CITES 2013: L`année de Requin
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CITES 2013: L`année de Requin
CITES 2013 L’ANNÉE DU REQUIN PHOTO: JIM ABERNETHY CITES 2013 L’ANNÉE DU REQUIN UNE INSCRIPTION À L’ANNEXE II réglemente le commerce international des espèces qui sont surexploitées et qui peuvent être menacées si leur commerce n’est pas réglementé de manière efficace. Une telle inscription ne constitue pas une interdiction de commerce ou n’affecte pas l’utilisation d’une espèce à l’intérieur de la juridiction nationale. Les mesures et les décisions nationales de gestion des pêcheries ne sont pas affectées par cette inscription. L’Annexe II autorise le commerce international, mais donne aux espèces épuisées ou surexploitées une chance de se renouveler en autorisant seulement le commerce durable et légal. LA VALEUR ÉCOLOGIQUE ET ÉCONOMIQUE DES REQUINS Les requins ont plus de valeur vivants que morts. Le tourisme impliquant des requins, comme la plongée récréative en bouteilles ou en apnée avec les requins, est généralement plus durable et souvent plus rentable que la pêche au requin et son commerce. Par exemple, la valeur de durée de vie estimée d’un requin de récif vivant pour l’industrie du tourisme de Palau est de 1,9 million USD, tandis que ce même requin de récif vaut 108 USD s’il est capturé et tué. La santé des océans dépend des requins. Les requins permettent de maintenir l’équilibre des écosystèmes marins. Lorsque leurs populations diminuent, des conséquences imprévisibles sur l’environnement océanique peuvent en résulter, y compris le possible effondrement de pêcheries commercialement importantes. PHOTO: DAVID BURDICK/NOAA Requins-marteaux halicornes (Sphyrna lewini) PHOTO: C&M FALLOWS/OCEANWIDEIMAGES.COM n Les requins-marteaux halicornes vivent le long des côtes dans les eaux chaudes et tempérées des océans Atlantique, Pacifique et Indien. n Les scientifiques ont estimé que 1 300 000 à 2 700 000 requins-marteaux halicornes et lisses sont tués pour le commerce de leurs ailerons chaque année.9 Selon la Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le requin-marteau halicorne et le grand requin-marteau sont en danger critique d’extinction et les requins-marteaux lisses sont vulnérables dans le monde entier. vulnérables en danger Requin-taupe commun (Lamna nasus) n Petit cousin du grand requin blanc, le requin-taupe commun habite le long des côtes et dans les eaux internationales. On le trouve dans les eaux tempérées froides de l’Atlantique Nord et dans l’hémisphère Sud. n La viande du requin-taupe commun est considérée comme étant de haute qualité, en particulier en Europe, notamment en France, en Espagne et en Italie. Les ailerons de requin-taupe sont aussi très demandés pour la soupe d’ailerons de requins en Asie. vulnérables Le requin-taupe commun est évalué sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN comme vulnérable au plan mondial, en danger dans l’Atlantique Nord-Ouest et en danger critique dans l’Atlantique Nord-Est et dans la mer Méditerranée. en danger en danger critique d’extinction PHOTO: DOUG PERRINE/SEAPICS.COM 2 Requin océanique (Carcharhinus longimanus) PHOTO: JIM ABERNETHY n Même si elle est l’une des espèces de requins les plus répandues, se trouvant dans toutes les mers tropicales et tempérées du monde, l’espèce du requin océanique est aussi l’une des plus menacées. n Les scientifiques ont estimé qu’entre 250 000 et 1 300 000 requins océaniques sont tués par an au niveau mondial pour le commerce des ailerons.25 Les requins océaniques sont répertoriés comme vulnérables au niveau mondial et en danger critique d’extinction dans l’océan Atlantique Nord-Ouest et central. vulnérables en danger critique d’extinction Raie manta (Genre Manta) n La raie manta océanique (Manta birostris) se trouve dans le monde entier dans les eaux tropicales et tempérées ; la raie manta résidentielle (M. alfredi) se trouve dans les eaux tropicales et subtropicales des océans Pacifique, Atlantique