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Didier van HECKE, L’APOCALYPSE, GSA, 2015/2016.
2 L'APOCALYPSE :
un écrit apocalyptique ?
INTRODUCTION
Les premiers mots du livre, jApoka/luyiç jIhsouv Cristouv, comme son contenu, le désignent
comme un écrit appartenant à la littérature apocalyptique. Celle-ci comprend un ensemble d'écrits du
monde juif ou chrétien, répartis sur quatre siècles du IIe siècle avant JC au IIe siècle après JC. Le
nombre de ces écrits, de même que l'étendue de leur période de composition, nous mettent en présence
d'un phénomène significatif, et non marginal, du judaïsme tardif et du christianisme naissant. En effet,
une trentaine d'œuvres peuvent aisément être rattachées à cette littérature. Qu'elles soient
intégralement ou partiellement apocalyptiques, elles n'en fournissent pas moins un éclairage
significatif, voire décisif sur le milieu qui a vu naître l'Apocalypse de Jean. Celui-ci montre une
connaissance très vaste et très familière des thèmes, des schèmes et des préoccupations des milieux
apocalyptiques. Il s’en sert, nous le verrons, avec beaucoup de souplesse, de sûreté et de liberté.
Dans la Bible, on retrouve quelques apocalypses canoniques. Dans l'Ancien Testament, plusieurs
textes ou livres appartiennent au genre apocalyptique : Is 24-27, les livres de Joël, Zacharie, Daniel.
De même, dans le Nouveau Testament, quelques passages appartiennent à ce genre : Mc 13 (et //), 1
Th 4,13-5,11 et 2 Th 2,1-12.
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Quant à la venue de l’Impie, marquée par l’activité de Satan, elle se manifestera par toutes sortes
d’œuvres puissantes, de miracles, de prodiges trompeurs10et par toutes les séductions de l’injustice
pour ceux qui se perdent, faute d’avoir accueilli l’amour de la vérité qui les aurait sauvés. 11C’est
pourquoi Dieu leur envoie une puissance d’égarement qui les fait croire au mensonge, 12afin que
soient jugés tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité mais ont pris plaisir à l’injustice. (2 Th 2,9-12)
On a ensuite un grand nombre d'apocalypses non canoniques : les Apocalypses juives des 2 derniers
siècles avant Jésus Christ (le Livre d'Hénoch 1 ou les textes de Qumrân) et des 2 premiers siècles après
Jésus Christ (le IVe Esdras, l'Apocalypse d’Abraham, l'Apocalypse de Moïse).
Enfin, on a des Apocalypses chrétiennes des 2 premiers siècles comme l'Apocalypse de Pierre,
l'Ascension d’Isaïe ou les oracles sibyllins (VI, VII, VIII).
1 LE MOT “APOCALYPSE”
Le mot apocalypse est un pur décalque du grec ajpokalu/yiç apocalupsis, formé de la préposition
ajpo qui comprend une idée d'éloignement ou de provenance et du substantif kalu/yiç lui-même
dérivé du verbe kalu/ptw qui signifie couvrir, recouvrir, cacher, voiler. Littéralement, ajpokalu/yiç
signifie donc : levée du voile, action de se découvrir, dévoilement, révélation.
Ce substantif ne comporte donc en lui-même aucune valeur de sens historique ou redoutable. Il ne
signifie ni "fin du monde", ni "catastrophe", ni "incompréhensible".
Dans le grec profane, le verbe ajpokalu/ptw signifie "découvrir", "dévoiler", "ôter le voile", tant au
sens matériel que métaphorique ; d'où l'acceptation de "révéler quelque chose de caché".
Dans l'Ancien Testament grec (la LXX) le terme est rare alors que dans le Nouveau Testament, le
verbe et le substantif sont relativement fréquents, principalement dans les lettres de Paul (13/26 et
10/18). Le verbe ajpokalu/ptw a une tendance marquée à signifier surtout la révélation des choses
divines :
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Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de
l'avoir révélé aux tout-petits. (Mt 11,25)
Quant au substantif ajpokalu/yiç il peut désigner une révélation spéciale faite par Dieu :
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Didier van HECKE, L’APOCALYPSE, GSA, 2015/2016.
Ce n'est pas par un homme qu'il m'a été transmis ni enseigné mais par une révélation de Jésus Christ.
(Ga 1,12)
Il résulte de cette première analyse que, dans le Nouveau Testament, le terme prend une dimension
religieuse. Une apocalypse est donc une révélation, faite à des hommes, directement par Dieu ou par
l'intermédiaire d'anges, de choses cachées, spécialement de secrets divins.
2 ORIGINE DE LA LITTERATURE APOCALYPTIQUE
21 Circonstances historiques
Si l'on veut comprendre la genèse des apocalypses juives, il faut se transporter dans le cadre historique
qui va des événements de 587 à ceux de 175 avant Jésus-Christ.
