Le développement des stages d`internes dans les établissements

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Le développement des stages d`internes dans les établissements
 Version intégrale de l’article publié dans la Lettre n°2 – décembre 2012
Le développement des stages d’internes dans les établissements privés Depuis un an, les internes peuvent finaliser leur formation par un stage dans un établissement privé. Le secteur privé se voit ainsi reconnaître une « mission de service publique » supplémentaire. Il démontre ainsi, une fois de plus, sa complémentarité avec l’hôpital. « Compagnonnage ». C’est le premier mot qui vient à l’esprit du Dr Frédéric Teboul, chirurgien de la main à la Clinique La Francilienne lorsqu’il évoque l’accueil des internes en clinique. « C’est un vrai plaisir de participer à la formation des jeunes, insiste le spécialiste. Depuis plus de dix ans, la clinique reçoit, chaque semestre des résidents étrangers ou des internes en disponibilité désireux de parfaire leurs techniques chirurgicales. Au premier novembre, la Clinique La Francilienne devrait accueillir pour la première fois un interne dans le cadre de ses «semestres validants ». Cette possibilité a été ouverte par la loi HPST. En France, une soixantaine d’internes ont ainsi pu effectuer un stage dans un établissement privé entre 2011 et 2012. Comme la Clinique Jouvenet à Paris ou la clinique Victor Hugo au Mans. Pour la Francilienne, qu’est‐ce que cela va changer ? Beaucoup et très peu, tout à la fois. Sur le plan organisationnel les médecins reçoivent depuis dix ans des étudiants et jeunes médecins, les associent aux réunions de staff, les encadrent, les aident sur la prise en charge chirurgicale de certaines urgences mains. L’interne qui sera prochainement intégré arrivera donc dans une structure habituée à accueillir et former des jeunes. D’un autre côté, cela induira de réels changements. La situation actuelle ne permettait de recevoir que des internes en disponibilité (internes ayant d’ores et déjà fini leur cursus et choisissant de continuer à se former). Une situation instable sur le plan financier qui limitait les candidatures. Aujourd’hui tout interne pourra postuler. Par ailleurs, les médecins espèrent nouer avec leurs meilleurs internes des relations conduisant ces derniers à les rejoindre. Dr Caroline Delaroche, ancien interne à la Francilienne Ce qui attire un étudiant dans une clinique comme celle­là, c’est à la fois la réputation de la clinique et le plateau technique. Un des grands intérêts d’un stage comme celui­ci réside dans le nombre d’interventions auxquelles on peut participer quotidiennement. Au CHU, quand on voyait six ou sept patients dans une journée, c’était une bonne journée. À la Francilienne, on compte plutôt sept à huit patients par demi­journée !
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Une réelle demande « Ce sont les internes qui nous ont poussés à demander un agrément pour devenir centre formateur » confie le Dr Teboul. En effet, dans certains domaines comme la chirurgie de la main, on observe une inadéquation entre le nombre de postes proposés dans le secteur public et les besoins des internes. Ainsi en région parisienne 5 postes seulement sont dédiés à la chirurgie de la main (3 à saint Antoine et 2 à l’HEGP). Seule l’ouverture au secteur privé peut créer une véritable bouffée d’air, permettant aux jeunes de recevoir la formation escomptée. Qui plus est, la réputation de ces cliniques privées, tant en matière de techniques que de matériel, n’est plus à faire. Cela vaut également pour d’autres disciplines comme la chirurgie bariatrique ou la chirurgie esthétique, où le privé s’est taillé une réputation d’excellence. Toutes spécialités confondues, notons que les hôpitaux privés réalisent 60 % de l’activité chirurgicale française. Autre avantage : la proximité. « Dans le privé, un compagnonnage plus simple, une relation plus directe s’instaurent entre le médecin référent et l’interne. La hiérarchie est moins prégnante » observe le Dr Patrick Assyag, Coordonnateur de la Commission Spécialistes à Exercice Mixte de l’URPS, qui a participé activement aux commissions de répartition et aidé l’Institut de Cardiologie de Paris Sud à Massy, connu sur le plan national et international, pour la qualité de son encadrement et de sa recherche, à être agréé comme centre de formation. Du côté des cliniques l’arrivée de ces internes présente un caractère très stimulant. « Cela nous oblige à nous mettre tout le temps à niveau » observe le Dr Teboul qui espère que cette concurrence entre les établissements, initiera une saine émulation permettant à chacun de progresser. Car le bouche à oreille joue énormément. Chaque interne réalisera une évaluation officielle de son stage, évaluation qui sera ensuite utilisée par les générations suivantes d’internes pour choisir leurs lieux d’affectation. Nul doute que le privé aura à cœur que ces évaluations soient les plus honorables possibles. Dr Caroline Delaroche, ancien interne à la Francilienne En clinique le chef est systématiquement à côté pendant une opération. C’est plus facile, c’est plus rassurant et c’est très formateur. À mon avis, il faut avoir fait les deux. Il y a une complémentarité entre les stages dans le public et ceux dans le privé. On n’y voit pas les mêmes patients, ni les mêmes pathologies, les méthodes ne sont pas les mêmes.