et Indien. n On estime que les plaques branchiales de près de 4 000 à 5 000 raies manta sont vendues chaque année, elles sont utilisées en Asie pour fabriquer un prétendu tonique de santé.40 La raie manta océanique et la manta résidentielle sont toutes deux classées comme vulnérables. vulnérables PHOTO: JEFF ROTMAN 3 PROPOSITION 43 — VOTE oui! PHOTO: CHRIS NEWBERT/MINDEN PICTURES/NATIONAL GEOGRAPHIC STOCK > Requin-marteau halicorne Parrainé par le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, les États membres de l’Union européenne, l’Équateur, le Honduras et le Mexique a un taux de reproduction très faible et qu’il est l’une des espèces les plus vulnérables de l’océan. Le requin-marteau lisse (Sphyrna zygaena) et le grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) sont inscrits comme des espèces identiques dans la proposition concernant le requin-marteau halicorne. Les relevés des ressources halieutiques de l’Atlantique du Nord-Ouest ont mis en évidence une perte jusqu’à 98 pour cent des requins-marteaux,3 les débarquements dans l’Atlantique du Sud-Ouest ont connu un déclin allant jusqu’à 90 pour cent,4 et des diminutions de plus de 99 pour cent ont eu lieu dans certaines parties de la mer Méditerranée.5 Informations sur l’espèce Le requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), l’une des espèces de requins les plus emblématiques avec sa tête en forme de marteau, est également l’une des espèces de requins les plus menacées. Le requin-marteau halicorne fait l’objet de pêches ciblées, de pêches illégales et de prises accessoires dans le monde entier. Il est exploité principalement pour répondre à une demande mondiale croissante pour ses ailerons, qui comptent parmi les plus précieux dans le commerce des ailerons.1 Le requin-marteau se regroupe souvent en grand nombre, ce qui le rend encore plus vulnérable à l’effort de pêche.2 En conséquence, il est évalué sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme menacé au niveau mondial et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) le classe dans la catégorie ayant la plus basse productivité, ce qui signifie qu’il PHOTO: JONATHAN BIRD/SEAPICS.COM 4 Bien que la forme distincte des corps de requinsmarteaux permet une identification facile du genre, il peut être difficile de distinguer le requin-marteau halicorne des deux espèces lui ressemblant, le requin-marteau lisse (S. zygaena) et le grand requinmarteau (S. mokarran), surtout si l’on ne regarde que les ailerons. Les données spécifiques aux espèces sont limitées, mais les investigations scientifiques basées sur le marché génèrent des informations importantes sur le commerce.6 Les négociants ont déclaré que les ailerons de requins-marteaux comptent parmi les plus précieux.7 Les trois espèces de requins-marteaux représentent environ six pour cent des ailerons identifiés qui entrent sur le marché de Hong Kong.8 À partir de ces informations, PHOTO: Shawn HEINRICHS/Blue Sphere Media Avantages d’une inscription à une annexe de la CITES Une proposition visant à inscrire le requin-marteau halicorne à l’Annexe II a été déposée à la CoP15 et a été approuvée par la FAO, le Secrétariat de la CITES et le réseau TRAFFIC/l’UICN. Cependant, la proposition n’a pas été adoptée à ce jour. les scientifiques ont estimé qu’entre 1 300 000 à 2 700 000 requins-marteaux halicornes et lisses sont exploités pour le commerce de leurs ailerons chaque année.9 Quelques pays seulement et une seule Organisation régionale de gestion de la pêche (ORGP) ont pris des mesures de conservation ou de gestion des requins-marteaux, mais les ORGP ne réglementent pas le commerce international.10 Selon une évaluation datant de 2008 sur la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, les requinsmarteaux comptent parmi les espèces de requins qui sont le plus souvent pêchées illégalement.11 Bien que l’inclusion récente du requin-marteau halicorne dans l’Annexe III de la CITES représente une étape positive, une inscription à