dossier de presse - Conseil Général du Doubs

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DOSSIER DE PRESSE
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SOMMAIRE
Communiqué de presse
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Le mot de Christine Bouquin, Présidente du Département et de
Guy Cogeval, Président des musées d’Orsay et de l’Orangerie
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Présentation de l’exposition
7 > 33
La forêt de Fontainebleau, atelier en plein air
La Normandie, berceau de l’Impressionnisme
L’auberge Saint Siméon
« Paysages de mer »
Paris et le groupe des Batignolles
Guerre de 1870 - Commune de Paris
Les Déjeuners sur l’herbe
Œuvres croisées
• Natures mortes
• Scènes de genre
• Portraits féminins
Retours à Fontainebleau et séjours en bords de Seine
Organisation
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Catalogue
34
Autour de l’exposition
35
Visuels disponibles pour la presse
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Informations pratiques
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Pays de Courbet, Pays d’artiste
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Le musée Courbet
• Connaître Courbet grâce à la collection permanente
• Des expositions temporaires pour comprendre l’influence de
Courbet dans le monde artistique
La ferme Courbet à Flagey
• Un lieu de vie et d’échange culturel pour tous
• Les chambres d’hôtes
Le dernier atelier de Gustave Courbet à Ornans
La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé
Les sentiers de Courbet
Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle
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Communiqué de presse
Exposition Courbet et l’Impressionnisme
du 9 juillet au 17 octobre 2016 au musée Courbet à Ornans
Gustave Courbet est considéré comme l’un des précurseurs de l’Impressionnisme.
Faire comprendre les liens personnels et artistiques qui unirent le maître du réalisme à cette jeune
génération d’artistes, tel est l’enjeu de cette exposition organisée en partenariat avec le musée
d’Orsay. Plus de quatre-vingts œuvres des principaux acteurs du mouvement impressionniste et de
leurs initiateurs sont réunies à cette occasion.
L’Impressionnisme est né de la rencontre d’artistes épris de peinture en plein air et en quête
de renouveau esthétique. Gustave Courbet est au centre de ces échanges ainsi que les peintres
paysagistes de Barbizon qui se retrouvent dans la forêt de Fontainebleau. Ils puisent leur inspiration
dans l’observation directe de la nature, comme Camille Corot.
En 1841, Gustave Courbet découvre la côte normande qui devient alors un lieu privilégié pour affirmer
son art et rencontrer les futurs impressionnistes. La rupture engagée par les impressionnistes avec
l’art académique, tient moins aux sujets qu’ils traitent, qu’à leur façon de les appréhender et les
exécuter. La vigueur de la touche, d’ordinaire réservée à l’esquisse, étonne. L’ensemble prend le pas
sur les détails et une place fondamentale est accordée au traitement de la lumière. Il en résulte une
peinture beaucoup plus claire, où les couleurs pures sont posées en touches distinctes et où le dessin
n’est plus essentiel.
Forêt de Fontainebleau, Normandie, bords de Seine de Bougival, Argenteuil ou Louveciennes...
l’exposition présente en tableaux tous ces lieux emblématiques. Sont aussi évoqués les parallèles
existant entre les créations de Gustave Courbet et ses amis réalistes et celles des impressionnistes.

Commissariat de l’exposition :

Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef du musée Gustave Courbet
Julie Delmas, Adjointe du conservateur
Élise Boudon, chargée d’études
Contacts presse :
Département du Doubs
Marie Payer
[email protected]
03 81 25 80 27
Sandrine Crevoisier
[email protected]
03 81 25 83 12
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Agence aiRPur
Pascal Margueron/Sophie Gilibert
[email protected]
03 81 57 13 29
06 81 55 96 68
Le mot de Christine Bouquin et de Guy Cogeval
Depuis la réouverture du musée Gustave Courbet en 2011, le musée d’Orsay se tient à ses côtés par
un travail de collaboration scientifique et pour des prêts et des dépôts importants. Il s’agit d’une
déclinaison majeure de sa politique territoriale pour donner à voir les chefs-d’œuvre des collections
nationales dont il a la charge au plus grand nombre et surtout en différents lieux du territoire.
Quoi de plus naturel que ce rapprochement, avec d’un côté le Conseil départemental du Doubs très
investi dans la refonte et la rénovation du musée Courbet d’Ornans, selon les normes scientifiques et
techniques les plus élevées, et de l’autre un établissement public culturel du Ministère de la Culture
et de la Communication qui a fait de la générosité l’un des piliers de sa mission ? Plus que jamais le
musée est le cœur battant de ce pays de Courbet, célèbre grâce à lui dans le monde entier ; le musée
d’Orsay, qui conserve les chefs-d’œuvre du maître s’enorgueillit quant à lui d’avoir mené à bien une
restauration fondamentale, durant presque deux ans, de l’Atelier du peintre.
Officialisée par une convention de partenariat, cette collaboration est de nouveau à l’œuvre pour la
grande exposition de l’été 2016 à Ornans « Courbet et l’Impressionnisme ».
Comme l’accrochage à Orsay de la galerie des impressionnistes rénovée le démontre de manière inédite,
la contribution de Courbet à la naissance du paysage impressionniste est tout à fait indéniable. Une
étude à la fois précise et réjouissante de ces influences réciproques et parfois souterraines, entre
figures majeures de l’art du XIXe siècle autour de Courbet avait toute sa place dans la programmation
exigeante du musée qui se propose de faire avancer la compréhension de l’œuvre du peintre et de ses
significations.
Et nous sommes heureux de constater une nouvelle fois combien est fructueux ce partage de
connaissances et de collections. Sa pertinence et son efficacité se montrent toujours plus évidentes,
grâce au travail conjugué des équipes du musée d’Orsay et du musée Gustave Courbet. Nous nous en
félicitons et souhaitons que de nouvelles et nombreuses rencontres, à la gloire du maître d’Ornans
aient lieu à l’avenir.
Avec « Courbet et l’Impressionnisme » c’est l’histoire d’une relation complexe mais fondamentale pour
l’art moderne que nous vous invitons à découvrir.
Cette exposition n’a été possible que grâce aux prêteurs, institutionnels ou privés, qui ont accepté d’y
participer. Qu’ils soient assurés de notre reconnaissance pour leur générosité et leur confiance.
Bel été à Ornans avec Courbet, Boudin, Manet, Monet, et tous les autres...
Christine Bouquin,
Présidente du Département du Doubs
et Guy Cogeval,
Président des musées d’Orsay et de l’Orangerie
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PRÉSENTATION
DE L’EXPOSITION
Courbet et l’Impressionnisme
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La forêt de Fontainebleau, atelier en plein air
dans l’observation minutieuse de la réalité.
Les œuvres résultantes accordent une place
majeure à l’élément naturel qui est souvent
représenté dans un cadrage serré, cherchent à
traduire les effets de lumière selon les différents
moments de la journée, traduisent les émotions
de l’artiste, et conservent parfois un aspect
inachevé.
Courbet se rallie à ce mouvement et, malgré la
faible documentation, on peut supposer qu’il y
séjourne en 1841, 1849, 1851, 1856 et 1865.
L’engouement des artistes pour ce lieu jusqu’en
1870 environ permet le développement des
villages qui bordent la forêt comme Barbizon,
Chailly-en-Bière et Marlotte. Cet essor est rendu
possible par la création de la ligne de chemin de
fer reliant Paris à Melun en 1849, mais aussi par
l’invention du tube de peinture en étain diffusé
en France dès 1841, qui facilite les travaux en
plein air.
C’est vraisemblablement vers 1840 que Gustave
Courbet se rend pour la première fois dans la
forêt de Fontainebleau. Ce site attire depuis
une décennie de plus en plus d’artistes en quête
d’une nature intacte.
Peintres, sculpteurs, écrivains et plus tard
photographes de générations différentes
– classiques, romantiques, réalistes puis
impressionnistes - s’y croisent, peignent
ensemble et discutent avec passion dans les
auberges qui les accueillent, dont la célèbre
auberge Ganne à Barbizon.
L’appellation « École de Barbizon » est créée
en 1890 par le critique d’art anglais David
Croal Thomson et désigne en fait un ensemble
d’artistes aux conceptions souvent fort
différentes. Elle met toutefois en évidence la
forêt de Fontainebleau comme lieu de création
emblématique du milieu du XIXe siècle, à la fois
par l’émulation qu’elle a su créer chez les artistes
et par la modernité qu’elle a engendrée.
Les artistes qui fréquentent le lieu à partir
de 1830 – notamment Narcisse Diaz de la
Pena, Charles Daubigny, Jean- François Millet,
Théodore Rousseau, précédés de quelques
années par le grand maître du paysage Camille
Corot, - ouvrent la voie à une nouvelle vision de
la nature.
