la foulée du
G20 de Washington, le 19 avril, la
ministre suisse des finances, EvelineWidmer-Schlumpf,s’estditeprête à envisager l’échange automatique d’informations«si cela devient
un standard international».
Mais il y a autre chose. Reyl & Cie
est une banque de droit suisse. Son
fondateur, Dominique Reyl, 74 ans,
d’origine française, a pris la nationalité suisse, tout comme son fils
François, 47 ans, qui dirige l’établissement depuis 2008. Or les
familles patriciennes de la place
ont parfois de la peine à voir autre
chosechezReylqu’uneéquipefrançaise venue faire fortune sur leur
territoire.
Question de style, sans doute.
Les banquiers genevois ont certes
perdu de leur modestie depuis que
l’écrivain Georges Haldas affirmait
qu’ils ne dînaient, malgré leur fortune, «que [d’] une maigre soupe et
deux tomates farcies, une troisième
eût été synonyme de gloutonnerie». Mais ils n’apprécient guère le
succès un peu tapageur d’un nouveau venu. François Reyl, dont le
physique lui vaut d’être surnommé le « Tom Cruise de la finance»,
s’affiche en vidéo pour promouvoir sa banque, obtient des entretiensdansleFinancialTimesetmul-
tiplie les preuves de sa réussite, de
sa villa à Cologny, le quartier des
milliardaires, à son chalet de Verbier. « Il ne fait pas partie de la
famille », tranche un vieux Genevois.
A Genève, ces jours-ci,
les noms de clients
de Reyl susceptibles
de placer ailleurs
leurs actifs
se monnaient cher
Question de jalousie, peut-être.
«FrançoisReyla étéagressifsurl’acquisition de clientèle », entend-on.
Il a diversifié et développé ses activités à toute vitesse et arraché pour
cela une centaine de collaborateurs
à ses concurrents. En 2006, Reyl
& Cie ne gérait que un milliard de
francs suisses (830 millions d’eu-
ros).Fin2012,lebilanétaitde7,3milliards de francs suisses (6milliards
d’euros).Unecroissancequis’explique par son succès dans la gestion
institutionnelle. Lancée en 2003,
elle représente près de 3 milliards
d’euros et inclut des fonds d’investissement comme son « emerging
markets equities », plusieurs fois
célébréparlesclassementsinternationaux.
La filiale de Paris, ouverte en
2004 pour une clientèle dont les
avoirs sont déclarés, gérerait plus
de 400 millions d’euros, tout comme la filiale de Zurich, ouverte en
2011. A éplucher les communiqués
officiels, on découvre que, à Londres, Reyl gère une centaine de millions de francs suisses. Le secteur
delabanqued’affairesetd’investissement, lui, est en plein développement.
Cette stratégie « argent propre»
vaut aussi à Reyl des admirateurs à
Genève. « François Reyl a tout fait
pour diminuer et diluer son “legacy
business” », reconnaît un concurrent, issu d’une nouvelle génération qui rêve de se battre «à armes
égales» sur le marché international. «Le secret bancaire, poursuit-il,
c’est une plaie qu’on n’arrive pas à
refermer. Il a fait de nos aînés de
mauvais gérants, payés pour un
déjeuner par année avec des clients
qui, parce qu’ils économisaient
40% d’impôt, lâchaient 2% de frais
pour une gestion sans performance. Vraiment, pour Reyl, l’affaire
Cahuzac, c’est pas de chance.»
C’est en tout cas un coup de tonnerre qui semble avoir ouvert les
appétits. A Genève, ces jours-ci,
deux types d’information se monnaient cher: les noms de clients de
Reyl susceptibles de placer ailleurs
leursactifs déclarés,et lesnomsdes
collaborateurs de qualité de la banque que d’autres aimeraient engager. Reyl survivra-t-elle au choc ? p
Serge Michel
0123
l’événement
Samedi 27 avril 2013
3
Les juges de l’affaire Tapie
regardent vers la Suisse
Selon le témoignage d’un ex-cadre de Reyl, M.Tapie semblait certain en
2008 d’obtenir un arbitrage positif sur son litige avec le Crédit lyonnais
U
CadredeluxechezReyl,
témoinnuméro1enFrance
Portrait
Genève
Envoyés spéciaux
C’est le témoin numéro un de l’affaire Reyl. Pierre Condamin-Gerbier a joué ces dernières semaines
la star de l’ombre: distillant au
compte-gouttes des informations
auprès des journalistes, apparaissant tantôt masqué, tantôt à visage découvert à la télévision et dans
les journaux. Mais c’est désormais
la justice française qui manifeste
son intérêt pour une source qui
connaît de l’intérieur le fonctionnement de la maison Reyl, et ses
possibles dérives.
Ancien associé gérant de Reyl
Private office de 2006 à 2010,
M.Condamin a été entendu à quatre reprises, entre le 13février et le
18avril, par la police judiciaire, les
Douanes, et le juge Van Ruymbeke. D’auditions en auditions, ce
Français établi en 2004 sur la rive
suisse du lac Léman, est devenu le
cauchemar de ses anciens
employeurs. Rien ne le prédestinait pourtant à jouer le rôle de gorge profonde.
Avec ses façons polies et son
look impeccable, Pierre CondaminGerbier, 42 ans, a durant des
années fait partie du système,
accueillant à bras ouverts les fraudeurs du fisc français. Sa spécialité? Le « family office», sorte de
bureau auquel peuvent s’adresser
les millionnaires qui souhaitent
un service clé en main: optimisation fiscale, analyse patrimoniale,
ouverture de sociétés offshore,
conseils philanthropiques, gestion
de flotte automobile et de biens
immobiliers. Il fait ainsi ses armes
dans différents établissements
dont Credit suisse et UBS. Nommé
à la tête du « Private Office» de
Reyl, il croit avoir tiré le gros lot,
jouant le rôle de confident, de complice et de concierge de luxe de
très prestigieux clients. Il s’entend
alors à merveille avec Dominique
L’entrée de la
banque Reyl
dans le quartier de
la finance à Genève.
BORIS HEGER/AFP
et François Reyl. Jusqu’à son licenciement abrupt fin 2009, avec un
départ effectif en juillet2010.
Sur cette rupture, les versions
divergent. M.Condamin-Gerbier
évoque un conflit d’intérêt, lorsque Reyl & Cie, qui allait obtenir le
statut de banque en novembre2010, aurait fait pression sur
lui pour que les clients du Private
Office ouvrent des comptes chez
elle. La banque, elle, fait savoir par
la bande qu’elle aurait découvert
en 2008 que son employé était criblé de dettes et qu’il aurait, chez
un employeur précédent, mélangé
sa carte de crédit personnelle et celle de l’entreprise, ce qui lui aurait
valu des poursuites pénales.
M.Condamin-Gerbier reconnaît
partiellement ces faits mais affirme que tout a été réglé: son casier
judiciaire est désormais vierge.
Clients prestigieux
Depuis qu’il a quitté Reyl, en
emportant au passage quelques
prestigieux clients, M. CondaminGerbier est devenu allergique à l’hypocrisie de certains banquiers. En
particulier à celle, selon lui, de François Reyl, qui se présente dans certains médias comme étant à la tête
d’un établissement plus blanc que
blanc. L’affaire Cahuzac est l’étincelle qui l’a décidé à parler. «Je ne supporte plus cette tartufferie, répète-t-il. Il est temps de faire table rase
du passé, de reconnaître ses torts.»
Chez M.Condamin-Gerbier, cette
attitude ne date pas d’hier. Déjà en
2007, alors qu’il était responsable
de la délégation de l’UMP en Suisse,
il avait critiqué Eric Woerth, alors
trésorier de la campagne Sarkozy.
Ce dernier, venu à Genève pour
récolter des fonds auprès de riches
donateurs français, était parti en
2009 en guerre contre les exilés fiscaux. Ecœuré, M. Condamin-Gerbier a alors claqué la porte de
l’UMP et rejoint le parti de l’Alternative libérale. p
Agathe Duparc
et Serge Michel
bale nciaga.com
ne nouvelle pièce, intéressante selon les enquêteurs,
a été récemment versée au
dossier judiciaire dans l’affaire
Lagarde-Tapie. Il s’agit du témoignage, recueilli sur procès-verbal,
le 28 mars, de Pierre CondaminGerbier, ancien cadre français de
la société fiduciaire suisse Reyl.
Les juges parisiens Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut conduisent depuis septembre 2012 une information judiciaire portant sur les conditions dans
lesquelles l’homme d’affaires Bernard Tapie a pu percevoir 403 millions d’euros en juillet 2008, à l’issue d’un arbitrage voulu par Bercy, dans le cadre du litigede l’entrepreneur avec le Crédit lyonnais.
L’une de leurs hypothèses de
travail est que M. Tapie, proche de
M. Sarkozy, aurait pu recevoir l’assurance des pouvoirs publics que
l’arbitrage irait forcément dans
son sens. La procédure vise donc
des faits de « détournement de
fonds publics » et « faux ». Dans ce
cadre, le témoignage de Pierre
Condamin-Gerbier vient renforcer leurs soupçons. Le banquier,
ancien membre de l’UMP, aurait
en effet rencontré à Paris M. Tapie,
début 2008, à l’occasion d’un
déjeuner.
Ils auraient été mis en contact
par Ariane Slinger, la responsable
de la société suisse Ace International, spécialisée dans le montage
de trusts et structures offshore.
Contactée par Le Monde, celle-ci a
confirmé le rendez-vous, pris « à
titre amical ». Il ne se dit pas grandchose, lors de ce déjeuner, selon
M. Condamin-Gerbier.
Il serait juste question, ce jourlà, et d’après ce témoin interrogé
parLe Monde, d’une éventuelleinstallation de M. Tapie en Suisse, et
d’un rachat du club de football du
Servette de Genève. « Il [M. Tapie]
prend soin de nous dire : “Je ne veux
pas que les gens pensent que je
veux être en Suisse pour échapper,
pour m’exiler fiscalement, je m’im-
plante en Suisse, mais je continuerai à payer mes impôts en France.”
Et puis, à ma surprise, il reprend
contact, il demande à me revoir à
Genève, pour visiter des biens
immobiliers.»
Toujours selon M. CondaminGerbier, les deux hommes se parlent à nouveau : « Je prends quand
même soin de lui demander quel
est son budget pour ses biens
immobiliers (…). La réponse qu’il
me fait, c’est que de budget il n’y en
a pas et que, de toute façon, il est
certain de toucher très prochainement une très importante somme
d’argent parce qu’il est certain
d’avoir gain de cause dans le cadre
de la procédure d’arbitrage. Donc,
voilà, effectivement, ensuite il me
rappelle. Il vient un week-end visiter quelques biens immobiliers que
je présélectionne pour lui, on
«J’ai toujours su que
mon dossier était
imperdable (...). Je
n’avais aucune
assurance politique»
Bernard Tapie
échange à nouveau sur l’information que je lui ai donnée sur le club
du Servette de Genève, et je n’entends plus jamais parler derrière
de M. Tapie qui ne donne pas suite. »
Plusieurs familiers du marché
immobilier en Suisse confirment
les démarches récurrentes de
M. Tapie pour s’installer sur le territoire helvétique. Pour les enquêteurs, qui ont déjà multiplié les
perquisitions aux domiciles et
bureaux des arbitres, de M. Tapie
et de ses avocats, puis sollicité les
archives de l’Elysée, ces déclarations pourraient ainsi laisser penser que M. Tapie était certain de
gagner son contentieux contre le
Crédit lyonnais. Six mois avant
l’arbitrage, aurait-il reçu des assurances du pouvoir politique?
Bernard Tapie s’insurge.
« D’abord, je rencontre des dizaines
de gens chaque jour, indique-t-il
au Monde, je n’ai donc aucun souvenir de ce témoin. Quant au Servette de Genève, cela fait des
années qu’on me demande de le
racheter…» Sur le fond du dossier,
il maintientsa position.Il n’a, assure-t-il, jamais négocié quelque
avantage que ce soit avec le pouvoir politique. « La meilleure des
preuves, c’est que je fais l’objet d’un
contrôle fiscal extrêmement strict,
à la demande de François Baroin,
alors ministre de l’économie de
Nicolas Sarkozy », jure-t-il. Plusieurs décisions de justice liées à
son conflit avec le Crédit lyonnais,
antérieures à l’arbitrage, lui ont de
fait été favorables. « J’ai toujours
su que mon dossier était imperdable, que ce serait une longue lutte,
mais que je gagnerais. Je n’avais
aucune assurance politique. Mes
rencontres avec Nicolas Sarkozy ou
Claude Guéant ? On abordait plein
de sujets, dont les conditions fiscales liées à mon arbitrage favorable.
Et je n’ai même pas été suivi sur ce
problème fiscal ! Et puis, si j’avais
eu des certitudes, pourquoi auraisje attendu septembre 2008 pour
reprendre les meubles qui
m’avaient été saisis ? J’ai vécu avec
un lit et deux chaises pendant des
années… »
Dans ce climat de suspicion
généralisé, M. Tapie prend les
devants. Il a écrit, le 23 avril, à
Bruno Bézard, directeur général
desfinances publiques, lui demandant de lever le secret bancaire sur
tous ses comptes, et renonce à toute prescription : « J’ai une dizaine
de comptes à l’étranger, à Singapour, Hongkong ou Monaco, assure-t-il. Toutes mes sociétés sont
déclarées, enregistrées, et je paie
tous mes impôts en France. C’est
unesommeconséquente! En revanche, je n’ai jamais eu de comptes en
Suisse, chez Reyl ou ailleurs.» p
Gérard Davet
et Fabrice Lhomme
international
4
0123
Samedi 27 avril 2013
Libye: «Cet attentat est un message»
Le ministre libyen des affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, semble privilégier la piste kadhafiste
Entretien
bientôt adopter une loi pour la justice transitionnelle. Après le succès de l’intervention française au
Mali, il faut maintenant réfléchir à
une mission de maintien de la
paix alliée à un soutien politique
et humanitaire au Mali.
Tripoli
Envoyée spéciale
N
ommé ministre des affaires étrangères en janvier
dans le gouvernement dirigé par Ali Zeidan, Mohamed Abdelaziz a reçu Le Monde jeudi 25 avril,
deux jours après l’attentat qui a
ravagél’ambassadede Franceà Tripoli, le premier dans la capitale
libyenne depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Des groupes djihadistes venus
du nord du Mali ont-ils pu se réfugier en Libye ?
Beaucoup de mercenaires qui
ont combattu pour l’ancien régime de Kadhafi sont partis au nord
du Mali. Jusqu’à présent, nous
n’avons pas confirmation qu’il y a
des djihadistes sur notre sol, mais
ce n’estpasimpossible.La sécurisation de nos frontières, longues de
Comment analysez-vous l’attentat qui a visé l’ambassade de
France et quels sont les éléments d’enquête dont vous disposez aujourd’hui ?
Ce genre d’attentat peut arriver
partout, on l’a vu avec ce qui s’est
passé récemment à Boston, aux
Etats-Unis. Mais nous sommes un
pays en train de se construire et
nous avons deux défis majeurs à
relever. Un défi intérieur, avec la
création d’une véritable armée et
d’une police. Or cela prend beaucoup de temps. Et un défi extérieur, posé par les partisans de l’ancienrégime de MouammarKadhafi, qui sont aujourd’hui très actifs.
Ils ont des relations à l’étranger et
ont noué des alliances.
Selon nous, l’objectif de cet
attentat vise clairement à nuire
aux relations bilatérales qui sont
très avancées entre la France et la
Libye. Il faut maintenir cette coopérationet nous sommes heureux
que le message de la France, lors de
la venue ici de Laurent Fabius, ait
été de dire qu’il n’y aurait aucune
conséquence négative sur ces relations. Le deuxième aspect de cet
attentat est un message : les
auteurs veulent nous signifier
qu’ils sont là, bien présents, et
qu’ils peuvent peser sur le processus de démocratisation que nous
menons. C’est un acte criminel et
terroriste. Pour l’heure, nous
savonsque l’explosifquia étéutilisé, entre 100 kg et 150 kg, est très
sophistiqué et qu’il n’a pas été
fabriquéen Libye. Laméthode,aussi, donne des indications. L’opérationa étébien préparéeet,vul’heu-
«Nous savons
que l’explosif utilisé,
entre 100kg et 150kg,
est très sophistiqué
et qu’il n’a pas
été fabriqué en Libye»
4 000 kilomètres, sans compter
près de 2 000 kilomètres de côte,
est très difficile. Nous avons
besoin pour cela de l’assistance
technique de l’Union européenne.
Les brigades de combattants
(katibas) nées pendant la révolution sont omniprésentes en
Libye. Ne constituent-elles pas
aussi un risque pour la sécurité ?
Mohamed Al-Megaryef, le président de l’Assemblée nationale libyenne (au centre), sur le site de l’ambassade de France, jeudi 25 avril. M. TURKIA/AFP
re matinaleà laquellecela s’estproduit[7 h 10], ellen’a pas faitde victimes. C’est un message.
Vous semblez dire qu’une des pistes envisagées est celle de partisans de Mouammar Kadhafi ?
Il est prématuré de tirer des
conclusions, les investigations
sont en cours, mais il ne faut pas
exclurece scénario. Nos renseignements ont établi, par des écoutes
téléphoniques notamment, des
relationsentre les partisansde l’ancien régime ici, en Egypte et dans
d’autres pays. Peut-être ont-ils
noué des liens avec des groupes
terroristes comme Al-Qaida pour
déstabiliser la Libye. Ils connaissent bien le pays, et ils ont des
moyens financiers, 150 milliards
de dollars [115 milliards d’euros],
peut-être plus, car tous les fonds
du régime Kadhafi ne sont pas
connus. Nous avons créé une commission pour recouvrer ces fonds
et conclu un partenariat avec une
société américaine,car nous avons
besoin de formation spécialisée.
Un projet de loi qui prévoit d’exclure tous ceux qui ont travaillé
sous l’ancien régime suscite
beaucoup de débats
en ce moment en Libye…
Personnellement, j’y suis opposé. Si les critères actuels étaient
appliqués,cela aboutiraità l’exclusion de 80 % des Libyens qui ont
travaillé avec l’ancien régime. Il
faudrait pratiquement fermer le
ministère des affaires étrangères!
L’exclusion pour l’exclusion ne
marche pas. Nous avons ratifié des
accords sur les droits de l’homme
et le résultat serait très négatif.
Non, il faut se concentrer sur l’aspect pénal et criminel. Derrière ce
débat, il y a en fait une dimension
émotionnelle car beaucoup de
gens ont souffert pendant quarante-deux ans de la dictature. Mais
l’avenir de la Libye ne peut pas être
fondé sur l’émotion.
Après l’attaque contre le consulat américain en septembre 2012
à Benghazi, l’implication d’isla-
mistes radicaux libyens dans l’attentat de Tripoli vous paraît-elle
plausible, en raison de l’intervention militaire française au Mali ?
Il y a des extrémistes qui ont
contribuéà la révolutionlibyenne.
Entre 200 à 250 étaient liés à
Al-Qaida avant d’être libérés [en
2010, avant la chute de l’ancien
régime]. Maintenant, ils disent
qu’ils ont la légitimitépour participer au processus démocratique,
mais, à 90 %, la population libyenne est modérée. Le problème existe. La solution est d’avoir un dialogue avec eux et de poursuivre une
politique d’intégration avec les
familles. Utiliser la force n’est pas
la bonne approche dans le contexte de réconciliation nationale
nécessaire pour reconstruire la
Libye. J’espère que le Congrès va
Nous disposons désormais
d’une étude très complète sur
18 000 de ces combattants, c’est
une bonne base pour prendre des
décisions.On ne peut pasdémilitariser sans un plan économique et
social. Certains ont commencé à
intégrer la police et l’armée, mais
le nombre de ces milices reste
important, car elles n’ont pas
confiance dans la police, qu’elles
veulent assister, ou dans l’armée,
qui reste très insuffisante. Mais il
faut être objectif sur cette question. Ce sont ces katibas qui ont
maintenu depuis un an et demi la
sécurité. Grâce à elles, il n’y a pas
beaucoup de crimes. Je rappelle
que de 16 000 à 18 000 criminels
de droit commun avaient été libérés des prisons par Kadhafi.
Nous n’avons pas la capacité
complète, par exemple, de protéger les ambassades, mais le ministère de l’intérieur a créé, il y a trois
mois, un service spécialisé dans la
protection des corps diplomatiques. La volonté politique est là. Le
problème, c’est le temps. p
Propos recueillis par
Isabelle Mandraud
Le dispositifde sécuritéautourde l’ambassademisen cause
Tripoli
Envoyée spéciale
ray-ban.com
*NE TE CACHE PAS
*RÉSISTE AUX CHOCS - DES VERRES RENFORCÉS POUR RÉSISTER AUX IMPACTS.
MOD. RB 4180 COL. 601/71
Sous la conduite d’un juge antiterroriste venu de Paris, l’enquête se
poursuivait, jeudi 25 avril, autour
de l’ambassade française à Tripoli, visée, mardi, par un attentat
qui a ravagé ses locaux et blessé
deux gendarmes français dans le
quartier chic Hay El Andalus-Gargaresh de la capitale libyenne.
Selon les premiers éléments
recueillis, notamment par les
équipes françaises de police scientifique et technique dépêchées
sur place ainsi que dix hommes
du groupe d’intervention de la
gendarmerie nationale (GIGN),
l’opération aurait été préparée
par des repérages et planifiée
pour faire un maximum de
dégâts. « L’explosif utilisé était
pur, pas mélangé à des gravats »,
indique l’un des enquêteurs.
L’un des gendarmes, touché
par de multiples éclats, a été rapatrié à Paris dans un état jugé grave, et seule l’heure matinale de
l’explosion, 7 h 10, a évité le pire.
« C’est une catastrophe », a déclaré le président de l’Assemblée
libyenne, Mohamed Al-Mega-
ryef, lors de sa visite sur les lieux
jeudi. « Tous ceux qui sont chargés de la sécurité portent une part
de responsabilités », a-t-il ajouté,
en reconnaissant des « failles »
dans le dispositif de surveillance.
« C’était l’ambassade française la
plus vulnérable dans toute la
région », acquiesce Fabien R., chef
d’escadron du GIGN. Une région
devenue très sensible depuis l’intervention militaire française au
Mali…
Or, moins de trois semaines
avant l’attentat, confie au Monde
une source locale, un braquage à
main armée avait eu lieu devant
la porte même de l’ambassade.
Les agresseurs étaient alors parvenus à s’enfuir avec le butin convoité, un 4 × 4, pourtant pourvu
d’une plaque d’immatriculation
diplomatique…
Dans un courrier daté du
7 mars envoyé au chef de la sécurité de Tripoli et reproduit dans
la presse libyenne, le commissaire du quartier, Abdelhakim Moustapha Abdallah, avait lui-même
souligné l’absence de sécurité
devant de nombreuses ambassades, dont celle de France. Entouré
de villas, situé dans des rues
étroites où tout le monde pouvait se garer contre le mur d’enceinte, sans espace de protection,
le bâtiment de la chancellerie
française n’était gardé que par
quatre gendarmes et deux voitures banalisées de la police libyenne, à l’extérieur. Etait-ce l’heure
de la relève ? Lors de l’attentat,
ces dernières n’étaient en tout
cas pas présentes.
« Autosurveillance »
Dans les heures qui ont suivi
l’explosion, l’école et l’Institut
français ont fermé leurs portes.
« La sécurité officielle n’existe
pas, mais la population s’autosurveille », relève Othmane Ben
Sassi, ancien secrétaire général
du Conseil national de transition durant le conflit libyen,
aujourd’hui conseiller au siège
du gouvernement.
Cette « autosurveillance» pourrait en effet s’avérer la source la
plus précieuse d’informations.
Des riverains, qui ont offert leurs
propres vidéos, ont affirmé aux
enquêteurs avoir vu un individu
garer, le matin même, le véhicule
chargé d’explosifs avant de se précipiter vers une autre voiture qui
l’attendait au bout de la rue.
Faute de police et d’armée suffisamment structurées aujourd’hui en Libye, bien peu d’habitants réclament cependant, tout
en les craignant, la dissolution
des milices post-révolutionnaires, omniprésentes et fortement
armées.
« On connaît leurs limites, mais
malgré tout, ce sont elles qui
contrôlent encore la situation »,
assure M. Ben Sassi. Chaque ville,
chaque quartier, et même chaque
parti politique possède ainsi sa
propre katiba. Un équilibre des
forces qui assurait, jusqu’à mardi
matin du moins, une relative sérénité à Tripoli.
Très endommagée et jugée
trop exposée, l’ambassade de
France, qui avait été pillée en 2011
durant le conflit libyen, nécessitant déjà, pour sa réhabilitation,
l’envoi d’une équipe de sécurisation du GIGN, devra se trouver
une nouvelle demeure.
Un casse-tête, sauf à payer une
petite fortune à des particuliers,
car l’Etat libyen ne dispose pas de
site public adéquat. Pas même
pour ses propres ministères. p
I. M.
0123
international
Samedi 27 avril 2013
En Espagne, la tentation de la «violence»
pointe chez certains manifestants
Des groupes antisystème appellent à la «chute du régime» et manifestent devant le Parlement
Madrid
Correspondance
Lors de la manifestation près du Congrès des députés, jeudi 25 avril, à Madrid. SERGIO PEREZ/REUTERS
et la population. Selon le baromètre du Centre de recherche sociologique d’avril, la corruption est
devenue la deuxième préoccupation des Espagnols, mentionnée
par plus de 40 % des sondés,
devant les problèmes économiques et juste derrière le chômage.
Au premier trimestre
2013, le chômage
touche plus de 57%
des jeunes
Les partis de gouvernement
semblent avoir pris conscience du
risque de remise en cause du système de représentation politique. Le
Parti populaire (droite), majoritaire au Parlement de la région de
Madrid, a proposé qu’un tiers des
députés régionaux soient élus
individuellement dans le cadre de
circonscriptions, les deux autres
tiers restant élus, comme aujourd’hui, sur des listes fermées dont
la composition est dans la seule
main des directions de partis. Le
parti socialiste, cédant à la pression de la base, a accepté que son
secrétaire général soit élu à l’avenir dans le cadre de primaires. Cela
suffira-t-il à le sortir du marasme
dans lequel il est plongé ? Ses
anciens électeurs ne lui ont pas
pardonné sa brutale conversion à
la rigueur, en 2010. L’absence
d’une opposition forte ouvre la
voie à une contestation du système institutionnel.
De plus en plus, c’est depuis la
rue que la société espagnole essaie
de changer les choses, comme en
témoigne le combat contre les
expulsions de logement mené par
la Plate-forme des victimes du crédit immobilier. Depuis des
années, elle tente d’empêcher des
Nouveau plan de rigueur à Madrid
Le gouvernement espagnol
devait dévoiler, vendredi 26 avril,
un nouveau plan de rigueur destiné à réduire le déficit et à convaincre Bruxelles de lui accorder un
délai supplémentaire de deux
ans pour le ramener à 3 % du produit intérieur brut. Augmentation de l’âge de la retraite, déjà
porté à 67 ans ? Nouvelles taxes ?
En un peu plus d’un an, l’exécutif
de Mariano Rajoy a déjà augmenté l’impôt sur le revenu et la TVA,
baissé les allocations-chômage,
fermé l’accès à la santé publique
aux sans-papiers, supprimé la prime de Noël des fonctionnaires,
augmenté les frais universitaires
et réformé le marché du travail
de façon à réduire fortement les
indemnités de licenciement et à
faciliter les plans sociaux. Les
syndicats et l’opposition affirment que l’austérité « étouffe »
des citoyens déjà frappés par le
chômage. – (Corresp.)
expulsions par la négociation sur
le terrain.Aujourd’hui,elle est parvenue à placer ce problème au
cœur du débat politique. Sans
recours à la violence.
La plate-forme Debout !, au
contraire, la revendique. Pour la
manifestation de jeudi, elle avait
lancé un appel à ceux qui, « par
leur travail, sont habitués à affronter des situations qui requièrent du
courage, de la force et de la décision, comme les mineurs, pompiers, vigiles et ceux qui pratiquent
des arts martiaux… ». Elle avait
fourniun plan des points névralgiques de la manifestation, avec un
système de couleurs indiquant les
endroits susceptibles d’être les
plus violents, donné des conseils
pour renverser les barrières de
sécurité, attaquer des policiers ou
échapper aux gaz lacrymogènes,
ainsi que les numéros de téléphone portable de trois avocats.
Le gouvernement avait déployé
plus de 1 400 policiers et la séance
du Parlement a été suspendue.
Avantmêmelamanifestation,quatre personnes,membres présumés
dugroupeantisystèmeetanarchiste Bloc noir, ont été arrêtées alors
qu’elles préparaient des cocktails
Molotov et onze étudiants ont été
interpellés sur le campus de la
Complutense. Dans la manifestation, quinze autres personnes ont
été arrêtées. Certaines transportaient des matières dangereuses,
telles que de l’acide. p
Sandrine Morel
L
ce, Royaume-Uni et Espagne), les
Etats-Unis avaient préparé un projet de résolution proposant la créationd’unmécanismede surveillance des droits de l’homme intégré à
la Minurso. L’initiative, défendue
avec acharnement par l’ambassadrice américaine Susan Rice, a
déclenché l’ire de Rabat, qui considérait cette démarche comme une
atteinteà sa souveraineté.Il l’a rejetée « catégoriquement» et a reporté sine die des manœuvres militaires prévues avec les Américains.
Le roi du Maroc, Mohammed VI, aurait dépêché ses
conseillers en Russie et en Chine
pour solliciter l’appui de ces deux
membres permanents du Conseil
de sécurité. Pis, selon une source
diplomatique, il aurait adressé
une lettre de protestation au président Barack Obama. Deux semaines de lobbying effréné plus tard,
Washington, « refusant sans doute
de s’aliéner un pays stable dans la
région et un allié en matière de lutte antiterroriste, a capitulé », résume une source proche du dossier.
La résolution adoptée est même
«enretraitparrapportà2012»,relève un diplomate. Le texte souligne
la nécessité « d’améliorer la situation des droits de l’homme » mais
neréclame plusdes «mesuresindépendantes et crédibles» en ce sens.
« Occasion manquée »
Créée pour surveiller le cessezle-feu et organiser un référendum
destiné à déterminer le statut de
cette ancienne colonie espagnole,
annexée par le Maroc en 1975 et
revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Polisario, la
Minurso et ses 230 casques bleus
poursuivront donc leurs activités
à l’identique jusqu’en avril 2014.
Les ONG regrettent « une occasion manquée ». Pour Philippe
Bolopion, le directeur de Human
Rights Watch auprès de l’ONU, « il
est regrettable que les Etats-Unis,
qui avaient au départ une position
louable, aient reculé si vite sans
obtenir une seule concession marocaine ». Selon lui, toutefois, le
Maroc « a senti le vent du boulet »
es Français ont obtenu de
l’ONU leur « bon de sortie »
du Mali, avec les félicitations
du Conseil de sécurité. La résolution 2100, autorisant la création
d’une opération de maintien de la
paix censée prendre le relais des
forces française et panafricaine, a
été adoptée à l’unanimité, jeudi
25 avril. Une adoption qualifiée de
« succès » par la France, confirmant « le soutien unanime de la
communauté internationale à la
stabilisation» du Mali, alors que le
ministre de la défense, Jean-Yves
Le Drian, entamait jeudi sa troisième visite dans le pays depuis l’intervention française en janvier,
pour « préparer l’après-guerre».
Le mandat de la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma),
dontles 11 200soldats et 1 440 policiers seront déployés de manière
échelonnée à partir du 1er juillet
« pour une période initiale de douze mois », sera de stabiliser les
zones urbaines pacifiées, d’empêcher le retour d’éléments armés,
de protéger les civils, de veiller au
respect des droits de l’homme et
de faciliter le processus politique.
Coût de l’opération ? De 600 millions à 1 milliard de dollars la première année, selon les experts.
