la souffrance du malade pendant son alcoolisation

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la souffrance du malade pendant son alcoolisation
LA SOUFFRANCE DU MALADE PENDANT SON ALCOOLISATION
Le malade peut vivre un sentiment de honte, de culpabilité. La maladie
alcoolique connaît encore aujourd’hui une considération curieuse. Pour beaucoup, il
ne faut pas en parler. Le caractère « tabou » est encore là et peut mettre le malade
très mal à l’aise. Devant cet état de fait, il en arrive à se dire : « Pourquoi moi ?
Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ? » Cette culpabilité s’accentue ensuite.
Du fait de son alcoolisation, le malade peut sentir qu’il ne correspond pas ou plus à
ce qu’on attend de lui. Un homme, une femme alcoolisé(e) peut-il assurer ses
responsabilités au travail, être un bon mari, être une bonne épouse, un bon père de
famille, une bonne mère de famille ? L’alcool fait perdre son identité. Le malade ne
peut pas être ce qu’il devrait, ce qu’il voudrait être.
La souffrance même des proches est une source de souffrance pour le
malade. Il est bien capable de se rendre compte que son entourage n’est pas
comme il devrait être et qu’il fait souffrir sa famille et son entourage.
L’alcool est un véritable obstacle à la communication. C’est ainsi que,
progressivement, le malade s’enferme dans son monde. Même s’il sait que l’alcool
est la raison pour laquelle il ne peut plus discuter avec son entourage, il va quand
même chercher et trouver refuge, selon lui, là où vous savez. Une dispute est même
l’occasion d’en reprendre un coup. « Puisque c’est comme ça, on y retourne ! »
L’alcoolisation est une fuite. Une fuite, oui ! Mais pour aller où ?
Le malade, pendant qu’il s’alcoolise, constate facilement les ravages de
l’alcool. Ravages physiques et psychologiques : qu’ils sont douloureux ces matins-là
où le corps se remet très difficilement des excès de la veille, ces matins où rien ne
passe, ces matins où la mémoire flanche …
Celui ou celle qui ne peut plus se maîtriser, plus mener sa vie comme il ou elle
le souhaite parce qu’il y a un dominateur, un tyran, peut-il, peut-elle admettre sa
situation ? Pendant qu’ils s’alcoolisaient, certains parmi nous ont certainement, un
jour, voulu prendre la décision d’arrêter de boire. « Demain, j’arrête ! » Belle
résolution ! mais le lendemain est un autre jour et un jour qui se moque bien de
la veille. Tôt ou tard, le corps se manifeste et réclame sa dose. Quoi de plus terrible
de se lever en sentant des tremblements dans les mains et surtout en sachant quel
remède y apporter ? Comment résister alors ? C’est alors l’échec !
Le malade est pris dans une tenaille. Il ne veut pas vivre « avec » mais il ne
peut pas vivre « sans ».
Le malade peut être las de mentir, de se mentir. Il en est au point de ne plus
pouvoir se supporter. Celui à qui on demande s’il va bien ne va pas répondre par la
négative et affirmer qu’il a des soucis avec l’alcool. Intérieurement, c’est un véritable
combat. En effet, il sait pertinemment ce qu’il en est. Il a beau être au pied du mur, il
trouve pourtant le moyen d’affirmer le contraire, de nier ce qui est le plus flagrant.
C’est ce qu’on appelle le déni.
Une défaite qui devient victoire le jour où le malade, après toutes ses
souffrances, décide d’arrêter de boire. Encouragé, guidé et ranimé par les Amis de la
Santé, il retrouve goût à la Vraie Vie, avec des majuscules. Tous les moments de
mal-être, toutes les souffrances endurées sont alors pour lui un genre de garde-fou
car, en se les remémorant, il est animé par cette volonté de ne pas retomber et ainsi
de persévérer dans l’abstinence complète.

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