RECIT DETAILLE Pays Province Date Récit Bolivie Argentine
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RECIT DETAILLE Pays Province Bolivie Tupiza Argentine Jujuy Date 26/08/2011 Récit Nous quittons la Bolivie aujourd'hui après avoir traversé le pays du nord au sud en 3 jours. Une centaine de kilomètres nous séparent encore de la frontière. Mais de grands tronçons de route sont à présent gourdronnés et nous atteignons Villazon vers 10h00. La frontière n'est pas signalée et nous devons demander plusieurs fois notre chemin avant de trouver la sortie. Côté bolivien, c'est un grouillement, un agglutinement qui ne paraît avoir ni queue ni tête. Pourtant, en observant bien, nous nous apercevons que tout est parfaitement orchestré. Le décor : un ancien pont de chemin de fer qui reliait la Bolivie à l'Argentine. Sur le pont, des colonnes de fourmis boliviennes. A droite, des hommes et des femmes indigènes courent en direction de l'Argentine. A gauche une file des mêmes personnes qui reviennent en Bolivie à pas pressés, chargés comme des mules. A la vue des sacs de ciment portés sur le dos de certains, nous estimons que chacun porte au minimum une charge de 100 kgs. Le va et vient est incessant pendant les deux heures que nous passons à la douane. Il avait commencé avant notre arrivé et se poursuivra sans doute bien après notre départ. Nous avons l'impression que tout ce qui se vend en Bolivie entre dans le pays grâce à ce travail de fourmis. Nous voyons passer des bouteilles de sodas, des oeufs, des rouleaux de papier WC et d'essuis-tout, du ciment et devinons de milliers d'autres choses dans les grands châles multicolores qui servent à transporter la marchandise. Se sont sans doute des tonnes de produits qui entrent ainsi chaque jour en Bolivie. Nous imaginons que les porteurs sont payés au trajet. Des camions argentins d'un côté du pont ; des camions boliviens de l'autre. Les douaniers ferment les yeux. Côté argentin, c'est sans importance ; côté boliviens, de gros pots de vin doivent tomber dans les poches des autorités. Mais tout ça n'est que supputations. Peutêtre quelqu'un pourra-t-il un jour nous expliquer les pourquois et les comments. Georges fait les démarches côté bolivien pendant que je reste dans le camping-car au milieu de la foule. Après avoir obtenu tous les tampons requis, il trouve un agent de change et revient avec des pesos argentins. Nous avançons le camping-car de quelques mètres. Nous voilà aux portes de l'Argentine. L'ordre et la discipline règnent. Il faut faire la queue pour obtenir ses tampons. D'abord le guichet de l'immigration. Coups de tampons sur les passeports. Maintenant, l'autorisation temporaire d'importation du véhicule. Le préposé entre les informations dans la machine. L'imprimante crache le document. Signatures. Nous pouvons passer la barrière. Nous en profitons pour perdre une heure. Nous n'avons plus que 5 heures de décalage avec la France. Encore une journée qui ne fera que 23 heures. Nous voilà à La Quiaca, notre première ville d'Argentine. La signalétique ne semble guère meilleure qu'en Bolivie et nous tournons en rond un moment avant de trouver la sortie de la ville. Nous sommes toujours sur l'altiplano à environ 3600 m d'altitude. Mais tout est différent. La route passent entre deux rangées de barrières en fil de fer barrebelé. C'est le domaine des grandes exploitations agricoles. Plus de bergers. Les lamas ne paissent plus en liberté. Les chaumières abritent sans doute les ouvriers agricoles des estancias. Nous voyons cependant encore les fours en terre rond érigés dans l'angle des cours, comme en Bolivie. Nous faisons halte au bord de la route pour manger un peu. En fait, le douanier n'a absolument pas ouvert le réfrigérateur et nous avons passé la douane avec nos clémentines et notre fromage. Mais nous nous doutons qu'il y aura des contrôles sanitaires plus loin. Nous profitons donc de cette halte pour manger nos dernières clémentines et des tartines de fromages avec nos oeufs durs. C'est toujours ça qui ne partira pas à la poubelle. Nous amorçons la descente de l'altiplano à Tres Cruces. Nous entrons dans la Quebrada de Humahuaca, une vallée classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité. Il est vrai que le décor est splendide. Les formations géologiques sont incomparables et difficiles à décrire. Disons d'immenses et larges colonnes de pierre, alignées les unes contres les autres, qui auraient fondues, se seraient couchées en ramollissant et en eructant des jets de pierre rouge à leur sommet. Résultat une succession de bosses inclinées vers le haut, genre tôle ondulée, couvertes d'herbages et qui semblent couronnées de grandes bouches aux dents rouges. Surréaliste comme explication, mieux vaut chercher des photos sur internet. Nous suivons le cours du rio Grande. La rivière presque à sec n'est qu'une coulée de sel qui sinue entre deux falaises rouges. Le contraste des couleurs est saisissant. Nous atteignons finalement Humahuaca, la ville qui a donné son nom à la vallée. Nous y avons repéré un camping sur notre documentation. Nous traversons la ville, puis le pont sur le rio Grande. Nous nous installons avec plaisir au Bella Vista. L'endroit est rustique mais nous devrions pouvoir nous y reposer tranquillement. Nous en avons bien besoin. Le terrain est désert. Ici le printemps s'éveille à peine. Les arbres sont encore nus. Pour les Argentins, les grandes vacances d'été sont encore loin. Il faudra attendre le mois de décembre. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Jujuy 27/08/2011 Nous ouvrons un œil vers 8h00. Il ne fait que 5°C dans le camping-car. Pourtant nous sommes maintenant en dessous de 3000 m d'altitude. Nous sommes heureux de mettre en route notre petit chauffage électrique acheté à Cusco, au Pérou. Après la marche forcée de ces derniers jours, nous décompressons. Il est déjà presque 11h00 lorsque nous décidons d'aller faire un tour dans le village. Nous retraversons le pont sur le rio Grande, presque à sec, et arrivons sur le petit marché local. Nous achetons du pain, 2 oignons et 6 oranges. Avec les contrôles sanitaires, inutile de faire des réserves. Puis, nous pénétrons dans le coeur de Humahuaca, dominé par son immense monument dédié aux héros de l'indépendance. L'ambiance nous surprend. Pour la permière fois depuis les USA, nous rencontrons des dizaines de touristes locaux. Non pas des européens ou des nordaméricains mais des touristes argentins munis de caméras et d'appareils photos. Au Mexique, en Amérique centrale et jusqu'en Bolivie, le tourisme national était quasi inexistant, réservé à une poignée de privilégiés. Nous faisons le tour des boutiques de souvenirs pour trouver une breloque à accrocher dans le campingcar. En fait, nous trouvons les mêmes produits que dans toutes les Andes, mais deux fois plus chers qu'en Bolivie. Les argentins viennent chercher ici un peu d'exotisme car il subsite quelques communautés indigènes. A midi, c'est l'heure du miracle quotidien. Saint François sort de sa niche. Tout le monde s'est regroupé devant l'hôtel de ville et attend l'évènement. Soudain, un Ave Maria s'échappe des hauts parleurs de l'église voisine. Deux petites portes s'ouvrent pour laisser apparaître un automate. Saint François lève le bras droit puis l'abaisse en signe de bénédiction. Puis il brandit une croix avec sa main gauche. Salut de la tête. La représentation est terminée. Les portes se referment sous les applaudissements, toujours au son de l'Ave Maria. Pour une deuxième apparition, il faudra revenir demain à la même heure. Pour l'instant, nous partons à la recherche d'un restaurant qui ne sert pas trop de viande. Difficile en Argentine. Nous découvrons cependant la "Casa Vieja" qui propose un menu quasi végétarien. Pendant que nous sommes attablés, un vent violent se met à souffler. Les rues sont envahies par des nuages de poussière qui tourbillonnent et font tomber les étalages. Nous rentrons au camping. Pendant que Georges fait le plein et les vidanges, je rédige le récit détaillé de notre séjour court séjour en Bolivie. Le soir venu, nous apprécions notre soupe à l'oignon, à l'abri du vent sec qui sévit toujours. XXXXXX Pays Province Argentine Jujuy Date 28/08/2011 Récit Dernier jour en haute montagne. Pour la première fois depuis Nasca, au Pérou, il y a plus d'un mois et demi, nous allons descendre en dessous de 3000m d'altitude. Nous repartons sur la RN 9 qui mène à Salta en suivant le cours du rio Grande. Nous franchissons aujourd'hui le tropique du Capricorne, à la hauteur de Huacalera. Un monument en pointe, tout blanc, marque la ligne imaginaire. Photos souvenir. Nous voici dans la partie sud de l'hémisphère sud. Nous poursuivons notre descente qu milieu d'un paysage flamboyant et raviné. Encore quelques clichés à Campo Colorado et nous faisons halte au petit village touristique de Purmamarca, dominé par une grand formation géologique orangée. Les maisons en adobe entourent la place centrale arborée où les touristes se pressent pour examiner les étalages des marchands. Toujours le même "artisanat" des Andes. Après un repas pris sur le pouce dans le camping-car, nous poursuivons en direction de San Salvador de Jujuy, la capitale de la province. Depuis la fronière bolivienne, nous avons remarqué sur le bord de la route d'étranges oratoires peints d'un rouge écaralate et entourés de drapeaux ou caliquos du même rouge. Parfois, l'oratoire est flanqué de bancs et de tables et même parfois de parillas pour faire des grillades. A l'intérieur de l'oratoire, des statuettes représentant une sorte de routard en tunique longue, le front ceint d'un ruban rouge et portant une croix sur le dos, comme un sac à dos. Ces sanctuaires semblent dédiés à un certain "Gauchito Gil". Il nous faudra éclaircir ce mystère plus tard. Pour l'heure, nous longeons toujours le rio Grande dont le lit s'élargit de plus en plus. Nous ne sommes plus qu'à 1100m. La végétation est plus dense et nous avons l'impression de nous balader dans nos campagnes françaises. Arrivés à Jujuy, nous cherchons la route de Palpala où se trouve le camping repéré sur internet. Comme d'habitude, la signalétique est défaillante et nous tournons un bon moment avant de nous retrouver sur la petite route provinciale et cabossée qui conduit à la réserve écologique de Serranias de Zapla. Passé la guérite d'entrée, nous parourons encore 9 kms de piste pour découvrir un ancien village de vacances aux trois quarts à l'abandon avec des bâtiments en ruine ou ravagés par des incendies. Mais comme nous sommes dimanche, l'endroit est occupé par les habitants de Jujuy qui sont venus ici passer la journée autour des fogones pour faire des asados (grillades). A la tombée de la nuit, nous sommes quasi seuls dans le village. XXXXXX Argentine Jujuy Salta 29/08/2011 Prochaine étape, Salta, la plus grande ville du nord de l'Argentine. Nous avons choisi d'aborder la ville par la ruta n°9 et non pas l'autopista qui porte le même numéro. C'est pourquoi nous rejoignons le village de El Carmen, point de départ de la petite route touristique qui traverse la montagne au milieu des bois. Les plantes qui parasitent les arbres nous prouvent bien que nous sommes dans une forêt tropicale. Mais tout est desséché et gris. Il n'y a plus de feuilles. Nous remontons jusqu'à 1400m. Le contraste avec la haute montagne que nous venons de quitter est vraiment étonnant. La température a grimpé et nous avoisinons les 20°C. La chaussée, très étroite, ressemble à une piste cyclable. Elle est bien asphaltée mais nous croisons à peine les véhicules qui viennent en face. Nous longeons plusieurs retenues d'eau qui servent sans doute à alimenter San Salvador de Jujuy et Salta. La route est envahie par des centaines de papillons marrons qui font penser à des feuilles mortes dans le vent d'automne. Nous atteignons sans encombre la province de Salta en franchissant un petit col perdu dans la forêt. Parvenus à la Caldera, nous suivons le cours d'eau qui s'échappe du barrage et débouchons au nord de Salta sur une grande artère qui s'enfonce dans la ville. Nous en profitons pour faire les pleins. Celui de carburant d'abord. Puis nous remplissons nos estomacs de gnocchis dans une cafetaria avant de faire le plein des placards au supermarché voisin. Seule déception, plus de yaourts nature. Mais les rayons sont bien achalandés tout de même. Nous traversons toute la ville plein sud pour nous installer au camping municipal Carlos Xamena. Nous y retrouvons Michèle et Reto, l'équipage suisse déjà rencontré à plusieurs reprises au Pérou. Ils sont ici depuis deux semaines. Michèle m'apprend que "Gauchito Gil" est un héro-saint national. Une sorte de Robin des Bois local a qui les argentins vouent un culte important. Nous profitons de l'après midi pour nous reposer. Il fait 28°C dans le camping-car. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Salta 30/08/2011 Le ciel est gris et il ne fait pas très chaud. Les contrastes de température sont vraiment étonnants. Hier, nous avions l'impression d'être au cœur de l'été et aujourd'hui, il fait un temps de Toussaint. Le temps de rassembler notre linge pour la lavanderia, il est déjà 11h00. La matinée a passé en un clin d'oeil. Après quelques courses à l'épicerie du coin, c'est l'heure du repas de midi. Par la fenêtre, nous voyons arriver la famille "Tégé" que nous suivons sur internet. Comme nous, ils font partie du réseau "le lien amerique du sud", destiné aux français qui voyagent avec leur véhicule dans ce sous continent. D'origine belge, ils ont débarqués à Buenos Aires il y a deux mois. Thomas, Elodie, Gwenaëlle et Etienne espèrent visiter encore la Bolivie, le Pérou et le Chili pendans 6 mois avant de réembarquer pour l'Afrique du Sud. Les connaissances faites, nous passons l'après midi dans le camping-car. La nuit est tombée losque nous voyons arriver un autre équipage à bord d'un 4 X 4. Nous ferons plus ample connaissance demain. On frappe à la porte. C'est le gérant de la lavanderia qui nous rapporte nos 18 kgs de linge. Voilà la soirée bien occupée : il faut tout plier et ranger. XXXXXX Argentine Salta 31/08/2011 J'ai rendez-vous avec mon coiffeur préféré. Nous avions fait salon pour la dernière fois à Huanchaco, au nord du Pérou, il y a deux mois et demi. L'opération nous prend toute la matinée. Il est près de midi lorsque nous sortons du camping-car. Direction le centre ville de Salta. Nous avons besoin d'une connexion internet. Un arrêt de bus nous attend à l'entrée du camping. Nous faisons le trajet en "fraude" avec l'accord du chaufffeur. nous n'avons pas la monnaie pour faire l'appoint et nous ne possedons pas la carte prépayée qui sert à obtenir les tickets au distributeur automatique. Nous voilà lâchés dans les rues de la ville. Nous sommes assez désorientés, plongés à nouveau en pleine société de consommation. Nous avions perdu l'habitude de ces rues commerçantes débordantes de vitrines luxueuses et bien achalandées. Dans les autres pays d'amérique du sud que nous avions traversé, les magasins pour la clientèle aisée se concentre surtout dans les centre commerciaux. Nous parcourons les arcades de la place du 9 de Julio pour trouver un espace wi-fi. Nous sommes assez surpris de voir le retard pris par ce pays en matière d'internet, au moins dans les espaces publics. Finalement, nous entrons au Citybar et commandons une salade mélangée que nous mangeons distraitement tout en relevant notre boîte e-mail. Nous avons des informations plus précises concernant le transfert de notre véhicule depuis le port de Callao, au Pérou. Nous