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P AQUEBOTS & FERRIES Les lignes courtes Max Remy © Infomer, 2011 13, rue du Breil - CS 46305 - 35063 Rennes Cedex - France Tél. : 02 99 32 58 47 - Fax : 02 99 32 58 84 - E-mail : [email protected] Toute reproduction ou traduction, même partielle de cet ouvrage, est soumise à l’autorisation écrite de l’éditeur. Le texte n’engage pas la responsabilité de l’éditeur. Côtes de Norvège ....................................................... 12 L’Express côtier (Hurtigruten) Suède-Finlande .............................................................. 18 Silja Line, Viking Line Allemagne-Finlande ..................................................... 24 Finnjet Line Hollande-Angleterre .................................................... 76 Armements navals des compagnies de chemin de fer British Railway, Zeeland Steamship Company, Sealink Belgique-Angleterre ..................................................... 82 Administration maritime belge Régie maritime des transports (Regie Voor Maritiem Transport), Sealink Townsend Thoresen Les îles de la Baltique ............................................... 26 (Bornholm et Gotland) France-Angleterre (Manche Est, pas de Calais) ................................ 90 Danemark (Inter-îles)-Suède, Allemagne-Danemark .................................................. 28 Chemins de Fer allemands (DB). Danemark (Inter-îles), Danemark-Norvège et Suède ............................... 38 Armements privés DFDS, Stena Line, Larvik Line, Fred Olsen Allemagne-Norvège, Allemagne-Suède .......... 48 Jahre Line, Stena Line, TT Line Ch. de fer de l’Allemagne de l’Est et de Suède (DR et SJ) Angleterre-Norvège, Hollande-Norvège ...... 54 Bergen Steamship C°, Fred Olsen, Bergen Line, Color Line Angleterre-Suède .......................................................... 60 Swedish Lloyd, Ellermann & Wilson Angleterre-Danemark, Allemagne-Angleterre ...64 British Railways, SAGA, ALA, SNCF, Sealink Grande-Bretagne-Irlande ..................................... 138 France-Angleterre (Manche Est) ...................... 102 Armements privés Townsend Thoresen, Normandy Ferries, P & O-Stena. France-Angleterre (Manche Centre) ............ 106 Dieppe-Newhaven Armements navals des compagnies de chemin de fer British Railways, SNCF, Sealink France-Angleterre (Manche Ouest) ..............112 Thoresen Car-ferries, Normandy Ferries, Townsend Thoresen, P & O Ferries France-Irlande ............................................................... 120 Normandy Ferries, Irish Continental, Irish Ferries France-Îles Anglo-Normandes-Angleterre ....122 British Railways, Sealink, Emeraude Line, Condor France-Angleterre, DFDS/Tor Line Hollande-Angleterre, Belgique-Angleterre .... 72 Olau Line, North Sea Ferries France-Irlande-Espagne ........................................ 126 Brittany Ferries Angleterre-Île de Man ............................................. 134 Isle of Man Steam packet C° Les lignes de Corse ................................................... 170 Armements navals des compagnies de chemin de fer Cie générale transatlantique British Railways, Sealink Cie générale transméditerranéenne Grande-Bretagne-Irlande .....................................144 Société nouvelle Corse-Méditerranée SNCM Armements privés The British and Irish Steam Packet C° (B & I) et compagnie associées Townsend Thoresen, Irish Ferries L’Écosse et ses îles ....................................................... 154 Caledonian-MacBrayne Italie péninsulaire-Sicile-Sardaigne ............... 178 Les lignes des chemins de fer italiens, la Ferrovie dello Stato (FS) Tirrenia Spa di Navigazione North of Scotland, Orkney and Shetland Steam Packet Company, P & O Italie-Afrique du Nord-France ............................ 