l’Annexe II est essentielle pour assurer qu’il est protégé dans tous ses habitats de la surexploitation due au commerce international. Une inclusion à l’Annexe II de la CITES du requin-marteau halicorne améliorera considérablement la santé future des populations en réglementant le commerce international des produits des requins-marteaux, garantissant que le commerce ne se produit que de la pêche durable et légale et améliorant la communication des données et les efforts de mise en application. En septembre 2012, le requin-marteau halicorne a été inscrit dans l’Annexe III. L’inscription à l’Annexe III nécessite qu’un permis d’exportation soit délivré pour les produits et la faune exportés du pays qui a inscrit l’espèce à l’Annexe III (en l’occurrence, il s’agit du Costa Rica et de l’Australie). Tous les autres pays doivent délivrer un certificat d’origine indiquant que le produit n’est pas issu du pays qui a inscrit l’espèce à l’Annexe ; mais d’autres constatations scientifiques ne sont pas nécessaires. 5 Requin-marteau halicorne Gestion et commerce PROPOSITION 44 — VOTE oui! PHOTO: DOUG PERRINE/SEAPICS.COM > Requin-taupe Parrainé par le Brésil, les Comores, la Croatie, les États membres de l’Union européenne et l’Égypte Informations sur l’espèce Le requin-taupe commun (Lamna nasus) est un grand requin à sang chaud qui se situe dans les eaux tempérées de l’Atlantique Nord et de l’hémisphère austral. Les populations de requin-taupe commun ont été gravement amoindries dans le monde entier. La Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a évalué le requin-taupe commun comme vulnérable au niveau mondial, en danger d’extinction dans l’Atlantique du Nord-Ouest et en danger critique d’extinction en Méditerranée et en Atlantique du Nord-Est. Les requins-taupes figurent dans la catégorie de productivité la plus faible établie par la FAO, ce qui signifie qu’ils ont une capacité de reproduction très faible, les rendant particulièrement vulnérables à la surexploitation. C’est également l’une des espèces les plus vulnérables de l’océan. PHOTO: DOUG PERRINE/SEAPICS.COM l’épuisement radical des populations de requinstaupes communs, ils sont incapables de remplir leur rôle clé dans l’écosystème marin.13 Les populations de requin-taupe commun sont réduites d’environ 70 pour cent de leurs niveaux historiques dans tous leurs habitats, et dans certains endroits, les baisses sont encore plus significatives.14 Par exemple, dans la mer Méditerranée, les requinstaupes communs ont pratiquement disparu.15 Cette espèce représente une valeur commerciale importante — tant pour ses grands ailerons que pour sa viande — et elle est capturée par la pêche ciblée et en prise accessoire.12 La demande Gestion et commerce internationale pour la viande et les ailerons du requin-taupe commun a réduit leurs populations à des niveaux très faibles dans son aire de répartition. Des évaluations récentes montrent qu’en raison de Bien que la gestion s’est améliorée dans certains habitats du requin-taupe commun grâce aux mesures prises au niveau de la pêche domestique, 6 permis d’exportation. Toutes les autres Parties de la CITES sont tenues de délivrer un certificat d’origine attestant que le spécimen ne provient pas du pays qui a inscrit l’espèce à l’Annexe III, mais d’autres constatations scientifiques ne sont pas nécessaires. La Commission des pêches de l’Atlantique NordEst (CPANE) a interdit le ciblage et la conservation des requins-taupes communs,16 mais la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) n’a toujours pas réussi à agir ; dans les habitats austraux du requin-taupe commun, il n’existe aucune mesure de conservation ou de gestion dans les zones au-delà de la juridiction nationale. Tout ceci s’ajoute à d’immenses zones où le requin-taupe commun n’a aucune protection. Comme l’espèce est extrêmement vulnérable, tant lors de la pêche à la palangre ciblée sur ce requin qu’en cas de prise accessoire dans tous ses habitats, un épuisement supplémentaire