avons obtenu une liste de transitaires qui devraient pouvoir nous accompagner dans nos démarches. Nous profitons de la connexion pour consulter les sites argentins dédiés aux campings. Puis nous rentrons au camping, cette fois avec une carte prépayée toute neuve pour prendre le bus en toute légalité. Nous retrouvons Michèle et Reto et discutons des problèmes que nous rencontrons avec nos suspensions. Depuis que les renforts pneumatiques nous ont lâché au Panama, nous avons fait ajouter des barres supplémentaires en Colombie mais ce n'est manifestement pas suffisant car notre véhicule penche de plus en plus vers l'arrière. Il faudrait que nous retournions voir un garagiste. C'est alors que nous sommes abordés par Samy. Samy est français. Il vit à Salta avec sa compagne, argentine. Nous l'invitons à prendre un café dans le camping-car et il propose de nous piloter demain dans la ville pour trouver un garagiste. Nous prenons rendez-vous pour demain 9h30. XXXXXX Pays Province Argentine Salta Date 01/09/2011 Récit Samy arrive aux environs de 10h00. Il nous guide à travers Salta à la recherche d'un garagiste. Nous aurions souhaité trouver un spécialiste capable de réparer nos renforts pneumatiques de suspensions. Mais finalement, nous nous rabattons sur un petit atelier de mécanique installé en plein air dans une cour pleine de bric-à-brac. Le propriétaire des lieux ne fait qu'une chose : changer les lames de suspension. Nous prenons rendez-vous pour demain 8h30. Puis nous repartons avec Samy pour acheter des bandes réfléchissantes. En Argentine, notre véhicule est considéré comme une camionette. Les bandes rouges à l'arrière et blanches sur les côtés sont obligatoires. Pas la peine d'ajouter des pretextes pour verbaliser aux policiers corrompus du pays qui, ici plus qu'ailleurs, semblent chercher à se faire de l'argent sur le dos des étrangers. D'ailleurs, pour passer inaperçu, Samy a troqué ses plaques d'immatriculation blanches et jaunes contre des plaques noires, comme celles des argentins. Ainsi, il est moins repérable de loin. Avant de rentrer au camping, nous passons au lavadero pour faire laver le camping-car. Un nettoyage indispensable après les routes boliviennes. Après quoi, nous reprenons le bus pour nous rendre au centre ville et surtout au Citybar pour renouveler notre connexion internet. Nous devons envoyer les fichiers nécessaire à la mise à jour de notre site. Après quoi, nous partons visiter le coeur de Salta. Rien de bien attirant. Nous entrons tout de même dans musée archéologique de haute montagne. L'établissement retrace l'histoire des fouilles réalisées sur le volcan Llullaillaco, à plus de 6000m d'altitude et la découverte de 3 enfants momifiés, entourés de toutes sortes d'objets miniatures. Pour nous qui avons visité les riches musées du Pérou, l'exposition est assez décevante. A notre retour au camping, Georges profite des parois bien propres du camping-car pour coller les bandes réfélchissantes achetées ce matin. Nous voilà parés. XXXXXX Argentine Salta 02/09/2011 Martin, le garagiste arrive à 8h30 avec son sac de petits pains alors que nous attendons devant le portail de sa cour-atelier. Il nous annonce que le travail pourra être terminé vers 16h00. Nous hésitons avant de lui laisser la voiture sans surveilance. Mais, attendre 7h00 dans cet atelier de plein air me parait bien long et finalement, nous décidons de lui faire confiance. Nous partons donc à pied au centre ville à la recherche d'un café internet pour passer le temps. Nous nous installons avec thé et croissants sur la mezzanine du "Nuevo Cafe" pour quelques heures. Nous en profitons pour étalbir la liste des camping argentins susceptibles de nous intéresser. Une pizza plus loin, nous avons épluché notre itinéraire depuis Salta jusqu'à Ushuaïa. Vient l'heure du retour au garage. En chemin, nous faisons quelques courses à l'enseigne Carrefour. Dans la cour du garage, le camping-car est toujours sur cales. Martin et son fils n'ont changé que le train de lames de droite. Ils nous déclarent qu'il reste encore 3 heures de travail et sortent deux chaises en chrome et faux cuir pour nous faire patienter. 17h00....18h00. Pas moyen de sortir le second paquet de lames de son support. Avant que nous ayons eu le temps de réagir, nos deux garagistes ont pris une scie à métaux et sectionné le support. Avec un grand sourire, Martin nous assure qu'il n'y a pas de problème. Il suffira de le ressouder. Nous ne connaissons absolument rien en matière de mécanique mais nous avons des gros doutes quand à la solitidité de l'ensemble après une soudure. Venons-nous d'assister à une catastrophe ? Nous n'en savons rien et sommes obligés de lui faire confiance. 19h00, 20h00, 21h00. Le temps passe et la nuit est tombée. Finalement, l'ensemble des lames est réajusté et la soudure effectuée. Combien de temps tiendra ce support rafistolé ? Le remède n'est-il pas pire que le mal ? Il est trop tard pour avoir des regrets. Notre problème numéro 1, pour l'instant, c'est le camping. A cette heure là, il est fermé et nous ne pouvons pas y retourner. Martin nous offre généreusement de passer la nuit dans la cour de son atelier. De toute façon, nous n'avons pas d'autre solution. Nous retournerons au camping demain matin. XXXXXX Pays Province Argentine Salta Date 03/09/2011 Récit La nuit a été plus calme que nous l'imaginions, en plein centre ville. Nous quittons Martin et son fils avec force démonstations d'amitié même si nous avons de gros doutes sur la qualité des réparations effectuées. Nous retournons aux balnéarios municipales pour la journée. Nous voulons faire le plein et les vidanges du camping-car avant de reprendre la route demain. Nous souhaitons aussi dire au revoir à Michèle et Reto que nous avons quitté la veille, pensant revenir le soir même. Mais une surprise nous attend lorsque nous nous présentons devant la barrière du camping. De grandes affiches, écrites à la main annoncent que, pour raison de sécurité, le camping est fermé. Le gardien nous apporte des précisions que nous ne comprenons guère. Des agents municipaux ou des touristes auraient été agressés. Il nous mime un pistolet. Peut-être est-ce un mouvement de protestation syndical. Résultat, nous ne pouvons pas retourner dans le camping et nous n'avons plus d'endroit pour séjourner dans Salta. Encore une fois, nous quittons les lieux plus vite que prévu. Nous nous dirigeons au sud pour nous rendre dans le petit village de Lumbrera que nous avons repéré sur internet. Nous n'avons pas trop envie de faire de la route aujourd'hui et les 113 kms qui nous séparent de Lumbrera nous suffisent largement. Nous traversons toujours des paysages desséchés, quelques champs de canne à sucre jaunis, des forêts effeuillées et grises. Nous arrivons au petit village poussiéreux, en marge de la route principale et découvrons avec plaisir une aire de camping libre au bord du rio Juramento. Le camping de Los Amigos se blottit au pied d'une falaise orangée, dans une courbe de la rivière. Pas de service. Nous faisons le plein du réservoir d'eau en puisant avec un seau directement dans le rio. La chaleur est à nouveau écrasante et les insectes piqueurs sont de retour. Nous avons pour tout voisin un pêcheur qui a trouvé des pattes de héron dans un fourrée. Juste deux longues pattes, sectionnées au niveau de l'articulation. Il nous dit que s'est sans doute l'effet de la pêche à la dynamite. Nous avons des gros doutes. La dynamite ne fait pas dans la dentelle en matière de découpage. Quelqu'un a tiré sur un héron, l'a emporté en sciant les pattes (beurk !). Un jeune couple passe quelques temps dans des hamacs au bord de l'eau. Sa voiture est tombée en panne. Ils attendent des secours. Puis la nuit tombe et nous profitons paisiblement du bruit de l'eau qui court le long de la falaise. XXXXXX Pays Province Argentine Salta Date 04/09/2011 Récit Encore une nuit paisible. Nous quittons notre retraite pour retourner sur la RN 9 puis bifurquons à l'est sur la RN 16 en direction de Resistencia. Bien que nous Santiago del soyons dimanche, nous croisons de longs camions semi-remorques bâchés. Le relief s'abaisse régulièrement. Nous quittons les derniers contreforts des Andes Estero pour nous retrouver dans une immense plaine. Seuls les arbres marquent la limite de notre champ de vision. De part et d'autre de la route, des bas-côtés bordés de buissons et d'arbustes desséchés. Au delà, des pâturages jaunis et poussiéreux ou des labours encore vierges de culture. Parfois, une tache d'un vert profond révèle un système d'irrigation. Nous longeons un énorme coral où sont parqués des milliers de bovins. Sans doute une opération de tri. Nous enfilons les kilomètres sur ce ruban mal asphalté. Une halte s'impose à Joaquin V. Gonzalez pour faire le plein de carburant. Nous en profitons pour remplir nos estomacs dans une Parilla, de l'autre côté de l'unique rue du village. Côtes de porc, salade. Nous voilà repartis. La traversée de Gaona est plutôt déprimante avec ses campements de fortune qui bordent la chaussée. Un coup de vent soulève parfois un pan de bâche blanche ou noire et laisse apparaître l'intérieur d'une pauvre cabane en toile. Un enfant joue par terre, un chien fait une petite sieste. Peut-être des Sans Terres comme au Brésil ? Nous devons rester vigilant à tout instant à cause des nombreux troupeaux de chèvres qui vont et vienne de part et d'autre de la chaussée. Notre passage soulève des nuées de petites tourterelles. Dans les arbres et sur les poteaux électriques pendent de grands nids de brindilles qui semblent vide à cette saison. Un petit perroquet vert passe juste devant le pare-brise. Nous quittons la province de Salta, faisons une petite incursion dans la province du Chaco, par le caprice d'une limite administrative, et entrons dans la province de Santiago del Estero. Ce qui nous vaut un petit contrôle de routine. Mais pour l'instant, depuis la Bolivie, nous n'avons rencontré ni contrôle de police ni contrôle sanitaire. Difficile de faire la part des choses entre les mythes et les réalités des contrôles policiers et sanitaires en Argentine. Depuis la Bolivie, nous nous promenons toujours avec la même vieille clémentine que nous pensions laisser en pâture au premier contrôle sanitaire venu. Résultat, il va falloir que nous la jetions avant qu'elle ne soit complètement pourrie. Nous commençons à être bien fatigués lorsque nous traversons Monte Quemado. Nous avons pracouru plus de 300 kilomètres et nous repérons une finca au bord de la route avec un grand espace qui nous conviendrait très bien pour passer la nuit. Nous demandons l'hospitalité et sommes accueillis avec plein de gentillesse. Nous pouvons nous installer exactement à l'endroit qui nous convient le mieux. Les abords de la ferme sont bien entretenus mais envahis d'objets en tous genres, tables, bancs, chaises, pots de fleurs qui lui donne un charme certain. Une grande peau de vaches sèche sur un fil d'étendage. Les mouches tournent autour de l'abreuvoir. Les chèvres broutent une herbe improbable dans la poussière de la cour. Les poules picorent on ne sait quoi entre les pattes des chiens. L'atmosphère est paisible, comme nous l'aimons. XXXXXX Pays Province Argentine Santiago del Date 05/09/2011 Récit Les chiens de la finca ont aboyé cette nuit chaque fois que nous bougions un orteil dans le lit, réveillant nos hôtes à plusieurs reprises. Inquiets, ceux-ci allumaient Estero l'éclairage extérieur de leur maison pour s'assurer qu'il n'y avait pas de rôdeur. Sales bêtes ! Malgré tout, nous avons passé une nuit tranquille. Alors que nous Chaco prenons notre petit déjeuner à la lumière rougeoyante du soleil levant, le bouc, entouré de son troupeau de chèvres, prend la clef des champs. Les poules, libérées de leur poulailler ebourrifent leur plumage et commencent à picorer. Un dernier salut au propriétaire de la ferme et nous reprenons la route. Nouvel alea des decoupages administratifs, nous entrons à nouveau dans la province du Chaco. Le décor est identique à celui d'hier. Les panneaux de l'industrie agro-alimentaire nous renseignent sur les cultures pratiquées ici : soja, tournesol, coton ; avec l'aide de l'industrie agro-chimique : roundup, Bayer, 3M. Dans les villages, une autre activité bat son plein : la fabrication de charbon de bois. Les charbonniers s'activent autrour de grands fours en brique semi-sphériques d'environ 4 mètres de haut. Ils arrachent le bois de la forêt dite "impénétrable", situées à quelques kilomètres plus au nord. Ladite forêt ne doit être plus guère impénétrable. Il faut bien assouvir le pêcher mignon de millions d'argentins : le traditionnel asado des dimanches et jours feriés. Des tonnes de charbon de bois servent à griller les tranches de boeuf sur les "fogones" installés à peu près partout dans les campings et parcs publics. Nous faisons un plein d'essence hors de prix dans le petit village de Pampa del Guanacos avant de prendre un repas quelques kilomètres plus loin à Pampa del Infierno. Par les vitres du restaurant nous voyons les nuages de poussière propagés par le vent. Nous repartons sur la RN 16 et croisons à nouveau des troupeaux de chèvre, mais aussi de cochons. Finalement, nous atteignons la petite ville qui porte le doux nom de Presidencia Roque Saenz Peña où un camping nous attend. Nous y faisons la connaissance de Fabian, sa femme et ses amis. Se sont des forains qui vivent dans une sorte de camping-car aménagé à leur façon. Ils tractent une remorque sur laquelle repose un petit manège electro-mécanique qu'ils promènent de place de villag en place de village. Ils ont ainsi parcouru une grande partie de l'Argentine. Demain, nous espérons nous rendre au parc national Chaco, à quelques kilomètres d'ici. XXXXXX Pays Province Argentine Chaco Date 06/09/2011 Récit Nous prenons notre temps avant de quitter la ville. Le Parque Nacional Chaco n'est situé qu'à une centaine de kilomètres d'ici. Nous faisons quelques courses au spermarché du coin avant de faire le plein de carburant. Ici, le diesel coûte près de 1 euro le litre, du jamais vu depuis les USA. Vu les distances à parcouri en Argentine, notre budget va en prendre un coup. Nous suivons la RN 16 au milieu des pâturages toujours dessséchés où paissent des milliers de bovins. Nous traversons Machagai. Ici convergent les camions chargés de bois arrachés à la forêt dite "Impénétrable" dont il ne doit pas rester grand chose. Machagai est réputée pour ses fabriques artisanales de meubles et d'huisseries. Les menuiseries-ébenisteries s'égrainent tout le long de l'unique artère qui traverse tout le village. Sur les bas-côtés, des marchands proposent des petits meubles et des breloques en bois. Sur l'indication du guide de la route de l'ACA (Automobile Club Argentin), nous empruntons la Route Provinciale n°7 pour rejoindre le parc national. La piste est bonne et large mais poussiereuse. Nous longeons de petites fincas et des marécages où s'ébattent des dizaines d'oiseaux aquatiques d'une variété incroyable. Difficile de s'arrêter pour faire quelques photos : en passant, les voitures dégagents des nuages de poussière. Après une quizaine de kilomètres, nous n'avons pas trouvé l'entrée du parc. Les autochtones que nous croisons nous envoient toujours plus loin. Finalement, au bout de 40 km, nous atteignons la fin de la piste sans avoir rien trouvé. Après avoir consulté notre carte, nous nous apercevons, qu'il existe une route goudronnée de l'autre côté du parc. C'est sans doute celle-ci qui permet de pénétrer à l'intérieur. Demi-tour. Nous aurons parcouru 80 kilomètres de