En effet, la littérature apocalyptique émane de milieux qui ont été profondément affectés par la
catastrophe de 587 : prise de Jérusalem par les babyloniens, destruction du Temple et déportation. Ces
événements vont les obliger à repenser, à leur lumière, la conception de l’histoire et, en particulier, le
contenu de l’espérance en un accomplissement final de l’histoire du salut. Il faut regarder, pour en
trouver la source, non pas vers des exaltés ayant perdu le sens prophétique de l’histoire mais vers les
disciples des grands prophètes (Troisième Isaïe, Deutéro-Zacharie). L’apocalyptique est née
d’hommes qui avaient une vision d’inspiration authentiquement prophétique.
Plus tard, au deuxième siècle avant Jésus-Christ, Israël se trouve confronté à une épreuve aussi
importante que celle de 587. En effet, sous le règne du roi Antiochus Epiphane IV, en 175, débute une
période qui va être pour le peuple juif extrêmement difficile. En effet, Antiochus impose à ses colonies
la culture et la religion grecques et défends aux juifs, sous peine de mort, de circoncire leurs enfants,
de célébrer le sabbat, de lire la Torah et d'offrir des sacrifices. Et plus grave encore, il profane le
Temple en installant en 168 dans le Saint des Saints une statue de Zeus. C'est alors que, sous
l'impulsion de quelques hommes résolus, inébranlables dans leur foi, jaillit l'étincelle de l'insurrection
maccabéenne (167-166). Celle-ci va chasser les étrangers et permettre le rétablissement du culte.
Puis, en 63 avant JC, Pompée s'empare de Jérusalem. Plusieurs milliers de juifs sont égorgés et
d'autres sont conduits comme captifs à Rome.
En 66 après Jésus-Christ, la guerre éclate, implacable et atroce. Elle s'achèvera en 70 par la destruction
de Jérusalem et par l'incendie du Temple. En 135, Jérusalem sera rasée par l'empereur Hadrien et
rebaptisée Aelia Capitolina.
L'histoire de ces cinq à six siècles est donc, pour le peuple juif, marquée par de terribles épreuves au
cours desquelles, c'est la survie même d'Israël comme peuple de Dieu qui paraît être l'enjeu.
22 Influence de la Bible
Une des convictions fondamentales qui traverse toute la Bible, c'est que Dieu est le seul Maître de
l'histoire, celui qui dirige le destin de tous les peuples et qui les jugera aux derniers temps. Or, le
peuple élu fait cette douloureuse expérience que Dieu, Maître de l'histoire, ne lui octroie pas ici-bas ni
victoire éclatante ni suprématie politique ! Le présent du peuple de Dieu, voire toute son existence
terrestre apparaît sombre et désespéré. Et de plus, il a le sentiment qu'il ne peut plus compter sur une
intervention du bras puissant de Dieu.
En lisant les pages sublimes de l'Ecriture dans lesquelles les voyants d'Israël annonçaient le bonheur et
le salut du peuple élu, il ne pouvait s'empêcher de comparer ces brillantes perspectives avec la triste
réalité de ce qu'ils vivaient. Et, il était bien forcés de constater entre les deux, la formidable antinomie.
Les auteurs apocalyptiques juifs préoccupées par ce non-accomplissement du règne de justice de Dieu
sur le monde vont alors montrer que Dieu triomphera, certes, mais non pas au cours du temps, mais à
son terme. Les justes souffrent, les impies sont florissants : le monde semble être gouverné par le mal
et non par Dieu. Mais ces auteurs maintiennent intactes une certitude : celle de la victoire de Dieu,
définitive, totale, irréversible à la fin de l'histoire.
Face à cette situation, face à la dure réalité du mal dans le monde, spécialement face au mal politique
de l'oppression des fidèles de Dieu par les grands empires païens, les auteurs des apocalypses tentèrent
de maintenir la foi du peuple envers le Dieu unique, tout-puissant et juste. La réponse était toujours,
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qu'en dépit des apparences, c'était bien Dieu qui gouvernait le monde et que s'approchait le moment où
il allait renverser les empires mauvais et rétablir son royaume. L'intervention divine se produirait
immédiatement après les calamités dont on souffre au temps de l'auteur.
Si le message des prophètes revenait sans cesse au présent de l'histoire et invitait le peuple à la
conversion, celui des auteurs des apocalypses, au contraire, est tout entier tourné vers l'avenir :
clairement, uniquement orienté vers l'eschatologie de la fin des temps.
Le monde paraît sombrer dans l'obscurité, fruit de la domination de Satan… une ténèbre où Dieu
serait absent. Et pourtant au-dessus de l'histoire de l'humanité, écrite avec des larmes et du sang,
resplendit une ultime et décisive certitude : à la fin des jours, toutes puissances du mal et des ténèbres
seront vaincues par Dieu. (A. LÄPPLE, L'Apocalypse de Jean, LLB 24, Cerf, Paris, 1970, 18)
23 Une écriture de combat et de résistance
Les apocalypses naissent donc dans des temps de forte crise, à des moments où le peuple n'a plus rien,
ni pouvoir ni influence et à un moment où le désespoir et la souffrance le rongent jusqu'au plus
profond de lui-même. C'est à travers ces textes qu'il va exprimer sa conviction d'avoir encore une
histoire, une espérance et un avenir. Le visionnaire va alors affirmer que tout n'est pas perdu, qu'un
jour, et ce jour est proche, Dieu mettra fin à l'état présent des choses et créera une humanité nouvelle.