est susceptible de mettre cette espèce en danger d’extinction. Même là où la rétention à bord est interdite, comme dans l’Union européenne et la zone de la CPANE, l’application et le respect sont souvent faibles et il reste des niveaux élevés de mortalité. Avantages d’une inscription à une annexe de la CITES Une proposition visant à inscrire le requin-taupe commun à l’Annexe III de la CITES a été déposée à la CoP15 et a été approuvée par la FAO, le Secrétariat de la CITES et le réseau TRAFFIC/l’UICN. Cependant, à cette époque, la proposition n’a pas été adoptée. Une nouvelle proposition pour l’Annexe II a été soumise par les États membres de l’UE, le Brésil, les Comores, la Croatie et l’Égypte pour examen par les Parties à la CoP16. Il ressort clairement des évaluations continues que la population ne s’est pas rétablie. Une analyse plus poussée montre que son état a globalement empiré par rapport à 2010 et que le commerce international demeure important. Bien que l’inclusion récente du requin-taupe commun dans l’Annexe III de la CITES représente une étape positive, une inscription à l’Annexe II est essentielle pour assurer qu’il est protégé dans tous ses habitats de la surexploitation due au commerce international. Une inclusion à l’Annexe II de la CITES du requin-taupe commun est scientifiquement justifiée et essentielle pour veiller à ce que le commerce ne se produise que d’une pêche qui est légale et durable et que les données commerciales soient bien enregistrées. À la fin de 2012, le requin-taupe commun a été inclus dans l’Annexe III de la CITES. L’inscription nécessite qu’un permis d’exportation soit délivré pour les produits exportés de la faune du pays qui a inscrit l’espèce à l’Annexe III. Dans ce cas, 20 des 27 États membres de l’UE et l’Australie, qui ont inclus les espèces à l’Annexe III, doivent délivrer des 7 Requin-taupe comme un plan de gestion au Canada et une interdiction de conservation dans l’Union européenne, il n’y a toujours presque pas de mesures internationales de conservation ou de gestion pour les espèces en haute mer (régions en dehors de toute juridiction nationale). PROPOSITION 42 — VOTE oui! PHOTO: BRIAN SKERRY/NATIONAL GEOGRAPHIC STOCK > Requin océanique Parrainé par le Brésil, la Colombie, les États-Unis d’Amérique Informations sur l’espèce Plusieurs études scientifiques montrent la baisse drastique des populations de ce requin. Une étude de population dans le golfe du Mexique a estimé une baisse de 99 % en seulement quatre générations.17 Pendant ce temps, dans l’Atlantique Le requin océanique (Carcharhinus longimanus) est une espèce de haute mer avec une pointe blanche distinctive sur sa nageoire dorsale. Même si elle est l’une des espèces de requins les plus répandues, se trouvant dans toutes les mers tropicales et tempérées du monde, elle est aussi l’une des plus menacées. Nord-Ouest, une analyse a montré des baisses allant jusqu’à 70 % depuis 1992.18 En outre, une analyse similaire dans le Pacifique a estimé une baisse de 90 % de la biomasse.19 Plus récemment, une évaluation des stocks en 2012 dans le Pacifique occidental et central a déterminé que les requins océaniques sont surexploités et que la surpêche continue de se produire.20 Les requins océaniques ont connu un important déclin de leur population, principalement en raison d’une surexploitation alimentée par une demande mondiale pour leurs grandes nageoires très prisées. La Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a évalué les requins océaniques comme vulnérables au niveau mondial, en danger critique d’extinction dans l’Atlantique Nord-Ouest et en Atlantique central. Les requins océaniques figurent par ailleurs dans la catégorie de productivité la plus faible établie par la FAO, ce qui signifie qu’ils ont une capacité de reproduction très faible, les rendant particulièrement vulnérables à la surexploitation. C’est également l’une des espèces les plus vulnérables de l’océan. PHOTO: JIM ABERNETHY 8 Les nageoires des