piste pour rien. Nous voilà de retour sur la RN 16. Encore 40 kilomètres de plus et nous empruntons la RP 9 qui elle, conduit bien au coeur du Parque National Chaco. Nous sommes aimablement acceuilli dans un espace arboré qui ne nous laisse que l'embarras du choix pour nous installer. Cerise sur le gâteau, l'entrée du parc est gratuite et le camping aussi. Nous sommes fatigués et remettons à demain la balade sur les sentiers du parc. Il est 15h00 ; nous n'avons rien mangé depuis ce matin. Il est temps de préparer un repas. Ensuite, repos. Georges profite de la fin de journée pour photographier les dizaines d'oiseaux qui fréquentent les lieux dans l'espoir de ramasser quelques miettes laissées par les campeurs. XXXXXX Pays Province Argentine Chaco Date 07/09/2011 Récit Nous nous réveillons avec les cris des singes hurleurs. Ils nous rappellent des souvenirs du Guatemala et du Costa Rica. Nous avons prévu de passer la journée dans le parc pour observer les oiseaux. Quelques perruches vertes se cachent dans les branchages. Nous empruntons un sentier qui longe une boucle du rio Negro, tout près du camping. La rivière n'est plus qu'un long tapis liquide couvert de plantes aquatiques. L'eau est invisible sous la couverture végétale. Ici, pas d'oiseau. De l'autre côté du pont suspendu, nous avons le plaisir de découvrir deux gros oiseaux inconnus, perchés au sommet d'un grand arbre. Des sortes de gros dindons gris aux yeux rouges et aux grosses pattes roses. Se sont leur cris de mécontentement qui ont attiré notre attention. Nous apprendrons plus tard que se sont des "Chaja" (Tchara), dans la langue guarani. Notre petite balade ne nous apporte pas plus de surprise et nous décidons de nous rendre en voiture à la laguna Carpincho. Malheureusement, l'employée du parc nous apprend que la lagune est asséchée et à cette heure là, nous n'avons pas le temps de faire à pied les 18 kilomètres aller-retour qui nous séparent de la laguna Panza de Cabra. L'employée nous propose d'aller en voiture par le chemin emprunté par les agents d'entretien. Elle nous prête la clef du portail. Ainsi, après 7 kms de piste, nous nous retrouvons parfaitement seul au coeur du parc. Nous profitons d'un premier mirador pour admirer et photographier tous les oiseaux aux noms exotiques qui peuplent les lieux : tero, chiflon, karau, pitogue, etc. Ils arborent toutes les couleurs de l'arc en ciel. Les chiflons, en particuliers, des sortes de gros hérons bleus portent un masque à faire peur : les yeux rouges la tête bleu et rose et le bec de même. On dirait un facies de clown en plastique. Le tero est une sorte de vanneau. Une grande tache couleur encre dégouline de sa tête, se sépare en deux rigoles de part et d'autre du bec avant de s'étaler sur tout le plastron. Etrange comme beaucoup de ces oiseaux ont les yeux rouges. On les croiraient sortis d'un film de vampires. Seul le petit pitogue paraît "normal" avec sont plastron jaune citron, son bandeau blanc autour des yeux et son dos gris. C'est le plus petit mais le plus bruyant avec le couple de teros qui a niché dans le pré et s'égosille chaque fois que nous faisons mine d'approcher du nid. Nous passons l'après midi à l'affut, engrangeant les clichés. Nous quittons les lieux au moment où des escadrons de moustiques fondent sur nous. De retour au camping, nous identifions les oiseaux que nous avons vu avec l'aide d'une employée du parc. Nous aurons admiré plein d'oiseaux mais aucun des animaux vantés par les brochures : pas de singe (même si nous les avons entendus), pas de puma, pas de grenouilles. Il parait qu'il y avait des crocodiles près du mirador de la laguna Panza de Cabra. Mais comme nous n'étions pas avertis, nous n'avons même pas imaginé qu'il puisse y en avoir. Sinon, je ne me serais pas assise sur le ponton, les jambes pendantes avec les pieds à 20 cm de la surface de l'eau. XXXXXX Pays Province Argentine Chaco Date 08/09/2011 Récit Avant notre départ, une employée vient gentillement nous apporter de nouvelles précisions sur les oiseaux observés la veille. Nous aurons été vraiment bien accueillis ici. Aujourd'hui, nous avons prévu de nous rendre à Resistencia, la capitale de la province du Chaco, à la limite avec la province de Misiones. La ville est réputée pour être un grand centre pour la sculpture et serait un musée à ciel ouvert. Nous y avons également repéré un camping municipal, au bord du rio Negro, celui là même qui traverse le parc national Chaco. Rien de bien intéressant sur la RN 16 entre le parc et Resistencia. Juste une pointe d'inquiétude car nous roulons sur la réserve de carburant. Mais finalement, nous atteignons l'entrée de Resistencia et pouvons faire un gros plein. Nous trouvons sans encombre le camping du parque 2 de Febrero. C'est un grand parc public bruyant et en perpétuelle agitation. Nous nous isntallons sur un des empalcement prévu pour les "casas rodontes". Comme dans tous les campings où nous avons séjourné, les installations sont vétustes et à moitié à l'abandon. L'endroit pourrait être plaisant s'il n'était si bruyant. Les campeurs sont installés avec des éléments de bric et de broc, comme en France dans les années 60. Les casas rodontes argentines sont de vieux véhicules aménagés artisanalement. Nous profitons d'une petite connexion internet sauvage pour relever notre boîte email.Nous décidons d'aller faire un tour au supermarché Carrefour situé à quelques pas d'ici. Nous nous baladons au milieu des rayons, nous laissant tenter par des produits de "luxe". Bien sûr, nous pourrions nous contenter de sodas et de chips. Mais nous avons envie de quelques produits de qualité comme des vrais yaourts, extrèmement rares et vendus ici comme des produits exotiques pour préparer des recettes de cuisine originales. Les jus de fruits aussi sont hors de prix dès l'instant ou l'on veut un pur jus de fruit sans eau et sans sucre additionnel. Après avoir ouvert grand le porte monnaie, nous rentrons au camping pour profiter au maximum d'un synthétiseur installé de l'autre côté du plan d'eau. Nous aurons droit à ce fond sonor jusqu'à 19h00 avant qu'un silence relatif ne s'installe. XXXXXX Argentine Chaco Corrientes 09/09/2011 Nous nous apprêtons à partir visiter la ville lorsque nous faisons la connaissance de Enrique-Oscar et de son ami Nestor. Ce sont nos voisins de camping qui occupent un vieux et rustique camping-car argentin, aménagé dans un ancien bus. Ils nous font les honneurs de leur casa rodonte et nous invitent pour le soir à déguster un "asado" en leur compagnie. Nous acceptons avec joie et les quittons pour rejoindre le centre ville. Nous sommes vite déçus. La cité, comme la plupart des agglomérations d'Amérique du Sud ne présente pas d'intérêt architectural particulier. C'est une ville propre, arborée et fleurie avec des rues résidentielles. Mais la soit disant capitale de la sculpture n'offre que quelques bustes et statues fort conventionnelles qui, à notre sens ne méritent vraiment pas le détour. La vie culturelle s'organise autour de la place du 25 de Mayo. Au centre se tient la Biennale des Arts Plastiques. Une trentaine de peintres, devant leur chevalet, tentent une peinture en direct devant un public attentif. Faisant le tour de la place, nous décidons d'entrer dans une boutique à deux sous. Mais il faut se dépouiller de tous ses sacs à l'entrée, y compris ceux contenant les papiers d'identité. Nous renonçons. Nous réalisons que nous avons changé de monde. Ici, nous sommes à nouveau considérés comme des voleurs potentiels alors que depuis le Mexique, nos têtes de gringos nous ouvraient toutes les portes. On prend vite de mauvaises habitudes. Nous nous aventurons dans la maison de la Culture, vaste bâtiment blanc dont les galeries intérieures entourent un grand puits de lumière. Au 3e étage, nous visitons deux petites salles d'expositions, l'une dédiée à la scultpure, l'autre à la peinture. Puis, nous partons en quête d'un restaurant. Difficile dans Resistencia. L'offre se limite à deux ou trois caféteria qui servent des pâtes, des hamburgers, des pizzas et des glaces. Nous choississons sans doute la plus bruyante pour manger une pizza maison. Rien à dire sinon que, pour éviter un "plan basket", il faut payer avant de manger. O tempora ! o Mores ! Mais c'est au San Jose que Georges se fait enfin plaisir devant une grande coupe de glace aux trois parfums, langues de chats et salade de fruits. Tout est pour le mieux. Pays Province Date Récit La visite de Resistancia terminée, nous décidons de rentrer au camping municipal. Nous y découvrons un monde fou et des sonos à fond. Une fête est organisée cette nuit dans le parc public. Le bruit est déjà insoutenable. La nuit sera sans toute infernale. Nous décidons de prendre la fuite malgré la nuit payée d'avance. Nous sommes vraiment désolés pour l'invitation de Enrique et Nestor mais nous ne pourrons vraiment pas supporter ce tintamarre tout la nuit. Nous ne reprenons pas la route avec plaisir à presque 16h00. Il fera nuit dans un peu plus de deux heures et nous devons trouver un havre de paix dès que possible. Nous quittons donc Resistencia pour nous diriger vers Corrientes, de l'autre côté du fleuve Parana. Nous traversons le pont qui marque la limite entre les provinces du Chaco et de Misiones. Il nous faut traverser Corrientes avant de nous diriger au sud pour rallier Puente Pesoa où se trouve un petit camping rustique. C'est le moment que choisit un policier à mobylette pour tenter de nous soutirer de l'argent. Gros problème : nous n'avons pas de pare-choc à l'arrière. C'est vrai, les cellules Clémensons, montées sur pick-up, suppriment le pare-choc à l'arrière du véhicule. Or, en Argentine, rien ne doit dépasser du pare-choc, sous peine d'amende. Mais quid ? lorsqu'il n'y a pas de pare-choc du tout ? Manifestement ce n'est pas normal mais l'agent de police n'as pas prévu le cas et ne sait pas trop comment argumenter. Georges lui fait valoir que la police de la frontière nous a autorisé à rouler avec ce véhicule, en l'état, sur le territoire argentin. Nous insistons sur le fait que nous sommes très fatigués et que nous souhaitons trouver avant la nuit un endroit pour nous reposer tranquillement. Il nous confirme qu'il existe bien un camping à Puente Pesoa et qu'il suffira de demande notre chemin au prochain poste de contrôle situé à une dizaine de kilomètres d'ici. Finalement, le pandore nous laisse partir sans autre forme de procès. A-t-il appelé ses collègues du poste de contrôle ? Lorsque nous y parvenons, nous sommes priés de nous arrêter bien sûr. Mais Georges ne laisse pas parler le fonctionnaire et lui demande tout de suite où se trouve le camping. Un peu pris de court, le bonhomme nous indique la piste juste de l'autre côté de la route. Un sourire et un grand merci et nous filons. Nous savons que la police de la province de Corrientes est corrompue et trouve tous les prétextes pour se faire de l'argent. De nombreux camping-caristes en ont fait les frais. Nous trouvons le camping municipal au bout d'une piste de 5 kms. Situé au bord de l'arroyo Riachuelo, l'endroit parait très calme. Nous espérons pouvoir nous y reposer enfin. La nuit est déjà tombée, lorsque nous percevons une soudaine animation. Un groupe de jeunes vient installer ses tentes tout près du camping-car. Le silence n'est pas de mise. Les animateurs proposent des jeux. Jusqu'à une heure du matin nous avons droit à des cris, des applaudissement et des coups de sifflets. Ils ne dorment donc jamais ces argentins ? Nous commençons à nous demander si la fréquentation des camping est vraiment une bonne idée pour nous qui apprécions la tranquilité et le silence. XXXXXX Argentine Corrientes 10/09/2011 Le camp de jeunes s’est adonné à des pratiques ludiques jusqu’ à 1 heure du matin et c’est le branle-bas de combat dès 7 heures. Nous n’avons guère le temps de paresser. L’aire de camping se remplit rapidement de groupes de jeunes accompagnés de religieux. Puis, ce sont les jeunes couples en mobylette, les familles en voiture. Chacun ouvre grand les portes de son véhicule avec l’autoradio á pleine puissance. C’est à celui qui couvrira le bruit des autres. Chacun s’affaire autour des fogones pour faire griller les asados. Nous avons de plus en plus de mal à supporter les mœurs bruyantes des argentins. La fréquentation des campings n’est peut-être pas une très bonne idée, surtout du vendredi soir au dimanche. Il est vrai qu’en France, nous fuyons toujours les campings pour ne pas subir le sans gêne de certain de nos congénères, aggravé par la promiscuité. Il va falloir nous adapter et chercher d’avantage de bivouacs libres sous peine de prendre ce pays en détestation. Nous passons une grande partie de la journée cloîtrés dans le camping-car complètement fermé pour essayer d’endiguer le bruit. Même mes bouchons d’oreilles ne suffisent pas à me préserver. En fin de journée, Georges tente une sortie pour prendre l'air. Mais c'est justement l'heure à laquelle se réveillent les moustiques. Il est obligé de battre vite en retraite. Dommage, nous aurions aimé profiter de ce bel espace vert au bord du rio Riachuelo. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Corrientes 11/09/2011 Le camp de jeunes a encore fait du bruit une grande partie de la nuit mais nous avons tout de même réussi à trouver le sommeil. Nous prenons notre petit déjeuner alors que s’éveillent les premiers autoradios. Nous quittons les lieux en direction du sud. Objectif : Mercedes, à la lisière des Esteros del Ibera au cœur desquels ont été aménagée une réserve naturelle autour d’une lagune. Nous suivons la RN 12 qui relie les chutes d’Iguazu à Buenos Aires, en longeant le rio Paraná et en passant par Corrientes. La route est trop éloignée de la rivière pour que nous puissions l’apercevoir. La chaussée tranche tout droit au milieu des pâturages désespérément plats. Toujours les troupeaux de bovins éparpillés dans le décor. La région semble au premier plan pour la recherche génétique, comme en font foi les grands panneaux plantés sur les bas côtés. Nous passons quelques postes de contrôle de police sans être inquiétés. A Saladas, nous trouvons du carburant à un prix raisonnable mais comme il est rare, sa distribution est limitée à 200 pesos. Nous bifurquons à San Roque pour manger un « milanese » avec une purée instantanée. Ces minces tranches de viande panées sont trop salées, comme tous les plats servis dans les restaurants. Mais nous sommes dimanches et presque tous les comedors sont fermés. Nous n’avons donc guère le choix. Nous empruntons la route provinciale 123. Aux environs de Chavarria, nous traversons de grandes plantations de pins et d’eucalyptus. La région vit ici de la culture du bois. Nous atteignons Mercedes, notre destination finale. La ville abrite un grand sanctuaire dédié à « Gauchito Gil », le fameux gaucho pour lequel nous trouvons des petits oratoires rouges tout le long de notre route. Les argentins vouent un culte passionné à ce personnage qui n’est pas sanctifié par l’Eglise chrétienne. Au XIXe siècle, Gauchito Antonio Gil aurait été un pacifiste qui aurait déserté l’armée. Avant d’être fusillé, il aurait fait des prédictions qui se seraient réalisées. Il semble devenu depuis le « saint patron » des gauchos et paraît vénéré par les automobilistes ainsi que par une grande partie de la population. Le site est encombré par des centaines de véhicules garés de toutes parts. Dans l’aire de camping, les familles font griller leurs asados, dégustent leur maté dans leurs chaises de plein air. Sous un abri, des jeunes gens dansent sur une sorte de