Hong Kong, Denver, Amsterdam et le clonage humain

Hong Kong,
Denver, Amsterdam
et le clonage humain
Au sommaire
de ce
numéro
quatre sujets principaux
qui, tout
à la fois, sont d'une actualité
brûlante et renvoient
à des
enjeux
majeurs.
D'abord,
la rétrocession
à la
Chine de Hong Kong dont
Sophie
Marquié analyse les
perspectives
après le 1 juillet prochain.
Elle
montre en effet que, au-delà
de
l'abolition
programmée
de la démocratie, l'avenir du Territoire et
du même coup celui de la Chine
tout entière — voire demain
de
Macao et de Taiwan —
demeurent
très ouverts, mus par des
intérêts
économiques,
politiques
et géostratégiques
fort
divers.
er
Ensuite, Pierre Béhar, au travers de son analyse
du livre de
Henry
Kissinger
Diplomatie,
éclaire l'attitude triomphaliste
des
États-Unis
au sommet
du G8 à
Denver. Outre en effet les remarquables performances
de
l'économie américaine
et la
spectaculaire
décrue de leur chômage, une autre
raison peut-être plus profonde
explique
leur attitude.
Elle
réside,
nous
dit-il,
dans
le
sentiment
qu'ont les Américains
d'être
investis d'une
« mission
proprement
messianique
» dont l'objet est de
promouvoir
dans le monde
un
ordre moral idéal (et la forme
la
plus achevée du
capitalisme).
Tel n'est pas le sentiment
des
Européens
et surtout des
Français
qui ont mené un véritable
baroud
d'honneur
au
récent
sommet
d'Amsterdam
pour
arracher
à
leurs partenaires
— hantés par le
risque d'un échec — une
résolution sur la croissance
et
l'emploi
en complément
du pacte de discipline budgétaire
adopté en vue de
l'union
monétaire.
Heureux prolongement
au niveau communautaire
de la volonté
affichée (une fois de plus) par le
gouvernement
français
de s'attaquer prioritairement
à la lutte
contre le chômage
et les
inégalités. Espérons-le
avec plus
d'efft3
futuribles
juin
1997
cacité que ses prédécesseurs
et
sans tomber dans le piège
fatal
qui consisterait,
comme
annoncé
durant la campagne
électorale,
à
la fois, à augmenter
le salaire minimum et à imposer la semaine
de
travail à 35 heures sans
réduction
de salaire.
Le Premier
ministre
français,
lors de sa déclaration
de
politique
générale,
s'est
soigneusement
abstenu de prendre en la matière
des engagements
trop précis
qu'il
incombera
à la « conférence
nationale sur les salaires, l'emploi et
la réduction du temps de travail »,
prévue en septembre,
de définir.
Sera alors sans doute à l'ordre
du jour une éventuelle
généralisation de la loi Robien qui souffre du
handicap
génétique
d'être
née
d'une
initiative
de droite
mais
dont les coûts et les bénéfices
ont
fait l'objet d'une évaluation
encourageante
dont Hervé
Passeron
rapporte ici les principaux
résultats.
4
Le quatrième
sujet
abordé
dans ce numéro renvoie à un défi
peut-être
encore plus grave
qui
tient aux avancées très rapides de
la science
et de la
technologie
échappant
de plus en plus à tout
contrôle
humain.
Pour Jean-Jacques
Salomon,
il
ne fait guère de doute que très rapidement se développera
le clonage humain sous l'impulsion
de savants qui ne résisteront
pas au
désir d'aller toujours plus loin au
risque de dépasser
les limites
du
souhaitable
qu'ils n'ont
d'ailleurs
aucune compétence
ni
légitimité
particulières
pour
définir.
Inlassablement,
et ici dans le
domaine
particulièrement
sensible de l'ingénierie
génétique,
Jean-Jacques
Salomon
attire
notre attention
sur l'ampleur
des
choix philosophiques
et
éthiques
radicalement
nouveaux
auxquels
de plus en plus nous serons
collectivement
confrontés.
H u g u e s de Jouvenel