Ils décident de sortir de l’atelier, non seulement
pour réaliser des esquisses, mais également pour
peindre leur tableau, puisant leur inspiration
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Œuvres présentées :
Jules Coignet (1798 – 1860), Peintres dans la forêt de Fontainebleau, huile sur
toile, 24,7 x 18,5 cm, Barbizon, musée départemental des peintres de Barbizon
Camille Corot (1796-1875), Fontainebleau, aux gorges d’Apremont, 1834, huile
sur papier marouflé sur toile, 33,5 x 41,5 cm, Pau, musée des Beaux-arts
Camille Corot (1796-1875), Deux personnages sous les arbres au bord des
marais, 1855-1860, Huile sur toile, 33 x 46,5 cm, Vevey, musée Jenisch, Fondation
pour les Arts et les Lettres
Camille Corot (1796-1875), Le Batelier, le soir, 1860-1870, huile sur toile,
20,5 x 36,5 cm, Ville de Versailles, musée Lambinet
Charles Daubigny (1817-1878), Pièce d’eau sous-bois, 1850, huile sur bois,
19,5 x 32 cm, Le Havre, musée d’Art moderne André Malraux
Narcisse Diaz de la Peña (1807-1876), Clairière, huile sur bois, 18.6 x 25.7 cm,
Besançon, Musée des beaux-arts et d’archéologie
Théodore Rousseau (1812-1867), Paysage, la sablière (Marlotte), 1864, huile
sur papier marouflé sur toile, 24,7 x 52,5 cm, Arbois, musée Sarret de Grozon
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La Normandie, berceau de l’Impressionnisme
Dès le début du XIXe siècle, les bords de la
Manche, et en particulier la Normandie, sont,
comme la forêt de Fontainebleau, des lieux
privilégiés pour les artistes attachés à travailler
en pleine nature.
À eux se joignent, par leur goût pour les
atmosphères de plein air, les maîtres de l’École
de Barbizon, Corot, Rousseau, Dupré, Díaz de
la Peña, Daubigny et, quelques années plus
tard, Jongkind, Boudin, Courbet. Chacun à
leur manière, ils seront considérés comme les
précurseurs de l’impressionnisme.
La beauté des côtes et leur proximité de Paris, que
l’invention du chemin de fer rendra plus proches
encore, transforment rapidement quelques
villages de pêcheurs normands en villégiatures
balnéaires très prisées par l’aristocratie et la
bourgeoisie du temps. Les peintres s’y installent
aussi et Trouville, Deauville, Cabourg, Honfleur,
Le Havre, Étretat deviennent leurs sites de
prédilection.
Courbet découvre la Normandie au printemps
1841, un peu plus d’un an après son installation
à Paris. Il y voyage avec son ami Urbain Cuenot,
descendant la Seine en bateau, de Paris au
Havre, et explorant les paysages et les villes qui
la bordent.
Il écrit à son père : « Je suis enchanté de ce
voyage qui m’a développé beaucoup les idées
sur différentes choses dont j’avais besoin pour
mon art. Nous avons enfin vu la mer, la mer
sans horizon (que c’est drôle pour un habitant
du vallon). Nous avons vu les beaux bâtiments
qui la parcourent. C’est trop attrayant, on se
sent entraîné, on voudrait partir voir le monde
entier. Nous avons traversé la Normandie, pays
charmant, tant pour la richesse de la végétation
que pour ses sites pittoresques et ses monuments
gothiques qui peuvent être comparés à tout ce
qu’il y a de mieux en ce genre ».
La mer, calme ou houleuse, les ciels purs ou
tourmentés leur permettent d’exprimer une
esthétique nouvelle où la luminosité et les
contrastes colorés priment.
Après ce premier séjour, Courbet retourne à de
nombreuses reprises en Normandie : en 1859,
il est au Havre, en 1865 et 1866 à Trouville et
Deauville, en 1867 à Saint-Aubin-sur-Mer, en
1868 à nouveau au Havre et en 1869 à Étretat.
Il y réalise beaucoup de ses plus belles œuvres,
en particulier sa série de Vagues.
Influencés par les grands paysagistes
romantiques anglais, Turner, Bonington,
Cotman, des peintres français, comme Isabey,
Huet, Mozin, vont, dès les années 1820, peindre
la côte et la vie des pêcheurs dans une lumière
spécifique estompant les contours et les plans
lointains, prémices de la vision impressionniste.
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Œuvre présentée :
Gustave Courbet (1819-1877), Marine ou Vue d’Honfleur, v. 1841, huile sur
toile, 43,5 x 65 cm, Lille, Palais des Beaux-arts
Eugène Boudin (1824-1898), La Plage - Trouville, huile sur galet, 7 x 10 cm,
Collection particulière
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L’auberge Saint-Siméon
Schanne, à propos de Boudin, raconte : « il nous
emmena à Honfleur, et nous installa dans une
auberge rustique, à mi-côte de la falaise. (...)
Courbet peignit là deux tableaux : un coucher de
soleil sur la Manche, et une vue de l’embouchure
de la Seine avec des pommiers au premier plan ».
L’auberge évoquée est la Ferme Saint-Siméon.
Elle est célèbre pour ses chambres peu chères,
son ambiance chaleureuse et pittoresque et
son site enfoui dans la verdure au panorama
s’ouvrant sur l’estuaire de la Seine. Tous les
artistes de passage y séjournent.
Le deuxième séjour de Courbet en Normandie
a lieu en juin 1859. Avec l’écrivain Alexandre
Schanne, ils participent à un voyage de
botanistes en étude au Havre.
De son côté, Boudin note dans ses carnets :
« Visite de Courbet. Il a été satisfait de tout
ce qu’il a vu, j’espère. Si je l’en croyais, je me
regarderais certainement comme un des talents
de notre époque. Il lui a paru de ma peinture
qu’elle est trop faible de ton : ce qui est peutêtre vrai, rigoureusement parlant ; mais il m’a
assuré que peu de gens peignent aussi bien que
moi ».
Sur place, ils font la connaissance du peintre
Eugène Boudin. Né à Honfleur en 1824 dans une
modeste famille de marins, Boudin s’installe au
Havre en 1844. Plus attiré par le dessin que par les
métiers de la mer, il y ouvre, avec un associé, une
papeterie qui servira aussi de lieu d’exposition.
Sur la Ferme Saint-Siméon, Boudin rappelle
encore : « Oh ! Saint-Siméon, il y aurait une belle
légende à écrire sur cette hôtellerie. Que de gens
y ont passé et des célèbres, à ma suite. (...)
Le maître des maîtres : Harpignies (...) Monet,
mon élève. J’ai fait là force aussi parties de
quilles avec Díaz, un bon encore ».
Puis en 1851, grâce à une bourse municipale
de trois ans, il part étudier la peinture à Paris.
Il s’inscrit comme élève copiste au Louvre et
fréquente l’atelier de Troyon, membre de l’École
de Barbizon. Boudin partage alors son temps
entre Paris, Le Havre et Honfleur et, au hasard
de ses rencontres, crée des liens entre plusieurs
générations artistiques. Un mélange de visions
esthétiques s’opère, passant d’un paysagisme
classique au réalisme et à l’impressionnisme.
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Œuvres présentées :
Louis-Alexandre Dubourg (1821-1891), Le ramassage des pommes à
Saint-Siméon, huile sur toile, 57 x 87,5 cm, Honfleur, musée Eugène Boudin
Amédée Besnus (1831-1909), La ferme Saint-Siméon, huile sur toile, 47,5 x 65
cm, Honfleur, musée Eugène Boudin
Claude Monet (1840-1926), Cour de ferme en Normandie, v. 1863, huile sur
toile, 65 x 81,5 cm, Paris, musée d’Orsay, don de M. et Mme Raymond Koechlin,
1931
Acte de mariage de Claude Monet et Camille Doncieux, 28 juin 1870, reproduction,
Archives de Paris,
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« Paysages de mer »
Lorsqu’il travaille à ses paysages de mer,
comme il les nomme lui-même, Courbet se libère
à nouveau des conventions académiques. Il dit
à son ami Alfred Bruyas en janvier 1866 : « Je
suis allé cet été à Trouville trois mois (...) J’ai fait
dans cet endroit 38 tableaux dont 25 paysages
de mer (...) vingt-cinq ciels d’automne, tous plus
extraordinaires et libres l’un que l’autre ».
