Vent de renouveau pour l`agriculture familiale
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Vent de renouveau pour l`agriculture familiale
Vent de renouveau pour l’agriculture familiale Le Jardin Mandalla en Haïti Eté 2013 Depuis un peu plus d’un an, un nouveau souffle, empli d’espoir, traverse les zones rurales d'Haïti où poussent en abondance betteraves, carottes, choux, etc. dans une douzaine de jardins potagers. Ces petits îlots de verdure annonciateurs de reviviscence pour des dizaines de familles paysannes sont le fruit des jardins Mandalla. Un jardin Mandalla aux Gonaïves dans le département de l’Artibonite. Un agriculteur aux Gonaïves avec sa récolte. Un jardin Mandalla à Dubois dans le département du Nord-Ouest. Situation en Haïti Comme chaque année, la saison cyclonique commence au mois de juin pour se terminer en novembre. Cette année, l’Agence Nationale Océanographique et Atmosphérique prévoit une saison particulièrement active dans l'Atlantique avec entre 13 et 20 tempêtes tropicales. Encore une fois, nous ne pouvons qu’espérer qu’elles ne toucheront pas Haïti et les autres îles de la Caraïbe. A défaut d’ouragans, Haïti va devoir affronter durant le reste de l’année une difficile période préélectorale. Des élections auraient dû être organisées depuis plus d’un an pour le renouvellement d’un tiers du sénat et depuis plus de deux ans pour le renouvellement des autorités communales. Avec deux tiers seulement des sièges occupés, le sénat n’a plus toute sa légitimité et se retrouve régulièrement bloqué, faute de quorum. Quant aux cartels de mairies élus, ils ont été remplacés par des cartels nommés directement par le président Martelly. Le pouvoir politique en place réussira-til à organiser des élections démocratiques avant la fin de l’année ? Rien n’est moins sûr ! Une autre tempête pourrait bien être celle de la justice. Depuis son retour en Haïti, Jean-Claude Duvalier se déplace librement en Haïti, étant même invité par le président Martelly à s’asseoir à ses côtés lors de cérémonies officielles. Malgré l’audition de l’intéressé et des victimes de son régime, la justice haïtienne semble bien incapable de juger Duvalier. Et saura-t-elle faire toute la lumière sur les assassinats politiques de ces 20 dernières années. Plus de trois ans après le tremblement de terre, sur les 1'500'000 personnes réfugiées dans des camps, plus de 300'000 d’entre elles vivent encore sous des tentes. Quant aux autres, nombre d’entre elles ont été plus ou moins chassées pour aller s’entasser dans les bidonvilles. Au final, la reconstruction n’est qu’un mot vide de sens pour elles. Des voix se font de plus en plus entendre, aussi bien en Haïti qu’à l’étranger, pour dénoncer le gaspillage et les méfaits de l’aide internationale. Ce n’est ainsi pas sans raison que le dernier documentaire de Raoul Peck a été intitulé « Assistance mortelle ». Après le show médiatique des premières années postséisme et le bal des experts, il est temps de construire l’avenir des Haïtiens, avec les Haïtiens et pour les Haïtiens. Qu’est-ce qu’un jardin Mandalla ? Le jardin Mandalla est un système de permaculture novateur développé il y a une dizaine d’années dans le Nord-Est du Brésil particulièrement bien adapté aux zones semi-arides. La fondation Main dans la Main l’a introduit depuis peu en Haïti avec Mains-Unies, son partenaire haïtien. Le jardin Mandalla est un système de production écologique très économe en énergie qui permet d’atteindre des rendements agricoles particulièrement élevés sur des petites surfaces cultivables. Le jardin Mandalla est un système parfaitement adapté à la situation des familles paysannes en Haïti qui ne possèdent généralement qu’un petit lopin de terre. Elles peuvent consommer des légumineuses et des légumes en quantité, ce qui est plutôt rare en Haïti. En plus de garantir une autosuffisance alimentaire, le Mandalla assure également aux familles un revenu décent. Le Mandalla est une culture circulaire d’une dimension allant de 20 à 50 mètres de diamètre. Il a toujours en son centre un bassin