Quand il semble ne plus y avoir aucune issue, l'espérance se porte vers des jours meilleurs. Et ce
monde, le visionnaire va le donner à contempler. L'apocalyptique est donc avant tout le fruit d'une foi
inébranlable en la véracité des Livres Saints et en la Parole de Dieu.
L'œuvre des apocalypticiens juifs est en même temps un message d'indéfectible espérance et témoigne
d'un optimisme indéracinable. Plus le présent est attristant et plus l'avenir sera rempli de splendeurs.
La littérature apocalyptique se présente ainsi d’abord comme une littérature d’hommes opprimés et
donc comme une véritable littérature de combat et de résistance. L'acte d'écrire et l'acte de lecture
deviennent des actes de libération. À travers eux, Israël découvre dans l'adversité une espérance et une
force de vivre sans précédent.
C’est ce qu’affirme D.S. Dussel lorsqu’il dit que l’apocalypse est "la littérature d’hommes opprimés
qui ne voyaient plus pour leur peuple de raison d’espérer sur le plan politique ou sur celui de
l’histoire humaine". (D.S. DUSSEL, The Method and Message of Jewisch Apocalyptic, London, 1964,
17).
Les apocalypses font entendre un message d’espérance et d’interpellation. Elles s’adressent à des
groupes minoritaires vivant une situation fragilisée et en butte à une oppression réelle ou ressentie.
Elles interpellent dans la mesure où les visionnaires portent toujours un regard critique sur les pouvoirs
de ce monde et sur les sociétés dans lesquelles elles vivent.
"À l’aide de matériaux empruntés en partie au monde qui les entoure, les auteurs des apocalypses
disent la misère sans nom d’une terre livrée aux forces du chaos jusqu’à l’heure où Dieu se lèvera
pour les anéantir". R. MARTIN-ACHARD, Essai d’évaluation théologique de l’apocalyptique juive,
dans R. MARTIN-ACHARD et alii, L’apocalyptique, littérature du passé, Cahiers Bibliques 16, 5.
3 LE GENRE APOCALYPTIQUE
Beaucoup de livres, d'origine juive ou chrétienne, portent aujourd'hui le nom d'apocalypses. Ce sont
tous ceux qui appartiennent à ce même genre littéraire.
Ils ont ceci de commun qu'ils entendent dévoiler aux hommes ce que Dieu seul ou les êtres célestes
connaissent jusque là, dans le passé, le présent ou l'avenir ; et qu'ils le dévoilent en un style qui diffère
nettement de celui de l'ancienne prophétie, car il est essentiellement allégorique, volontairement
mystérieux, et nécessite toujours des interprétations, voire souvent l'usage d'une clé. Il est toujours
tendu, grandiose, visant à l'effet, et constitue dans la littérature un genre à part. (EB Allo, Saint Jean
l'Apocalypse, XIX)
Je vais donc vous proposer sept caractéristiques principales du genre apocalyptique.
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31 Des écrits de révélation
L’Apocalyptique présente des vérités difficilement accessibles à l’homme, impossibles à cerner par
une réflexion purement rationnelle sur la réalité et c’est pour cela que ces vérités révélées à l’homme le
seront par l’intermédiaire de visions, de songes ou d’anges appartenant au monde du divin.
Hénoch proféra ses poèmes, c'était un homme juste auquel fut révélée une vision venant de Dieu… (I
He 1,2)
Je dormis donc cette nuit-là ainsi que la suivante, comme l'ange me l'avait ordonné. Pendant la
seconde nuit, j'eus un songe. Et voici qu'un aigle montait de la mer... (IV Esd 10,59ss)
L'ange Ouriel qui m'avait été envoyé me répondit en ces mots : ton cœur s'est fort épouvanté à la vue
de ce monde... (IV Esd 4,1ss)
L'objet de ces révélations peut être multiple. La révélation peut porter sur tous les domaines qui sont,
d'une manière ordinaire, fermés au regard humain. Elle porte sur le monde céleste comme sur le
monde infernal, sur le passé, comme sur le présent ou la fin des temps.
311 Le monde céleste
Dans les écrits apocalyptiques, Dieu est entouré d'une innombrable multitude d'anges qui lui rendent
leurs services comme dans une cour orientale et qui chantent ses louanges ou attendent ses ordres pour
aller les accomplir à travers le monde Il y a aussi qui sont chargés de présenter à Dieu les prières et les
oblations de l'humanité. Ils remplissent alors une fonction d'intercesseur.