Les séjours en Normandie sont pour les artistes
des moments d’échanges importants et, en
croisant leurs souvenirs personnels, on constate
combien leurs rencontres poussent l’évolution
de la peinture vers la modernité et donc vers
l’impressionnisme. La fraîcheur des scènes
côtières de Jongkind a une grande influence
sur Boudin et Monet, lequel dira du peintre
hollandais : « C’est à lui que je dois l’éducation
définitive de mon œil ». Au contact de Boudin,
Courbet éclaircit sa palette. Admirant la manière
dont celui-ci traite les rendus atmosphériques,
il l’interpelle : « Nom de dieu, Boudin, vous êtes
un séraphin, il n’y a que vous qui connaissiez le
ciel ».
C’est à partir des années 1860 et de ses séjours
en Normandie que Courbet retient la mer comme
une thématique artistique forte et récurrente.
Mais sa vision diffère beaucoup de la tradition
iconographique classique des marines.
C’est à partir des années 1860 et de ses séjours
en Normandie que Courbet retient la mer comme
une thématique artistique forte et récurrente.
Mais sa vision diffère beaucoup de la tradition
iconographique classique des marines. Plus
que les scènes anecdotiques des bords de mer,
c’est la confrontation de l’homme à la nature
qui intéresse Courbet. Fasciné par les reliefs des
falaises du Jura, il l’est aussi par la puissance des
éléments marins.
Mieux qu’un rendu réaliste de ceux-ci, Courbet
cherche l’émotion qu’ils procurent, mélange
d’attirance et d’effroi. Ainsi en novembre
1864, il écrit à Victor Hugo exilé sur l’île de
Guernesey : « J’irai devant votre retraite
sympathique contempler le spectacle de votre
mer. Les sites de nos montagnes nous offrent
aussi le spectacle sans borne de l’immensité,
le vide qu’on ne peut remplir donne du calme.
Je l’avoue, Poète, j’aime le plancher des vaches
et l’orchestre des troupeaux sans nombre qui
habitent nos montagnes. La mer ! la mer ! Avec
ses charmes m’attriste ! Elle me fait dans sa
joie l’effet du tigre qui rit ; dans sa tristesse elle
me rappelle les larmes du crocodile, et dans sa
fureur qui gronde, le monstre en cage qui ne
peut m’avaler ».
De son côté, Boudin précise : « Courbet m’a déjà
un peu affranchi de la timidité, j’essaierai de
larges peintures, des choses grandes et plus
cherchées comme ton ». Pour Whistler, Courbet
célèbre surtout la liberté visuelle de l’espace
marin. Monet dès ses premières toiles de mer,
vers 1865, copie ses audaces de palette et son
jeu sur le vide. Quant à Manet, dans ses marines
comme dans l’ensemble de son œuvre, il retient
les provocations et la vérité brute de la peinture
de Courbet. À son exemple et avec lui, tous
établissent les bases d’une vision nouvelle.
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Œuvres présentées :
Eugène Boudin (1824-1898), La plage de Deauville, vers 1860-1870, pastel sur
papier, 19,7 x 30,3 cm, Musée de La Roche-sur-Yon
Eugène Boudin (1824-1898), Plage avec une femme à l’ombrelle, vers
1860-1870, pastel sur papier, 19 x 28 cm, Musée de La Roche-sur-Yon
Johan Barthold Jongkind (1819-1891), Plage de Normandie, 1864, aquarelle,
17 x 28,5 cm, Collection particulière, courtesy Brame et Lorenceau, Paris
Louis Moullin (1817-1876), Gustave Courbet à Trouville, 1865, dessin à la
plume rehaussé d’aquarelle, 18 x 25 cm, Ornans, Institut Gustave Courbet
Gustave Courbet (1819-1877), Marée montante, 1865, huile sur toile,
50 x 60 cm, Musée de Boulogne-sur-Mer
Eugène Boudin (1824-1898), Etretat, la falaise Amont, 1896, huile sur toile,
46 x 65,5 cm, Paris, musée d’Orsay, legs de Mme Jeantet-Violet, 1997
Eugène Boudin (1824-1898), La plage de Trouville, 1865, huile sur carton,
26,5 x 40,3 cm, Paris, musée d’Orsay, legs d’Eugène Béjot, 1932
Eugène Boudin (1824-1898), Baigneurs à Trouville, 1869, huile sur bois,
24 x 41 cm, Paris, musée d’Orsay, œuvre récupérée après la Seconde guerre
mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, dépôt au musée national du
Château de Compiègne
Eugène Boudin (1824-1898), Sur la plage de Trouville, vers 1880-1885, huile
sur bois, 13,3 x 26,5 cm, Musée d’Art et d’Archéologie, Senlis
Charles Daubigny (1817-1878), Les Graves à Villerville (Calvados), 1859, huile
sur toile, 90 x 191 cm, Marseille, Musée des Beaux-arts
Johan Barthold Jongkind (1819-1891), La sortie du port de Honfleur,
1865, huile sur toile, 57,5 x 85 cm Collection particulière
Johan Barthold Jongkind (1819-1891) Marine, 1855, huile sur toile,
24,2 x 30 cm, Mulhouse, musée des Beaux-arts
Gustave Courbet (1819-1877), Le calme, marine, 1865-1867, huile sur toile,
45 x 54,5 cm, Musée des Beaux-arts de Lons-le-Saunier
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16
Claude Monet (1840-1926), Bord de mer, pastel sur papier, 17,5 x 28 cm, Hélène
Bailly Gallery
Gustave Courbet (1819-1877), La vague, 1870, huile sur toile, 54 x 73 cm,
Musée des beaux-arts d’Orléans
Johan Barthold Jongkind (1819-1891), Marine par gros temps, 1871, pierre
noire et aquarelle sur papier, 11 x 14,7 cm, Petit Palais, musée des Beaux-arts de
la Ville de Paris
James Whistler (1834-1903), La vague bleue, après 1862, photogravure,
Ornans, Musée Gustave Courbet
Gustave Courbet (1819-1877), La vague, v. 1869, huile sur toile, 53,2 x 93 cm,
Collection Frédérique Laloy-Benito
Édouard Manet (1832-1883), Clair de lune sur le port de Boulogne, 1869, huile
sur toile, 82 x 101 cm, Paris, musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911
Eugène Boudin (1824-1898), Maison de pêcheur à Saint-Vaast-la-Hougue,
1892, huile sur toile, 49 x 60 cm, Collection particulière, France
Eugène Boudin (1824-1898), Rivière en Bretagne, 1870, huile sur toile,
50 x 73 cm, Bailly Gallery
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Paris et le groupe des Batignolles
Certains lieux du quartier des Batignolles
deviennent des sites emblématiques du
mouvement impressionniste. Les artistes se
réunissent d’abord dans deux cafés voisins du
marchand de couleurs Hennequin, sur l’avenue
de Clichy : le café du Père Lathuille et le café
Guerbois. Puis, dans les années 1870, c’est place
Pigalle, au café de la Nouvelle Athènes que le
groupe s’installe : « là nous avions l’habitude
de nous asseoir et de faire de l’esthétique
jusque deux heures du matin » explique le poète
irlandais George Moore.
Paris est aussi au cœur des échanges entre les
différentes générations d’artistes. Les ateliers
privés, qui permettent de dessiner et peindre
d’après le modèle vivant pour une somme
modique, sont des lieux privilégiés de rencontre.
L’Académie Suisse et l’atelier Gleyre du peintre
Charles Gleyre voient naître de belles amitiés
comme celle entre Renoir, Bazille, Sisley et
Monet. Ils n’y restent pas longtemps, « Filons
d’ici ! » aurait lancé Monet à ses camarades
d’atelier, car cette génération est plus tentée
de suivre les pas des maîtres de Barbizon en
se confrontant, comme eux, directement au
« motif » dans les bois et sur les bords de Seine.
Ces artistes, rejetés par les jurys des Salons,
ne parviennent pas à exposer dans les
manifestations officielles. Ils envisagent alors
dès 1867 de présenter une exposition collective
et indépendante mais ce projet ne verra le jour
qu’en 1874, dans l’atelier du photographe Nadar,
boulevard des Capucines. Boudin, Bracquemond,
Cézanne, Degas, Monet, Berthe Morisot, Pissarro,
Renoir ou encore Sisley y participent. C’est alors
qu’en tournant en dérision le titre de l’œuvre
de Claude Monet Impression, soleil levant
le critique Louis Leroy qualifie ces peintres
« d’impressionnistes ». Suivent ensuite sept
expositions du groupe entre 1876 et 1886,
dont trois sont organisées dans les salons ou la
galerie du marchand d’art Paul Durand-Ruel.
À partir des années 1860, les artistes se
retrouvent en particulier dans le quartier des
Batignolles, situé au Nord-Ouest de Paris.
