L`informatique embarquée
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L`informatique embarquée
à36 Région - Ecotaxe : l‘économie en péril - L‘Europe s‘engage en Bretagne à40 Gros plan Elle est jeune et vient de créer sa boîte à42 Enquête Nº188àSEPTEMBRE 08à4,20 E E-recrutement : frilosité des PME Un marché en plein bouillonnement L‘informatique embarquée édito sommaire eux grandes faiblesses caractérisent le commerce extérieur français. D ACTUALITÉS A L’AFFICHE FOCUS : Le secteur de la biscuiterie AILLEURS : Le pôle Cancer-Bio-Santé (Toulouse) 5 14 18 .................................................................................................................................................................................... ............................................................................... .......................... ENTREPRISES Valor Environnement (22) valorise les gravats Harris-Briochin (22) mise sur la valeur ajoutée GH Diffusion Emballage (35) innove .......................................... ........................................... ................................................................................... 23 24 25 DOSSIER L’informatique embarquée recouvre à la fois les logiciels et les systèmes embarqués Entretien : Jean-Luc Fleureau, délégué de l’association Jessica France pour la Bretagne .................................................. 26 ................................................................... 35 RÉGION Ecotaxe : l’économie en péril Les fonds européens pour la Bretagne en 2007-2013 Développement durable : Facet Ingénierie (29) .............................................................................................................. ............ ................................... 36 37 39 GROS PLAN Bellidays (35), un service touristique haut de gamme .................. JURIDIQUE : 41 Simplification de la rupture du contrat de travail ENQUÊTE : L’e-recrutement, une vitrine pour se valoriser 42 ...... Nouvelle adresse : [email protected] Responsable Publication : VÉRONIQUE MAIGNANT : 02 99 25 41 39 Assistante rédaction et développement : ANNIE RENAULT Ces constats révèlent plus largement la nécessité de renforcer le soutien et l’accompagnement des PME dans leur développement et gain de compétitivité en matière d’innovation et d’action internationale. C’est pour répondre à ces enjeux que des dispositions ont été prises par le gouvernement pour renforcer l’efficacité des dispositifs publics d’aides afin qu’ils jouent un rôle moteur, notamment dans l’internationalisation des PME. Confiée à Ubifrance, cette mission s’appuie sur une politique structurelle de coopération avec les partenaires de l’export, notamment en région. 40 PRATIQUES .............................. Trop peu d’entreprises et notamment de PME exportent et notre présence sur des continents à forte croissance (Amérique, Asie) est très insuffisante. Le réseau des CCI, fort de son implantation territoriale en France et à l’étranger, de sa proximité et connaissance des entreprises et de son expertise à l’international, s’est engagé dans ce partenariat. Il se concrétise en région par une collaboration étroite pour répondre de manière encore plus opérationnelle aux enjeux, en : - accroissant le nombre d’entreprises accompagnées sur les marchés étrangers et en particulier les primo-exportateurs, - orientant et conseillant les entreprises par des services à valeur ajoutée, - poursuivant le développement du dispositif VIE (Volontariat International en entreprise). Ont collaboré à ce numéro : S. CHAPE - C. CHERON - A. LETESTU - V. MAIGNANT S. MARSHALL – Y. POUCHARD - V. ROLLAND EDITION “BRETAGNE ECONOMIQUE” CRCI : 1, RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOT CS 14422 • 35044 RENNES CEDEX Publicité : 02 99 25 41 36 Couverture : GARMIN LTD Rédaction : Tél. 02 99 25 41 37 - Fax 02 99 63 35 28 e-mail : [email protected] fr Directeur de la publication : JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC Maquette de couverture : HOKUS POKUS Création, maquette & photogravure : ODÉBI Impression : CLOÎTRE IMPRIMEURS Directeur délégué : RÉMI BILGER Comité de rédaction : JACQUES FEUNTEUNA – YOUENN LE BOULC’H PHILIPPE SERDET – VANESSA ERMEL MARIO PIROMALLI – RONAN PERENNOU PATRICK SOLO – FRANÇOIS CLÉMENT La convention régionale signée le 3 juillet en Bretagne entre l’Etat, Ubifrance et la CRCI de Bretagne confirme cette évolution. Elle souligne également au travers de ce partenariat, la volonté d’Ubifrance et de CCI International de renforcer les synergies entre les acteurs présents en région pour simplifier et adapter l’offre de services aux attentes des entreprises et accroître la lisibilité et l’efficacité des actions conduites dans le cadre des dispositifs publics. Jean-François LE TALLEC Président de la CRCI Bretagne 3 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AVEC LES SOLUTIONS DU GROUPE LA POSTE, BRETAGNE TELECOM OPTIMISE LA GESTION DE SES FACTURES PUBLI-INFO “Avec Maileva, on gagne la TVA” Avec 3 000 clients “entreprises” répartis sur tout l’Ouest, Bretagne Télécom a choisi la solution Maileva pour l’envoi de ses factures. Un gain financier pour cette entreprise innovante installée à Saint-Gilles près de Rennes mais surtout l’assurance que toutes les factures soient distribuées en temps et en heure à leurs destinataires. De G à D, Frédéric Leguet, chargé de comptes à La Poste et Nicolas Boittin, associé majoritaire de Bretagne Télécom Bretagne Télécom est née en 2003 de la rencontre de deux hommes, Nicolas Boittin et François Chevallier, aujourd’hui associés majoritaires à 50/50 avec 60 % du capital. “La connaissance technique de la voix sur IP, c’est notre domaine, explique Nicolas Boittin. La téléphonie sur Internet permet de proposer une alternative à l’offre de France Télécom, d’un coût inférieur de 30 %". Comment ? "Avec cette technologie, tous les appels sont centralisés sur un seul gros centre téléphonique. La réduction du nombre d’autocoms, notamment dans les entreprises multi sites, améliore leurs services mais surtout réduit leur facture d’installation et de maintenance. Avec nos clients, nous repensons leur architecture téléphone. Tout appel entrant peut être automatiquement basculé vers un mobile ou un PC. Dans ce dernier cas, un message s’affiche sur l’écran du collaborateur indiquant que quelqu’un cherche à le joindre. L’accueil et les services qui en découlent s’en trouvent sérieusement améliorés” Cette qualité de service alliée à une proximité clients “stratégique” ont permis à Bretagne Télécom, en 2006, de lever 1,2 million de fonds auprès de Ouest Ventures, un fond régional d’investissement. “On a voulu attaquer plus vite, plus fort et surtout consolider notre réseau” précise Nicolas Boittin et ce renforcement capitalistique à hauteur de 40 % a permis à la PME d’atteindre son objectif. En 2 ans, elle est passée de 9 à 17 salariés et a gagné quelque 2 000 clients, comme les agences BMW du Grand Ouest ou les établissements Maurice Théaud. Son CA d’1 million d’euros en 2005/2006 a plus que doublé sur cette période pour atteindre 2,1 millions en 2007/2008. En parallèle, elle a ouvert deux agences, à Toulouse et Bordeaux. 2 000 factures mensuelles adressées en un seul clic Bretagne Télécom est sur une activité récurrente avec un système d’abonnements qui nécessite chaque mois l’envoi de 2 000 factures par La Poste, une majorité étant adressée par Internet. Conscient de la charge qui incombe au service comptabilité, Frédéric Leguet, chargé de comptes à La Poste, a rapidement proposé à son client la solution Maileva pour l’envoi de ses factures. Les gains de temps et d’argent ont rapidement convaincu ses responsables. “Tous les mois, Angeline Druais, la responsable comptable, prépare un fichier PDF contenant les factures à faire partir ainsi que le fichier adresses. Elle se connecte depuis son PC à Maileva, s’identifie et nous Pour toute demande de diagnostic ou renseignement sur les solutions Courrier du groupe La Poste, n’hésitez pas à composer le 36-34 (0,34 euro TTC la minute à partir d’un téléphone fixe) transfère son fichier de préférence avant 14 heures pour un départ le jour même. Chaque facture comporte un code barre qui offre ainsi la possibilité de tracer les envois un par un.” “J’ai adopté Maileva en février dernier, poursuit Angeline Druais. Nous avons 5 000 clients et 5 types d’abonnement selon les services rendus (de la simple voix trafic sortant à l’hébergement de site en passant par la location du matériel). Désormais, grâce au système de suivi, je suis certaine que mes clients reçoivent leur facture. En cas de problème technique, je suis immédiatement prévenue des rejets éventuels. Pour la relance, c’est beaucoup plus facile et surtout c’est 20 % d’économie par rapport à un imprimeur, soit l’équivalent de la TVA. De plus, la qualité d’impression en couleur, recto verso, est très propre et le papier assez luxueux. C’est important pour l’image de la société.” Ainsi, avec le concours de Maileva, Bretagne Télécom a réussi à optimiser l’envoi de ses factures et d’une manière générale l’envoi de son courrier. En effet, suite aux conseils de Fréderic Leguet, la collecte du courrier mais aussi l’envoi des colissimos sont assurés par les services de La Poste. C’est, quotidiennement, encore une demi-heure de gagnée pour notre responsable comptable ! Le réseau des CCI ILLE-ET-VILAINE CRÉATION ET REPRISE D’ENTREPRISE Co-organisées par la CCI Rennes Bretagne et le Club des Créateurs et Repreneurs d’Ille-et-Vilaine, les Journées Régionales de la Création et Reprise d’Entreprise sont devenues au fil des années le rendez-vous de tous les acteurs du secteur. Futurs artisans, commerçants, prestataires de services, professions libérales (7 500 visiteurs en 2007), tous les profils de porteurs de projets s’y retrouvent. Ici, l’approche concrète prime sur la théorie : s’informer (+ de 100 animations), et surtout tisser son réseau, essentiel à tout entrepreneur. Pourquoi cet engouement ? Créer ou reprendre reste une manière passionnante MORBIHAN de se réaliser. Chaque année, plus de 12 500 personnes franchissent le pas en Bretagne. Les JRCE conjuguent le plaisir TOURISME d’entreprendre et l’innovation sous toutes ses formes : Joël Renault, fondateur de Delta Dore, spécialiste de la domotique, parraine l’édition 2008. CONTACT : Info + CCI Rennes Bretagne : 02 99 33 66 66 La CCIM rassemble les professionnels ACTUALITÉS JRCE : 16 et 17 octobre au Parc Expo de Rennes La chapelle Sainte Barbe - Le Faouët CÔTES D’ARMOR ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE Les CCI françaises en congrès à Saint-Brieuc Depuis 1992, tous les deux ans, les responsables Environnement et développement durable des CCI françaises se réunissent en congrès pour échanger autour de l’environnement et du développement durable. La 9ème édition de ces rencontres est co-organisée par la CCI des Côtes d’Armor et l’ACFCI et aura lieu les 2 et 3 octobre prochains, à Ploufragan, près de Saint-Brieuc. Outre la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Mme Nathalie KosciuskoMorizet et le Directeur de l’Unité développement durable à la Commission européenne, M. Timo Makela, des dirigeants de structures publiques et d’entreprises privées interviendront autour de la thématique “Eco-entreprises et marché de l’environnement : quelles opportunités pour les territoires et les PME, quel rôle pour les CCI ?”. Près de 150 collaborateurs consulaires sont attendus. CONTACT : 02 96 78 62 00 La Chambre de commerce et d’industrie rassemble le 13 octobre à Grandchamp les professionnels du secteur touristique. Au-delà de l’hébergement et de la restauration, le tourisme impacte largement l’économie du Morbihan. Il prend en compte les loisirs, le bien-être, la santé, les activités commerciales et les services à la personne. “Parlons tourisme” doit donner une vision prospective des comportements touristiques. Une conférence débat portant sur ce thème donnera aux dirigeants d’entreprises du tourisme une vision pertinente des actions à mettre en œuvre pour assurer l’évolution de leur activité. CONTACT : Fabienne Glomot – [email protected] FINISTÈRE COMMERCE Cocorico la Cornouaille ! C’est avec ce slogan fédérateur et un coq prénommé “Corentin” comme mascotte et visuel que la CCI de Quimper Cornouaille et les unions commerciales du Pays de Cornouaille (incluant Châteaulin et le partenariat de la CCI de Brest) lancent leur première campagne de communication. Eveiller les consciences sur le poids du commerce (3 000 commerçants, un chiffre d’affaire de 2,5 milliards d’euros, 10 000 actifs), séduire les consommateurs et l’opinion, mettre en avant les hommes et les savoir-faire de ce secteur sont les buts de cette communication financée par l’Odesca, ainsi que partenaires publics et privés. Plusieurs temps forts sont prévus en 2008 et 2009. Parmi eux, le 12 décembre (jour de la St Corentin), qui se donne comme ambition de devenir la “Fête annuelle du commerce” en Cornouaille. CONTACT : Jacques GOYAT – 02 98 98 29 49 ou [email protected] 5 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ERRATUM ACTUALITÉS Le chiffre d’affaires 2007 réalisé par la société Josso, spécialiste de la fabrication de palettes et installée au Roc Saint-André dans le Morbihan, est de 10 millions d’euros. Nous avions, par erreur, indiqué un CA de 5 millions d’euros dans un article situé en p 35 du numéro 187 de juin/juillet. DEVELOPPEMENT ■ Univers virtuels, télécoms et internet, tels sont les expertises de Nereÿs-conseil installé à Brest depuis plus d’un an. “J’ai connu le web en 1994 quand il n’y avait que 50 serveurs dans le monde, explique Aymeric Poulain Maubant, son dirigeant. A son origine, il était utilisé par les chercheurs pour partager leurs textes.” Après avoir mené une équipe de 5 personnes au sein d’une entreprise spécialisée dans les TIC, cet ingénieur issu de Télécom Bretagne a fait le choix de la création. Aujourd’hui, il collabore à des programmes de recherche européens mais dispense aussi ses conseils en prospective stratégie et marketing dans l’internet auprès de PME. Hautdébit mobile, objets communicants, travail coopératif, auditergonomie-référencement, logiciel libre, recherche, sciences cognitives …constituent l’activité de Nereÿs. Aymeric Poulain Maubant est devenu un spécialiste du web2.0, des réseaux sociaux mais plus encore des univers persistants comme Conférence à Lille fin 2007, retransmise dans Second Life Second Life. “Rares sont les PME qui connaissent l’enjeu de ces réseaux sociaux. Or, les informations que l’on peut capter permettent de prendre de l’avance. Beaucoup de grandes entreprises ont leur île sur Second Life et l’utilisent à des fins de veille stratégique, de prospective ou de recrutement. Via un Intranet, certaines y créent un espace privé et organisent des conférences avec l’ensemble de leur personnel. Chaque salarié a alors son propre avatar et peut intervenir de façon beaucoup plus libre”, explique-t-il. Car Second Life n’est pas un jeu stricto sensu mais un espace d’échanges, visant à être aussi varié que la vie réelle. C’est un forum Internet où s’expriment les engagements sociaux et politiques de manière libre et internationale, les débats, expositions, conférences, formations, recrutements événements courants. En Bretagne, le pôle Images et Réseaux développe des programmes de recherche dans ces domaines. Contact : 06 62 12 15 25 ■ Ronan Fouchet, dirigeant de Frigo express (Quimper), une centaine de salariés et un CA de 8,5 millions d’euros contre 6 millions en 2006, inaugure cette rentrée au péage La Gravelle (35) Convecto (10 salariés). Cette nouvelle entreprise comporte “un bâtiment de 800 m2 pour une activité dédiée au Sud-Est avec des livraisons de 1 à 33 palettes, en sec, frais et surgelés.” Le chef d’entreprise a aussi repris, près de Valence, TDS (14 personnes). Parallèlement, au moment de rédiger ces lignes, le dirigeant négociait la reprise d’une autre affaire d’une soixantaine de salariés (quelque 6 millions d’euros de CA), toujours dans le Sud-Est. Quant à la question des flux entrants et sortants, le dirigeant a sa stratégie : “on se développe beaucoup sur l’acheminement de produits surgelés au départ de la Bretagne pour revenir avec du vin. C’est aussi l’intérêt du Sud-Est, on réussit à équilibrer les allers et les retours. Bretagne-Paca/ PacaBretagne, voilà notre axe de travail dans un secteur qui privilégie plutôt le transport Nord-Sud ou Est-Ouest.”