182 Espagne-Îles Baléares ............................................. 158 Autres lignes de la Tirrenia S. p. a. di Navigazione Compania Trasmediterranea France-Afrique du Nord ......................................... 162 Compagnies subventionnées Cie générale transatlantique, DFDS Suède-Hollande-Angleterre-Suède .................. 70 OMMAIRE Armements navals des compagnies de chemin de fer Armements navals des compagnies de chemin de fer Chemins de fer danois (DSB), Chemins de Fer suédois (SJ) S Cie générale transméditerranéenne Italie-Yougoslavie, Grèce, Moyen-Orient ... 186 Compania Adriatica di Navigazione Jadrolinija Société nouvelle Corse-Méditerranée France-Afrique du Nord ......................................... 166 Adriatique-Grèce-Moyen-Orient .................... 190 Les exploitations privées Hellenic ML, Nomicos, Typaldos, Minoan, Marlines, Anek, Compagnie de navigation mixte (NM) Med Link, Superfast, Agapitos, Cretan, Nomicos, Strintzis, Société générale de transports maritimes (SGTM) Ventouris A VA N T - P R O P O S C e livre fait suite à la parution, en 2010, de Transatlantiques et long-courriers. Il le complète en ce qui concerne les lignes courtes sur lesquelles des navires à vapeur furent mis en service dès le premier quart du XIXe siècle. Cette entreprise était autrefois dévolue à des passeurs dont les missions occasionnelles répondaient bien entendu à la demande. Les armateurs, possesseurs de navires à vapeur, remplacèrent progressivement cet artisanat avant de s’y substituer complètement. De petits paquebots transportant courriers et passagers apparurent un peu partout pour desservir des pays limitrophes Il n’existe pas de définition qui réponde aux termes de « lignes courtes ». Nous avons donc pris pour règle de nous limiter aux traversées de mers et de détroits là où elles avaient existé et existent souvent encore en Europe, à l’exclusion des services établis sur des distances trop courtes ou à ceux consistant à franchir un estuaire. C’est, semble-t-il, en 1850 qu’apparut le premier ferry-boat. Expérimenté pour traverser le Firth of Forth, en Écosse, ce navire transbordeur permettait l’embarquement de voitures de chemin de fer. Il évitait aux passagers de descendre du train, pour franchir l’estuaire en bateau, puis d’y remonter lorsqu’ils étaient parvenus sur l’autre rive. Cependant, et bien que cette expérimentation se soit poursuivie par un service régulier durable, il n’y eut pas d’autre développement de ce mode de transport en Europe avant 1870. La raison en était simple : elle était due à la nécessité de construire une passerelle ferroviaire, permettant au train d’être embarqué. Cette passerelle devait pouvoir s’incliner à une de ses extrémités, en fonction des différences de niveaux imposées par les marées. Par voie de conséquence, les ports où l’amplitude des marées était trop grande posaient un problème technique qui avait bien entendu son corollaire en termes de coût. Les ports disposant de bassins à niveau constant se trouvèrent ainsi favorisés de même que ceux situés sur les côtes méditerranéennes. La conception des ferry-boats au niveau de leur construction était tout à fait différente de celle des navires à passagers classiques, par le fait que le pont principal, sur lequel le train était engagé et sur lequel des rails devaient être fixés, ne pouvait être coupé longitudinalement par aucune cloison étanche ou séparation d’aucune sorte. Le train, tronçonné en plusieurs éléments de quelques voitures voyageurs, était poussé à bord par une locomotive qui se retirait après avoir effectué sa mission, ne faisant pas partie du voyage. Outre la Grande-Bretagne, les premières lignes régulières de ferries apparurent pour relier les pays scandinaves et leurs îles après 1870. Après plus d’un siècle, en 1995, les liaisons par ferry-boats sur la Baltique