requins océaniques sont facilement identifiables dans le commerce par la couleur blanche à l’extrémité de leurs ailerons, leur forme arrondie et leur grande taille, faisant d’elles l’un des produits les plus distinctifs dans le Avantages d’une inscription à une annexe de la CITES Une proposition visant à inscrire l’espèce à l’Annexe II de la CITES a été déposée lors de la 15e réunion de la CoP15 et a été approuvée par la FAO, le Secrétariat de la CITES et le réseau TRAFFIC/l’UICN. Cependant, à cette époque, la proposition n’a pas été adoptée. Bien que certaines mesures de conservation et de gestion ont été prises par les ORGP depuis la CoP15, d’énormes lacunes dans les règlements existent et l’application et le respect de ceux-ci sont limités. commerce des ailerons de requin. L’identification de ces nageoires non transformées peut être accomplie par observation visuelle seule. Une étude de l’ADN des nageoires montre que les commerçants de ces ailerons peuvent identifier les nageoires de requin océanique avec un taux de précision de 100 %.23 Les requins océaniques représentent environ 1,8 % des ailerons identifiés qui entrent sur le marché de Hong Kong.24 À partir de cette information, les scientifiques ont estimé qu’environ 250 000 à 1 300 000 requins océaniques sont tués dans le monde chaque année pour le commerce des ailerons.25 L’inscription du requin océanique à l’Annexe II de la CITES aidera les États à faire respecter leurs interdictions nationales et aidera les Parties contractantes aux ORGP pertinentes à assurer le respect des mesures de gestion existantes. Une inscription à l’Annexe II est à la fois scientifiquement justifiée et essentielle pour assurer que le commerce n’est issu que de la pêche légale et durable ainsi que pour faciliter la collecte de données sur tout l’habitat de l’espèce. Les requins océaniques reçoivent une certaine protection grâce à des mesures de conservation et de gestion récemment acceptées et grâce à certaines organisations régionales de gestion des pêches (ORGP). Mais ces mesures ne s’étendent pas à l’ensemble de l’espèce, pas plus qu’elles ne réglementent le commerce international. En outre, 9 Requin océanique ces mesures ne sont applicables qu’aux requins océaniques pris dans les pêcheries spécifiques couvertes par ces ORGP particulières et uniquement dans les pays qui sont membres de ces ORGP. La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, la Commission interaméricaine du thon tropical et la Commission des pêches pour le Pacifique occidental et central ont interdit la conservation à bord, le transbordement et le débarquement de requins océaniques au sein de leurs pêcheries. Plusieurs pêcheries ciblées existent pour les requins océaniques, qui sont fréquemment capturés aussi en tant que prises accessoires par la pêche au thon et à l’espadon.21 Bien que le taux de survie de cette espèce soit élevé lors de la pêche à la palangre et que les requins océaniques pourraient être remis à l’eau vivants,22 la faible valeur marchande de sa viande couplée à la haute valeur de ses nageoires conduit souvent les pêcheurs à retirer les nageoires en mer et à jeter les carcasses par-dessus bord. PROPOSITION 46 — VOTE oui! PHOTO: GUY STEVENS > Raies manta Parrainées par le Brésil, la Colombie, l’Équateur et 5 m27 pour les raies manta résidentielles, et Informations sur l’espèce ces doux géants ont une énorme valeur pour l’écotourisme.28 Les raies manta pélagiques (Manta birostris) et les raies manta résidentielles (Manta alfredi) sont parmi la faune la plus charismatique de l’océan. Les raies manta se retrouvent généralement dans les eaux tropicales et subtropicales, mais les raies manta pélagiques peuvent se trouver dans les eaux tempérées. Les raies peuvent atteindre des tailles allant jusqu’à 9 m26 pour les raies manta pélagiques Les raies manta sont évaluées sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme vulnérables à l’échelle mondiale. Les raies manta ont une très faible capacité de