. Sous peu, Ronan Fouchet ambitionne d’atteindre 150 à 170 salariés pour un CA de 13 à 15 millions d’euros. Contact : 02 98 57 81 81 6 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ■ Savormer et sa gamme Table Marine en quête de nouveaux débouchés. Après avoir réalisé 1,3 million d’euros de CA en 2007 avec un effectif de 9 personnes, Savormer (Concarneau), filiale du groupe Nicot (29), souhaite se développer en région à travers, notamment, sa gamme de poissons parfumés marinés distribuée sous la marque “Table Marine” et déclinée en sachets mono portion avec, au choix, saumon, dorade ou espadon. Créée en 2000, cette PME est spécialisée dans la fabrication de plats cuisinés surgelés à base de produits de la mer et notamment de coquilles Saint-Jacques, 90 % de l’activité. “Je suis là pour relancer le développement commercial, explique Gaël Dubouchet, le nouveau responsa- notre gamme de Coquilles Saint-Jacques cuisinées et nos gammes de poissons parfumés et thon, mais aussi continuer à développer des marques distributeurs et des recettes “A façon” (pour lesquelles Thiriet, client historique, représente 60 % des volumes). Nous visons également la restauration commerciale avec une gamme adaptée en termes de conditionnement et de recettes sous la marque Marin Plaisir. L’export est un projet à moyen terme”. Retenue par la Coceb et la Région à l’occasion de l’opération “Tendance et innovations” pour participer à un Une gamme de produits cuisinés surgelés stand commun au Sial 2008, à base de coquilles Saint-Jacques elle y dévoilera notamment sa et de poissons épicés “dorade parfumée aux épices douces 170 g”, “une offre proble de la filiale, recruté il y a 6 mois. Nous duit à mi-chemin entre le segment des souhaitons certes développer la marque poissons surgelés nature et celui des Table Marine sur le circuit hyper et plats cuisinés”. supermarché dans la région Ouest avec Contact : 02 98 97 06 01 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT 7 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT ■ Deux ans de forte croissance pour ■ 358 434 euros de Concept Image à Rennes. “Interrompre résultats en 2007 la croissance sur Paris pour développer la pour Effiscience. croissance en local : dans une économie Créée en 2003, mondialisée, la proximité client est un éléEffiscience (4 salariés à ment important de différenciation”, expliRennes) réalise que Nicolas Frappier, PDG de Concept aujourd’hui de nomImage comptant 8 collaborateurs sur le site breux tests in vitro et de Rennes. Au total, Concept Image ex vivo destinés à compte 5 sociétés indépendantes (Paris 20 démontrer l’efficacité des produits cosmétiques. “Nous proposons notamment personnes, Lyon 6, Tour 3 et Bordeaux 1) d’assurer le développement complet des actifs depuis les premières phases de qui partagent un nom de marque, un screening jusqu’aux tests in vivo, d’évaluer les capacités de pénétration transcusavoir-faire, une activité de R&D et un call tanée de ces derniers, de visualiser leur activité et de la quantifier à l’aide d’une center basé à Rennes. Spécialisée dans la station d’imagerie (et d’analyse d’images) de qualité”, expose Jean-Eric Branka, convergence des médias et des supports directeur général. A noter qu’Effiscience met à disposition de ses clients “son de diffusion que sont le multimédia et la service de rédaction scientifique et/ou de vulgarisation”. Marché visé : l’internavidéo, l’entreprise a, dès sa création en tional même si pour l’heure la société réalise 90 % de son CA en France. 2002, envisagé son métier de manière Contact : 02 99 33 97 77 transversale. “Nous ne sommes ni une agence web, ni un studio marketing mais les deux à la fois, car nous disposons d’une expertise technique intégrée. Nous créons, sans passer par des freelance, des outils d’aide à la vente, de formation et de communication en associant vidéo, Web (sites internet e-commerce, intranet ) et multimédia (animation, quiz…). Avec l’arrivée massive de l’ADSL, les contenus vidéo se développent car ils permettent une relation plus affective avec le client ou le visiteur.” Cette transversalité d’origine a permis à Concept Image d’engranger une croissance de 80 % sur le précédent exercice. Avec un CA prévisionnel 2008/2009 de 650 000 euros, elle devrait atteindre 60 %. Ce développement a entraîné, à Rennes, l’emménagement dans de nouveaux locaux. Contact : 02 99 38 09 23 ■ Installée à Chantepie (35) qui concentre toute sa matière grise via son centre R&D, Envivio (90 salariés) connaît une progression entre 10 et 20 %, confirme Gilles Guilgué, directeur des opérations (CA attendu : plus de 45 mil- 8 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 Envivio fournit des équipements avec solutions d’encodage et de diffusion lions d’euros). “Notre métier est de fournir des équipements avec des solutions d’encodage et de diffusion à des opérateurs de téléphonie et à des diffuseurs de contenus. Un exemple : la TV sur mobile.”. Filiale d’Envivio Inc basée à San Francisco (USA), Envivio France est, de fait, née à l’époque où France Télécom encourageait les start-up à se lancer, quitte à partager par la suite les brevets déposés. “Expertise, développement et essaimage : tout cela était encore embryonnaire en 1995-96. Toujours est-il que nous avons démarché des prospects avec cette technologie que l’on déployait au sein de France Télécom. Ainsi est apparue Envivio France. On peut dire que nous sommes aujourd’hui leader international pour tout ce qui est TV sur PDA comme mobile.” Depuis le 9 août dernier, on peut ainsi suivre tous les matchs de Ligue 1 sur les terminaux Orange “et on a remporté le contrat de déploiement chez Bouygues Telecom. D’une manière générale, d’Alcatel Lucent à Nokia, Siemens, nous nous appuyons sur ces intégrateurs qui proposent ensuite nos solutions.” Installée sur 1 200 m2 et portée par son développement, Envivio a acquis des annexes où détacher des équipes (+ 250 m2 de locaux) et entend recruter une dizaine de personnes sur le dernier trimestre. Contact : 02 23 35 52 60 ■ Airpac (35) prévoit 30 % de son activité à l’export dès 2009. En 2007, sur un CA de 7,3 millions d’euros, 12 % ont été réalisés à l’international. D’ici 3 ans, Airpac vise les 50 %. La société a été créée en 2004 par J. Bernier et F. Martin. Basée à Pocé-les-Bois près de Vitré, elle emploie aujourd’hui 55 salariés. Son savoir-faire se situe dans le domaine des énergies renouvelables et plus particulièrement dans la conception et la fabrication de pompes à chaleur destinées au chauffage de l’habitat mais aussi à la production d’eau chaude. “Le service export a été créé en 2006, développe le tout nouveau directeur export, Alain Galmard. Nous sommes présents au Portugal, en Espagne et en Belgique. A terme, nous visons toute l’Europe. Nous venons de créer une filiale au Chili, un site de production qui fabrique des pompes à chaleur adaptées aux besoins spécifiques de ses habi- tants. Ce développement à l’international est indispensable pour sécuriser le marché français. Celui-ci est un marché aidé dont les subventions via des crédits d’impôt aux particuliers disparaitront dès 2009.” Amélie Brebion et Philippe Grillot, équipe export, en compagnie d’Alain Galmard, directeur commercial Export Pourquoi le Chili ? “C’est le pays d’Amérique latine le plus stable. Michelle Bachelet, sa présidente, souhaite entrainer un changement radical de politique et de comportement en matière de développement durable. Elle souhaite surtout que les Etats-Unis cessent de considérer son pays comme leur poubelle.” Désormais, chez Airpac, ce sont 3 personnes qui travaillent à temps plein à l’international dont une depuis le Chili. Contact : 02 99 74 56 36 ■ “Les entreprises ne savent pas suffisamment qu’un décret de 2006 légifère désormais les compléments alimentaires. Le “flou” qui pouvait les freiner a été levé”. Directeur général de Nutraveris (10 personnes à Ploufragan-22), Cédric Bourges s’est fait une spécialité du conseil scientifique/aide à la formulation (veille technologique et scientifique) ainsi que réglementaire portant sur les aliments santé ou encore les compléments alimentation… “Un marché de niche qui ne représente certes que 3 % de celui de l’agro-alimentaire mais pèse tout de même 1 milliard d’euros rien qu’en France.” Clients : les laboratoires que Nutraveris (1,3 million d’euros de CA attendu cette année contre 980 000 l’an passé et 240 000 en 2006) conseille “sur ce qu’ils peuvent donc mettre dans leurs produits et comment les homologuer” mais aussi, régionalement, des acteurs comme Leclerc ou des fabricants de jus de fruits. Contact : 02 96 76 54 87 ACTUALITÉS INTERNATIONAL 9 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ACTUALITÉS déposée mais, en France, à la différence de l’Italie, peu de marques de luminaires sont clairement identifiées du consommateur.” Pour son premier exercice, le dirigeant mise sur 2,3 à 2,4 millions d’euros. Avec la refonte de son site Internet, “notamment axé vers l’international, mon principal axe de développement”, l’entreprise semble bien éclairée. Contact : 02 99 70 08 82 CRÉATION ET REPRISE ■ “François Chatain et les Autres” mise sur le design et sa marque. Reprise par Stéphane Nicorosi, passé par les produits Grand public durable (de Camping Gaz à Lafuma), cette PME de 27 salariés (Sixt-sur-Aff/35) est connue pour sa production et commercialisation de luminaires en céramique. Soit une distribution en réseau d’ameublement (Château d’Ax), magasins de luminaires (Comptoirs des Lustres dans le Grand-Ouest) et décoration (Bois et Chiffons, Au bout du quai...). “Entre le low-cost et le très haut de gamme et à l’heure des délocalisations, je persiste à penser qu’il y a de la place pour une entreprise telle que la nôtre, sur le milieu de gamme supérieur” positionne le repreneur, qui propose des modèles commercialisés entre 1 000 et 1 200 euros. “Le cédant, lui-même céramiste de métier, développait les lignes avec deux salariés dans un mini bureau d’études. J’entends bien renforcer cette direction. Le design est un facteur de succès et je vais pousser en avant la marque. Elle est bien sûr ■ Démarrage de MPI comme Matériels pour le Process Industriel. “Je vends des robots rétrofités, à savoir des robots d’occasion remis à neuf après les avoir entièrement démontés et nettoyés. Je travaille avec la société Roboteam (59), seul opérateur français à exercer ce métier. J’ai mis 2 ans à mettre cette activité en place car il faut 18 mois entre le premier contact et la prise de commande” développe Laurent Nicolas, gérant de l’entreprise MPI, officiellement créée le 1er janvier 2008 à Lorient. Palettisation, dépalettisation, mise en caisses, soudures et autres manipulations de produits sont les principales applications pour les robots industriels. IAA, cosmétique, électronique mais aussi industries mécaniques sont des secteurs avec lesquels MPI travaille aujourd’hui. Moins cher qu’un robot neuf, garantie 12 mois et 20 ans sur les pièces, il faut compter entre 80 000 et 120 000 euros pour un Palettisation, mise en caisses, soudures sont les principales applications des robots industriels palettisateur. “Il existe une dizaine de PME bretonnes à travailler dans l’installation de robots mais il faut savoir que chaque domaine d’activité nécessite un spécialiste. Moi je suis apporteur d’affaires. En fonction de la demande, je fais l’implantation, je chiffre et après avoir contacté mon intégrateur qui assure l’installation et le service après vente, je fais mon offre de prix.” A 42 ans, Laurent Nicolas a déjà une longue expérience dans les systèmes de palettisation pour avoir travaillé au sein d’une entreprise de robot pour œufs. Contact : www.mpi-technologies.com 10 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ACTUALITÉS DÉVELOPPEMENT ■ Grâce à Soufflaïa, gâteau-apéritif santé, Algaïa, 3 salariés à Lézardrieux (22) sera présente au prochain Sial, du 19 au 23 octobre prochain. “Quatre mois ont été nécessaires pour mettre au point ce produit. Il fallait faire vite pour pouvoir présenter notre dossier au concours lancé par la Coceb et la Région à l’occasion du Sial 2008”, explique Olivier Bourtourault, gérant et également PDG d’Aléor, entreprise de 7 personnes proposant une algue de qualité dans des volumes constants et sous une forme calibrée. Mis au point en partenariat avec l’Université Catholique de l’Ouest (UCO à Guingamp), Soufflaïa (comme souffle, vent et vitalité) est un produit à base d’algues, sans sel, sucre, gluten, ni matières grasses. “Un gâteau apéro très peu calorique, à consommer sans arrière pensée !” Déjà testé auprès de son réseau de distribution composé pour l’essentiel d’épiceries fines, de centres de thalasso et autres espaces Spas implantés en Bretagne, Olivier Bourtourault imagine dans un premier temps commercialiser Soufflaïa, produit pourtant grand public, auprès de ce même réseau. “Je suis une petite structure, peu armée pour faire face à la grande distribution. Bien sûr, je ne ferme pas la porte car j’ai conscience que les retombées d’une présence au Sial peuvent être considérables. Je ne les ai pas encore estimées, car nous achevons à peine tout le packaging.” Avec un CA de 160 000 euros attendu fin 2008, via la vente de ses autres gammes de produits à base d’algues (tisanes, épices, sels…), Algaïa 12 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 mise gros avec ce produit de grande consommation. Contact : 02 96 22 29 11 ■ 30 millions d’euros de CA (au 31.07.08) pour Goëmar… qui doit faire face au lobbying. Avec notamment pour métier la santé végétale (aux côtés de la parapharmaceutique et de la sécurité alimentaire), le groupe malouin (140 collaborateurs) travaille au développement de vaccins de plantes en vue de traiter les pathogènes qui attaquent le blé dans les champs par exemple. “L’idée étant de mettre au point des plantes qui peuvent se défendre seules”, explique Lionel Labourdette, directeur administratif et financier. Méthode sans danger. A la différence des OGM, tout est ici à base d’une molécule extraite d’algue pour une méthode qui se veut universelle. “Toutes les plantes ont ce système de défense et nous travaillons actuellement à l’élargissement de son application à tous les couples plantes/pathogènes. Après le blé et l’orge, notre produit peut aujourd’hui traiter la fraise et le pommier.” C’est aussi une méthode alternative qui se heurte au lobbying puissant des acteurs “chimiques”. “Dès lors qu’une PME innove, malgré la pertinence et la performance de son offre, on est en totale rupture avec les groupes. Cela ne nous a pas empêché de traiter à ce jour plus de 250 000 hectares.” Le dossier, aujourd’hui déposé aux USA, approuvé en Suisse, est le résultat d’un travail de près de 10 ans entre la R&D interne (mise au point de la molécule et de la formule), l’évaluation sur plantes opérées à l’extérieur, appuis de laboratoires (pour fiabilité des résultats). Contact : 02 99 21 53 70 Récolte des laminaires FOCUS LA BISCUITERIE : UN SECTEUR PARTICULIÈREMENT DYNAMIQUE EN BRETAGNE OCCIDENTALE ACTUALITÉS ( Vous reprendrez bien une part de gâteau ? A l’heure où l’on observe une concentration de plus en plus forte des enseignes – l’enjeu étant de pouvoir s’affirmer en GMS via des marques à forte identité – certaines entreprises de la biscuiterie continuent à battre le beurre, à leur rythme et à leur façon : adossées à un grand groupe ou placées sur une niche, elles se développent et doivent aussi gérer leur croissance. Jouer d’une ou deux références en linéaire est périlleux ! Les “petits” d’un côté avec des spécialités positionnées sur un marché local, les “gros” de l’autre : pour Christian Tacquard, PDG d’un groupe dont l’activité Pâtisserie, occupe 450 personnes et réalise125 millions d’euros de CA, il ne fait aucun doute que l’on devrait dénombrer à terme au niveau national “4 à 5 gros acteurs bretons”. Avec un enjeu : réussir à positionner des marques “à caractère national”. Or, entre Traou Mad, Gavottes ou Whaou, elles ne sont pas encore légion. On remarque surtout beaucoup de marques intermédiaires – qui n’affichent pas une notoriété suffisante – et de MDD. Il est certain qu’au regard du contexte économique, on note plutôt une stagnation des marques au profit des "1ers prix" recherchés par le consommateur. “C’est bien simple : le défi pour une marque est de réussir à se