musique techno. Avec l’énorme affluence, trois sanctuaires ont été érigés sous des sortes de hangars. Chacun abrite une grande statue du héro national : tenue de gaucho rouge, bandeau rouge autour de ses cheveux longs, grande croix portée comme un sac à dos. Toutes les surfaces disponibles sont tapissées d’ex-votos en métal remerciant Gauchito Gil pour ses bienfaits. Le personnage croule sous les offrandes : cierges rouges, drapeaux rouges, bouteilles de vin et de soda mais aussi photos de la famille ou des amis, plaques d'immatriculation. Sur les statues, les marques d’usure soulignent le passage des dévots qui se pressent ici depuis des dizaines d’années pour toucher leur idole. Nous visitons un petit musée complètement kitch. Des milliers d’argentins sont venus y déposer des cadeaux en remerciement. Au plafond sont accrochés des dizaines de robes de mariés devenues poussiéreuses avec les années. Des maillots de joueurs de football sont également suspendus en l’air. Une tenue de foot, sans doute particulièrement prisée, est même exposée sous verre. Les visiteurs font la queue pour photographier le cadre comme si c’était le tableau de la Joconde au Louvre. Des coureurs cyclistes ont offert des vélos, alignés sur un support. Tous les murs sont tapissés de lettres de remerciements, d’ex-votos et de photos. Un petit espace est également dédié au recueillement. Complètement fou ! Personne ne quitte le sanctuaire sans avoir acheté un petit ou un grand souvenir made in China proposé par les nombreux marchands qui entourent le sanctuaire. On trouve de tout dans cette sorte de petit souk. Les statuettes et statues de Gauchito Gil côtoient les petits chats chinois porte-bonheurs qui saluent en agitent leur patte. Des passementeries chinoises sont ornées d’une effigie du « saint » et pendent au dessus des tasses à maté estampillés au nom du héro. Bracelets, colliers, croix, drapeaux, chapeaux, écharpes, voitures miniatures, poupées en plastique, armes en plastique et mille autres babioles s’entassent sur les étales. Nous choisissons un petit porte-clefs pour marquer notre passage. Pays Province Date Récit Mais nous ne dormirons pas à Mercedes au milieu de ce tohu-bohu. Après un plein d’essence hors de prix dans ce coin perdu de campagne, nous nous engageons sur la piste qui conduit à la Reserva Ecologica Ibera. Nous roulons au milieu des estancias lorsque nous apercevons soudain des grosses bêtes étranges, sur deux pattes, qui longent les clôtures sur les bas côtés. Ce sont des nandous, ces gros oiseaux coureurs qui ressemblent aux émeus. Nous sommes tout surpris de trouver ce genre d'animaux ici. Nous les pensions endémiques de l'Australie ou de l'Afrique. Nous scrutons le paysage pour trouver un emplacement où passer la nuit. Difficile lorsqu'on se déplace entre deux rangées de fils de fer barbelés. Finalement, nous trouvons un espace près d’une école qui semble à l’abandon. L’endroit est suffisamment éloigné de la piste pour que nous ne profitions pas des nuages de poussière soulevés par le passage des voitures. Le moteur éteint, nous goûtons un silence presque absolu. Juste des vaches dans les champs, quelques oiseaux et un chien noir qui vient nous accueillir avec de grandes démonstrations d’affection. Des moutons broutent en liberté le long de la route. Nous profitons du calme enfin retrouvé. XXXXXX Argentine Corrientes 12/09/2011 Un nandou fait son jogging matinal. Il passe en courant devant le camping-car et s'éloigne à l'horizon. Plus placide, un gaucho nous dépasse au pas de sa monture. Grandes bottes de cuir brun, béret rouge et blanc, longue écharpe rouge en bandoulière. Nous quittons la petite famille de chiens qui nous tient compagnie depuis la veille : deux bâtards noirs et leur petit chiot beige sur lequel ils veillent avec bienveillance. 80 kilomètres de piste nous attendent jusqu’à la réserve. La chaussée fait l’objet de gros travaux et il est probable qu’elle sera bientôt asphaltée. Pour l’instant nous laissons un panache de poussière rouge dans notre sillage. Dans les champs mouillés de marécages, nous pouvons admirer des grues, des vanneaux et toutes sortes de hérons. Stop. Marche arrière. J’ai repéré un crocodile sur la rive du marigot qui borde la route. La bestiole a une longue queue mais une gueule très courte, comme si elle s’était prise un mur en pleine face á grande vitesse. Elle se laisse photographier avec complaisance. Nous repartons. Quelques kilomètres plus loin, nous atteignons la laguna de Ibera, au sein de la réserve. Le centre d’accueil est fermé. C’est l’heure de la pause. Nous traversons la lagune sur une digue de terre rouge et un pont en bois aux planches pourries. Nous voilà à la Colonia Carlos Pellegrini. Un camping grand luxe nous attend. Pelouses impeccables, petites cabanes au toit de chaume abritant fogones pour faire les asados, tables, bancs, branchement électrique. Cher mais idyllique. Après notre repas, nous entreprenons une promenade et retraversons la digue à pied. Nous avons repéré deux sentiers qui partent du centre d’interprétation. Le premier passe à travers un bosquet qui abrite des singes. Nous avons la joie d’en découvrir toute une famille qui s’agite dans les feuillages. Un bruyant groupe de touristes argentins vient nous gâcher un moment le plaisir. Devant les exclamations et les cris, les singes grimpent le plus haut possible dans les arbres. Nous devons attendre un long moment après que le troupeau humain se soit éloigné pour les voir réapparaître. Ils sont magnifiques au milieu des rameaux de fleurs roses, sur fond de ciel bleu. Pays Province Date Récit De retour, nous retrouvons une petite famille de capibaras que nous avions déjà surpris sur les pelouses du centre d’interprétation. Ces sortes de cobayes marron, gros comme des cochons, broutent patiemment sous l’œil attendri des touristes. Nous prenons le temps de faire une dernière balade sur le deuxième sentier aménagé qui serpente dans la forêt à la lisière de la lagune. Au bout d’une longue passerelle de bois, nous surprenons soudain un tatou. Nous n’en avions absolument jamais vu en réalité, pas même dans un zoo. Nous sommes fascinés par cet extraordinaire animal caparaçonné. Instant magique avant que le tatou ne s’éloigne dans les hautes herbes. Plus loin nous découvrons de nombreux capibaras au bord de l’eau et, dans les fourrés, nous distinguons une biche. Le soleil s’approche de l’horizon. Il est temps de rebrousser chemin. Nous passons à nouveau la digue à la lumière rougeoyante du soleil couchant. Des loutres traversent devant nous, sautent le muret et vont se couler dans l’eau de l’autre côté de la piste. Nouvelle séance photos. Elles pointent leur museau hors de l’eau pour nous regarder avec une curiosité bien partagée puis glissent dans l’onde où nous n’apercevons plus que leur sillage. Quelques martins pêcheurs profitent des derniers rayons du soleil, perchés sur les fils électriques. Des vanneaux manifestent leur mécontentement. Nous devons être près de leur nid. Alors que le soleil vient de disparaître complètement, un vrombissement s’élève dans l’air. Nous mettons du temps à réaliser qu’une immense colonne de moustiques, sans doute prise entre les courants d’air venus des deux côtés de la lagune, survole la digue dans toute sa longueur. Nous sommes pris dans un tourbillon d’insectes. Heureusement que nous avions eu la bonne idée de nous couvrir de répulsif ! Nous rentrons donc sans encombre au camping. Dans la pénombre, nous faisons connaissance avec un couple d’argentins venus de Buenos Aires dont le véhicule est garé à côté du nôtre. Il est avocat et est venu se détendre ici avec sa femme, l’espace d’une nuit. En deux jours, 900 kilomètres aller, 900 kilomètres retour. Drôle de façon de se détendre. Mais il paraît qu'il faut avoir vu la lagune au moins une fois dans sa vie. Voila, ils l’ont fait. Maintenant, ils vont faire griller leur asado sur un fogone au bord de la lagune. Devant les attaques en règle menées par les moustiques, nous rentrons nous mettre à l’abri dans le camping-car. XXXXXX Pays Province Argentine Corrientes Date 13/09/2011 Récit Le couple d’argentins de la veille a plié bagages. Sur le ponton d’embarquement pour les promenades en bateau sur la lagune, nous faisons la connaissance d’une petite famille très cosmopolite : la grand-mère est suisse, le grand père anglais et les deux petits enfants argentins. Bien sûr Alex, Françoise, Inaqui et Morena sont tous polyglottes. Les grands parents leur parlent en français et en anglais aux enfants de leur fille. Ceux-ci, échangent en espagnol dans la vie de tous les jours et ils suivent un cursus scolaire en allemand. Ce sont déjà de jeunes citoyens du monde. Nous partageons la barque avec un jeune couple argentin et leur petite fille de quelques mois ainsi qu’un couple suisse venu de Buenos Aires en vélo. Sans oublier Enrique qui nous pilote à travers les roseaux qui bordent la lagune. Pour la première fois depuis le début de notre voyage, nous ne sommes pas déçus par une excursion en barque. Nous avons l’occasion d’admirer une faune abondante et en particulier des « yacarés ». Ces gros crocodiles hantent les rivages par centaines. Nous avons l’occasion de les approcher de très près, jusqu’à voir le fond de leur gorge. A l’avenir, en ce qui concerne les crocodiles, nous pourrons juste nous interroger : sont-ils plus gros, sont-ils plus nombreux qu’à la laguna de Ibara ? Ce sera notre point de référence. Il y en a tellement que nous finissons par arrêter de les photographier pour nous contenter de les observer. Au sommet d’un palmier isolé se tient un majestueux jabiru en smoking blanc et nœud papillon noir. Il veille sur sa couvée dans son gros nid en branchage, assez semblable à celui des cigognes. Les capibaras nous regardent passer d’un air placide. Plus loin, sur la terre ferme, des nandous s’adonnent à une parade nuptiale. Cormorans, grands hérons blancs et martins-pêcheurs s’envolent à notre approche. D’autres oiseaux, inconnus, se fondent dans les roseaux. 3 heures inoubliables. Nous croisons une énorme toile d’araignée d’où partent des fils de plusieurs mètres de long. Au cœur de la toile, comme dans un cocon transparent, des centaines de minuscules araignées rouges et noires. Ce grouillement est impressionnant. Ce sont des araignées dites « coloniales ». Mais où est donc la mère de cette monstrueuse couvée. Si on en juge par la taille de la toile, on l’imagine affreusement énorme. Petit frisson d’horreur. De retour au camping et après notre repas de midi, nous passons un long moment avec Alex et Françoise qui nous donnent des conseils sur notre itinéraire dans leur pays. Puis, pendant que Georges fait du ménage, je décharge nos photos sur l’ordinateur et prépare quelques fichiers pour les envoyer en France dès que nous trouverons une connexion internet. Nous savourons une paisible soirée, calme et silencieuse. XXXXXX Pays Province Argentine Corrientes Misiones Date 14/09/2011 Récit Dernier jour dans la réserve. Aujourd’hui, nous passons dans la province de Misiones où se trouvent les chutes d’Iguazu. Nous faisons nos adieux à Françoise, Alex et aux enfants qui ont décidé de rester ici un jour de plus. Il est déjà presque 11 heures lorsque nous quittons les lieux. Nous devons parcourir une piste de 130 kilomètres avant de remettre les roues sur le goudron. Nous roulons dans un nuage de sable lorsque nous croisons un land rover aménagé, immatriculé en France. Se sont Cathy, Olivier et Gwenaël, originaires de Bourg en Bresse qui ont débarqué à Buenos Aires le mois dernier. Ils ont pris un congé de 2 ans pour explorer le continent américain du sud au nord, à l’inverse de nous. Il y a peu de chance pour que nous les rencontrions à nouveau. Après le sable beige, nous pataugeons dans du sable rouge, la « tierra colorada » de la province de Misiones. Nous atteignons une zone d’exploitation forestière avec de grandes parcelles de pins de toutes les tailles. Les « aserraderos » (scieries) sont nombreuses et les camions chargés de grumes laissent derrière eux un panache de poussière rouge. Nous atteignons enfin la RN 14 et passons devant l’estancia de Las Marias. Célèbre dans la région, elle offre aux visiteurs l’exploration de ses plantations de yerba maté. Les provinces de Corrientes et Misiones détiennent le monopole de la culture de l’herbe à maté dont l’infusion sert de boisson nationale aux argentins. Les champs ressemblent tout à fait aux plantations de thé qu’on imagine en Inde. Nous arrivons dans la petite ville de Gobernador Igor V. Virasoro (il n’y a que les argentins pour inventer des toponymes pareils). Celle-ci se proclame la capitale du « çebu ». Nous avons du mal à comprendre qu’il s’agit du zébu, la vache blanche avec une bosse sur le dos, d’origine indienne que l’on dit aussi de race brahmane. En fait, c’est le même type de vache que nous avons vu dans tous les pays tropicaux du continent américain. A la recherche d’un camping, nous nous dirigeons vers Apostoles. Heureusement que la route est asphaltée car le sol est d’un rouge incroyable presque fluorescent. Nous arrivons dans la « capitale de la Yerba Maté » et trouvons rapidement la direction du camping municipal. Les 9 kilomètres de piste parachèvent la teinte « colorada » (rouge) du camping-car. Mais le plus beau est à l’intérieur. Tout est couvert d’une pellicule rouge, du sol au plafond. Le sable s’est infiltré dans les moindres interstices, dans les placards, dans l’évier, la cuisinière, les toilettes. Nous sommes astreints à un nettoyage intensif avant de pouvoir utiliser quoi que ce soit. Nous profitons enfin de la sérénité au bord de l’arroyo Chimiray. L’endroit est calme et propre et la température idéale. Cerise sur le gâteau, le camping est gratuit. Un employé municipal s’approche pour faire un brin de causette et nous vanter les beautés de sa région. Il nous conseille de visiter la « casa del Maté » avant de repartir demain. XXXXXX Pays Province Argentine Misiones Date 15/09/2011 Récit Avant de quitter Apostoles, nous nous rendons à la maison du Maté pour obtenir des informations sur la région. Devant la casa del Maté, deux grands distributeurs d’eau chaude en forme de tasse à maté. Tous les riverains viennent ici remplir leurs thermos pour pouvoir alimenter leur infusion de yerba maté. Nous nous apercevrons par la suite qu’il y a des distributeurs d’eau chaude un peu partout et en particulier dans les stations services. Tout le monde se promène avec son « maté » (la tasse), la « bombilla » à la bouche. La bombilla est cette sorte de paille métallique avec laquelle on aspire l’infusion, en dessous des feuilles qui surnagent dans le maté. Le bout de la bombilla, plongé dans le liquide, est muni d’un filtre (comme une boule à thé) qui empêche d’aspirer la yerba. Nous sommes chaleureusement accueillis au comptoir de la casa. L’employé nous donne toutes les explications que nous souhaitons sur le maté. Nous apprenons ainsi que la meilleure tasse à maté, l’originale, est fabriquée à partir d’une petite calebasse, un fruit évidé. Elle est légère et garde bien la chaleur sans brûler les doigts. Mais bien sûr, sa forme en amphore nécessite un support pour pouvoir être posée. Les tasses en bois présentent l’inconvénient de se fendre lors des chocs thermiques. Celles en métal brûlent les doigts. Certaines sont en verre recouvertes de cuir. En fait, il en existe de toutes les formes, de toutes les couleurs dans toutes sortes de matières et pour tous les goûts. A part cela, la yerba maté est un excitant comme le café et est un peu