représentaient encore le tiers de la flotte mondiale exploitée avec ce type de navire. À la fin du XIXe siècle, ce mode de transport fut choisi par les chemins de fer italiens pour effectuer la traversée du détroit de Messine et, en Russie, pour celle du lac Baïkal. Si des ferry-boats furent utilisés pour franchir le pas de Calais pendant la guerre de 1914, les tentatives commerciales pour prolonger l’expérience et l’adapter à des besoins purement civils échouèrent jusqu’à ce qu’en 1936, des ferries permettent de relier, directement par train, Paris à Londres. Parallèlement, de petits paquebots continuèrent de desservir ces lignes courtes avec un succès grandissant et une régularité presque parfaite. Les deux types de navires, ferries ou paquebots souvent qualifiés de paquebots-poste, embarquèrent de plus en plus d’automobiles lorsque le tourisme se répandit en Europe. Mais la mise à bord des voitures ne pouvait se faire qu’au moyen d’une grue ce qui n’était pas un moyen très rapide. Ce ne fut qu’à la fin des années cinquante que des navires, transformés pour que les passagers automobilistes puissent conduire directement leur automobile à bord, firent leur apparition. Ce fut d’abord au moyen de rampes permettant d’accéder à un pont garage par des portes disposées dans le flanc du navire. Puis on transforma des paquebots existants, chaque fois que cela fut possible, en aménageant à l’arrière de grandes portes donnant accès à un garage. Celles-ci, équipées d’un dispositif moteur permettant leur basculement, servaient aussi de rampes lorsqu’elles se trouvaient en position horizontale. Puis des navires spécialement conçus pour ce type de transport furent construits. Le car-ferry était né car-ferry signifie transbordeur d’automobiles par opposition au ferry ne transportant que des trains, qui fut affublé du nom de « train-ferry ». L’étape suivante consista à équiper les car-ferries de portes avant et arrière permettant ainsi de sortir du navire dans le même sens qu’on y était entré ce qui procurait bien entendu un gain de temps évitant de cette manière des demi-tours ou des marches arrière à l’intérieur du navire. Le car-ferry commença à exister au cours des années cinquante et allait connaître jusqu’à la fin du XXe siècle une extension considérable, en nombre d’abord, puis en taille. Leurs emménagements furent cependant très diversifiés selon qu’il s’agissait de traversées de quelques heures, d’une nuit, ou d’une durée plus longue. La présentation des chapitres de ce livre est faite selon un classement relatant l’histoire des lignes maritimes reliant plusieurs pays d’Europe entre eux ou certains pays et leurs dépendances insulaires. Ces lignes régulières, souvent de fréquence quotidienne, ou pluriquotidiennes et qualifiées de courtes, étaient parcourues par des paquebots et des ferries, Chacune d’elles fera l’objet d’un paragraphe particulier associé à la compagnie ou aux compagnies ayant engagé des bateaux sur cette ligne, plutôt que de relater l’historique de chaque armement comme nous l’avons fait dans Transatlantiques et long-courriers. On retrouvera donc quelquefois la même compagnie à travers plusieurs chapitres et plusieurs paragraphes, mais son histoire, souvent abrégée, ne sera pas répétée. Réciproquement, une liaison maritime entre deux pays pourra faire l’objet de plusieurs chapitres séparés selon qu’il s’agisse d’armements nationaux, c’est-à-dire subventionnés et souvent originellement associés à des compagnies de chemin de fer dont ils assuraient le prolongement, ou d’armements privés venus les compléter pour répondre à la demande. Il convient de signaler que les compagnies grecques sont décrites dans un seul et même chapitre, quelles que soient les lignes exploitées. Les raisons en sont multiples : ce sont d’abord le nombre de ces compagnies