Les 6 200 soldats ouest-africains déjà présents sur place
devront être « certifiés » par l’ONU,
autant dire faire preuve de « bonne conduite », avant de pouvoir
intégrer la Minusma. Le déploiement des troupes dépendra des
conditions de sécurité, que le
Conseil a prévu de réexaminer
dans soixante jours.
A Paris, on estime que la situationsurleterrainest«ennetteamélioration». Il n’y a plus de combats.
«Lesobjectifsfixésà l’opérationServal sont atteints », affirment des
sources militaires, assurant que les
groupes terroristes sont empêchés
pour de nombreuses années de
reconstituer un sanctuaire djihadiste. Selon elles, 700combattants
ont été tués sur un effectif de
départ estimé à 2 000, 200 autres
ont été faits prisonniers.
Mandat robuste
Reste le problème de Kidal, ville
du nord du pays contrôlée par les
rebelles touareg du Mouvement
national de libération de l’Azawad
(MNLA), mêlés à des transfuges
des groupes djihadistes Al-Qaida
au Maghreb islamique (AQMI) et
Ansar Eddine. La lutte antiterroriste n’étant pas du ressort des casques bleus, la résolution – rédigée
par la France – autorise les forces
françaises à intervenir pour venir
en aide à la Minusma, « en cas de
menace grave et imminente».
Pas question, pour autant, de
jouer les pompiers. Ce rôle reviendra aux bataillons de réserve, auxquels seront sans doute intégrés
des Tchadiens. « L’intervention des
forces françaises ne peut se faire
que dans une circonstance exceptionnelle», a insisté l’ambassadeur
de la France auprès des Nations
unies, Gérard Araud, avant de rappeler que la Minusma disposera
d’un « mandat robuste » et aura
donc « les moyens de se défendre ».
Placé sous chapitre VII, son mandat prévoit l’usage de la force en
cas de légitime défense.
C’est dans ce contexte que les
1 000 soldats français devant rester au Mali jusqu’à la fin de l’année
serontappelés à prêter main-forte.
L’objectif est de contrer une éventuelleguérilla des groupes islamistes armés. Cent cinquante officiers
français de liaison et d’état-major
opéreront comme casques bleus,
200 autres militaires seront intégrés à la mission européenne de
formation de l’armée malienne et
les 650 restants formeront la force
de soutien à la Minusma, dont le
QG sera établi à Gao. p
Alexandra Geneste
et Nathalie Guibert (à Paris)
Entrez dans le cinéma de demain
Le spécialiste des technologies numériques
pour l’industrie du cinéma entre en Bourse
> 39,7 M€ de chiffre d’affaires
La mission de l’ONU au Sahara occidental n’examinera pas la question des droits de l’homme
a Mission des Nations unies
pourl’organisationd’un référendumau Sahara occidental
(Minurso) est et restera la seule
opération de maintien de la paix
de l’ONUdépourvued’unecomposante « droits de l’homme », tout
du moins pour un an.
LeConseilde sécuritéa renouvelé, à l’unanimité, jeudi 25 avril et
pour un an, son mandat, sans rien
changer aux prérogatives qui sont
les siennesdepuis 1991. L’élargissement des compétences de la
Minurso fait l’objet, depuis plusieurs années, de débats au sein de
l’organeexécutifde l’ONU,quichaque fois tournent court sous la
pression marocaine relayée par la
France, dotée du droit de veto.
Cette année, ce n’est pas un partisan traditionnel de la cause
sahraouie qui a engagé le débat.
Sanspréveniraucunde leurs partenaires au sein du Groupe des amis
du Sahara occidental (Russie, Fran-
La résolution votée par le Conseil de sécurité
prévoit le déploiement de 11 200 casques bleus
L
Dossiersahraoui: le Maroc fait reculer les Etats-Unis
New York (Nations unies)
Correspondante
LaFranceorganise,
aux Nationsunies,
sonretraitmilitairedu Mali
New York (Nations unies)
Correspondante
I
ls sont venus pour en découdre. Aux abords du Congrès des
députés espagnols, jeudi
25 avril en fin de journée, quelques
centaines de manifestants se sont
rassemblés à l’appel de la plateforme ¡ En pie ! (« Debout ! ») pour
« assiéger le Parlement ». Objectif :
« La chute du régime (démission du
gouvernement, dissolution des
Assemblées et de la direction de
l’Etat) et l’ouverture d’un processus
de transition vers un nouveau
modèle d’organisation politique,
économique et social, réellement
juste et solidaire. » Les moyens : la
guérilla urbaine.
« Ça fait trois ans que l’on manifeste pacifiquement et ça ne sert à
rien. On ne nous écoute pas. L’Etatprovidence est démantelé. Le chômage ne cesse d’augmenter. Il faut
passer à quelque chose de plus
agressif.» Malgré ses airs de gentil
garçon, ses yeux bleu clair et son
sourire angélique, Manuel Lopez,
24 ans, étudiant en mathématiques qui se rêve enseignant, avoue
être venu chercher la bagarre. « La
violence est nécessaire pour attirer
l’attention sur notre rage »,
lâche-t-il face au cordon de policiers protégé par des barrières qui
bloquent l’accès au Parlement.
Le pacifisme des manifestations des « indignés» va-t-il laisser
placeà uneradicalisationdes mouvements sociaux ? Cette crainte
est bien réelle en Espagne, même
si les mobilisations comme celles
de jeudi restent marginales et leur
succès limité.«Si la situationempire, si les politiquessocialesse durcissent et que le désespoir s’installe, il
est prévisible que la population se
radicalise. Une étincelle peut suffire », prévient le sociologue José
Félix Tezanos.
Or l’Espagne s’enfonce chaque
jour davantage dans la crise. Selon
l’Institut national de statistiques,
au premier trimestre 2013, le chômage touche plus de 27 % de la
population active, 57 % des jeunes.
Sur les 6,2 millions de chômeurs,
3,4 millions sont sans emploi
depuis plus d’un an. « Tout cela va
très mal se terminer, assure Vicente, un manifestant de 62 ans. Nos
élus sont corrompus et mènent des
politiques de coupes budgétaires
brutales. Nous avons l’obligation
de manifester pour réformer cette
démocratie et de chasser ces députés qui ne nous représentent pas. »
Le fossé grandirait entre les élus
5
et a bien conscience que tout faux
pas lui sera vite reproché.
Les experts ne s’expliquent pas
le revirement américain – sauf à
spéculer sur le rôle de l’ONG prodémocrate et pro-sahraouie
Robert F. Kennedy Center, dont la
présidente serait proche du secrétaire d’Etat John Kerry –, d’autant
plusquelerapport2013 dudépartement d’Etat consacre 12 pages à la
situation des droits de l’homme au
Sahara occidental. « Les forces de
sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et
autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis», souligne le document. Des violations
confirmées, en mars 2012, par le
rapporteur spécial de l’ONU sur la
torture, Juan Mendez, à son retour
du Maroc et du Sahara occidental.
Ce qui fait dire au représentant
du Front Polisario à l’ONU, Ahmed
Boukhari, que « l’initiative américaine restera d’actualité» et représente « une victoire morale pour les
droits de l’homme». p
A. Ge
> Une croissance de 53% en 2012
> Une marge opérationnelle de près de 15%
> +83% à l’International
> Un développement dans 8 pays
> N°1 en France et en Allemagne
> Plus de 2 200 salles équipées en Europe
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d’YMAGIS (106-108 rue La Boétie 75008 Paris), ainsi que sur les sites Internet d’YMAGIS (www.ymagis.com) et de l’Autorité des marchés
financiers (www.amf-france.org). L’attention du public est attirée sur le chapitre 4 « Facteurs de risques » du Document de Base enregistré
par l’AMF, et plus particulièrement sur les facteurs de risques « De nouvelles solutions de financement pourraient apparaître suite à
l’arrêt programmé du système de VPF, notamment pour financer le renouvellement des équipements numériques » et « Risques liés aux
engagements hors bilan générés par l’activité Tiers Collecteur », ainsi que sur le chapitre 2 « Facteurs de risques liés à l’offre » figurant
dans la note d’opération visée par l’AMF. Ces risques sont à prendre en considération par les investisseurs avant toute décision d’investissement. Ce document ne constitue pas et ne saurait être considéré comme constituant une offre au public, une offre de souscription
ou une sollicitation d’intérêt du public en vue d’une opération par offre au public de titres financiers. Les informations contenues dans ce
document ne constituent pas une offre de titres aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, au Japon ni dans aucun autre pays.
6
international
Les Etats-Unis confirment
l’usage d’armes chimiques
par Bachar Al-Assad
La Maison Blanche craint de se voir entraînée
dans une intervention en Syrie
Washington
Correspondante
A
lors que l’ancien président
George W. Bush réaffirmait,
jeudi 25 avril, à Dallas
(Texas),sa conviction queles EtatsUnis doivent « s’efforcer d’étendre
le règne de la liberté » dans le monde, lors de l’inauguration de sa
bibliothèqueprésidentielle,en présence de Barack Obama et des
anciens présidents encore en vie,
la Maison Blanche a reconnu pour
lapremièrefois ceque sespartenaires essaient de lui faire admettre
publiquement depuis des semaines : des armes chimiques ont été
utilisées en Syrie, un facteur qui
pourrait entraîner une intervention américaine dans le conflit.
La déclaration figure dans une
lettre au sénateur McCain et à plusieurs de ses collègues, républicainsmaisaussidémocrates.Ceuxci avaient demandé, la veille, des
informations à la Maison Blanche
sur les affirmationsdes services de
renseignement israéliens, français et britanniques faisant état de
l’utilisation d’armes chimiques
par les forces de Bachar Al-Assad.
Lue par le secrétaire à la défense, Chuck Hagel, en visite à Abou
Dhabi, la réponse de la Maison
Blanche est d’une grande prudence : « La communauté américaine
du renseignement, avec différents
degrés de certitude, est parvenue à
la conclusion que le régime syrien a
utilisé des armes chimiques à petite échelle,en Syrie, en particulier du
gaz sarin », indique la lettre. Un
hautresponsableaméricaina justifié cette prudence par les erreurs
des services de renseignement sur
les armes de destruction massive
de l’Irak en 2002-2003. « Compte
tenude nos antécédentsdansla collecte du renseignement, y compris
sur les armes de destruction massive, il est important d’établir les
faits avec certitude», a-t-il dit.
LaMaison Blanchea affirmédisposer d’informations basées sur
des échantillons physiologiques
– notamment les résultats de tests
sanguins effectués sur des victimes –, mais ne pas pouvoir considérer ces prélèvements comme
0123
planète
une preuve formelle de l’utilisation du gaz. Elle a refusé de confirmer l’existence d’un deuxième
lieu, outre Alep, où des armes
chimiques auraient été utilisées,
comme l’avait révélé le secrétaire
d’Etat John Kerry.
En août 2012, Barack Obama
avait indiqué que le recours aux
armes chimiques constituait une
« ligne rouge » pour les Etats-Unis
et que les conséquences seraient
« énormes ». C’est précisément
« parce nous prenons cette ligne
rouge au sérieux » que la décision
doit être basée sur des faits confirmés, a ajouté le haut responsable.
S’ils devaient l’être, alors « toutes
les options sont sur la table ».
Intensifier les pressions
Les sénateurs républicains – et
quelquesdémocratescommeDianne Feinstein – ont estimé que la
ligne rouge avait été franchie. Ils
réclament l’instauration d’une
zone de sécurité ou d’un corridor
humanitaireducôté de la frontière
nord, protégée par l’établissement
d’une zone d’exclusion aérienne.
Les« réalistes», hostilesàtouteprécipitation tant que l’intérêt national n’est pas en jeu, mettent en garde les va-t-en-guerre en rappelant
que l’aviation syrienne est l’une
des plus puissantes de la région. Ils
posent la question de savoir quelle
serait la base légale pour une intervention.Etquelsensauraitl’instauration d’un couloir humanitaire
dans le nord du pays, alors que la
population civile qui est menacée
se trouve aussi dans le sud?
L’administration Obama veut
intensifier les pressions, notamment sur Moscou, pour obtenir
que l’ONU puisse enquêter sur place. Le Pentagone a préparé des
plansd’urgenceetdéployéunecentainedemembresdesforcesspéciales en Jordanie. Barack Obama
consulte beaucoup les alliés de la
région. Après l’émir du Qatar, le roi
Abdallah de Jordanie était attendu
vendredi 26 avril à la Maison Blanche. Le 29 avril, John Kerry recevra
ses homologues arabes. A l’ordre
dujour,laSyriemaisaussileprocessus de paix israélo-palestinien. p
Corine Lesnes
Israël
L’aviationisraéliennea abattu
undrone venantdu Liban
Venezuela Le chef de file de l’opposition conteste
le résultat de la présidentielle
CARACAS. Henrique Capriles a annoncé, jeudi 25 avril, qu’il contesterait
le résultat de la présidentielle vénézuélienne du 14 avril remportée de
peu par Nicolas Maduro. M. Capriles, qui a dénoncé des fraudes, a subordonné sa reconnaissance des résultats à un recomptage des voix. – (AFP.)
Russie Incendie meurtrier dans un asile psychiatrique
MOSCOU. Trente-huit personnes ont péri dans la nuit du jeudi 25 au
vendredi 26 avril dans l’incendie d’un hôpital psychiatrique près de
Ramenski, à une quarantaine de kilomètres au nord de Moscou. – (AFP.)
Les plantes endémiques de Tuvalu souffrent de la salinisation du sol, causée par la montée du niveau
de la mer et par les grandes marées. LAURENT WEYL/ARGOS/PICTURETANK
te étude, directeur de recherche
halieutique à la CPS.
Lespaysde Mélanésie,telsquela
Papouasie-Nouvelle-Guinée ou les
îles Salomon, seront les grands perdants:« LaPapouasiedisposed’une
importante industrie de conserverie, mais d’ici à quelques décennies,
elle va devoir importer du thon
pour l’alimenter. Heureusement,
Avec l’abondance des
pluies, l’expansion
de l’aquaculture
et des pêcheries
en eau douce
est encouragée
elledisposed’unbonaccordinternational pour en acheter où elle veut,
avec des abattements douaniers.»
Pour les plus petites économies telles Tuvalu ou Kiribati, l’exode des
thons pourraient entraîner d’importantes pertes financières.
Sur la pêche côtière, les effets
s’annoncent plus dramatiques
encore, compte tenu de la dégradation des récifs coralliens. « Le taux
de recouvrement des récifs vivants
devrait passer de 40 % aujourd’hui
à travers le Pacifique, à 10 % ou 20 %
en 2050 », indiquent les scientifiques, prévoyant une baisse de 20 %
de la quantité de poissons de récifs.
Cette érosion du garde-manger des
lagonsse conjugue,notammenten
Mélanésie, à une forte croissance
démographique, mettant en péril
la survie même des populations.
Avec la plus grande abondance
des pluies, la CPS encourage l’expansion de l’aquaculture et des
pêcheries en eau douce. Aux îles
Fidji, à Vanuatu ou aux Samoa
sont récemment apparues des fermes aquacoles de tilapia du Nil,
une espèce introduite. Pour soulager la pression sur les récifs et permettre aux populations côtières
d’avoir accès aux thons, des dispositifs de concentration du poisson,
sorte de pontons flottants qui les
attirent, sont aussi préconisés.
Sur terre aussi, les populations
s’adaptent. Aux Fidji, le Centre
d’études des cultures et des arbres
du Pacifique a créé un département spécialisé dans l’adaptation
des cultures vivrières. « Le changement de climat pose des exigences
aux récoltes, qui doivent supporter
des pressions écologiques imprévi-
siblescommela sécheresse,la salinité, les températures extrêmes et le
lessivage des terres », expliquent
ses responsables. Manioc, taros,
patates douces, bananes ont été
passées au crible par milliers, afin
de proposer aux agriculteurs de
nouvelles variétés plus résistantes. « Nous faisons la promotion de
ces semences », témoigne Henry
Puna, premier ministre des îles
Cook, un archipel de 12 200 habitants,sévèrement touchépar l’érosion des côtes.
L’argent pour financer ces programmes d’adaptation fait cependant cruellement défaut. Les mécanismes internationaux de financement sont formatés pour les pays
moyensougrands.LesEtatsinsulaires d’Océanie ont rarement la taille
critique pour y prétendre. « On ne
parvient pas à faire entendre notre
voix sur la scène internationale. Il
est indispensable pour nous d’agir
en tant que région», estime Henry
Puna, se réjouissant que le changement climatique soit le thème central du sommet annuel du Forum
du Pacifique, organisation politiquerégionale,quisetiendraenseptembre aux îles Marshall. p
Claudine Wéry
L’expédition Tara reprend la mer vers l’Arctique
Les scientifiques s’interrogent sur l’avenir des organismes microscopiques propres au pôle Nord
T
ara reprend la mer.Cap plein
nord : le célèbre voilier s’apprête à appareiller de
Lorient, dans le Morbihan, le
19 mai, pour une expédition de
sept mois dans l’océan Arctique
qui empruntera le passage du
Nord-Est côté russe, puis reviendra par celui du Nord-Ouest.
Un grand voyage de 25 000 kilomètres autour du pôle Nord avec à
son bord une quinzaine de personnes, essentiellement des scientifiques, en quête d’éléments minuscules : virus, bactéries mais aussi
protistesetmétazoaires,soitlafrange la plus microscopique du plancton, une ressource précieuse à étudier dans son environnement tant
qu’il en est encore temps. « Il s’agit
d’unemissionnécessaireeturgente,
prévient Chris Bowler, biologiste
de l’Ecole normale supérieure et
directeur de recherche au CNRS.
L’Arctique est l’une des régions les
plus productives de la planète dans
cedomaine,nousdevonsnousyrendre avant que l’homme ne vienne y
mettre la main. »
La goélette va ainsi retrouver
les glaces dans lesquelles elle
s’était laissé emprisonner en septembre2006. Elle avait alors dérivé 500 jours pour parcourir la distance entre la Sibérie et le Groenland, soit deux fois moins de
Pevek Cerc
le
Tuktoyaktuk
CANADA
Pôle
Nord
Resolute
e
NEW YORK. Les frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat de Boston, voulaient se rendre à New York pour y faire exploser des bombes à Times
Square, mais leur plan a échoué quand leur voiture a été prise en chasse, ont affirmé jeudi 25 avril le maire de New York, Michael Bloomberg,
et le chef de la police. – (AFP.)
C
onstellation d’îles et d’atolls
éparpillés dans l’océan, les
micro-Etats du Pacifique
sont parmi les plus exposés au
monde aux conséquences du
réchauffementclimatique: acidification de l’océan, multiplication
descatastrophes naturelles,dégradation des récifs coralliens, élévation du niveau de la mer… Les Petit
Poucet de la planète, qui comptent
environ 10 millions d’habitants,
paient cash l’incivisme écologique
des grandes puissances.
« Le Pacifique insulaire est victime des pays industriels qui n’arrivent pas à contrôler leurs émissions
de CO2. La vérité est qu’on ne peut
que subir et s’adapter», assène Jimmie Rodgers, directeur général de
laCommunautéduPacifique(CPS),
organisation régionale de développement. Réunis à l’initiative de
l’Institutde recherchepourle développement (IRD) et de l’université
deNouvelle-Calédonie,unetrentaine de chercheurs originaires de la
région ont planché cette semaine
sur la conception d’un modèle de
développement durable adapté à
ce contexte local, où le climat dicte
de nouveaux modes de vie à des
peuples aux traditions millénaires.
Dans une étude publiée dans la
revue Nature Climate Change,
l’IRD et le secrétariat général de la
CPS mettent en garde sur l’impact
« considérable» du réchauffement
global sur la sécurité alimentaire
de ces îles. Les ressources en poissons, qui constituent la première
source de protéines des habitants
et un socle du développement,
vont être particulièrement affectées. Environ 1 million de tonnes
de thonidés sont pêchés chaque
année en Océanie.
A Kiribati, les droits de pêche
représententjusqu’à40% des revenus nationaux tandis qu’aux îles
Marshall,la pêcheet la transformation du poisson pèsent pour 25 %
dans le produit intérieur brut.
« L’élévation de la température des
eaux de surface, plus importante à
l’ouest du bassin océanique, va
entraîner la migration des thons
vers la Polynésie, à l’est », explique
Johann Bell, un des auteurs de cet-
u
rctiq
Etats-Unis Les frères Tsarnaev visaient aussi New York
Nouméa
Correspondante
a
re
SARAJEVO. Le président serbe Tomislav Nikolic, qui avait suscité une
vive émotion en juin 2012 en niant que le massacre de Srebrenica ait été
un génocide, a pour la première fois demandé, jeudi 25 avril, que la Serbie soit pardonnée pour ce « crime horrible », tout en évitant d’employer le terme de « génocide ». – (Reuters.)
Le réchauffement met à mal les ressources halieutiques et l’agriculture dont elles dépendent
la i
Serbie Le président Nikolic s’excuse pour Srebrenica
Les petites îles du Pacifique se cherchent
un nouveau modèle de développement
po
JÉRUSALEM. L’aviation israélienne a abattu un drone venant du Liban,
jeudi 25 avril, vers 14 heures, à 8 kilomètres à l’ouest d’Haïfa. La marine a
poursuivi ses recherches, vendredi, pour tenter de recueillir les débris
de ce petit avion sans pilote détruit par un F-16 israélien, lesquels
devraient permettre de savoir s’il s’agissait d’un drone armé ou muni
de caméras d’observation. Le drone de fabrication iranienne abattu le
6octobre 2012 au-dessus du Néguev, que le Hezbollah avait reconnu
avoir lancé, était muni de caméras. Cette fois-ci, la milice chiite libanaise a démenti les accusations israéliennes. « Il y aura une réaction israélienne; le Hezbollah sait qu’il ne faut pas nous provoquer», a déclaré Danny Danon, vice-ministre israélien de la défense. p Laurent Zecchini
Samedi 27 avril 2013
RUSS I E
Doudinka
Québec
Ilulissat
Franz
Joseph
GROENLAND
Saint Pierreet-Miquelon
1 000 km
temps qu’une précédente expédition norvégienne n’en avait mis
entre 1894 et 1896. Car la fonte des
glaces de mer s’accélère au point
de permettre, à l’avenir, l’ouverture de nouvelles routes maritimes,
l’exploitation de nouvelles ressources – pêche, pétrole, gaz –, le
développement du tourisme…
Les océanographes et biologistes vont aborder les bouleversements en cours par le petit bout du
microscope. Un litre d’eau de mer
contient de 10 milliards à 100 milliards d’organismes vivants et
Mourmansk
Tromso
Lorient
Expédition « Tara »
19 mai 2013
6 décembre 2013
c’est cette biomasse qu’ils veulent
connaître. D’une part, le plancton
est essentiel dans l’écosystème
marin, puisqu’il constitue la base
de la chaîne alimentaire ; d’autre
part, la biodiversité de ses organismes joue un rôle déterminant
dans les grands cycles biogéochimiques de l’azote, du carbone et de
l’oxygène notamment. Rappelons
que la moitié de l’oxygène que l’on
consomme sur terre provient des
océans, tandis que le milieu marin
est le premier puits de carbone de
la planète.
«Lephytoplanctonnourritlezooplanctonricheenlipidesconsommé
par les morues, les baleines… C’est le
premier service que l’Arctique rend
à l’homme, résume Lars Stemmann, chercheur au laboratoire
d’océanographie de Villefranchesur-Mer(CNRS,universitéParis-VI).
Puis les détritus et les déjections partent nourrir les populationsdes profondeurs et séquestrent le carbone
au fond des océans.»
Fonte record de la banquise
Mais comment le planton
va-t-il réagir aux conséquences du
changement climatique ? Durant
l’été 2012, la banquise a fondu
d’une façon phénoménale jamais
observée par les scientifiques
auparavant.Moinsétendues,beaucoup moins épaisses et plus
promptes à fondre au printemps,
les glaces de mer ont perdu les
trois quarts de leur volume en
deux à trois décennies, selon
l’océanographe et physicien JeanClaude Gascard, directeur de
recherche émérite au CNRS. Or
c’est à la lisière de la banquise que
se multiplie le phytoplancton, à
l’abri sous la glace, avec une bonne
exposition à la lumière. C’est dans
cette zone frontière que Tara souhaite concentrer ses recherches. p
Martine Valo
france
8
0123
Samedi 27 avril 2013
François Hollande sous la pression de ses fidèles
Les critiques sur l’austérité et l’Europe gagnent désormais le cœur de la majorité et de l’exécutif
I
l y a d’abord eu, début avril, les
chevau-légers Montebourg,
Duflot et Hamon, qui, chacun
avec leurs mots, ontremis en question la politique d’austérité en
Europe et invité le chef de l’Etat à
infléchir son cap économique. « Il
n’y a qu’une ligne politique au gouvernement», les avait aussitôt fait
taire le premier ministre, JeanMarc Ayrault. Las : c’est désormais
le général Bartolone, président de
l’Assemblée nationale et troisième personnage de l’Etat, qui sonne la charge. Dans un entretien au
Mondedatédu 26 avril,Claude Bartolone plaide pour « un nouveau
temps du quinquennat » sur une
ligneplus à gauche,etpousse François Hollande à une « confrontation » directe avec l’Allemagne en
Europe, plus directe que la « tension amicale» théorisée par le chef
de l’Etat le 28 mars sur France 2.
Fragilisé par un contexte économique en alerte rouge – chômage
en hausse inexorable, investissement en berne, consommation en
baisse –, l’exécutif subit chaque
jour davantage les récriminations
d’une majorité en désaccord avec
une politique économique jugée
trop austère. Avec, en ligne de
mire, le spectre d’une déroute aux
municipales et aux européennes
de 2014. « Le maximum de la débâcle, si elle a lieu, se produira aux
européennes»,estime d’ailleursun
ministre. Le doute avait déjà gagné
le cœur de la « Hollandie». Il s’exprime désormais jusqu’au sein de
la garde rapprochée du président.
«Il faut que la gauche dise clairement qu’il y a une inclinaison face
à unepolitiquequi menacede devenir récessive », explique François
Rebsamen, patron des socialistes
au Sénat et « hollandais » historique. « La crise oblige la gauche à
changer de stratégie », ajoutait le
24 avril dans Les Echos le ministre
de l’agriculture, Stéphane Le Foll,
très proche du chef de l’Etat. Un
autre ministre hollandais, fidèle
de la première heure, résume : « Il
faut éviter l’austérité en France car
on n’en est pas loin. »
Longtemps réservée à la seule
aile gauche du PS, la critique de la
rigueur s’étend à tous les étages de
la maison socialiste. « Tout le monde est convaincu qu’il faut installer
une autre voie en Europe et par
conséquent en France », glisse un
poids lourd du parti. Pour preuve,
le texte que la direction du PS doit
proposer vendredi 26 avril à sa
commission des résolutions en
vuede la préparation de la conven-
M. Mélenchon dénonce la
« duplicité » de M. Hollande
«Une fois de plus, les socialistes refusent de choisir»
« Je suis consterné et, comme
beaucoup, blessé. » Jean-Luc
Mélenchon n’a pas manqué l’occasion de critiquer François Hollande, jeudi soir 25 avril, dans
l’émission « Des paroles et des
actes » sur France 2, après l’opposition du gouvernement à l’amnistie syndicale. La proposition
de loi, présentée par le Front de
gauche, a été rejetée mercredi
par la commission des lois de
l’Assemblée nationale. Le coprésident du Parti de gauche a répété que le chef de l’Etat lui avait
fait cette promesse lors de leur
première rencontre après l’élection présidentielle. « J’en donne
ma parole d’honneur», a-t-il assuré avant de mettre en cause la
sincérité de M. Hollande. « Quelle duplicité ! parce qu’il m’a promis les yeux dans les yeux qu’il
ferait l’amnistie », a-t-il accusé.
« J’en appelle à la conscience des
parlementaires de gauche, ne trahissez pas votre famille, rompez
les rangs, votez avec nous ! »,
a-t-il lancé.
Jean-Marc Ayrault entouré de Pierre Moscovici et de Harlem Désir, lors du conseil national du Parti socialiste, le 13 avril, àParis. MARLENE AWAAD/IP3
tion sur l’Europe prévue le 16juin.
Ce document d’une vingtaine de
pages, que Le Monde s’est procuré,
invite la gauche européenne à
« s’indigner » contre « les recettes
qui ont conduit au pire : le libreéchange commercial comme seul
horizon des relations extérieures,
l’austérité comme étalon à l’intérieur de nos frontières».
Il désigne surtout un adversaire,
la chancelière allemande, Angela
Merkel, et fustige son « intransigeance égoïste qui ne songe à rien
d’autre qu’à l’épargne des déposants outre-Rhin, à la balance commerciale enregistrée à Berlin et à
son avenir électoral».
« L’exécutif panique »
Coordonné notamment par
Jean-Christophe Cambadélis, viceprésident du Parti socialiste européen, mais surveillé de près par de
nombreux ministres et par François Hollande, ce texte encourage à
« se confronter politiquement à la
droite allemande» pour gagner «la
bataille de la réorientation».
« L’exécutif panique. Il a tellement peur que le parti se fracture
en deux sur la question européenne
sous la pression des militants qu’il
gauchiseses positions à l’extrême»,
décrypte un cadre PS. Pour l’instant,officiellement,le chefdel’Etat
Entretien Gérard Grunberg, directeur de recherche du CNRS à Sciences Po
Que pensez-vous de la position
de M. Bartolone, qui plaide pour
une « confrontation » avec l’Allemagne ?
Comme on pouvait s’y attendre, les socialistes se positionnent
en dépit de la réalité! Le but de
M.Bartolone est d’en revenir, en
France et en Europe, au clivage gauche-droite, et de plaider pour des
réformes qui permettraient de ressouder la gauche jusqu’aux communistes. Mais cela impliquerait
d’abandonner une grande partie
du programme défendu par
M.Hollande, fondé sur la politique
de l’offre. Avec, en plus, une contradiction gigantesque: se réconcilier
avec les entrepreneurs! Une fois
de plus, les socialistes refusent de
choisir entre les lignes politiques.
M. Bartolone ne dit-il pas tout
haut ce que les responsables de
l’exécutif ne peuvent pas dire ?
Mais quand il plaide la confrontation avec l’Allemagne, cela n’a
aucun sens ! C’est grave. On ne
peut à la fois vouloir se rapprocher de l’Espagne, de l’Italie, du
Portugal et de la Grèce, des pays
gérés par la droite ou par une
coalition, et expliquer qu’on va
faire un front de gauche contre les
droites! Tous ces pays, y compris
la France, ont signé le pacte de stabilité, aboutissant à un pouvoir
de contrôle des institutions européennes. Si M. Bartolone pense
qu’on peut régler les problèmes
européens en faisant un front gauche-droite, il se trompe.
Comment interprétez-vous cette pression de la majorité, bien
au-delà de l’aile gauche du PS,
sur François Hollande ?
Par la panique. Le réflexe habituel dans ces cas-là, c’est de ressouder la gauche. Mais compte tenu
de ce qu’est Jean-Luc Mélenchon,
se fixer comme objectif de ressouder la gauche me paraît stupéfiant. Les auteurs de cette initiati-
ve peuvent bien plaider qu’ils
aident M.Hollande à installer un
rapport de force avec l’Allemagne,
il est douteux que cette manœuvre soit payante : elle installe le
trouble sur la politique menée.
Le chef de l’Etat n’est-il pas en
train de perdre la main sur sa
majorité ?
N’ayant ni la volonté ni l’autorité pour imposer sa politique au
parti et à la majorité, il est, de fait,
en train de perdre la main. Il y a
dans le parti et au groupe une
volonté de contourner l’autorité
du premier secrétaire, Harlem
Désir, pour prendre la direction
du parti. C’est une véritable offensive. Cela me paraît grave car les
socialistes peuvent contraindre
Hollande à un immobilisme absolu en matière de réformes.
Pourra-t-il résister ?