addictif. Mais c’est une boisson probablement plus saine que le célèbre soda nord américain que les argentins boivent aussi dans des quantités phénoménales. Après ce cours instructif sur la yerba maté, l’employé du point d’information nous conseille de poursuivre notre chemin vers l’Est en empruntant la route provinciale n°2 qui longe le rio Uruguay, à la frontière avec le Brésil. Avant de partir, nous goûtons une infusion de « maté cocido », du maté en sachet, comme le thé. Le goût n’est pas désagréable mais peu différent des autres infusions que nous avons l’habitude de consommer. Nous faisons aussi quelques courses au supermarché et achetons un bidon supplémentaire de 20 litres pour augmenter notre réserve de carburant. Cela nous donnera plus de liberté pour emprunter des chemins de traverse. Nous rejoignons la frontière brésilienne au milieu des champs de yerba maté et des plantations de pins. Malgré quelques palmiers, le paysage ressemble assez à ceux rencontrés dans notre Massif Centrale. A l’approche de San Javier, nous longeons quelques champs de canne à sucre et des plantations de bananes. Ce mélange de végétations est vraiment surprenant. Nous dépassons le village et faisons halte près d’un mirador pour admirer le fleuve Uruguay. Sur l’autre rive, nous voyons la campagne brésilienne, copie conforme de celle que nous avons de ce côté ci. Sur le parking, un camion rouge et bleu. Le chauffeur surgit de la végétation qui borde le fleuve en dessous du parapet. Il vient chercher de quoi se fabriquer une canne à pêche de fortune. Il paraît qu’il y a plein de poisson dans ce coin. Nous nous apprêtons à repartir lorsqu’une voiture argentine s’arrête. . Une femme en descend et nous interpelle en français. C’est Axelle. Elle revient d’iguazu où elle a été chercher sa nièce, arrivée d’Europe en avion. Axelle est belge et vit depuis 1 an à San Javier avec toute sa famille. Elle nous invite aussitôt dans son domaine « el Arbol » sur lequel elle construit des cabanes dans les arbres pour les touristes argentins avec son mari Eric. Axelle et Eric ont voyagé pendant 2 ans dans un bus aménagé avec leur 4 fils en 2007-2008 (voir le site internet « six-en-car »). De retour en Belgique ils ont fait le choix de changer de vie. La maison et l’officine de pharmacie vendues, ils ont acheté un bout de terre à San Javier pour tenter de monter une activité touristique. Charly, Archibald, Arsène et Merlin, les 4 garçons ont maintenant un petit frère, Phileas, conçu au Maroc, à la fin de leur voyage. Les 4 aînés vont maintenant à l’école à San Javier et parlent couramment le castillan. Pour l’instant, la famille vit dans une vieille maison de bois pleine de courants d’air qui devrait plus tard être transformée en restaurant. Il est prévu que chacun dispose d’une cabane dans les arbres pour s’installer définitivement. Mais pour l’instant, il faut construire les cabanes pour les touristes. Deux sont pratiquement terminées. Elles sont reliées u future restaurant par une longue passerelle de bois qui permet de traverser le champ lorsqu’il est inondé par les subites montées des eaux de la rivière toute proche Axelle et Eric emploient des ouvriers du village. Mais ils sont aussi aidés dans leur entreprise par des travailleurs volontaires. Le principe est simple : travail contre nourriture et logement. Idir, Tony et Émeric sont ici depuis 9 mois. Ils avaient prévu de rester ici 1 mois et ont finalement posé leurs sacs à dos plus longtemps que prévu. Mais ils comptent repartir bientôt pour poursuivre leur visite de l’Amérique latine, à peine commencée. Dylan et David, 2 sud africains sont venus leur prêter main forte. Il leur faudra encore quelques temps pour s’adapter et apprendre quelques mots de castillan. Nous connaissons maintenant toute la maisonnée, 11 mâles et 1 femme, Axelle renforcée maintenant par Amandine, la nièce, tout juste débarquée d’Europe. Elle doit passer ici une année scolaire pour parfaire son espagnol. Elle logera dans une cabane perchée. Pays Province Date Récit Eric nous emmène visiter sont domaine. Il nous explique que les propriétés sont divisées en « chacras », des carrés de terre tous de la même dimension. Chaque propriété est constituée d’un certain nombre de chacras. Si le chacras comporte un point d’eau, il a plus de valeur puisqu’il est plus facile d’irriguer et d’abreuver le bétail. Pas question d’entrer dans le chacras de son voisin sans autorisation. On risque de se faire recevoir à coups de fusil. Chaque chacras est entouré de clôtures. Mieux vaut ne pas passer les clôtures qui entourent la d’Eric et Axelle. Au-delà, c’est la forêt à l’infini et il est très facile de perdre tous ses repères. Il nous raconte qu’un homme du pays s’est ainsi perdu pendant 3 jours. Quant à nous, nous le suivons consciencieusement. Toute la végétation revêt une couleur brune jusqu’à au moins 4 mètres de haut. Eric nous explique que c’est de la boue. Chaque lâcher de barrage sur le rio Uruguay entraîne une brusque montée des eaux qui gonfle le petit arroyo de la propriété. Celui-ci monte alors brusquement et inonde une grande partie de la propriété, noyant les arbres sous plusieurs mètres d’eau et isolant la maison sur une île. Impressionnant ! Heureusement que cela ne se produit que 10 fois par an ! Nous terminons notre petite excursion en pataugeant dans la boue. Lorsque nous sommes de retour dans la maison, je pars avec Axelle faire quelques courses à San Javier. Il y a 15 bouches affamées à nourrir pour ce soir. Ce sera pizzas et glaces. Nous sommes accompagnés par Idir qui sert de nounou à Phileas. Nous passons devant l’usine qui traite la canne à sucre. Il s’en échappe une forte odeur d’alcool. Noua achetons 8 fonds de pizza et de quoi les garnir ainsi que 3 kilos de glace en vrac. Ca devrait suffire. Au retour chacun se met à l’ouvrage pour préparer le repas puis nous nous attablons sous la véranda autour de la grande table de bois. En fin de soirée, Eric nous montre le livre qu’il a constitué avec les photos de leur voyage. Il est 10h30. Nous n’avons pas vu le temps passer. Il est temps de nous coucher. XXXXXX Argentine Misiones 16/09/2011 Il fait de plus en plus chaud. Axelle et Eric pensent qu’il va pleuvoir. Nous prenons notre petit déjeuner sous la véranda, autour de la grande table. Les enfants sont partis à l’école. Comme il y a trop d’élèves, les cours se font en deux temps. La moitié des enfants va en classe de 7 heures à 12 heures, l’autre moitié de 14 heures à 19 heures. Avec les chemins boueux, quand il pleut trop, l’école est vide. Les enfants d’Axelle et Eric sont répartis dans 3 écoles différentes en fonction de leur âge. Charly a 19 ans et rentrera l’année prochaine à l’université. Archibald a 17 ans, Arsène 14 et Merlin 12. Le petit Phileas, conçu pendant le voyage, reste encore à la maison. Je passe un grand moment avec lui pour lire des histoires dans des livres pleins de couleurs. Il comprend déjà fort bien le castillan. Pendant ce temps, Georges s’adonne a du petit bricolage dans le camping-car. Les travailleurs volontaires s’éveillent lentement et ne sont vraiment sur pied que lorsque les enfants reviennent de l’école. C’est l’heure de faire honneur aux provisions qu’Axelle a rapporté du village. Les travailleurs locaux, eux, sont à l’œuvre depuis le matin. C’est le moment de la pause. J’ai profité de la matinée pour m’occuper du lavage de notre linge et celui de toute la maisonnée. Axelle est vraiment surchargée de travail et je me demande comment elle arrive à tenir le coup. Après le repas, les enfants profitent de la piscine avec quelques copains venus du village. Georges et moi nous installons pour tenter une connexion internet. Le débit est extrêmement faible mais nous réussissons notre à consulter notre boîte e-mail. Finalement, je me promène un peu dans le domaine pour réaliser quelques photos des installations. Le travail accompli ici en 10 mois est extraordinaire mais il y a encore du pain sur la planche avant de pouvoir ouvrir les installations au tourisme. Axelle et Eric sont vraiment courageux et nous leur souhaitons une belle réussite. A la tombée de la nuit, 15 bouches affamées passent de nouveau à table. La quantité de victuailles engloutie est assez impressionnante. Nous finissons la journée en échangeant nos expériences avec Axelle et Eric. Nous leur demandons de signer notre livre d’or. Demain, nous reprenons la route. XXXXXX Pays Province Argentine Misiones Date 17/09/2011 Récit Il pleut. Le chemin d’accès à la maison commence à se transformer en petit ruisseau. Mieux vaut ne pas trainer si nous ne voulons pas rester coincés ici. Nous sommes samedi. Pas d’école. La famille paresse dans la maison pendant que les ouvriers attendent dehors dans l’espoir d’avoir du travail aujourd’hui. Nous faisons nos adieux et partons en pataugeant dans l’herbe spongieuse. La sortie du domaine se transforme en exploit sportif. Je dois plonger les mains dans la boue pour extraire la corde qui maintient la barrière fermée. La pluie tombe à seaux. Le chemin s’est transformé en patinoire. Le sol est encore ferme mais la pellicule de boue rouge annule toute tentative pour diriger raisonnablement la voiture. Nous avançons en crabe, en chassant de droite et de gauche. La moindre côte est une épreuve. Nous arrivons avec soulagement sur la chaussée asphaltée. Il nous faut maintenant trouver un endroit pour faire le plein de carburant. Hier, les 2 stations du village étaient à sec. L’enseigne YPF est approvisionnée mais la file d’attente est si longue qu’il faut compter au moins ½ journée de patiente pour atteindre les bornes en espérant arriver avant que les cuves ne soient vides. D’antiques camions chargés de cannes à sucre semblent faire la queue ici depuis des heures. En revanche, l’autre station, qui vend de l’essence plus chère, est vide. Ici, le diesel se vend 1 pesos de plus par litre et la plupart des gens n’ont pas les moyens de se l’offrir. Nous faisons le plein et en profitons pour remplir le bidon supplémentaire acheté à Apostoles. Nous découvrons donc un circuit de distribution de carburant à deux vitesses : un pour les riches et un pour les pauvres qui doivent patienter des heures pour obtenir quelques gouttes du précieux liquide. Nous repartons sur la RP n°2 sous une pluie battante. Après quelques tristes photos du rio Uruguay sous l’averse, nous abandonnons l’idée de visiter le parc national de Mocona dans lequel se trouve une cascade longue de 3 kilomètres. Nous décidons de retourner sur la RN n°14 pour "faire de la route " et nous rendre le plus rapidement possible aux chutes d’Iguazu. Nous traversons plusieurs plantations de yerba maté avant de retrouver la route principale. Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas subi autant de pluie. Nous décidons de nous remonter le moral en mangeant dans une petite parrilla en bord de route à « 2 de Mayo », encore un village au nom bizarre. Comme d’habitude, on nous sert de la viande grillée à volonté jusqu’à ce que nous criions grâce. Nous repartons, toujours sous la pluie et recherchons un camping pour la nuit. Mais ici toutes les installations dites « agrotouristique » se situent au bout de longues pistes de terre rouge et nous n’avons pas du tout envie de renouveler les glissades de ce matin. Finalement, A San Vicente, nous décidons que nous en avons assez fait pour la journée et nous nous installons sur une pelouse arborée devant une usine de transformation de yerba maté. Nous sommes dimanche, tout est fermé. Nous serons sous la protection de Gauchito Gil pour lequel un grand oratoire a été dressé ici. Je suis déjà entrée dans le camping-car lorsque Georges m’interpelle. Il a besoin de mon aide à l’extérieur. Je m’équipe à nouveau pour la pluie et sort pour aussitôt m’affaler dans la boue. J’ai glissé sur le marche pied détrempé. J’en serai quitte pour un gros bleu dans le dos et un pantalon bon pour la lessive. Quant à Georges, il se débat avec le nouveau bidon d’essence. Mal refermé, il a laissé échapper du diesel sur la banquette arrière. Heureusement qu’elle est protégée par des bâches plastique et des planche de bois. Il faut néanmoins tout nettoyer et l'odeur est écœurante. Il va falloir aérer plusieurs jours avant de retrouver un air respirable dans l’habitacle de la voiture. Quant au camping-car, il est devenu infâme, couvert de boue rouge et on ne peut pas le toucher sans se maculer de taches, surtout à l’arrière où se trouve justement la porte d’entrée. C’est donc avec plaisir que nous laissons le mauvais temps et la saleté dehors pour nous installer au sec dans notre cocon. XXXXXX Pays Province Argentine Misiones Date 18/09/2011 Récit Nous espérons rejoindre Puerto Iguazu dans la journée. La RN 14 traverse la campagne jusqu’à San Pedro, un village de maisons en planches mal équarries aux couleurs de la boue environnante. Les cabanes ressemblent aux cases créoles sur pilotis mais la plupart sont moins colorées et pimpantes. Après San Pedro, nous entrons dans la zone occupée par les communautés guaranis, un des derniers peuples indigène d’Argentine. Nous les découvrons dans la forêt tropicale après avoir traversé de grandes plantations de conifères. Des familles se sont installées sur le bord de la route pour tenter de vendre un peu de vannerie mais surtout des plants d’orchidées arrachés à la forêt. Ils habitent les mêmes cabanes de planches boueuses. Bien sûr, toutes les Eglises de la planète se sont donné rendez-vous ici pou sauver ces âmes perdues : évangélistes, adventistes, baptistes et autres mouvements religieux aux noms très inventifs. Pour l’instant, les enfants pataugent pieds nus dans la boue en espérant recevoir quelques miettes du monde « civilisé ». Nous retrouvons un paysage ordonné en approchant d’Eldorado où nous faisons halte pour manger avant de prendre la RN 12, la grande voie qui relie Buenos Aires à Iguazu. Les contrôles de police et de gendarmerie sont réguliers tout au long de la route. La RN 12 longe la frontière paraguayenne sur des centaines de kilomètres et génère sans doute des trafics en tous genres. Nous passons Wanda, cité minière célèbre pour ses pierres semi-précieuses. Bien sûr, l’activité principale de la ville est la transformation et la vente de pierres aux touristes de passage. Peu après, nous traversons le lac Uruguay sur la digue qui retient les eaux de ce grand réservoir. Nous poursuivons notre chemin alors que de grands tourbillons de papillons jaunes se soulèvent sur notre passage. Nous arrivons finalement à Puerto Iguazu pour nous installer dans la zone hôtelière, au Complejo Turistico Americano. Hormis un camping-car argentin, le camping est vide. Nous choisissons un emplacement d’où nous pouvons capter internet. C’est ainsi que nous avons la joie de pouvoir téléphoner à notre famille en France. Ce qui nous fait grand bien car nous avons un peu le moral en berne. XXXXXX Argentine Misiones 19/09/2011 Lorsque nous nous réveillons, l'orage gronde. Un petit coup d'œil au bulletin météo sur internet nous apprend que la journée sera pluvieuse et celle de demain encore d'avantage. Un semblant de beau temps devrait revenir mercredi. Nous décidons de repousser notre visite aux chutes d'Iguazu. Aujourd'hui, nous nous contenterons d'aller faire un tour à Puerto Iguazu. Nous empruntons le bus jaune qui conduit directement dans la ville et nous nous rendons tout d'abord au "Hito de Las Tres Fronteras". Au confluent des rios Parana et Uruguay se dresse un obélisque blanc et bleu qui marque le point de rencontre entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay. Photos