A la tête de ces armées, se trouvent les archanges au nombre de sept et énumérés par leurs noms :
Ouriel, Raphaël, Ragouël, Michel, Sariel, Gabriel, Remiel (1 He 20). On retrouve aussi les anges de la
face, les séraphins, les chérubins ou les ophannim !
312 Le monde infernal
Plusieurs de ces écrits décrivent les lieux de châtiments où vivent les puissances malfaisantes. Ainsi le
3ème Baruch grec voit au troisième ciel un dragon prodigieux de plusieurs kms de long qui boit l'eau
des mers et dévore la chair des impies :
IV5Ce serpent est celui qui mange le corps de ceux qui ont passé leur vie dans la malice et il s'en
nourrit. 6Quant à celui-ci, c'est l'Hadès, qui lui est presque semblable, en ceci qu'il boit aussi une
coudée à la mer, sans qu'elle en soir en rien diminuée… V3Son ventre c'est l'Hadès. Et aussi loin qu'un
plomb est lancé par trois cent hommes, aussi grand est son ventre. (III Baruch IV-V)
Certains esprits infernaux sont ceux qui tentent les hommes :
VII1Fuyez la malice de Béliar, car il donne une épée à ceux qui lui obéissent. 2Cette épée est la mère
de sept maux : premièrement la pensée conçoit de Béliar, et elle enfante d'abord la jalousie,
deuxièmement la ruine, troisièmement le deuil, quatrièmement la captivité… la disette… le désordre…
la dévastation. (Testament de Benjamin VII,1-2)
Le livre d'Hénoch parle du péché des anges qui ont forniqué avec des femmes avant le déluge (1 He
VI-VIII page 476ss). Il va ensuite décrire leur châtiment (1 He X).
L'origine de leur malice ou de leur damnation est souvent indiquée car il ne semble pas qu'aucun de
ces êtres, créatures de Dieu, soit mauvais par nature. Le livre d'Hénoch slave parle de la chute d'un
archange, Satan en personne, qui s'est révolté, jaloux de la puissance de Dieu. Précipité en bas avec ses
anges, il rôde depuis continuellement sur terre.
313 Les événements terrestres
Selon les écrits apocalyptiques, tous les événements terrestres, et même le sort de chaque individu,
sont fixés de toute éternité au ciel. Là se trouvent des livres où tous les destins sont consignés. Les uns
contiennent le cours général du monde et de l'histoire humaine et d'autres les décrets concernant le
salut ou la damnation des individus :
5
Vous maudirez vous-mêmes vos jours, les années de votre vie seront interrompues, et les années de
votre perdition se multiplieront dans une malédiction éternelle. Il n'y aura pour vous ni pitié, ni paix.
6
Vos noms seront voués à l'éternelle malédiction de tous les justes. (1 He V,5-6)
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Mais les élus auront la lumière, la grâce et la paix. (1 He V,7)
314 La fin des temps
Les écrits apocalyptiques donnent une part importante à tout ce qui touche à la fin des temps : la fin du
monde, l'intervention de Dieu en faveur d'Israël, les événements messianiques, la victoire finale des
justes, la résurrection, le jugement et le châtiment des impies. C’est l’objet propre des apocalypses de
réveiller l’espérance en annonçant que le jugement est imminent et que Dieu récompensera
magnifiquement ses élus et infligera les châtiments les plus terribles aux persécuteurs et aux apostats :
Dieu fera grâce au juste, il lui donnera la justice éternelle, il lui donnera la puissance... Et ils
marcheront dans la lumière éternelle. Le péché disparaîtra dans les ténèbres pour toujours. (1 He
92,4-5)
Ce qui apparaît le cœur des préoccupations des apocalypticiens, c'est bien l'avenir et la fin mais en
même temps l'apocalyptique ne se réduit pas à l'eschatologie. Pour eux, le passé s'est déroulé
conformément aux plans divins et le présent contient déjà les signes précurseurs des changements
attendus. Dans tous les cas, les grands événements par lesquels Dieu opérera le salut d'Israël sont
imminents.
32 Des écrits de crise extrême
Qui dit “apocalyptique” dit contexte de crise et de crise extrême. Les apocalypses ne voient le jour
qu’en temps de menaces, de guerres, de persécutions. C’est le cas du livre de Daniel qui nous ramène à
la persécution d’Antiochus Épiphane (175-164) et à la révolte des Maccabées (166-160). Ce sera aussi
le cas du livre de l’Apocalypse trois siècles plus tard.