Il a probablement le dessein de
rester fidèle à sa ligne. Il a pour lui
les institutions de la Ve Républi-
que. Mais vu la situation, on peut
arriver à une crise politique grave.
Il est affaibli. Et pour des raisons
de popularité, de tempérament et
désormais d’assise politique, je le
vois difficilement renverser la
table et imposer clairement sa
ligne à son parti.
Quelle correspondance historique peut-on trouver dans l’histoire de la gauche au pouvoir ?
La période 1982-1983. L’époque
où les partis de gouvernement
voulaient sortir du système monétaire européen et où l’on parlait,
déjà, d’Europe germano américaine ! L’idée dominante, c’était
qu’on réglerait mieux nos problèmes tout seuls… Il a fallu un an
pour que Mitterrand y mette fin
avec le tournant de la rigueur.
Mais lui avait de l’autorité sur le
parti. p
Propos recueillis par
Françoise Fressoz
et David Revault d’Allonnes
refuse de dévier de son cap, au-delà
du nécessaire desserrement de
l’étau des 3 %. Et Matignon martèle
que le « sérieux budgétaire » est la
seule arme possible pour rester
« crédible » vis-à-vis des partenaires européens, et le seul chemin
pour « créer un rapport de forces »
avec Berlin. « La réorientation de
l’Europen’est pasterminée.Le président de la République, les ministres
de l’économie et du budget sont à la
manœuvre tous les jours, mais eux
ne font pas des interviews au Monde », explique-t-on chez le premier
ministre, piqué au vif par les déclarations de Claude Bartolone.
Les ministres et le président de
l’Assembléene feraient-ilsquedire
tout haut ce que le président pense
tout bas ? « Il ne s’agit pas de mettre
en l’air la politique de sérieux budgétaire,maisil yaunbesoin,objectivement, de retrouver de l’oxygène,
traduitle députéOlivier Faure,proche de M. Ayrault. Ce que dit Bartolone ne peut être dit par François
Hollande ou le premier ministre, ce
seraitunefaute.Maisuneautrefaute serait de ne pas construire de rapport de forces avec Merkel.»
La poussée de fièvre des derniers jours témoigne du manque
de marge au plan national comme
européen, où « Angela Merkel est
inflexible à cause des élections »,
résume un ministre, qui ne voit
qu’une issue : « Il faut faire le gros
dos, afficher notre ténacité en espérant que la fin de 2013 sera meilleure que le début. » Pas vraiment l’acte II du quinquennat que beaucoup réclament à grands cris. p
Bastien Bonnefous
et David Revault d’Allonnes
0123
politique
Samedi 27 avril 2013
La CGT sermonne le chef de l’Etat
et l’appelle à changer de cap
AnneHidalgo: «Mon plan
contrele dieselà Paris»
La candidate PS à la Mairie de Paris promet
des mesures contraignantes contre la pollution
«Le Monde» dévoile la lettre ouverte adressée à M.Hollande par Thierry Lepaon
Entretien
I
l n’est pas trop tard pour changer de cap. Tel est le sens de la
démarche solennelle et inédite
qu’entreprend Thierry Lepaon en
adressant, vendredi 26 avril, une
lettre ouverte à François Hollande.
« Ce n’est pas une démarche hostile, pas du tout, a précisé au Monde
le secrétaire général de la CGT qui,
depuis son élection le 22 mars, a
rendu une visite de courtoisie au
chef de l’Etat. C’est une démarche
de responsabilité.»
« Il y a maintenant un an, écrit
M. Lepaon, les Françaises et les
Français vous élisaient président
de la République. Ils affirmaient
ainsi le besoin d’une rupture avec
la politique économique et sociale
menée précédemment. De ce
besoin, vous en avez fait votre slogan: “Le changement,c’estmaintenant”. La CGT s’était clairement
exprimée pour un changement de
majorité dans l’intérêt des salariés.
Or, nous sommes contraints de
constater l’écart grandissant entre
vos engagements et les actes. Le
décalage est immense entre les
attentes des salariés et les réponses
politiques apportées. Pour les salariés, rien n’a changé positivement
dans leur vie au travail et dans
leurs conditions sociales. »
M.Lepaon rappelleque lorsde la
conférence sociale de juillet 2012,
M. Hollande avait présenté une
feuillede route.«Unefeuillederoute, en particulier en matière sociale,
ne peut pas être continuellement
remise en cause ou déchirée pendant le parcours», souligne le dirigeant de la CGT. Il demande que la
prochaine conférence sociale, les
20 et 21 juin, porte sur « l’augmentation des salaires et du pouvoir
d’achat,l’emploi,la politiqueindustrielle, les services publics, une protection sociale de haut niveau, les
droits à la retraite ».
Dans son texte, M. Lepaon
revient sur la transcription dans la
loi de l’accord sur l’emploi qui
« divise les Français, les salariés, les
organisations syndicales et les parlementaires, y compris ceux de la
majorité.Comment dans ces conditions le texte de l’accord du 11 janvier pourrait-il devenir loi de la
République ? » Critiquant le refus
de l’amnistie syndicale, M. Lepaon
P
remière adjointe au maire
deParis, chargéede l’urbanisme, Anne Hidalgo, qui veut
succéder à Bertrand Delanoë, est la
candidate socialiste aux élections
municipales de 2014.
La circulation a baissé à Paris,
mais pas la pollution. N’est-ce
pas l’échec de Bertrand Delanoë
et le vôtre ?
Thierry Lepaon, lors du 50e congrès de la CGT, à Toulouse le 22 mars. GABALDA REMY/AFP
s’insurge: « Derrière la loi d’amnistiese joueaussila condamnationde
la politique de votre prédécesseur
dont la brutalité a contraint nombre de salariés à se mobiliser et à
agir. Beaucoup ont voté pour vous
et vous les rejetez. La poursuite de
cetteattitudeseraitincompréhensible.»
«Ma crainte, c’est
que le FN mobilise
plus que les syndicats
de salariés le 1er-Mai»
Thierry Lepaon
secrétaire général de la CGT
A la fin de cette lettre qui relève
plus de l’avertissement que de la
déclaration de guerre, M. Lepaon
martèle: «Laruptureavec lespolitiques d’austérité et de rigueur budgétaire doit être à l’ordre du jour en
France et en Europe. » « On pense
que la situation est grave et qu’il
faut que le président se ressaisisse,
explique au Monde M. Lepaon. Je
pense que s’il a bien conscience de
cette situation, il doit prendre les
décisions qui visent à faire en sorte
que le cap soit changé. Il n’est pas
trop tard pour bien faire. Le président est au pied du mur: ou c’est un
changement de cap ou il renonce à
la feuille de route, celle du changement». Avec la loi sur l’emploi, ditil, « une partie de la France va s’opposer à une autre partie de la France. Le rôle du président de la République, c’est de rassembler. C’est sa
mission première. On ne sort pas
d’une crise avec un pays divisé».
Fustigeant « l’absence de stratégie industrielle » et réclamant un
débat national pour savoir si « le
travail est un coût ou une richesse»,
M. Lepaon souligne que « le problème n’est pas de dire au président
“vous êtes comme le précédent”.
Mais il est trop sensible aux arguments du Medef ».
Sur le refus de l’amnistie, il évoque « une faute politique» – « on ne
crache pas sur ceux qui vous ont
fait élire » – et affirme : « On est
plus doux avec les opposants au
mariage pour tous qu’avec les syndicalistes ouvriers, la seule catégorie qui est toujours ciblée. »
M. Lepaon espère retisser des
liens avec la CFDT. « Notre syndicalisme n’a pas d’avenir si on n’avance pas de manière unitaire.» L’image du syndicalismefrançais, qui va
défiler de façon divisée le 1er-Mai,
« est triste à mourir ». « Ma crainte,
ajoute-t-il, c’est que le Front national mobilise plus que les syndicats
de salariés le 1er-Mai et ça, c’est terrible».
La CGT et la CFDT manifesteront, dans la semaine du 7 au
14 juin, avec les syndicats européens sur le slogan « changer de
cap contre les politiques d’austérité », et M. Lepaon se montre optimistesurlaprésentationà la conférence sociale d’un « tronc commun
de propositions» avec la CFDT.
M. Lepaon confirme son refus
de manifester avec le Front de gauche le5 mai : « C’est un homme politique respectable qui a appelé à
une manifestation politique. Dans
ses repères revendicatifs, la CGT ne
propose pas une VIe République. Et
ce n’est pas une confédération
qu’onsiffle etqui vient. » M. Hollande n’est pas le seul visé par le sermon du dirigeant cégétiste. p
Michel Noblecourt
Le lent démarragedes emploisd’aveniren banlieue
L
de 2 736 emplois d’avenir d’ici à la
fin de l’année, seuls 140 contrats
ont été signés sur les 14 missions
locales présentes sur ce territoire.
Ainsi, la mission locale de SaintDenis - Pierrefitte a conclu
17contrats. Idem pour celle regroupantPantin,Le Pré-Saint-Gervaiset
Les Lilas. Celle d’Epinay – SaintOuen–Ile-Saint-Denis–Villetaneuse en a signé 16, tout comme le secteur Clichy-sous-Bois – Livry-Gargan – Montfermeil – Vaujours. Les
municipalités ont aussi annoncé
des recrutements : Saint-Denis a
budgété 20 postes ; Clichy-sousBois, 6. Pantin et Aubervilliers en
annoncent 50, mais sur deux ans…
Et pourtant, contrairement à ce
que laisse penser le ministère de la
3 224 600
Les chiffres du chômage de mars, publiés jeudi 25avril par le ministère
du travail, confirment ce que l’on pressentait: le record du nombre de
demandeurs d’emploi, qui datait de janvier1997, a été dépassé.
3224 600personnes sont inscrites en catégorie A (sans aucune activité),
contre 3 195 500 début 1997. Si l’on inclut les demandeurs d’emploi ayant
eu une activité réduite (catégories B et C), la France passe le cap des 5 millions d’inscrits à Pôle emploi (4,7millions sur la métropole). En comptant
les DOM, le nombre de chômeurs en catégorie A a bondi de 38800 personnes. Sur un an, la hausse est de près de 350000 chômeurs (+11,1%), soit
près de 1 000 demandeurs d’emplois supplémentaires par jour. p
ville, les freins au recrutement ne
sont pas à chercher dans le vivier
des candidats. Dans le département, où les sorties sans diplôme
du système scolaire sont plus fortes qu’ailleurs, les missions n’ont
pasdemalàtrouverdesjeunesintéressés par ces contrats qui leur
offrent un emploi durant trois ans
avec une formation qualifiante.
Frilosité
« Nous avons beaucoup de jeunes non diplômés prêts à être recrutésmais manquonsd’employeurs»,
constate Caroline Machillot, directrice de la mission de Saint-Denis.
Quandla mairiea annoncélerecrutement de ses emplois d’avenir,
plus d’une centaine de jeunes ont
postulé en dix jours, raconte-t-elle.
«Nous avons prospecté les associations et les bailleurs mais ils demeurent frileux à s’engager pour trois
ans», renchérit Jamal Saïdi, chargé
de mission.
Pour des structures associatives, souvent fragilisées après des
années de subventions s’amenuisant,embauchern’estpasunepriorité. « Beaucoup d’associations
n’ont pas les moyens d’embaucher»,expliqueRadiaManfouf,responsable de la mission de LivryGargan, qui raconte qu’un mail a
étéenvoyéauxassociationsdubassin mais sans grand succès.
Absolument pas. Paris a pris les
mesures qu’il fallait depuis 2001
en matière d’écologie urbaine. Je
citeraile tramway,l’accroissement
de l’offre de bus et de métro, sans
parler de Vélib’et d’Autolib’. Nous
avons réussi à diminuer le trafic
automobile de 25 %. Aujourd’hui,
seuls7 %des déplacementsauquotidiendansParis se font en voiture.
Dansle mêmetemps,lesgouvernements, et notamment ceux auxquels
Mme Kosciusko-Morizet,
ministre de l’écologie, a participé,
ont pris des mesures à contresens
qui ont favorisé le développement
du diesel. Si bien que, de 2000 à
2011, la part du diesel dans le parc
automobile français est passée de
49% à 72 %. La question n’est donc
pas de savoir si Paris a échoué. Si
nous sommes à la veille d’un scandale de santé publique, c’est à cause de l’irresponsabilité des précédents gouvernements.
Jean-Marie Le Guen, député de
Paris et adjoint à la santé, propose d’interdire les voitures diesel
dans Paris. Est-ce réaliste ?
Hidalgo ouvre le dossier
du travail dominical
Anne Hidalgo envisage d’autoriser davantage de commerces à
ouvrir le dimanche, dans la capitale. « Je suis prête à revoir la carte des zones touristiques à Paris,
mais je veux que la condition soit
celle du dialogue social », a-t-elle
déclaré aux Echos-TV, mercredi
24 avril. Il existe actuellement
sept zones touristiques à Paris
dans lesquelles l’employeur
n’est pas obligé de majorer le
salaire horaire du dimanche,
sauf accord de branche ou d’entreprise. Le PCF-PG et les écologistes sont contre. L’UMP et le
Medef y sont favorables.
Il a raison de rappeler l’enjeu,
mais plutôt que l’interdiction, qui
n’est pas techniquement réaliste,
je propose des mesures incitatives.
Aller vers la fin du diesel à Paris
dans la mandature sera ma priorité, au même titre que le logement,
si je suis élue maire. D’ici à trois
ans, nous aurons réussi l’éradicationdu dieseldanslaflottedelaVille.Ilreste30%de véhiculesmunicipaux qui roulent au gasoil. Il faut
que d’ici à deux ans, il n’y ait plus
de bus de la RATP au diesel à Paris.
J’interdirai les cars de tourisme au
diesel dans la capitale. Il existe des
solutionsutiliséesdansd’autresvilles comme les minibus électriques.
Jeveuxtravailleravec laprofession
des taxis pour transformer le parc
existant en une flotte à moteur
hybride, électrique. Une autre piste: pourquoi ne pas étudier la création de taxis collectifs? Pour fluidifier les accès routiers aux aéroports, je propose une voie réservée
aux taxis et au covoiturage.
Allez-vous continuer de réduire
la circulation automobile ?
Oui, par de nouveaux modes de
transports alternatifs. Je prolongerai le tramway à l’ouest ainsi que la
ligne 10 du métro jusqu’à Ivry-surSeine, à l’est. Je travaille à un plan
vélo pour doubler les pistes cyclables.Nous devonssurtoutencourager la mutation du parc automobile privé vers la voiture électrique.
Autolib’par son succès nous a permis d’enclencher cette révolution.
Je propose que soit étudiée l’ouverture des couloirs de bus aux scootersetauxvoituresélectriqueslorsqu’elles sont en covoiturage.
Jusqu’ici, le gouvernement n’a
pas pris de mesures antidiesel.
Que devrait-il faire ?
Il pourrait créer une prime à la
casse pour les voitures anciennes.
Je suis favorable à un péage pour
lescamionsà l’entréede l’agglomération parisienne. Beaucoup de
poids lourds passent par la métropole et ne s’y arrêtent pas. Des
réformes fiscales doivent être prises pour ramener le diesel au
même prix que celui de l’essence.
Le gouvernement doit faire le pari
de la voiture électrique et s’engager vers la transition écologique. p
Propos recueillis par
Béatrice Jérôme
PARIS
«Nous ne sommes qu’à 17% de l’objectif», déclare le ministre délégué à la ville, François Lamy
es emplois d’avenir ont du
mal à rencontrer leur public
en banlieue. On savait déjà les
chiffres nationaux pas fameux,
avec 10 000 contrats signés fin
mars. Ceux avancés par le ministre
délégué chargé de la ville, François
Lamy, pour les quartiers populaires – pourtant prioritairement
concernés par ce dispositif d’aide à
l’emploi des jeunes peu qualifiés–,
sontaussiàlatraîne:«Nousnesommes qu’à 17 % de l’objectif», admet
le ministre. Quelque 30 % des
emplois aidés devaient être créés
dans les zones urbaines sensibles.
Un tour des missions locales en
Seine-Saint-Denis confirme ce
retard à l’allumage. Alors que l’objectif assigné au département est
9
L’obligation d’un tutorat durant
le contrat comme la nécessité de
mettre en place un parcours de formation demeurent un frein
majeur pour des petites structures
qui ne connaissent souvent même
pas leur organisme collecteur,
remarquent les missions locales
contactées.«Le côtéformationobligatoire leur fait peur. Il y a de la
com’ à faire », remarque Coralie
Chastaing, référente des contrats
aidés à Epinay-sur-Seine.
Quant aux collectivités locales,
si elles sont nombreuses à ne pas
avoir encore voté leur budget ;
beaucoup expliquent qu’avec la
rigueur budgétaire imposée par
l’Etat, elles ne peuvent faire de
miracle. « On a budgété 20contrats
et cela représente le troisième effort
en termes de budget de fonctionnement», remarque Patrick Vassallo,
conseiller municipal délégué à
l’emploi à Saint-Denis.
Dans les missions locales,
oninsiste sur le fait que ce dispositif – le premier qui s’adresse vraimentauxsansdiplôme– peutmarcher. « On y croit à ces contrats qui
amènentàunequalification»,assure Ammessaade Azoug, directrice
de la mission de Pantin. Mais, insistesoncollègued’Aubervilliers,JeanFrançois Eloidin, « il faut laisser du
temps au dispositif de s’installer». p
Sylvia Zappi
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0123
société
Samedi 27 avril 2013
Laréquisitiondelogements,unearmededissuasion
75% des appartements franciliens concernés par la campagne de Cécile Duflot devraient être remis en location
P
our éviter les ennuis, les propriétaires ont-ils préféré
remettre sur le marché leurs
biens jusque-là vacants ? Selon un
premier bilan, non encore rendu
public par le ministère du logement, l’épée de Damoclès de la
réquisition a agi comme une arme
de dissuasion massive, même si
une bonne part des habitations
soupçonnées de vacance se sont
révélées inexploitables.
En Ile-de-France, cinq mois
après le lancement par la ministre
du logement, Cécile Duflot, d’une
campagne de réquisition, 75 % des
appartements ciblés ont été remis
en location ou sont sur le point de
l’être,sans queles pouvoirspublics
aient eu besoin d’aller au bout de la
procédure.
Dès novembre 2012, les agents
de l’Etat ont passé au crible les
fichiers de l’administration fiscale
pour repérer les logements appartenant à des personnes morales
(entreprises, associations, institutions…) vacants depuis plus de dixhuit mois et ce dans quatre régions
où le marché immobilier est particulièrement tendu (Ile-de-France,
Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées).
En Ile-de-France, là ou le programme est le plus avancé, sur les
90 000 logements sortis des
fichiers vacants, après un premier
examen, 70 000 ont été identifiés
comme correspondant aux critères de la réquisition. Pour des raisons d’efficacité, les services de
l’Etat n’ont retenu que les immeubles comportant entre 5 et 10logements vacants. « Les procédures de
réquisition sont longues et complexes. Il n’est pas “rentable” de lancer
le processus pour un seul logement
isolé », explique-t-on à la préfecture d’Ile-de-France.
En vertu de cette règle, les
70000logementsinitiauxontfondu comme neige au soleil. Seuls
7 500 appartements franciliens
Deux procédures
coexistent
Une ordonnance de 1945 Elle
stipule que tout local vide depuis
plus de huit mois peut être visé
par une réquisition. Sont concernés les locaux d’habitation puis, à
partir de 1956, ceux à caractère
commercial ou professionnel.
Un article de la loi contre les
exclusions de 1998 Il introduit
un nouveau cadre législatif. Ne
peuvent être réquisitionnés que
des bâtiments appartenant à des
« personnes morales » (Etat, organisme HLM, collectivité locale,
association…) et vacants depuis
plus de dix-huit mois. Ce délai
vient d’être ramené à douze mois
par Cécile Duflot.
Des membres de l’association Droit au logement manifestent contre les expulsions à Paris, le 16 mars. BERTRAND LANGLOIS/AFP
ont passé ce critère. Sur ce total, à la
fin
mars,
5 053 logements
(366immeubles) ont reçu la visite
d’agents de l’Etat assermentés par
la préfecture. Objectif : vérifier la
vacance et l’état des locaux. Le reste est en attente de traitement.
A l’issue de cette première phase, sur les 5 053 logements identifiés, 228 apparaissaient dans les
fichiers mais avaient été démolis
entre-temps et 240 autres se sont
révéléêtre desbureauxoudescommerces occupés. Ces erreurs s’expliquent en partie par le décalage
entre la situation au regard des
impôts – arrêtée au 1er janvier
2011 – et la réalité du terrain. En
plus d’un an, certains biens ont
changé de statut.
Selon le pointage du ministère
du logement, 75% du stock recevable, soit 3 784 logements, avait été
ou allait être remis spontanément
sur le marché. « Il y aura un suivi de
ces bâtiments pour vérifier que cette intention est bien suivie d’effet,
assure un membre du cabinet de
CécileDuflot. Si ce n’est pas le cas, la
procédure de réquisition reprendra
son cours.»
Aufinal,combienyaura-t-ilvrai-
ment de bâtiments réquisitionnés ? Difficile d’obtenir un chiffre
définitif. Pour l’instant, seuls
412 logements identifiés par ce travail de fourmi vont faire l’objet
d’une intervention directe de
l’Etat, intervention qui peut aller
jusqu’à la réquisition. Sur ce total,
4 immeubles (30 logements) sont
danslaphase ultimeavantle transfert de propriété, moyennant
indemnité. Situés à Dourdan
(Essonne),Nanteuil-lès-Meaux(Seine-et-Marne), Roissy-en-France
(Val-d’Oise) et Saint-Maur-des-Fossés(Val-de-Marne),ils risquentfort
defairepartiedespremiersréquisitionnés de l’ère Duflot.
En région, le tri a aussi été très
important. En Provence-AlpesCôte d’Azur, sur les 24 000 logements potentiellement vacants,
278 ont été retenus pour une visite,
mais tous ne feront pas l’objet
d’une intervention de l’Etat. En
Midi-Pyrénées, sur les 912 immeublesrepérés,la moitiéétait enréalité en travaux ou occupée. Pour
l’heure, seule une propriété privée
de 15 logements dans le centre de
Toulousefait l’objet d’unedécision
de réquisition.
ASaint-Maur,sixstudiosvides,unemenaceetunsoudainprojetdetravaux
Reportage
Le permis de travaux est bien visible sur le portail rouillé. Au premier plan, un bout de façade fraîchement repeinte et des menuiseries neuves tranchent avec l’état
sauvage du jardin. Cet ensemble
de maisonnettes, situé dans une
petite rue calme d’un quartier résidentiel de Saint-Maur-des-Fossés
(Val-de-Marne), est inscrit sur la
« liste noire» qui recense les biens
susceptibles d’être réquisitionnés
en Ile-de-France.
Mme D. (qui a requis l’anonymat) est l’un des agents assermentés de la direction régionale et
interdépartementale de l’hébergement et du logement (Drihl) chargés de vérifier la vacance des
locaux dans le Val-de-Marne. En
bonne enquêtrice, elle a d’abord
fait un repérage des lieux pour
vérifier l’inoccupation du site.
« L’accès était complètement libre,
le portail ne fermait pas, et il n’y
avait alors aucun signe de travaux
en cours», explique cette fonctionnaire, plus habituée jusqu’alors à
mener des études et à gérer les
relations avec les bailleurs
sociaux qu’à traquer les propriétaires réfractaires à la location.
Un rapide coup d’œil lui permet de repérer six studios inoccupés. Un premier courrier est adressé au propriétaire, un marchand
de biens constitué en société civile immobilière. « Ce n’est pas toujours évident, il y a des gens injoignables, d’autres qui vous raccrochent au nez, plus rarement quelques insultes », témoigne Mme D..
A Saint-Maur-des-Fossés, après
plusieurs appels et un peu de
négociation, Mme D.arrive à organiser, en décembre2012, une visite
du site en présence du propriétaire. « Il a justifié la vacance de son
bien par le fait qu’il réfléchissait à
un éventuel projet immobilier», se
rappelle la fonctionnaire. Un argument souvent utilisé par les propriétaires qui espèrent gagner du
temps et faire s’enliser la procédure. « La peur de la réquisition semble avoir en tout cas déclenché des
travaux», ironise Jean-Martin
Delorme, directeur de la Drihl. En
spécialiste du logement, il se
méfie de cet empressement soudain à rénover qui est souvent
une astuce pour échapper à la loi.
« Outils puissants »
D’ici fin avril, le propriétaire de
Saint-Maur devra préciser et justifier ce qu’il veut faire de son bien.
Le préfet choisira de valider ou
non ses arguments. Si la réquisition est prononcée, un attributai-
re (Etat, collectivité locale, organismes HLM…) sera désigné pour faire l’intermédiaire entre le propriétaire et le futur locataire. La durée
de la réquisition sera aussi fixée.
Elle peut courir jusqu’à six ans,
voire douze ans en cas de travaux.
Pendant cette durée, le propriétaire est indemnisé sur la base d’un
loyer au mètre carré inférieur à
celui des HLM, autour de 5 euros
pour les communes de l’agglomération parisienne.
A la préfecture du Val-de-Marne, un bilan de l’opération sur le
département est en cours. Sur les
dix-huit immeubles (environ
200 logements) repérés lors
d’une première opération, douze,
après vérification, se sont révélés
occupés, en travaux ou trop dégradés pour être retenus. Sur les six
potentiellement réquisitionnables, seuls deux, dont celui situé à
Saint-Maur, sont aujourd’hui réellement menacés par un arrêté de
réquisition. Une autre liste de
trente-quatreimmeubles (entre
300 et 350 logements) est en
cours. Huit bâtiments semblent
correspondre au cadre de la loi.
Pour le préfet du Val-de-Marne,
ThierryLeleu, ce type de campagne n’est pas inutile. « La menace
de la réquisition ne va pas résoudre la crise du logement dans un
département qui compte
65 000demandeurs de logements
sociaux dont 7 500 déclarés comme prioritaires, analyse le représentant de l’Etat. Pour autant c’est
un outil puissant qui oblige les propriétaires à se déterminer. Et au
final, les deux tiers des locaux repérés vont rentrer spontanément ou
sous la pression de l’Etat sur le marché », estime-t-il. p
C. Ro.
Au ministère du logement, on
rappelle que « la réquisition n’est
pas une formule magique, mais un
moyenparmilapanopliedesdispositionslégalesquipermetderécupérer des logements. C’est aussi une
façon de décourager les propriétaires tentés par la vacance.»
De fait, symboliquement forte,
la mesure est complexe et longue.
De trois à cinq mois sont nécessaires entre le premier courrier adressé au propriétaire et l’arrêté de
réquisition. Si le bâtiment nécessi-
Pourdesraisons
d’efficacité,lesservices
del’Etatn’ontretenu
quelesimmeubles
comportant entre5et
10logements vacants
teuneremiseenétat,lesdélaispeuvent s’allonger de plusieurs semaines avant l’arrivée de locataires.
Cette lourdeur de la procédure est
d’ailleurs pointée par l’association
Droit au logement, qui milite pour
que le gouvernement utilise l’ordonnance de 1945 sur les réquisitions, un texte, selon son président, Jean-Baptiste Eyraud, « plus
facile à mettre en œuvre et donc
plus efficace».
Cette procédure avait été utilisée en 1995 par Jacques Chirac qui,
en deux ans, avait réussi à réquisitionner plus de 1 000 logements
dont 800 dans la capitale. En 2001,
Marie-Noëlle Lienemann, alors
secrétaire d’Etat au logement,
avait elle aussi activé ce levier. Faute de temps et de moyens, elle
n’avait remis sur le marché qu’une
centaine de logements à Paris.
Mme Duflot, même si elle n’a
jamais affiché d’objectifs précis,
espère faire mieux que ses prédécesseurs. Elle compte sur le durcissement de la législation et sur la
mobilisation des biens de l’Etat,
des mesures qui ont été actées
dans sa loi du 18 janvier 2012. p
Catherine Rollot
La prime annuelle des professeurs des écoles en passe d’être créée par Vincent Peillon
Le protocole que le ministre de l’éducation a commencé à présenter aux syndicats, jeudi 25avril, ne mentionne aucun montant
L
aprimeannuellepourles professeurs des écoles est en passe d’être créée. Le protocole
que le cabinet du ministre de l’éducation, Vincent Peillon, a commencé à présenter aux syndicats jeudi
25avril propose « la création d’une
indemnité au bénéfice des enseignants du premier degré».
Selon nos informations, que le
ministère se refuse à confirmer, la
prime devrait s’élever à environ
400euros avec un premier versement en décembre et un second au
printemps 2014. L’idée est de la
doubler d’ici à la fin du quinquennat pour qu’elle ressemble à celle
dont bénéficient aujourd’hui tous
les enseignants de collège et de
lycée.
C’est la mesure phare du protocole que le ministre met à la signature des fédérations de l’éducation. Il y donne des orientations
pour la répartition des 90 millions
d’euros de mesures catégorielles
du budget 2013 qui devraient être
adoptées avant l’été.
Chaque année, en effet, le budget de l’éducation nationale comporte une somme consacrée aux
augmentations, dont une part est
affectée automatiquement, compte tenu de l’ancienneté et de l’inflation, et l’autre est à répartir. L’enveloppe 2014 devrait être de 80 mil-
lions d’euros, celle de 2015, de
70 millions. Les orientations du
protocole valent pour les trois
années.
En fait, le ministère de l’éducation dispose de l’enveloppe 2013
depuis plusieurs mois, sans avoir
eu le droit d’y toucher. Craignant
que cette prime aux enseignants
soit perçue comme un cadeau supplémentaire fait à un ministère
déjà bien traité, Matignon comme
Bercy ont préféré attendre. Le protocole présenté aux syndicats ne
mentionne aucun montant. En
revanche s’en dégagent des prioritéset unesprit, celuides contreparties. M. Peillon profite de ce docu-
ment de quatre pages pour poser
les premières pierres du débat sur
le métier d’enseignant qu’il va
ouvrir à la rentrée et préciser
d’oreset déjàquela primeaux maîtres est octroyée pour assurer
«l’évaluation pédagogique des élèves, la concertation en équipe pour
mettreen place les projets éducatifs
territoriaux, l’accueil des handicapés et le dialogue avec les familles».
Petite contrepartie
Cette mesure veut aussi apporter unedéclinaisonconcrèteaufait
que l’école primaire est la priorité,
mais on ne peut s’empêcher de la
lire comme une petite contrepar-
tieà la demi-journéedetravailsupplémentairequeM.Peillondemande aux maîtres à l’occasion de la
réforme des rythmes scolaires.
S’ajoutera d’ailleurs pour eux la
possibilité de passer plus facilement à l’échelon hors classe, le
plus haut de la profession. A l’heure actuelle, ils sont quatre fois
moins nombreux que les certifiés
à y terminer leur carrière.
Le protocole prévoit deux
autres bénéficiaires prioritaires: la
médecinescolaire(médecins,infirmiers, assistant sociaux) et les personnelslesmoinsbienpayés.Ilrappelle que la refonte des grilles de la
catégorieC est en cours mais que le
ministre souhaite aller au-delà.
Comme il voudrait que la situation
des enseignants précaires « fasse
l’objet d’un travail approfondi» et
queceux-cibénéficientd’une«harmonisationdes pratiquesacadémiques ». De même, si les syndicats
signent, les parcours antérieurs à
l’enseignementserontmieuxvalorisés dans les carrières, des mesures favoriseront la mobilité entre
l’encadrement et l’enseignement.