positionner par la qualité mais aussi par sa gamme de produits. C’est pourquoi, au prochain Sial, nous allons présenter une ligne périphérique de nos Gavottes, avec 6 à 8 nouvelles références.” La biscuiterie génère à elle seule 65 millions d’euros de CA soit 50 % de l’activité et emploie 300 personnes. Petit au pays des gros ou gros au pays des petits ? Christian Tacquard est plus nuancé : “Un “petit” acteur” du secteur peut s’évaluer entre 15 à 20 millions d’euros de CA mais, avec une structure “courte” et des charges limitées, il peut réussir à se positionner via son niveau de contribution sur le marché. En revanche, quand une PME dépasse 50 millions d’euros, les choses changent. Vous devez absolument vous doter d’une structure commerciale offensive 14 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 – 30 personnes rien que pour nos marques Whaou et Lester – et envisager l’export (18 % de nos résultats en pâtisserie, 40 % rien que pour Les Gavottes).” C’est ainsi que de 600 tonnes de Gavottes produites en 1990, le groupe est passé à 2 800 aujourd’hui. Dont une partie part en Europe du Nord et périphérique mais aussi aux USA. Biscuiterie Louis Le Goff à Guiscriff (56) 6 mois pour développer une (bonne) recette sans sucre Avec une récente extension de près de 400 m2 et un CA en progression (NC), la Biscuiterie Louis Le Goff se développe depuis Guiscriff où elle emploie 19 salariés sur 3 000 m2. Georges Cadic, qui l’a reprise en 1994, a choisi de repositionner l’affaire sur le marché national des collectivités. En décidant de travailler “en direct” par le biais de grossistes, cet “industriel qui fabrique” s’est positionné sur les pâtes “jaunes” (madeleines et moelleux, carrés au chocolat… le tout en emballages individuels) qui séduisent enfants (écoles) mais aussi personnes âgées (foyers) et malades (hôpitaux) avec des produits éventuellement sans sucre. Soit un marché qui représente aujourd’hui 60 % des résultats de la biscuiterie qui travaille aussi pour le compte de la GMS via les deux plates-formes d’Intermarché au Grand-Fougeray (35) et près de Pontivy (56). Georges Cadic souligne comment les “affaires familiales dans le secteur de la biscuiterie se sont sérieusement réduites sous le coup de regroupements. Ce qui est à noter, c’est que ceux qui se lancent dans le métier sont plutôt suivistes. Ils n’innovent pas beaucoup. Tout le monde se retrouve sur la même gamme avec… plus ou moins de beurre dans les formulations. Et un peu plus de concurrence.” D’où la nécessité pour Karine Guidat, fille de Georges, de continuer à se différencier : “l’entrée de gamme ne nous intéresse pas. Nous sommes en revanche ouverts à tout sans aucune restriction au niveau des process avec beaucoup de R&D et d’essais menés en interne avec les pâtissiers. Pour les madeleines et moelleux, développer une recette sans sucre a pu nous prendre 6 mois.” Autre atout pour séduire : le tour de main qui fait toujours la différence pour dorer et mouler le gâteau bre- Pose des moules autour des galettes avant la cuisson à la biscuiterie Penven Biscuiterie Penven à Pont-Aven (29) Un actionnaire puissant pour se développer sur le haut de gamme Célèbre depuis 1890 avec sa recette d’une non moins connue galette de… (dont elle n’a plus le droit aujourd’hui de revendiquer la paternité), la biscuiterie Penven a été reprise il y a deux ans par le groupe Chancerelle de Douarnenez. “Un actionnaire puissant pour nous développer, se réjouit Christian Perrot, directeur, qui souligne un CA de 880 000 euros, multiplié par deux depuis 2006. Galettes fines et épaisses et gâteaux bretons, la biscuiterie s’appuie essentiellement sur un réseau d’épiceries fines (une trentaine de points de vente) et la VPC, “mais notre site va être remis au goût du jour avec une boutique en ligne. C’est vrai que le secteur évolue à une vitesse grand V”, reconnaît le directeur qui travaillait avant dans la sardine. “C’est un peu la course en avant pour tous les acteurs avec des regroupements – Les Gavottes reprises par Tacquard à Dinan ou Traou Mad qui appartient maintenant à un fonds d’investissements – destinés à affronter la GMS. Cela dit, ça n’est pas du tout notre créneau. Nous voulons rester sur le haut de gamme. Je n’exclus pas des opé- rations avec la GMS, mais locales avec Leclerc par exemple, et toujours ponctuelles. Imaginez que nous travaillons sur deux machines qui datent de 1920 ! Je parle volontiers de pâtissiersmécaniciens. Tout reste très manuel ici. Ce qui me fait doucement rire, c’est que tout le monde se dit “artisanal” alors que tout le monde ne l’est pas !” Avec 11 salariés, Christian Perrot sait aussi que “le problème, pour une entreprise, quelle que soit sa taille, c’est son développement. Avec un actionnaire puissant, on peut établir des plans pluriannuels. Normes d’hygiène importantes à revoir et nécessité de “grossir”, les enjeux ne manquent pas. Dans ce sens, cette rentrée, nous nous lançons sur un nouveau marché (encore confidentiel au moment de ces lignes) qu’une grosse entreprise ne pourrait envisager.” ACTUALITÉS ton : “en ne mécanisant pas, le goût est indéniablement meilleur”. Une exigence qui freine l’export. “J’ai fait une mission à Londres. Ils veulent de la qualité mais pas cher ! L’Espagne ou l’Italie ? Ce sont des bons et la législation est encore différente de celle en vigueur ici. Ils ont droit aux conservateurs par exemple. Alors que nous sommes plus naturels.” 15 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 Le kouign Amann traditionnel de la biscuiterie Marin-Coathalem ACTUALITÉS Biscuiterie Roc’hélou à Plouigneau (29) Au nom du bon et du bio 900 000 euros de CA en 2007 et 1,15 million cette année : créée en 1950 par son père, Roc’hélou est aujourd’hui dirigée par Jean-Paul Guillou. La biscuiterie Roc’hélou a pris le virage du bio en 1980, “bien avant les opportunistes, se réjouit le dirigeant rentré dans l’affaire en 1979. Un choix autant dicté par une conviction personnelle que par les perspectives économiques, je ne le cache pas. Avec 9 salariés, nous sommes une toute petite affaire. Les “gros” ont vite décidé de s’orienter vers la GMS. De notre côté, nous avons très vite opté pour le créneau de la qualité.” Intervenant pour la grande distribution sous MDD (pour deux enseignes gardées confidentielles) mais aussi pour le compte de grossistes nationaux qui diffusent ses produits notamment dans le réseau La Vie Claire, la biscuiterie a aussi développé sa marque Bio Roc’hélou que l’on trouve dans les biocoops. “Arômes naturels, farine bio, sucre, beurre, matières grasses végétales… Tous nos produits sont issus de l’agriculture biologique. D’où cahier des charges pour tous nos fournisseurs, une traçabilité en interne – d’un numéro de lot, nous remontons si besoin tout le réseau de la fabrication jusqu’au distributeur – et en amont : via une fiche de fabrication, on peut remonter jusqu’aux champs ! Très vite, nous avons tout anticipé, la traçabilité comme la comptabilité. Matières obligatoires pour nous : il s’agit de prouver que c’est bien du beurre bio que nous employons et pas autre chose.” Portée par son succès, l’entreprise doit gérer sa croissance. “Nous avions un outil quelque peu sous utilisé, aujourd’hui il tourne à 90 % ! Au printemps, nous avons dû mettre en place les 2X8 pendant 3 semaines en vue de rééquilibrer les flux avec 6 intérimaires recrutés pour l’occasion.” Désormais à l’étroit dans 1 980 m2, Roc’hélou se pose la question d’un déménagement. Biscuiterie Marin-Coathalem à Kerlaz (29) “Fauchon, Hédiart ? Non, merci.” “Le dernier des Mohicans !” C’est en ces termes que Marc Lamargue se présente volontiers avec humour. Au nom de quoi ? Votre Agence Locale partenaire de vos recrutements 16 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 “Tout simplement parce que nous fabriquons le Kouign Amann exactement de la même manière qu’il a été créé au détour des années 1860-65 et que le perpétuait déjà le prédécesseur de la biscuiterie, M. Marin qui, en épousant une “fille Coathalem”, a rebaptisé son affaire “Biscuiterie Marin-Coathalem” Avec son Kouign Amann du Pays de Douarnenez, Marc Lamargue se targue de fournir aujourd’hui 70 % des biscuiteries de Bretagne, “hors les “gros” tels que La Trinitaine ou la Biscuiterie de la Pointe du Raz”, soit 70 % de son CA (NC). “Un chiffre qui montait auparavant à 100 %. Aujourd’hui, les 30 % restants se distribuent entre le gâteau breton (22 %) et le 4/4. Même si je me réjouis d’avoir su tisser de vrais liens de confiance, voire d’amitié, avec ces biscuiteries, je ne veux pas me développer vers un seul client. Ce qui importe, c’est que beaucoup d’autres que moi ont essayé de les séduire mais ils continuent à nous faire confiance : ils se sont fait une image et nos produits, sous leur marque ou la nôtre, les aident à l’entretenir.” Farouche défenseur du “tout à la main et au rouleau”, Marc Lamargue se souvient encore comment, en 2001, alors qu’il reprend la biscuiterie “tout le monde a démissionné. Avec ma femme on s’y est donc mis à deux. Recruter n’est pas aisé. Il nous a fallu trois ans pour asseoir une bonne équipe. Maintenant, nous avons un bon noyau dur de 11 personnes, dont 4 saisonniers.” Distingué d’un “Coq d’or” et d’une “Marmite d’or” par la Confrérie gastronomique, “ancienne Cie royale des officiers de marine” qui œuvre à sauvegarder le bon goût, la biscuiterie est de plus en plus sollicitée par des épiceries fines mais aussi de grandes maisons telles Fauchon ou Hédiart. Des touches auxquelles le dirigeant ne donne pas suite : “Autant se lancer en GMS ! Si on veut assurer la qualité, on ne peut pas se lancer avec eux. Si j’avais voulu faire de l’argent, je me serais lancé dans la pâtisserie industrielle.” ■ Serge Marshall AU PREMIER SEMESTRE, LE BONUS ÉCOLOGIQUE A DOPÉ LE MARCHÉ DES PETITES VOITURES L’Ouest, un territoire sensible à la promotion Laurent Peyrat, directeur régional pour la région Ouest chez Renault “La mise en œuvre du bonus écologique en début d’année a coïncidé avec le lancement de nos petits modèles, Twingo II, nouveau Modus et Clio Estate. Cette mesure gouvernementale s’est accompagnée dans l’Ouest d’une performance commerciale sans précédent du réseau des agents Renault. Ils ont, de janvier à mai 2008, vendu 1 véhicule particulier sur 2. Sur le plan national, ce même réseau ne comptabilise que 4 ventes sur 10. Nous sommes aussi sur un territoire très sensible à la promotion et la proximité avec le client est essentielle”, détaille Laurent Peyrat, directeur régional chez Renault. Ces conditions favorables lui ont permis d’enregistrer sur les 5 premiers mois de l’année 8 200 commandes en plus par rapport à 2007 et de totaliser au cours de cette période 29 500 commandes tous modèles confondus. Parmi elles, 35 % reviennent à la Bretagne, 50 % à la Loire Atlantique et 15 % à la Basse Normandie. “A fin mai, poursuit Laurent Peyrat, nous avions progressé de 3 points pour atteindre 27,2 % de parts de marché quand le national en avait gagné 1,3 pour atteindre 26,2 % de parts de marché.” Ces bons résultats dans l’Ouest sont aussi directement liés à la politique d’investissements menée par le réseau des agents en lien avec la DR Renault depuis 2004-2005. Chaque année, en moyenne 50 nouveaux projets de construction ou grosse rénovation d’un montant moyen de 600 000 euros voient le jour. Pour l’heure, malgré une conjoncture difficile, le groupe s’apprête à commercialiser son modèle Laguna Coupé présent au Mondial de l’Automobile, le 4 octobre prochain à Paris. Suivront en novembre, la nouvelle Mégane Berline et dès le printemps 2009 les modèles Coupé et Scénic, toujours dans la gamme Mégane. ACTUALITÉS Avec un réseau de 838 agents répartis sur tout l’Ouest et des consommateurs à la recherche de véhicules qui consomment moins et qui bénéficient du bonus écologique, la direction régionale de Renault a enregistré sur les premiers mois de l’année des résultats en hausse. Véronique Maignant 17 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AILLEURS ACTUALITÉS ( TOULOUSE : PÔLE CANCER-BIO-SANTÉ QUESTIONS À JEAN-PIERRE SAINTOUIL, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU PÔLE “Faire avec les Basques, les Catalans … un super cluster bio” Il existe aujourd’hui 8 pôles de santé en France entre lesquels des relations étroites se sont tissées, pour des actions à l’international notamment, «sous l’impulsion de la direction générale des entreprises» dites-vous. En quoi cette initiative s’est-elle révélée payante pour tous ? Prenez le BIO, salon international des technologies qui se tient chaque année aux USA, à San Diego cette année, à Atlanta l’an prochain. C’est un congrès mondial qui attire 20 000 personnes ! Nous jouons la force groupée. Grâce à Ubifrance, nous disposons d’environ 500 m 2, avec néanmoins des stands individualisés. Cette cohabitation entre pôles nous a appris à travailler ensemble. Cela n’empêche pas des relations encore plus étroites entre certains pôles. Avec Lyonbiopôle et Alsace BioValley, nous avons ainsi des spécificités. Il y a un peu plus d’un an, en créant le Life Science Corridor France, nous avons décidé de travailler ensemble. Enjeu : contacter, en vue de signer des accords de partenariats, de grands clusters internationaux, chaque pôle s’occupant d’une région au bénéfice des trois. Des synergies peuvent donc se mettre en place, avec des territoires de prédilection parfois : je travaille depuis plus de 10 ans avec le Japon, pays délicat à aborder. En février dernier, nous avons signé des accords de partenariat avec Osaka et Kobé. De son côté, en juillet, Lyon a très bien avancé avec Boston, l’un des premiers pôles au monde créé il y a 30 ans, et des négociations sont en cours, via Strasbourg, avec San Diego et Québec. La suite consiste à donner du contenu et à jeter des ponts entre nos PME et les leurs. Que pensez-vous de la réflexion de l’Etat qui souhaite réduire le nombre de pôles dans l’hexagone sous prétexte que “trop de pôles tuent les pôles” en termes de doublons et de lisibilité à l’international ? Evacuons d’emblée un malentendu : en ce qui concerne la santé, il n’existe que 8 pôles en France. Le Japon en a largement autant et, indépendamment de sa taille, un territoire comme les USA en a partout, de Boston à San Francisco en passant par des villes moins importantes. Mais c’est une question importante. Du temps où je travaillais à l’Institut Pasteur et chez Sanofi au service de transfert des techno- 18 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 logies, alors que nous étions sur un seul campus, j’avais déjà noté qu’entre le CNRS et l’Inserm, la communication n’était pas toujours fluide entre les chercheurs. Donc, tout concentrer sur un seul pôle Santé en France s’accompagnerait des mêmes problèmes : on ne pourra jamais déménager toutes les PME du secteur et les laboratoires au même endroit ! Je défends donc la proximité avec des pôles au plus près des clients, en vue de faciliter l’accélération de l’innovation. Nous-mêmes, nous sommes à cheval entre Midi Pyrénées et le Limousin. Quant à la lisibilité, il s’agit de mener des actions concertées. Je pense à deux autres de nos collaborations : avec Prod’Innov en Aquitaine et, près de nous, avec Orphem en LanguedocRoussillon. Notre idée ? Faire avec les Basques, les Catalans, les Baléares… un super cluster bio. Depuis 2006, 60 projets ont été labellisés au départ de votre pôle dont 31 financés par les fonds publics… à raison de 12 millions d’euros. Autrement dit, peu pour chacun. C’est pour compléter la “manne” publique que vous mettez actuellement “en route” un Club des investisseurs privés ? Une fois Pierre Fabre et Aventis mis de côté, nous sommes plutôt un pôle de PME et TPE avec cette question : comment faire naître les projets ? Le problème du financement pour une entreprise reste préoccupant : pour prétendre à une demande de subventions, elle doit justifier de la même somme en capitaux déjà disponibles. C’est donc ici que ce Club a un rôle à jouer avec une première rencontre en octobre. Dans le cadre de la loi Tepa1, nous avons sollicité des partenaires en variant volontairement les profils : banques, capital-risque, fondations, business-angels assujettis à l’ISF… Nous sommes là pour trier et labelliser des projets et nous leur proposons de se mettre autour d’une table, sans aucune obligation d’investir. Pas de cagnotte ! Ils conservent leur liberté et appliquent leurs