chronique presidentielle: quel est le schtroumpf, et

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chronique presidentielle: quel est le schtroumpf, et
Liberte Politique
CHRONIQUE PRESIDENTIELLE: QUEL EST LE SCHTROUMPF,
ET QUI SERA CARBONISE?
Article rédigé par Catherine Rouvier, le 15 novembre 2001
PARIS,[DECRYPTAGE/tribune] - Jean-Pierre Chevènement l'avait bien dit, dès l'an dernier : " Lionel
Jospin est schrameckisé. Et dans schrameckisé il y a 'schtroumpf' et 'carbonisé'... " (Serge Raffy, " Jospin,
secrets de famille ", Fayard, p.
418).
Depuis, le schrtroumpf a schtroumpfé un livre, " Matignon rive gauche " (Seuil) où Jean-Pierre
Chevènement reçoit la réponse du berger à la bergère. Olivier Schrameck écrit (p. 160 et suivantes) : " À
tout prendre je préfère les risques de l'innovation aux vertus de l'archaïsme " puis, commentant la lettre
envoyée par J.-P. Chevènement à Jospin fin juillet où le "che" marquait son désaccord sur la Corse : " Ce
n'était que le début de l'orchestration d'un départ qui ne pouvait [...] être retardé jusqu'aux élections
municipales [...]. J.-P. Chevènement tenait de toute évidence à se présenter à une élection législative
partielle qui serait consécutive à sa démission pour retrouver une situation personnelle stable et donner
l'écho de l'hémicycle à ses déclarations enflammées sur la politique d'abandon du gouvernement. Or une
telle élection partielle ne peut en droit être tenue dans le délai précédant les élections générales. "
Sans doute, mais Jean-Pierre Chevènement - le - miraculé, avait une autre idée en tête et un autre point de
chute possible : l'Élysée. On s'en doutait un peu. J'écrivais moi-même dans ces colonnes dès le 27 septembre
: " Sans doute le MDC et le PRG ne se retrouvent-ils pas dans cette culture-là (le trotskisme). Mais leurs
scores électoraux - sauf effet de surprise du candidat Chevènement à la présidentielle - ne peuvent inquiéter
Lionel ".
Or, justement, la rumeur enfle ces jours-ci : Chevènement aurait une chance. Les sondages le disent et le
prédisent... Et du coup, tous ceux qu'il fascine depuis longtemps par son culot, par sa capacité à partir quand
il n'est pas d'accord, et par ce mélange du nationalisme le plus gaullien et de fidélité à une " archéo-gauche "
de tendance clémenciste mâtinée de marxisme non repenti totalement démodée, clament à qui veut entendre
qu'ils ont enfin un candidat pour qui voter et que ... droite ou gauche, qu'importe, c'est ce que vaut l'homme
qui compte.
Ce pari du "rassemblement " que voulait tenter Charles Pasqua, Chevènement est donc peut être en train de
le réussir. Il a sur Pasqua un avantage : il est de gauche, et la droite se laisse plus facilement séduire par un
homme de gauche qui veut pourfendre l'Europe et l'Amérique et se déclare contre l'immigration incontrôlée
et pour le respect de la loi, que la gauche par un homme de droite même s'il n'est pas hostile au PACS et au
port du voile islamique...
Et qui risque d'être carbonisé si Chevènement "fait" ne serait-ce que 13 pour cent au premier tour de la
présidentielle ? Pas Schrameck, non, mais le maître de sa voix : le pauvre "Yo Yo"...
Car la moitié de cet électorat-là repartirait au second tour vers la droite et il n'est pas sur que l'autre moitié
reviendrait à un Lionel "schrameckisé" aujourd'hui plus qu'hier...
Sans compter que "Lambert", alias Pierre Boussel, le vieux chef du Parti des travailleurs (PT) ex OCI ou
milita Lionel a déclaré avant hier 5 novembre sur LCI que s'il obtenait à son prochain congrès des 17-18
novembre le parrainage de 500 maires, il présenterait " le cas échéant un candidat pour défendre les intérêts
des travailleurs ".
Rappelons nous... Cela s'est déjà produit : en 1988. Alors qu'il avait appelé ses partisans à voter Mitterrand
en 81, Pierre Boussel se présente aux élections suivantes. Car Mitterrand " a trahi les intérêts des travailleurs
". La candidature a-t-elle été " encouragée en sous main par le RPR " comme le prétend Claude Askolovitch
(" Lionel ", Grasset, p. 246 ) ? En tout cas, cette réminiscence aidera peut-être le Premier ministre à donner
tout leur sens aux paroles de Boussel sur LCI : " Mitterrand et Jospin prônaient la rupture avec le
capitalisme. Ils ont fait autre chose, c'est leur problème ".
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Ces paroles sonnent en effet comme un avertissement, car l'élection présidentielle se jouera peut être à
quelques voix... 18 pour cent totalisés par les deux outsiders - sans compter LO et la LCR -, et la
carbonisation deviendrait inévitable...
À moins évidemment que la dispersion ne soit plus grande encore à droite.
Catherine Rouvier est professeur de science politique à l'université de Paris-Sud.
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