d’eau où vivent en symbiose poissons (tilapias), canards, poules, dindes, etc. Entouré par une clôture, il est également possible d’y faire paître la nuit d’autres animaux comme des chèvres ou des ânes. L’eau du bassin est ainsi enrichie par les excréments des animaux qui fournissent les nutriments importants pour les poissons. Autour de la clôture sont plantées neuf plates-bandes circulaires. Une très grande variété de légumes et de légumineuses sont cultivés dans ces plates-bandes. Les trois premières plates-bandes servent à couvrir les besoins alimentaires des familles. Les cinq plates-bandes suivantes sont dévouées à la production de légumes et légumineuses destinés à la commercialisation. Quant à la neuvième plate-bande, elle a une fonction de protection environnementale. Toutes les plates-bandes sont irriguées de manière différenciée avec l’eau du bassin riche en fertilisant grâce aux animaux. Finalement, le reste des terres est utilisé pour le fourrage des animaux. Le Mandalla forme un tout cohérent où chaque élément est en interaction avec l’autre. Formation et dissémination de la technique Mandalla Au début de l’année 2012, six techniciens agricoles de l’école des Gonaïves – deux jeunes femmes et quatre jeunes hommes – ont été initiés à la technique du Mandalla durant trois mois par David Steiger, ingénieur agronome diplômé de la « Earth University » au Costa Rica. Dans la première partie de la formation, ils se sont penchés sur les problèmes d’analyse de la situation locale pour chacun des lieux d’implantation. Il s’agissait, d’une part, de s’intéresser aux aspects socio-économiques, technologiques et démographiques des différentes zones et, d’autre part, de faire une étude des sols et des conditions climatiques. Dans une deuxième phase, l’apprentissage a porté sur tous les aspects liés à la construction d’un jardin Mandalla. Les techniciens agricoles ont donc appris à calculer et tracer les aménagements d’un jardin Mandalla, à déterminer les matériaux nécessaires pour sa construction ainsi qu’à budgétiser les coûts de réalisation en fonction des conditions locales. Aujourd’hui, ces six techniciens ont pris le relais et Denise et Renel, deux techniciens agricoles des transmettent à leur tour leurs connaissances à travers des Gonaïves, transmettent leurs connaissances à des séminaires. Outre la technique du Mandalla, la production familles paysannes. Les participants sont venus de d’insecticides naturels, la prévention de l’érosion des sols, trois départements pour suivre la formation. l’élevage et la pisciculture et divers aspects en lien avec le maraîchage biologique sont également abordés. Construction d’un jardin Mandalla L’étang : Les travaux d’un Mandalla débutent toujours par la construction d’un étang qui servira à la pisciculture et à l’irrigation du jardin. D’un diamètre de 6 mètres et d’une profondeur d’1.8 mètre, le fond de l’étang est généralement recouvert par une couche de ciment pour empêcher l’eau de s’infiltrer dans le sol. Cette opération n’est toutefois pas nécessaire lorsque la terre est bien argileuse. Les travaux de fouille sont normalement assurés par les familles paysannes avec, si nécessaire, l’aide d’un maçon pour la finition. La clôture : Afin de protéger le jardin potager des animaux de basse-cour qui vivent près de l’étang, une clôture est ensuite érigée. Elle est construite par les familles à partir de matériaux achetés au marché ou trouvés localement. Par exemple, à la place d’un grillage métallique, les familles peuvent utiliser des branchages ou tresser une barrière avec des feuilles de palmiers. Construction du Mandalla de la famille Belonne à Saint-Raphaël dans le département du Nord. Les plates-bandes : Commence ensuite le travail pour les plates-bandes. Les pierres soigneusement retirées des platesbandes sont déposées entre chacune d’elle pour y faire des petits chemins afin d’éviter la boue lorsqu’il pleut. Les familles planifient et organisent elles-mêmes les différents semis à planter sur les neuf cercles, tout en respectant une certaine logique. La