Attiré par les loyers modestes, le premier à s’y
installer est sans doute Manet, suivi de Zola,
Monet, Renoir, Bazille, Duranty, Champfleury,
Desboutin, Pissarro... Se forme alors le « Groupe
des Batignolles », appellation qui apparaît en
1870 suite à la présentation au Salon d’un
portrait de groupe de Fantin-Latour intitulé Un
atelier aux Batignolles. Cette œuvre présente
Manet peignant, entouré d’artistes et d’écrivains
qui, d’après Théodore Duret, « avaient subi son
influence ou étaient devenus ses défenseurs.
On voyait figurer Zola, Claude Monet, Renoir,
Bazille, Zacharie Astruc, Maître et Scholderer ».
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Œuvres présentées :
Edgar Degas (1834-1917), Portrait du graveur Desboutin et du graveur Lepic,
1876-1877, huile sur toile, 71 x 81 cm, Paris, musée d’Orsay
Félix Bracquemond (1833-1914), Portrait d’Édouard Manet, 1867, eau-forte,
15 x 11 cm, Ornans, musée Gustave Courbet
Félix Bracquemond (1833-1914), Portrait d’Alphonse Legros, 1861, eau-forte,
31 x 17,5 cm, Ornans, musée Gustave Courbet
Édouard Manet (1832-1883), Homme sur un banc, lavis d’encre de chine,
9,5 x 14 cm, Bailly Gallery
Édouard Manet (1832-1883), Portrait de Gustave Courbet, vers 1884,
Gillotgraphie, 31 x 26 cm, Ornans, musée Gustave Courbet
Édouard Manet (1832-1883), Portrait de Baudelaire, 1862, eau-forte,
29,5 x 22 cm, Compiègne, musée national du palais de Compiègne
Marcellin Desboutin (1823-1902), Édouard Manet, 1876, pointe sèche, Musée
départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), L’Homme à la pipe, 1879, pointe sèche,
Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), Comte Lepic, 1876, pointe sèche, Musée
départemental Anne- de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), Gustave Courbet, 1878, pointe sèche, Musée
départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), Pierre-Auguste Renoir, 1877, pointe sèche,
Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), Edgar Degas, 1876, pointe sèche, Musée
départemental Anne- de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), Berthe Morisot, v. 1876, pointe sèche, Musée
départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
Marcellin Desboutin (1823-1902), Zola à la signature, 1879, pointe sèche,
30 x 23 cm, Collection particulière L. T.
Marcellin Desboutin (1823-1902), Edmond Duranty, v. 1876, pointe sèche,
Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
19
Guerre de 1870 - Commune de Paris
En 1870, à l’annonce de la guerre opposant
la France à la Prusse, de nombreux artistes
quittent Paris en cherchant un refuge alors que
d’autres comme Manet, Degas, Renoir ou Bazille
s’engagent ou sont mobilisés. Cézanne retourne
dans sa Provence natale, à L’Estaque, où Zola le
rejoint. Boudin et Díaz partent à Bruxelles.
Monet va au Havre avant de gagner Londres
où il retrouve Daubigny, Bonvin, Pissarro et le
marchand d’art Durand-Ruel. Le galeriste les
aide en leur achetant des œuvres à Londres puis
à leur retour à Paris. Il restera toute sa vie durant
un fidèle soutien aux artistes impressionnistes
et un véritable promoteur de leur art.
Lors de l’insurrection de la Commune de Paris
en mars 1871, Courbet et Manet, républicains
convaincus, sont très préoccupés par les
évènements politiques et l’avenir de la France.
Courbet s’engage dans la lutte et préside le
Comité de la fédération des artistes de Paris,
Manet en est élu membre mais à son insu et
en son absence puisqu’il séjourne alors avec sa
famille en province. Il ne rentre à Paris qu’après
la Semaine sanglante (21-28 mai) et en fixe la
mémoire par deux lithographies.
20
Œuvres présentées :
Marcellin Desboutin (1823-1902), Portrait de Paul Durand-Ruel, 1882, Pointe
sèche, 20 x 15 cm, Collection particulière
James Whistler (1834-1903), Nocturne, 1876-1913, lithographie en couleurs,
20,5 x 15,2 cm, Collection des Musées d’art et d’histoire de la Ville de Genève,
Cabinet d’arts graphiques
Amand Gautier, Courbet dans sa cellule, Mazas, 16 août 1871, dessin aquarellé,
29,5 x 23 cm, Collection particulière
Marcellin Desboutin (1823-1902), Henri Rochefort, 1880, Pointe sèche, dims,
Musée départemental Anne-de-Beaujeu, Moulins
Édouard Manet (1832-1883), La Barricade, 1871, lithographie, 47,7 x 33,9 cm,
Saint-Denis, musée d’art et d’histoire
Édouard Manet (1832-1883), Guerre civile, 1871, lithographie, 43,3 x 53,3 cm,
Saint-Denis, musée d’art et d’histoire
21
Les Déjeuners sur l’herbe
Édouard Manet reprend ce thème en présentant
au Salon des Refusés de 1863 Le Bain, connu
plus tard sous le titre de Déjeuner sur l’herbe, qui
est selon Émile Zola sa plus grande toile, « celle
où il a réalisé le rêve que font tous les peintres
: mettre des figures de grandeur naturelle dans
un paysage ».
Ce tableau provoque à son tour le scandale.
Cette scène de genre de dimensions importantes
à la sensualité affirmée, montrant une femme
nue au milieu d’hommes habillés, soulève des
questions morales auprès du public.
Le grand défi pictural que se lancent les peintres
impressionnistes est de parvenir à mêler figures
humaines et paysage dans le contexte de la vie
moderne en traitant les deux thèmes avec le
même soin, sans hiérarchie, le paysage n’étant
pas seulement un décor à la scène de genre.
Ce thème du déjeuner à la campagne est ensuite
repris par d’autres artistes qui souhaitent
également répondre au défi.
Moins provocante, la version de Claude Monet
n’en est pas moins monumentale puisqu’elle
mesure dans ses dimensions originales plus de
quatre mètres sur six. Elle est ensuite découpée
en fragments dont la partie centrale est la plus
célèbre et présente un portrait de Courbet. Ce
dernier rend visite à Monet dans l’atelier qu’il
partage avec Bazille dans l’hiver 1865-1866.
Bazille rapporte : « Maître Courbet (...) est venu
nous faire une visite pour voir le tableau de
Monet, dont il a été enchanté ». Ainsi, Frédéric
Bazille, Auguste Renoir ou même Paul Cézanne
vont également se décider à peindre des
compositions centrées autour de personnages
en plein air.
Courbet s’y essaie plusieurs fois et leur ouvre
la voie avec Les Demoiselles de village (18511852), Le Repas de chasse (1858) ou encore Les
Demoiselles des bords de la Seine.
Ce dernier tableau crée le scandale en 1857
car il montre une scène familière dans des
dimensions importantes, réservées jusque-là
aux grand sujets historiques ou religieux. Ici, il
s’agit de deux femmes déshabillées et alanguies,
accompagnées d’un homme dont la présence
est signifiée par un chapeau posé sur la barque
en arrière-plan.
22
Œuvre présentée :
Eugène Boudin (1824-1898), Le déjeuner sur l’herbe, 1866, Huile sur bois, 17,5
x 25 cm, Paris, musée d’Orsay, don de la succession de Gisèle Rueff-Beghin, 1988 23
Œuvres croisées / Natures mortes
La nature morte, genre qui se trouve au plus
bas dans la hiérarchie des genres, est dépréciée
au début du XIXe siècle. Quelques artistes s’y
intéressent néanmoins, dans la tradition des
maîtres hollandais du xviie siècle poursuivie par
Chardin au siècle suivant.
Courbet, au moment de son séjour à Saintes
notamment, représente de nombreuses
compositions florales. Mais c’est surtout
lorsqu’il est emprisonné à Sainte-Pélagie pour sa
participation à la Commune de Paris, qu’il peint
des fruits mais aussi des bouquets de fleurs
apportés par sa sœur Zoé. Son ami François
Bonvin consacre une grande partie de sa
production à ce genre pictural qu’il affectionne.
Pour Eugène Boudin, il s’agit d’une source
financière car ces tableaux correspondent au
goût des intérieurs bourgeois mais aussi à la
possibilité d’explorer la tradition de Chardin
qu’il admire.
La rupture avec l’art académique incarnée par
les impressionnistes tient moins aux sujets qu’ils
traitent, classiques en soi, paysages bien sûr mais
aussi scènes de genre, natures mortes, portraits
et nus... qu’à la manière dont ils les traitent.
Ils gardent la façon directe, presque brute des
peintres réalistes, de Courbet en particulier, qui
déjà tranche avec la référence absolue au tracé
classique. Ils y ajoutent la liberté de la touche
picturale, réservée traditionnellement aux
esquisses, pour en faire une technique propre
aux œuvres achevées. L’impression d’ensemble
l’emporte désormais sur les détails et une place
primordiale est accordée au rendu de la lumière.