Le Livre des Jubilés qui date de la période maccabéenne annonce une période de corruption
généralisée et de dévastation de la terre :
Tous ont fait le mal. Chaque bouche profère le péché, toutes leurs œuvres sont l'impureté et
l'abomination, et toute leur conduite est dans l'ordure, l'impureté et la corruption. Eh bien ! La terre
sera dévastée à cause de toutes leurs œuvres. (Livre des Jubilés XXIII,17-18)
Le livre de Baruch, contemporain de l'Apocalypse de Jean, s'afflige longuement sur le sort de
Jérusalem :
Bienheureux celui qui n'est pas né, ou qui, étant né, est mort ! Quant à nous qui vivons, malheur à
nous, car nous avons vu les misères de Sion et ce qui est arrivé à Jérusalem. (II Ba 10,6-7)
Le cri d'alarme des apocalypticiens n'est pas un cri de désespoir mais il exprime la situation de crise
profonde qu'ils traversent. Ils ne s'accommodent pas de la situation, ils refusent le compromis et ils
n'ont de cesse de dénoncer l'arrogance et le blasphème des pouvoirs en place ainsi que toute
soumission à ceux-ci.
33 Des écrits d'espérance et de consolation
La littérature apocalyptique présente un caractère souvent tragique et elle porte un jugement parfois
très sévère sur sa génération. Mais en fait, il n’y a ni fatalité ni déterminisme dans ses écrits qui, au
contraire, sont sous-tendus par une espérance qui résiste à tous les tourments et à toutes les anxiétés.
Les apocalypses sont des messages destinés à soutenir la foi d'un peuple, à conforter son espérance
lorsque les événements font redouter le pire. Le but est d'armer spirituellement les croyants... Elles
sont des manuels pour résistants, armés ou non. Elles veulent galvaniser les énergies... Elles sont
destinées aux maquisards de la foi qui souhaitent se dresser contre les épreuves sans trop bien savoir
comment s'y prendre, matériellement et théologiquement.
Ne craignez pas, vous qui avez souffert, car vous aurez la guérison. Une lumière éclatante brillera
pour vous et vous entendrez du ciel la parole qui soulage. (1 He 96,3)
Ayez du courage, âmes des justes défunts, des justes et des fidèles. (1 He 102,4)
Ce langage est celui de l'urgence, de l'invitation à une option radicale, d'un choix à faire dès
maintenant. L'Apocalypse de Jean a, elle aussi, comme visée fondamentale de réconforter les croyants
au milieu des épreuves, de les inviter au courage et à la persévérance.
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34 Des écrits messianiques
Les événements qui sont présentés dans ces écrits sont portés par une espérance messianique intense.
Cependant la figure du Messie y est souvent discrète. Le salut final sera le fruit de l’intervention
directe de Dieu. Le premier livre d'Hénoch cristallise cette espérance messianique autour de la figure
d'un personnage qu'il appelle l'Elu ou le Fils d'Homme :
Et après cela, le Juste, l’Elu, rendra visible sa Congrégation et désormais ils ne trouveront plus
d’obstacle, au nom du Seigneur des Esprits. Devant sa justice… les justes seront soulagés de
l’oppression des pécheurs. (I He 53,6-7)
Le lion que tu as vu s'élancer… c'est le Messie que le Très-Haut a réservé pour la fin des jours… Il
dénoncera leurs impiétés, il les reprendra pour leurs injustices… Mais le reste de mon peuple… Il les
délivrera avec miséricorde et il les réjouira jusqu'à ce que vienne la fin dont je t'ai parlé dès le début.
(IV Esd 12,31-34)
L'Apocalypse de Jean se démarque à ce niveau par la richesse de son contenu christologique et
messianique. Tout le livre se présente comme une Révélation de Jésus "Christ", c'est-à-dire Messie.
35 La pseudonymie
A la différence des prophètes qui se présentent ouvertement comme messagers de Dieu, les auteurs
d'une apocalypse utilisent toujours un pseudonyme, un nom d'emprunt, généralement le nom d'une
grande figure du passé : Adam, Hénoch, Noé, Abraham, les douze fils de Jacob, Moïse, les prophètes,
Esdras.
Ce procédé permet au visionnaire de résoudre le problème des visions. En effet, comment peut-il voir
ce qui va se dérouler dans la suite des temps ? En écrivant sous le nom d'un grand homme du passé, il
se situe à l'époque de ce personnage et il peut alors annoncer tout ce qui est arrivé jusqu'à l'époque où
il écrit effectivement.
Dans les écrits apocalyptiques, une grande importance est accordée au visionnaire et on retrouve
souvent des traits anecdotiques ou autobiographiques. Or, dans l'Apocalypse de Jean, celui-ci s'efface
totalement derrière le message qu'il délivre. C'est beaucoup plus l'Apocalypse de Jésus Christ que
l'Apocalypse de Jean !!!
36 L'antidatation
Allant de pair avec la pseudonymie, les apocalypticiens ont eu recours à l’antidatation. En effet, ne
pouvant présenter leurs prophéties sous leur propre nom, ils se transportent en arrière et, dès lors, il
leur devient facile d'accréditer leurs prédictions de l'avenir par les prophéties du passé dont tout le
monde peut vérifier l'accomplissement.
Pour eux, le temps de la réalisation des promesses prophétiques en faveur du peuple élu est prévu : il
est imminent ! Qu'Israël ait donc confiance !