En pratique La formation des internes en clinique privée a été instaurée par la loi HPST promulguée le 21 juillet 2009. Deux arrêtés importants complètent la Loi : l’arrêté du 4 février 2011 détermine notamment les modalités de l’encadrement de ces internes par les médecins du secteur privé ainsi que le rôle et le fonctionnement des différentes commissions ; l’arrêté du 24 mai 2011, fixe la teneur des conventions permettant l’accueil des internes effectuant des stages en dehors de leur Centre Hospitalier de rattachement. Plusieurs étapes jalonnent cette nouvelle opportunité. Article complet ‐ Extrait de la lettre des médecins spécialistes plet ‐ Extrait de la lettre des médecins spécialistes Page 2/3
L’agrément L’établissement doit tout d’abord être agréé comme lieu de stage pour une spécialité donnée sous l’autorité d’un médecin qui a lui‐même internes, en Île‐de‐
reçu un agrément (médecin faisant de la recherche, membre de France, ont choisi, de sociétés savantes, participant déjà à des missions d’enseignement…). réaliser leur second Cette autorisation est octroyée par le directeur de l’ARS sur avis de la semestre au sein d’un des 9 commission de subdivision, soit pour une durée de 5 ans, soit de établissements privés ayant manière conditionnelle, pour une durée de un an. Elle peut être obtenu un agrément en remise en cause si le médecin pilote change d’établissement. Les 2012. (Source FHP)
commissions se tiennent au début de l’été. Les participants à ces commissions sont, l’ARS, un doyen de faculté, les coordonnateurs régionaux de spécialités, des représentants des internes, et des directions des centres hospitaliers. Plusieurs conditions sont requises pour qu’un établissement soit agréé : l’encadrement et les moyens pédagogiques doivent être adaptés, l’activité de soins doit être suffisante pour que l’interne tire profit de son séjour, la recherche doit être valorisée en particulier par des publications scientifiques. 11
L’attribution d’un poste Elle se fait sous l’autorité de la commission de répartition, qui se tient deux fois par an, quelques mois avant le début de chaque semestre. Son objectif est de s’assurer que tous les internes de la filière auront un stage dans leur spécialité. Le fait qu’une clinique soit agréée n’est donc pas la garantie qu’un poste d’interne s’ouvrira. L’URPS est membre de cette commission de répartition. La question de la rémunération de l’interne comme celle de son assurance sont désormais clarifiées. L’interne demeuré salarié de son établissement de référence, la clinique rembourse le centre hospitalier, et se voit attribuer une allocation variable (MERRI) selon la qualification de l’interne (nombre de semestres validés). Pour l’assurance dans bien des cas, aucune prime complémentaire n’est requise. En revanche, l’interne doit avoir une Responsabilité Civile Professionnelle. 4 conseils pour accueillir des internes Accueillir plusieurs internes et/ou résidents afin qu’ils puissent échanger entre eux. Avoir une équipe de médecins motivés pour l’encadrement.
Vérifier que l’on répond bien à l’ensemble des critères (moyens pédagogiques, flux des patients…). Prendre contact au besoin avec le syndicat des internes (SIHP) afin de peaufiner le dossier de candidature. Article complet ‐ Extrait de la lettre des médecins spécialistes plet ‐ Extrait de la lettre des médecins spécialistes Page 3/3