La peinture devient plus claire et les couleurs
pures posées en touches distinctes modèlent les
formes au détriment de la ligne dessinée. Toute
une révolution en somme !
Dans le système formalisé par l’Académie
royale de peinture au xviie siècle, les sujets de
la peinture – que l’on appelle « genres » sont
hiérarchisés. La peinture d’histoire, religieuse
ou mythologique, considérée noble, peut être
représentée sur de grands formats, tandis que
le paysage, la scène de genre et la nature morte,
jugés mineurs, doivent utiliser de petits formats.
Ce système, qui perdure jusqu’au XIXe siècle, est
renversé par l’arrivée de Courbet sur la scène
artistique.
Manet, Renoir et Fantin-Latour investissent
également la nature morte dans la filiation des
maîtres précédents mais ils éclaircissent leur
palette, et les fonds autrefois sombres se parent
de couleurs plus claires. Manet intègre à ses
compositions des natures mortes, comme dans
Olympia par exemple. Renoir peint des bouquets
de fleurs tout au long de sa carrière. Il apprécie
particulièrement cette pratique qui lui permet
de poser des tons librement. C’est à partir du
genre de la nature morte que Cézanne, suivant
tous ces artistes, ouvrira la voie du cubisme.
En effet, avec des œuvres telles qu’Un
enterrement à Ornans ou Les Casseurs de pierre,
il donne à des scènes de la vie quotidienne des
dimensions monumentales.
24
Œuvres présentées :
Édouard Manet (1832 - 1883), Œillets et clématite, 1882, huile sur toile,
56 x 35,5 cm, Paris, musée d’Orsay, retrouvée en Allemagne après la Seconde
guerre mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, 1949
Gustave Courbet (1819 – 1877), Le bouquet de fleurs, 1871, huile sur bois,
22 x 29 cm, Musée des Beaux-arts et de la Dentelle, Alençon
Auguste Renoir (1841-1919), Bouquet de narcisses et de roses, 1914, huile sur
toile, 22 x 19 cm, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
Gustave Courbet (1819 – 1877), Nature morte aux fruits : pommes et grenades,
1871, huile sur toile, 22 x 27 cm, Paris, musée d’Orsay
Eugène Boudin (1824-1898), Nature morte au homard, v. 1853-1856, huile sur
bois, 40,5 x 59 cm, Collection particulière
Eugène Boudin (1824-1898), Nature morte aux huitres, v. 1853-1856, huile
sur bois, 41 x 59 cm, Collection particulière
Henri Fantin-Latour (1836 – 1904), Nature morte, citron et orange, 1868, huile
sur toile, 12 x 20 cm, Galerie Berès, Paris
Henri Fantin-Latour (1836 – 1904), Cerises et amandes vertes dans une
assiette, v. 1870, huile sur toile, 15,4 x 25 cm, Galerie Berès, Paris
25
Œuvres croisées / Scènes de genre
Chaque époque doit avoir ses artistes qui
l’expriment et la reproduisent pour l’avenir. Une
époque qui n’a pas su s’exprimer par ses propres
artistes, n’a pas droit à être exprimée par des
artistes ultérieurs. Ce serait la falsification de
l’histoire (....) Je tiens aussi que la peinture
est un art essentiellement concret et ne peut
consister que dans la représentation des choses
réelles et existantes ».
Si Courbet s’attache à dépeindre la réalité du
monde rural, les impressionnistes représentent
quant à eux, selon la vision personnelle de chacun,
la vie trépidante de la société contemporaine ou
des motifs aussi simples qu’un chemin ou un
champ.
Courbet puise son inspiration dans la peinture
hollandaise et française du XVIIe siècle qu’il
admire pour représenter des scènes de la vie
quotidienne telle que Le Rétameur, œuvre de
jeunesse aux ambitions modestes présentée ici.
Quelques années plus tard, il sort des limites
établies par l’Académie des Beaux-arts et donne
à la scène de genre une importance inédite en
lui conférant des dimensions démesurées, ce qui
lui permet de représenter des personnages en
grandeur réelle (Un enterrement à Ornans).
François Bonvin, Amand Gautier ou Félix
Cals, amis de Courbet qui forment le cénacle
réaliste, utilisent aussi la peinture de genre
car elle répond à leur volonté de retranscrire
la société de leur époque d’une manière
objective, telle que l’a définie Courbet : « L’art
historique est essentiellement contemporain.
26
Œuvres présentées :
Adolphe-Félix Cals (1810 - 1880), Paysanne assise près d’une fenêtre, v. 1852,
huile sur toile, 35 x 27 cm, Ornans, musée Gustave Courbet
Gustave Courbet (1819 – 1877), Le rétameur, 1842, huile sur toile, 50 x 61 cm,
Ornans, Institut Gustave Courbet
François Bonvin (1817 – 1887), Femme tricotant, 1855, huile sur panneau,
32,5 x 24 cm, Institut Gustave Courbet
Camille Pissarro (1830 - 1903), Paysanne et enfant faisant du feu, aquarelle et
fusain, 46,8 x 46 cm, Bailly Gallery
27
Œuvres croisées / Portraits féminins
Pour ses œuvres, il a recours à différentes
techniques mais le pastel lui permet des
recherches de tons plus poussées dans le rendu
des corps.
Les impressionnistes explorent aussi le genre
du portrait qui les intéresse autant pour la
répresentation du modèle que pour l’atmosphère
lumineuse qui l’entoure. Même s’ils répondent
bien souvent à des commandes, ces artistes
livrent des portraits libres et sincères, suivant
là aussi le chemin tracé par Courbet et ses amis
réalistes, en ne cédant pas à l’idéalisation du
modèle.
La référence de la peinture de nu impressionniste
est évidemment le Déjeuner sur l’herbe de
Manet. À l’instar de Courbet, les impressionnistes
refusent les figures de nymphes et de déesses
pour se consacrer plus simplement à la femme,
modèle d’atelier.
Dans la filiation de l’école réaliste les
impressionnistes poursuivent les recherches sur
l’intégration de la figure dans des paysages et
des scènes de genre, contribuant à effacer les
frontières entre les genres picturaux.
Les jeunes filles du quartier des Batignolles, à
la « superbe allure, faite de majesté antique et
de grâce parisienne » sont pour les peintres de
magnifiques sources d’inspiration. Les nus de
Manet suscitent des critiques semblables à celles
provoquées par Courbet : immoralité, vulgarité,
décadence... Dans la lignée du maître d’Ornans,
qui d’après Zola « appartenait à la famille des
faiseurs de chair », les impressionnistes se
concentrent sur l’étude des carnations, oubliant
les tons rosés des nus classiques.
Ils font dire à certains critiques que leurs figures
« crasseuses » ont des « teintes de noyée ».
Pour Degas, l’exploration de la thématique du
nu passe par des sujets intimes de femmes à
la toilette : femmes au tub, s’essuyant ou se
coiffant.
28
Œuvres présentées :
Benjamin-Louis Auguste Damman (1835-1921) d’après Gustave Courbet, Le
repos, eau forte, 26 x 31 cm, Ornans, Institut Gustave Courbet
Edouard Manet (1832 - 1883), Odalisque, La convalescente, tirage de 1884,
eau-forte, 24 x 16 cm, Collection particulière L.T.
Henri Fantin-Latour (1836 – 1904), Après le bain, 1895, huile sur panneau,
42,5 x 33,5 cm, Collection particulière, France
Edgar Degas (1834 – 1917), Après le bain, femme s’essuyant la jambe, v. 1893,
Pastel sur papier, 55,7 x 60 cm, Collection particulière, Londres
Gustave Courbet, Portrait de Zélie Courbet, 1853, Crayon noir, 27,5 x 20 cm,
Ornans, Institut Gustave Courbet
Auguste Renoir (1841-1919), Jeune fille en buste, vue de profil, 1905, Huile sur
toile, 23 x 17 cm, Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse
Auguste Renoir (1841-1919), Femme au chapeau de paille, 1915, Huile sur
toile, 35 x 27 cm, Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse
29
Retours à Fontainebleau et séjours en bords de Seine
Sisley quant à lui, se sent plus proche de
Corot, mais ce dernier conserve une certaine
distance avec la jeune génération d’artistes,
contrairement à Courbet qui s’intéresse à leurs
recherches. D’ailleurs il n’hésitera pas à les
soutenir.
Daubigny joue également un rôle important
auprès des peintres novateurs. En tant que
membre du jury du Salon en 1868, il réussit à
faire admettre de nombreux représentants de
la nouvelle peinture, habituellement refusés par
l’institution.
C’est surtout après l’épisode de la guerre de
1870 suivi de la Commune que les jeunes
peintres s’affirment dans la voie de ce qui est
appelé « impressionnisme » à partir de leur
première exposition collective en 1874.