critères d’évaluation. ■ Propos recueillis par Serge Marshall 1 Défiscalisation de fonds investis à hauteur de 75 % de 50 000 euros investis dans des entreprises innovantes ■ Plus de 600 pharmacies pour Science & Mer. Avec une centaine de salariés répartis entre son site de production breton (Le Relecq-Kerhuon/29) et Paris (marketing et commercialisation), le laboratoire (fournisseur et fabricant de produits cosmétiques marins) connaît une croissance à deux chiffres : avec 10 millions d’euros de CA, le laboratoire créé par Christine Bodeau fournit aujourd’hui 55 établissements de thalasso, “soit 85 % de l’ensemble du marché de la thalasso”, souligne celle qui est aussi responsable de la R&D. “Nous les approvisionnons en dizaines de tonnes de produits par an à des fins de consommation diverses (enveloppements d’algues et autres protocoles…). Nous avons eu aussi très vite une idée marketing : leur proposer des produits de petite et moyenne gammes élaborés avec rigueur dans la qualité des produits et le packaging, sous leur propre marque.” Une idée depuis reprise par S&M pour son compte. “Nous lançons en pharmacie une gamme de 20 produits cosmétiques sous notre marque. Nous en sommes déjà à 610 pharmacies qui nous référencent. Objectif à terme : de deux à trois mille.” Contact : 02 98 28 34 29 ■ Créé en 1997, Ici Bio (Binic-22) s’est très vite positionné “du côté des services aux laboratoires spécialisés en biologie moléculaire pour des technologies transversales : diagnostics, IAA, pharmaceutique…” explique Françoise Bonici. Pertinence d’Ici Bio : “une recherche complète d’informations et rédaction de synthèses” au profit d’une vingtaine de clients en France mais aussi à l’étranger. Venue de l’industrie, la dirigeante s’attelle à la recherche d’antériorité : “une entreprise ne peut breveter ce qui a déjà fait l’objet de publications, qu’il s’agisse de revues scientifiques ou de présentations lors de colloques, séminaires… Je fais donc pour le compte de mes clients des recherches approfondies, via des bases de données pour repérer toute antériorité et attaquer les dépôts de brevets… “bidons”. Mener une recherche exhaustive demande énormément de temps.” Travail qu’Ici Bio réussit à mener en collaboration avec des cabinets juridiques à qui elle apporte “sa marque qualitative” en biologie moléculaire. Contact : 02 96 73 33 03 Françoise Bonici, Ici Bio ACTUALITÉS DÉVELOPPEMENT 19 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 BRETAGNE EN RÉSEAU ACTUALITÉS AGENDA ■ 26 septembre, débat public sur le transport de marchandises en Bretagne, Maison du Champ de Mars à Rennes Contact : 02 99 85 79 97 ■ Forum du E-commerce le 29 septembre au Ponant à Pacé (35) Contact : www.les-forums-duecommerce.com ■ 1er forum “Ecodeveloppement” les 1er et 2 octobre au parc des expositions Chorus de Vannes Contact : 02 97 46 41 41 ■ Congrès Agrofood, les 9 et 10 octobre sur l’agro-campus de Rennes Contact : 02 23 48 59 64 ■ Sea Techweek, du 13 au 17 octobre au Quartz de Brest Contact : 02 98 33 52 49 ■ Salon easyFairs Franchise les 16 et 17 octobre Parc expo de Rennes Contact : 01 46 02 61 51 ■ Technotrans salon professionnel du transport routier du 16 au 18 octobre parc des expos de la Beaujoire à Nantes Contact : 02 40 52 08 11 ■ 18 octobre salon Trans’Artisans à l’IUP de Vannes www.trans-artisans.com ■ Le SIAL aura lieu du 19 au 23 octobre à Paris Nord Villepinte www.sial.fr ■ 29 et 30 octobre Sommet mondial des Régions sur le changement climatique à Saint-Malo Contact : 02 99 27 13 54 20 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 bio ( Destrès paniers convoités LES JARDINS DE COCAGNE, DES CHANTIERS POUR REDÉMARRER DANS LA VIE Les Jardins de Cocagne sont des jardins maraîchers biologiques nés dans les années 1990, à vocation d’insertion sociale et professionnelle. Actuellement, le réseau breton compte 4 jardins. Deux projets sont en cours. La démarche des adhérents est principalement citoyenne. Avec 16 jardiniers volontaires, comme elle aime à les appeler, Marie-Hélène Guitton dirige les Jardins du Pays de Dinan depuis octobre 2006, date de sa création. Issue du monde de l’entreprise et soutenue dans sa démarche par Bretagne Entreprendre, elle prévient d’emblée : “oui, la priorité des jardins est l’insertion, mais c’est l’activité économique qui nous permet de structurer les personnes et de les tirer par le haut. Ici, on ne fait pas semblant. On doit arriver à un niveau de production capable de satisfaire nos 200 adhérents qui, chaque semaine, viennent récupérer sur place leur panier de légumes à 7 ou 12 euros.” Pour ce faire, cette dirigeante emploie deux maraichers professionnels, “encadrants” dotés d’une vraie ouverture d’esprit pour former des personnes qui, à 70 %, n’ont pas travaillé depuis 8 ans. “Par choix de ma part, tout le travail social se fait à l’extérieur avec des référents sociaux pour chaque jardinier. Ces derniers me sont adressés par l’ANPE. En tant qu’entreprise d’insertion, notre travail consiste à détecter, voire à déclencher des aptitudes et des compétences transposables à d’autres domaines d’activité. Les jardiniers volontaires restent au maximum 2 ans chez nous avec des contrats de 6 mois renouvelables. Dans certains cas, le travail permet aussi de détecter des handicaps. Ils changent alors de statut, explique MarieHélène Guitton. Selon elle, le maraîchage fait appel à de nombreuses compétences : observation, dextérité, conduite (le tracteur), rigueur (semences), minutie (manipu- lation des plants) et assiduité. “Nous avons une quarantaine d’adhérents sur liste d’attente mais avec 4 hectares, il nous est difficile de faire plus de volume. La priorité est la réinsertion de nos jardiniers.” “On progresse en partageant” La force des Jardins de Cocagne est de participer à une dynamique de réseau tant au niveau régional que national. Avec un budget dépendant à 70 % d’aides publiques, les Jardins de Cocagne ont acquis reconnaissance et confiance auprès de la Direction du travail et de l’ANPE. Deux projets sont en cours dans le Finistère et le Morbihan. Au-delà du réseau national, les 4 jardins bretons ont créé leur propre réseau et pris l’habitude de se réunir régulièrement. “En matière de formation, de système d’évaluation des compétences, de gestion de plants de culture ou d’ingénierie, le travail en réseau est essentiel”, explique Philippe Salvin, coordinateur du Jardin de Prélude à Brest. Avec 115 adhérents et 2 encadrants, ce chantier d’insertion emploie 12 jardiniers en insertion depuis 2004. “Avec 5 hectares de terres cultivables, poursuit-il, nous n’arrivons pas à satisfaire la demande, notamment celle émanant des crèches et des écoles. C’est pourquoi, prochainement, nous devrions recevoir 1 hectare supplémentaire de la communauté de communes de Brest et ainsi développer notre CA qui constitue à peine 20 % de notre budget total.” Le financement des Le Jardin du Breil (35), le plus ancien en Bretagne, compte 300 adhérents Autre jardin, celui du Breil, créé en 1997, disposant de 5,6 hectares à Rennes et dirigé par Patrick Blot : “c’est un chantier d’insertion comme tous les jardins du réseau Cocagne. Nous accompagnons 18 salariés à l’année sous contrat d’avenir. Ils effectuent 26 heures hebdomadaires. Rmistes, ces personnes sont en majorité des hommes, nous n’avons accueilli que 30 % de femmes en 2007.” Comme à Dinan, 2 "encadrants" techniques travaillent à temps plein pour assurer, chaque semaine, la livraison de 300 paniers composés de 5 légumes et complétés si besoin par du pain et des produits laitiers bio. Ils sont ainsi 295 adhérents à venir chercher leur panier dans l’un des 25 dépôts mis en place dans un rayon de 30 km autour de Rennes. Au Jardin du Breil travaille éga- 12 jardiniers travaillent sur les 5 hectares du Jardin de Prélude à Brest ACTUALITÉS jardins est différent selon les départements et varie selon l’interprétation qu’en font les directions du travail en place. A Brest, “on nous incite à développer la vente des paniers et accroître notre part d’autofinancement. La barre des 30 % peut être dépassée.” Mais pour Philippe Salvin, comme pour les autres responsables de jardins, c’est la sortie positive et durable des jardiniers qui prime. “A l’avenir, je souhaiterais mettre en place des partenariats avec des organismes de formation pour nos salariés en insertion. On leur apprend les gestes techniques mais ils pourraient recevoir une formation théorique débouchant sur une formation professionnalisante ou mieux encore diplômante.” lement un encadrant socio professionnel : “on peut être exigeant, avoir une rentabilité au mieux tout en accompagnant sociologiquement les personnes. Un chantier d’insertion ne peut fonctionner que si l’économique tient la route”. Le CA s’élève à 93 000 euros pour un budget total de 400 000 euros. Selon Patrick Blot, “il ne peut dépasser 30 % de la totalité des produits qui rentrent dans la structure pour ne pas concurrencer les maraîchers bio.” Ici aussi, des adhérents sont sur liste d’attente faute de terrains mais surtout de motivation politique. ■ Véronique Maignant 21 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ACTUALITÉS DEVELOPPEMENT ■ 25 millions d’euros de CA attendus par Imbretex contre 20 millions d’euros en 2007. “Avec la reprise de la licence Pen Duick (fabrication et distribution), l’entreprise, connue pour distribuer dans l’hexagone via des généralistes ou le réseau Intersport des marques encore peu ou pas du tout connues, continue à se positionner sur deux marchés : “le vêtement promotionnel et d’entreprise, 99 % de nos résultats… et les lignes pour le particulier, soit 1 % de notre chiffre” explique Erwann Moreau, Pdg de la PME (Guengat-29). “C’est indéniable, la marque Pen Duick va nous aider à nous positionner avec une quarantaine de produits, du polo à la veste, sur le vêtement marin de style urbain, à différencier du vêtement technique. Nous sommes un peu plus dans la tendance d’une marque comme Aigle pour une distribution en boutiques, hyper et coopératives maritimes et agricoles.” Une montée en puissance qui oblige la PME à externaliser son stockage. Elle entend aussi travailler son export où son chif- 22 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 fre est encore modeste en Allemagne avant “d’ouvrir l’Angleterre en 2009. Nous comptons une vingtaine de clients dans 15 pays à ce jour.” Contact : 02 98 91 08 08 ■ Artefacto s’implante à Lyon. Société rennaise spécialisée dans la production de contenus 3D, multimédia et audiovisuel, Artefacto vient d’ouvrir une agence à Lyon afin de se rapprocher de certains de ses clients et développer son activité ainsi que celle de sa filiale de production Bilboquet basée à Rennes. Cette implantation lyonnaise s’explique aussi par la synergie des thématiques de travail avec le pôle de compétitivité Imaginove ainsi que par le lancement d’une émission jeunesse sur la chaîne câblée Cap Canal qui diffuse en région Rhône Alpes. Artefacto participe depuis plusieurs années à de nombreux projets collaboratifs dans le domaine de la R&D en partenariat avec le pôle de compétitivité mondial Images & réseaux. Créée en 1998 par Valérie Cottereau, Artefacto a récemment fêté ses 10 années d’existence. Avec Bilboquet, elle compte à ce jour une quarantaine d’employés qui seront rejoints par trois nouveaux collaborateurs basés à Lyon. L’entreprise adresse les secteurs de l’urbanisme, du transport, du design industriel et de la muséographie, et a généré en 2007 un chiffre d’Affaires de 1,5 millions d’euros. Contact : 02 23 46 46 64 Une nouvelle vie pour les déchets du bâtiment ports et les volumes traités, aucun concasseur ne se déplace pour moins de 8 000 tonnes. Je voulais un matériel qui entre dans la benne du camion, me permette de me déplacer rapidement sur les chantiers et de me mettre au travail en 25 minutes”. Sa cible : le marché des 300 à 3 000 tonnes, ces “petites” quantités qui ne permettent aucune solution économique de recyclage. “Nous avons réalisé qu’on ne propose aucune solution aux PME de travaux publics pour gérer ces déchets, constate Sonia Bouget, qui a suivi son mari dans l’aventure. Comme leurs camions ne peuvent accéder aux déchetteries, ils enfouissent au mieux.” ENTREPRISES VALOR ENVIRONNEMENT VALORISE LES GRAVATS Des solutions pour tous Pendant un an, le couple affronte une épuisante succession de négociations, en quête de solutions de financement et surtout de LA machine qui répondra à son projet. Mais Mathieu est pugnace et confiant. “Après une première déception retardant notre lancement, il aura fallu 4 mois à passer des heures sur Internet avant de trouver un appareil adapté… en Italie !” se souvient Sonia. Aussitôt, Mathieu se rend en Italie et fait réaliser par le fabricant les modifications nécessaires. Lui sur les chantiers, elle à l’administratif et au commercial, ils sont fermement décidés à faire valoir l’intérêt économique et écologique de leur activité auprès des chefs d’entreprise encore dubitatifs. Déjà, les premiers démarchages les ont conduits à envisager un nouveau service : “De nombreux clients ont de trop faibles quantités pour qu’elles soient retraitées sur leur chantier à un coût acceptable (moins de 300 tonnes), précise Sonia. Ils nous demandent, à nous qui venons à peine de démarrer, de leur trouver des solutions !” Elle sera bientôt en œuvre : les camions des entrepreneurs viendront déposer sur le site de Valor Environnement leurs déchets qui seront concassés sur place, permettant aux camions de repartir avec leurs granulats… Le couple compte donc voir l’entreprise prendre son essor rapidement : “on est en plein dans cette problématique environnementale qui commence à inquiéter les entreprises et les communes. Si le président de la Fédération de Bretagne du bâtiment se déplace pour voir comment nous fonctionnons, c’est le signe qu’il y a des interrogations. Mais il faut le temps de démarrer…” Sonia et Mathieu Bouget ont trouvé en Italie le concasseur adapté à leur projet Depuis le 1er avril dernier, sur les bords de la RN 12 à hauteur de Pedernec (22), un nouveau bâtiment abrite un service jusque-là inédit dans le secteur : la valorisation des déchets inertes pour les PME de travaux publics. Rien n’aurait pu empêcher Mathieu Bouget de créer son entreprise, lui qui, à 20 ans à peine, achetait son premier tractopelle afin de pouvoir se mettre à son compte, aussitôt son BTS de mécanique/travaux publics en poche. Au bout de 4 ans, il intègre l’entreprise familiale de travaux publics, dans la perspective d’une reprise. Mais très vite, il remarque des incohérences qui le feront dévier de sa route : “Les déchets étaient envoyés en décharge et nous devions racheter des granulats aussitôt après… c’était complètement illogique !” L’idée première : acheter un concasseur afin que l’entreprise valorise ses matériaux de démolition. Or, cela s’avère rapidement un investissement trop lourd (205 000 euros) pour une PME. La solution ? Quitter l’entreprise parentale et se lancer dans sa propre affaire de revalorisation de déchets inertes, en proposant une solution innovante. “Si nous nous étions orientés vers un concasseur classique, comme cela se fait habituellement, nous aurions été soumis aux contraintes du convoi exceptionnel. De plus, étant donné le coût de ces trans- ■ Véronique Rolland 23 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 HARRIS-BRIOCHIN MISE SUR LA VALEUR AJOUTÉE ENTREPRISES Allumer le feu ! Lancer un à deux nouveaux produits par an, se démarquer de la concurrence par une offre qualitative et spécifique basée sur l’innovation… Autant de critères décisifs et inaliénables caractérisant la société Harris-Briochin. Pas seulement un choix, également une question de pérennité. On peut dire qu’entre 1998 -date à laquelle Jacques Defontaine achète la société- et 2008, Harris-Briochin a profondemment muté. Derrière sa façade industrielle de la ZAC des GrandsChamps à Yffiniac (22), 1,6 million de bidons sont produits chaque année. D’un côté, la marque Harris et sa gamme d’allume-feux et de nettoyants pour inserts et barbecues ; de l’autre la marque Briochin et ses produits ménagers, le tout vendu en GMS. “Harris a toujours été et reste la locomotive de l’entreprise, remarque Jacques Defontaine. Elle nous place au second rang du marché national dans cette catégorie”. Leader en ce qui concerne la gamme des produits naturels, Harris a été la première à se lancer sur le marché