qui n’a d’égal que celui des îles qui forment le pays, la fréquence des changements intervenus chez les armateurs (rachats, regroupements etc.), et le fait que la plupart de ces sociétés soient des entreprises familiales n’ayant quelquefois possédé qu’un ou deux navires et enfin le manque d’informations à leur sujet. À la suite de chaque chapitre, le lecteur trouvera des fiches techniques agrémentées de photos de paquebots et ferries mis ou remis en service après la dernière guerre mondiale. Les carferries plus récents y figureront également. À propos des fiches techniques Les fiches techniques sont présentées sous forme de tableaux classés, par lignes desservies, par types de navires (paquebots, car-ferries…) et par date de lancement ou de livraison de ces navires. Leurs dimensions et leurs performances ont été relevées dans le Lloyd’s Register of Shipping ou selon les informations fournies par les compagnies. Les valeurs indiquées correspondent à celles déterminées par les chantiers de construction lors de la livraison du navire. Les longueurs « hors tout » sont exprimées en mètres, et décimètres arrondis au décimètre supérieur. Elles résultent de valeurs déterminées en pieds et pouces elles-mêmes arrondies et converties en mètres et centimètres ce qui induit parfois de légères différences par rapport à la réalité. La jauge brute est mentionnée avec une précision au tonneau de jauge près (tx). Rappelons que le tonneau de jauge est une unité de volume valant 100 pieds cubes (2,83 m3)… La jauge est une donnée fluctuante au cours de la vie d’un navire. Toute extension, la plus petite soit elle, de ses emménagements amène une modification de cette donnée. Les puissances et les vitesses correspondent à des valeurs moyennes. Les nombres de passagers et d’automobiles transportés par les car-ferries sont des données encore plus fluctuantes. Elles correspondent aux certificats et autorisations délivrés par les autorités concernées, dans chaque pays. Lorsque le navire est emménagé pour accueillir des passagers répartis en deux classes, ces nombres sont mentionnés en citant d’abord la capacité en première classe ou le nombre de couchettes pour les traversées courtes puis après une virgule, celle de la classe touriste ou le nombre de fauteuils de pont si c’est le cas. Dans le cas où plusieurs noms de navires figurent en haut et à gauche du tableau, séparés par une barre oblique / et lorsqu’une seule donnée est inscrite dans chaque case du tableau c’est qu’il s’agit de sister-ships ayant exactement les mêmes dimensions, le même tonnage… Si ces données sont séparées par une barre oblique (/) comme dans le premier exemple ci-dessous, ces caractéristiques sont différentes pour chacun des navires cités. Ici le Navire A et le Navire B ont respectivement des longueurs (hors tout) de 116,40 mètres et de 114,80 mètres. Il en est de même pour les autres mensurations et performances citées (si la puissance est quelquefois omise du tableau c’est parce que les renseignements obtenus sont trop disparates ou incohérents). D’autres fois, cette puissance est exprimée en kW lorsque l’appareil moteur est de type diesel-électrique. Embarquement à Douvres des wagons-lits du train direct Paris-Londres à bord du Hampton Ferry. NAVIRE A/NAVIRE B Nom compagnie Longueur : 116,4/114,8 m Type : paquebot ou ferry Jauge brute : 7 300 tx Passagers : 196 - 110 - 90/190 - 105 - 85 Propulsion : moteurs, 2 hélices Automobiles : 309/440 Puissance : 11 000 ch Construits par les chantiers… Vitesse : 16,5 nd Lancé le jour, mois, année/jour, mois, année Route : Port 1-Port 2 NAVIRE A NAVIRE A (transformé et rebaptisé) Nom 1re compagnie Nom 2e compagnie Longueur : 115,4. En 1980 : 134,8 m Type : paquebot ou ferry Jauge brute : 7 300 tx. En 1980 : 11 650 Passagers : 196 - 110 - 90/190 - 105 - 85 Propulsion : moteurs, 2 hélices Automobiles : 309/440 Puissance : 11 000 ch Construits par les chantiers… Vitesse : 16,5 nd Lancé le jour, mois, année/jour, mois, année Route : Port 1-Port 2 Lorsqu’un car-ferry a subi une transformation importante (allongement par jumboïsation ou rehaussement d’un ou plusieurs ponts), les nouvelles dimensions sont indiquées dans le tableau, précédées de l’année au cours de laquelle a eu lieu cette transformation. Si le navire a été rebaptisé au cours de sa carrière, ce qui est souvent le cas lors d’un changement d’armateur, mais quelquefois aussi après une transformation, le deuxième nom est précédé d’une flèche ( ) ; le nom sous lequel il a été rebaptisé figure sur une deuxième ligne de même que le nom du deuxième armement. Ces deux cas ont été envisagés dans le deuxième tableau. Les événements ou incidents importants qui ont émaillé la carrière du navire, depuis sa construction jusqu’à sa cessation d’activité, sont des informations fournies à la suite des données techniques. Certains armateurs ayant pris l’habitude de baptiser du même nom les navires successivement attachés à la même ligne, nous leur avons donné, pour mieux les identifier, un numéro de séquence chronologique entre parenthèses et en chiffres arabes comme par exemple : Stena Danica (3). D’autres fois, l’armement a donné directement ce numéro suffixe au navire lors de son lancement et dans ce cas le nom du navire est suivi de ce numéro inscrit la plupart du temps en chiffres romains comme il l’a été sur la coque du navire, par exemple : Saint Patrick II. C Ô T E S D E N O RV È G E L’EXPRESS CÔTIER Les magnifiques et sauvages côtes de Norvège, pénétrées de fjords plus ou moins étroits et parsemées d’innombrables îles, ont, de tout temps, contraint le peuple norvégien à communiquer par la mer. C’est pourquoi, la création d’une ligne côtière discontinue, un projet déjà ancien, allait se concrétiser avec la navigation à vapeur, vers la fin du dix-neuvième siècle. Il y avait eu auparavant et depuis 1851, des services ponctuels, établis le long de la côte norvégienne, tout au moins dans sa partie méridionale, le Nord n’étant accessible que l’été. La Bergiens Dampskibsselskab (BDS), installée à Bergen, et une autre com- ( H U RT I G RU T E N ) pagnie, la Nordenfjeldske Dampskibsselskab (NDS), établie à Trondheim, avaient d’ailleurs rivalisé avant de coopérer, succédant à l’État qui avait initialisé les premiers services de bateaux à vapeur le long de ces côtes. La ligne fut inaugurée, en 1893, par un bateau à vapeur, appelé Vesterälen et placé sous le commandement de Richard With, fondateur de la Vesterälens Dampskibsselskab (Vesterälens Shipping Company). L’Express côtier était né. Le succès immédiat remporté par ce service avait deux raisons principales : la desserte de localités qui se trouvaient à l’intérieur des fjords et le fait que les navires. Un an après l’inauguration du premier Express côtier, un second service fut lancé aux termes d’un contrat, signé par les deux compagnies que nous avons déjà mentionnées, la Bergenske Dampskibsselskab (BDS) et la Nordenfjeldske Dampskibsselskab (NDS). La ligne, à ses débuts, partait de Trondheim pour se terminer à Hammerfest. En 1898, Trondheim fut remplacé par Bergen qui devint ainsi un terminus plus méridional. Au fil des années, celle-ci ne cessa d’être prolongée pour atteindre les ports les plus septentrionaux d’Europe, Vadso en 1907 et Kirkenes en 1914. En 1919 une autre compagnie, basée à Stavanger, la Stavangerske Dampskibsselskab (SDS) se joignit au groupe des trois autres et, en 1936, ce fut au tour de l’Ofoten Dampskibsselskab (ODS) d’en faire partie. La ligne de l’Express côtier a toujours constitué une route nationale pour les Norvégiens, route parcourue par ces autobus de la mer que sont les navires du service rapide : l’Hurtigruten. La seconde guerre mondiale mit fin temporairement au service et il fallut attendre Les escales de l’Hurtigruten le long de la côte de Norvège. 