Il s’agit d’en finir avec des carrières
entières entre les murs d’une classe, mais aussi d’autoriser un proviseur à reprendre quelques heures
de cours. p
Maryline Baumard
0123
société
Samedi 27 avril 2013
LaCorsefrappéeparuntroisièmeassassinat
d’unepersonnalitépubliqueensixmois
Maire de Letia et président de l’influent parc naturel régional de Corse, Jean-Luc Chiappini
a été tué par balles par deux hommes à scooter, jeudi 25avril, près d’Ajaccio
Bastia
Correspondant
C
’est le troisième notable
assassiné en Corse en six
mois. Jean-Luc Chiappini,
65 ans, président du parc naturel
régional de Corse (PNRC) et maire
de Letia (Corse-du-Sud) a été tué
par balles, jeudi 25 avril à la
mi-journée, alors qu’il circulait à
bord de sa C5 noire sur la route qui
le menait de l’aéroport NapoléonBonaparte, à Ajaccio, où son avion
en provenancede Parisvenait d’atterrir.
Ce fut une véritable « scène de
film», selon un policier de la direction régionale de la police judiciaire corse. « Les tueurs circulaient à
scooter, ils ont tiré une première
fois sur la voiture dans le rondpoint qui permet de rejoindre la
nationale,puis encore à deux reprises après que le véhicule de la victime a percuté le rebord de la route
avant de franchir les grilles de l’Institut consulaire de formation», un
organisme dépendant de la chambre de commerce et d’industrie de
la Corse-du-Sud, aux alentours
duquel de nombreux étudiants en
stage se retrouvaient à cette heure
de la journée.
Pour l’instant,selon une formule habituelle en Corse, les enquêteurs indiquent qu’« aucune piste
n’est privilégiée », tout en soulignant que le mode opératoire d’assassins « extrêmement déterminés
et dotés d’un grand sang-froid »
signait un « travail de professionnels ou de gens aguerris ».
Depuis les assassinats de l’ancien bâtonnier Antoine Sollacaro,
le 15 octobre 2012, et de Jacques
Nacer, président de la chambre de
commerce et d’industrie d’Ajaccio
un mois plus tard, M. Chiappiniest
la troisième personnalité publique à tomber sous les balles de
tueurs et le dixième homicide
recensé en Corse depuis le début
de l’année. Au total, dix élus ont
été assassinéssur l’île depuis 1990.
Sans être une personnalité politique de premier plan – en 2004 et
2010,il avaitéchouéà être éluà l’assemblée de Corse, où il avait siégé
avec les Radicaux de gauche de
La police scientifique sur les lieux de l’assassinat de Jean-Luc Chiappini, jeudi 25 avril. PASCAL POCHARD/AFP
1984 à 1986 –, Jean-Luc Chiappini
restait malgré tout un homme de
poids en raison de ses fonctions de
président du parc naturel régional
de Corse depuis 1995, un organismequi rassemble145 des 360communes que compte la Corse et couvre par sa superficie quelque 40 %
du territoire de l’île. Il était également maire, constamment réélu
depuis 1977, du petit village de
Letia.
Son assassinat est-il lié à ses
fonctions politiques ou aux éclats
d’une personnalité que certains
proches, sous le couvert de l’anonymat, décrivent comme « vive » ?
« La méthode employée par ses
assassins donne plutôt à penser à
un contraten bonne et due forme»,
analyse une source judiciaire au
palais de justice d’Ajaccio. Le
même rappelle « le climat persistant de pressions sur les élus investis de charges décisionnaires en
matière de subventions » – l’une
des attributions du parc naturel
régional de Corse.
Dans un récent rapport, la
chambre régionale des comptes
soulignait la bonne gestion globale du parc, mais notait cependant
leshabituellesirrégularitésconstatéesen Corse pource type d’établissementpublic: frais dereprésentation exponentiels « sans aucune
explications» et clientélisme bon
teint.
«La méthode
employée donne
plutôt à penser à un
contrat en bonne et
due forme», analyse
une source judiciaire
Ainsi, le rapport notait que pas
moins de onze agents du parc
étaient affectés à Letia, le village
dont M. Chiappini était le maire,
alors que la commune ne disposaitd’aucuneimplantationspécifique liée aux fonctions du PNRC.
M. Chiappini avait par ailleurs été
condamné en 2010 pour recrutement abusif par le tribunal correctionnel d’Ajaccio.
Jeudi 25avril, à l’annoncede l’assassinatde l’élu, les conseillers territoriaux de l’assemblée de Corse
ont immédiatement ajourné
leurs travaux, consacrés à l’adoption d’une délibération visant à
reconnaître la co-officialité de la
langue corse et ont décidé à l’unanimité de s’abstenir de tout commentaire public « par respect »
pour la famille et les proches de
M. Chiappini.
Le ministre de l’intérieur,
Manuel Valls, a condamné « ce
lâche assassinat» et a promis dans
un communiqué que « tous les
moyens seront mis en œuvre pour
interpeller les auteurs et les déférer
devant la justice », évoquant « l’engagement total de l’Etat, dans la
durée, pour lutter contre toutes les
formes de violence dont la Corse et
ses habitants sont victimes ». Pratiquement mot pour mot, les
mêmes paroles avaient été prononcées lors d’une visite expresse
en Corse, il y a cinq mois. C’était au
lendemain de l’assassinat de Jacques Nacer. p
Antoine Albertini
C
«Une activité qui
représente 1%
du chiffre d’affaires
d’Havas et 99%
de ses emmerdes»
Stéphane Fouks
Patron de Havas Worldwide
Gilles Finchelstein, du débat télévisé de M. Cahuzac, encore ministre
du budget, avec Jean-Luc Mélenchon,le7janvier.«Avraidire,ilexpirait fin mars, et nous avons décidé
de ne pas le renouveler », préfère
expliquer M. Fouks. Autre motif
non avoué : mettre fin aux soupçons nés de l’existence d’un même
contrat global qui a alimenté les
rumeurs sur la protection dont
aurait pu jouir M. Cahuzac de la
part du ministre de l’économie,
Pierre Moscovici.
Il faut dire qu’après Dominique
Strauss-Kahn, dont Euro RSCG
avait peaufiné la « précampagne»
début 2011, avant le scandale du
Sofitel, c’est la deuxième fois,
qu’un « pote » de Stéphane Fouks
chute avec fracas. Et la deuxième
fois que le patron de l’agence de
communication assure ne pas
avoir connu la face cachée de ses
clients.
Avec cette décision, c’est l’une
des spécificités d’Havas qui prend
fin. Si, comme Havas, Publicis a
« placé » plusieurs des siens à la
communication de divers ministères, l’agence de Maurice Lévy ne se
livrait pas à ces activités de conseil
rémunéré dont son rival Fouks a
fait sa marque de fabrique. La trace,
chez cet ancien rocardien, de son
goût pour la politique, acquis il y a
trente ans avec ses inséparables
complices, le criminologue Alain
Bauer et surtout Manuel Valls.
M. Fouks continuera d’ailleurs de
conseiller gracieusement le ministre de l’intérieur: un rôle de « visiteur du soir » de la Place Beauvau
qu’il assume parfaitement.
L
a cour d’appel de Paris a
débouté, jeudi 25avril, le président de Guinée-Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema, de
ses poursuites en diffamation
contre le Comité catholique
contre la faim (CCFD-Terre solidaire). Le rapport de cette ONG,
en 2009, « Biens mal acquis, à qui
profite le crime ? », dénonçait les
agissements de plusieurs dictateurs africains, parmi lesquels
M. Obiang et sa famille. Ceux-ci
étaient, entre autres, accusés
d’avoir blanchi au début des
années 2000 « environ 26,5 millions de dollars en achats immobiliers, via un compte au Banco Santander de Madrid ».
« Intimidation judiciaire »
Le président équato-guinéen,
70 ans, au pouvoir depuis trentequatre ans, débouté en première
instance, avait été condamné par
le tribunal correctionnel de Paris
à payer 2 500 euros de dommages
et intérêts pour plainte abusive à
chacun des quatre membres du
CCFD. Cette disposition n’a pas
été retenue par la cour d’appel,
sans qu’il soit possible d’affirmer
si ce rejet est dû ou non à une
hypothétique immunité attachée au statut de chef d’Etat –
c’est ce que soutenait l’avocat du
président africain, Me Olivier
Metzner, décédé le 17 mars. L’intégralité de la décision sera connue
dans une quinzaine de jours.
Me Antonin Lévy, qui a remplacé Me Metzner avec son confrère
Nicolas Huc-Morel, assure ignorer pour l’instant si son client souhaite se pourvoir en cassation.
Mais l’avocat du CCFD, Me Henri
Leclerc, se félicite déjà que
M.Obiang n’ait pas eu gain de cause, jeudi: « Le seul chef d’Etat qui
ait osé faire un procès, malgré les
éléments qu’apportait le CCFD, l’a
perdu en première instance et en
appel. Cela fait avancer l’ensemble du dossier», juge-t-il.
Dans le cadre de l’affaire dite
« des biens mal acquis », deux
autres chefs d’Etat sont visés par
une plainte déposée en 2008 par
l’ONG Transparency International France, Denis Sassou Nguesso, président du Congo-Brazzaville, et Omar Bongo, le défunt
président gabonais.
« La justice française reconnaît
aujourd’hui la réalité de ce régime», se réjouit Antoine Dulin,
l’un des coauteurs du rapport du
CCFD, tandis que l’ONG souhaite
que cette décision « très claire, dissuade définitivement» le plaignant de recourir à « l’intimidation judiciaire». M. Obiang continue pourtant de faire travailler
ses avocats: deux autres procédures de diffamation sont en cours,
pour des articles publiés par Le
Parisien et Paris Match. p
Béatrice Gurrey
Justice L’avocat de Stéphane Richard écrit à la Cour des
comptes après les informations révélées par « Le Monde »
Dans un courrier adressé, jeudi 25 avril, à Didier Migaud, président de la
Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF) de la Cour des comptes, Me Jean-Etienne Giamarchi, conseil du PDG de France Télécom, Stéphane Richard, s’étonne que « des magistrats de la Cour des comptes
aient pu d’ores et déjà “prendre la décision”, comme l’affirme le journal
Le Monde, de lui signifier “une mise en cause formelle pour octroi d’un
avantage injustifié” [Le Monde du 26 avril] ». M. Richard, qui va être
entendu dans le cadre de l’affaire Lagarde-Tapie, est en effet susceptible
d’être formellement « mis en cause » par la CDBF. « S’ils ont quelque chose à dire, ils auraient été mieux inspirés de le réserver à mon client, puisque celui-ci sera entendu, sauf à ce que soit ainsi démontrée l’existence
de préjugés avant même que M. Stéphane Richard ait été invité a s’exprimer », poursuit l’avocat.
Condamnation de la France pour les conditions
de détention dans l’ancienne prison de Nancy
La Cour européenne des droits de l’homme a condamné, jeudi 25 avril,
la France à verser 10 000 euros à un détenu, Enzo Canali, en raison des
conditions « dégradantes» de sa détention dans la maison d’arrêt de
Nancy, aujourd’hui fermée. Les juges ont pour la première fois évoqué
la surpopulation comme élément du traitement dégradant. – (AFP.)
« Mur des cons » : Christiane Taubira saisit le CSM
Faits divers Fusillade meurtrière à Istres
L’agence de lobbying Havas Worldwide, qui était en contrat avec Bercy, veut rétablir son image
entier. « Il faut s’interroger sur les
conditions d’exercice d’une activité
qui représente 1 % du chiffre d’affaires d’Havas Worldwide et 99 % de
ses emmerdes», reconnaît Stéphane Fouks, dont l’agence est aujourd’hui numéro un du conseil aux
entreprises en France.
Le contrat de conseil politique
qui avait été signé avec Bercy allait
de l’harmonisation de la parole des
ministres à la préparation, avec
Biensmalacquis:leprésident
équato-guinéendébouté
La garde des sceaux, Christiane Taubira, a saisi jeudi 25 avril le Conseil
supérieur de la magistrature (CSM) pour avis, après la tempête politique provoquée par la découverte d’un « mur des cons » dans les locaux
du Syndicat de la magistrature. – (AFP.)
Aprèsl’affaireCahuzac,StéphaneFouksmet fin
à sonactivitéde conseilpolitiqueà des ministres
’enestfiniduconseilrémunéré d’Havas Worldwide (exEuro RSCG) aux politiques.
Le vice-président du groupe Havas,
Yannick Bolloré, a décidé de cesser
de signer des contrats avec les
ministres en exercice. « Une décision conjointe», assure le patron de
Havas Worldwide, Stéphane Fouks,
au Monde. Une conséquence directe, en tout cas, de l’« aveu», par l’ancien ministre du budget Jérôme
Cahuzac – qui était lié par contrat
avecl’agencedelobbying–del’existence de ce compte en Suisse.
« Peut-être faut-il que nous
options pour moins de personnalisation. » Après cette déflagration
politique, le président du conseil
d’administration d’Havas, Vincent
Bolloré, le père de Yannick, s’était
épanché auprès de quelques proches. Stéphane Fouks, de son côté,
avait très mal vécu les attaques
dontilavaitété« injustement»l’objet,estime-t-il,danslapresse.Ebranlé, celui qui avait personnellement
conseillé Jérôme Cahuzac (ce dernier l’avait averti trois jours avant
François Hollande qu’il allait « dire
lavéritéauxjuges»)afiniparconvenir que cette « hypervisibilité» pouvait avoir effectivement des effets
négatifs sur l’image du groupe tout
11
C’est d’ailleurs M. Valls qui, le
23 avril, a remis les insignes d’officier de la légion d’honneur à la
coprésidente d’Havas Worldwide,
Mercedes Erra. Manuel Valls a célébréses« originescatalanescommunes » avec l’alter ego de StéphaneFouks devant près de cinq cents
personnesréuniesàlaCiténationale de l’histoire de l’immigration. Au
milieu de grands patrons du
CAC40 et de publicitaires, la ministreYaminaBenguiguietlacandidate UMP à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet – dont un de
ses communicants vient d’Havas
Worldwide.
Quant à Jérôme Cahuzac, c’est
Anne Hommel, désormais à la tête
sa propre agence de communication, Majorelle, qui veille sur son
image,comme elle le fait pour DSK,
Anne Sinclair, la patronne du Huffington Post, ou encore Mathieu
Pigasse, l’un des trois actionnaires
du Monde. «La vérité n’est pas mon
sujet », lâche-t-elle dans Le Nouvel
Observateur du 25 avril : cette
ancienne d’EuroRSCG ne rechigne
pas à prononcer des mots que son
ex-complice, Stéphane Fouks se
refuse d’employer. p
Raphaëlle Bacqué
et Ariane Chemin
Un jeune homme de 19 ans armé d’une kalachnikov a tué trois passants
dans un quartier résidentiel d’Istres (Bouches-du-Rhône), jeudi 25 avril.
Interpellé, il a livré le nom d’un homme de 24 ans qui, selon lui, s’apprêtait à commettre le même acte, et qui a été arrêté à Paris le soir même.
Le jeune homme, qui souffre de problèmes psychologiques selon des
sources proches de l’enquête, aurait acheté une kalachnikov démilitarisée sur Internet et l’aurait ensuite remise en état de marche. – (AFP.)
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économie
12
0123
Samedi 27 avril 2013
J CAC 40 3 820,1 PTS – 0,5 % |j DOW JONES 14 700 PTS + 0,2 % |J EURO-DOLLAR 1,3025 |j PÉTROLE 102,9 $ LE BARIL |k TAUX FRANÇAIS À 10 ANS 1,76 % | 26/04-9H30
Berlin craint une politique monétaire trop laxiste
Selon Angela Merkel, l’Allemagne aurait besoin d’une hausse des taux de la BCE, et non d’une baisse
M
ais quelle mouche a donc
piqué Angela Merkel ? La
chancelière allemande
s’estlivrée, jeudi 25 avril, à un commentaire pour le moins inhabitueldans uneAllemagne où l’indépendance de la Banque centrale
européenne (BCE) fait figure de
vache sacrée. Alors que la déprime
économique s’amplifie en zone
euro, les marchés tablent sur une
baisse des taux dès la prochaine
réunion de l’autorité monétaire, le
2 mai. Espoir alimenté par les
déclarations de certains banquiers
centraux, à commencer par le
patron de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann.
Mais Mme Merkel pense un peu
différemment. « Actuellement,
pour ce qui concerne l’Allemagne,
[laBCE] devrait probablementaugmenter un peu ses taux », a-t-elle
estimé. Tout en concédant que
l’institution de Francfort se trouve
dans une « situation très compliquée » : « Pour d’autres pays elle
aurait en fait besoin d’agir un peu
plus (…)pour s’assurerque les entreprises ont accès au financement »,
a-t-elle ajouté lors d’un colloque
sur le secteur bancaire.
A Berlin, tant au ministère de
l’économie qu’aux finances, on
veut relativiser des propos
« banals ». Pourtant, la chancelière
ne se permet jamais d’émettre un
avis sur la politique monétaire et
n’apprécie guère quand d’autres
capitales, à commencer par Paris,
tentent d’influencer les décisions
de la BCE. « C’est une grosse nouveauté », insiste Johannes Gareis,
économiste à Francfort de Natixis.
La remarque est d’autant plus
surprenante que l’Allemagne
n’est pas épargnée par le coup de
froid qui saisit la zone euro. Certes,
le gouvernement vient de relever
légèrement sa prévision de croissance (de 0,4 % à 0,5 %) pour 2013.
Certes, le taux de chômage y est
historiquement bas (6,8 % attendus cette année). Mais les derniers
indicateurs révèlent une dégradation du climat des affaires. Dans
les entreprises, les carnets de commande se dégarnissent et l’investissement fléchit.
Il n’empêche. A cent cinquante
joursduscrutinquiremetsonman-
Zone euro
Allemagne
a Déficit public 2012
en % du PIB
0,2
– 3,7
a Dette publique 2012, en % du PIB
90,6
81,9
a Evolution annuelle du PIB
au 4e trim. 2012
0,4
– 0,9
Taux de chômage
en février 2013
12 %
Taux annuel
d’inflation
en mars 2013
1,7 %
1,8 %
5,4 %
La chancelière Angela Merkel à l’assemblée annuelle de la Fédération des caisses d’épargnes allemandes, à Dresde, le 25 avril. FABRIZIO BENSCH/REUTERS
dat en jeu, Mme Merkel envoie un
message destiné à son opinion
publique. L’Allemagne ne veut pas
sembler encourager les velléités de
relance budgétaire et monétaire
qui se font jour en Europe.
Sa déclaration intervient trois
jours après une passe d’armes
entre Berlin et le président de la
Commission européenne. Pour
avoir déclaré que la politique de
rigueur en zone euro avait
« atteint ses limites », José Manuel
Barroso s’est fait tancer par plusieurs membres du gouvernement, dont Guido Westerwelle,
ministre des affaires étrangères.
Face à une situation européenne de plus en plus inextricable,
Berlin doit jouer sur deux
tableaux. Dans les faits, Mme Mer-
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kel et son entourage insistent
moins sur le strict respect des critères de Maastricht que sur la
nécessité d’entreprendre des
réformes structurelles.
Jeudi, le ministre des finances
Wolfgang Schäuble a paru donner
son blanc-seing à la France : celleci, a-t-il affirmé à la radio allemande Deutschlandfunk, devrait
bénéficier d’une certaine flexibilité budgétaire si elle poursuit ses
réformes.
Mais, alors qu’un parti antieuro vient de voir le jour en Allemagne, « Angela Merkel voit bien
qu’il y a de plus en plus de lassitude
et d’inquiétude au sein de la population», décrit Gilles Moëc, économiste à la Deutsche Bank. La politique monétaire très généreuse de
la BCE n’est pas pour rien dans le
malaise qui agite les Allemands.
Les épargnants s’agacent des
effets néfastes de taux très bas sur
leurs économies. Et certains
experts commencent à pointer le
risque d’une bulle immobilière
avec des prix qui augmentent à
toute vitesse dans les plus grandes
villes allemandes.
Asymétrie entre Nord et Sud
Jörg Asmussen, membre allemand du directoire de la BCE, a
semblé accréditer ces craintes. Il a
reconnu, jeudi dans un discours
prononcé à Londres et diffusé par
la BCE, que « des baisses de taux
assoupliraient encore plus des
conditions de financement déjà
extrêmement lâches dans les éco-
nomies du cœur de la zone euro »,
donc essentiellement en Allemagne. Au risque de conduire à terme
à des « déséquilibres ». Tandis que
les répercussions d’un tel geste sur
les pays fragiles du sud de l’Europe
seraient « limitées», a-t-il estimé.
Les marchés anticipent que le
principal taux directeur de la BCE,
aujourd’huifixé à 0,75%,soit diminué d’un quart de point, à 0,50 %.
Un plus bas historique. Mais tous
les analystes le savent et le soulignent: une baisse du loyer de l’argent ne permettra pas de faire
repartir le crédit aux PME dans les
économies dites périphériques.
Outreledébatquioccupelesdirigeantseuropéenssurle bondosage
entre austérité et relance, Mme Merkel et M. Asmussenmettent ainsi le
SOURCE : EUROSTAT
doigt sur une interrogation cruciale : comment concevoir le pilotage
économique d’une zone euro de
plus en plus asymétrique, entre un
Nord plutôt en forme et un Sud qui
s’enfonce dans la crise ?
Les statistiques du chômage
ont révélé, jeudi, que 27,2 % de la
population active en Espagne est
sans emploi.La Francea aussi enregistré un pic historique, avec
3,2millions de chômeurs en mars.
L’Allemagne, de son côté, prévoit une nouvelle embellie de son
marché du travail: selon les prévisions de Berlin, le taux de chômage devrait tomber en 2014 à 6,6 %
de la population active. p
Frédéric Lemaître
(Berlin, correspondant)
et Marie de Vergès
La politiqued’austéritéde M.Cameronsuscitede fortes
critiques,alorsquel’économiebritanniquestagne
Le Royaume-Uni échappe à la récession, mais, sur dix-huit mois, la croissance du pays est nulle
Londres
Correspondance
L
e gouvernementbritannique
peut pousser un soupir de
soulagement.Le produitintérieur brut (PIB) du Royaume-Uni
aaugmentéde 0,3% au premiertrimestre, selon les statistiques
publiées jeudi 25 avril. C’est une
bonnesurprise. La plupart des économistes attendaient plutôt une
« progression» de 0,1 %.
Après un quatrième trimestre
2012 négatif, cela permet au pays
d’échapper à la récession, ce qui
l’aurait fait plonger dans un infamant triple dip – une troisième
période de recul de la croissance
depuis la crise financière de 2008.
George Osborne, le chancelier
de l’Echiquier, y voit « un signe
encourageant que l’économie est
en trainde cicatriser».Il évitepourtant tout triomphalisme. Car le
Royaume-Uni reste en proie à une
grave crise. Sur dix-huit mois, la
croissance est nulle. Et la richesse
nationale produite est 2,6 % plus
basse que son pic de début 2008.
Aucune des récessions précédentes, au XXe siècle, n’avait duré
aussi longtemps. Même pendant
la crise de 1929, l’économie britan-
nique avait retrouvé son niveau
initial après quatre ans. Et il n’y a
aucunsigne d’un prochaindécollage: la plupart des économistesprédisent une croissance inférieure
à 1 % pour 2013.
Si bien que les débats sont vifs
sur la stratégie du gouvernement:
la cure d’austérité lancée il y a
trois ans a-t-elle asphyxié l’économie ? Pour l’opposition, c’est une
évidence. « Nous n’aurons pas de
retour à la croissance tant que
M. Osborne ne sortira pas la tête du
sable, pour comprendre que son
plan ne marche pas », estime Ed
Balls, le chancelier de l’Echiquier
« fantôme» du Parti travailliste.
D’autre voix, moins prévisibles,
font entendre la même opinion :
sur une vingtaine d’économistes,
qui avaient signé, avant les élections de 2010, une lettre appelant
à l’austérité, une moitié a désormais publiquement changé d’avis.
Même le Fonds monétaire international fait savoir ses doutes. Sa
directrice, Christine Lagarde, a
récemment estimé qu’il faudrait
réduire l’austérité si la croissance
faiblissait trop.
Leurs arguments sont simples :
la croissance n’est pas au rendezvous et le déficit n’a guère reculé.
Il reste autour de 6 % du PIB, stable
d’une année sur l’autre. C’est plus
que celui de la Grèce ou du Portugal. Et la dette devrait dépasser
100% du PIB d’ici à deux ans.
Du coup, le triple A britannique
n’est plus qu’un souvenir. Moody’s a été la première agence à retirer cette note en février. Fitch a fait
de même le 19avril, ajoutant que le
déficit ne devrait pas passer sous
les 6 % jusqu’en 2015. C’est deux
fois plus que la limite maximale
imposée par l’Union européenne:
si cela n’a pas de conséquencepour
le pays, qui n’est pas dans la zone
euro, cela met en lumière l’ampleur du problème.
Un déficit public abyssal
Le débat est d’autant plus virulent que Londres n’a aucune pression internationale pour continuer sa politique. « Contrairement aux pays périphériques de la
zone euro, nous n’étions pas forcés
de faire cela. Le Royaume-Uni s’est
lancé (…) dans une expérience économique majeure, pour voir si une
politique antikeynésienne pouvait
restaurer la croissance », écrit sur
son blog John van Reenen, de la
London School of Economics.
Pour lui, trois ans après, il n’y a pas
de doute : « Cette grande expérience a échoué. »
Il s’inquiète en particulier de la
baisse du budget d’investissementdu gouvernement,qui a chuté de 40 %. « C’est précisément le
genre de dépenses qui ont un effet
multiplicateur important. » Il
appelle à un grand plan pour
construire« routes, logements,écoles, hôpitaux et autres projets de
transport et d’énergie».
Pourtant, même les opposants
de l’austérité reconnaissent que la
marge de manœuvre est faible,
tant le déficit est abyssal. Les travaillistes souhaitent une réduction des coupes budgétaires, pas
une hausse des dépenses. Et politiquement, les Britanniques continuent à leur faire moins confiance, sur l’économie, qu’aux conservateurs au pouvoir.
Il n’y a donc presque aucune
chance pour que Londres change
de stratégie. « Peut-être que l’histoire prouvera que M. Osborne avait
raison, écrit John van Reenen. (…)
Mais les dommages causés, avec
62millions de citoyens aux revenus
en baisse, 2,5 millions de chômeurs
et une jeune génération blessée
sont un prix énorme à payer.» p
Eric Albert
A PARTIR DU 29 AVRIL, UN NOUVEAU CAHIER
ÉCONOMIE&ENTREPRISE AVEC VOTRE QUOTIDIEN
LeMonde.fr/economie
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économie
Samedi 27 avril 2013
M.Hollande prêt à «lever tous les freins»
aux investissements chinois en France
En visite à Pékin, le chef de l’Etat a souhaité jeter les bases d’une coopération globale avec la Chine,
qui doit passer, aussi, par une plus grande ouverture du marché intérieur aux sociétés françaises
Pékin
Envoyés spéciaux
P
our ne pas décevoir, mieux
vaut ne pas mettre la barre
trop haut. Retenant les
leçons des quinquennats précédents, l’entourage du président de
la République, François Hollande,
s’était bien gardé d’entretenir de
trop fortes illusions sur les « gros
contrats » susceptibles d’être
signés à l’occasion de la visite du
chef de l’Etat en Chine, jeudi 25 et
vendredi 26 avril. De fait, la moissonauraétéplutôtmodeste,enparticulier pour les deux gros secteurs
quesontle nucléaireet l’aéronautique, sur lesquels les Chinois sont
d’âpres négociateurs.
La visite de M. Hollande a aussi
été l’occasion d’insister sur une
double volonté française: élargir le
champdelacoopérationenChineà
de nouveaux secteurs et accueillir
en France plus d’investissements
chinois créateurs d’emplois.
Dans le nucléaire, Areva a signé
aveclegroupeCNNCunelettred’intention pour doter la Chine d’une
usine de traitement et de recyclage
des déchets usés. « Ce n’est qu’une
étape, mais une étape importante », souligne toutefois un proche
du dossier. Quant à l’accord tripartite, passé par ailleurs entre Areva,
EDF et CGNPC, il ouvre la voie à des
« études communes en vue d’un
nouveau réacteur de troisième
génération [EPR] franco-chinois».
Mais, en dehors des deux réacteurs
EPRencoursdeconstructionàTaishan, Pékin n’a toujours pas commandé de nouvelles tranches.
M. Hollande s’est néanmoins
félicité d’avoir jeté les bases d’une
coopération globale, « de la mine
jusqu’à la sûreté en passant par les
réacteurs et le retraitement».
Concernantl’aéronautique,l’accord signé, jeudi, entre Airbus et
CASGCn’est toutefoisquela validation d’un programme d’achat de
quarante-deuxA320 et de dix-huit
A330, dont les contrats avaient
déjà été signés – et leur acquisition
gelée à la suite de l’imposition de
la taxe carbone par l’Europe. Certains s’attendaient à une bonne
surprise au sujet de l’A380. Ils ont
dû déchanter. Une partie des A320
doit être assemblée dans l’usine
chinoise de Tianjin.
«Nous devons faire en sorte qu’il
puisse y avoir un bon partage des
technologies et des conséquences
de ces contrats sur l’emploi en
Chineeten France», a dit M.Hollande, évoquant, de manière elliptique, le bras de fer avec les Chinois,
qui souhaitent attirer davantage
de ces technologies et assembler
plus d’Airbus sur leur territoire –
seul l’A320 l’est pour l’instant.
Soucieux de ne pas être jugé à la
seule aune de ces « gros contrats »,
à la signature desquels il a assisté
debout, au côté de son homologue
chinois, Xi Jinping, dans une salle
d’apparat du Palais du peuple de
Pékin, le président de la République a insisté sur la nécessité de
diversifier le partenariat commercial entre la France et la Chine.
Outre les « piliers de l’aéronautique et du nucléaire », M. Hollande
veut une « sortie par le haut », en
« augmentant le volume de nos
échanges et de nos investissements,
Les échanges avec
l’empire du Milieu
représentent 40%
du déficit
du commerce
extérieur français
et non pas en les réduisant, ce qui
serait la pire des attitudes ». Il s’agit
d’accroître les investissements
français en Chine en les élargissant
à de nouveaux secteurs et, inversement, d’accueillir davantage d’investissements chinois en France.
M. Hollande a promis à ses
hôtes, en échange de l’ouverture
du marché chinois, de lever « tous
les obstacles, tous les freins » aux
investissements chinois en France,
à la condition qu’ils «contribuent à
lacréationd’emploisetà l’activité».
Le chef de l’Etat avait tenu un
discours similaire sur les nouveaux champs de coopération lors
de sa visite en Inde, mi-février : il
avait mis en avant l’intérêt de la
France à davantage miser sur ses
entreprises de taille moyenne,
comme le fait l’Allemagne, en particulier dans les secteurs où ses
atouts rencontrent les besoins des
économies émergentes.
C’est le cas pour la Chine dans
l’agroalimentaire,la santé, le développement urbain et les énergies
nouvelles, autant de secteurs
ciblés lors du forum économique
qui a rassemblé responsablesfrançais et chinois jeudi après-midi au
Palais du peuple de Pékin.
La coopérative laitière française
Sodiaal par exemple va fournir, sur
dix ans, du lait entier à l’unité de
production créée en Bretagne par
le chinois Synutra. La réforme de la
santé publique engagée par Pékin
crée aussi des opportunités pour
un laboratoire comme bioMérieux
dans le domaine du diagnostic :
«Jamais je n’aurais pensé il y a cinq
ou six ans que la Chine générerait
un marché plus important que la
France. Or, d’ici à deux ans, elle sera,
après les Etats-Unis, le second marché de bioMérieux», indique Alain
Mérieux, le fondateur de la société.