Voici mes enfants, ce que j'ai appris de la parole des Saints Veilleurs et ce que j'ai compris des
tablettes célestes... Je suis né le septième dans la première semaine... Après moi, dans la deuxième
semaine, le mensonge et la violence fleuriront... Ensuite, dans la troisième semaine, un homme sera
élu pour devenir une plante de juste... (1 He 93,1-5)
Les apocalypses se rapportent donc à un temps qui n’est pas le temps réel de l’écriture du livre. Ainsi,
Daniel rapporte qu’il a eu ses visions au temps de Nabuchodonosor, au moment de la déportation,
alors que tout le livre a été écrit au temps des Macchabées. L’avantage est de présenter comme futur
des événements du passé.
37 Un langage symbolique, chiffré et indéterminé
Le symbolisme avait toujours été à l'honneur chez les Sémites. Mais il est devenu une nécessité du
genre apocalyptique. Le voyant était censé contempler des mystères qui dépassaient de loin ce qu'il
était avec ses limites et sa pauvre intelligence. Le langage ordinaire était trop pauvre pour rendre
compte de si hautes réalités. Ainsi, pour exprimer le monde de l’indicible (monde céleste, monde
infernal, avenir eschatologique) qui échappe à l’expérience actuelle, les voyants doivent recourir
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systématiquement à des symboles variés, de provenance diverse, images et chiffres ainsi qu'à un
vocabulaire volontairement indéterminé.
4 LES RACINES BIBLIQUES DE L’APOCALYPSE DE JEAN
Aucun texte du Nouveau Testament ne montre, par rapport à l’Ancien Testament, une dépendance
littéraire et doctrinale aussi profonde que l’Apocalypse. Son texte est véritablement tissé de mots et de
citations implicites de l’Ancien Testament en passant par une gamme assez étendue de toutes les
possibilités intermédiaires. L'auteur apparaît pleinement conscient des thèmes sous-jacents qu'il utilise
et réinterprète en chrétien et il parvient ainsi à une adaptation créatrice en fonction du but qu'il
recherche. La principale source d’inspiration de l’Apocalypse est bien l’Ancien Testament que l’auteur
utilise plus de cinq cent fois.
L'Apocalypse de Jean développe les grands thèmes religieux qui résonnent dans l'Ancien Testament et
qui ont marqué la vie et la piété du peuple juif, particulièrement durant les derniers siècles avant notre
ère. Il n'y a pour ainsi dire aucun verset, aucun chapitre qui ne contienne des rapprochement
thématiques avec l'Ancien Testament. (A. LÄPPLE, L'Apocalypse de Jean, LLB 24, Cerf, Paris, 1970,
26)
41 Le livre d’Ezéchiel
Un des livres de l'Ancien Testament dans lequel Jean a beaucoup puisé est le livre d'Ézéchiel. Témoin
de l’exil (à partir de 597), c’est lui qui le premier a fourni l’esquisse d’une réflexion apocalyptique et
c’est lui qui a fourni l’éventail le plus riche d’images et de visions d’allure apocalyptique :
- Ez 1-3 utilise la symbolique des animaux et des éléments cosmiques qui préparent la manifestation
glorieuse du Fils de l’Homme (Ez 1,26) :
Leurs visages ressemblaient à un visage d'homme ; tous les quatre avaient, à droite une face de lion, à
gauche une face de taureau, et tous les quatre avaient une face d'aigle. (Ez 1,10)
Devant le trône, comme une mer limpide, semblable à du cristal. Au milieu du trône et l'entourant,
quatre animaux couverts d'yeux par-devant et par-derrière. Le premier animal ressemblait à un
lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième
semblait un aigle en plein vol. (Ap 4,6-7)
- Le chapitre 9 d’Ézéchiel évoque l’intervention d’intermédiaires chargés du châtiment (six) tandis que
le 7ème marque d’un sceau au front les sauvés (Ez 9,4 et Ap 7,2-3) :
Le SEIGNEUR lui dit : Passe au milieu de la ville, au milieu de Jérusalem; fais une marque sur le
front des hommes qui gémissent et se plaignent à cause de toutes les abominations qui se
commettent au milieu d'elle. (Ez 9,4)
Et je vis un autre ange monter de l'orient. Il tenait le sceau du Dieu vivant. D'une voix forte, il cria aux
quatre anges qui avaient reçu pouvoir de nuire à la terre et à la mer : gardez-vous de nuire à la terre, à
la mer ou aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu.
(Ap 7,2-3)
- À partir d’Ez 38, on retrouve les thèmes et les images qui vont inspirer Jean dans sa description du
combat des Chrétiens contre la bête et de leur victoire dans le Christ (Ez 38,20-22 et Ap 8,7-8).
- Dans les chapitres 40-48, la vision du Temple avec son géomètre ainsi que celle de la source seront
reprises en Ap 21-22 (Ez 40,3 ; le Temple et Ap 21,15 ; la cité / Ez 47,1 et Ap 22,1).