12 P aquebots et ferries - Les lignes courtes Ofotens og Vesterälens Dampskibsselskab (O V D S) Troms Fylkes Dampskibsselskab (T F D S) Finnmark Fylkesrederi og Ruteselskab (F F R) 1946 pour voir une reprise partielle de son activité de Trondheim à Kirkenes limitée à une rotation par semaine avant le rétablissement, en 1950, d’un service, prolongé jusqu’à Bergen, cinq fois par semaine. Chaque soir, aux environs de 22 h, un navire de l’Hurtigruten quitte encore aujourd’hui Bergen, pour effectuer ce voyage de 2 500 miles le long des côtes de Norvège. Le nombre de navires de l’Express côtier a varié, au cours des années, d’une douzaine à dix-sept, car le trajet, émaillé de plus de trente escales, dure six jours pour atteindre le port de Kirkenes et autant pour redescendre à Bergen. Ce service régulier et rapide, qui sert de lien commercial et postal pour toute la Norvège maritime est également fortement recommandé aux touristes. Si les escales ne durent que d’une à trois heures, des excursions permettent de reprendre le même bateau à un autre point de son parcours ou d’emprunter le bateau suivant. Pour éviter de rendre ce texte trop fastidieux nous avons énuméré, à la fin de ce chapitre, les compagnies maritimes qui se sont succédé ou qui ont coopéré au sein de l’Hurtigruten. Il y en eut une dizaine et les navires du service rapide furent, en plus de cent ans d’existence, au nombre de soixante-dix. Comme sur d’autres lignes régulières établies de par le monde, on assista ici à des générations de navires aux caractéristiques techniques presque identiques même lorsque leurs lancements s’échelonnaient sur une dizaine d’années. Ainsi le Vesterälen, lancé en 1950 pour la compagnie VDS, était le sister-ship de l’Erling Jarl de la NDS et du Midnatsol appartenant à la BDS tous deux livrés en 1949. Le Ragnvald Jarl de 1956, et le Fimmarken, lancé la même année, étaient aussi des navires jumeaux dont la différence notable avec les précédents était la disposition de la cheminée, à l’arrière. Quant à leur jauge, elle avoisinait les 2 500 tonneaux. Généralement construits en couples par les mêmes chantiers, ils n’appartenaient cependant pas à la même compagnie. Cette standardisation résultait plus d’une grande expérience de la navigation dans les chenaux et les détroits des nombreuses îles entre lesquelles il fallait louvoyer, que de l’accès dans les ports situés souvent en eau profonde. L’Express côtier permet encore aujourd’hui de transporter et de relier les populations locales. Ses navires assurent donc plus un service, au sens propre du mot, qu’un périple touristique. Toutefois, à la belle saison, le nombre de voyageurs est assurément plus important que pendant les autres mois de l’année et les passagers touristes remplacent écoliers et étudiants. Les cabines à bord ne sont pas grandes et sur les navires les plus anciens, douches et commodités ne sont pas individuelles mais placées à l’extrémité des coursives. L’existence de l’Express côtier fut menacée, au cours des années soixante et soixante-dix, non seulement par le développement de l’aviation commerciale, mais également par la construction d’autoroutes à l’intérieur des terres. Mais le peuple de Norvège profondément attaché à tout ce qui est maritime refusa cette mutation catégorique. Une subvention fut donc accordée, non seulement aux vues de l’intérêt touristique suscité par la ligne durant la saison estivale, mais aussi parce que les navires de l’Hurtigruten qui naviguent tous les jours et par tous les temps transportent toutes les marchandises dont les populations situées sur leur parcours ont besoin. Ce sont : les denrées alimentaires, surtout