Alors que M. Hollande a insisté
sur le désir français de résorber
son déficit commercial avec Pékin
François Hollande et Xi Jinping, le président de la République
populaire de Chine, jeudi 25 avril, à Pékin. MARK RALSTON/REUTERS
– il « n’est pas acceptable » que les
échanges avec la Chine accusent
chaque année « 26 milliards d’euros de déficit », soit 40 % du déficit
global du commerce extérieur
français, a-t-il dit –, les Chinois ont
réitéré leur position : « Lorsqu’on
est pieds et poings liés, on ne peut
pas marcher à grand pas », a déclaré Xi Jinping à la clôture du forum
économique, déplorant que
l’Union européenne impose des
restrictions à l’exportation de certaines hautes technologies à destination de la Chine. Avec Pékin, la
voie du donnant-donnant est
semée d’embûches. p
Brice Pedroletti
et Thomas Wieder
avec Harold Thibault
L’activitéde PPRdansle luxeaccuseun net coupde frein Lessyndicatsdu Printemps
Le pôle sport du groupe français affiche un recul des ventes. Sa filiale Puma est à la peine
vontsaisirla justice
surla cessiondu groupe
C
ela ressemble à une douche
froide: la croissance dans le
luxe commence à ralentir
sérieusement et les performances
stratosphériques du secteur en
Chinese dégonflentcommeun ballon de baudruche.
Le groupe PPR, qui prendra le
nom de Kering en juin, ne fait pas
exception et a publié, jeudi
25 avril, un chiffre d’affaires pour
le premier trimestre en hausse de
1 %, à 2,36 milliards d’euros (+3,1 %
à périmètreet taux dechangecomparable), alors que les analystes de
Dow Jones Newswire tablaient sur
une augmentation de 5,1 %.
La principale locomotive du
groupe, le luxe (Gucci, Bottega
Veneta, Yves Saint Laurent) n’aug-
CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX
Que recouvre la notion d’âme selon les différences croyances
religieuses et les philosophies ? L’âme peut-elle être séparée
du corps et lui survivre ? Que nous dit la science contemporaine de la conscience humaine ?
Un dossier de 30 pages pour explorer la question mystérieuse
de l’esprit humain.
Réorganisation du Saint-Siège, dialogue interreligieux et
évangélisation dans le monde : enquête sur les grands défis
du pape François.
mente « que » de 4,5 %, à 1,52 milliard d’euros, tandis que le pôle
sport et mode de vie (Puma, Volcom) recule de 4,9 %, à 842 millions. Le directeur financier, JeanMarc Duplaix, a indiqué qu’il ne
s’attendait pas à un rebond de la
consommation en Chine, où la
croissance du pôle luxe ne devrait
pas excéder 10 %.
PourGucci,l’attraitpourles produits de maroquinerie, notamment les sacs à mains, qui ne sont
pas siglés par un logo, s’accélère
dansce pays.Signeque lesconsommateurs veulent des produits plus
sophistiqués, plus exclusifs – plus
chers aussi – qu’ils ne retrouveront pas portés par des millions de
personnes.
Dans le monde entier, la croissance de la marque phare du groupe PPR, Gucci, a été divisée par
trois par rapport au premier trimestre de 2012, à + 4 % (à périmètre et taux de change comparables). Les analystes attendaient
+ 6%, après 8,2 % au quatrième trimestre 2012.
Le coup de frein est aussi marqué chez Bottega Veneta, où la
croissance des ventes a été rabotée
à 8,8 %. Affectée par un ralentissement du tourisme japonais
à Hawaï, cette marque est bien la
seule, au sein de PPR, à conserver
une hausse de ses ventes de plus
de 20 % en Chine.
Au niveau mondial, Yves Saint
Laurent, relancé par le styliste
Hedi Slimane, affiche une hausse
de 18,7 % des ventes.
Pourseconsoler,François-Henri
Pinault, le PDG de PPR, peut se dire
que Gucci publie des résultats un
peu meilleurs que ceux de son
concurrent Louis Vuitton, dont la
croissance au premier trimestre
(+ 3 %) est tombée à son plus bas
niveau depuis trois ans. Mais Hermès, Richemont ou Burberry’s affichent toujours une très belle résilience à la moindre demande en
Chine et au ralentissement économique en Europe de l’Ouest.
L’autre pilier de PPR, l’activité
sports et mode de vie, n’est pas –
loin s’en faut – dans une forme
olympique. Affecté, selon PPR, par
« un contexte économique difficile
dans l’habillement et les articles de
sport en Europe de l’Ouest », Puma,
qui était censé, au moment où il
avait rejoint PPR, générer des flots
d’or et profiter de l’engouement
mondial pour les activités sportives, tarde à trouver sa voie.
Cette filiale affiche un recul de
ses ventes de 2,3 % à périmètre et
taux de change comparables. Son
nouveau directeur général, Björn
Gulden, qui a occupé pendant près
de vingt ans plusieurs postes de
direction au sein d’Adidas, chez
Helly Hansen et chez Deichma
(chaussures et articles de sport)
arrivera le 1er juillet. Selon JeanFrançois Palus, directeur général
délégué de PPR, les résultats d’un
récent audit de Puma devraient
l’aider dans ses choix.
Puma a poursuivi la mise en
œuvre de son plan de transforma-
La croissance de
la marque phare du
groupe, Gucci, a été
divisée par trois par
rapport au premier
trimestre 2012
tion, ce qui a mené à la fermeture
de 45 magasins non rentables,
essentiellement situés en Europe,
au cours du premier trimestre.
Depuis des mois, PPR se recentre sur les activités plus rentables
que la distribution. Le groupe
a cédé, au premier trimestre, Cyrillus, Vertbaudet et les activités de
Redcats aux Etats-Unis et dans les
pays nordiques. Il a aussi annoncé
la prochaine mise en Bourse de la
Fnac, approuvée par l’Autorité des
marchés financiers.
Mais, même s’il poursuit ses
emplettes dans le luxe, avec la griffe Christopher Kane et le joaillier
italien Pomeletto, le groupe présidé par François-Henri Pinault n’a
pas convaincu le marché boursier.
Le titre PPR a subi, vendredi 26avril
à la Bourse de Paris, la plus forte
baisse (– 5,9% à 167,95 euros). p
Nicole Vulser
Ils déplorent le manque d’informations
sur la vente du grand magasin à des qataris
L
es salariés du Printempss’apprêtentà saisir la justice. Réunis, jeudi 25 avril, pour un
comité central d’entreprise (CCE)
concernantla cession de leur groupe, ils ont estimé « ne pas être en
mesure de rendre un avis » sur cette opération, a déclaré au Monde,
Bernard Demarcq, secrétaire général de l’UGICT-CGT.
L’identité des investisseurs
qataris devant acheter les 70 % de
l’entreprise détenus par le fonds
Rreef (filiale immobilière de la
Deutsche Bank), ainsi que les 30 %
restants, propriété de Borletti
Group, n’a en effet pas été révélée
aux représentants syndicaux,
selon M.Demarcq.
Elle aurait cependant été communiquée aux experts conseils du
CCE. Mais ceux-ci auraient respecté la clause de confidentialité qui
les lie. Ce que dément Françoise
Laconi, déléguée CFE-CGC. « On
joue sur les mots. Le nom du repreneur nousa étécommuniquéoralement.»
Impact sur l’emploi
Selon Philippe Bellanger de la
CFDT, cité par l’AFP, il s’agirait de
l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifa Al-Thani, comme l’avait indiqué récemment le site Mediapart.
Officiellement, l’acquisitionserait
le fait d’une société luxembourgeoise Divine Investment SA
(Disa) regroupant des investisseurs qataris, avait également
révélé le site.
Plus grave pour les représentants des salariés – qui disent aussi
être indifférentsà l’originegéographique de leur repreneur – « les
montages financiers, l’impact de
l’endettement sur les frais financiers, l’impact sur l’emploi, et le
business plan » n’ont pas non plus
été transmis.
Ils estiment que le projet de
transformation du grand magasin
du boulevard Haussmann, révélé
par Mediapart, provoquerait la
suppression de 226 postes, sans
compter les emplois indirects. La
direction « ne confirme, ni n’infirme ce plan » a-t-il été déclaré lors
du CCE.
La promesse selon laquelle les
salariés obtiendraient une augmentation salariale de 2,7 %, plus
une augmentation de 0,3 % en
juillet, « si la cession de l’entreprise
se passait bien » ne les a pas fait fléchir.
Les syndicats ont refusé à l’unanimité de donner leur avis sur le
projet pour lequel ils étaient
consultés, estimant n’avoir pas
toutes les informations en main.
Ils souhaitent que l’accord de cession intègre des éléments concernant la gestion des seniors et
garantisse le maintien des
emplois salariés d’ici à 2020.
Les représentants du personnel
vont saisir la justice, et ont mandaté la secrétaire du CCE « pour les
représenter et obtenir la suspension et/ou l’annulation de la procédure de consultation sur les éventuelles conséquences pour la société du projet d’acquisition […] Ainsi
que [pour obtenir] la suspension
duprojet de cession devant le Tribunal de grande instance, afin, également, d’agir devant toutes les juridictions pénales pour tous délits
pouvantêtre préjudiciablesà l’intérêt collectif des salariés du Printemps». Cette décision a été votée
par 14 voix sur 16, les deux représentants de la CFE-CGC s’étant abstenus.
Le président du CCE, Sylvain
Morel, également directeur des
ressources humaines du Printemps, se serait engagé, selon les
syndicats, à ce qu’il n’y ait aucun
plan social collectif pendant un
an.Sollicitée par Le Monde, la direction n’a pas répondu. p
Annie Kahn
0123
Pertes & profits | chronique
Par Stéphane Lauer
Une autre galaxie
Samsung
M
ême en terme de marketing, l’élève s’est hissé à la
hauteur du maître. Vendredi 26avril, jour du lancement
de son nouveau smartphone
vedette, le Galaxy S4, le groupe
sud-coréen Samsung a annoncé le
plus gros bénéfice trimestriel de
son histoire. Apple n’a plus, à l’évidence, le monopole du buzz
savamment orchestré.
Samsung gagne actuellement,
en moyenne, 55 millions d’euros
par jour. Même si la société dégage encore une marge opérationnelle deux fois moins élevée que celle
d’Apple, on ne peut qu’être frappé
par le croisement des trajectoires
des deux géants. Le groupe américain fait l’objet de doutes grandissants sur sa capacité à poursuivre
sa croissance quand celle de Samsung semble inexorable.
Sur les trois premiers mois de
2013, le groupe sud-coréen a vendu deux fois plus de smartphones
qu’Apple. Et il croît neuf fois plus
vite que le groupe américain,
selon le cabinet d’études Strategy
Analytics. Désormais, en termes
de part de marché, les deux fabricants ne boxent plus dans la
même catégorie: celle de Samsung atteint presque le double de
celle d’Apple. Quand l’un gagne
plus de trois points de parts de
marché, l’autre en perd plus d’un.
Pas mal pour Samsung à la veille
d’un lancement majeur comme
celui du Galaxy S4.
Même si les ventes de l’iPhone
continuent à croître, l’écart
devrait se creuser avec le nouvel
appareil du sud-coréen. Au premier trimestre, Samsung a écoulé
70 millions de smartphones. Certains analystes jugent que la barre
des 80 millions pourrait être
dépassée au deuxième trimestre.
Au premier trimestre,
Samsung a vendu
deux fois plus de
smartphones qu’Apple
Côté profits, ils s’attendent aussi
à un nouveau record avec un bénéfice opérationnel supérieur à presque 7milliards d’euros. La concurrence doit se dire que, décidément,
Samsung vient d’une autre
Galaxie. Sa recette: une gamme
plus complète que celle d’Apple,
un positionnement prix inférieur
et une forte maîtrise de la chaîne
de production, des composants au
produit fini. Seul le logiciel,
Android de Google, lui échappe.
Mais il ne faudrait pas faire
avec Samsung la même erreur
que certains ont fait avec Apple:
les arbres ne montent pas au ciel.
Même si le Galaxy S4 s’apprête
à être le premier contributeur aux
résultats du conglomérat sudcoréen, l’histoire n’est toutefois
pas terminée. D’ici la fin de l’année, les concurrents de Samsung
vont lancer une avalanche de
Smartphones bas de gamme et
moyenne gamme. Très vite, les
marges du géant sud-coréen pourraient se retrouver sous pression.
Apple n’a pas non plus le monopole du statut de star déchue. p
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lauer.blog.lemonde.fr
L’affaire d’espionnage des salariés
et des clients d’Ikea rebondit à Avignon
Deux cadres du magasin de Vedène (Vaucluse) devaient être présentés au juge d’instruction
U
ne nouvelle étape vient
d’être franchie dans l’enquête sur l’espionnage de
salariés et de clients d’Ikea France.
Deux hommes devaient être
conduits, vendredi 26 avril, au tribunal de grande instance de Versailles, devant Alain Gallaire, le
juged’instructionchargéde ce dossier. Il s’agit de l’ancien directeur
du magasin Ikea de Vedène (Vaucluse), près d’Avignon, et du responsable de la sécurité de l’établissement.
Tous deux avaient été placés en
garde à vue, mardi, puis incarcérés
à la maison d’arrêt du Pontet, dans
la banlieue d’Avignon, en attendant d’être transférés. Un mandat
d’amener avait été délivré à leur
encontre. Ils pourraient être mis
en examen par le magistrat instructeur.
Mardi, plusieurs policiers du
SRPJ de Versailles s’étaient rendus
dans le Vaucluse pour perquisitionner le magasin de Vedène et
auditionner six personnes. Outre
les deux hommes déjà évoqués,
uncommandantde police, responsable du service départemental de
l’information générale (ex-Renseignements généraux), et son
ex-secrétaire ont été entendus par
les enquêteurs, selon le quotidien
régional La Provence. Sollicités par
Le Monde, le parquet de Versailles,
le SRPJ et le ministère de l’intérieur
n’ont fait aucun commentaire sur
cette information.
Le commandant de police et
son ancienne collaboratrice ont
recouvré leur liberté sans que l’on
sache si des charges ont été retenues à leur encontre. Le directeur
Fin de l’alliancestratégiqueentre
Danoneet le japonaisYakult
Danone et le japonais Yakult ont annoncé, vendredi 26 avril, la fin de
leur alliance stratégique nouée en 2004. Celle-ci prévoyait que Danone,
déjà premier actionnaire avec 20% du capital de Yakult, puisse monter
jusqu’à 35 %. Or, le groupe français souhaiterait bien se renforcer dans
le japonais. Il est vrai que l’entreprise nippone est un spécialiste mondial des probiotiques, ces ferments actifs pour la santé que l’on retrouve dans Actimel, et des boissons à base de lait fermenté. Mais le japonais a, pour l’heure, défendu son indépendance. Les négociations sur
l’augmentation de la participation de Danone au capital de Yakult ont
échoué. Danone a précisé qu’un accord de coopération s’est substitué à
l’alliance stratégique. « Cet accord ne prévoit pas d’engagement ou de
limitation de participation actionnariale pour Danone», a précisé le
groupe français dans un communiqué. p Laurence Girard
+ 14 %
Finance
C’est la hausse des bonus des traders octroyés par BNP Paribas en 2012
par rapport à l’année précédente, selon Le Figaro du vendredi 26 avril.
La banque a versé au total 559 millions d’euros à 3 252 opérateurs
(171894 euros en moyenne par individu).
Aéronautique L’Etat vend 2,1 % du capital d’EADS
L’Etat a mis en Bourse, vendredi 26 avril, 2,1 % du groupe d’aéronautique
et de défense EADS, dont il détient 15 % du capital. Une cession évaluée à
près de 710 millions d’euros. Selon la nouvelle gouvernance du groupe,
la France et l’Allemagne ne devront plus détenir respectivement que
12% du capital d’EADS. – (Reuters.)
High-tech Laurent Solly à la tête de Facebook France
Le groupe Facebook a annoncé, jeudi 25 avril, la nomination à la tête de
Facebook France de Laurent Solly, qui occupait jusqu’à présent le poste
de directeur général de la régie publicitaire de TF1. Il avait été, en 2007,
le directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
L’équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent a annoncé, vendredi 26 avril, une perte nette de 353 millions d’euros au premier trimestre, incluant 122 millions de charges de restructuration, contre un bénéfice de 398 millions un an plus tôt. Le chiffre d’affaires s’élève à 3,23 milliards d’euros, en hausse de 0,6 %. – (AFP.)
Hôtellerie Accor : les salariés dénoncent un « coup d’Etat »
Des représentantes des salariés d’Accor ont dénoncé, jeudi 25 avril, un
« coup d’Etat » de deux actionnaires (les fonds Colony et Eurazeo) détenteur de 21,42 % du capital, à propos de l’éviction du PDG Denis Hennequin, lors de l’assemblée générale du groupe. Elles ont appelé « le gouvernement à prendre des participations dans le capital d’Accor ».
Pétrole Fort recul du bénéfice de Total
au premier trimestre
Le groupe Total a annoncé, vendredi 26 avril, une chute de 58 % de son
résultat net (part du groupe) au premier trimestre, à 1,53 milliard d’euros, en raison d’une lourde charge annoncée fin mars liée à la cession
d’un projet dans les sables bitumineux canadiens. Le bénéfice net ajusté, indicateur le plus suivi dans le secteur, a reculé de 7 %, à 2,86 milliards d’euros. – (AFP.)
A Vedène, la direction est accusée d’avoir contrôlé les antécédants judiciaires des salariés. MAXPPP/LE DAUPHINÉ
du magasin de Vedène a aussi été
questionné par les enquêteurs,
tout comme le responsable du
département client et marketing,
Stéphane Cattier.
Informations « sensibles »
Délégué syndical central CFTC,
ce dernier indique avoir remis aux
policiers une clé USB qui recèle des
informations « sensibles » en rapport avec l’enquête. Elles lui
avaientétécommuniquées,dit-il,il
y a quelques années, par un salarié
d’Ikea qui travaillait dans le département sécurité au siège social de
l’enseigne, dans les Yvelines. Visé
par une procédure de licenciement, cet homme avait été accompagné par M. Cattier, notamment
lors d’entretiens avec la hiérarchie.
M. Cattier affirme que son syndicat, au niveau local, va se constituer partie civile dans le dossier.
Délégué syndical CFDT, Gilbert
Kimbembe déclare qu’une plainte
sera déposée par son organisation. M. Cattier est persuadé que
tout le personnel du magasin de
Vedène a été victime du système,
mis en place par la direction, qui
consistaità vérifier,en toute illégalité,les éventuelsantécédentsjudiciaires des personnes recrutées.
Ces pratiques, assure-t-il, prévalaient à l’époque où Ikea France
était dirigé par Jean-Louis Baillot
(1996-fin 2009). Et elles ont, selon
lui, été maintenues par la suite.
Des accusations similaires ont
déjà été lancées par Jean-François
Paris, l’ancien responsable du
département sécurité de l’enseigne, mis en examen dans cette
affaire, en janvier. M. Baillot les a
réfutées (Le Monde du 30 octobre
2012). La direction d’Ikea, elle, s’en
tient au même discours depuis le
début: pas de commentaire sur la
procédure pénale en cours. p
Ces offres seraient loin de se
valoir. Un exemple : alors que le
fonds d’investissement luxembourgeois Cube, actionnaire de la
Saur à hauteur de 12 %, s’engage à
injecter 250 millions d’euros de
nouveaux capitaux, dont 195 millions dès la signature d’un accord,
le groupe Séché Environnement,
qui détient 33 % du capital de l’entreprise, mobiliserait 115 à 140millions, dont 65 millions provenant
de la cession du pôle loisirs de la
Saur, peut-on lire dans un document interne.
L’offre du fonds Impala, géré
par l’homme d’affaires Jacques
Veyrat, évoque un apport de
200millions d’euros, mais dont la
moitié serait amenée sous forme
de prêts bancaires. Un comble
quand on sait que la Saur meurt
d’une dette trop élevée!
C’est d’ailleurs la raison pour
laquelle la dernière offre, présentée par le pool des banques créancières, emmené par BNP Paribas,
Royal Bank of Scotland et BPCE,
effraie une partie des salariés : les
200millions d’euros qu’il projette
d’injecter proviennent uniquement de « lignes de prêts ».
Guerre de lobbying
« Sur le papier, l’offre de Cube
est la mieux-disante, estime un
proche des négociations. Mais elle
est loin d’avoir gagné, car c’est celle qui demande le plus d’efforts
aux créanciers de la Saur. Or, rien
ne pourra se faire sans leur
accord. »
De fait, le projet soumis par
Cube évoque une dette ramenée à
807 millions d’euros. Ce qui impliquerait que les banques acceptent
Conjoncture Au Japon, la politique monétaire très
souple ne parvient pas encore à endiguer la déflation
Les prix à la consommation au Japon, hors produits périssables, ont
reculé de 0,5 % en mars sur un an a annoncé, vendredi 26 avril, le ministère des affaires intérieures. – (AFP.)
PARIS 15e
SINCE 1923
Bertrand Bissuel
Une mission de conciliation a jusqu’à fin juin pour restructurer la dette du distributeur d’eau
A
Agroalimentaire
Mauvais premier trimestre pour Alcatel
Lesquatreoffresde reprisede la Saur passéesaucrible
près des mois d’incertitude,
les négociations autour de
la reprise de la Saur sont
entrées dans leur dernière ligne
droite. Début avril, quatre « offres
fermes » ont été déposées auprès
de la mandataire Hélène Bourbouloux, qui a été chargéed’une conciliationeta jusqu’à finjuinpour restructurer les 2 milliards d’euros de
dette du numéro trois français de
la distribution d’eau, et lui trouver
de nouveaux actionnaires.
Mardi 23 et jeudi 25 avril, ces
offres ont été présentées aux syndicats de l’entreprise, qui se plaignaient d’être exclus des négociations. « Nous voulons une solution
industrielle de long terme et nous
ne laisseronspas la Saur être saucissonnée », assure Didier Deloffre,
délégué Force ouvrière (FO) au
comité central de l’entreprise.
15
économie
Samedi 27 avril 2013
de tirer un trait sur près de 1,2 milliard de créances ! Moins exigeant,
Séché envisagerait de reprendre la
Sauravecunedettede969 millions
d’euros et Impala de 982 millions.
De leur côté, les banques créancières seraient prêtes à convertir
350millions de cette dette en fonds
propres.
En attendant la préconisation
de Mme Bourbouloux, dans les prochaines semaines, les repreneurs
se livrent une intense guerre de
lobbying.Propriétairede 38 % de la
Saur, via le Fonds stratégique d’investissement (FSI), l’Etat serait très
courtisé.Le pool de banques créancières s’est offert les services de
Jean Peyrelevade, l’ex-patron du
Crédit lyonnais, pour plaider sa
cause. « Et il est très actif », assure
un familier de Bercy. p
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Samedi 27 avril 2013
La crise d’identité de l’OTAN
C
’est untroubleprofond,peut-êtrele prélude à une véritable crise existentielle. Il
résulted’une questionà laquellesontparfois confrontées les organisations : « Mais à
quoi servons-nous vraiment ? » Et cette question, on commence à se la poser au siège de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord
(OTAN), à Bruxelles.
De réunions ministérielles sans agenda en
sommets sans décision, l’organisation vivote,
secherche,tente de« redéfinir » ceciou derelancer cela. En réalité, la fin de sa mission afghane
en 2014 – avec, à la clé, les incertitudes sur la suite– conjuguéeàunecrise économiqueet budgétaire sans précédent, qui mine ses membres
européens, la plonge dans le désarroi. Et ce ne
sont pas les commentaires, feutrés ou explicites, des responsables américains sur ce que l’International Herald Tribune du 12 avril appelait
lerisquede«manquedepertinencemilitaire collective» des Européensqui va redonnerle moral
au secrétaire général Anders Fogh Rasmussen
et à ses adjoints… Signe supplémentaire des difficultésactuelles: unsommetdes chefsd’Etatet
degouvernementdel’Alliancea été annulé,fautede certitudesur la présencedeBarackObama.
Depuis 2010-2011, les Européens ont presque
tous raboté leurs budgets militaires, cibles évidemment assez faciles. Les opinions publiques
sont moins sensibles à ces mesures qu’à
d’autres, qui les touchent plus directement. Au
total, le continent consacre aujourd’hui 15 % de
moins qu’en 2001 à sa défense. Ni la France ni la
Grande-Bretagne n’atteignent plus la norme
OTAN de 2 % du produit intérieur brut consacré
au domaine militaire. L’effort français devrait
avoisiner 1 % en 2025. Et si l’Allemagne dispose
désormais, pour ce qui est de l’armement
conventionnel, d’un budget comparable à celui
dela France,elle hésitetoujoursà franchirle pas
qui l’amènerait à un autre statut que celui de
puissance économique.
A l’OTAN, les Européens n’assument plus
qu’un tiers, bientôt un quart, des dépenses,
alors qu’ils supportaient la moitié de celles-ci il
y a dix ans. Des nations, petites ou moyennes,
Analyse
Jean-Pierre Stroobants
Service International
sont tout simplementhors jeu, incapables d’apporter à l’organisation des moyens militaires
pertinents.
Difficile dès lors de continuer à fonctionner,
surle longterme,commeun ensembleprésumé
uni et consensuel. A fortiori si, comme lors de la
guerre en Libye, des divergences politiques se
fontjour:huitmembresont prispartàlaguerre,
mais l’Allemagne, la Pologne et la Turquie
étaient absentes. Et l’OTAN, attirée un peu
contre son gré dans l’aventure, ne s’est pas privée de mettre en évidence les lacunes et les
L’organisation vivote et se
cherche. La fin de sa mission
afghane en 2014, conjuguée
à une crise économique
sans précédent en Europe,
la plonge dans le désarroi
défaillancesde l’opération. Qui, c’est vrai, furent
nombreuses: ravitailleurs en vol, moyens pour
le renseignement ou techniques de suppression
des défenses antiaériennes ennemies furent
insuffisants. Les soldats danois ont manqué de
munitions; l’abstention de Berlin a, un temps,
paralysé la flotte des avions de surveillance
Awacs gérée par la Bundeswehr…
Absente au Mali, où on ne lui a d’ailleurs rien
demandé même si elle se targue d’être aussi une
forceantiterroriste; assez heureuse que son rôle
dansleconflitsyrienselimiteàdéployerdesmissiles en Turquie et à faire de la planification « au
cas où » ; disposant depuis 2002 d’une Force de
réaction rapide qui n’a jamais été déployée,
l’OTAN se cherchait une raison d’être. Et un
moyen de calmer ses tensions internes. Elle
Politique | chronique
par Françoise Fressoz
croyait l’avoir trouvé avec la smart defence. Une
« défense intelligente» à base de mutualisation
et de partage des dépenses, avec une meilleure
coordination des investissements et l’espoir
d’économies d’échelle bénéfiques à l’ensemble.
Les contributeurs importants de l’Alliance,
aujourd’hui contraints financièrement, pourraient ainsi accepter de continuer à payer pour
ceux qui bénéficient des moyens communs
tout en contribuant très peu. Et Washington, en
proie au doute sur la volonté réelle des Européens de s’assumer davantage, mais aussi sur
leur utilité véritable dans la solution de conflits
au Moyen-Orient ou en Asie à l’avenir, verrait
peut-être d’un bon œil l’aspect économique du
projet: développer les coopérations et les financements communs pourrait signifier vendre
davantage de matériel américain et imposer à
tous la norme « made in USA».
Aujourd’hui, des projets concrets de coopération sont lancés. Combien aboutiront? Difficile
àdire,comptetenudeleur ampleur,des difficultés financières durables des Européens et du
peu d’entrain de certains d’entre eux. Sans évoquer la concurrenceavec les initiativesde la toujours chimérique « Europe de la défense». Cette
dernière a lancé des projets de pooling and sharing,ettantlaFrancequel’Allemagne– cettedernière avec davantage d’ambiguïté – se demandent si, plutôt que d’envisager un nouveau partagedes rôlesau seind’une OTAN vieillissante,il
ne vaudrait pas mieux développer la puissance
capacitaire de l’Union.
Un beau sujet de réflexion pour le successeur
de Catherine Ashton, cette haute représentante
de la diplomatie européenne chargée, en théorie, des questions de sécurité. Et pour celui d’Anders Fogh Rasmussen, qui quittera également
son poste en 2014. A moins que, d’ici là, le
Congrès des Etats-Unis ne mette tout le monde
d’accord en réorientant une fois pour toutes la
participationaméricaineà une Alliancesouvent
jugée, à Washington, comme définitivement
sur le déclin. p
[email protected]
Avec Dossiers&Documents
devenez incollable sur l’actualité
et faites la différence aux examens !
Les vieux démons
E
n plaidant, comme il vient de
le faire dans Le Monde, pour
une « confrontation» avec
l’Allemagne, là où François Hollande préfère parler de «tension amicale», Claude Bartolone remet en
scène de façon spectaculaire la tentation de «l’autre politique» récurrente depuis 1983. Il reproduit ce
que Laurent Fabius avait fait à sa
manière en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel
européen.
Il ose dire «non», dans l’espoir
de pouvoir écrire autre chose: une
autre histoire européenne et surtout une autre politique économique, moins contraignante, plus
redistributive. Ce n’est pas une surprise. M.Bartolone était à l’époque
le bras droit de M.Fabius, dont il
dirigeait la campagne. Mais,
depuis, son ancien mentor est devenu ministre des affaires étrangères
de François Hollande, alors que lui,
le lieutenant, poursuit son émancipation, et de façon d’autant plus
spectaculaire qu’il est devenu président de l’Assemblée nationale.
Depuis dix mois, de son perchoir, Claude Bartolone contemple
quasi quotidiennement les tressaillements d’une gauche parlementaire qui tire à hue et à dia :
«montebourgienne» un jour,
sociale-démocrate le lendemain,
sans doctrine pour l’unir ni résultats pour la tenir. Il sent monter les
tensions, voit le moment où tout
va exploser et, prévoyant, propose
une recomposition à la mode Bartolone: un « pacte rouge, vert,
rose» dont le ressort serait la
Chaque mois 3 dossiers réalisés à partir des meilleurs articles
du Monde de 1944 à aujourd’hui.
www.lemonde.fr/dosdoc
Au train de
déliquescence où vont
les choses, la seule
arme d’Hollande reste
l’ambiguïté
(jusqu’à risquer l’isolement?)
serait-elle dispensée des efforts de
désendettement? Ne s’exposeraitelle pas à la double peine en voulant trop s’éloigner du bouclier allemand? Un tel débat mérite d’être
posé. Assumer la confrontation
aurait l’avantage pour M.Hollande
de clarifier sa ligne et de jouer l’air
du redressement plus vigoureusement qu’aujourd’hui. Mais, au
train de déliquescence où vont les
choses, il n’est pas sûr de pouvoir
trouver une majorité capable d’assumer un tel discours. L’ambiguïté
reste sa seule arme. La gauche n’en
a pas fini avec ses vieux démons. p
[email protected]
Livredu jour
Le «tsar rouge» sur les planches
L
e 5 mars 1953 moururent deux des plus
grandscitoyens soviétiques: Serge Prokofiev et Joseph Staline. Inutile de préciser
que la disparition du second occulta celle du
premier.Par l’ampleurdesconséquencesattendues de l’ère post-stalinienne, à peine ouverte,
mais aussi par choix médiatique, la mort du
musicien n’étant rendue publique qu’après les
obsèques du « camarade-maréchal», afin de ne
pas mettre en compétition les deux deuils.
La rocambolesque mort du dictateur rouge
– découvert inanimé, Staline est laissé sans
soins par peur que le médecin, s’il ne peut le
sauver, compromette celui qui l’aurait appelé
au chevet de l’illustre patient – a fait l’objet
d’une évocation en bandes dessinées, dont le
second volet a été primé au Rendez-vous de
l’Histoire à Blois en 2012.
La Mort de Staline
Une histoire vraie… soviétique
de Fabien Nury (scénario)
et Thierry Robin (dessins)
Dargaud. Deux volumes,
60 p. et 64 p., sous coffret, 32 ¤.
Mai 2013
2,95 €
contestation de la rigueur et l’arme le bras de fer avec l’Allemagne.
Politiquement, c’est habile. Cela
permet de ressouder autour de la
hantise d’un « 21avril européen»
le PCF, les Verts et une partie grandissante de socialistes qui ne
savent plus comment vendre à
leurs électeurs la quasi-récession
dans laquelle est plongé le pays.