À partir de 1860, Monet, Renoir, Bazille et Sisley,
très proches depuis leur rencontre dans l’atelier
du peintre Charles Gleyre, se rendent en forêt
de Fontainebleau puis fréquentent les lieux
de villégiature qui se développent le long de
la Seine grâce au réseau ferroviaire. Ces sites
vont devenir emblématiques de la peinture
impressionniste.
Entre 1860 et 1866, les quatre amis multiplient
les séjours en forêt de Fontainebleau où ils
peignent sur le motif et font la connaissance des
maîtres de Barbizon qu’ils admirent.
Les rencontres qu’ils y font sont décisives pour
leur art. Renoir fait la connaissance de Narcisse
Díaz de la Peña, qui l’incite à éclaircir sa palette,
mais aussi de Courbet qu’il admire. Monet reçoit
la visite du maître d’Ornans alors qu’il est en
train de peindre son Déjeuner sur l’herbe.
Bien qu’ils possèdent chacun leur propre
conception de la peinture, on peut néanmoins
définir une démarche commune à ces peintres
appelés aussi « les intransigeants ». Ils cherchent
à s’approcher le plus possible de la nature et à
rendre les sensations produites par la lumière.
30
Les impressionnistes utilisent des techniques
inédites résultant de leurs expériences menées
en plein air. Ils se rendent compte en effet que
les coups de pinceaux posés de manière libre,
par petites touches, ou en forme de virgules,
font vibrer l’œil du spectateur, reconstituant
l’atmosphère perçue par le peintre : « La
nature cessait d’être un objet susceptible
d’interprétation comme pour les peintres de
Barbizon ; elle devenait la source directe de
sensations pures, et rien ne pouvait mieux
reproduire ces sensations que cette nouvelle
technique qui, au lieu d’insister sur les détails,
retenait l’impression générale dans toute sa
richesse de couleur et de vie ».
Alors que les réalistes s’attachaient à peindre
une réalité de manière objective notamment à
travers le rendu de textures, les impressionnistes
délaissent l’apparence objective des choses
pour s’intéresser aux sensations de lumière et
de couleurs perçues par leurs yeux.
Aussi adoptent-ils pour motifs privilégiés ceux
de l’eau ou de la neige, riches par les reflets et les
réverbérations qui permettent d’expérimenter
la transcription des impressions. Courbet avait
déjà modernisé le paysage par ses empâtements
de matière et l’usage de couleurs inédites telles
que le bleu dans la neige. Mais contrairement à
leurs prédécesseurs qui montraient une nature
sauvage, exempte de toute présence humaine,
les impressionnistes rendent compte des
mutations de la société qui s’industrialise et voit
se développer des activités fluviales et de loisirs
le long de la Seine.
31
32
Œuvres présentées :
Charles Daubigny (1817-1878), Paysage, v. 1860, huile sur toile, 50 x 78.5 cm,
Musée des Beaux- arts de Dijon
Alfred Sisley (1839-1899), Allée de châtaigniers près de La Celle-Saint-Cloud,
1867, huile sur toile, 95 x 122.2 cm, Southampton City Art Gallery
Claude Monet (1840-1926), Vue de plaine à Argenteuil, coteaux de Sannois,
1872, huile sur toile, 53 x 72 cm
Paris, musée d’Orsay, retrouvée en Allemagne après la Seconde guerre mondiale et
confiée à la garde des musées nationaux, 1949
Auguste Renoir (1841-1919), Pont sur une rivière, huile sur toile, 23 x 32 cm,
Paris, musée d’Orsay, dépôt au musée des Beaux-arts de Bordeaux, legs d’Albert
Marquet, 1948
Marie Bracquemond (1840-1916), Paysage avec maison, v. 1880, huile sur
toile, 26 x 39 cm, Réunion des musées métropolitains, Rouen Normandie, musée
des Beaux-arts
Alfred Sisley (1839-1899), La Seine à Bougival, 1873, huile sur toile,
46 x 65.5 cm, Paris, Musée d’Orsay, œuvre récupéré après la seconde guerre
mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, MNR 208
Triptyque : Claude Monet (1840 - 1926), Bateaux de plaisance, 1872-1873,
huile sur toile, 49 x 65 cm - Camille Pissarro (1830 - 1903), Entrée du village de
Voisins, 1872, huile sur toile, 46 x 55,5 cm - Alfred Sisley (1839-1899), L’Ile SaintDenis, 1872, huile sur toile, 50.5 x 65 cm, Paris, musée d’Orsay, donation d’Ernest
May, 1923
Charles Daubigny (1817-1878), La neige, 1873, huile sur toile,
100,5 x 201,5 cm, Paris, musée d’Orsay
Alfred Sisley (1839-1899), Temps de neige à Veneux-Nadon, vers 1880, huile
sur toile, 55 x 74 cm, Paris, Musée d’Orsay, legs du comte Isaac de Camondo, 1911
Claude Monet (1840-1926), Neige au soleil couchant, 1869, huile sur toile,
43,4 x 65,3 cm, Paris, musée d’Orsay, œuvre récupérée après la seconde guerre
mondiale et confiée à la garde des musées nationaux, MNR 1002, dépôt au musée
des Beaux-arts de Rouen
Gustave Courbet (1819 - 1877), Paysage de neige, v. 1876, huile sur toile,
50,6 x 61,4 cm, Ornans, musée Gustave Courbet
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Organisation
Commissariat
Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef du musée Gustave Courbet
Julie Delmas, Adjointe du conservateur du musée Gustave Courbet
Elise Boudon, Chargée d’études au musée Gustave Courbet
Exposition organisée par le musée Gustave Courbet en partenariat avec le musée d’Orsay
Scénographie
Jean-Pierre Breuillot, architecte départemental
Graphisme de l’exposition
Fabienne Coste, Département du Doubs
Catalogue
Textes de :
Frédérique Thomas-Maurin, Conservateur en chef,
musée Gustave Courbet
Julie Delmas, Adjointe au conservateur, musée
Gustave Courbet
Anne-Marie Bergeret, conservatrice en chef du musée
Eugène Boudin, directrice des musées de Honfleur
Laurent Manœuvre, chef du Bureau de la diffusion
numérique des collections et de l’unité documentaire,
Direction générale des patrimoines
Isolde Pludermacher, conservateur, musée d’Orsay
Élise Boudon, chargée d’études, musée Gustave
Courbet
Stefan Borchardt, conservateur, Kunstmuseum
Hohenkarpfen
Chantal Duverget, historienne de l’art, Université de
Besançon
Flavie Durand-Ruel, Directrice d’Archives, Durand-Ruel
& Cie
Floriane Dauberville, Bernheim-Jeune, Galerie &
Éditeur d’Art
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Autour de l’exposition
Contes et lectures « à petites touches de mots »
Samedi 16 juillet et samedi 20 août à 15h et 16h
Par la Compagnie de la Loue, Bernadette Boucher, comédienne et conteuse.
Les mots sont des coups de pinceaux sur la toile de la vie. Avec Bernadette Boucher, comédienne
et conteuse, écouter les mots des contes et des poèmes c’est faire de l’Impressionnisme avec les
oreilles. Etonnement, sensation, émotion, effet... autant de synonymes communs à l’impression et
aux histoires.
Avec les mots, la conteuse jettera les couleurs de paysages, de nature, de personnages... Vision fugace
et éphémère. Empreinte dans l’imaginaire.
Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite.
Lecture théâtralisée « Courbet et les impressionnistes »
Mercredi 20 juillet et samedi 6 août à 11h et 15h
Par la compagnie Mala Noche
Autour de l’exposition « Courbet et l’Impressionnisme » nous proposerons des lectures à deux voix
qui éclaireront les liens forts qui pouvaient exister entre Gustave Courbet et la nouvelle génération
d’artistes. Ces liens pouvaient être personnels et artistiques. C’est à l’écoute de ces mots échangés que
nous vous invitons.
Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite.
Concert « les plus belles mélodies impressionnistes »
Samedi 27 août à 11h et 15h
Par Jean Louis Georgel, baryton, et Arthur Schoonderwoerd, pianiste
Mélodies d’Emmanuel Chabrier, Reynaldo Hahn, Gabriel Fauré et André Caplet
Les grands poètes ont inspiré de nombreux compositeurs pour créer des mélodies au piano. Dans
ses « Chansons Grises » Reynaldo Hahn, ami intime de Proust, fait éloge à Verlaine. Dans l’ « Horizon
Chimérique » de Jean de la Ville de Mirmont, Fauré fait balancer le bateau de la vie... Dans le « Vieux
Coffret », les poésies de Rémy de Gourmont ont inspiré Caplet pour en faire des mélodies d’une
sensibilité extrême. Nous vous invitons à venir écouter ces poèmes, mis en beauté par les sonorités
du piano.
Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite dans la limite des places disponibles.
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Visites théâtralisées
« Courbet vu par Jo ou quand le Modèle peint l’artiste »
Samedi 17 septembre à 14h30, 15h30 et 16h30
Par la compagnie Keichad
Jo, la belle irlandaise, amie et modèle de courbet, vous raconte son époque, les œuvres qu’elle a vu
naître, les grands hommes qu’elle a côtoyés. Découvrez les œuvres de Gustave courbet et de ses
contemporains impressionnistes à travers le regard amusé d’une femme du XIXe siècle.
Gratuit - dans la limite des places disponibles et sur réservation par mail à
[email protected] ou au 03 81 86 22 88.
Concert « le violoncelle impressionniste »
Samedi 24 sept à 11h et 15h
Par François Michel, violoncelliste, et Arthur Schoonderwoerd, pianiste.
Gustave Courbet a participé au salon de 1848 à Paris en présentant un autoportrait intitulé Le
violoncelliste. Ce portrait illustre sa passion pour la musique, née à Ornans dans son cercle d’amis et
en famille. Camille Saint Saëns, son élève Gabriel Fauré et Claude Debussy ont écrit des merveilles pour
cet instrument plein de couleurs...
Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite - dans la limite des places disponibles.
Rencontre « Courbet, précurseur des impressionnistes ? »
Dimanche 9 octobre à 15h
Par Chantal Duverget, docteur en histoire de l’art.
Dans Le Chêne de Flagey, Courbet annonce la conception picturale des impressionnistes. Au lieu
d’exécuter son tableau à l’atelier, il a planté son chevalet dans les prés de son village d’enfance. Il
a posé sur le feuillage des couleurs claires, sans les mélanger. Il a cherché à rendre sa perception
immédiate. C’est ainsi que travailleront quelques années plus tard Monet, Renoir ou Pissarro.
Billet d’entrée donnant droit à l’animation gratuite - dans la limite des places disponibles et sur
réservation par mail à [email protected] ou au 03 81 86 22 88.
Voir toutes les animations autour de l’exposition sur le site www.musee-courbet.fr
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Visuels disponibles pour la presse
Jules Coignet
Peintres dans la forêt de Fontainebleau
huile sur toile, 24,7 x 18,5 cm
Musée départemental des peintres de Barbizon
© Musée départemental des peintres de Barbizon
Claude Monet
Bord de mer
Pastel sur papier, 17,5 x 28 cm Hélène Bailly Gallery
©Droits réservés
Eugène Boudin
La plage de Trouville, 1865
Huile sur carton, 26,5 x 40,3 cm
Paris, musée d’Orsay, legs d’Eugène Béjot, 1932
© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) /
Hervé Lewandowski
Gustave Courbet
La vague, 1870
Huile sur toile, 54 x 73 cm
Orléans, musée des Beaux-arts ©Orléans,
Musée des beaux-arts /cliché François Lauginie
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Eugène Boudin
Le déjeuner sur l’herbe, 1866
Huile sur bois, 17,5 x 25 cm
Paris, musée d’Orsay, don de la succession de Gisèle
Rueff-Beghin, 1988
©RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Edouard Manet
Portrait de Gustave Courbet, vers 1884 Gillotgraphie,
31 x 26 cm
Ornans, musée Gustave Courbet
©Musée Gustave Courbet / photo : Pierre Guenat
Alfred Sisley
Allée de châtaigniers près de La Celle Saint-Cloud,1867
Huile sur toile, 95 x 122 cm
Southampton City Art Gallery
©Bridgeman Images
Auguste Renoir
Bouquet de narcisses et de roses, 1914
Huile sur toile, 19 x 22 cm
Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, Petit Palais
©Petit Palais / Roger-Viollet
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INFORMATIONS PRATIQUES
Exposition Courbet et l’Impressionnisme
du 9 juillet au 17 octobre 2016 au musée Courbet à Ornans
Musée Courbet, Place Robert Fernier à Ornans
Ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h
Tél. 03 81 86 22 88 - Site internet : www.musee-courbet.fr
Tarifs du musée pendant l’exposition
Individuels : entrée au musée 8 € (exposition permanente et temporaire),
Groupes : entrée au musée 4 €/pers, entrée et visite guidée 8 €
Gratuité pour les enfants de - de 13 ans, les demandeurs d’emploi, les personnes
handicapées, les bénéficiaires du RSA, les étudiants en histoire de l’art
Gratuit le 1er dimanche de chaque mois
Visites guidées de l’exposition temporaire
Tous les jours à 10h30 et 14h à partir du 9 juillet (sauf les premiers dimanches du
mois et pendant les journées du patrimoine)
Tarifs : entrée + 4€ la visite commentée
Visites guidées sur réservation pour les groupes à partir de 10 personnes au
03 81 86 59 55 - [email protected]
Visite guidée de l’exposition temporaire traduite en langue des signes
Dimanche 11 septembre à 14h
Réservation par mail sur [email protected]
Tarifs : entrée (gratuite sur présentation de la carte d’invalidité et pour un
accompagnateur) + 4€ la visite commentée
Visites sensitives de l’exposition temporaire
Mercredi 13 et 27 juillet, 10 et 24 août et 7, 14 et 28 septembre à 15h et sur
réservation.
Enrichissante et amusante, la visite sensitive fait découvrir la collection permanente
autrement. Le visiteur est sollicité de manière ludique à toucher des tableaux
tactiles ou des objets cachés, à reconnaître des sons et des odeurs en lien avec les
œuvres, et à déguster quelques saveurs... Une invitation à ressentir les tableaux
avec ses cinq sens.
Le musée Courbet détient le label S3A accordé par l’ADAPEI, gage de qualité de
l’accueil des personnes handicapées intellectuelles.
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PRÉSENTATION
DU PROJET
Pays de courbet, Pays d’artiste
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Le Doubs est une destination où Courbet se découvre dans un dialogue entre ses œuvres et nos
paysages. L’ambition du Département du Doubs est de valoriser ce patrimoine et de le faire partager
par le plus grand nombre, grâce au projet Pays de Courbet, pays d’artiste.
Il s’agit d’un projet scientifique et culturel qui allie nature et culture autour du peintre et met en
résonance les lieux symboliques de sa vie dans la vallée de la Loue et qui ont fortement inspiré son
œuvre : le musée Courbet à Ornans, pôle phare du projet, le dernier atelier de l’artiste à Ornans, la
ferme familiale de ses parents à Flagey, le site de la source de la Loue et les sentiers de Courbet,
permettant à chacun d’admirer les paysages courbétiens.
Cette identité territoriale est évidente, tant la présence et l’œil de Gustave Courbet sont encore
manifestes en ces lieux. Son œuvre ne se comprend pas sans référence à ses racines et les paysages
qui l’ont inspiré. Ce sont ces paysages et les gens de son « pays » qui l’ont façonné. À tout moment, à
Paris, au fait de sa notoriété, il revendiquait son appartenance à Ornans.
Le sens du projet « Pays de Courbet, pays d’artiste » est de faire rayonner l’artiste au-delà de son
territoire, à partir de son pays.
Le musée courbet
Le musée Courbet, propriété du
Département du Doubs, est labellisé
Musée de France et Maison des illustres.
Entièrement rénové et agrandi sous la
maîtrise d’œuvre de l’architecte Christine
Eideikins et de l’agence d’architecture
Atelier 2/3/4, il s’ouvre aujourd’hui sur
les paysages environnants et offre plus
de 1 000 m2 d’expositions permanente
et temporaire. Empreinte d’une grande
modernité, sa conception n’en respecte
pas moins le caractère historique et intime
des lieux. Depuis le 2 juillet 2011, date de
réouverture du musée, plus de 300 000
visiteurs sont venus le découvrir.
Sa configuration permet de réaliser des expositions temporaires
en simultané avec l’exposition permanente. Le parcours
muséographique entraîne le visiteur de l’une à l’autre, tout en lui
offrant des vues inédites sur la Loue et Ornans. Le musée s’ouvre
en effet en transparence sur les paysages environnants grâce à
une galerie vitrée, une vigie, un sol vitré au rez-de- chaussée qui
invite à marcher sur la Loue...
Gustave Courbet, le Chêne de Flagey, 1864,
Musée départemental Courbet
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Connaître Courbet grâce à la collection permanente
La collection permanente entièrement restaurée, est composée de 76 œuvres (peintures, dessins,
sculptures, lettres, archives) dont 42 peintures et quatre sculptures de Courbet.
Dans la forme, il s’agit d’un parcours à la fois chronologique et biographique. Cette présentation
permet une réelle et vivante compréhension du milieu auquel appartenait Courbet et de l’influence
que l’artiste lui-même eut sur l’art de son temps.