constituées de poissons, les équipements ménagers ou les machines agricoles. Inversement, les exportations locales y trouvent leur place sur le chemin du retour. La décision de fournir une subvention en amena d’autres, au niveau de la construction des navires et de la transformation des bateaux existants. Les années quatre-vingt virent la mise en service de navires plus importants et plus modernes tous conçus selon le principe « roll on/roll off », véritable révolution pour l’Hurtigruten. Les perfectionnements techniques de toutes sortes tels que les propulseurs latéraux et les instruments d’aide à la navigation avaient permis d’accroître la taille des navires. Ainsi, après une quarantaine d’années de bons et loyaux services, certains anciens navires commencèrent à être remplacés en 1982 et 1983 par un trio formé par le Narvik, le Midnatsol et le Vesterälen dont la capacité fut assez vite jugée insuffisante. En conséquence, ils furent agrandis en 1988 et 1989, et rejaugés à plus de 6 000 tonneaux. En développant leurs flottes de cette manière, les compagnies fournissaient à leurs passagers des navires de haut standing aménagés avec de vastes salles à manger et des salons panoramiques permettant d’apprécier à leur juste valeur les fantastiques paysages des côtes de Norvège. Les cabines, toutes pourvues du confort sanitaire moderne, avaient été prévues en nombre suffisant pour que ces navires puissent s’adapter aux croisières, marché auquel les compagnies de l’Hurtigruten allaient s’intéresser maintenant car elles subissaient de plus en plus au fil des années la concurrence des énormes paquebots 13 de croisières des compagnies associées dans le trust des Carnival Cruises ou de la Norwegian Caribean. En 1987 fut créé l’OVDS (Ofotens og Vesterälens Dampskibsselskab) regroupement de l’ODS et de la compagnie Vesterälen (Vesterälens Dampskibsselskab). Il y eut d’autres fusions entre les compagnies desservant les côtes de la Norvège. La situation telle qu’elle se présentait, il y a quelques années, se résumait à la continuité d’exploitation de l’OVDS (déjà citée) et de la Troms Fylkes Dampskibsselskab (TFDS). Les deux compagnies firent construire tour à tour trois ferries entre 1993 et 1997. Ils avaient des dimensions de plus en plus importantes : une jauge supérieure à 11 000 tonneaux, une capacité de 690 passagers et la possibilité de transporter 50 automobiles. Ce furent en 1993 le Kong Harald pour la TFDS, le Richard With pour l’OVDS et, un an plus tard, le Nordlys. Puis, en 1996 et 1997, Nordkapp, Polarlys et Nordnorge complétèrent cette flotte renouvelée. Des versions agrandies de ces unités arrivèrent, sur la route de l’Hurtigruten à partir de 2002, à commencer par le Finnmarken de 15 553 tonneaux et 138 mètres 50 de long. Annoncé comme devant être le premier paquebot de la Nord Norge Dampskibsselskap, nouvelle et unique compagnie regroupant l’OVDS et la TFDS, il porta le pavillon de la TFDS car la fusion annoncée des deux compagnies ne se fit pas pour une raison financière. En effet, la nouvelle compagnie devait recevoir une subvention inférieure à celle des deux précédentes réunies. La mise en service prochaine de nouveaux navires, qui auront le profil sinon la taille des paquebots de croisières, fera un peu regretter les anciens. Et c’est heureux pour les habitués F i c h e de ces bateaux qui y avaient trouvé une convivialité sans égale donnant ainsi raison aux marins qui affirmaient autrefois que les bateaux avaient une âme. Qu’on se rassure tout de même, l’ambiance à bord des plus grands navires de l’Hurtigruten sera toujours celle que l’équipage et le personnel hôtelier auront su recréer, or la qualité de l’accueil est un trait marquant des pays scandinaves et particulièrement des Norvégiens peuple de marins par excellence. F i c h Compagnies ayant