des allume-feux sans odeur. Par cet exemple, elle confirme la vocation des deux marques : innover. Indispensable face au marché très concurrentiel des produits ménagers, surtout pour se faire une place parmi les géants du secteur. “Nous avons réalisé un énorme travail de fond avec Briochin, poursuit Jacques Defontaine. Il fallait faire comprendre aux distributeurs et aux consommateurs que nos produits sont très différents et qualitatifs. Ce n’est pas évident, d’autant que nous sommes en moyenne à 15 ou 20 % au-dessus de la marque leader en termes de prix”. Assis à son bureau, il le martèle à l’envi à ses 21 salariés : pas question de proposer un produit qui existe déjà sur le marché. Le produit multi-usages ? Sans intérêt non plus. L’objectif est de proposer en GMS alimentaire la qualité et la technicité des drogueries spécialisées et des grandes surfaces de bricolage, soit des produits adaptés à des usages et des matériaux spécifiques. Se démarquer pour fidéliser “Quand on cherche à lancer un nouveau produit, on se pose deux questions, indique Florent Coeffec, le chef produits. Qu’est-ce qui n’existe pas sur le marché que nous pourrions faire ? Que peut24 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 on faire de mieux ? On ne lance pas un produit si on n’est pas certains d’être au-dessus du lot qualitativement”. Et pour confirmer la bonne direction, des enquêtes qualitatives et quantitatives représentent des outils de choix. C’est l’une d’elles qui a permis à Briochin de sortir de nouveaux packs en avril dernier, avec une nouvelle chartre graphique plus lisible. “Nous avons réalisé que nous donnions trop de conseils, constate Florent Coeffec. Aussi, pour mettre un coup d’accélérateur à la marque et la rendre plus visible en rayon, nous avons simplifié l’information”. Nouveau package, nouvelles gammes, nouvelle politique… Désormais, Briochin doit conforter son assise comme a su le faire Harris. Une question de temps, afin que les produits s’installent, et qui laisse entrevoir l’avenir avec confiance : “Nos produits fonctionnent beaucoup par le bouche à oreille et s’imposent doucement, remarque le chef produits. C’est plus long que pour une grande marque, mais c’est aussi beaucoup plus stable”. Un fait confirmé par le site internet de la marque, qui cumule une base de près de 1 000 clients et occasionne 500 à 600 commandes par an. Avec une progression du chiffre d’affaires d’environ 13 % par an ces deux dernières années (9 millions d’euros en 2007), Harris-Briochin grignote tranquillement des parts de marché. Mais son panier est loin d’être rempli et son dirigeant laisse à penser qu’il prépare de nouvelles cartouches ! ■ Véronique Rolland GH DIFFUSION EMBALLAGE RÉPOND AUX BESOINS DE L’INDUSTRIE DES PLATS PRÉPARÉS EN FRANCE Installée à La Guerche-de-Bretagne (35), la PME se développe à la fois sur le négoce d’emballages industriels et la diffusion de conditionnements destinés à l’industrie des plats cuisinés. Dans un peu plus d’un mois, les concurrents du Vendée Globe 2008 s’élanceront du port des Sables d’Olonne. Sur la ligne de départ, le skipper Yannick Bestaven prendra les commandes du “Cervin-Enr”, un bateau dont les colles et adhésifs pour le montage des composites intérieurs ont été fournis par GH Diffusion Emballage. Une intervention en marge de l’activité de la PME guerchaise, mais emblématique de la démarche d’Hervé Pelhâte, son fondateur. “Je suis curieux de toutes les innovations”, reconnaît le dirigeant qui a créé sa structure en 2000. “Après dix ans passés dans le monde de l’emballage (distribution, impression, logistique…), j’ai constaté que son évolution passait par davantage de services et l’adaptation des produits (coût, manipulation, stockage, délai de livraison). Conseillé par Gilles Orhand, dirigeant de SCO à La Guerche, je me suis lancé sur ce créneau”. Hervé Pelhâte commence par monter une activité de négoce d’emballages toutes industries, “avec la volonté de trouver la meilleure réponse à la demande du client.” D’emblée, il se positionne sur l’innovation. En s’appuyant sur ses connaissances et son réseau de fabricants, il définit un cahier des charges, recherche les fournisseurs avec qui il adapte le produit, démarre la production, parfois dans l’atelier où il a conçu une machine originale …tout en assurant le commercial, l’administration des ventes, voire même les livraisons. Aujourd’hui, l’entreprise compte neuf personnes, aux fonctions plus définies même si son dirigeant n’a pas totalement renoncé à sa vocation d’homme-orchestre. De la caisse carton au film à bulle En 2003, Hervé Pelhâte rencontre Traiteur de Paris qui le sollicite pour définir de nouveaux emballages pour des petits fours industriels haut de gamme : “cette demande m’a amené à prendre une nouvelle direction”. Cette activité représente aujourd’hui 50 % du chiffre d’affaires et répond aux besoins de l’industrie des plats préparés sur la France entière. La recherche est permanente : il faut étudier les matériaux, les modes de découpe, les procédés d’assemblage. GH diffusion Emballage travaille en réseau avec Breizpack, les laboratoires, les industriels, mais aussi avec des chefs de cuisine comme les enseignants du lycée hôtelier de La Guerche. Par exemple, l’un des prochains conditionnements devrait être une barquette en pure pâte de cellulose associée à un contrecollé polyester capable de supporter aussi bien la surgélation que la cuisson, au micro-ondes comme au four traditionnel. Ou encore une barquette étanche pour les Fromageries Bordier. Ils devront répondre à un souci de plus en plus présent : celui du développement durable : “La nouvelle barquette doit être entièrement recyclable et favoriser les approvisionnements locaux”. Ainsi, pourquoi aller chercher la cellulose des arbres scandinaves et ne pas tenter d’utiliser les ressources locales, comme les fibres de lin ou les algues.La démarche d’innovation semble payante : depuis l’origine, le chiffre d’affaires connaît une progression régulière (de 700 000 euros en 2004-2005 à 2,1 millions d’euros pour l’exercice 2007-2008). De quoi nourrir de nouvelles ambitions : “GH Diffusion Emballage est à une charnière dans son développement : il faut maintenant choisir entre renforcer l’outil de production ou le bureau d’études”. ENTREPRISES L’innovation, ça l’emballe ! “sur dix prototypes, deux sont retenus au final” ■ Clotilde Chéron 25 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-26 1/09/08 12:27 Page 26 DOSSIER L’INFORMATIQUE EMBARQUÉE Un marc en plein bouillonne 26 AI1727-27 1/09/08 12:46 Page 27 rché nement Quel est le point commun entre une carte de crédit, un chariot de convoyage téléguidé, un lecteur de code-barres d’une caisse enregistreuse ou une machine à laver ? L’informatique embarquée ! Applications variées, implication de tous les domaines industriels, en l’attente de standards internationaux, la place est largement ouverte aux créateurs d’entreprise qui disposent en Bretagne d’un terreau fertile. omme l’explique Gérard Baubau, délégué à la Meito pour l’électronique et les TIC, “l’embarqué” recouvre à la fois les logiciels et les systèmes embarqués, “de façon à répondre à la demande de mobilité immédiate et permanente, au besoin d’être raccordé à son environnement”. Les systèmes et logiciels embarqués jouent un rôle majeur dans la quasi intégralité des secteurs industriels, de l’aéronautique aux cartes à puces, du transport au bâtiment ou aux loisirs. On estime ce marché à 4 milliards d’euros, en croissance de 15 % l’an, de quatre fois supérieure à celle du PIB. Une performance à comparer avec le secteur de l’informatique qui connaît une progression de “seulement” 7 %. Deux exemples illustrent ces propos. Pour Jean-Alain Le Floch, directeur de Lagassé Technologies à Douarnenez, “les produits de sécurité (comme le bracelet de surveillance pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer) répondent à une préoccupation sociétale croissante, notamment dans le domaine de la santé publique”. Autre secteur, l’automobile : “la part de l’électronique embarquée dans le coût total d’une voiture, qui atteignait 25 % en 2002, sera de 35 % en 2010 et de 40 % en 2015. Ce qui implique de trouver en permanence de nouvelles propositions pour assurer la fiabilité, la réduction de la consommation C 27 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-28 1/09/08 13:05 Page 28 DOSSIER L’embarqué est particulièrement prometteur dans le secteur de la santé (ici, bracelet de surveillance développé par Lagassé Technologies) électrique, la possibilité de combiner plusieurs fonctions au sein d’un même calculateur”, explique à son tour Daniel Thouroude, responsable de l’IETR (Institut d’électronique et des télécommunications de Rennes). Les positions sont ouvertes L’industrie du logiciel embarqué est en effet une industrie jeune au sein de laquelle de nombreuses positions sont encore ouvertes, indique Syntec Informatique (Chambre syndicale des SSII, éditeurs de logiciels et sociétés de conseil). Contrairement à l’industrie du logiciel traditionnel, les grands groupes industriels y jouent encore un rôle déterminant. La France, et notamment l’Ouest, dispose, grâce à l’existence d’acteurs industriels de taille mondiale et de laboratoires de recherche de pointe, d’atouts importants dans ce domaine. Citons Thales, Thomson, Alsthom, Airbus, les constructeurs automobiles, la DCN, Schneider électrique… “C’est à travers les pôles de compétitivité que le gouvernement a réalisé que le secteur de l’électronique embarquée était un secteur à part entière car nombreux sont les projets qui développent des innovations supportées par l’électronique”, remarque Marc Frouin, PDG de Geensys, société brestoise opérant dans le secteur de l’ingénierie et des services appliqués aux systèmes embarqués dans les domaines du transport et de l’énergie. Dans ce contexte, assurer la pérennité des outils utilisés, développer des standards afin de réduire les coûts et ouvrir pleinement les marchés aux applications innovantes, améliorer les cycles de développement et de test revêt une importance toute particulière. Le logiciel embarqué est au cœur même de l’ensemble des grandes innovations produits des années à venir. Ce qui justifie le lancement de programmes transversaux comme Cap’Tronic porté par le ministère de l’Industrie et ses applications comme Opase, Ouest plate-forme automobile systèmes embarqués, pour mettre en commun des outils de tests, de validation et de prototypage au service des constructeurs et de leurs sous-traitants. Un puzzle d’initiatives Nombreuses aussi sont les initiatives, notamment en Bretagne, d’un puzzle de PME intervenant sur des niches et opérant d’entrée sur un marché global. Par exemple, Medria à Chateaugiron 28 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 (35), lauréat du ministère de la Recherche en 2005 pour son système de surveillance des bovins. Issu d’une famille d’exploitants agricoles, ingénieur télécom attaché pendant 11 ans à un grand groupe, Jean-Pierre Lemonnier a défini une plateforme pour le suivi et le contrôle des activités de production appliquée à l’élevage : “en faisant ingérer à l’animal un capteur capable de mesurer certains indicateurs comme la température ou le rythme cardiaque, on réalise un lien électronique entre le bovin et le système d’information par voie radio. En consultant l’ordinateur ou le téléphone portable, l’exploitant lit, comme à livre ouvert, les indicateurs de santé, de reproduction, de performance”. Premier au monde à développer ce système de monitoring, Medria, créée en 2004, emploie maintenant 16 personnes et comptera 25 salariés en 2009. Et Jean-Pierre Lemonnier de souligner la qualité des réseaux bretons : “il faut de bonnes chaussures pour créer une entreprise (en termes de qualifications, de réactivité, d’opportunités,…). Normand et Parisien, je suis venu en Bretagne car les réseaux d’entreprises et de laboratoires sont actifs. C’est aux interfaces des métiers et des savoir-faire qu’on crée de la valeur”. L’international tout de suite Installé à Guidel (56), Kannad est fabricant de balises de détresse connectées à des systèmes de secours, “commercialisés d’office sur un marché international, dans 70 pays, Amérique, Australie, Europe, grâce à un réseau de distribution et de maintenance assurant la proximité avec le client”, développe Sébastien Guitton, directeur marketing et commercial. Depuis septembre 2007, la société s’est spécialisée sur la R&D et sous-traite en France la fabrication : “en plus des difficultés liées à la parité euro/dollar, c’est la course à l’innovation permanente. Il faut jouer sur tous les paramètres (design, ergonomie, durée de vie, maintenance…). La Bretagne nous permet de nouer des partenariats fructueux avec des laboratoires et des universités et de participer, via les pôles, à des projets européens”. A Rennes, Kerlink “fournit depuis 2004 des solutions pour interconnecter des équipements distants avec le système d’information d’une entreprise ou d’une organisation. Ces équipements peuvent être fixes (compteurs d’énergie, parcmètres, …) ou mobiles (véhicules de transport de biens ou de personnes), explique William Gouesbet, directeur général. Par exemple, chez Cityroul (location de véhicule en libre-service sur Internet sur abonnement avec un badge), nous fournissons le boîtier et le service de gestion des abonnements sur le site : cryptage des données, exploitation, maintenance.” Issue d’une société parisienne qui avait implanté sa R&D à Rennes, Kerlink emploie 17 personnes Kannad est spécialisé dans les balises de détresse connectées à des systèmes de secours AI1727-29 1/09/08 12:29 Page 29 CAMKA SYSTEM À QUEVEN (56) EN RECHERCHE PERMANENTE DE MULTIFONCTIONNALITÉS Champion de la télémaintenance pour un chiffre d’affaires qui est passé d’un million en 2007 à deux millions d’euros en 2008. “Nous avons été accompagnés par la technopôle qui nous a mis en relation avec les experts dont nous manquions pour la gestion financière, le marketing, la promotion de l’offre, le juridique… Le vrai levier de développement, ce sont nos partenaires, ce sont eux qui vont nous ouvrir les marchés européens.” Une offre à géométrie variable Créée en 2003 par six ingénieurs venant de Thales Microelectronics, “Atlantic RF est spécialisée dans l’étude, le avec les utilisateurs pour une meilleure réactivité. Il existe au monde moins de 10 sociétés de télé-expertise, c’est un marché émergent, boosté par la hausse du carburant et la pénurie de techniciens. Pour démarrer, il fallait un financement, une crédibilité, une logistique. Nous nous sommes appuyés sur les structures régionales comme Bretagne International, Oséo, les pôles de compétitivité. Nous avons appris de façon empirique le marketing de l’innovation : pour bâtir une stratégie, il faut nous faire connaître, avoir un positionnement, faire preuve de créativité pour concilier les aspects innovation et prix. La recherche de multifonctionnalités reste permanente.” SDIS 29 - Marins Pompiers Brest - Préfecture maritime Brest - Innovadys - Alcatel Lucent - Camka System - Technopole Brest Iroise “La pierre d’achoppement, c’est Intervention à distance d’un sapeurle lancement commercial d’un pompier sur l’Abeille Bourbon produit pas connu du marché”, explique Pierre Couëdelo, PDG de Camka. Au croisement de l’informatique, de l’électronique et de la vidéo, Camka System permet à un expert de faire réaliser à distance des opérations de maintenance, sans se déplacer, par un intervenant présent sur site (pompier, urgentiste, agent de sécurité). Présente sur les marchés internationaux (USA, Suisse, Italie, Algérie, Emirats Arabes Unis, Turquie, Arabie Saoudite, etc), Camka est issue d’une entreprise de maintenance industrielle qui voulait disposer d’un outil d’interven- la production étant confiée en soustion à distance. Depuis deux ans, l’ac- traitance à la société d’origine. “Nous tivité de R&D a pris son indépendance, produisons des petites séries, en lien développement, la fabrication et la commercialisation de produits et services électroniques dans les domaines des radiofréquences, précise Mokrane Yaker. La société (basée à Etrelles - 35) s’est positionnée sur trois marchés : la télémesure et le télé-relevé de compteurs d’eau et gaz pour Véolia, Suez et Actaris (70 % d’un CA de 8,8 millions d’euros), la géo-localisation de détresse par satellite (20 % du CA) et le suivi de