souvenir. Nous rejoignons le centre ville à pied et immortalisons au passage le paseo de la Identitad, un ensemble de 7 bas reliefs en ciment réalisé par des artistes pour symboliser l'identité du peuple guarani. Puis nous nous baladons dans les rues, musant dans les innombrables magasins de souvenirs à la recherche de la breloque que nous pourrons accrocher sur notre vide-poches. Chaque petit souvenir peut maintenant servir de support pour raconter les dizaines de petites aventures que nous avons vécu pendant notre voyage. Aujourd'hui, nous achetons une minuscule tasse à maté. Nous faisons également l'acquisition de 3 grandes tasses traditionnelles, taillées dans des calebasses ainsi que 3 bombillas. Ce sont de grandes "pailles" métalliques, terminées par un filtre qui sert à aspirer le maté sans avaler la yerba maté qui infuse dans l'eau. Nous en ferons cadeau à nos enfants dès que possible. Nous finissons la visite par un repas au restaurant avec un "menu del dia" : milanese, fritas et budin (boudine) de pan, le repas type dans un comedor ordinaire. Nous avons mis du temps à comprendre que le "budin" était la déformation du mot "pudding" et désignait une sorte de flan réalisé à base de pain. Avec un peu de "dulce de leche", il se laisse manger. Nous rentrons à pied par la RN 12. La chaleur humide est harassante et nous arrivons épuisé au camping. La journée se termine par un orage et sous des trombes d'eau. XXXXXX Pays Province Argentine Misiones Date 20/09/2011 Récit La pluie est tombée toute la nuit. Les gouttes ont crépité sur le toit du camping-car. Le temps ne s'est assagi que ce matin. La météo annonçant des averses toute la journée, nous avons décidé de faire un brin de grasse matinée. Le temps de prendre notre petit déjeuner et de nous préparer, il est déjà midi. Nous nous installons devant nos ordinateurs respectifs. Moi pour continuer le tri de nos photos, Georges pour surfer sur internet. Après un repas pris à l'heure argentine, Georges fait le plein et les vidanges du camping-car. Puis nous nous remettons devant notre petit lucarne jusqu'à la fin de la journée. Un jour de repos complet aura vraiment été le bienvenu. Mais la météo nous avait menti. La pluie n'a pas fait son apparition de toute la journée. Nous espérons que le beau temps annoncé demain sera bien au rendez-vous pour visiter les chutes d'Iguazu. XXXXXX Argentine Misiones 21/09/2011 Réveil à 6h00. Aujourd'hui, c'est le premier jour du printemps austral et le premier jour de l'automne en France. Nous voulons profiter au maximum de cette journée ensoleillée qui s'annonce. Nous nous postons en face du camping pour guetter les bus "amarillos" (jaunes) qui font la navette entre Puerto Iguazu et le parc national. Nous sommes à la fin de la zone des hôtels et lorsqu'il s'en présente un, il est déjà plein comme un oeuf. Les passagers serrent les rangs et nous parvenons à nous installer dans un équilibre précaire sur les marches de la porte avant. Nous voilà partis pour une douzaine de kilomètres de route. Le bus nous dépose à l'entrée du parc. Il est 9h00 et il une queue s'étire devant la billetterie. Munis de notre plan du site, nous nous dirigeons vers la "estacion centrale", le point de départ du petit train de la selva qui dessert le circuit pédestre supérieur, puis, au delà, les miradors de la "Garganta del Diablo" (la gorge du Diable). Pendant le quart d'heure d'attente, nous sommes distraits par les innombrables coatis chapardeurs qui tentent de voler de la nourriture dans les sacs des visiteurs. Un touriste qui avait déposé son panier pique-nique au sol a bien du mal à déloger un animal qui s'est glissé à l'intérieur et montre les dents pour défendre sa prise. Nourris par les visiteurs, les coatis se sont multipliés et sont devenus plutôt hargneux si on ne leur donne pas satisfaction. Un petit train de parc d'attraction entre en gare au son de la petite cloche actionnée par le chef de quai. Prochain arrêt, la "esetacion Cataratas". Changement de train. Nous prenons la suite d'une file immense pour prendre le tortillard qui conduit à la dernière station. 3/4 d'heure d'attente. Des singes jouent les intermèdes sur le toit du bar. Ils sont immédiatement mitraillés, très pacifiquement par tous les appareils photos environnants. Les passagers sont priés de s'installer à 4 par banc. Nous laissons parti un premier train pris d'assaut pour prendre le suivant, aussi plein que le précédent. Nous voici à l'ultime station. C'est maintenant l'heure de la queue aux toilettes avant d'entamer la promenade jusqu'à la "Garganta del Diablo". Nous allons enfin pouvoir admirer les chutes d'Iguazu. Nous suivons les passerelles métalliques qui enjambent le rio en s'appuyant sur les petits îlots semés au milieu du courant. 1,5 kilomètres au dessus des eaux qui filent en direction des chutes. Les cataractes se signalent au loin par un nuage de gouttelettes d'eau puis, par un bruit assourdissant. Il est temps d'enfiler les capes de pluie pour nous protéger. Une foule énorme se presse sur les miradors qui dominent les eaux en furie. Le Diable avale avec fracas les millions de litres d'eau qui lui tombent dans la gorge. Des milliers d'hirondelles bleues volent en tous sens au coeur de ce vacarme. Sur les plateformes, des photographes professionnels se promènent avec des escabeaux pour prendre les touristes en vue plongeante avec les chutes en arrière plan. Après cette bonne douche et ce bain de foule, nous faisons une pause pour enlever les imperméables et retourner à la gare. En chemin, j'ai le plaisir de voir un toucan survoler la rivière. Pays Province Date Récit Un petit train plus loin, nous voici de retour à la "estacion Cataratas". C'est l'heure de déballer notre pique-nique. Attention aux coatis qui furettent entre les tables. Il faut garder en permanence un œil sur son sac. Nous avions bien besoin de cet en-cas avant de partir nous balader sur le circuit supérieur. Après avoir vu les chutes par le dessus, à la Garganta del Diablo, nous les admirons maintenant par le haut des cascades. Les passerelles longent le bord supérieur des innombrables chutes qui forment un immense cirque avant de se jeter dans la partie inférieure du rio Iguazu. Toujours autant de touristes qui se pressent contre les parapets des miradors. Il est parfois difficile de s'approcher pour contempler le point de vue. Le site est parcouru par des dizaines de groupes de touristes en voyage organisé. Nous rejoignons finalement le circuit inférieur qui permet de voir les cascades par le bas. Un point de vue différent, moins à l'abri de l'eau. Nous dev ons encore une fois enfiler les capes de pluie. Des touristes adoptent une autre tactique et se promènent en petit débardeur, short et tongues pour mieux profiter de l'eau. Nous prenons le chemin de la sortie à pied. Malgré la foule, nous aurons adoré cet endroit. Comme dit Georges, en matière de cascades, il y aura maintenant un avant et un après Iguazu. A partir d'aujourd'hui, il va être difficile de nous étonner avec des catarates. Nous n'en avons jamais vu d'aussi belles et impressionnantes et nous n'en reverrons peut être jamais. Seul l'avenir nous le dira. Nous rentrons au camping pour constater qu'un des feux de la cuisinière ne fonctionne plus et que de l'eau suinte sur le sol depuis le réservoir. Moment de découragement. Nous en avons un peu assez de tous les petits problèmes que nous subissons depuis des semaines, tant sur la voiture que dans la cellule. Il va encore falloir trouver un réparateur, cette fois pour détecter d'où vient la fuite. Après cette belle journée, nous aurions aimé rester sur une note agréable au lieu de subir encore ces soucis. Finalement, Georges parvien à démonter le brûleur de la cuisinière, à le nettoyer et à le remettre en fonction. Reste la fuite d'eau. Nous envoyons un SOS par internet en contactant le forum du "lien amérique du sud" et le site d'une association de camping-cariste argentins à la recherche d'un réparateur. Nous verrons bien. Ce soir, le moral n'est pas au beau fixe. XXXXXX Argentine Misiones 22/09/2011 Nous allons faire le plein des placards au super mercado "Tio Juan" avant de quitter Puerto Iguazu. Le ciel est d'un bleu limpide. Aujourd'hui, nous retournons à l'ouest par la RN 12, le chemin le plus court qui longe le rio Parana et la frontière paraguayenne. Les postes de contrôle de police et de gendarmerie se succèdent tout le long de la route. Les guides touristiques indiquent que les autorités sont à la recherche des trafiquants d'orchidés. Lors d'un contrôle de gendarmerie, nous sommes obligés de descendre du véhicule. Le gendarme ouvre la portière arrière. Il doit être dégoûté par l'énorme pêle-mêle qui s'entasse sur la banquette car il referme aussitôt et se rabat sur une fouille en règle de la place avant, côté passager. Lorsqu'il a fini, nous contrôlons que rien n'a disparu. Mais s'il manquait quelque chose, qu'aurions nous pu faire ? Nous reprenons la route et vers 14h00 nous faisons halte dans une "churrasqueria", à Puerto Rico, chez "Tio Otto". Nous ne savons pas d'où vient le petit Otto. Sans doute d'un pays germanique si l'on en juge par les photos de la bavière qui ornent les murs. Au dessus de la porte d'entrée, des d'étagères supportent une collection de centaines de canettes en aluminium. Chez Tio Otto on se sert à volonté des crudités, des légumes, des pâtes ou des frites au buffet installé au centre de la salle. Le serveur se charge de vous apporter la parillada au fur et à mesure de vos envies et jusqu'à s'en faire éclater la panse. Vous avez fini votre morceau de pollo (poulet), voilà du "vacuño" (du boeuf), du "cerdo" (du porc), du "chioriso" (saucisse) et autres boudins dont nous n'avons pas mémorisé le nom. Végétariens s'abstenir. Nous ne mangerons pas ce soir. Nous décidons de poursuivre notre chemin jusqu'à San Ignacio où se trouvent plusieurs camping et où nous pourrons visiter les ruines d'une mission jésuite inscrite au Patrimoine mondial de l'Humanité. Sur les bas côtés de la route, des guaranis tentent toujours de vendre des plants d'orchidés et un peu de vannerie. Lorsque nous arrivons sur le site, l'endroit est complètement désorganisé. Pas de parking. Des dizaines de bus sont garés dans les rues adjacentes. Un comité de rabatteurs nous propose un parking payant et sécurisé. Nous passons outre et cherchons une place pour stationner en bordure de trottoir. Nous sommes immédiatement assaillis par des guaranis, femmes et enfants qui cherchent toujours à vendre des plants d'orchidés. Un gamin nous demande de l'argent pour surveiller la voiture. Nous hésitons à rester ici. La rencontre entre les misérables guaranis et les touristes met plutôt mal à l'aise. Nous décidons finalement de rester et visiter le site. Au passage d'une patrouille de police, le comité de rabatteurs s'égaye dans la nature. Pays Province Date Récit Passé la billeterie, nous visitons ce qui reste de la mission jésuite du XVIIe siècle. Quelques ruines ont été relevées dans les années 1950 et permettent d'imaginer un peu comment s'organisait la vie des guaranis sous l'influence des jésuites. Une immense cour centrale accessible par un porche. Au fond, l'église flanquée des bâtiments d'habitation des religieux. A droite et à gauche, les alignements de logements pour les guaranis. A l'extérieur de la cour, les ateliers, alignés perpendiculairement au chemin d'accès. Une sorte de cité idéale paternaliste du XIXe siècle, version XVIIe. Il reste à imaginer les dizaines de missions identiques, disséminées dans la forêts vierge entre le Paraguay et l'Argentine actuels. Toute cette belle organisation a été rayée de la carte par les portugais venus du Brésil et du Parguay au XIXe siècle. Aujourd'hui, les guaranis sont complètement aculturés, comme beaucoup de peuples indigènes. Ils n'ont pas pu trouver leur place au sein de la civilisation qui leur est proposée aujourd'hui, comme nous pouvons le constater. Après cette visite déroutante où le passé et le présent s'entrechoquent, nous partons à la recherche d'un camping pour la nuit. Renseignements pris auprès du kiosque d'informations, nous optons pour "Las Jesuitas", réputé pour être le plus calme. C'est un petit camping rustique, envahi par les poules et les chiens. Mais les sanitaires et les abords sont propres. Nous n'en demandons pas plus. Tout serait parfait si le chant de deux tronçonneuses ne venait subitement perturber notre repos. Nous en profitons jusqu'à la tombée de la nuit. XXXXXX Argentine Misiones Corrientes 23/09/2011 L'orage a grondé toute la nuit et la pluie a détrempé tout le camping. Nous reprenons la route sous un ciel gris. Nous nous sommes aperçus que nos billets d'entrée pour la mission jésuite de San Igniacio ouvrait droit à l'accès des 3 autres missions de la région inscrites au Patrimoine mondial de l'Humanité. Celle de Santa Ana se trouve sur notre route et nous décidons de lui rendre visite. Malheureusement, la signalétique est complètement défaillante et nous ratons la voie d'accès aux ruines. Nous ne sommes motivés que par la "rentabilisation" de notre billet. Aussi, nous renonçons à faire demi-tour pour partir à la recherche du site. D'autant que le temps passe vite et que notre visa argentin expire dans deux mois. Il va aussi falloir que nous séjournions quelques jours à une adresse fixe pour recevoir notre nouvelle carte bancaire. Nous filons donc plein ouest. Nous passons Posadas, la capitale provinciale de Misiones, au bord du rio Parana qui ressemble ici presque à une mer intérieur. Les eaux sont retenues quelques dizaines de kilomètres plus loin par la "represa" de Yacyreta-Apipé. A midi, nous décidons de faire halte à Ituzaingo pour voir le fameux barrage qui fourni 40% de l'énergie électrique du pays. Mais c'est un jour "sans". Le barrage se visite uniquement en tour organisé depuis le centre d'accueil et il est impossible de le voir depuis le village. Nous prenons notre repas près d'un mirador qui surplombe une plage au bord du rio. En sortant de la ville, nous avons la surprise de voir un gros boa (ou anaconda), traverser la chaussée. Nous n'en avons encore jamais vu en liberté. Je saute hors de la voiture pour prendre rapidement quelques clichés. Le chauffeur qui nous suist manifeste sont mécontentement en klaxonnant. Claquement de portière, nous repartons. Nous quittons la province de Misiones pour retrouver celle de Corrientes. Le paysage change brusquement. Nous retrouvons la plaine balayée par le vent, les estancias et les clôtures à l'infini. Nous espérons faire halte pour la nuit à Ita Ibaté. Nous avons repéré un camping au bord du rio Parana. Mais lorsque nous arrivonsle "dueño" (propriétaire), nous demande un prix exorbitant. Nous repartons, refusant de nous laisser plumer. Nous faisons le plein de carburant à la sortie de la ville. La station offre une aire de camping libre propre et bien ombragée. Nous n'irons pas plus loin. Nous sommes vendredi soir et à tout prendre, une station service sera plus calme qu'un camping. Nous finissons la journée paisiblement. Je poursuis la rédaction de notre récit détaillé pendant que Georges étudie notre itinéraire pour les jours à venir. XXXXXX Pays Province Argentine Corrientes Date 24/09/2011 Chaco Récit Les aires de camping des stations services semblent plus calmes que les camping municipaux, surtout en fin de semaine. Le trafic nocturne ne nous a pas empêché de dormir sur nos deux oreilles. Nous renouvellerons peut-être l'expérience, surtout si l'endroit est propre et bien entretenu comme celui-ci. Aujourd'hui, nous espérons