Economiquement, les arguments restent aussi faibles qu’en
1983: en quoi une France qui oserait le bras de fer avec l’Allemagne
Repris en coffret à l’occasion du 60e anniversaire de l’événement, et accompagné d’un facsimilé de la « une » de la Pravda qui annonce le
décès du maître du Kremlin, ce diptyque
– « Agonie » et « Funérailles » – est bien plus
qu’une évocation scrupuleuse des derniers
moments de Staline et de la guerre de succession qui oppose dans un combat sans merci les
membres du Politburo jusqu’à l’élimination
de Beria, en juin 1953. Ephémère nouvel homme fort de l’URSS – c’est lui qui prononce sur la
place Rouge l’éloge funèbre du « tsar rouge ».
Lavrenti Pavlovitch Beria (1899-1953) est le
maître de la police politique (NKVD) depuis les
grandes purges de 1936-1938, orchestrées par
son maître Iéjov (1895-1940). C’est lui qui est le
véritable « héros » de l’évocation de Nury et
Robin. Parce qu’il est impliqué dans la mort de
Staline. En sursis, il est promis à une purge que
la disparition du tyran ajourne. Plus intelligent
et entreprenant que ses pairs du Politburo, il
multiplie les initiatives et prend l’ascendant
sur ses collègues jusqu’à ce que Khrouchtchev
lance une contre-attaque à la faveur de la crise
de Berlin-Est, où Beria fait donner les chars
contre l’insurrection populaire. L’épisode est à
peine évoqué dans la BD.
Disque fétiche
C’est que l’enjeu narratif obéit à une stricte
dramaturgie. Simplification et resserrement
ne nuisentcependantpas à l’intelligencedecette méditation sur le pouvoir, sa construction,
ses déviances et sa transmission. Ainsi l’épisode inaugural – le concert radiodiffusé du
23e concerto pour piano, de Mozart, interprété
par Maria Yudina – est authentique mais
remonte à 1943. La terreur des acteurs qui, par
peur d’éventuelles représailles d’un maître
courroucé, font revenir la soliste, rejouer le
concert,redémarrerdenuitune usinepourgraver l’enregistrement afin que Staline ait, à son
réveil, le 78-tours qu’il croyait déjà disponible
estsuffisammentsymptomatiquede l’absurdité du régime pour donner à ce thriller politique
du printemps 1953 la tonalité d’une comédie
noire. Et de fait, des témoins attestent que c’est
ce disque fétiche que Staline avait placé sur le
pick-up de la pièce où l’on trouve le matin du
1er mars 1953 le dictateur inconscient.
La documentation, impeccable, donne à cette évocation historique une dimension éthique.Leçonsurlafoliedu pouvoiroùl’intelligencetactique,à forced’absurdité,conduit àl’aveuglement, la fable composée par Fabien Nury est
idéalement servie par le trait et la palette de
Thierry Robin, dont la noirceur mesurée, les
cadrages, le travail subtil sur les espaces contribuent à faire de ce double album une référence
pour les amateurs de BD comme pour ceux que
la notion de « vérité » à la soviétique fascine. p
Philippe-Jean Catinchi
CorrespondanceUne lettre de Philippe Peninque
A la suite de l’article intitulé « Les
parts d’ombre de Jérôme Cahuzac » (Le Monde du 18 avril), Philippe Peninque nous a adressé le cour-
rier suivant : « Il est écrit dans cet
article que j’ai été le client de la clinique de Jérôme Cahuzac, spécialisée en implants capillaires. Cette
information est tout à fait inexacte : je n’ai jamais eu besoin d’implants capillaires et je n’en ai toujours pas besoin. »
0123
décryptages DÉBATS
Samedi 27 avril 2013
17
Nécessaire féminisme radical en pays arabes Hichem, «minot» assassiné
La fin de la dictature n’a pas libéré les femmes que je n’ai pas oublié
Dans les cités de Marseille,
on vit aussi dans la légalité
Smaïn Laacher
Sociologue. Centre d’étude des mouvements
sociaux (EHESS-CNRS)
R
enverser une dictature, ce n’est pas modifier substantiellement les fondements de
l’ordre social et des structures mentales.
Les soulèvements qui ont eu lieu dans les
sociétés arabes se sont arrêtés à mi-chemin, dans la mesure où la remise en question radicale des régimes politiques ne s’est nullement
accompagnée d’une remise en question radicale des
systèmes qui sont au principe de la domination des
hommes sur les femmes. Vouloir abattre la tyrannie et
juger par ailleurs comme accessoire la lutte contre les
tyranniesqui,au quotidien(du travailà la rue jusqu’àla
chambre à coucher), font de la vie des femmes, dans
leur grande majorité, un enfer sur terre, c’est reconnaître que la pensée a failli.
Ce point de vue est partagé par des femmes arabes
ayant activement pris part aux soulèvements populaires dans leur pays. Voilà ce que disait, lors d’un entretien réalisé le 10 mars 2011 par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), une militante des droits de l’homme à Manama (Bahreïn) qui
fut très active lors des protestations contre le régime :
« Les revendications politiques et sociales des manifestants n’incluent pas les droits des femmes. La question
desfemmesesttotalementabsente.Personnenerevendique l’égalité ou les droits civiques pour les femmes, pas
même les femmes.»
Sans aucun doute est-ce la fin d’un certain monde
pour ceux qui ont cru que gouverner, c’était habiter le
pouvoiren famille pourl’éternité.Au Maroc,en Egypte,
en Tunisie, en Libye, en Algérie (à Alger, le pouvoir n’est
pasà l’Assembléenationale,aussi le nombreimportant
de femmes députées ne change-t-il rien à l’affaire) ou
au Yémen, les Parlements nationaux actuels, océans de
misogynie,ne laissentaucun espoiraux femmes quant
à l’amélioration de leur sort et de leurs droits.
Il n’y a nulle raison d’attendre une quelconque aide
de l’extérieur. Les « mouvements progressistes » en
Occident regardent, avec un mélange de désarroi et
d’optimisme béat, les mouvements contre-révolutionnaires agir, d’abord, pour mettre au pas les femmes qui
ont osé transgresser les normes religieuses et culturelles en pays musulmans.
Pourtant, si les femmes ont été physiquement écartées des derniers soulèvements populaires, l’Etat et ses
diverses polices ont, quant à eux, parfaitement perçu la
menacepolitiqueque représentaientdes corpsen liberté dans l’espace public, en particulier lorsqu’il s’agit de
celui des femmes. Les exemples sont nombreux. Entre
autres, celui de la jeune Egyptienne Aliaa Magda Elmahdy, qui a publié l’image de son corps nu sur son blog,
ou celui de cette jeune Tunisienne qui a rejoint le mouvement des Femen, et qui a adopté, en Tunisie même,
leur mode d’interpellation publique contre l’oppression des femmes.Le propos n’estpas ici de savoir si elles
ont tort ou raison. Il s’agit avanttout de comprendre ces
gestes inouïs.
A ma connaissance, c’est bien la première fois que
des jeunes femmes arabes montrent publiquement,
totalement ou en partie, leur corps nu, événement
majeur puisque c’est un corps de femme nu qui échappe à l’enfermement domestique et aux injonctions
d’hommes et de femmes soucieux de la légalité traditionnelle et du respect de la norme religieuse. Ce corps
nu, quelle que soit sa nationalité, n’est pas n’importe
quel corps, il n’est pas un corps parmi des millions
d’autres corps, il n’est pas innommable, abstrait, il n’incarne pas tous les corps – une Islandaise n’est pas une
Egyptienne – et n’est donc pas sans origine, sans histoire, sans culture, sans désir. Ces corps ont une identité
carilssont identifiables:AliaaMagdaElmahdya20ans,
elle est née en Egypte ; Amina a 19 ans, elle est née en
Tunisie.
Ainsi, ce n’est pas seulement une dimension inconnuedessociétésarabesquis’exposeaumonde,etenpremier lieu aux regards de tous les Arabes. Ces corps sont
des corps qui refusent de se soumettre et par lesquels
advient aussi le politique; c’est un corps qui agit contre
laviolencedeshommesetdetouteslesinstitutionsgouvernées par des hommes, armés ou non.
Marion Millo
Professeur de français, aujourd’hui
enseignante dans les Côtes-d’Armor
C’est bien la première fois que des jeunes
femmes arabes montrent publiquement,
totalement ou en partie, leur corps nu
C’est un corps qui fait de la résistance, autrement dit
qui fait de la politique contre le « souverain» (terrestre
etdivin),maisaussicontretouslespetitstyransordinaires et les millions d’autoentrepreneurs en morale religieuse. Elles signent, contre leur volonté ou non, par cet
acte inouï, une déclaration qui est une exigence politique et morale: la femme et, ou l’homme ont le droit à
leur liberté, une liberté non soumise aux impératifs de
la communauté politico-religieuse.
Cette liberté signifie cet impératif majeur, nullementpartagé:agirparsoi-mêmesansêtresoumisàl’hégémonie du collectif et de ses lois et ne pas se laisser
dominer par une quelconque instance transcendante,
aussi divine soit-elle.
Au fond, peu importe que ce geste fût rare. Il a probablement choqué, même ceux et celles qui ne cessent de
s’autoproclamer « démocrates», « laïques », « progressistes», etc. Ce geste n’a pas voulu se décliner sous forme de slogans, encore moins était-il sous-tendu par
quelques propositions programmatiques. Cette radicalité, dans son expression protestataire, s’adresse au
sens, aux émotions et à l’intelligence.
Ces expériences sont à chaque fois un événement
qui n’est pas seulement un fait, mais plus profondémentune rupture.C’estde l’inédit qui engageune autre
histoire sociale des femmes dont toute la difficulté va
être d’en élucider la signification. Les corps nus ou en
partie dévêtus d’Aliaa Magda Elmahdy et d’Amina ont
cette faculté inattendue de penser ensemble des registres qui ont toujours été tenus séparés dans cette société : la politique, la religion, la liberté, l’art, la pluralité
humaine, l’action en commun, etc.
« Etre libre et agir ne font qu’un », disait HannahArendt. L’action humaine est capable de miracle,
mais seulement par la liberté qui est cette capacité à faire advenir l’imprévisible. Il s’agit maintenant de penser
cet événement, car c’est par cette activité, pour paraphraser une nouvelle fois Hannah Arendt, que les normes, les règles rigides et les croyances générales (religieuses, politiques, etc.) peuvent être « sapées». p
Le modèle allemand par Selçuk
Dernier
ouvrage paru:
« Insurrections
arabes.
Utopie
révolutionnaire
et impensé
démocratique»,
Buchet-Chastel,
324 p., 21 ¤
P
rofesseur dans un collège du
13e arrondissement de Marseille pendant neuf ans, j’ai
croisé le chemin de centaines
de « minots » des quartiers
Nord. Deux d’entre eux viennentde tomber sous les balles de ces règlements de comptes qui font la « une » des
journaux, entre deux résultats sportifs et
la dernière « petite phrase » du microcosme politique.
L’un s’appelait Hichem Agaba, il est
mort dans une fusillade le 13 mars au beau
milieu de la matinée. Il a été mon élève
trois années durant. J’ai connu ses attentes, ses rires, ses colères, ses difficultés et
ses espoirs. Un enfant comme les autres
après tout, ou presque. A ceci près que son
horizon était bouché par les barres de
béton géantes qui repoussaient le ciel un
peu trop haut, un peu trop loin.
A ceci près que, pour lui comme pour
tous les enfants de ces quartiers de relégation, l’enfance est loin d’être toujours un
jeu, entre le retrait progressif des services
publics, le grignotage des solidarités par
la montée du chômage et de l’insécurité
sociale.
Derrière ces phrases toutes faites, des
réalités toutes pleines: 60 % d’enfants qui
ont au moinsun parentau chômage, celuici touchant dans certains quartiers 70 %
des moins de 25 ans ; l’ascenseur d’un
immeuble de 17 étages qui reste dix ans en
panne : pensez aux courses qu’il faut
remonter, le petit dernier dans les bras, et
le souffle vous manque.
Pensez encore à ces ordures qu’on préfère jeter par la fenêtre et qu’aucun service municipal ne vient enlever, et le souffle
vous manque encore. Les habitants qui se
battent contre les rats dans leur appartement attendent avec anxiété leur facture
d’électricité démesurée puisqu’on a fait le
choix du tout-électrique quand les prix
ne cessaient de flamber.
L’entrée des élèves d’un collège dans le
virage d’une rue très passante reste sans
signalisation ni sécurisation particulière
malgré les demandes répétées pour la
mise en place d’un ralentisseur. Je pense à
toi, Aïda, morte à 13 ans de ne pas aller à
l’école dans un quartier où la police municipale fait traverser les enfants.
A quoi s’ajoute la chasse aux pauvres
menée au centre-ville sous couvert de
plans de rénovation qui fait des quartiers
Nord le réceptacle de toutes les misères et
de tous les exils. Mais aussi un lieu savamment isolé du reste de la cité à la nuit tombée, puisque les transports urbains y cessent de circuler dès 21 heures.
Devant ce tableau loin d’être exhaustif,
devant les CV retournés, les demandes de
stage refusées, les années de collège ratées
qui mènent parfois à la déscolarisation,
comment s’étonner des séductions de
l’économie parallèle ? Et voilà des enfants,
dès la sixième, capables de mettre un peu
de beurre dans les épinards familiaux en
endossant le rôle de « guetteur ». Quelle
honte ! Quel scandale : ils n’ont pas de
morale ces gens-là !
Depuis les années 1980, on vit dans une
société qui matraque à l’envi qu’il n’y a
que l’argent et la réussite individuelle qui
font la valeur d’un homme. Même les programmes de divertissement télévisés ne
sont que des variations sur le thème de
l’élimination de l’autre, du triomphe personnel. Seulement là où les duretés des
conditions de vie font prendre un tour
radical à cette vision partagée par tous, il y
aurait horreur, manquement à la dignité
humaine.
Face à la destruction des espoirs collectifs, des solidarités populaires et ouvrières, les héros ne peuvent plus promettre
des lendemains qui chantent pour tous.
Seulement un « ici, tout de suite » puisqu’en fin de compte, devant, derrière, où
que je regarde, il n’y a plus que moi. Alors
plutôt Tony Montana, le héros de Scarface, que Che Guevara, quoi d’étonnant à
cela ? Ici comme ailleurs, le petit atome
libéral tente de frayer sa propre voie, mais
là, le problème est qu’on ne voit que ça.
Dire que la misère engendre la violence
serait faire fi de tous ces êtres qui y vivent
dans le silence et le respect des règles communes. C’est en tout cas ce que l’on parvient à distinguer du discours tenu par les
habitantsdesdites banlieuesdans le vacarme des spécialistes de tout acabit, et
autres experts, notamment de la sécurité,
devenusnos nouveauxsociologues. Comme si la seule parole audible ne pouvait
être que défensive, tentative désespérée
de répondreau stigmate. L’injustice sociale qui y règneen maître est-elle plus tolérable quand elle est subie dans le silence des
questions qu’on ne pose pas que quand
elle accouche d’émeutes ou d’apprentis
grands bandits?
Quandl’explosion de colèreest collective, radicale, peut-être désordonnée mais
qu’elle demandedes comptes comme lors
de l’embrasement de 2005, on lui dénie
toute pensée, toute portée politique. On la
réduit à un phénomène violent qui essentialise ses acteurs en délinquants et les prive de toute parole.
Quand il n’y a plus forcément colère
mais recherche effrénée de réussite, fûtelle illégale, c’est toujours la même figure
du délinquant qui est convoquée : un
délinquant par nature. Représentation
néocolonialiste de l’autre, celui qui ne sait
pas s’intégrer.
Ennemi par essence, délinquant ou terroriste potentiel, dépossédé de toute image valorisante ou de modèle édifiant, il
peut parfois devenir légitime qu’un
«jeune» chercheà arracher un peu depouvoir par la foi radicalisée en une religion
Devant les CV retournés,
les demandes de stage
refusées, les années
de collège ratées
qui mènent parfois
à la déscolarisation,
comment s’étonner
des séductions de
l’économie parallèle?
condamnée d’avance, diabolisée dans la
théorie du « choc des civilisations». Puisqu’elle fait peur en soi, autant en faire une
arme pour soi.
Les trafiquants au petit pied ont bien
intégré, eux aussi, la loi du marché et la
rudesse de sa concurrence, mais eux se
trouvent du côté où c’est illégal, et donc
illégitime. Les conséquences de leur course au profit peuvent leur être directement
imputées, ils sont visibles et repérables
par ceux dont ils perturbent l’existence et
avec qui ils partagentpourtant le plus souvent un quotidien de galère. Quand un
grand groupe qui fait des bénéfices licencie et brise des vies, c’est sans bruit et on
ne sait même plus contre qui tourner sa
colère.
Ces territoires retranchés de l’espace
commun, ces lieux mis au ban (banlieues)
ne sont-ils pas aujourd’hui principalement envisagés sous l’angle de l’origine,
étrangère,de ceux qui les habitent majoritairement? Comment ne pas éprouver un
malaise devant la dernière opération en
date du gouvernement qui vise à remettre de l’ordre dans les cités de Marseille et
qui prend pour nom « plan de reconquête
des banlieues » ? Encore une preuve que le
conflit est appréhendé à travers le point
de vue territorial, et non social.
A partir de toutes ces limitations de
perspective, de tous ces prismes déformants, comment dire la complexitéd’une
vie qui s’achève un jour de mars sur l’asphalte ?
Tes talents, Hichem, ton intelligence, ta
vivacité, ton esprit de repartie et ton
humour, j’ai eu la chance de les entendre
et ils emplissent d’un bruit assourdissant
le silence qui est fait sur ce qu’a été ta réalité, et que j’ignore en grande partie. Ce
bruit assourdissant est celui de l’exigence, non pas de la « reconquête », mais du
combat pour plus de justice.
Pour tous. p
18
0123
décryptages DIALOGUES
Posture, imposture…
Médiateur
Pascal Galinier
P
osture ou imposture? Telle
est la question cette semaine,
après la parution de l’article
d’Yves-Michel Riols évoquant
la « posture gaullienne de Viktor Orban» dans le supplément « Géo &politique» (LeMonde daté
14-15 avril). Une vraie-fausse analyse faite
à l’occasion des trois ans du retour au pouvoir, le 25 avril 2010, du Hongrois et de son
parti de droite, le Fidesz.
Notre journaliste campe d’emblée la
Hongrie en « laboratoire des bouleversements du continent européen». Il parle de
«posture gaullienne» pour décrire « la
volonté d’en découdre, une fois pour toutes, avec l’héritage communiste, un scepticisme prononcé envers une forme de capitalisme mondialisé et un farouche attachement à l’indépendance nationale» du
ministre-président de Hongrie. Et pousse
le bouchon jusqu’au bout en soulignant
«la similitude du parcours des deux hommes; de la Résistance à l’occupant, en passant par une traversée du désert et un
retour triomphal au pouvoir, porté par un
sursaut national et l’ambition de rompre
avec un ordre ancien discrédité».
«On dirait que LeMonde a ouvert ses
colonnes à un laudateur de Ceaucescu, attaque Janos Borovi (Paris). Riols a découvert
un nouveau “Danube de la pensée”… La
Hongrie, laboratoire d’un nouveau modèle? Non merci! » «Un petit mot sur les
Roms? Sur la limitation de la liberté d’information? Sur le soutien à l’extrême droite?
Sur les discours xénophobes? Sur la chape
de plomb qui est tombée sur le pays ? Non,
pardon, nous lisons Valeurs actuelles, pas
Le Monde… », raille « Montaigne» (Web).
Non, non, cher anonyme, vous lisez
bien LeMonde… Et c’est là ce qui pose problème à ceux qui ont pris la plume pour
nous écrire sur le sujet. «Je vous demande
Samedi 27 avril 2013
de nous éclairer. Soit notre cher journal “de
référence” nous ment depuis des années,
soit cette “opinion” mérite un complément, estime Patrice Chevy (Garches, Yvelines). Le sujet n’est pas mineur au moment
où tant de voix s’élèvent pour dire que cette
Hongrie qui bafoue les principes mêmes de
l’Europe n’y a plus sa place.»
«Devoir de réponse», titrait naguère le
médiateur dans une de ses chroniques
(LeMonde daté 18-19 septembre 2011). YvesMichel Riols s’y est plié sans hésiter. Directement, sur le blog «Le Monde des lecteurs», où ses lecteurs pourront constater
que leur journal a publié leurs lettres, comme la plupart le souhaitaient. Indirectement, dans cette page Dialogues. « Personnage volontairement clivant, Viktor Orban
suscite des adhésions et des rejets très tranchés, admet celui qui fut correspondant du
Monde à Budapest. Cet article visait uniquement à apporter un éclairage sur sa logique
et sa méthode, pour tenter de décrypter le
sens de la politique qu’il mène, trois ans
après son retour au pouvoir. Libre, ensuite,
à chacun d’en penser ce qu’il veut. Il me semble légitime que notre journal soit aussi le
reflet de la diversité des opinions qui s’expriment au sujet d’un dirigeant d’un pays
européen, démocratiquement élu.»
La diversité des opinions de nos lecteurs est, elle, toute relative… En tout et
pour tout, le médiateur a relevé deux commentaires plutôt favorables après la publication de cet article. Dont un anonyme, en
ligne, du (ou de la?) dénommé(e) « Misa» :
«Merci à M.Riols pour cette présentation
balancée de la situation hongroise. Cela
change agréablement des volées d’anathèmes lancées début 2012 sur le même
Orban. Plutôt que de nous poser en donneurs de leçons, nous gagnerions à entendre ce que demandent et nous disent les
peuples d’Europe de l’Est, et singulièrement le peuple hongrois.»
Peter Techet (Munich) trouve, lui,
«provoquant[e] et intellectuellement très
intéressant[e] » la recherche d’éventuelles
«valeurs communes entre l’“orbanisme” et
le gaullisme». Certes, dit-il, «les deux politiciens ont des caractères plutôt différents»,
mais une telle comparaison peut «contribuer à une meilleure compréhension du
phénomène Orban», estime ce journaliste
allemand, qui dit enquêter actuellement à
Budapest.
L
à est toute la question. C’est justement cette mise en abyme avec
de Gaulle qui choque. « Comparer un
nain et un géant! », s’insurge Pierre Waline (Budapest), un lecteur français « établi
depuis de nombreuses années en Hongrie,
et qui proteste ici à la demande de très
nombreux amis hongrois indignés ».
« L’amalgame avec cet Ubu roi hongrois
est un véritable scandale, éructe Laszlo
Nemety (Web). De Gaulle, le combattant
de Pétain, et le petit dictateur qui réhabilite Horthy, ce Pétain hongrois… C’est grave ! » « Je ne suis pas gaulliste, mais il y a
une marge entre la Ve République et le régime hongrois actuel », dit Philippe Vigneron (Bruxelles).
ENQUÊTE SUR UN PHÉNOMÈNE PLANÉTAIRE
0123
hors-série
décryptage
« mes feuilletons »
par martin winckler
enquête
les séries télé
racontent le monde
divertissements
affiches mystère,
top 20, quiz…
Comparaison n’est pas raison, mais
peut-être faut-il rappeler ce que l’on disait
du général de Gaulle après son retour au
pouvoir. Jusque dans ces colonnes. « Le
coup d’Etat permanent», résumait d’une
formule cinglante un certain François Mitterrand, dans un essai paru en 1964… Une
formule qui irait comme un gant au Viktor Orban de 2013. Des articles de notre
correspondante à Vienne, Joëlle Stolz –
saluée par plusieurs lecteurs–, à ce même
supplément « Géo & politique» qui, en
février2012, publia pas moins de trois
pages sur « l’homme qui fait peur à l’Europe », dont un entretien sans complaisance
de l’impétrant (Le Monde daté 5-6 février
2012), difficile de nous soupçonner d’ignorer « ce que Viktor Orban fait subir à la
Hongrie» (titre d’une tribune que nous
avons offerte, en janvier2012, à Zsofia
Mihancsik, rédactrice en chef du site d’information hongrois Galamus.hu).
N’est-ce pas justement parce qu’il est
controversé qu’un « animal politique»
comme Orban justifie qu’un journal « de
référence» comme Le Monde s’intéresse à
toutes ses facettes ? Par-delà le bien et le
mal, dirait Michel Onfray – autre sujet de
votre agacement cette semaine, après sa
tribune contre la guerre du Mali…
Soyez assurés, chers lecteurs, que, sous
votre œil vigilant, nous continuerons à
décoder les postures… et les impostures. p
[email protected]
Mediateur.blog.lemonde.fr
Courrier
Politique Tous les mêmes !
Désespérément optimiste, et quitte à passer pour naïf, je reste persuadé
– comme seulement (hélas!) 37 % des Français selon un récent sondage– que la majorité des élus locaux et nationaux sont honnêtes. Actuellement, la droite – dans sa logique, je dirais que c’est de bonne guerre –
exploite jusqu’à la nausée l’« affaire Cahuzac » pour discréditer la gauche au pouvoir en instruisant contre elle un procès en incompétence, à
laquelle vient s’ajouter une suspicion récurrente quant à sa légitimité à
gouverner le pays. Dans ce contexte, vis-à-vis des propositions avancées pour tenter de moraliser la vie publique, elle reste dans son habituelle posture d’hostilité à tout réel contrôle. Et, bien sûr, l’argument
majeur serait l’inefficacité des mesures envisagées, mesures qui existent pourtant dans la plupart des pays européens. Plus grave, aux voix
de l’opposition est venue se joindre – et cela me scandalise – celle de
Claude Bartolone, président socialiste de l’Assemblée nationale. Je
crains que, de la part du quatrième personnage de l’Etat, une attitude
aussi irresponsable n’apporte une justification aux inquiétants slogans
de « Tous les mêmes ! » proférés par les populistes.
Michel Bardet, Orléans
La surenchère
Depuis l’« affaire Cahuzac », le petit monde politique est en effervescence et nous sommes en train d’assister à une surenchère de démagogie.
L’empressement servile avec lequel certains publient ou annoncent la
publication prochaine de leur patrimoine me semble plus que malsain.
C’est à qui devra prouver à quel point il est modeste, humble, honnête
et transparent: « Regardez, je ne me suis pas enrichi! » Tout cela est grotesque! Un patrimoine modeste n’a jamais constitué une preuve d’honnêteté et être riche n’est en aucune manière la preuve, ni même l’indice,
d’une quelconque culpabilité. Ce qui m’intéresse, c’est son efficacité, sa
compétence, son honnêteté, son engagement. L’argent et la réussite économique sont devenus suspects, honteux. Tout se conjugue pour faire
de notre pays un pays de losers. Le seul choc dont nous avons tous
besoin est celui qui redonnera confiance aux travailleurs, aux entrepreneurs et aux créateurs. Celui qui encouragera, au lieu de les pénaliser, le
travail, la réussite, la prise de risque, la création. Celui qui nous tirera
vers le haut plutôt que vers le bas. Tout le contraire de ce qui se passe
depuis quelques mois et de ce qui est annoncé pour les mois à venir.
Lucien Rodier, Paris
International Une version plus conforme à la réalité
J’ai beaucoup apprécié la lucidité de la chronique « Printemps arabe :
tout ça pour ça ! » (Le Monde du 19 avril), qui tranche avec la position
angélique affichée par Le Monde depuis deux ans. Je n’évoquerai que le
cas de la Syrie, que je connais pour y avoir circulé du 20 au 28 mars 2011
lors des premiers événements de Deraa. Le Monde s’est contenté de ressasser l’antienne « Bachar Al-Assad est un tyran qui fait rien qu’à massacrer son peuple ». Je me félicite de cette évolution de la ligne éditoriale
qui tolère la publication de cette version plus conforme à la réalité géopolitique. J’espère que les lecteurs pourront enfin trouver dans leur
journal des arguments qui s’opposeront à la tentation de notre gouvernement d’armer la rébellion.
Alain Coulon, Paris
Economie La fin de Florange
Vous voulez comprendre le monde d’aujourd’hui ? Regardez les séries télé… conseille l’écrivain
Martin Winckler dans « La vie en séries ». Dans ce nouveau hors-série, Le Monde décrypte ce
phénomène qui, de New York à Séoul, d’Istanbul à Stockholm, de Rio à Tel-Aviv, captive les spectateurs
devant leur écran, qu’il s’agisse d’un téléviseur, d’un ordinateur ou d’un smartphone.
« Dr House », « Dexter » ou « Game of Thrones » sont les nouveaux avatars de la culture populaire,
mais surtout les témoins privilégiés de notre époque. Contrairement à la phrase rituelle de «X Files »,
la vérité n’est pas ailleurs, elle est là.
« LA VIE EN SÉRIES », un hors-série du Monde
100 pages - 7,50 € en vente chez votre marchand de journaux
A force de souffler le chaud et le froid, ArcelorMittal a finalement obtenu gain de cause, à savoir l’arrêt définitif des hauts-fourneaux de Florange. De plus, le projet européen Ulcos – processus sidérurgique à très basses émissions de CO2 – a été définitivement abandonné, transformant la
vallée de la Fensch en une sorte de « Vallée de la mort » bis. Touchée en
plein cœur, la Lorraine, au fil des ans, a perdu ce qui faisait sa fierté: le
charbon et l’acier. Déjà, par le passé, des hommes s’étaient âprement
battus pour défendre leurs droits et leurs emplois. Ceux de Florange
ont fait comme leurs aînés, avec le résultat que l’on sait. Mais ils auront
montré que le mot « solidarité » avait encore un sens et pouvait, dans
une certaine mesure, déplacer des montagnes. Pendant six ans, donc,
les deux hauts-fourneaux seront « mis sous cocon»… Rappelons que
Vulcain, le dieu romain du feu, de la forge et des métaux, a donné son
nom à un papillon « tout feu tout flamme », qui, comme on s’en doute,
fut chenille en amont… A son tour, le site florangeois connaîtra-t-il
pareille métamorphose, que cette citation de Violette Lebon, écrivaine
d’origine québécoise, pourrait illustrer à merveille : « Ce que la chenille
appelle la mort, le papillon l’appelle renaissance » ?
Claude Gisselbrecht, Augny (Moselle)
0123
décryptages
Samedi 27 avril 2013
19
On pensait le Cavaliere fini. Erreur. Il a suffi de la
réélection de Giorgio Napolitano
et la désignation d’Enrico Letta pour le voir renaître
Et, à la fin, c’est Berlusconi
qui gagne…
« L’Age, c’est moi ». Dessin
de Giannelli à propos des
87 ans du président réélu
Giorgio Napolitano
(publié à Milan dans
le « Corriere della Sera »)
Beppe Grillo et Silvio Berlusconi
vus par le dessinateur israélien
Michel Kichka (TV5 Monde)
Philippe Ridet
Rome
Correspondant
L
’attaquant anglais Gary Lineker, qui
ne connaissait sans doute rien à la
politique italienne, disait à propos
du football : « C’est un sport inventé par les
Anglais, qui se joue à 11 contre 11, mais à la
fin, ce sont les Allemands que gagnent. »
S’il en est d’accord, nous reprendrions
volontiers sa formule pour l’adapter. « La
politiqueitalienne est une mêlée apparemment furieuse entre la droite et la gauche,
et à la fin, c’est Berlusconi qui gagne…»
Les dernières élections générales des 24
et 25 février ont offert une nouvelle illustration de cette maxime. Sorti de la scène
politique en novembre 2011, passé aux
oubliettes par Mario Monti, cerné par les
juges dans trois procédures au tribunal de
Milan (fraude fiscale, prostitution de
mineure et abus de pouvoir), le Cavaliere
neremonterait jamaissur son cheval, pensait-on.Erreurfuneste. Il a suffi d’une campagne électorale pour qu’il démontre une
nouvelle fois sa capacité à cogner quand il
est dans les cordes et à parler à la pancia
(l’« estomac ») des Italiens.