42 Le livre de Zacharie
- Les chevaux de couleurs (Za 1,8-13 et Ap 6,1-8) :
J'ai eu cette nuit une vision: c'était un homme monté sur un cheval roux; il se tenait parmi les
myrtes, dans la profondeur, et derrière lui il y avait des chevaux roux, alezans et blancs. Je lui
demandai : "Que représentent-ils, mon Seigneur ?" Alors l'ange qui me parlait me répondit : "Je vais
te montrer ce qu'ils représentent." Et l'homme qui se tenait parmi les myrtes intervint en disant : "Ce
sont ceux que le SEIGNEUR a envoyés parcourir la terre. (Za 1,8-10)
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Didier van HECKE, L’APOCALYPSE, GSA, 2015/2016.
Et je vis: c'était un cheval blanc. Celui qui le montait tenait un arc. Une couronne lui fut donnée, et il
partit en vainqueur et pour vaincre. (Ap 6,2)
Alors surgit un autre cheval, rouge feu. (Ap 6,4)
C'était un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance à la main. (Ap 6,5)
Et je vis: c'était un cheval blême. Celui qui le montait, on le nomme "la mort". (Ap 6,8)
- L’ange interprète (Za 1,9.11.12.14 ; 2,1 et Ap 10),
- Le chandelier d’or (Za 4,2-3 et Ap 1,12 ; 2,1),
- Les 7 yeux du Seigneur (Za 4,10),
- Les deux oliviers (Za 4 et Ap 11).
43 Le livre d’Isaïe
Datant sans doute du temps d’Alexandre (333 av. JC), les chapitres 24-27 d'Isaïe ont été appelés
l’Apocalypse d’Isaïe. Les emprunts faits par Jean y sont nombreux :
- La résurrection des morts (Is 26,19 et Ap 20,5-6 ; Is 25,8 et Ap 21,4)…
Tes morts revivront, leurs cadavres ressusciteront. Réveillez-vous, criez de joie, vous qui demeurez
dans la poussière! Car ta rosée est une rosée de lumière, et la terre aux trépassés rendra le jour. (Is
26,19)
Les autres morts ne revinrent pas à la vie avant l'accomplissement des mille ans. C'est la première
résurrection. Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection. Sur eux la seconde mort
n'a pas d'emprise: ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et régneront avec lui pendant les mille ans.
(Ap 20,5-6)
- Le thème de la création nouvelle :
En effet, voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle; ainsi le passé ne sera plus
rappelé, il ne remontera plus jusqu'au secret du cœur. (Is 65,17)
Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu
et la mer n'est plus. (Ap 21,1)
- Celui de la victoire sur la mort :
Oui, j'exulterai au sujet de Jérusalem et je serai dans l'enthousiasme au sujet de mon peuple!
Désormais, on n'y entendra plus retentir ni pleurs, ni cris. (Is 65,19)
Il essuiera toute larme de leurs yeux, La mort ne sera plus. Il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni
souffrance, car le monde ancien a disparu. (Ap 21,4)
44 Le livre de Joël
Vers 400, le petit livre de Joël (4 chapitres) présente un certain nombre de traits apocalyptiques qui
vont être repris par Jean :
- Les malheurs symbolisés par des chevaux (Jl 2,4 et 9,7-9 ; Jl 1,6 et Ap 9,8),
- L’image de la faucille et de la moisson :
Brandissez la faucille, la moisson est mûre; venez, foulez, le pressoir est plein; les cuves débordent.
Oui, leur malice est grande. (Jl 4,13)
Et je vis: C'était une nuée blanche, et sur la nuée siégeait comme un fils d'homme. Il avait sur la tête
une couronne d'or et dans la main une faucille tranchante. Puis un autre ange sortit du temple et cria
d'une voix forte à celui qui siégeait sur la nuée: Lance ta faucille et moissonne. L'heure est venue de
moissonner, car la moisson de la terre est mûre. Alors celui qui siégeait sur la nuée jeta sa faucille
sur la terre, et la terre fut moissonnée. (Ap 14,14-16)
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Didier van HECKE, L’APOCALYPSE, GSA, 2015/2016.
45 Le livre de Daniel
L’aboutissement du mouvement apocalyptique dans l’Ancien Testament culmine avec le livre de
Daniel vers 150 av. On peut relever plus de 50 emprunts de Jean au livre de Daniel. Sa vision du Fils
de l’Homme (Dn 7,13-14) développe un des thèmes les plus originaux de l’apocalyptique. On retrouve
celle-ci en Ap 1,9-20 :
Je regardais dans les visions de la nuit, et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils
d'Homme; il arriva jusqu'au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence. Et il lui fut donné
souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. (Dn 7,13-14)
Je me retournai pour regarder la voix qui me parlait; et, m'étant retourné, je vis sept chandeliers d'or;
et, au milieu des chandeliers, quelqu'un qui semblait un fils d'homme. Il était vêtu d'une longue robe,
une ceinture d'or lui serrait la poitrine. (Ap 1,12)
Il faut ajouter la lecture que fait Daniel de l’histoire contemporaine et qui concerne l’attitude des
croyants face au pouvoir impérial (Dn 3,4-7). Le visionnaire compare le pouvoir du roi à des bêtes
monstrueuses (Dn 7,3-12.17-26 ; 8,10). On retrouve les mêmes images en Ap 12,3-4 et 13.