reproduction, portant seulement un petit tous les deux ou trois ans en moyenne, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la surexploitation.29, 30 Elles sont surexploitées comme prises accessoires et par la pêche ciblée partout dans les océans Atlantique, Pacifique et Indien. Ces dernières années, la pêche à la raie manta s’est développée dans de nombreux endroits dans tous ses habitats, principalement en réponse à l’émergence du marché international pour ses opercules. Les appendices prébranchiaux (opercules) de raie manta, vendus sur certains marchés asiatiques comme un tonique ayant de prétendus effets sur la santé, constituent la partie la plus précieuse pour le commerce international, le cartilage et la peau étant d’une moindre importance.31 Le déclin de la population des raies pélagiques et résidentielles est élevé dans plusieurs régions, où des baisses de plus de 85 % de la population de PHOTO: GUY STEVENS 10 raies référence sont constatées.32, 33 De façon alarmante, des effondrements locaux de populations ont eu lieu au cours d’une génération ou moins dans les zones où la pêche ciblée existe.34, 35, 36 Par exemple, les débarquements annuels de raies manta en Indonésie ont chuté de 56 % en neuf ans.37 Au Mozambique, les observations de Manta alfredi ont diminué de 86 % sur une période de huit ans au cours de laquelle la pêche s’est développée.38 Gestion et commerce Les trois principaux pays de pêche des raies manta (l’Indonésie, le Sri Lanka et l’Inde) comptent pour environ 90 % de la capture des raies manta dans le monde et ils ciblent les raies manta pour leurs opercules.39 Le commerce des opercules n’est pas bien documenté, même si une estimation du volume total du commerce des opercules a été compilée à partir d’une analyse des études de marché sur les principaux marchés des opercules de raies manta : Guangzhou, Hong Kong et Macao en Chine, ainsi que Singapour, mais environ 99 % du marché est basé à Guangzhou. Ces enquêtes ont estimé le volume annuel du commerce des opercules à environ 21 000 kg d’opercules secs de raies manta, représentant environ 4 652 raies manta.40 Peu ou quasiment aucune gestion n’existe concernant le commerce international des produits des raies manta. PHOTO: GUY STEVENS ORGP (Organisation régionale de gestion des pêches), aucune ORGP n’a adopté de mesures contraignantes pour protéger ou réglementer spécifiquement les débarquements de raies manta. Avantages d’une inscription à une annexe de la CITES Bien qu’un certain nombre de pays, y compris les Parties de la CMS, ont commencé à prendre des mesures pour faire face au déclin des populations des raies manta, ces mesures ne permettent pas de réglementer le commerce international des produits des raies manta, n’ont pas la portée mondiale de la CITES et ne couvrent souvent qu’une des deux espèces de raies manta décrites. Une inscription à l’Annexe II pour le genre Manta est nécessaire afin d’assurer que le commerce international cesse de menacer la survie de ces espèces. Plusieurs pays, dont l’Équateur, les Maldives, le Mexique, la Nouvelle-Zélande et les Philippines ont mis en place des mesures pour protéger les raies manta. En outre, la raie manta pélagique a été inscrite aux Annexes I et II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) en 2011. Cela signifie que les 116 Parties de la CMS sont obligées de travailler pour faire respecter les protections strictes de ces animaux, y compris une interdiction de prise, ainsi que de conserver ou de restaurer les habitats dans lesquels elles vivent, d’atténuer les obstacles à la migration et de contrôler d’autres facteurs qui pourraient davantage mettre l’espèce en danger. Malgré le fait que les raies manta sont capturées en tant que prise accessoire dans certaines pêcheries régies par une Une proposition visant à inclure le genre Manta dans l’Annexe II de la CITES a été soumise à considération lors de la 16e rencontre de la Conférence des Parties (CoP16) en 2013, par le Brésil, la Colombie et l’Équateur. Il est clair à partir des évaluations récentes que les populations sont gravement décimées et que le commerce international est le moteur de ce déclin. Une inscription à l’Annexe II réglementant le commerce international pour s’assurer qu’il est durable et légal pourrait donc aider les populations à se remettre du déclin. 