retourner qu parque nacional Chaco, à l'ouest de Résistencia. Un détour de 80 kilomètres aller-retour. Mais le silence du samedi soir n'a pas de prix. Nous longeons toujours la frontière paraguayenne mais sans voir le fleuve Parana distant d'une dizaine de kilomètres plus au nord. La RN 12 file droit entre les fils de fer barbelés des estancias. Toujours les troupeaux de vaches éparpillés dans les immenses champs. Vision fugace d'une tribu de nandous dans un pré. Nous dépassons un groupe de gauchos ; une vingtaine d'hommes à cheval, accompagnés chacun d'une monture de rechange et suivis par une voiture de ravitaillement ainsi qu'un véhicule de sécurité. Nous les avons déjà aperçus la veille sur les bas côtés de la route. Sans doute des pélerins en direction de la basilique d'Itati. Nous décidons de nous rendre sur ce lieu de dévotion au bord du rio Parana qui attire chaque année des milliers d'argentins, le 16 juillet, lors de la fête de la vierge d'Itati. Nous trouvons l'animation ordinaire d'un samedi autour d'un lieu de culte. L'édifice religieux date des années 1950 et présente guère d'intérêt architectural ou artistique à nos yeux. L'église est cernée par les marchands d'eau bénite, de babioles à l'effigie de la vierge, du christ et de tous les saints de la création. La rue qui mène au fleuve est bordée de parillas. On s'affaire devant les feux de bois sur lesquels grillent déjà des morceaux de viande en quantité. L'odeur des grillades nous accompagne jusqu'au fleuve. Nous retournons sur la place centrale entraversant les baraques des forains. Nous y achetons une tasse à maté supplémentaire avec sa bombilla. Le marchand est un forain du dimanche. En semaine, il est professeur d'éducation physique. Mais il faut bien arrondir les fins de mois. Il déguste sont maté avec une tasse taillée dans une corne de vache. Il nous apprend que ces types de récipients servent à consommer le maté froid. Nous en avons assez vu de Itati et retournons sur la route principale. Nous traversons à nouveau Corrientes puis le Puente Belgrano, au dessus du rio Parana. Nous voilà de retour à Résistencia, dans la province du Chaco. Encore quelques dizaines de kilomètres et nous nous installons à nouveau sur l'aire de camping du parque nacional Chaco. Herman se souvient de nous et nous acceuille avec un grand sourire. Il est ravi que nous portions tant d'intérêt à "son" parc. Pour l'heure, nous savourons surtour le silence sous les eucalyptus qui bordent le rio Negro. Par la fenêtre nous observons un aigle de la pampa qui s'est posé sur une branche en plein soleil. La nature nous appelle. Nous partons sur le sentier de la "quebracha", un petit bois qui abrite des "quebrachos" ces arbres dont on extrait encore un tanin rouge à des fins commerciales. Il a presque entièrement disparu de la région et ne subsiste qu'ici. A part les traces du passage d'un raton laveur dans le sable et le vol d'un colibri nous n'observons guère de vie animale. Nous aurons tout de même eu le plaisir de nous détendre un peu. Ce soir, nous avons le parc pour nous tous seuls XXXXXX Argentine Chaco 25/09/2011 Dimanche. Journée de repos dans le parque nacional Chaco. Nous entendons toutes sortes d'oiseaux chanter dans les arbres alentours. Nous avons passé une nuit compètement calme et sereine. En milieu de matinée, nous nous offrons une petite promenade tranquille sur le sentier du rio Negro. Il fait déjà trop chaud pour que nous puissions espérer observer beaucoup d'oiseaux. C'est donc une simple balade sans but précis poru prendre l'air en compagnie de centaines de moustiques. Ces vampires en sont pour leurs frais : nous nous sommes aspergés de répulsif. A notre retour au camping, nous constatons que des visiteurs du dimanche se sont installés pour préparer leur asado. Le son d'une petite radio leur tient compagnie mais le bruit est raisonnable. Il ne perturbera pas le reste de notre journée. Nous ne savons pas trop comment nous comporter avec les argentins qui profitent de leur dimanche en famille ou entre amis. Devons-nous aller leur rendre visite au risque de donner l'impression de nous imposer dans leur rituel dominical ? En général, nous préférons que l'un d'eux fasse le premier pas. Mais cela limite les contacts. Aujourd'hui donc, nous restons seuls tout l'après midi. Pendant que Georges s'adonne à une sieste qu'il déclare bien méritée, je poursuis la rédaction de notre récit détaillé. Alors que le soleil décline, les oiseaux se manifestent à nouveau autour du camping-car, assurant le nettoyage des lieux après le passage des pique-niqueurs. Lorsque la nuit tombe, nous sommes à nouveau seuls sur l'aire de camping. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Chaco 26/09/2011 Aujourd'hui, nous amorçons notre descente vers le sud de l'Argentine. Nous devons encore revenir sur nos pas et traverser une partie de la province du Chaco jusqu'à Avia Terai. Vers midi, nous arrivons à Présidentia Roque Saens Peña où nous avons passé la nuit il y a déjà 3 semaines. Nous en profitons pour faire les pleins de carburant et de nourriture et pour manger à l'ombre d'un arbre. Nous sommes au début du printemps australe mais il commence à faire vraiment très chaud. Nous repartons dans la campagne argentine et retrouvons les grands fours semi-sphériques en briques qui servent à la fabrication du charbon de bois. Lorsque nous empruntons la RN 89 en direction du sud, nous entrons dans le domaine de la culture intensive du tournesol et du coton. Quelques soleils jaunes haussent leur tête au dessus des plantations d'un vert tendre en pleine croissance. Les champs de coton viennent d'être moissonnés et il ne reste plus qu'un sol brun parsemé de résidus de bourre blanche. Des camions, chargés de coton brut, acheminent leur cargaison dans les algodonadas des environs. Nous décidons de tenter d'en visiter une. Par chance, nous sommes bien accueillis. Mais il est difficile de s'approcher des installations. Les ouvriers travaillent dans la poussière, une forte odeur de fermentation, au milieu des mouches et dans un bruit infernal. Les camions se positionnent à reculons devant une des entrées du hangar. Le fond de la benne est constitué d'un tapis roulant qui achemine le chargement jusqu'aux machines. Celles-ci happent le coton. La matière brute passe à travers des tamis et toutes sortes d'appareils qui séparent la bourre blanche des feuilles et des tiges. Les résidus sont éjectés vers l'arrière du bâtiment sur des gros tas d'un gris sale. A l'avant du bâtiment, le coton dégrossi est constitué en gros ballots plastifiés. Ceux-ci seront ensuite expédiés dans les filatures de la région. 50 personnes travaillent ici en équipes 24 heures sur 24. Nous imaginons que l'activité est saisonnière et se limite au moment de la moisson. Etourdis par le bruit, étouffés par la poussière et les odeurs, nous remercions les employés pour leur accueil et poursuivons notre route jusqu'au parque provincial Campo del Cielo (ou Pingüen N'onaya dans la langue autoctone). Après 13 kilomètres de piste, nous atteignons ce petit parc récréatif, célèbre dans la région pour ces météorites. En effet, entre 2080 et 1910 avant Jésus Christ, une pluie de météorites a criblé la région de cratères jusqu'à Santiago del Estero, dans la province voisine. Ici, nous pouvons observer 5 gros cailloux extraterrestres de plusieurs tonnes constitués principalement de fer. C'est la première fois de notre vie que nous approchons et touchons des météorites. Une grande fête de la météorite est organisée ici chaque année, à la fin du mois d'août. Mais le plus extraordinaire du parc, à cette saison, se sont les colonies de perroquets. Des centaines de perroquets verts d'une vingtaine de centimètres de haut. C'est le moment de la nidification. Nous comprenons enfin à qui appartiennent tous les gros nids de branchages que nous apercevons sur tous les arbres et poteaux électriques de la région. Nous avons tout le loisir de les observer et de les photographier. Georges photographie aussi un joli lézard avec une grosse crête sur la tête. Un vent sec et chaud vient accentuer la chaleur qui sévit de plus en plus. Le caquetage des perroquets s'éteint au coucher du soleil. Le silence s'installe. Nous savourons le silence qui s'installe. XXXXXX Pays Province Argentine Chaco Santiago del Estero Date 27/09/2011 Récit Quelle nuit paisible ! Au lever du soleil, vers 7h00, nous avons été réveillés par les cris des centaines de perroquets qui logent ici. Nous avions bien besoin de repos. Dans les 2 semaines à venir, nous allons devoir affronter l'ambiance plus que bruyante des campings. En effet, nous devons faire venir de France une nouvelle carte de crédit et nous avons besoin d'une adresse fixe pour nous faire livrer. Nous pensons aller à la cité thermale de Rio Hondo, au nord de Santiago del Estero. Nous quittons le parque provincial et passons presque immédiatement la barrière phyto-sanitaire qui sépare la province du Chaco de celle de Santiago. Nous avons droit à un vague jet pulvérisé par deux préposés sur les roues de la voiture. Nous poursuivons sur une route droite et monotone à travers les champs de coton et les algodonadas. Nous espérons faire le plein de carburant dans le bourg agricole de Quimili. Comme d'habitude, la station YPF est à sec. Nous nous rabattons sur la station Esso, plus cher et déserte. Nous constatons un gros rassemblement de camions dans toute la ville. Nous pensons tout d'abord que les chauffeurs attendent le remplissage des cuves pour pouvoir faire le plein. Mais une forte présence policière nous fait imaginer qu'un évènement se prépare. Nous sortons de Quimili. Devant une sorte de hangar agricole, la route est filtrée par la police. Un caliquot nous éclaire. Un comité d'accueil attent le gouverneur de la province. Nous apprendrons plus tard, en lisant un journal local, que le gouverneur Gerardo Zamora est venu inaugurer une ligne électrique à haute tension et un complexe agroalimentaire. Nous poursuivons notre chemin à travers une campagne en friche et désolée. Nous faisons halte à Yuchan pour manger dans le camping-car à l'ombre maigrichonne d'un arbre. Nous avons l'impression de nous retrouver au Maroc : abords poussiéreux couverts de sacs plastiques au milieu desquels broutent quelques chèvres. Des petites maisons de briques entourées d'un enclos fait de pieux plantés à la vertical. Les toits de chaume sont couverts de bâches plastique blanches. Le vent y a déposer de la terre et de l'herbe a poussé par dessus les bâches. Pourtant, la plupart des baraques sont flanquées d'antennes satellite et les personnes qui vont et qui viennent sont vêtues de façon tout à fait européenne. C'est l'heure de la sortie de l'école. les enfants en blouses blanches s'égayent dans tous les coins du village. Pays Province Date Récit Nous repartons sur la RN 89 jusqu'à Suncho Corral. La route se transforme alors en une chaussée dont seule la partie centrale est cimentée. Si bien qu'à chaque croisement de véhicule, chacun doit rouler à droite et à gauche dans la partie caillouteuse. C'est ainsi que nous nous prenons le deuxième caillou dans le pare brise de notre voyage. Une petite toile d'araignée en bas du pare brise, côté conducteur. Le premier datait de notre entrée au Mexique, l'année dernière, à la fin du mois d'octobre. Il va falloir tenter une réparation. Nous retrouvons la route principale à Taboada et parvenons à Santiago del Estero par le Puente Viejo qui traverse le rio Dulce. Nous trouvons rapidement le camping municipal au sein du complexe de loisirs, au bord du rio. Encore une fois, l'endroit pourrait être agréable si ce n'était la présence d'un grand kartodrome. Mais nous sommes mardi et il ne devrait pas y avoir trop d'activité. Nous partons à pied visiter le centre ville espérant obtenir des informations sur les attraits touristiques de la province et plus particulièrement sur Rio Hondo. Il fait une chaleur écrasante. La ville est assoupie. Nous sommes dans la région la plus chaude d'Argentine. En été, les températures peuvent atteindre 50°C à l'ombre. Nous avons de la chance, il ne fait que 40°C au soleil. Nous découvrons une cité gaie, propre et colorée avec une personnalité toute particulière. Plusieurs groupes de statues sont exposées sur la plaza Libertad. Se sont des sculptures en l'honneur des immigrants qui ont colonisé la région. Chaque groupe représente les nouveaux arrivants, depuis l'exploitation des champs de coton et l'esclavagisme du XIXe siècle en passant par l'arrivée massive des européens au XXe siècle et l'avènement du XXIe siècle. Après une visite au centre d'informations touristiques, nous nous offrons une petite coupe de glace dans une héladeria. Puis nous déambulons dans les rues piétonnes qui s'éveillent lentement. Nous en profitons pour faire quelques achats. Des chaussettes pour Georges. Son stock c'est amenuisé au fur et à mesure des lavages dans les lavanderias successives. Et des agendas. Il nous faut penser à l'écriture de nos journaux de bord respectifs en 2012. Nous quittons le centre ville vers 19h00 au moment où l'activité bat à nouveau son plein. On chante au milieu de la plaza Libertad. Les terrasses des cafés sont pleines. Tous les magasins ont ouvert leurs portes. La nuit tombe. De retour au camping, nous faisons un brin de causette avec un couple d'argentin qui vient de planter sa tente à côté de notre camping-car. Se sont deux retraités qui se rendent chez leur fils à Cordoba. Ils habitent Salta et connaissent leur Argentine sur le bout des doigts. Ils nous offrent quelques conseils concernant les meilleurs routes à suivre sur notre itinéraire. Puis les moustiques et les fourmis nous contraignent à nous mettre aux abris. Les argentins, imperturbables et indifférents aux insectes, préparent leur asado pour la soirée. XXXXXX Pays Province Argentine Santiago del Estero Date 28/09/2011 Récit La nuit devait être calme. Ici, on ne fait la fête que du vendredi soir au dimanche. Mais la notion de calme et de silence est très particulière chez les argentins. Nous avons bénéficié de beugleries d'ivrognes et de courses de motos autour du camping jusqu'à une heure avancée. Encore une fois, nous trouvons regrettable que des lieux aménagés pour le loisir et la détente, arborés, plutôt agréables, soient le décor de débordements pareils. Mais tout celà fait partie du quotidien des argentins qui ne peuvent concevoir de s'amuser sans grand renfort de bruit et d'alcool. Il faut dire que nous ne sommes pas des citadins et que nous sommes habitués au silence et la sérénité de la campagne. Nous souhaitons nous rendre à Las Termas de Rio Hondo, 70 kilomètres au nord de Santiago del Estero. Avant de quitter la ville, nous cherchons un réparateur de pares-brise. Mais lorsque nous en trouvons un, il est très amusé par notre demande : une petite étoile comme celle-ci ne se répare pas ici. Nous pouvons rouler sans problème pendant encore des centaines de kilomètres. Il est vrai que beaucoup d'automobilistes roulent avec d'énormes toiles d'araignées qui décorent tout leur pare brise. Nous allons donc tenter d'utiliser le kit supplémentaire que nous avions acheté au Mexique en espérant que la vitre ne partira pas en petits morceaux au milieu de nulle part. Comme nous devons attendre là notre colis venu de France, nous espérons trouver à Rio Hondo un camping suffisemment tranquille pour séjourner dans de bonnes conditions. La RN 9 parcourt une plaine souvent en friche. Une population s'y est installée pour vivre du charbon de bois, de l'élevage familial de cochons, de poules et de