Laréélection,le20avril,deGiorgioNapolitano, le très vieux (87ans) président de la
République,et la désignation, le 24 avril, du
jeune (46 ans) Enrico Letta à la présidence
du Conseil lui redonnent de l’air. Berlusconi a permis l’une et l’autre, et son parti, le
Peuple de la liberté, est désormais partie
prenante de la nouvelle majorité droitegauche-centre, dont il est devenu l’un des
actionnaires majoritaires. Qu’on s’avise de
lui chercher noise et il fera s’écrouler ce fragile assemblage.
Les termes du contrat qu’il s’apprête à
passer avec M. Letta sont simples et peuvent se résumer ainsi: « Je te soutiens mais
tu m’aides afin que je ne finisse pas en prison. Sinon… » Avec lui, c’est « pile je gagne,
face, tu perds ». S’il devait décider son parti
à retirer sa confiance au nouvel exécutif
qui s’apprête à naître après deux mois de
blocages politiques et provoquer de nouvellesélections,le Peupledela libertél’emporterait. C’est du moins ce que disent les
sondages.
Il y a vingt ans que l’Italie vit et souffre
de et par Berlusconi. Insubmersible, toujours jeune malgré ses 76 ans, soutenu
désormais dans sa vie privée par un tendron qui lui rend 50 ans (Francesca Pascale), le Caïman a déjà vu passer dans son
marigot le corps de son principal ennemi,
Pier Luigi Bersani, secrétaire général du
Parti démocrate, contraint à la démission
après son échec à composer un gouvernement. Ses électeurs, qui avaient été
séduitspar le Mouvement5 étoiles de Beppe Grillo, refluent à présent vers lui.
« Berlusconi ne réussit pas à cacher sa
joie », observe Stefano Folli, éditorialiste
du quotidien économique Il Sole 24 ore.
On le comprend… Il Giornale, le quotidien
dirigé par son frère Paolo, n’hésite pas à
affirmer que « Berlusconi prend le pays sur
ses épaules ». On peut aussi penser que ce
sont les Italiens qui portent ce fardeau… p
La comédie italienne
vue par le dessinateur
Mauro Biani
(publié dans « Il Manifesto »).
« Mais dans quel pays
vous vivez, vous,
les Italiens ?
– Fais pas chier ! ! »
Dessin d’Altan (publié
dans l’hebdomadaire
« L’Espresso »)
Beppe Grillo,
du Mouvement
5 étoiles,
fait griller une
brochette
d’hommes
politiques exclus
du Parlement
italien
(Francesco
Storace, Franco
Marini,
Gianfranco Fini
et Antonio
Di Pietro).
Après avoir
dessiné pour
« La Stampa » et
« La Repubblica »,
le caricaturiste
Giorgio Forattini
diffuse ses
« vignettes » sur
son site www.
forattini.it
culture & styles
20
0123
Samedi 27 avril 2013
Du cinéma et de l’utopie, selon Alexander Kluge
La Cinémathèque française rend hommage à l’intellectuel, grande figure du Nouveau cinéma allemand
Rencontre
T
andis que l’exposition « De
l’Allemagne», organisée par
le Musée du Louvre, rallume
une guerre qu’on croyait éteinte, il
se trouve qu’un grand artiste et
intellectuel allemand est aujourd’hui de passage à Paris, à l’invitation de la Cinémathèque française,qui lui rend hommage.Relativement méconnu en France, Alexander Kluge est une des principales
figures du Nouveau Cinéma allemand, ce mouvement né au début
des années 1960 qui a donné naissanceà des artistesaussi considérables que Rainer Werner Fassbinder, Peter Nestler, Werner Herzog
ou Hans-Jürgen Syberberg.
L’homme semble être fait dans
une étoffe qui n’existe plus guère.
Courtoisie chaleureuse, voix de
De l’esprit à revendre,
du savoir à ne plus
savoir avec qui
le partager,
pour autant pas un
gramme de suffisance
velours, présence magnétique,
allégresse musicale. Un goût de la
poésie planante s’immisce dans
une érudition encyclopédique. De
l’esprit à revendre, du savoir à ne
plus savoir avec qui le partager,
pourautant pasun grammede suffisance: la face de lumièrede la spiritualité allemande, si elle devait
exister. Paraissant, avec tout ça,
vingt ans de moins que ses quatrevingt-un printemps sonnés sabre
au clair.
De l’Allemagne,Kluge a naturellement son idée lui aussi. Il dit
qu’elle ressemble à Heinrich von
Kleist : « Son double visage, nationalisme barbare et aspiration aux
Lumières, est sa vérité. » Du point
devue de la lecturecritiquede l’histoire allemande, son œuvre, qui
peut se résumer à un demi-siècle
de défi opiniâtre à la norme, renvoie l’accrochage des conservateurs français à un acte de dévotion germanophilique.
Mais qui donc, au juste, est cet
homme ? Le parcours est d’une
confondanterichesse. Kluge est en
MANUEL BRAUN POUR « LE MONDE »
effet actif – au sens où il a associé
son nom de manière notoire et
durable à chacun de ses domaines,
dans des champs aussi divers que
le droit, la sociologie, l’histoire, le
cinéma, la littérature ou la télévision. Né à Halberstadt en 1932, il
obtient en 1956 son diplôme de
droit à l’université de Francfort.
Tout en commençant une œuvre
Benjamin Millepied au Châtelet
Winterbranch
Merce Cunningham
Moving Parts
Benjamin Millepied
Quintett
William Forsythe
Reflections
Création mondiale
Benjamin Millepied
01 40 28 28 40
chatelet-theatre.com
Avec le soutien de
23-25 mai 2013
L •A • DANCE P
R
O
J
E
C
T
littéraire, il devient le conseiller
juridique de Theodor Adorno et
Max Horkheimer à l’Institut de
recherche sociale, qui resteront
ses maîtres à penser. Pistonné par
Adorno – qui a le cinéma en horreur et le recommande pour l’en
dégoûter –, le jeune homme
curieuxde tout devientaussi assistant de Fritz Lang sur un de ses derniers films, Le Tombeau hindou
(1959). Cinéaste en herbe, il cosigne en 1962, avec une vingtaine de
jeunes réalisateurs, le célèbre
manifeste d’Oberhausen,acte officiel de la naissance du Nouveau
Cinéma allemand.
Cette révolte est au diapason
d’uneviolenterupturegénérationnelle. Elle emporte la vitupération
des pères nazis et de la société
bourgeoise, annonce l’embardée
sanglantede la Fractionarmée rouge. De par son âge, sa formation
intellectuelle, sa culture encyclopédique, son indéfectible allant,
Kluge occupe une position centrale pour organiser cette aspiration
au changement dans le domaine
du cinéma. Il signe par ailleurs
quelques-unes des œuvres sinon
les plus reconnues du moins les
plus remarquables de ce Nouveau
Cinéma.
Anita G. (1966) : un premier
long-métrage qui voit une jeune
femme juive d’Allemagne de l’Est
(lasœurde Kluge,de fauxairsd’Anna Karina) se réfugier en RFA pour
y être chassée comme un mauvais
fantôme.Les Artistessous leschapiteaux : perplexes (1968), Lion d’or à
la Mostra de Venise : l’histoire de
Leni Peikert, une jeune funambule
qui veut révolutionner son art sur
les ailes de la poésie et se heurte
aux tristes pesanteurs environnantes. Ferdinand le radical (1975):
unex-commissairede police,devenu responsable de la sécurité d’un
groupe industriel, commet des
attentatspour justifier son affabulation sécuritaire.
Voilà quelques titres qui témoignent d’un cinéma de la pensée,
du fragment, de l’association des
lointains. Des intrigues ténues, de
l’enquête sociale, du lyrisme, de la
fulgurance. Godard n’est pas loin,
et Kluge le revendique : « L’étincelle, pour nous, ç’a été la Nouvelle
Vague, la politique des auteurs,
l’image invisible qui naît entre
deux plans, l’idée que le cinéma
était cet art totalqui devenait l’opéra du XXe siècle et permettait de
comprendre l’Histoire. » Il est un
Des intrigues ténues,
de l’enquête sociale,
du lyrisme, de la
fulgurance: Godard
n’est pas loin et Kluge
le revendique
point sur lequel Alexander Kluge
va pourtant infléchir son credo : la
croyance en la toute-puissance de
l’auteur. Dans un monde remis au
pas au seuil des années 1980, il
organise, pour ainsi dire, sa propre
disparition comme auteur.
On le trouve d’abord à pied
d’œuvre sur plusieurs films collectifs ultrapolitiques, tels L’Allemagne en automne (1978), chant
du cygne de la Fraction armée
rouge en même temps que du
Nouveau Cinéma allemand, ou
Le Candidat (1980), portrait grotesque de Franz Josef Strauss, leader de la formation ultraconservatrice CSU (Union chrétiennesociale). Kluge passe ensuite avec
armes et bagages à la télévision,
où il se crée les moyens d’une
totale indépendance grâce à la
création de sa société DCTP (Development Company for Television
Programing).
Il y concocte depuis trente ans
des programmes culturels très originaux de trente minutes, destinés aux cases tardives des chaînes
privées RTL et SAT1. Par ailleurs, il
travaille à la réalisation de filmsessais qui sortent occasionnellement en salles puis vivent leur vie
en DVD. Nouvelles de l’antiquité
idéologique (2008) en est un bon
exemple, hommage de neuf heures rendu au projet avorté de
Sergueï Eisenstein de transposer
Le Capital, de Karl Marx, au cinéma. Il va sans dire que ce type de
film, où le mélange des genres et
des tons est absolument stupéfiant, exige une certaine ouverture
d’esprit de la part des spectateurs.
La perte d’aura qui résulte de
ces choix pour sa carrière est compensée par la liberté de création
Christoph Hochhäusler, une filiation revendiquée
Christoph Hochhäusler, 40 ans
et trois longs-métrages à son
actif (Le Bois lacté, L’Imposteur, Sous toi, la ville), est l’un
des plus brillants cinéastes de
la nouvelle génération allemande. Il évoque ainsi Kluge : « Pour
lui, le cinéma, c’est avant toute
chose un principe de curiosité,
une exploration du monde et
une pratique sociale. Ce n’est
plus un film montré dans une
salle ou produit par des professionnels de l’industrie du divertissement. C’est ce qu’il voulait
dire quand il a déclaré que le
cinéma avait en réalité dix mille
ans. Son idée du cinéma, décidément moderne, a des implications pratiques, politiques, philosophiques et esthétiques, et
son grand mérite est de s’y
confronter, souvent en même
temps. On peut voir dans son
œuvre la tentative de concilier
l’avant-garde de Weimar et Fritz
Lang, l’école de Francfort et les
contes des frères Grimm. Son
influence sur le cinéma allemand est à la fois marginale et
d’une importance capitale. Pour
moi, et pour nombre de mes
pairs, je crois, il est une source
constante d’inspiration. »
dont il jouit dans sa retraite volontaire, d’où sa curiosité universelle
se donne cours comme jamais, de
la musique de Wagner à l’intelligence artificielle, en passant par
les trente-six façons de donner un
baiser. Il ne fait guère de doute que
ce renoncement est pour lui une
reconquête: «J’ai fini par comprendre que l’auteur n’est pas aussi crucial qu’on le pense. J’ai rapetissé
mon ego, je suis devenu une taupe.
Je suis passé du cinéma des auteurs
à la télévision des auteurs. Rien à
voir avec la télévision telle qu’elle
existe, ou aussi peu que ce qu’y a
fait Rossellini à la fin de sa vie. Le
but du jeu est d’apporter, à doses
homéopathiques, et avec l’accord
du spectateur, sur une forte base
d’improbabilité, de l’anti-télévision à la télévision. »
Entre ses émissions et ses
essais, ses films-minute et ses
films-fleuves,laproductionde Kluge devient inquantifiable, sa présence impondérable. Entre deux
livres et deux films, il continue
d’être un spectateur. Encore précise-t-il : « Je ne suis pas un esthète.
Un rien me suffit. J’en suis resté au
plaisir de cette bande de 1902 qui
montre l’électrocution d’un éléphant. Je vais voir les Tarantino. »
Venu d’un siècle qui a réservé à sa
génération la pire barbarie et les
pires désillusions, Kluge a toujours de la colère, mais pas d’amertume.Tel unvieuxtalmudiste,rendu fou de joie par la conviction
qu’il lui reste beaucoup à apprendre, il pensefermementque« l’utopie s’améliore pendant que nous
l’attendons». p
Jacques Mandelbaum
Alexander Kluge, le radical.
Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, Paris 12e. Tél. : 01-71-19-33-33.
Jusqu’au 3 juin. Cinematheque.fr
Rencontres avec Alexander Kluge :
le vendredi 26 avril à 19 h 30 au Goethe
Institut, 17, avenue d’Iéna, Paris 16e.
Et le samedi 27 avril à 15 heures
à la Cinémathèque.
0123
culture & styles
Samedi 27 avril 2013
21
Mi-abeille, mi-fusée, Beyoncé
survole la foule de Bercy
Lors de son second concert parisien, devant un public aux anges,
la diva a offert un show à sa mesure: agile, altier et aérien
R’n’B
I
l fait beau et chaud, en ce riant
jeudi 25 avril. La foule qui
prend d’assaut le Palais omnisports de Paris-Bercy n’en est que
plus allègre. Beyoncé Knowles,
31 ans et 100 millions de disques
vendus, y donne le second de ses
deux concerts parisiens, après des
années d’absence dans la capitale.
Dans l’assistance, parade un mix
assez composite de jeunes filles en
fleurs, de trentenaires débonnaires,de lascarsà casquette et de people en goguette – le duo d’amuseurs Eric & Ramzy récolte ainsi de
copieux applaudissements, avant
le début des festivités.
Lors de la mise en vente des
billets, il y a quelques semaines,
les deux concerts à Bercy avaient
affiché complet au bout de quelques minutes. Nul doute qu’il faudra bien plus de temps aux détenteurs des précieux sésames pour
se remettre du show auquel ils ont
assisté. Car parler de simple
concert serait réducteur: c’est une
performance totale, débordant
vers le karaoké, la mode, la danse
ou la propagande, que Beyoncé
leur a offerte, deux heures durant.
Certains retiendront la facture
très « son et lumière » du spectacle, avec sono bruyante et pyrotechnie dernier cri, passant en
revue quelques-uns des tubes les
plus puissants des années 2000,
de Crazy in Love à Halo. D’autres
resteront bluffés par les chorégra-
phies millimétrées de la diva et de
ses acolytes, entre lap dance affriolant, pastiches pêchus de Broadwayet superproductionhollywoodienne, façon Busby Berkeley.
Les fashionistas se rappelleront
à jamais de l’affolant ballet de
jupes, robes,corsets, bustiers,froufrous, cuissardes et bodys exhibés
par Beyoncé et ses girls, telles de
mutantes créatures de podium.
Quant aux rares marxistes infiltrés dans le public, ils se souviendront de ce raffut comme d’une
Elle s’agrippe à une
corde et survole la
fosse, sous une pluie de
paillettes et de vivats
énième démonstration de force de
l’impérialisme américain, toujoursprompt à propager, souscouvert d’entertainment, les vertus du
libéralisme:souscet angle,ladiffusion avant le concert d’un spot
féministe, avec intervention
d’Hillary Clinton, alternant avec
celle de clips vantant les mérites
de sodas ou de parfums customisés,est éloquente.Etdissipe définitivement les soupçons de sympathies communistes de la chanteuse, après que ses récentes vacances
à Cuba ont été jugées, par certains
parlementaires américains, comme de nature à briser l’embargo de
l’île.
Mais, loin de ces pesantes consi-
dérations, ce que l’essentiel du
public gardera du show tient, au
contraire, à sa légèreté : spectacle
leste, agile, aérien que celui-là. Ce
n’est pas pour rien qu’on surnomme Beyoncé « Queen Bee »
(« l’abeille reine ») : la diva R’n’B
maîtrise les airs comme personne.
Elle a grandi à Houston, où la
NASA dispose d’un centre fameux
pour astronautes. Et elle chante,
par conséquent, plus souvent qu’à
l’occasion les joies de l’aérospatiale (Countdown, Lift Off).
De la ruche à la fusée, c’est sur
cette ligne ténue, d’ailleurs, que
progresse le concert tout entier.
Les imposants écrans télévisés,
déployés de part et d’autre de la
scène, ne diffusent que des scènes
d’élévation, ou presque : images
d’abeilles butinant joyeusement,
de monarque libertine en guêpière dorée, de compte à rebours
avant décollage vers le cosmos.
Il y aurait donc deux Beyoncé.
D’un côté, la reine des abeilles. Celle qui pollinise une féminité fière
et émancipée depuis le début des
années 2000, lorsqu’elle officiait
au sein du girl’s band Destiny’s
Child, dont elle repêche ici le tube
Survivor – coffre profond, léger
vibrato. Celle qui vocalise pour
l’investiture de Barack Obama,
guinche avec Michelle pour lutter
contre l’obésité, organise une collecte de vêtements pour Emmaüs
avant ses concerts parisiens. Celle
qui, casquette queer vissée à la
tête, se targue de ne compter, hor-
Les fashionistas se rappelleront des tenues exhibées par Beyoncé et ses girls. FRANK MICELOTTA/AP
mis une paire d’aimables acrobates français, que des femmes sur
scène à ses côtés : une dizaine de
musiciennes, une dizaine de danseuses.
Cela donne Girls (Run the World)
en ouverture altière de concert,
dans un essaim de robes rayées.
Cela donne encore Grown Woman,
entraînant titre inédit, tout en
zébrures afro, I Will Always Love
You, en hommage a capella à feu
Whitney Houston,ou l’hymne Single Ladies (Put a Ring on It), et ses
déhanchés frondeurs.
Derrière ces pas de danse se
tientl’autre Beyoncé.La fusée fuselée. Celle qui propulse, du haut de
A L’Auditoriumde Bourges,
un mêmeplateaupourtroisesthétiques
L
ou Rawls, crooner soul, Hugh
Masekela, trompettiste de
jazz, et le grand maître indien
du sitar Ravi Shankar au même
programme que Jimi Hendrix ou
la communauté psyché hippie
menée par Jefferson Airplane et le
Grateful Dead. Des réputations du
free-jazz comme Archie Shepp ou
Don Cherry, John Surman et Steve
Lacy passant avant ou après Pink
Floyd,Yes, les PrettyThingsou Captain Beefheart. A la fin des années
1960 et au début des années 1970,
les rares festivals organisés aux
Etats-Unis et en Europe pratiquaient aisément le grand écart
stylistique au cours d’une seule
journée de concerts.
Le festivalier était alors peutêtre plus enclin à sortir de ses habitudeset,de toute manière,les festivals, pas encore sous le label de
« musiques populaires», se comptant en quelques dizaines annuellement, on n’allait pas faire la fine
bouche. Multipliés depuis à l’envi
– cent par semaine au doigt
mouillé –, la plupart des festivals
ont depuis, pour ceux qui se veulent les plus variés dans leur programmation, mis les genres dans
des soirées thématiques en un
même endroit : soirée hard rock,
soirée Brésil, soirée chanson, soiréepianistede jazz,soirée filleboudeuse… Le Printemps de Bourges,
commed’autres, a beaucoup pratiqué l’exercice.
A quelques occasions, pourtant,
le millésime 2013 du festival de
musiques, organisé du 23 au
28 avril, a retrouvé cette envie de
contrastes stylistiques, de décloisonnement. A cet égard, le programme proposé, jeudi 25 avril, à
L’Auditorium, s’est révélé assez
Sophie Hunger,
née en 1983, a des
déclamations que l’on
a pu entendre chez
Patti Smith dans ses
créatives années 1970
rap. Sa voix, son débit coulant, ses
musiques croisent les tourneries
hypnotiques funk et soul de D’Angelo avec l’apport jazz et chanson
d’un des vocalistes les plus complets, Al Jarreau. Sophie Hunger,
née à Berne (Suisse) en 1983, donne
dans le rock, plus ou moins rageur,
avec un sens de l’orchestration
très affirmé. Elle a des déclamations que l’on a pu entendre chez
Patti Smith dans ses créatives
années 1970, autant que des
envies de surprises vocales, par la
projection, le souffle, le malaxage
des mots devenant sons.
Guillaume Perret est saxophoniste, originaire d’Annecy,32 ans, à
la tête d’Electric Epic, formation
instrumentale où l’improvisation
est une affaire de construction
rigoureuse, quartette expérimentateur dans son rapport au ryth-
T E R R E
U N
F I L M
D ’ E S P O I R
D E
S O N O
S I O N
Vivre après
la catastrophe
Sylvain Siclier
Printemps de Bourges, Avec Cody
Chesnutt, Alpha Blondy, Kenny Arkana,
Public Enemy, Lou Doillon, Woodkid,
Savages, Babx, Alex Beaupain, The Vaccines, Breakbot, Vitalic, Aufgang, Valerie
June, Marie-Pierre Arthur, Ez3kiel, Disiz,
Sexion d’Assaut… Jusqu’au 28 avril. Programme complet, horaires et tarifs sur
Printemps-bourges.com
Aureliano Tonet
OF HOPE
me, au son, dans lequel se retrouve
le lyrisme d’un certain rock progressif – King Crimson, Magma –,
une propulsion rock metal et des
mélodies d’Orient.
On sort de la soirée sans sentiment d’une juxtaposition d’esthétique. Chaque concert, en moyenne concentré en une cinquantaine
de minutes, a été un moment de
joie musicienne, d’affirmation
d’un propos par rapport à une
esthétique, à des filiations possibles. Avec, pour chacun, un haut
niveaud’intentionponctuéde passages intenses.
L’interprétation de rêve de
Trouble, par José James, tiré de son
récent album No Beginning No
End (Blue Note Records/EMI), suivie d’une version tout en spiritualité d’Ain’t No Sunshine, tube de
Bill Withers, en 1971. L’émotion
vocale que Sophie Hunger fait surgir de sa chanson Herarun, qui
figure sur The Danger of Light
(Two
Gentlemen/Universal
Music), là aussi disque récent.
Et en fin de son concert un
chant a cappella, qui file avec un
naturel éblouissant, avec le soutien d’harmonies vocales de ses
musiciens. La montée en puissance, implacable, du thème Kakoum,
composition de Guillaume Perret,
déjà prenante en ouverture de son
disque publié par Tzadik, la compagnie phonographiquede l’Américain John Zorn, mais que le
concert, ce concert, mène vers l’incandescence. p
Crédits non contractuels • Design : TROÏKA
Bourges
Envoyé spécial
exemplaire. José James, Sophie
Hungeret l’ElectricEpic de Guillaume Perret se sont ainsi succédé
dans la salle la plus respectueuse
et exacte en matière de sonorisation – le chapiteau du W et le 22
étant, eux, à l’opposé. Venus de
pays différents, leur propos musical a peu de points de convergence. Le public, même si certains
spectateurs étaient venus plus
pour l’un, l’une ou l’autre, a pris la
soirée dans sa globalité. Peu de
mouvements dans la salle, d’un
concert à l’autre.
José James, originaire de Minneapolis (Minnesota), 35 ans, relève de la soul, avec des éléments de
familial. Celle qui grimpe les tonalités, crescendo, sur Love on Top,
hitjacksonienen diabledeson quatrième et dernier album en date, 4
(2011).
D’aucunes pourraient ne pas se
relever de tels écartèlements, de
telles contradictions. Beyoncé les
surplombe, littéralement. Elle a
trop chaud ; les ventilateurs ne la
ventilent pas assez. Lasse d’en
réclamerdenouveaux,elle s’agrippe à une corde munie d’un harnais, et survole la fosse, sous une
pluie de paillettes et de vivats.
Abeille etfusée réunies,temps suspendu. p
THE LAND
Contrastes stylistiques lors de la troisième soirée du festival, où se sont
notamment produits José James, Sophie Hunger et Guillaume Perret
Musique
ses talons aiguilles, les archétypes
d’une certaine Amérique rutilante, gentiment croyante et phallocrate. Celle qui chanta, en 2009,
pour la famille Kadhafi, ou, en
février, à la mi-temps du Superbowl. Celle qui a baptisésa tournée
The Mrs. Carter Tour, du nom de
son époux, le rappeur Shawn Carter, alias Jay-Z. Celle qui simule en
combinaison dentelée, sur Naughty Girl, un peep show de pacotille,et fait rugir les lance-flammes
tous azimuts. Celle qui entrecoupe
sa prestation d’extraits du documentaire qu’elle a réalisé pour
HBO, Life is But a Dream, ode un
brin édifiante à l’épanouissement
ACTUELLEMENT
AU CINÉMA
METROPOLITAN
FILMEXPORT
© 2012 The Land of Hope Film Partners. Tous droits réservés.
22
0123
carnet
en vente
actuellement
K En kiosque
Samedi 27 avril 2013
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Francoise Duthu,
Noëlle et Christian Khodja,
Jean et Marie-Paule Duthu,
ses enfants,
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Inhumée au cimetière de Saint-Nicolas
de la Grave, elle a rejoint son époux,
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Michel DUTHU.
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ˆi a[ fY fi d^
« De grèves en révolutions
Je n´ai fait que penser aux autres. »
Jean Ferrat.
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6, square de Ponthieu,
78310 Maurepas.
AU CARNET DU «MONDE»
Naissance
La famille de
« Parfois le chemin est dur. »
Pierre Mortez.
Ces 3 kg de bébé se requinquent avant
de partir faire connaissance de
Noé,
leur frangin.
[email protected]
Hors-série
décédés en 1980 et 2010.
Cet avis tient lieu de faire-part.
de
Le président directeur général,
Le conseil d’administration,
La direction du réseau France Bleu,
Ses collègues de France Bleu
et de France Info
Tous les personnels
de Radio France
ont la très grande douleur de faire part
du décès de
Philippe CHAFFANJON,
directeur général adjoint
de Radio France,
en charge du réseau France Bleu,
survenu le 24 avril 2013,
à l’âge de cinquante-cinq ans.
Les obsèques auront lieu le samedi
27 avril, à 15 heures, en l’église
de Couthures-sur-Garonne.
Tous présentent à sa mère, à sa femme,
à ses enfants, sa famille et à ses proches,
leurs sincères condoléances.
Une messe sera célébrée ultérieurement
à Paris.
(Le Monde du 26 avril.)
Dès jeudi 25 avril,
En cette occasion, la direction et le
personnel de Maphar adressent leurs
sincères condoléances à son fils, Hugues,
à sa fille, Marine, à sa famille ainsi
qu’à l’ensemble de ses collaborateurs.
Françoise et Pierre Mardrus,
ses enfants,
ont la douleur de faire part du décès de
Mme Monique MARDRUS,
Laurand Kovacs-Gontal,
son époux,
François et Gisèle Kovacs
et leurs enfants,
son beau-frère et sa belle-sœur,
Lucienne Kovacs
et ses enfants,
sa belle-sœur,
Thérèse et Nathalie,
ont la douleur de faire part du décès de
Micheline KOVACS-GONTAL,
« Catherine «,
dans la Résisance,
enseignante à la retraite
de l’Institut catholique de Paris,
médaillée de la ville de Paris
pour l’ensemble de sa carrière,
chevalier
dans l’ordre des Palmes académiques,
survenu le 24 avril 2013, à son domicile,
dans sa quatre-vingt-dixième année.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le samedi 27 avril, à 9 h 30, en l’église
de Moutiers-en-Cinglais.
Nos remerciements émus vont
à l’ADMR de Thury-Harcourt et au SIAD
de Bourguébus, qui l’on accompagnée
avec affection tout au long de sa maladie.
Selon sa volonté, pas de fleurs ni de
plaques, vous pourrez déposer des dons
aux institutions charitables de votre choix.
Condoléances sur registre.
Cet avis tient lieu de faire-part
et de remerciements.
M. Laurand Kovacs-Gontal,
La Bagotière,
14220 Les Moutiers-en-Cinglais.
LA QUATRIÈME DIMENSION
NOTRE UNIVERS EST-IL L’OMBRE D’UN AUTRE ?
( 6 I 9 / ; D
---------------------------
Catherine et Michèle
ses filles,
Louis,
son petit-fils,
Thierry Lacamp et Gilles le Gouëllec,
ses gendres,
ont la tristesse de faire part du décès de
Alexandre Baptiste TEYSSIER,
ancien directeur général
de la Caisse primaire centrale
d’assurance maladie de Paris,
ont la profonde tristesse de faire part
du décès de
survenu le 12 avril 2013,
à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
Brigitte REGIS,
survenu le 22 avril 2013.
Il a rejoint son épouse,
Une cérémonie religieuse a été célébrée
le vendredi 26 avril, à 10 h 30,
en la chapelle du cimetière du PèreLachaise, à Paris 20e.
Une bénédiction sera donnée le lundi
29 avril, à 10 h 30, en l’église
Saint-Laurent d’Annecy-le-Vieux (HauteSavoie), suivie de la crémation
au crématorium municipal d’Annecy,
à 12 heures.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Joséphine,
née CASAS,
décédée le 12 septembre 2012.
L’inhumation a eu lieu le 16 avril
au cimetière de Montmartre, dans l’intimité
familiale.
Il était un homme généreux et brillant.
Merci à celles et ceux, anciens
collègues, qui ont une pensée pour lui.
Mme Irène Regis,
12, chemin de Beaulieu,
74940 Annecy-le-Vieux.
Famille Teyssier,
37/39, rue Saint-Sébastien,
75011 Paris.
Paola Saba et Valerio Vastola
survenu le 21 avril 2013,
dans sa quatre-vingt-douzième année.
La cérémonie religieuse a été célébrée
le jeudi 25 avril, à 14 h 30, en l’église
Saint-Jean-Baptiste, 158, avenue Charlesde-Gaulle, à Neuilly-sur-Seine, suivie
de l’inhumation au cimetière nouveau
de Neuilly, à Nanterre.
Jean MOUNICOT,
nous a quittés le 21 avril 2013.
Les obsèques religieuses auront lieu
le mardi 30 avril, à 14 heures, en la chapelle
de la Fondation Aulagnier, 30, rue Auguste
Bailly, à Asnières-sur-Seine (Hauts-deSeine).
L’inhumation aura lieu le vendredi
3 mai, à 14 heures, dans le caveau de
famille, au cimetière de Mazerolles
(Pyrénées-Atlantiques).
ont l’immense tristesse d’annoncer
le décès de leur père et beau-père
survenu à Rome le 25 mars 2013,
à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
Ancien professeur de langue et de
littérature françaises à l’Université de la
Sapienza de Rome, il fut professeur invité
à l’université d’Aix-en-Provence.
Il était un spécialiste éminent
de Théophile de Viau, poète baroque du
e
17 siècle, dont il a édité l’œuvre complète.
Grand ami de la France, il était chevalier
de la Légion d’honneur.
En mission pour le développement
en Haïti, fidèle à sa philosophie féministe
et humaniste,
Elisabeth Padet,
Nicole Padet,
Alain Padet,
ont la tristesse d’annoncer le décès de
Les Semblat.
Ni fleurs ni plaques, dons aux
associations du Sud,
(aster-international.org).
Jacques Tardi,
son fils,
et Dominique Grange-Tardi,
sa belle-fille,
Diego, Oscar, Rachel, Lisa
ses petits-enfants,
Les familles Archinard, Robichon, Bert,
Vingtain, Bontoux,
ont la tristesse de faire part du décès de
née COLLIN,
ont la douleur et la tristesse de faire part du
décès, dans sa quatre-vingt-onzième année,
de
M. Lucien MAZUEL.
Le corps repose au Funérarium
phocéen. 29, boulevard de l’Océan,
à Marseille 9e.
Les obsèques seront célébrées le samedi
27 avril 2013, à 15 heures, en l’église
de Céreste (Alpes-de-Haute-Provence).
Résidence Les Nymphéas,
23, avenue des Caillols,
13012 Marseille.
Remerciements
Simone Veil,
Ses fils
Et sa famille,
survenu le 23 avril 2013,
dans sa quatre-vingt-dix-huitième année.