contenants industriels pour une gestion automatisée de ces stocks. Loin de vouloir délocaliser, nous allons réintégrer une partie de la production en investissant 3 millions d’euros dans des machines nous permettant de répondre à une montée en volume”. “Pragmatique”, Atlantic RF se démarque par “une 29 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-30 1/09/08 12:29 Page 30 Mo àd du (At Bal par AI1727-31 1/09/08 12:30 Page 31 IDIL À LANNION S’APPUIE SUR LES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ Entre 10 et 20% de croissance par an Créée en 1995 par Patrice Le Boudec à Lannion, Idil a su tirer son épingle du jeu grâce à une double stratégie : associer création de nouveaux produits et distribution de produits existants, et s’intégrer aux pôles de compétitivité. Aujourd’hui, elle emploie 14 personnes et dispose d’un bureau commercial à Paris. Son chiffre d’affaires est de 3 millions d’euros. Son coeur de métier est l’ingénierie de la fibre optique pour différentes applications : agro-alimentaire, armée, médical, en associant capteurs optiques et télécommunications. Par exemple, dans le domaine du génie civil, elle a mis au point un capteur qui mesure la résistance des matériaux pour un pont ou une conduite d’eau. En 2001, en réaction à l’effondrement de la “bulle” des télécoms, Idil a commencé à vendre du matériel (notamment des kits éducatifs pour l’enseignement) et cette activité représente 50 % des ventes. Grâce à cette stratégie, le développement de l’entreprise est linéaire (progression entre 10 Module radio pour relever à distance l’index du compteur d’eau (Atlantic RF) Pose de capteurs à fibre optique pour mesurer la résistance des matériaux et 20 % l’an) car elle propose des solutions propres sur mesure. Si “en optique, les grandes séries sont fabriquées en Asie, nous nous centrons sur des petites et moyennes séries, sur lesquelles les marges sont confortables.” De plus, Idil participe à bonne expérience en production et en marketing de produits techniques à l’export”, une veille efficace et par la qualité de service. “L’horizon est serein” constate le directeur commercial. Un avis que partage Abdelmoula Tamoudi, chez Kereval. Depuis 2002, cette société rennaise s’est spécialisée dans les tests et la qualification de logiciels, (vérification de conformité, montée en charge, sécurité des systèmes d’information) et s’est investie dans le pôle Automobile haut de gamme. La PME de 28 personnes, réalisant un chiffre d’affaires d’un million d’euros, reprend les mêmes arguments, précisant : “Les fonds publics, la technopôle, sont des accélérateurs de développement”. Au fil de témoignages, un mot revient souvent, celui de réseau, de partenariat. Comme le résume Jean-Alain Le Floch : “La capacité la plus importante à acquérir c’est d’amener le produit sur le marché, donc de disposer, en propre ou avec un réseau de partenaires, des capacités technologiques, industrielles, commerciales en plus de l’inno- des projets régionaux ou nationaux pour le compte de partenaires présents dans les pôles de compétitivité. vation.” Filiale de LCI créée en 2008 à Douarnenez, Lagassé Technologies “dispose dans le groupe de toutes les compétences en logiciel, électronique et mécanique”. Elle est en lien avec son site de Berlin, porte ouverte sur les marchés européens. Mais la société, qui “profite du potentiel breton en équipement et en personnel qualifié, notamment grâce à la Balise de localisation par satellite (Atlantic RF) 31 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-32 1/09/08 12:31 Page 32 AI1727-33 1/09/08 12:32 Page 33 THOMSON DISPOSE À RENNES DE SON PLUS GRAND CENTRE DE R&D AU MONDE Demain, nous vivrons dans un autre monde, “tout à fait épatant”. Demain, les habitants de la planète seront tous connectés et des milliards d’objets intelligents dialogueront entre eux, interpellant au passage les humains. Si vous démarrez votre feuilleton favori sur votre téléphone mobile, le téléviseur de votre cuisine prendra immédiatement la relève pour que vous ne manquiez sous aucun prétexte le moindre rebondissement d’intrigue. Le Portable Info Center, sorte de petit écran mobile sans antenne, sera votre nouveau compagnon de jeu. Ou encore, selon l’itinéraire suivi dans votre supermarché favori, votre chariot équipé d’un écran vous indiquera toutes les promotions rayon par rayon… Cette ère de “l’image sans couture”, comme la désigne Jean-Dominique Meunier, viceprésident du pôle Images et Réseaux et directeur des programmes coopératifs chez Thomson R&D, c’est celle que prépare activement le leader mondial des solutions vidéo. En choisissant, voilà plus de trente ans, d’installer au coeur de Rennes Atalante son plus grand centre de R&D au monde, Thomson s’est fixé au sein d’un écosystème particulièrement dynamique, toujours à la pointe de l’innovation. En s’engageant résolument dans le pôle Images et Réseaux, Thomson R&D s’est investi dans un réseau dont l’excellence scientifique, la présence de laboratoires reconnus sur le Thomson permet de diffuser de la vidéo sur tous les écrans plan international et d’autres gros centres de recherche (France Télécom, Alcatel), irriguent réciproquement les différents partenaires. Poussant l’innovation, le pôle conquiert ainsi une visibilité et une compétitivité mondiales. Bientôt, selon l’itinéraire suivi dans votre supermarché, votre chariot équipé d’un écran vous indiquera toutes les promotions rayon par rayon proximité d’universités de bon niveau”, mise aussi sur ses relations avec les écoles, les grandes entreprises des pôles Images et Réseaux et Mer, comme avec des PME telle Adwave à Quimper. Ces liens forts, que toutes les sociétés rencontrées revendiquent, sont-elles les prémices d’un regroupement qui semble inéluctable ? En phase de test “Le marché est en plein bouillonnement, poursuit le dirigeant de Lagassé Technologies. Quand les technologies vont se standardiser et donc la demande s’accroître, il y aura des regroupements à l’initiative de très grandes sociétés mais on est encore en Photo : Carrefour / Cereja - PRN Demain, tous connectés phase de test”.“La grande différence avec les autres secteurs émergents, analyse aussi Marc Frouin de Geensys, c’est qu’il va falloir apprendre à combiner les savoir-faire techniques avec les contraintes de chaque métier. Il existe beaucoup de spécialités mais très peu de transversalité, chaque métier ayant développé des solutions de manière isolée. Une seconde vague de développement se prépare pour 2015/2017 avec la mise en place d’un réseau mondial de l’électronique embarquée qui s’appuiera sur un concept de qualité de service. Faute d’un leader, la solution pourrait passer par la création d’une fédération de PME de l’embarqué”. Ce que confirme Syntec Informatique : “le tissu des prestataires, éditeurs et sociétés de services, est encore très fragmenté 33 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-34 1/09/08 12:33 Page 34 DOSSIER DE QUIMPER, IJINUS DÉVELOPPE UN CAPTEUR ULTRASON POUR L’AGRO-ALIMENTAIRE La PME s’est installée en Australie L’électronique et les matières explosibles ne font pas bon ménage ! Pourtant, Ijinus, jeune société quimpéroise, a réussi à créer un capteur ultrason sans fil, compact, capable de mesurer des matières dangereuses avec précision. Quels que soient l’état et la forme de la surface de la matière (congères, crevasses, …) dans le silo, le capteur associé à “ijitrack.com” offre la première solution de télégestion des stocks pour les silos de 1 à 25 m de haut et permet une visualisation de la qualité de la mesure par l’imagerie acoustique. Le capteur réduit les déplacements entre les sites, élimine le risque de chute et les ruptures ou les surcharges de stock, détecte des anomalies de consommation, de température et apporte de manière numérique et en temps réel la preuve de la livraison. tant par la taille des acteurs que par la variété de leur domaine d’intervention. Cette industrie, qui vit sur un modèle verticalisé et cloisonné par grands secteurs (aéronautique, automobile, défense, télécommunications…), est en passe de connaître une évolution importante vers la transversalité des solutions. Ce décloisonnement est poussé par la standardisation des composants de base (processeurs, mémoire, bus…) pour une part et par les industriels des différents secteurs, d’autre part, qui 34 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 “J’ai créé la société en juillet 2003 suite à une conversation avec un ami qui travaille dans la nutrition animale. Après la suppression de l’activité de R&D de l’entreprise d’électronique qui m’employait, j’ai commencé par six mois de maths acoustiques, raconte Olivier Le Strat, fondateur d’Ijinus. L’innovation repose sur la technique mais une entreprise c’est de la comptabilité, du commercial, du juridique. La technopôle Quimper-Cornouaille m’a mis en relation avec des partenaires fidèles avec qui je travaille en totale transparence”. Aujourd’hui, Ijinus emploie sept personnes (dont cinq ingénieurs) et se développe sur l’Espagne, le Mexique, l’Australie… En trois ans, son chiffre d’affaires est passé de 100 000 à près de 900 000 euros cette année. commencent à voir des intérêts communs sur les outils mais aussi sur les processus. Cette évolution sera approfondie et accélérée si la standardisation englobe l’ensemble de la plate-forme d’exécution, et notamment le logiciel. L’évolution en cours est un épisode critique de la transformation du secteur qu’il est important de réussir pour l’industrie française du logiciel embarqué si elle veut continuer à y jouer un rôle majeur”. ■ Clotilde Chéron AI1727-35 1/09/08 12:33 Page 35 ENTRETIEN AVEC JEAN-LUC FLEUREAU, ANIMATEUR EN BRETAGNE DU PROGRAMME CAP’TRONIC1 DÉVELOPPÉ PAR JESSICA FRANCE (MINISTÈRE DE LA RECHERCHE) Une industrie jeune sur un marché atomisé Comment appréhendez-vous le marché de l’informatique embarquée ? C’est un très grand marché né de l’explosion des télécoms et des télé-services (tout ce qui permet de gérer à distance, de connaître l’état, de réparer, d’aider au diagnostic) sans avoir à déplacer un technicien. L’innovation ne fait que croître pour répondre à la très forte croissance de la demande ainsi qu’à l’envie d’améliorer les produits et services existants en y ajoutant de la communication. Parmi les nouveaux secteurs, celui de la santé me paraît particulièrement prometteur. Les champs d’innovation sont vastes puisque les solutions doivent prendre en compte les contraintes : miniaturisation, fiabilité, autonomie, faible consommation énergétique et criticité (réponse dans un temps court, réponse juste et régulière à une sollicitation). C’est une industrie jeune, où les opportunités sont ouvertes, mais nous entrons dans une phase critique où il est important que les entreprises marquent leurs positions. Comment se situe la Bretagne ? En bonne position, même par rapport à Toulouse ou l’Ile-deFrance ! La région bénéficie évidemment de sa culture des télécommunications, des relations étroites entre les entreprises et les chercheurs dans les laboratoires ou les écoles. C’est aussi la terre des réseaux, notamment du RDT (réseau de diffusion technologique) piloté par Bretagne Innovation et qui regroupe une quarantaine de partenaires. C’est un facteur de rapidité et d’efficacité dans la mise en relation. La qualité professionnelle des créateurs est-elle suffisante pour garantir le succès de leurs entreprises ? Chaque innovation a une portée mondiale, l’avantage c’est qu’ici tout le monde travaille dans la même direction. C’est une des raisons de la réussite de ces jeunes entreprises. Souvent les créateurs sont des ingénieurs, le plus souvent issus d’un grand groupe. Mais ils sont épaulés par des structures qui les aident à combler certains manques (connaissances en gestion, en marketing...), et à construire économiquement leurs projets. Je suis le délégué de l’association Jessica France pour la Bretagne. Cette association, qui regroupe les centres techniques, l’Afeit, la Meito, l’Agence de développement économique, Oséo, etc, permet la mise en œuvre du programme Cap’Tronic qui finance les études de faisabilité et organise la mise en relation entre centres de recherche, entreprises et institutionnels. Alors, quelles sont les perspectives pour demain ? On est loin de la bulle Internet. Actuellement, le secteur de l’embarqué est un marché atomisé, fait d’une constellation de niches, avec très peu de concurrence quel que soit le niveau auquel on se place (régional, national et international). Nos entreprises disposent de produits vraiment originaux. De plus, elles ont su entrer dans un cercle vertueux où elles bénéficient des ressources et de la solidarité de tous les acteurs qui les accompagnent. Si elles continuent à innover, à se faire accompagner, il n’y a pas de raison pour qu’elles ne poursuivent pas leur développement. La demande est telle que chacun peut trouver sa place. Ma seule interrogation c’est le prix : nous ne sommes pas très bons pour produire à moindre coût. Quand la demande se renforcera, que les standards se généraliseront, comment pourra-t-on y répondre en gardant la production en Bretagne ? ■ Propos recueillis par Clotilde Chéron 1 Cap’Tronic a pour vocation d’accompagner les entreprises innovantes dans le domaine de l’électronique. L’antenne régionale est basée à Brest. 35 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-36 1/09/08 12:34 Page 36 RÉGION GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT : VERS LA TAXATION DES POIDS LOURDS EN TRANSIT Ecotaxe, la grande arnaque? Des chambres consulaires, Commerce, Agriculture et Métiers, aux militants culturels bretons, en passant par les élus de toutes obédiences, c’est l’unanimité : l’écotaxe sur les transports, qui va être débattue cet automne, met en péril grave la Bretagne. “Il ne s’agit pas d’un problème de transport mais d’une atteinte à la compétitivité de la Bretagne et donc à son avenir”, résume Jacques Kuhn, président de la CCI de Brest, pour expliquer la mobilisation générale des acteurs bretons. Au-delà des réactions épidermiques, des explications s’imposent. Dans son volet transport routier de marchandises, le Grenelle de l’environnement prévoit six mesures essentielles : augmentation de 25 % du fret non routier d’ici 2012, promotion du transport combiné, création d’autoroutes ferroviaires, développement du transport maritime et fluvial et taxation du transport routier pour les camions en transit. De transit, il ne serait plus question dans le texte final à présenter aux députés cet automne pour simplement taxer les véhicules de plus de 3,5 tonnes circulant sur les voies expresses et certaines départementales jusqu’ici non soumises à péage. Donc aux routes bretonnes gratuites depuis que le Général de Gaulle, conscient lui de l’état incontournable de péninsule de la région, a lancé le plan routier breton gratuit d’usage pour compenser le handicap. 