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Dans le bestiaire fantastique, bien avant les zombis de Romero ou la créature
que Mary Shelley associe au docteur Frankenstein, le golem occupait la place
dévolue aux monstres humanoïdes, tirés du néant le temps d'un éclair de foudre
ou d'une explosion nucléaire. Ces histoires existent depuis des centaines d'années
et, comme le rappelle le com-positeur John Casken - dont le héros espère en
Omen un bouclier -,
"voient le jour au sein de communautés qui se sentent menacées et éprouvent le
besoin de se forger l'image d'un rédempteur ". La version
la plus connue de cette légende nous emmène dans la communauté
juive d'une Prague seicento où, à partir d'un tas d'argile et grâce au
pouvoir du Kabbalah, un savant respectable crée un homme invincible censé
protéger les plus faibles et obéir sans broncher.
olem & ometh © laurent guizard
"GOLEM", OPÉRA DE JOHN CASKEN
ANO - Théâtre Graslin, Nantes
14 janvier 2007
De nombreuses sources religieuses et profanes ont conduit Casken et Pierre
Audi à l'écriture du livret, articulé en deux parties. Lors de Prélude,
le Maharal vieillissant, tourmenté par des spectres, se souvient de la catastrophe
que fut la création d'un golem échappant lentement à son contrôle. Dans
Légende, cinq tableaux montrent les étapes d'une éman-cipation liée à la curiosité
et au désir, laquelle déplaît fortement au maître : la rencontre de Miriam,
occupée à laver ses draps, celle de Ometh, figure prométhéenne blessée qui
souhaite l'aide d'Omen pour débarrasser l'humanité du mal qui la ronge, celle enfin
d'un groupe de railleurs au
sein duquel l'innocent Stoïkus est tué.
Donné pour la première fois à l'Almeida Theater de Londres le 28 juin
1989, l'ouvrage pour orchestre de chambre favorise les vents, les cuivres
et la percussion plutôt que les cordes. Une bande préenregistrée s'y ajou-te, sans
encombrer un langage voué à la clarté et à la sobriété que défend efficacement
Philippe Nahon, à la tête de son ensemble Ars Nova. La mise en scène de
Jean Boillot est malheureusement gâchée par une scénogra-phie qui, mêlant
éléments contemporains (chambre d'hôpital, imagerie médicale géante) et
légendaires (promontoire rocheux, pont de bois, etc.), offre un trop-plein visuel
dispensable. Avec Ivan Mathis aux commandes,
la lumière aurait pu suffire à valoriser la cohabitation de ces deux univers
temporels.
Pour sa création française, Golem jouit d'une belle distribution vocale,
principalement avec Armando Noguera qui incarne un Maharal au chant souple,
au timbre rond, aux pianissimi délicats. De Jean-Loup Pagesy, dans un autre
ouvrage contemporain, nous gardions un souvenir mitigé
[lire notre chronique du 23 septembre 2006] : ici, il s'avère un chanteur sonore et
nuancé qui rend expressif et attachant son personnage masqué. En Miriam, Helen Kearn se révèle un honnête soprano, tandis que l'Ometh
du contre-ténor Tim Mead ne manque pas de santé. Après
Rennes et Nantes, Angers aura la chance d'accueillir cette œuvre qui repose de
la routine lyrique sans être inaccessible au plus grand
nombre.
Laurent Bergnach
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