Antoine VEIL
et dans l’incapacité d’y répondre,
Ils rappellent la mémoire de son époux,
vous prient de trouver, ici, leurs très
sincères remerciements.
René TARDI,
décédé le 26 octobre 1986.
Ses cendres ont rejoint la nature
qu’il aimait par dessus tout
La cérémonie aura lieu le jeudi 25 avril,
à 14 h 30, en l’église de Saint-Marcel-lèsValence, suivie de l’inhumation au
cimetière de Valence.
Le présent avis tient lieu de faire-part.
Cet avis tient lieu de faire-part
et de remerciements.
# 8 2 A ' I ) ; D
Charles et Benjamin Ward,
très touchés des nombreuses marques
de sympathies qui leur ont été témoignées
lors du décès de
Mme Henriette TARDI,
M. Jean Pierre PADET,
survenu le 21 avril 2013,
à l’âge de quatre-vingts ans.
Eric Haffner-Dupré,
Marko Kantar,
Saïd Lamrini,
Claude Roche,
Parents et amis,
De la part de
« Vivre comme si c’était le dernier jour,
ne pas s’agiter, ne pas sommeiller,
ne pas faire semblant. »
(Marc Aurèle).
Philippe Mazuel,
Sylvie et Cora Jacobsohn,
L’enterrement aura lieu le mardi
30 avril, à 10 heures, à Etreillers (Aisne).
Lyon.
Geneviève Mazuel-Roche
et ses enfants, Aurélie, Hélène
et Guillaume Roche,
Antoine et Françoise Adjuto
et leurs enfants,
Marie-Lise SEMBLAT,
présidente d’Aster-International,
docteur en géographie,
chevalier
dans l’ordre national du Mérite
ancienne chargée de mission
aux DDF,
présidente de l’AEIDL,
a trouvé la mort qui l’attendait au bord
de la route de Cayes (Haïti).
Marie-France Mounicot,
Ses filles,
Sa petite-fille
Basile Mounicot,
son frère.
Mme Liliane Mazuel, née Smee,
médaillée de la France libre,
Bernard et Béatrice Mazuel
et leurs enfants,
Diane Mazuel et Arnaud Tabet
et leur fils, Sacha,
Chloé et Margaux Mazuel,
M. Guido SABA,
Prières et pensées seulement.
$""!# (,3)-&.!'.
le volume no 5
Mme Irène Regis,
M. Jean Regis (†),
ses parents,
Fabienne Regis
et Laurent Jacquier-Laforge,
Isabelle Regis,
ses sœurs et son beau-frère,
Matthias Cure-Regis,
son neveu,
Le professeur Hervé Cure
Et toute sa famille,
née BRAMAUD du BOUCHERON,
Roland HUSSON,
Les-Moutiers-en-Cinglais (Calvados).
Cet avis tient lieu de faire-part.
Fondateur du laboratoire Maphar
en 1951, François Lefeuntun avait
contribué à son développement durant
de longues années.
Il avait maintenu sa collaboration
jusqu’à cette année au travers de son
activité professionnelle.
Les nombreux amis français et chiliens
Philippe CHAFFANJON,
Une messe sera célébrée ultérieurement
à Paris.
Collections
-------------------------------------------------------
La famille rappelle à votre souvenir
ses parents,
ont la très grande douleur de faire part
du décès de
Les obsèques auront lieu le samedi
27 avril, à 15 heures, en l’église
de Couthures-sur-Garonne.
Hors-série
La cérémonie aura lieu le samedi
27 avril, à 8 h 45, au crématorium
du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.
décédé le 23 avril 2013, à Cordoba
(Argentine), se souviennent avec une
immense reconnaissance de son action
de conseiller culturel et de coopération
scientifique et technique de l’ambassade
de France à Santiago en faveur
des opprimés et des persécutés de la
dictature du général Pinochet.
survenu le 24 avril 2013
à l’âge de cinquante-cinq ans.
Et aussi : Français - Géographie Philosophie - Sciences Éco. Sciences et vie de la Terre
a la grande tristesse de faire part
de son décès, survenu le 22 avril 2013.
Michel et Delhi,
Décès
Suzanne Chaffanjon,
sa mère,
Isabelle Chaffanjon,
sa femme,
Charlotte, Pierre, Camille, Matthieu,
ses enfants,
Laure et Camille,
ses sœurs,
Emmanuel et Nicolas,
ses beaux-frères,
Ses tantes et oncles,
Ses cousines et cousins,
Ses nièces et neveux,
Hors-série
Benoît GUILLAUMIN
La mise en bière a eu lieu ce vendredi
26 avril, à 14 h 45, en la salle mortuaire
de Cochin, Paris 6e.
ont débarqué bien en avance,
le 21 avril 2013 à Paris.
ancien directeur général
du laboratoire MAPHAR.
née VITALIS,
survenu le 18 avril 2013,
à l’âge de quatre-vingt-treize ans.
Martin et Louis
M. François LEFEUNTUN,
Lucienne DUTHU,
EÖ .ÖëE9 iÖ ÒCëEáCE9 5ÖÞäÖ0Ž hZ < b|
‰5éÖáÞ Azá9zÞ Géíçá9Þ†
Pressés de profiter du printemps,
ont le regret de faire part du décès de
ont la profonde tristesse d’annoncer
le décès de
c
Hors-série
Les Laboratoires MAPHAR
Anniversaire de décès
Pierre VERMERSCH,
27 avril 1986 - 30 avril 2005.
Familles Mouzaoui et Vermersch.
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Dès jeudi 25 avril,
le volume no 15 CLIMAT
la catastrophe annoncée
Préface de Stéphane Foucart
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0123
météo & jeux
Samedi 27 avril 2013
5 à 10°
10 à 15°
27.04.2013 12h TU
D
Lille
Reykjavik
4 11
40 km/h
5 10
A
3 10
4 9
PARIS
Metz
6 12
3 11
4 10
Rennes
2 12
Limoges
4
3 9
7
9 6
Lyon
9 3
D
Montpellier
Toulouse
A
13 16
12 14
Aujourd’hui
Des pluies souvent abondantes arroseront les
régions situées entre les Pyrénées et les
frontières de l'est. C'est d'ailleurs sur le tiers
est du pays qu'il pleuvra le plus. La chute des
températures occasionnera de la neige à très
basse altitude, voire presque en plaine vers le
Luxembourg le matin ! L'instabilité restera de
mise sur les autres régions avec des averses
parfois orageuses. L'extrême nord restera plus
au sec et sous quelques belles éclaircies.
Fraîcheur généralisée..
Jours suivants
Lundi
Nord-Ouest
Ile-de-France
Nord-Est
Sud-Ouest
Sud-Est
Mardi
14 18
Lever 23h21
Coucher 07h34
Lever 06h35
Coucher 21h00
Sainte Zita
Coeff. de marée 106/105
Ajaccio
40 km/h
Dimanche
4 12
3 11
5 13
3 13
5 11
3 13
4 15
3 13
3 13
13 17
4
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4
D
Rabat
Front froid
Occlusion
Thalweg
Jérusalem
Le Caire
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Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
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aversesmodérées
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assezensoleillé
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enpartieensoleillé
enpartieensoleillé
averseséparses
enpartieensoleillé
averseséparses
enpartieensoleillé
Dans le monde
Alger
assezensoleillé
Amman
beautemps
Bangkok
variable,orageux
Beyrouth
beautemps
Brasilia
enpartieensoleillé
Buenos Aires enpartieensoleillé
Dakar
beautemps
Djakarta
aversesmodérées
Dubai
averseséparses
Hongkong variable,orageux
Jérusalem beautemps
Kinshasa
variable,orageux
Le Caire
beautemps
Mexico
soleil,oragepossible
Montréal
enpartieensoleillé
Nairobi
variable,orageux
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
assezensoleillé
assezensoleillé
enpartieensoleillé
beautemps
enpartieensoleillé
enpartieensoleillé
enpartieensoleillé
variable,orageux
beautemps
assezensoleillé
assezensoleillé
assezensoleillé
enpartieensoleillé
assezensoleillé
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
aversesmodérées 25 30
assezensoleillé
27 28
faiblepluie
24 24
soleil,oragepossible 27 30
averseséparses 24 28
variable,orageux 23 26
Outremer
30 39
8 19
13 23
9 20
14 19
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Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
Un génie d’avance
124 PAGES - 7,90 € - EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX
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Sudoku n˚13-100
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Solution du n˚13-099
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III
IV
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V
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1
Solution du n° 13 - 099
I. Autocritique. II. Frimeuse. UDR.
III. Fatale. Laies. IV. Le. Ne. Pondre.
V. Ite. Brème. Za. VI. Gertrude.
Pou. VII. Guisarme. VIII. Abo.
Télé. Né. IX. Nattera. Itou.
X. Tressaillent.
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6
Très difficile
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
seule fois par ligne,
par colonne et par
carré de neuf cases.
20.50 Les Enfants de la télé.
Invités : Pierre Arditi, Julien Courbet...
23.15 Tout le monde aime la France.
Invités : Laurent Ournac, Malik Bentalha, Cécile
de Ménibus, Marie-Ange Nardi... (115 min).
FRANCE 2
20.45 Candice Renoir.
Série. Pourvu qu’on ait l’ivresse. A tout seigneur,
tout honneur (S1, 3 et 4/8, inédit, audiovision) U.
22.25 Ce soir (ou jamais !).
0.25 Mon Taratata à moi.
1.55 Journal, Météo (20 min).
FRANCE 3
20.45 Faut pas rêver.
Maroc, à l’ombre de l’Atlas. Magazine.
22.40 Météo, Soir 3.
23.10 Enquêtes de régions. Magazine.
0.10 Doc 24. Documentaire (60 min).
CANAL +
X
I. Passe beaucoup de temps dans
les arbres. II. Ira jusqu’au bout
sans rien lâcher. Bon ou mauvais,
il nous fait avancer. III. Evite de se
brûler à chaque tour de manivelle.
Paresseux. Brisé pour mieux
supporter. IV. Bout de bois. Vient
des Bouches-du-Rhône. V. Mis de
côté. Désagréable en bouche.
VI. Lunes des mers chaudes.
Norme de la téléphonie
aujourd’hui. VII. User par
frottement. Donne son accord.
VIII. Le titane au labo. Très mal
traité. IX. Relanceras les affaires.
X. Ebranle tous nos sens. A perdu
toute sa fraîcheur.
3
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Réalisé par Yan Georget
IX
Horizontalement
1
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VIII
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VI
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Vendredi 26 avril
TF 1
7
II
L
e déménagement exige un
minimum d’organisation.
Emballer, charger, transporter et déballer tout votre mobilier ne s’improvise pas», indique la
fiche « Déménagement» du site
Pap.fr. Cela vaut-il pour la chronique « C’est tout Net ! » ?
Installée dans le présent emplacement depuis septembre2011,
après une colocation en page 2,
elle a été conquise par cette vue
imprenable sur la météo et les
jeux. En novembre2012, de
2000 signes, elle a étendu sa
superficie à 2 800. Une extension
qu’elle doit au « Courrier des lecteurs» qui lui a concédé son lopin
de papier. Et puis, récemment, cette petite annonce: « A louer, charmant 2 500 signes, refait à neuf,
situé en rez-de-jardin de la dernière page quotidienne du cahier
“Eco”. Disponible dès le 30avril.
Références exigées.» Finis les caprices du mercure, les bourrasques et
les giboulées, terminés les mots
croisés et les sudokus, dépassés les
résultats des tirages du Loto! La
chronique prend ses « clics » et ses
claques!
15 % des ménages français envisagent de déménager en 2013,
selon le troisième baromètre du
déménagement des Déménageurs
bretons, réalisé par l’IFOP. A
l’échelle régionale, les habitants
des villes situées au nord de la
France sont ceux qui déménagent
le moins. La nordiste « C’est tout
Net! » fera donc exception. Mais
pour aucun des motifs avancés
par les 35-49 ans : achat immobilier (45 %), mobilité professionnelle (15 %), mariage ou divorce (14 %).
S’agissant d’un déménagement
d’entreprise, « cela s’explique sou-
Les soirées télé
I
Horizontalement
Beyrouth
Tripoli
Tripoli
Dépression
Front chaud
Athènes
Boris Vian
Motscroisés n˚13-100
3
A
Istanbul
Mercredi
8
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Bucarest
Sofia
Tunis
Tunis
Alger
Anticyclone
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
Les jeux
1
0 Odessa
101
Ankara
Séville
En Europe
7 14
Budapest
Zagreb
Belgrade
Rome
D
Kiev
Afghanistan Risques de nouvelles pluies après les inondations
Perpignan
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
D
Milan
1005
Lisbonne
Lisbonne
1020
Nice
Marseille
9 15
6 14
Berne
Munich Vienne
Barcelone
Barcelone
1025
1
Grenoble 015
10
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8 10
1030
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5 14
Biarritz
Bruxelles
Madrid
Bordeaux
40 km/h
Londres
Paris
Chamonix
Clermont-Ferrand
Moscou
Copenhague
Minsk
Amsterdam Berlin
Varsovie
Prague
Dublin
1035
5 5
A suivre
St-Pétersbourg
Riga
Edimbourg
7 5
Dijon
Poitiers
Helsinki
Oslo
Stockholm
Besançon
2 11
par Marlène Duretz
A
1020
A
4 11
Nantes
5
101
1025
103
Strasbourg 5
104 7 5
0
4 5
Orléans
3 11
40 km/h
1005
Châlonsen-champagne
0123 est édité par la Société éditrice du « Monde » SA
Verticalement
1. Prend les bonnes mesures dans
les coins. 2. A-t-il lâché sa plume
pour se mettre aux textos.
3. Cours africain. Grand chez les
lourds. Belle à cornes. 4. Descente
dans les profondeurs. 5. Forme
d’avoir. Achevé comme un cerf.
6. Donne le ton. Possessif. Cries
comme un cerf. 7. Mammifère
des mers du Sud. Baie nippone.
8. A fait chanter Peer Gynt.
Auxiliaire. 9. Fin de partie. Risque
d’exploser à tout moment.
10. Epuisera. 11. Finit dans la
Garonne. Encadrent le précédent.
Tour complet. 12. Passe la brosse
dans le bon sens.
Philippe Dupuis
Verticalement
1. Affligeant. 2. Uraète. Bar. 3. Tit.
Ergote. 4. Oman. Tu. Ts.
5. Célébrités. 6. Rue. Rusera. 7. Is.
Pédalai. 8. Télomère. 9. Ane. Il.
10. Quid. Pente. 11. Uderzo. Eon.
12. Erseaux. Ut.
20.55 Le Prénom p
Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).
Rédaction 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00
Abonnements par téléphone : de France 32-89 (0,34 ¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89 Tarif 1 an :
France métropolitaine : 399 ¤
Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74; Par courrier électronique: [email protected]
Médiateur: [email protected]
Internet: site d’information: www.lemonde.fr ; Finances : http://finance.lemonde.fr ; Emploi : www.talents.fr/
Immobilier: http ://immo.lemonde.fr
Documentation: http ://archives.lemonde.fr
Collection: Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire
des publications et agences de presse n° 0717 C 81975 ISSN 0395-2037
Imprimerie du « Monde »
12, rue Maurice-Gunsbourg,
94852 Ivry cedex
Président : Louis Dreyfus
Directrice générale :
Corinne Mrejen
PRINTED IN FRANCE
80, bd Auguste-Blanqui,
75707 PARIS CEDEX 13
Tél : 01-57-28-39-00
Fax : 01-57-28-39-26
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C’est tout Net ! | chronique
> 35°
D
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Caen
30 à 35°
995
Amiens
Rouen
Brest
www.meteonews.fr
25 à 30°
10
10
Cherbourg
20 à 25°
En Europe
990
Samedi 27 avril
Fortes pluies et froid dans l’est
40 km/h
15 à 20°
101
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0 à 5°
10
05
-5 à 0°
-10 à -5°
10
10
< -10°
écrans
Toulouse
(Occitane Imprimerie)
Montpellier (« Midi Libre »)
Film Alexandre de La Patellière et Mathieu
Delaporte. Avec Patrick Bruel (2012, audiovision).
22.45 Low Cost
Film Maurice Barthélémy. Avec Judith Godrèche,
Jean-Paul Rouve, Gérard Darmon (Fr., 2011).
0.10 Comment savoir
Film James L. Brooks. Avec Reese Witherspoon,
Paul Rudd, Owen Wilson (EU, 2010, 115 min).
FRANCE 5
20.41 On n’est pas que des cobayes !
Au sommaire : Défi : nager le plus vite possible ;
Mission : déchiffrer les messages codés...
21.37 Empreintes.
Katia et Marielle Labèque, rock et baroque.
22.33 C dans l’air. Magazine.
23.43 Entrée libre. Magazine (20 min).
ARTE
20.50 Temple Grandin.
Téléfilm. Mick Jackson. Avec Claire Danes,
Catherine O’Hara, David Strathairn (EU, 2010).
22.35 Suicide Club
Film Olaf Saumer. Avec Klaus Dieter Bange,
Hildegard Schroedter (Allemagne, 2010, v.o.).
0.10 Court-circuit.
Spécial Festival de Stuttgart. Magazine (55 min).
M6
20.50 NCIS : Los Angeles.
Série. Ecart de conduite. Soldats de papier
(saison 4, ép. 11 et 12/24, inédit) ; Un Noël
électromagnétique. Sous surveillance (S3,
11 et 12/24). Avec Chris O’Donnell (195 min) U.
vent par des enjeux de rationalisation des coûts et de regroupement
des effectifs, auxquels s’ajoutent
bien souvent des problématiques
de gestion d’espace, d’accessibilité,
de démarche de développement
durable, d’amélioration du confort
ou encore d’amélioration de l’image de marque» (bit.ly/13qquLt). A
supposer que la chronique « C’est
tout Net ! » soit un salarié, ce
« déménagement d’entreprise»
s’avérerait, comme pour 75 % des
salariés, « positif pour le bien-être,
l’efficacité, la motivation et la
convivialité avec ses collègues».
«A louer, charmant
2500signes, refait
à neuf. Disponible
dès le 30 avril»
«Lorsque vous quittez un logement, il est nécessaire de prévenir
toute une série d’organismes et
d’administrations de ce changement», rappelle Pap.fr. Carte grise? «C’est tout Net!» n’a pas le permis de conduire. Carte d’électeur?
Elle dispose déjà d’une « Carte des
lecteurs» ! Passeport? A quoi lui
servirait-il? Elle franchit les frontières virtuelles du Web sans avoir
à décliner son identité. Carte de
séjour? Dans Le Monde… et vous la
voudriez « sans-papiers» ?!
«Pour organiser les conditions
matérielles» d’un déménagement,
le site Service-public.fr précise,
par ailleurs, que « je peux éventuellement bénéficier d’un congé »
(bit.ly/17RRTcH). Va pour ton lundi, chronique! p
[email protected]
Samedi 27 avril
TF 1
20.50 The Voice, la plus belle voix.
Episode 13. 23.20 Au cœur des coulisses.
0.05 Les Experts.
Série. Maison de poupée. La Légende vivante
(S7, 7 et 9/24, 95 min) U. Avec George Eads.
FRANCE 2
20.45 Le Plus Grand Cabaret
du monde. Divertissement.
Invités : Cyril Hanouna, Chantal Lauby, Françoise
Laborde, Didier Barbelivien, Stéphane Bourgoin...
23.00 On n’est pas couché.
Invités : Aurélie Filippetti, Jacques Higelin,
Patricia Darré, Biyouna, Fabrice Eboué (180 min).
FRANCE 3
20.45 Isabelle disparue.
Téléfilm. Bernard Stora. Avec Line Renaud,
Bernard Le Coq, Patrick Bouchitey (Fr., 2010).
22.30 Divorce et fiançailles.
Téléfilm. Olivier Péray. Avec Ariane Ascaride,
Michel Aumont, Annick Blancheteau (Fr., 2011).
0.05 Météo, Soir 3 (20 min).
CANAL +
20.55 Contrebande p
Film Baltasar Kormákur. Avec Mark Wahlberg,
Kate Beckinsale, Ben Foster (EU, 2012) V.
22.45 Jour de rugby. Coupe d’Europe.
23.15 Jour de foot. Ligue 1 (34e journée).
0.05 Samedi sport. Magazine (10 min) V.
FRANCE 5
20.30 Echappées belles.
La Bourgogne, sans modération. Magazine.
22.02 Les Routes de l’impossible.
[3/3] Chine, la vertigineuse vallée des oubliés.
22.52 L’Œil et la Main. Magazine.
23.19 Dr CAC. Magazine (26 min).
ARTE
20.50 L’Aventure humaine.
Les Glaciers du Karakorum. Documentaire.
21.40 Premiers à l’Everest ? Documentaire.
22.35 Girls, girls, girls.
Les Groupes de filles : histoire d’une conquête
musicale. Documentaire (Allemagne, 2011).
23.25 Tracks. Magazine. Angela Davis ;
Wong Kar-wai ; Hocico ; Linder Sterling (55 min).
M6
20.50 Hawaï 5-0.
Série. Hana I Wa’Ia (S3, 14/24, inédit) U ; Mai
Ka Wa Kahiko. I Helu Pu (S2, 15 et 16/23) U ; Ua
Hiki Mai Kapalena Pau. Oia’i’o (S1, 23-24/24) U.
1.00 Supernatural.
Série (saison 3, ép. 6 et 7/16, 90 min) V.
24
0123
0123
Samedi 27 avril 2013
Les femmes,
atout du Japon
Lettre d’Asie
Philippe Pons
L
e néologisme « mancession» (composé des mots « man » et « recession»), apparu aux Etats-Unis en
2009 pour épingler une disparité dans le
taux de chômage (plus élevé parmi les
hommes que parmi les femmes) a fait
son apparition au Japon. Officiellement,
le chômage dans l’Archipel est faible comparé aux autres pays industrialisés
(4,6%), mais il est aussi à peu près également réparti entre hommes et femmes.
En réalité, si les Japonaises apparaissent moins dans les statistiques du chômage, c’est qu’elles sont souvent sousemployées: émargeant sur le marché du
travail temporaire ou précaire, elles ne
remplissent pas toujours les conditions
pour être recensées parmi les demandeurs d’emploi. Ou bien, elles se sont retirées du marché du travail pour se consacrer à des activités bénévoles. Confronté à
un vieillissement et à une dénatalité aussi rapides l’un que l’autre, le Japon néglige l’un des atouts de son redressement
économique: les femmes.
En 2012, le Fonds monétaire international (FMI) avait publié un rapport intitulé
« Les femmes peuvent-elles sauver le
Japon? » Elles le font déjà par leur engagement dans les réseaux sociaux, associations et organisations non gouvernementales, qui constituent la force vive de la
société civile dont elles sont souvent la
cheville ouvrière.
En dépit des dispositions de la Constitution de 1947, qui prévoit « l’égalité fondamentale» des sexes en termes de droit,
puis de la loi de 1987 sur l’égalité des chances pour l’emploi, peu de progrès ont été
accomplis: les trois quarts des employés
en contrat à durée déterminée sont des
femmes, bien qu’elles aient le même
bagage universitaire que les hommes.
Quand elles ont un emploi a durée indéterminée, leurs salaires sont inférieurs de
25 % à celui des hommes.
Le premier ministre Shinzo Abe a déclaré qu’il souhaitait plus de femmes au travail. Pour ce faire, il entend remédier à une
carence qui les éloigne du marché du travail: l’insuffisance de garderies et de services d’assistance maternelle. Selon le premier ministre, les entreprises devraient
accorder à leurs employées un congé
parental de trois ans avec la garantie de
pouvoir ensuite reprendre leur carrière.
Actuellement, les deux tiers des femmes ayant un diplôme universitaire quittent volontairement leur emploi à la naissance de leur premier enfant. Une fois
celui-ci élevé, elles reviennent sur le marché du travail, mais elles doivent accepter
un travail moins qualifié, temporaire, voire précaire.
Le Japon est, avec la Corée du Sud, le
pays développé où la part des femmes
dans les fonctions d’encadrement reste le
plus faible (12 %). Seulement 2 % de femmes siègent dans les conseils d’administration (contre 17 % dans l’Union européenne, selon une étude du cabinet de
conseil McKinsey : Women Matter.
Making the Breakthrough, 2012). A la
Chambre basse, 7,9 % des députés sont
des femmes, ce qui place l’Archipel au
163e rang sur 190 pays pour le ratio des
femmes en politique.
Les études de McKinsey ou du FMI soulignent la corrélation entre l’emploi des
femmes et le potentiel de croissance d’un
pays, mais aussi le taux de fécondité :
celui-ci est plus élevé dans les pays où les
femmes travaillent davantage. Pour l’instant, beaucoup de Japonaises quittent
leur travail au premier enfant ou bien ne
se marient pas (ou tard) et ont tout au
plus un enfant. Selon Seiko Noda, présidente du Conseil général du Parti libéraldémocrate (au pouvoir), « les faibles chances des Japonaises de trouver un travail
correspondant à leur qualification dissuadent les couples de fonder une famille et
accentue la dénatalité».
Le pays souffre d’un déficit
de main-d’œuvre.
Pour y remédier,
le premier ministre,
Shinzo Abe, veut
encourager le retour des
mères de famille sur le
marché du travail
Un rapport de l’Institut de recherche
sur la population et la sécurité sociale,
publié en mars, est alarmant: la population japonaise passera en 2040 à 107 millions d’habitants, soit une diminution de
20millions d’habitants en un quart de siècle (en 2010, le Japon en comptait 128 millions). La courbe descendante devrait se
poursuivre en 2060 : les Japonais seront
alors à moins de 87 millions… Cette dépopulation se sent déjà dans les campagnes,
soulignent les auteurs du rapport: petites villes fantômes; maisons abandonnées ; fermeture de lignes de tortillards;
villages habités uniquement par des personnes âgées et où il est difficile de maintenir un niveau convenable de services
sociaux… Il revient aux municipalités de
réanimer une économie de proximité
– industrie locale, pêche, agriculture – à
laquelle peut contribuer un retour vers
les campagnes de jeunes las de la vie en
entreprise.
Le Japon fait le choix d’assumer le
vieillissement de sa population – en faisant du marché de services destiné aux
seniors un élément de croissance et en
permettant aux retraités de continuer à
travailler – et de faire face à la dénatalité
en palliant les effets de ces phénomènes
sur l’économie par une délocalisation de
sa production vers des pays à bas coût
plutôt que d’importer massivement de la
main-d’œuvre étrangère.
Les dirigeants espèrent ainsi conserver
au pays sa qualité de vie et sa stabilité
sociale – pour l’instant préservées en
dépit des crises et catastrophes naturelles
subies par l’Archipel et d’une montée des
inégalités qui se traduit par une nouvelle
pauvreté. Mais ce choix suppose aussi
qu’ils sachent vite et mieux tirer parti
d’une des ressources humaines négligées
du pays : les femmes. p
[email protected]
Changementsdans l’offre
éditorialedu «Monde»
P
lusieurs changements interviennent dans les pages du
Monde à compter de notre
édition de lundi 29 avril datée 30.
La création d’un cahier
« Eco & entreprise» quotidien
Pour amplifier sa couverture de
l’actualité des entreprises et des
grands enjeux économiques, en
Francecommeà l’étranger,LeMonde va offrir dans ses pages un
cahier « Eco & entreprise » quotidien, qui sera adossé à un contenu
enrichi sur notre site Internet.
Une attention particulière sera
accordée aux grandes mutations:
le changement du centre de gravité vers les pays émergents et l’Asie,
ainsi que l’impact des nouvelles
technologies sur tous les acteurs
de l’économie, entreprises,
moyens de production, modes de
consommation. Le Monde mettra
l’accent sur l’innovation, les entrepreneurs précurseurs, la conquête
de nouveaux marchés.
Le cahier « Eco & entreprise »
comportera notamment, le lundi,
un dossier hebdomadaire et deux
pages « Management », le mardi
deux pages « Stratégie & innovation », le mercredi deux pages
« Universités & grandes écoles », le
jeudi une page « Idées », le vendredi une page « Histoire », et le samedi des pages « Marchés » et
« Argent & patrimoine».
Reportages, enquêtes, portraits,
analyses, débat d’idées, chroniques : le cahier quotidien « Eco
& entreprise » décryptera la nouvelle ère économique mondiale.
« Décryptages»
Vous retrouverez chaque jour
dans l’espace « Décryptages » du
Monde, en fin du premier cahier,
une grande analyse, ainsi que la
page « Débats », la page « Enquête/
Reportage/Portrait», et vos autres
rendez-vous.
Chroniques
La dernière page du premier
cahier du Monde sera consacrée à
de grandes chroniques:
le lundi (édition datée mardi)
celle de Sylvie Kauffmann, « L’air
du monde », portant un regard sur
le phénomène de la mondialisation ; le mardi (édition datée mercredi) celle de Gérard Courtois,
« France », consacrée à la vie politique française; le mercredi (édition
datée jeudi) celle d’Arnaud Leparmentier, « Europe », traitant de
l’Union européenne; le jeudi celle
d’Alain Frachon, « International »,
sur la diplomatie.
Deux nouvelles chroniques
sont créées :
levendredi (éditiondatée samedi), une chronique « Culture » de
Michel Guerrin, et le samedi (édition datée dimanche-lundi), une
chronique« L’air du temps» de Florence Aubenas, sur la société
d’aujourd’hui.
La chronique « Juste un mot »
de Didier Pourquery est à retrouver désormais dans M Le magazine du Monde.
Suppléments hebdomadaires
Deux suppléments hebdomadaires du Monde changent de date
de parution :
le supplément « Science & santé » (auparavant intitulé « Science
& techno ») sera publié dans l’édition de mardi (datée mercredi), et
le supplément « Géo & politique»
dans l’édition de mercredi (datée
jeudi).
Les autres suppléments hebdomadaires conservent leur rendezvous:
« Le Monde des livres » le jeudi
(daté
vendredi),
« Culture
& idées » et « Sport & forme » le
vendredi (daté samedi) avec M Le
magazine du Monde, et « TéléVisions » le samedi (daté dimanchelundi). p
Société éditrice du « Monde » SA
Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus
Directrice du « Monde», membre du directoire, directrice des rédactions Natalie Nougayrède
Directeur délégué des rédactions Vincent Giret
Directeurs adjoints des rédactions Michel Guerrin, Rémy Ourdan
Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann
Rédacteurs en chef Arnaud Leparmentier, Cécile Prieur, Nabil Wakim
Rédactrice en chef « M Le magazine du Monde » Marie-Pierre Lannelongue
Rédactrice en chef « édition abonnés » du Monde.fr Françoise Tovo
Rédacteurs en chef adjoints François Bougon, Vincent Fagot, Nathaniel Herzberg, Damien Leloup
Chefs de service Christophe Châtelot (International), Luc Bronner (France), Virginie Malingre
(Economie), Auréliano Tonet (Culture)
Rédacteurs en chef « développement éditorial » Julien Laroche-Joubert (Innovations Web),
Didier Pourquery (Diversifications, Evénements, Partenariats)
Chef d’édition Christian Massol
Directeur artistique Aris Papathéodorou
Photographie Nicolas Jimenez
Infographie Eric Béziat
Médiateur Pascal Galinier
Secrétaire générale du groupe Catherine Joly
Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget
Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président
pTirage du Monde daté vendredi 26 avril 2013 : 347 801 exemplaires.
CLIMAT
la catastrophe annoncée
Préface de Stéphane Foucart
Hausse des températures, fonte des glaces,
acidification des océans… la communauté
scientifique multiplie les rapports alarmants
sur la réalité du réchauffement climatique
et sur ses conséquences à désormais très
court terme. Malgré cela et en dépit d’une
multitude de conférences internationales,
les dirigeants du monde révèlent leur
incapacité à mesurer la gravité de la crise
et à prendre les décisions qui s’imposent.
COMPRENDRE UN MONDE QUI CHANGE
PAR LES GRANDES SIGNATURES DU MONDE
EN PARTENARIAT AVEC
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