partie la plus proche de l’étang est partiellement à l’ombre de la clôture. On privilégie donc la culture de légumineuses comme la patate douce, la banane ou le manioc. Dans la partie suivante du jardin Mandalla, plus ensoleillée, sont cultivés des légumes comme les tomates, poivrons, aubergines, oignons, etc. Finalement, la partie externe, qui Le sol est bien ameubli en profondeur et amélioré à forme une autre clôture, est constituée d’arbres fruitiers à croissance rapide et sert à protéger le Mandalla contre les vents l’aide d’engrais biologique. violents et les vermines. Le système d’irrigation : La pluviométrie et les ressources en eau varient fortement d’un lieu à l’autre en Haïti, modifiant les besoins en matière d’irrigation. Certaines zones du pays sont régulièrement touchées par de longues périodes de sécheresse. Il peut dès lors s’avérer nécessaire d’ajouter un château d’eau pour approvisionner l’étang en eau pour ensuite irriguer le jardin. Recourir à un des arrosoirs ou des sceaux pour l’arrosage des plantes serait trop long et astreignant. Des anneaux de tuyaux, alimentés par une pompe, sont donc installés sur les plates-bandes pour faciliter le travail et améliorer la productivité. Percés à distance régulière, des bâtonnets de coton sont introduits dans les trous afin d’obtenir un arrosage par giclures et ainsi optimiser les ressources en eau. Efficiente et économe en eau : La microaspersion à l’aide de cotonstiges. Dépenses pour les jardins Mandalla Etudes de terrain et formation des familles Construction du Mandalla : outils, ciment, clôture, tuyaux, pompe Semences et animaux : 6 poules, 1 coq, 1 couple de canards et de dindes et 300 tilapias Frais de transports, d’accompagnement technique et de supervision TOTAL 759 USD 1446 USD 328 USD 1071 USD 3604 USD Le Mandalla vertical Le Mandalla vertical est une variante particulièrement adaptée en milieu bâti où la terre est une ressource rare, comme à Port-auPrince. Grâce au Mandalla vertical, des personnes ont pu cultiver leurs propres légumes et herbes sur les toits de leur maison ou dans leur cour. Ce système est très simple à construire. Il suffit d’avoir quelques lattes en bois pour construire l’ossature et d’y fixer ensuite des bouteilles en PET découpées qui auront préalablement été remplies de compost et ensemencées. Tous les légumes et herbes n’ayant pas de racines profondes, comme les salades, poireaux, céleris, radis, persils, etc. peuvent y être plantés. Formation à Port-au-Prince pour la construction de Mandallas verticaux. Recyclage de bouteilles PET mises au rebut pour le Mandalla vertical. Perspectives pour l’avenir La fondation Main dans la Main poursuivra son action pour le développement des Mandallas en Haïti. Elle prévoit notamment de : Poursuivre la formation des techniciens agricoles. A cette fin, une délégation haïtienne se rendra prochainement au Brésil où il y a déjà plus de 2000 jardins Mandalla pour une formation intensive d’un mois. De retour en Haïti, elle sera chargée de transmettre ce qu’elle aura appris. Mobiliser des partenaires financiers pour soutenir les petits agriculteurs du Nord-Ouest. L’objectif à long terme est de construire un millier de jardins Mandalla dans le Nord-Ouest pour lutter durablement contre la faim et la malnutrition. Etablir une plateforme pour l’environnement apte à conseiller et accompagner à travers un soutien technique les agronomes et techniciens agricoles dans la diffusion et construction de Mandallas. Relevons ensemble ces défis pour que chacune et chacun puisse vivre dignement du fruit de son travail. Paola Iten Présidente David Steiger Ing. Agronome Nicolas Gachet Responsable projet N.B. Une attestation de don est envoyée au mois de janvier Coordonnées postales et bancaires Compte postal : Stiftung Hand in Hand 85-98306-4 Banque Alternative ABS Olten : IBAN CH81 0839 0222 6710 0100 1 ; Clearing 8390 En Euro : Banque Raiffeisen Zürich, IBAN CH68 8148 7000 0078 4647 1, SWIFT-Code RAIFCH 22 Pour plus d’informations: www.solinos.ch/Organisationen/hand_in_hand/hand_in_hand.html