70% de desserte régionale Concrètement, un camion circulant en Bretagne sera, via un mouchard à son bord dont le coût n’a pas été évalué, repéré par des bornes au bord des routes qui lui enverront ensuite une facture à répercuter sur le client livré. “Cette taxe coûtera 1 % de rentabilité aux entreprises bretonnes dont la majorité oscille entre 0 et 3 %, analyse Christian Guyader, président du Medef Finistère. Pour fragiliser le tissu économique breton, on ne s’y prendrait pas autrement !” Même sentiment chez Jean-Claude Le Gall, ex-patron de Savéol et administrateur de Produit en Bretagne : “une tomate venant d’Espagne remontera vers Paris sans taxe alors que celle du Finistère arrivera après avoir vu son prix handicapé par une taxe jusqu’à Rennes.” Les chiffres ne semblent pas avoir ébranlé les technocrates de la capitale. “Le 36 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 Après les camions fin 2011, la taxe toucherait les véhicules particuliers dès 2013 trafic de camions en Bretagne concerne à 70 % de la desserte interne pour livrer des chantiers, des exploitations agricoles, transporter des animaux, amener des produits d’une entreprise à l’autre pour poursuivre la transformation… Quel que soit le modèle choisi, un transport commence et se termine en camion, raconte Jean-Jacques Le Calvez, patron des transports qui porte son nom. Il faut dénoncer une idée selon laquelle nous, transporteurs, serions opposés au transfert de nos camions sur rail : au contraire, nous y sommes favorables. Mais on sait qu’il n’existe pas aujourd’hui de proposition sur rail en Bretagne et que, de toute façon, l’organisme qui percevrait la taxe n’a aucun projet en Bretagne avec l’argent qu’il y collectera.” Taxé jusqu’à sept fois Le débat est loin d’être théorique. Ainsi, un plat cuisiné breton à base de poulet serait taxé : lors de la livraison des poussins à l’élevage, lors de la livraison de l’aliment, pour la conduite des poulets à l’abattoir, vers l’usine de découpe, vers l’entreprise de plats préparés, vers le stockage de froid, à direction du client… Au moins sept fois selon le process. “La Bretagne est la 1ère région agricole de France et a un rôle à jouer au moment où l’on parle de pénurie alimentaire mondiale, explique Jacques Jaouen, président de la Chambre régionale d’agriculture. Et donc pour nous permettre de jouer notre mission de nourrir les gens, on nous pénalise sur le transport. De qui se moque-t-on ?” Pour tous les partenaires, la mesure relève de la perfidie. En effet, la taxe collectée serait affectée à AFIFT, chargée de développer les infrastructures ferroviaires, qui, travaillant sur des projets rail à l’est de la France et sur le tunnel Lyon-Turin, est en déficit d’un milliard d’euros… “la somme que rapporterait la taxation des routes aujourd’hui sans péages alors que le gouvernement vient de brader ses autoroutes à des sociétés privées”, conclut JeanJacques Le Calvez. Après les camions au plus tard fin 2011, la taxe toucherait les véhicules particuliers bretons dès 2013. “C’est la fibre bretonne qui doit vibrer et se lever pour faire annuler ce projet car, de toute façon, nous ne laisserons pas faire”, affirment les partenaires. ■ Yves Pouchard AI1727-37 1/09/08 12:35 Page 37 EN LANÇANT SON PROGRAMME 2007-2013, L’EUROPE SE VEUT ACCESSIBLE À TOUS sans accessibilité, la bataille de la compétitivité et de l’innovation était difficilement réalisable”, précisait le préfet. De son côté, Jean-Yves Le Drian, président du Conseil régional, également présent lors de cette journée de lancement, ajoutait : “il a fallu que tous les territoires acceptent de participer à des programmes globalement régionaux et privilégient le ferroviaire. C’est maintenant, quand tout va encore bien, qu’il faut distiller de l’innovation à haute dose.” C’est dans ce sens que l’Etat et la Région s’engagent à finaliser d’ici le milieu de l’année 2009, un schéma régional d’innovation. Les pôles de compétitivité, les centres de recherche et de transfert de technologie et, à travers eux, les PME devraient en être les grands bénéficiaires. ■ Véronique Maignant Photo : SNCF CAV “Développement durable, développement social, bataille de l’innovation et de la culture scientifique, pour faire face à la mondialisation l’Europe s’engage en Bretagne à hauteur de 600 millions d’euros”, déclarait Jean Daubigny, préfet de région à l’occasion du lancement des programmes européens pour la période 2007-2013. Outre ces priorités thématiques, la fin du zonage est également annoncée. Cette enveloppe financière, en baisse de 153 millions d’euros par rapport à la période précédente du fait de l’élargissement de l’Europe, est répartie dans 4 fonds (voir tableau). Particularité de la Bretagne, 1/3 des 383 millions d’euros réservés au Feder va au financement de la Bretagne à grande vitesse. “Nous avons dû nous battre et prouver à l’Europe que, ferroviaire RÉGION La Bretagne privilégie l’innovation et le RÉPARTITION DES FONDS EUROPÉENS ATTRIBUÉS À LA BRETAGNE POUR 2007-2013 Fonds FEDER (fonds européen de développement régional) FSE (fonds social européen) Objet Axes Promouvoir l’attractivité et l’excellence territoriale pour les investissements et l’emploi dans les régions - Faire de la Bretagne une région accessible et attractive afin de conforter son développement équilibré et durable (exemple Bretagne Grande vitesse) - Accroitre la compétitivité et la performance économique par l’innovation et la connaissance - Valoriser les atouts de la Bretagne dans le domaine maritime - Préserver l’environnement et prévenir les risques naturels Soutenir l’emploi, développer la formation, valoriser le capital humain et favoriser l’insertion professionnelle - Adapter les travailleurs et les entreprises - Direction régionale aux mutations économiques du travail, de l’emploi - Développer l’accès à l’emploi des demandeurs d’emploi et de la formation - Renforcer la cohésion sociale et lutter contre les discriminations professionnelle - Investir dans le capital humain et la mise en réseau, l’innovation et la transnationalité FEADER Anciennement FEOGA (fonds européen agricole pour le développement rural) FEP (fonds européen pour la pêche) Organismes gestionnaires en région Anciennement IFOP - Conseil régional - Direction régionale de l’équipement - Ademe -(1) Montants attribués par l’Europe à la Bretagne 301,7 M€ 183,3 M€ Poursuivre la politique de développement des zones rurales - Direction régionale de l’agriculture et de la forêt 107 M€ Poursuivre le développement de la pêche et l’aquaculture - Direction régionale des affaires maritimes 24 M€ (1) Pour les entreprises, le réseau des CCI constitue également un des relais d’accès à ces fonds 37 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 RÉGION AI1727-38 1/09/08 12:36 Page 38 ■ AgroFood à Rennes, les 9 et 10 octobre prochains : “Pour une industrie agro-alimentaire européenne compétitive” Cette rencontre, s’inscrivant dans la période de la Présidence française de l’Union Européenne, aura pour thème : “Pour une industrie agro-alimentaire européenne compétitive”. Particulièrement destiné aux responsables agro-alimentaires, le congrès AgroFood aura pour mission de mettre la compétitivité de l’agro-alimentaire européen et français au cœur des enjeux mondiaux. À cette occasion, une étude réalisée par la Commission Européenne sera présentée. Des débats sur l’écoinnovation, les comportements d’achat des consommateurs, les réglementations européennes en construction et les évolutions des modes de management auront lieu en présence d’experts. Organisé par le pôle de compétitivité agro-alimentaire Valorial et Bretagne Innovation, AgroFood sera présidé par Monsieur Coomans, Chef d’Unité “Industrie Alimentaire” à la Direction Générale Entreprises et Industrie à la Commission Européenne. Contact : Valorial : 02 23 48 59 64 38 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ■ 8 000 visiteurs et 380 exposants lors de la dernière édition du salon professionnel Prévent’Ouest qui s’est tenu à Nantes en juin dernier. Parmi ces visiteurs, 66 % étaient originaires du Grand Ouest, attirés par les principes mis en avant sur ce salon à savoir l’hygiène-sécurité, l’ergonomie et la santé au travail. Concept original réunissant en un seul lieu un salon et un congrès sur la prévention des risques professionnels et l’optimisation des conditions de travail, Prévent’Ouest touche à 40 % les secteurs industrie et bâtiment. Les thématiques les plus fortes abordées au cours de la centaine de conférences organisée durant ces deux journées furent la pathologies professionnelles / TMS, la prévention des risques psychosociaux / stress, le BTP / travaux en hauteur et la formation à la maîtrise des risques. Les principaux organisateurs, les Cram des Pays de la Loire et de Bretagne, ont décerné les prix de l’innovation à plus de 14 lauréats. Parmi eux, citons l’entreprise Sapelem (Beaucouzé près d’Angers) et sa poignée ergonomique Zii conçue pour une assistance musculaire ultra sensitive, intelligente, dynamique et sécurisée. AI1727-39 1/09/08 12:37 Page 39 Développement durable FACET INGÉNIERIE LANCE LE BÂTIMENT ÉCONOLOGIQUE® HQE : Hésitation Quasi Exclue “Il faut absolument changer de manière de voir le bâtiment d’entreprise. Toute construction nouvelle devrait déjà être équipée en panneaux photovoltaïques : ce sont des millions de m2 qui dorment sur les toits !” En déposant la marque Bâtiment éconologique®, Horace Bertaux, président de Facet, veut mettre les chefs d’entreprise face à leurs responsabilités… et leur intérêt. Et de montrer l’exemple. Pour ses locaux du Faou (Finistère), un environnement paysager, des ampoules basse consommation, de la visioconférence pour travailler avec ses collaborateurs ou partenaires sans besoin de retour au siège, des panneaux photovoltaïques qui abritent l’entrée de la pluie, donnent de l’ombre à l’exposition au sud et évitent ainsi une climatisation tout en produisant de l’électricité rachetée par EDF… pour preuve, un écran face à la porte donne en temps réel l’argent gagné sur la facture électrique. Trois des six véhicules de l’entreprise sont des voitures hybrides et elles le seront toutes au gré du renouvellement du parc. “Construire un bâtiment éconologique® ne représente qu’un surcoût de 3 à 5 % mais il aura un temps de vie supérieur de 30 à 40 % et le retour sur l’économie d’énergie est vite palpable.” Le monde a changé Créée en 1990, Facet s’est imposée au-delà de la région dans le métier d’interlocuteur unique pour le chef d’entreprise désireux de construire un bâtiment. De la signature du projet à la livraison, la société prend tout en mains, permettant ainsi à l’entrepreneur de se consacrer pleinement à son métier, hors des aléas d’un chantier. Autour d’Horace Bertaux, les 10 personnes réparties en services commercial, méthodes et travaux assument la concrétisation de réalisations d’un coût de 350 000 euros à 2 millions d’euros. Dernier chiffre d’affaires : 8,5 millions d’euros. “Pour l’anecdote, Facet a été initialement créée pour installer des stations-service pour Total, sourit le président. Depuis, le monde a Facet a équipé ses bureaux du Faou de panneaux photovoltaïques RÉGION Contractant général pour la construction de bâtiments pour PME-PMI, Facet Ingénierie a lancé le concept de l’Econologie®, fusion incontournable aujourd’hui entre économie et écologie selon Horace Bertaux. bien changé et nous nous voulons à la pointe des réponses aux nouveaux défis pour l’énergie et l’environnement de la planète au service des entreprises.” Une première étape avait été franchie en lançant un service maintenance, quasi unique chez les contractants généraux : “nous assumons ce que nous avons construit et ne laissons pas l’entrepreneur seul, face à son bâtiment, au-delà de la garantie légale.” La Haute Qualité Environnementale Le Bâtiment éconologique® s’appuie sur les 14 points de la charte de haute qualité environnementale (HQE). Avec en fers de lance, le traitement des déchets, la récupération des eaux de pluie, la ventilation double flux et la structure bois lamellé-collé. Et bien sûr le photovoltaïque. “Aux États-Unis, nous avons trouvé un matériel adapté aux toits plats, comme souvent dans les entreprises. Baptisé “Amorphe”, il est constitué d’une couche mince de silicium et est particulièrement adapté à la Bretagne : il a besoin de pluie de temps en temps pour laver sa surface et de températures limitées. Bien sûr, pour les autres situations le "polycristallin" bien connu répond bien aux attentes.” Horace Bertaux aurait apprécié dans sa démarche de solutions durables un soutien plus concret des décideurs politiques : “la Bretagne est une des rares régions de France à ne pas aider l’équipement photovoltaïque pour les entreprises. C’est une aberration coupable car on sait déjà que l’on va payer plus pour avoir moins : l’écologie est le plus important combat des années à venir… qu’il faut lancer dès aujourd’hui. Beaucoup en parlent et ne font que ça, nous nous agissons !” ■ Yves Pouchard 39 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-40 1/09/08 12:37 Page 40 Créer sa “boîte” quand on est jeune BELLIDAYS PROPOSE VÉHICULE ET MINIBUS AVEC CHAUFFEUR POLYGLOTTE, 7/7 J, TOUTES DISTANCES ET GUIDE TOURISTIQUE SI BESOIN GROS PLAN “Je prends un risque et alors ?” Bellidays propose des services haut de gamme dans la location de voitures et minibus avec chauffeur. Sa jeune créatrice, Belinda Chellali, a conduit et guidé en autocar, 4 ans durant, des touristes aux quatre coins de l’Europe. A l’époque, elle n’avait que 21 ans. De cette expérience est née son entreprise basée à Rennes. “Maintenant je peux le dire, mais la première fois que j’ai eu à gravir le volcan du Vésuve au volant d’un car à double étage, j’étais morte de trouille.” A l’époque, Belinda avait 21 ans et un physique d’hôtesse plutôt que de chauffeur. C’est après avoir passé un an en Italie et enchaîné un BTS tourisme par correspondance que la jeune femme se met à chercher du travail auprès des agences de voyage. Mais là, déception : elle découvre qu’être jeune et sans expérience constitue un gros handicap. Qu’à cela ne tienne, avec son tempérament bien trempé et son envie énorme de réussir, elle décide de passer son permis de transport en commun pour conduire des autocars, “mais surtout pour mieux me vendre auprès de mes futurs employeurs”. Et ça marche ! “M. Boute, PDG des Voyages Cottin m’a donné ma chance en me confiant un de ses autobus. Au vu de ma jeunesse, ce n’était pas évident, surtout pour évoluer dans un milieu très masculin.” De là débutent sa carrière et sa vocation qui la mèneront sur toutes les routes d’Europe au volant de son car. Elle découvre ainsi l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne. “J’apprends ma géographie, découvre les cathédrales et les châteaux, c’est fantastique ! Mais un chauffeur, c’est aussi un guide touristique, le bureau des plaintes et un accompagnateur. Ces années sont une expérience unique mais elles m’ont coupée de ma famille et de mes amis. Alors, fin 2006, je dis stop à cette vie. Le projet de création que j’avais en tête depuis toujours était prêt à éclore.” Bélinda avait eu l’occasion de transporter et accompagner des Japonais en minibus durant une semaine pour leur faire découvrir la Bretagne. A travers cette aventure, elle avait pris la mesure de l’absence, en région, d’une offre personnalisée haut de gamme pour des transports de petits groupes. Il y avait donc un marché à prendre. Les vraies difficultés commencent “Plus j’avançais dans mon projet et plus j’avais le sentiment qu’on cherchait à me décourager.” Il faut dire que Belinda cumule les handicaps : 28 ans, femme, française mais d’origine hispano-algérienne et sans fortune personnelle. Pour créer sa boîte, 40 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 ce n’est pas le meilleur profil. “Par chance, pour obtenir mon certificat de capacité de transport de voyageurs (seulement 7 % de taux de réussite), mon bac + 2 me donnait une équivalence. J’ai simplement eu un stage d’une semaine à effectuer. Le Conseil régional l’a financé à hauteur de 700 euros. En étant autocariste, j’ai une habilitation touristique, à savoir que je peux organiser des voyages à l’étranger. Il suffit, par exemple, que je réalise le transfert jusqu’à l’aéroport.” La recherche d’une banque fut un échec total. “J’ai essuyé 4 refus. Sans le piston de mon ami, directeur commercial dans une entreprise, je n’aurais jamais obtenu de prêt. Je demandais 18 000 euros et j’en apportais 6 000 !” Aujourd’hui, Belinda bénéficie de surcroît du fond de garantie à l’initiative des femmes géré par Bretagne développement initiative. Il garantit l’emprunt bancaire à hauteur de 70 % du montant du prêt. Démarrage officiel le 1er juin 2008 “J’ai conscience de prendre un risque et alors ? ça ne va pas me tomber dessus tout cuit ?” Belinda a donc déjà appris à tout faire : site internet, prospection, devis, les premiers mois sont consacrés au commercial. “J’intéresse beaucoup de prospects car je suis non seulement chauffeur mais j’ai cette carte “guide touristique” qui plait énormément. De plus, je parle anglais, espagnol et italien. Avec mon véhicule 6 places, il m’arrive de concurrencer les taxis. Le Grand Hôtel Barrière à Dinard m’a donné ma première chance. Je suis également en relation avec le Comité régional du tourisme. J’organise aussi bien des tours de Bretagne que des navettes pour les mariages. J’ai des tarifs bien négociés. Je suis la commerciale des autocaristes. Ils me font travailler et moi également. J’ai plein d’idées pour mes clients et l’envie de revenir. Je suis sur un créneau encore peu développé et je compte proposer des services supplémentaires : presse, boisson, écran DVD, audio- guides, etc.” conclut Belinda, qui ne s’est jamais départi de son sourire tout au long de cet entretien. ■ Véronique Maignant AI1727-41 1/09/08 12:38 Page 41 Juridique SIMPLIFICATION DE