11 notes REQUIN-MARTEAU HALICORNE REQUIN OCÉANIQUE 1 Chapman, D.D., D. Pinhal, and M.S. Shivji, “Tracking the fin trade: Genetic stock identification in western Atlantic scalloped hammerhead sharks Sphyrna lewini,” Endangered Species Research, 9:221-228 (2009), www.int-res.com/articles/esr2009/9/ n009p221.pdf. 17 Baum, J.K., and R.A. 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Sabah, Malaysia, July 1997, pp. 132-148 (2002). 37 Dewar (2002). 38Rohner et al., en cours de révision 39 Ibid. 40Heinrichs et al., (2011). Contact: [email protected] Philadelphia, Pa. 19103 Tel. +1 (215)575-9050 Washington, D.C. 20004 Tel. +1 (202)552-2000 1050 Brussels, Belgium Tel. +32 (0)2 274 1620 12 London WC1 HBY, UK Tel. +44 (0)20 7388 5370 ESPÈCES INSCRITES À L’ANNEXE II : LA CLÉ DU COMMERCE DURABLE QUEL EST LE VÉRITABLE SENS DE L’ANNEXE II ? DÉCONSTRUCTION DU MYTHE : L’Annexe II de la CITES répertorie les espèces qui ne sont pas nécessairement menacées d’extinction actuellement, mais dont la survie peut dépendre d’une réglementation stricte du commerce. Pour s’assurer qu’une inscription à l’Annexe II réussisse à éviter qu’une espèce atteigne un niveau où son inscription à l’Annexe I est nécessaire, le prélèvement dans la nature et le commerce international de l’espèce doivent être à des niveaux qui ne nuisent pas à sa survie ou à son rôle au sein de son écosystème. Conformément à cette exigence, les États doivent certifier que le commerce des espèces inscrites à la CITES est durable en appliquant les mesures suivantes : L’autorité scientifique (AS) de chacune des Parties doit surveiller à la fois les permis d’exportation accordés pour les espèces inscrites à l’Annexe II et les exportations réelles de ces spécimens depuis l’État en question. Pour obtenir un permis d’exportation, l’AS de l’État d’exportation doit délivrer un avis de commerce « non préjudiciable » qui affirme que l’exportation ne nuira pas à la survie de cette espèce dans la nature. Si l’AS estime que l’exportation des espèces doit être limitée pour que l’espèce conserve son rôle dans son écosystème et reste à un niveau au-dessus duquel l’espèce devrait être inscrite et incluse à l’Annexe I, l’AS doit communiquer avec l’instance gestionnaire afin de faire instaurer des mesures pour limiter le nombre de permis d’exportation autorisés pour l’espèce en question. Trois espèces de requins (à savoir le grand requin blanc, le requin-baleine et le requin-pèlerin) sont déjà inscrites à l’Annexe II. Les permis d’exportation pour ces espèces ne sont accordés qu’après la délivrance d’un avis de commerce non préjudiciable et une fois le commerce jugé durable. D’autres espèces de requins et de raies manta ont été proposées lors de la 16e réunion de la Conférence des Parties (COP16) à la CITES en vue d’une inclusion dans l’Annexe II. L’adoption et la mise en œuvre de ces propositions seront des éléments clés pour veiller à ce qu’elles ne doivent pas être inscrites à l’Annexe I dans un proche avenir. À PROPOS DU PEW ENVIRONMENT GROUP Le Pew Environment Group est la branche dédiée à la conservation de Pew Charitable Trusts, organisation non gouvernementale qui travaille au niveau mondial pour instaurer des politiques pragmatiques et basées sur des résultats scientifiques pour protéger nos océans, préserver nos terres sauvages et promouvoir l’énergie propre. Contact: Philadelphia, Pa. 19103 Tel. +1 (215)575-9050 1050 Brussels, Belgium Tel. +32 (0)2 274 1620 Washington, D.C. 20004 Tel. +1 (202)552-2000 London WC1 HBY, UK Tel. +44 (0)20 7388 5370 www.PewEnvironment.org/CITES Printed on recycled paper using vegetable-based inks and 100% wind power.