exploité la ligne de l’Express Côtier Vesterälens Dampskibsselskab (VDS) 1893-1987. En 1987 fusionne avec l’Ofoten Dampskibsselskab. Det Bergenske Dampskibsselskab (BDS) 1894-1979. En 1979, est rachetée par la TFDS. Det Nordenfjeldske Dampskibsselskab (NFDS) 1895-1980. En 1980 son seul navire est racheté par l’ODS Det Stavangerske Dampskibsselskab (SDS) 1919-1979. En 1979 est rachetée par VDS. Ofotens Dampskibsselskab (ODS) 1936-1987. En 1984-1985 prend une part majoritaire dans la VDS. Det Nordlandske Dampskibsselskab (NDS) 1945-1958. Troms Fykkes Dampskibsselskab (TFDS) 1979 à 2002. Ofotens et Vesterälens Dampskibsselskab fusionnent en 1987 (créant ainsi l’OVDS). Finmark Fylkesrederi og Ruteselskap (FFR) 1988-1996 (En 1996 est rachetée par l’OVDS) e Vesterälen. NDS/BDS, 1979 : TFDS ERLING JARL (1)/MIDNATSOL (2) VESTERÄLEN (3)/SANCT SVITHUN VDS/SDS Longueur : 82 m Type : paquebot Jauges brutes : 2 098/2 095 tx Passagers : 77/108 certifiés pour 500 Propulsion : Moteur, 1 hélice Construits tous deux par les Cantieri Riuniti di Ancona (Italie), Les 2 premiers lancés en 1949. Les 2 derniers lancés et livrés en 1950. Puissance : 2 500 ch Vitesse : 16 nd Fin d’activité entre 1980 et 1983 BDS, 1979 : TFDS NORDLYS (1)/POLARLYS (2) Longueur : 80/80,1 m Type : paquebot Passagers : 500/180/148 couchettes Jauge brute : 2 162 tx Propulsion : moteur, 1 hélice Construits tous deux par Aalborg Verft à Aalborg (Danemark), lancés respectivement en 1950 et 1952 Puissance : 2 950 ch Vitesse : 16 nd Lofoten à Molde. Sur la passerelle du Richard With. 14 P aquebots et ferries - Les lignes courtes 15 1 5 Harald Jarl. F ODS/TFDS/VDS NARVIK/MIDNATSOL (3)/VESTERÄLEN (4) Longueur : 108,9 m i Jauges brutes : 4 072/4 131/4 072 tx En 1988 : 6 527/6 100/6 661 tx c Propulsion : moteurs, 2 héliceS h Puissance : 6 400 ch Vitesse : 17,5 nd e Type : paquebots transportant quelques automobiles Passagers : 550/308/314 couchettes Automobiles : 40 Narvik Construit par Ackers à Trondhein Midnatsol par Ulsteingruppe à Ulsteinvik Vesterälen par Kaarbos Harst Lancés en 1982 et 1983 KONG HARALD (2)/RICHARD WITH (3)/NORDLYS (2) Longueur : 121,8 m Jauges brutes : 11 200/11 205/11 200 tx Propulsion : moteurs, 2 hélices NFDS, HARALD JARL/LOFOTEN (4) KONG OLAV/NORDNORGE (3) Puissance : 12 240 ch Vitesse : 18 nd VDS/SDS, 1980 : ODS Longueur : 87,5 m Type : paquebot Jauges brutes : 2 568/2 597/2 604/2 611 tx Passagers : 500/148 en couchettes Les 3 derniers : 410/171 en couchettes Harald Jarl Construit par Trondheims Mek. à Trondheim, Lofoten et Nordnorge construits par Akers Mek/V à Oslo. Kong Olav par Bergen Mek./V Harald Jarl lancé en 1960 Les 3 autres en 1964 Propulsion : moteur, 1 hélice Puissance : 2 950 ch/3 325 ch Vitesse : 15 nd, les 3 derniers : 16 nd Nordnorge (3) à quai à Harstad. NORDKAPP/NORDNORGE (4)/POLARLYS (3) Longueur : 123,3 m Jauges brutes : 11 350/11 384/11 340 tx Propulsion : moteurs, 2 hélices Puissance : 12 240 ch Vitesse : 18 nd TFDS/OVDS/OVDS Type : paquebot transportant quelques automobiles Passagers : 691, 482 à 490 en couchettes Automobiles : 50 Construits par Volkswerft Stralsund Lancés au début et en décembre 1993 pour les deux premiers cités, en avril 1994 pour le Nordlys OVDS/OVDS/TFDS Type : paquebot transportant quelques automobiles Passagers : 691, 464 à 490 en couchettes Automobiles : 50 NordKapp et Nordnorge construits par Kvaerner Kleven Norvège Lancés en mars 1996 et mars 1997 Polarlys Construit par Ulstein, lancé en avril 1996 TFDS FINNMARKEN Longueur : 138,5 m Jauge brute : 15 553 tx Propulsion : moteurs, 2 hélices Type : paquebot transportant des automobiles Passagers : 650 en cabines Automobiles : 70 Puissance : 2 x 4 140 kW Vitesse : 18 nd Construit par Kvaerner Kleven, Norvège. Lancé en mars 2002 Nordnorge (4). 16 P aquebots et ferries - Les lignes courtes 17