Conclusion
Ainsi, c’est à partir d’un matériau authentiquement biblique que Jean a pu façonner son message. C’est
bien l’Ancien Testament qui parait, en son entier, le seul point de référence extérieur au discours de
Jean. Dans toute l’Apocalypse, il n’existe aucun symbole, aucune image, aucun élément formel qui ne
puisse être ramené, directement ou indirectement, à un fond biblique ou du moins à la tradition
judaïque prise dans son ensemble.
Il y a bien un caractère intentionnel des références bibliques utilisées dans l’Apocalypse qui montre
que nous ne sommes pas uniquement en présence d’une création littéraire autonome mais d’une
opération d’explication, d’interprétation, bref d’une œuvre d’exégèse.
Et ce faisant, l'Apocalypse révèle la profondeur permanente de l'histoire. Elle demande un
discernement sur l'éternité au moment où nous le vivons. Elle ne nous demande pas d'être des
spectateurs passifs, mais elle nous sollicite avec force dans le sens de l'espérance, puisqu'elle révèle le
télos, l'accomplissement vers lequel tend l'histoire. Et dans la plus pure tradition vétéro-testamentaire,
elle commence par la fin pour projeter la lumière sur le présent.
Dans cette perspective, le livre de l’Apocalypse n’apparaît donc pas d’abord polarisé par l’avènement
de la fin mais bien, et nous le verrons au cours des chapitres suivants, par la personne du Christ, mort
et ressuscité et de ses effets pour l’aventure humaine, dès aujourd'hui.
CONCLUSION
Alors, l'Apocalypse de Jean est-elle un livre apocalyptique ? On est effectivement en droit de se poser
cette question. En effet, si le genre apocalyptique se définit par les sept caractéristiques énumérées cidessus, l’Apocalypse de Jean constitue-t-elle une véritable apocalypse ?
Certes, le livre de l'Apocalypse se démarque parfois assez fortement des autres écrits apocalyptiques et
l'on ne peut pas se résigner à l'éliminer du grand courant littéraire auquel elle a donné son nom : ses
traits caractéristiques en font un chef d'œuvre à part sans pour autant qu'on soit autorisé à l'exclure de
l'apocalyptique.
Nous pouvons donc dire que l'Apocalypse est un livre apocalyptique en ce qui concerne la structure
formelle et qui ne l'est pas pour ce qui regarde le contenu. L'Apocalypse demeure bien, au-delà de son
revêtement littéraire, un livre de prophétie.
L'Apocalypse est le livre de l'imminence, de l'urgence : elle se situe entre le "déjà là" et le "pas
encore", entre le ressemblant et le tout autre, entre le contingent et l'absolu. (Enzo Bianchi, Le monde
sauve, l'Apocalypse de Jean, Lethielleux, Paris, 2004, 35)
Plan :
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Didier van HECKE, L’APOCALYPSE, GSA, 2015/2016.
INTRODUCTION ............................................................................................................................................. 10
1 LE MOT “APOCALYPSE” ........................................................................................................................... 10
2 ORIGINE DE LA LITTERATURE APOCALYPTIQUE .......................................................................... 11
21 Circonstances historiques ............................................................................................................................... 11
22 Influence de la Bible .......................................................................................................................................... 11
23 Une écriture de combat et de résistance .................................................................................................... 12
3 LE GENRE APOCALYPTIQUE ................................................................................................................... 12
31 Des écrits de révélation .................................................................................................................................... 13
311 Le monde céleste............................................................................................................................................................ 13
312 Le monde infernal.......................................................................................................................................................... 13
313 Les événements terrestres......................................................................................................................................... 13
314 La fin des temps.............................................................................................................................................................. 14
32 Des écrits de crise extrême ............................................................................................................................. 14
33 Des écrits d'espérance et de consolation ................................................................................................... 14
34 Des écrits messianiques ................................................................................................................................... 15
35 La pseudonymie .................................................................................................................................................. 15
36 L'antidatation ....................................................................................................................................................... 15
37 Un langage symbolique, chiffré et indéterminé....................................................................................... 15
4 LES RACINES BIBLIQUES DE L’APOCALYPSE DE JEAN ................................................................... 16
41 Le livre d’Ezéchiel ............................................................................................................................................... 16
42 Le livre de Zacharie ............................................................................................................................................ 16
43 Le livre d’Isaïe ...................................................................................................................................................... 17
44 Le livre de Joël...................................................................................................................................................... 17
45 Le livre de Daniel ................................................................................................................................................ 18
Conclusion ................................................................................................................................................................... 18
CONCLUSION ................................................................................................................................................... 18
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