LA RUPTURE DU CONTRAT DE TRAVAIL La rupture par consentement mutuel du contrat à durée indéterminée empruntée au Droit civil n’est pas une nouveauté. Cependant, elle n’est quasiment jamais utilisée du fait de la privation du bénéfice de l’assurance chômage pour le salarié, de l’application aux éventuelles sommes versées du traitement fiscal et social des salaires et de l’absence de valeur transactionnelle entre les parties. La loi portant modernisation du marché du travail du 25 juin 2008, complétée par le décret du 18 juillet et par la circulaire du 22 juillet, crée un nouveau mode autonome de rupture du contrat de travail à durée indéterminée qui simplifie incontestablement le droit positif sans cependant apporter une sécurisation juridique totale. Les apports positifs de ce nouveau mode de rupture sont incontestables : Sa mise en œuvre en trois étapes est relativement précise sinon simple : discussion entre les parties, signature de la convention et homologation par le directeur départemental du travail sur la base de deux formulaires préétablis disponibles par téléchargement. La rupture conventionnelle, contrairement au licenciement, n’a pas à être motivée ce qui évite un travail particulièrement délicat pour l’employeur et l’acceptation difficile du motif par le salarié. Les salariés concernés par le dispositif sont de droit bénéficiaires des prestations de l’assurance chômage non précisées à ce jour. Enfin, et par dérogation aux règles de droit commun, le dispositif de rupture conventionnelle est étendu aux salariés protégés après autorisation de l’inspecteur du travail. La rupture conventionnelle limite également les coûts et les risques : en effet, le dispositif ne prévoit pas d’indemnité de préavis, la rupture intervenant au plus tôt le lendemain du jour de l’homologation. Quant à l’indemnité spécifique de rupture conventionnelle, son montant ne peut être inférieur à celui de l’indemnité légale de licenciement désormais doublé par le décret du 18 juillet 2008, et non à celui de l’indemnité conventionnelle souvent plus élevé. Elle est soumise au régime fiscal et social de l’indemnité de licenciement. Enfin, les éventuelles contestations seront irrecevables au-delà d’un délai de douze mois à compter de la date d’homologation de la convention. La rupture conventionnelle présente cependant des contraintes sans apporter une sécurisation absolue : Le dispositif nécessite un entretien formalisé à défaut d’un véritable entretien préalable et le salarié (comme d’ailleurs l’employeur) dispose d’un délai de 15 jours calendaires pour se rétracter. La convention doit être homologuée par le directeur départemental du travail (15 jours ouvrables). Cependant, les modalités de ce contrôle restent floues. Enfin, la mise en œuvre de cette rupture est relativement longue : de l’ordre de 40 jours en tenant compte des délais de convocation, de rétractation et d’homologation. La rupture conventionnelle, qui ne constitue pas une transaction, pourra parfaitement être contestée notamment sur le terrain du vice du consentement ou de l’irrégularité de procédure (imprécision du texte sur les délais et la forme de la convocation à l’entretien obligatoire), voire même sur le fond (motif économique, inaptitude…). PRATIQUES Limiter les coûts et les risques Enfin, demeure totalement imprévisible la position des tribunaux appelés à se prononcer sur ce type de rupture (le sort du CNE est encore dans toutes les mémoires). En conclusion, la rupture conventionnelle constitue une réponse particulièrement adaptée aux demandes de salariés désirant quitter leur emploi sans démissionner mais ne semble pas devoir se substituer aux modes traditionnels de rupture lorsque celle-ci est subie ou lorsqu’il y a conflit entre les parties. Jean-Luc GAUTIER Avocat spécialiste en droit social SELARL GAUTIER-CARABIN 41 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-42 1/09/08 12:39 Page 42 Enquête PRATIQUES L’E-RECRUTEMENT, UNE VITRINE POUR SE VALORISER Frilosité des PME Selon un état des lieux publié par le Monster Index de l’emploi en France, le volume des offres d’emploi sur Internet a grimpé en juin de 8 %. L’Ouest s’est inscrit dans la mouvance nationale avec un indice de 121, au lieu de 116 le mois précédent. Pourtant, sur le terrain, la réalité du e-recrutement breton est plus nuancée. D’un côté, on trouve les entreprises qui font partie des grands groupes et ne conçoivent pas le recrutement sans le web. De l’autre côté, les PME et les TPE qui recrutent par relations, annonces presse ou sites d’emploi traditionnels. Entre les deux, quelques entreprises novatrices relevant du secteur des Tic, de taille souvent modeste, qui recrutent via des sites interactifs et attrayants. A Brest, s’est tenu, début juillet, le 3ème Forum des usages coopératifs. Assez peu médiatisé, ce forum est pourtant révélateur d’un désir de rencontres et d’échanges autour d’Internet entre les acteurs économiques du privé et du public. Ces trois journées de 42 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 “remue-méninges” ont permis, entre autres, de présenter le réseau Rubi (http://www.lerubi.net/). Un réseau dont le but est de créer une dynamique qui relie et amplifie les initiatives autour des usages innovants des Tic (technologies de l’information et de la communication). Un projet fédérateur, à l’initiative de la Région, de Brest et de Rennes, de Mégalis (réseau régional à très haut débit, destiné aux établissements publics et aux collectivités locales), de “Marsouin” et de la Meito pour atténuer, voir éliminer la fracture numérique. Clément Petit, dirigeant de U-Job et concepteur du site de recrutement du CMB, s’étonne de la frilosité apparente des entreprises à l’égard d’Internet et du e-recrutement : “Elles ont tout à gagner à se mettre sur Internet, à communiquer avec les autres, à lancer le recrutement en ligne. C’est un moyen de se mettre en valeur !” De bonnes raisons de recruter sur Internet “Les entreprises se sont rendu compte que les annonces Internet coûtaient seulement 10 % des annonces presse”, souligne Marion Salkin, consultante en recrutement chez Abaka Conseil à Quimper. Outre le coût, c’est aussi la réactivité quasi en flux tendu qui motive les entreprises. Sans oublier le fait que cela évite de passer du temps à traiter les candidatures papier. L’e-recrutement peut aussi permettre - contrairement à une présentation papier classique - d’exposer sur le site l’intérieur de l’entreprise, ses spécificités. Clément Petit précise : “pour une entreprise, c’est très valorisant de montrer au candidat les lieux où il va travailler. Ça permet d’humaniser l’offre. En mettant en 3D l’intérieur d’Arkéa, on a offert au candidat un monde virtuel très proche de la réalité.” En dehors du recrutement officiel, d’autres moyens existent aujourd’hui pour dénicher la perle rare ou “se faire dénicher par…” ; les réseaux sociaux, qui passent par les blogs et les “chats”, en sont la preuve. Denis Failly, spécialiste du Web 2 sur Brest, croit fortement au “selfmarketing” qui passe souvent par le blog : “ Les réseaux sociaux sur Internet permettent de se valoriser, d’être sa propre marque. On est lu par des confrères, des recruteurs et cela crée une spirale vertueuse de contacts presque naturelle d’un blog à l’autre, de mises en liens et de référencements.” Guillaume Thomas, rennais et fondateur du site www.aladom.com, a eu l’idée lumineuse de faire “sortir” d’Internet un site de services à domicile, qui met en relation les personnes à la recherche d’un prestataire et celles qui proposent leurs services aux particuliers, aux entreprises et aux associations. Son site est coloré, simple d’utilisation, fluide et extrêmement interactif. Candidats et entreprises peuvent proposer leurs services. AI1727-43 1/09/08 12:40 Page 43 Une photo pour “rassurer le demandeur” Recruter sur Internet est aussi signe de bonne santé économique et tout se sait très vite sur Internet. Jocelyne Loaec, chargée d’études au sein de la DRH du CMB (voir encadré) confie : “Cela apporte une valeur ajoutée de communiquer sur son recrutement par le biais d’Internet. Lorsque nous souhaiterons faire de la mise en avant pour nos offres d’emploi, nous passerons par des sites du type Second Life. Quand nous voudrons faire de la notoriété d’image, nous passerons par d’autres sites.” Un site n’est pas une plaquette d’entreprise. Elle ajoute : “Aujourd’hui ce n’est pas suffisant d’avoir un beau site et des offres d’emploi, il faut réussir à se démarquer, étonner, détonner…”. Guillaume Thomas, sur son blog (blog.aladom.fr/), dit la même chose. “Pour moi, ce qui compte, ce n’est pas le moteur, mais la carrosserie !” vu le jour”. L’évolution somme toute relative des Tic dans les entreprises bretonnes est-elle due au manque de communication ? Au fait “que chacun travaille dans son coin”, comme l’a fait remarquer Hugues Aubin, chargé de mission Tic de la ville de Rennes, lors des rencontres du 3ème Forum de Brest ? Nicolas Jullien, du Laboratoire des usages “Marsouin”, place beaucoup d’espoirs dans le réseau Rubi : “Il vise à mettre en lien tout le monde, à créer l’émulsion et à réduire la fracture numérique, pas seulement au niveau local…” PRATIQUES Enquête ■ Anny Letestu E-recrutement et fracture numérique “Il y a tout un pan de la population et pas seulement les personnes âgées, qui a une vision réduite d’Internet. Même chez les jeunes, Internet se limite aux MSN, aux jeux et aux téléchargements. Il y a une traditionnelle fracture numérique”, déplore Denis Failly. Il y a ceux qui ont accès aux Tic et ceux qui en sont exclus, par manque de moyen ou de curiosité. “Je sais que certaines entreprises ont des blogs qui permettent de “chatter” avec les candidats, remarque Marion Salkin, mais ce n’est pas une pratique courante dans les PME bretonnes. Quant à Second Life, dans le Finistère, les seuls à en parler ce sont les étudiants des grandes écoles d’ingénieurs” Evoquer le Web.2 avec certains cabinets de recrutement qui ont pourtant leur siège à Paris suscite même l’interrogation ! “Dans le tissu local, artisanal et dans les PME, constate Denis Failly, on retrouve la vision Web.1, c’est-à-dire la vitrine et le site. Le Web.2 est complètement ignoré la plupart du temps !” Pour simplifier, le Web.1 est statique, alors que le Web.2 vise l’interaction entre les utilisateurs et la création des réseaux sociaux. Les sites Web.2 sont plus centrés sur l’humain que sur l’entreprise. L’internaute est acteur. Dernier constat : les réseaux sociaux sont plus courants chez les citadins et les personnes diplômées de moins de 45 ans. Clément Petit a malgré tout une vision optimiste du paysage “e-recrutement” breton : “l’année dernière, les sites semblaient réservés aux grands groupes et, en un an, les demandes semblent avoir explosé ! On nous demande même d’intégrer des vidéos…” Pour U-Job, les entreprises bretonnes ont, semble-t-il, fait un pas de géant, “mais on dirait que les projets n’ont pas le temps de s’épanouir et qu’ils disparaissent avant d’avoir 43 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 AI1727-44 1/09/08 12:41 Page 44 LE CMB SE LANCE SUR LE WEB.2 PRATIQUES Recrutement en 3D “Il y a un an et demi, explique Jocelyne Loaec, chargée d’études au sein de la DRH, on a considéré que la partie “recrutement” de notre site avait vieilli et qu’elle ne correspondait plus à l’image que nous voulions donner aux candidats” : une image dynamique, à la pointe des nouvelles technologies. Une réflexion a donc été engagée pour voir ce qui se pratiquait sur le web en matière de recrutement. “On a constaté que les sites n’étaient plus statiques mais dynamiques. On avait envie de surprendre le candidat, qu’il tombe sur un site qui détonne dans le paysage bancaire et dans le paysage du recrutement en général.” Une jeune agence de communication brestoise U-Job a travaillé sur le projet. Depuis le 17 mars, le site www.cmbrecrutement.fr est en ligne. Un travelling vertigineux balaye la place virtuelle de la cité du CMB. Le soleil éclabousse les pelouses, les trottoirs et les façades des bâtiments. Sur une mer bleue, 44 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 étale, on aperçoit un voilier. “Nous espérons attirer de nouveaux profils, car nous nous sommes aperçus que 75 % des candidatures se faisaient sur Internet et nous voulions faire progresser ce chiffre.” Grâce au graphisme soigné du site, le CMB élargit sa cible aux 20-35 ans. “Le site en 3D donne une nouvelle image de nous, modernise aussi l’idée qu’ont les candidats des métiers de la banque, une idée un peu vieillotte. Par ce nouveau moyen de communication, nous sommes dans la mouvance Second Life…” Face au CMB, l’internaute a le choix : soit il traverse, rentre dans le hall d’accueil et d’un clic de souris découvre les métiers propres à une agence en s’approchant des personnages en place, soit il se rend au siège ou bien opte pour l’espace RH. Dans chacun de ces lieux, il a l’impression de dialoguer avec une personne qui lui parle des spécificités de son métier. Le visiteur peut enfin se rendre sur le forum. Trois bancs font face à la mer. Deux personnages par banc le renseignent sur le recrutement : profils, étapes de recrutement, stages etc. S’il est motivé et convaincu, il peut, à chaque instant de sa promenade, déposer un CV ou faire suivre une information à un ami ou à un réseau. “Nous n’avons pas encore lancé de campagne de communication, mais on a déjà constaté une augmentation de 10 % des candidatures. Avec ce site, nous souhaitons préparer l’avenir, car nous allons subir, comme toutes les banques, les effets du papy boum, de la pyramide des âges…” Dans quelques semaines, le site émettra des sons et diffusera des vidéos “pour lui donner un aspect plus humain”. Il ne lui manque que la parole… A.L. AI1727-45 1/09/08 12:42 Page 45 http://www.regionsjob.com http://www.secondlife.com/ http://www.apec.fr/ Né il y a 7 ans, avec un site par grande région, dont la plateforme “ouestjob”. Ils ont tellement compris l’importance des blogs qu’ils ont créé cet été un “concours du meilleur blog emploi”. Le blog ou le moyen de parler de son métier, ou encore celui de lancer un appel à candidats. Mais aussi un espace wikimétiers pour informer sur les professions et partager avec le plus grand nombre d’internautes. Pour encore plus de convivialité, on trouve un coin “café” par secteur professionnel, avec une météo des offres d’emploi, des billets, des infos. D’après les cabinets de recrutement de l’Ouest, “ouestjob” a de plus en plus la cote. Un monde pas si virtuel. En juin 2007, L’Oréal s’est aperçu que les 20-30 ans étaient très friands des nouvelles technologies et des nouveaux médias comme MySpace ou Viadeo. Le groupe de cosmétique a donc lancé un recrutement (une première française) sur le site. Le candidat crée un avatar (petit personnage virtuel) et passe ensuite un entretien d’embauche de dix minutes. Si la candidature est retenue, le recruteur fixe un autre rendez-vous dans la vraie vie cette fois. Le CMB pense un jour utiliser ce moyen de recrutement… Avec celui de l’ANPE, il est bien sûr le site incontournable pour les cadres, mais aussi les recruteurs. Il rassemble une grande majorité des offres d’emploi pour les cadres. A noter que les offres sont recueillies et qualifiées par son réseau de consultants. Des “chats” sont organisés mensuellement depuis 2005 sur différents thèmes. Un réseau Linkedln et des blogs permettent l’interactivité entre candidats et recruteurs. PRATIQUES Quelques sites Quelques sites 45 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 1/09/08 12:42 Page 46 PRATIQUES AI1727-46 46 BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°188 • SEPTEMBRE 2008 1/09/08 12:43 Page 47 • 78 m2 - 4 pièces, bon état Libre de suite. Pour libéral RENNES NORD • 108 m2 - 6 pièces, bon état, libre - RENNES CENTRE • 130 m2 - 5 pièces, accueil, bon état, libre rapidement PLEIN CENTRE RENNES S E L E C T I O N S BUREAUX A LOUER • 215 m2 - 2 grandes salles, 3 bureaux. Libre, près métro RENNES SUD BUREAUX AUTONOMES A LOUER • 205 m2 - RDC, immeuble neuf, 7 parkings, libre - RENNES OUEST • 235 et 320 m2 - Bureaux standing, rénovation XVIIe - Disponibles PLEIN CENTRE RENNES Affaires à céder (Grand Ouest) 1. Agro-alimentaire C.A. > 25 000 K€ Expérience Agro, GMS ou RHD Cession filiale de Groupe Fonds propres nécessaires > 600 K€ 2. 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