Trois étapes importantes structurent ce parcours croisé vie/
œuvre :
- 1819-1848 : Courbet, d’Ornans à Paris : sa famille, sa formation,
la tentation romantique,
- 1849-1851 : Rupture et affirmation d’une esthétique nouvelle
autour de L’après-dinée à Ornans puis de la trilogie du salon
de 1850, Les casseurs de pierres, Les paysans de Flagey et Un
enterrement à Ornans,
- 1852-1877 : Courbet, chef de file de la modernité, du Réalisme
à l’Impressionnisme.
Gustave Courbet, autoportrait à Sainte-Pélagie,
Musée départemental Courbet, dépôt de la ville d’Ornans
La diversité des collections permet d’aborder toutes les périodes de la vie du peintre et de sa carrière
artistique, depuis ses œuvres de jeunesse réalisées à Ornans auprès de son premier professeur ClaudeAntoine Beau jusqu’au magistral autoportrait à Sainte Pélagie, peinture majeure du musée.
Pour chacune de ces séquences, les œuvres de Courbet sont accompagnées d’archives et de
photographies retraçant le contexte politique et artistique dans lequel elles ont été réalisées.
Une dizaine d’œuvres de Gustave Courbet ont été prêtées au musée Courbet par le musée des beauxarts de Besançon, actuellement fermé pour travaux (jusqu’en 2017), dont les paysans de Flagey
revenant de la foire, la somnambule...
La collection est également enrichie ponctuellement d’œuvres de Courbet prêtées par des particuliers.
Des expositions temporaires pour comprendre l’influence de Courbet dans le monde
artistique
Deux fois par an, le musée organise des expositions temporaires.
Les expositions réalisées :
- Courbet-Clésinger
- Les graveurs de Courbet,
- À l’épreuve du réel, Les peintres et la photographie au XIXe siècle
- Les chasses de Monsieur Courbet
- Ronan Barrot
- Courbet/Cézanne, la vérité en peinture
- Hanoteau, un paysagiste ami de Courbet
- Cet obscur objet de désirs. Autour de l’Origine du monde
- Auguste Baud-Bovy, poète de la montagne
- Sensations de nature, de Courbet à Hartung
- Le Retour de la conférence, un tableau disparu
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La ferme Courbet à Flagey
La ferme de Flagey fut la propriété familiale de la famille paternelle de Gustave Courbet jusqu’en
1910. Elle est aujourd’hui propriété du Département du Doubs. Elle offre, au cœur du monde rural, un
espace culturel de qualité.
Un lieu de vie et d’échange culturel pour tous
Le Département a souhaité que la Ferme Courbet devienne
un lieu de vie et d’échanges culturels pour un large public. Du
potager au « Café de Juliette » où l’on peut consommer des
produits locaux, en passant par l’espace librairie / bibliothèque
et les animations, la culture sous toutes ses formes donne vie à
la maison familiale des Courbet. La grange est aménagée pour
accueillir des expositions et diverses manifestations culturelles
gratuites (concerts, conférences, théâtre, expositions...).
Les chambres d’hôtes
L’ouverture de chambres d’hôtes en juin 2010, dont l’une
était la chambre de Gustave Courbet, contribue également
à faire vivre l’artiste et à marcher dans ses pas. La Ferme
de Flagey dispose de trois chambres labellisées quatre épis
par les Gîtes de France. L’une d’elles permet d’accueillir les
personnes à mobilité réduite. À cela s’ajoute la chambre de
Courbet, qui n’étant pas équipée en sanitaire doit être louée
avec une autre chambre.
Le dernier atelier de Gustave Courbet à Ornans
C’est le dernier atelier où Gustave Courbet vécut et travailla
de 1860 à son exil en 1873. Il est aujourd’hui propriété du
Département du Doubs. L’intérêt de cet atelier, au-delà
de l’aspect historique, réside dans le fait qu’il contient
encore des fresques réalisées par Gustave Courbet : la Seine
à Bougival et l’Escault se jetant dans la mer, paysages
chers au peintre. Inscrit à l’Inventaire supplémentaire
des Monuments historiques, il fait l’objet d’une réflexion
conjointe des services de la DRAC et du Département sur
les conditions de restauration et d’aménagement définitif.
Dans l’attente de sa restauration, le site est actuellement
fermé au public.
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La source de la Loue : un site valorisé et sécurisé
Ce site était tellement cher à Courbet qu’il l’a peint treize fois.
Classé Natura 2000, il a été réaménagé par le Département
du Doubs, pour le rendre plus accessible, et en raconter
l’histoire. Un film décrivant le site, son passé industriel et la
perception qu’en avait Gustave Courbet est projeté dans la
maison de la Source spécialement aménagée.
Les sentiers de Courbet
Afin de mieux connaître Courbet, le Département du Doubs propose d’explorer les paysages qui ont
tant inspiré l’artiste, grâce à des parcours reliant différents sites qu’il a peints. Huit sentiers ont été
aménagés et permettent aux promeneurs de s’imprégner des ambiances qui ont marqué l’artiste et
façonné son regard. Ils ont été choisis pour leur intérêt culturel, historique et environnemental, mais
aussi pour leur facilité d’accès. Ils forment des boucles ponctuées de clins d’œil et de points de vue
privilégiés :
- le Parcours de vie (4,5 km) propose pas moins de 14 étapes
dans Ornans, depuis le musée jusqu’au cimetière – où se trouve
la tombe de Gustave Courbet, en passant par son ancien atelier et
la maison de ses grands-parents Oudot,
- le Parcours de la Cuderie (6,5 km) suit le chemin que les
habitants de Flagey empruntaient pour se rendre à la messe à
Chantrans, village voisin. Il entraîne aussi le promeneur vers le
moulin de la Bonneille qui appartenait au père de Gustave,
- le Parcours des roches (6,5 km) passe par quelques-uns des
paysages immortalisés par le peintre,
- le Parcours de la source de la Loue (13,5 km), où le randonneur se retrouve au cœur de l’œuvre et
des sites emblématiques : les gorges de Nouailles, la grotte des faux monnayeurs, le belvédère de
Renédale...
- le Parcours de la source du Lison, rend hommage à Charles Beauquier, autre personnage illustre
du département. Député du Doubs, contemporain de Courbet qui, à la suite du procès sur la source
du Lison, celui-ci fit voter le 21 avril 1906 la première loi de protection de l’environnement, dite loi
Beauquier.
- le Parcours Eau-Chasse-Bataille d’Alésia de 65 km en vélo (5 heures) passe par le Creux- Billard, la
grotte Sarrazine, le Mont Mahoux, la forêt de Levier et le pont du diable Migette.
- le Parcours du ravin du puits noir (2, 5 km) nous fait découvrir la tuilerie des combes de Punay, le
puits noir, le ruisseau de la Brême, la gouille à la chèvre...
- le Parcours du ravin du puits noir, Plaisirfontaine, Saules (28 km, cycliste et grande randonnée)
pour découvrir le puits de la Brême, la gouille à la chèvre, la grotte de Plaisirfontaine et Saules.
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Au total, une dizaine de parcours constitueront une offre touristique nouvelle consacrée à Courbet.
Ce projet est conçu en partenariat avec les maires des communes concernées, l’office de tourisme
d’Ornans, l’Union de la randonnée verte. L’Europe (FEDER), l’État (Commissariat de massif) et la Région
Franche-Comté apportent leur soutien financier.
Pays de Courbet, pays d’artiste, label Ethnopôle
Le projet a reçu le label Ethnopôle en 2010, reconnaissance scientifique de la valeur du projet
« Pays de Courbet, pays d’artiste ».
Il est attribué par le ministère de la Culture à une structure ou un projet :
- qui met en œuvre à la fois une politique d’action culturelle et de recherche en sciences sociales sur
son territoire,
- qui travaille sur une thématique de territoire dont l’intérêt porte au-delà de ce territoire et a pour
vocation de devenir un pôle de référence sur le thème travaillé.
Le projet « Pays de Courbet, pays d’artiste » a obtenu cette reconnaissance car il constitue à la fois une
politique d’action culturelle et de recherche sur les rapports entre arts et territoires, plus précisément
sur le rapport du peintre avec la Franche-Comté.
Dans l’œuvre de Courbet la question des rapports entre une production artistique et un lieu,
l’interrogation sur l’attachement de l’homme à un « territoire » sont omniprésentes.
C’est autour de cet axe que seront construits les programmes de recherche et d’animation scientifique
et culturelle de l’Ethnopôle, en regroupant autour du projet chercheurs en science humaines et
conservateurs, en partenariat avec le ministère de la Culture.
Seuls quatre projets nationaux sont détenteurs de ce label.
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