chèvres. Nous dépassons des dizaines de troupeaux de chèvres qui paissent en liberté sur le bord de la route. Il faut en permanence garder un oeil sur ces animaux qui peuvent décider à chaque instant de traverser la chaussée pour voir si l'herbe n'est pas plus verte de l'autre côté. De nombreuses pancartes mentionnent la vente de lechones (cochons de lait), huevos (oeufs) et queso de cabra (fromage de chèvre). Nous faisons halte pour acheter du fromage devant une petite ferme en briques autour de laquelle un vent sec et chaud soulève des tourbillons de poussière. La fermière m'accueille dans la pièce obscure mais fraîche qui sert de cuisine. Elle sorte de son réfrigérateur des fromages semi-frais en forme de galettes épaisses. Un peu gros. Elle n'est pas disposée à ne m'en céder qu'un morceau. J'en achète donc un entier. Nous allons mettre du fromage dans tous les plats, chauds ou froids. Nous arrivons à Las Termas de Rio Hondo et tournons un moment autour de la ville. Nous passons près de l'autodrome où se déroulent régulièrement des courses de voitures et de motos. Pas question de camper aux abords de ce circuit. Nous traversons la grande digue qui retient les eaux du plan d'eau. Ici sont organisées des courses de bateaux formule 1. Nous poussons plus loin et trouvons finalement le camping Inti Punku, repéré sur internet. Bien qu'en bordure de route, l'endroit parait plutôt tranquille. Nous nous installons à l'ombre des arbres. Le camping ne possède pas de connexion internet et nous devons nous rendre au centre ville, à 3 kilomètres de là. Il faut que nous donnions à notre fils l'adresse de notre lieu de séjour pour l'envoi de notre carte de crédit. Pas de téléphone, pas de bus, pas de taxi. Il faut choisir : la tranquillité ou les commodités. Finalement, un particulier accepte de nous conduire en ville moyennant finances. Nous errons dans les rues un moment avant de trouver un café internet. Finalement, nous nous installons devant une pizza tout en contactant la France. La note du repas est encore plus salée que la pizza. Le serveur nous arnaque de 9 pesos, arguant qu'il s'agit d'un supplément pour les anchois. C'est pourtant une pizza aux anchois que nous avions commandé. Retour au camping. Le taxi nous demande encore 20 pesos. Il n'y a pas d'autre taxi en vue et la chaleur est infernale. Pas moyen de discuter le prix. La connexion internet commence à coûter très cher. Il faut que nous perdions l'habitude de nous déplacer en taxi comme nous avions coutume de le faire dans les autres pays d'Amérique latine. Nous devons également éviter les restaurants sinon, nous allons couler notre budget. La chaleur est toujours aussi insoutenable. La piscine du camping me tend les bras. Je m'apprête à aller me rafraîchir lorsque survient le gérant des lieux. Nous lui demandons s'il connait une lavenderia dans les environs. Comme sa femme est disposée à laver notre linge, Georges prépare les sacs avec nos effets pendant que je profite des eaux thermales du bassin. Je papote avec une famille installée au Paraguay. Encore un couple cosmopolite : elle est étasunienne et lui colombien. Ils s'expriment indifférement en anglais et en espagnol avec leurs enfants. Ils reviennent d'un périple d'un mois en Argentine et au Chili et rentre maintenant au Paraguay. Je barbote quand passe une femme à vélo chargée de corbeilles. Elle vend du pain fait maison. Je sors du bain pour en acheter. Il est temps de se mettre aux abris ; c'est l'heure de sortie des moustiques. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Santiago del 29/09/2011 Estero Par chance, la nuit a été fraîche. Il existe une forte différence de température entre le jour et la nuit. C'est sans doute ce qui fait la différence entre le printemps et l'été. Ce matin, en allant laver nos chapeaux au lavoir du camping, je me suis littéralement faite dévorer par les mouches noires qui m'ont saigné de toutes part. Je ne mettrai plus le nez dehors sans me couvrir de répulsif. Georges est en train de tenter une réparation sommaire du pare-brise lorsque le gérant nous rapporte notre linge lavé et séché. Service express. En Argentine, le coût de la prestation est beaucoup plus élevé que dans le reste de l'Amérique latine. Ici, pas de pesage. Le prix est évalué à vue d'oeil et en fonction de l'épaisseur supposée de votre porte monnaie. En revanche, le linge est vraiment lavé, avec de la vraie lessive. Nos T-shirts reprennent enfin leur couleur d'origine. Nous passons le reste de la journée dans le camping-car, toutes fenêtres ouvertes, protégés par les moustiquaires, pour tenter de faire circuler l'air et abaisser un peu la température. Grâce à quoi, nous ne dépassons pas les 33°C. Nous sommes désolés de ne pas pouvoir profiter de l'extérieur mais les insectes sont vraiment agressifs et nous ne pouvons pas nous enduire perpétuellement de produits chimiques. XXXXXX Argentine Santiago del Estero 30/09/2011 Au programme : courses et lavage du camping-car. Nous nous rendons au centre ville de Rio Hondo avec l'indication d'un supermarché. Nous maraudons dans la calle Sarmiento à la recherche du magasin. Rien. Finalement, nous arrivons sur un fouilli de camionettes et de petits marchands forains autour d'une place. C'est le coeur commercial de la ville. Pas le centre touristique propre, aux vitrines alléchantes. Les rues défoncées sont parcourues de filets d'eau sale dans lesquels on patauge allègrement. L'ambiance sonore est dodnnée par les innombrables marchands de CD piratés. Partout, de petites épiceries aménagées dans les garages sous les maisons. Articles de première nécessité, sodas, bonbons, chips, biscuits salés, s'aligent sur des étagères métalliques. Les ferreterias vendent tout le nécessaire de bricolage pour entretenir sa maison. Nous y faisons l'acquisition de toile de moustiquaire. Nous pénétrons dans le mercado. Sur des tréteaux s'alignent vêtements, produits d'entretien, épices, olives, fruits et légumes, bazars en tout genre. C'est en remontant le flux des clients munis de sacs de supermarché que nous découvrons finalement l'entrée du magasin, perdu au milieu des étalages. C'est une sorte d'entrepôt parcouru d'étagères où nous parvenons tout de même à nous ravitailler. La chaleur s'intensifie. Nous nous rendons à la station service YPF pour faire laver le camping-car. Il porte encore les traces de la boue rouge agglutinée depuis notre séjour dans la province de Misiones. Nous profitons du temps de nettoyage pour nous connecter sur internet dans une salle d'attente. Nous apprenons ainsi que notre carte de crédit a été envoyée de France à destination de santiago del Estero. Elle devrait arriver dans la région mercredi ou jeudi prochain. Parviendra-telle jusqu'au camping d'Inti Punku ? Il va falloir patienter quelques jours dans l'incertitude. Un bon point, pour nous. La fuite d'eau constatée dans le camping-car à Iguazu ne c'est pas manifestée de nouveau. Espérons que nous n'aurons pas encore à perdre du temps avec une réparation. De retour au camping, je reprends l'écriture de notre récit détaillé pendant que Georges commence à choisir des photos. Nous souhaitons illustrer des calendriers pour les offrir en fin d'année à la famille et aux amis. Lorsque la nuit tombe, il n'y a que deux tentes dans le camping et elles semblent innocupées. Pour notre plus grand plaisir, tout est silencieux. XXXXXX Pays Province Argentine Santiago del Date 01/10/2011 Estero Récit Journée au camping. Pendant que Georges s'affaire dehors et fignole le nettoyage du camping-car, je prépare une ratatouille avec les légumes achetés hier. Puis je grimpe sur le toit pour changer la moustiquaire qui nous protège contre l'invasion des insectes sur la cheminée d'aération. Mieux vaut s'activer le matin avant que la chaleur ne s'abatte sur nous. Après le repas, nous passons l'après midi devant nos ordinateurs respectifs. Georges fait le point sur notre budger et calcule le temps nécessaire pour parcourir l'itinéraire projeté jusqu'à Ushuaïa. Pendant ce temps, je poursuis le classement de nos photos. J'espère mettre à profit notre repos forcé pour combler une partie de l'énorme retard accumulé. Il faut dire que notre site internet est maintenant une véritable banque de photos avec plus de 4000 clichés présentés. La création des panoramas, le recadrage, l'indexation, le tri et le choix prennent beaucoup de temps. En fin de journée, Georges s'est allongé car il souffre d'un mal de tête suite aux éternuements à répétition dus à une allergie respiratoire. Un entêteant parfum de fleurs a embaumé le camping-car pendant tout l'après midi. XXXXXX Argentine Santiago del Estero 02/10/2011 Nous sommes dimanche. Encore une journée au camping. Cette nuit, nous avons perçu au loin les rumeurs de la fête hebdomadaire du centre ville. Ce matin, le ciel est gris et il fait frais. J'ai tout de même décidé de prendre un peu l'air. Après m'être enduite de répulsif de la tête aux pieds, je m'installe en plein air devant la table en béton bleu pour écrire un peu. C'est là que me rejoint le jeune Sergio, le fils du propriétaire des lieux. Sergio a 11 ans. Il habite tucuman avec ses parents, son grand frère de 19 ans et sa petite soeur de 2 ans. La famille vient passer ici toutes les fins de semaine. Pendant que Sergio tourne en boucle dans le camping en vélo ou en vélomoteur, sa maman fait les lessives et son papa inspecte les lieux. Où en est la construction des cabañas, des nouveaux sanitaires ? Les plantes sont-elles arrosées ? Les bassins sont-ils propres ? Nous discutons un long moment. Sergio me parle de Tucuman et de l'Histoire de son pays, des mérites comparés des asados et des régimes végétariens. C'est l'heure de l'arrivée des campeurs du dimanche. Ces messieurs se hâtent vers les asadores pour préparer le feu au son des autoradios qui s'échappent par les portières ouvertes des voitures. Les femmes et les enfants prennent possession de la piscine. Le chant des autoradios s'accentue au fur et à mesure de l'arriver des familles. Heureusement, ici, pas de débordement. Le niveau sonore reste acceptable. Nous passons à nouveau l'après midi devant nos ordinateurs pendant que le fumet des viandes grillées nous chatouille les narines. A la tombée de la nuit, tout le monde plie bagage. Sergio vient nous dire au revoir. Peut-être le reverrons nous le week end prochain. Nous aimerions pourtant avoir quitté les lieux avant. XXXXXX Pays Province Argentine Santiago del Date 03/10/2011 Estero Récit Il fait gris. Nous ne verrons pas le soleil se lever ce matin. Nous avons prévu de nous rendre au centre ville aujourd'hui pour visiter la station thermale et consulter internet. Nous voulons suivre le cheminement de notre carte de crédit autour de la planète. Mais avant tout, il nous faut trouver une "gomeria". Le pneu arrière gauche de la voiture est dégonflé et nous craignons une crevaison. Cependant, le bonhomme qui nous acceuille ne semble pas disposé à démonter notre roue. Il se contente de remettre de la pression. Nous repartons. Il va falloir surveiller pour s'assurer que le pneu reste gonflé. Nous trouvons une place de parking dans le parque Güemes. Ce qui nous permet de capter une bonne connection internet. Nous consultons le site du transporteur. Après avoir visité l'Allemagne et l'Espagne, notre carte se trouve maintenant à Buenos Aires, sur le même continent que nous. Ce qui est encourageant. Un fin crachin s'est mis à tomber. Nous partons en balade le parapluie sous le bras. C'est un jour à faire les boutiques. Nous rejoignons les couples de touristes du 4e âge qui avancent en tremblotant parmi les étalages. Sans doute des argentins en cure thermale ici. Nous arpentons la Feria. Ce marché forain couvert abrite un véritable bazar. La plupart des articles sont "made in China". L'inévitable chat porte bonheur chinois agite sa patte gauche à notre passage. Les souvenirs en série sont plutôt kitch et souvent de mauvais goût. Nous passons les vendeuses d'articles textiles sans doute également fabriqués en Chine. Nous sommes plutôt attirés par les spécialités des confiseurs. Nous achetons des petits gâteaux appelés "alfajores". La spécialité de Rio Hondo, se sont des sortes de petites meringues cylindriques de 4 ou 5 centimètres de diamètre collées deux à deux par une sorte de crème à la saveur indéfinissable. De toute façon, en Argentine, le nombre de saveur utilisé pour les "postres" (pâtisseries) est plutôt limité : dulce de leche, vainilla, frutillas (fraise) et cayoté (melon). Dans une autre boutique, nous achetons un assortiment de chocolats. Ils nous donnent la nostalgie du chocolat pur beurre de cacao français. Nous savons bien que pour profiter d'un pays, il ne faut pas chercher à le comparer avec un autre. Mais malheureusement, en matière de gastronomie, nos papilles nous adressent souvent des reproches qu'il est difficile d'ignorer. Dans une librairie, nous finissons par trouver des pins pour ajouter à notre collection. Nous venons de trouver des épinglettes à l'effigie de chaque province de l'Argentine. Nous les accrocherons sur notre vide poche au fur à mesure que nous les rencontrerons sur notre chemin. Nos emplettes terminées, nous retournons au camping-car pour manger et profiter de la connection internet. Nous pouvons ainsi envoyer plusieurs fichiers pour la mise à jour de notre site. Nous prenons aussi le temps de télécharger un logiciel qui nous permettra de créer les calendriers que nous projetons de réaliser. Finalement, nous rentrons au camping Inti Punku où nous poursuivons le classement et le choix de nos photos jusqu'à la tombée de la nuit. XXXXXX Argentine Santiago del Estero 04/10/2011 La bouteille de gaz nous a lâché. Elle tenait le coup depuis Cusco, au Pérou, il y a deux mois. Georges est obligé de sortir au petit matin pour la changer. Nous avons tout notre temps. C'est une journée farniente qui s'annonce. Le temps s'écoule entre les repas et nos ordinateurs. Georges poursuit la création des calendriers que nous souhaitons offrir. Je continue l'indexation de nos photos. Dans l'après midi, Georges entreprend de nettoyer le chauffe eau qui c'est encrassé parce que nous ne l'utilisons jamais. Nous nous apercevons une nouvelle fois de la conception abberante de notre cellule Clémenson. Déjà, en mai dernier, nous n'avions pas pu sortir le réfrigérateur pour le faire réparer. Il ne passait par aucune des ouvertures car la coque de la cellule a été formée autour des équipements. Cette fois, nous constatons qu'il est impossible d'ouvrir le chauffe eau sans démonter tous les meubles au dessus de l'évier. L'appareil a été fixé contre la paroie et le mobilier ajouté par dessus. Quand on pense qu'il faudrait faire une révision annuel de ce chauffe eau. Autant de points que nous ne manquerions pas de considérer si nous achetions un nouveau véhicule de loisir. Après cet instant de rage contre la société Clémenson, je décide d'aller piquer une tête dans la piscine. J'y ai rendez-vous avec un insecte qui se prend dans mes cheveux et me pique la nuque. L'horrible bestiole finira noyée. J'en serai quitte pour une impression de brûlure qui s'estompera rapidement. Après une demi heure de trempette dans les eaux thermales, je rentre me sécher dans le camping-car. Le temps commence à nous paraître long. nous avons hâte de récupérer notre carte de crédit et de reprendre la route. XXXXXX Pays Province Argentine Santiago del Date 05/10/2011 Estero Récit Nous avons prévu de passer la matinée au centre ville pour faire des courses et nous connecter sur internet. Nous voulons savoir où se trouve notre carte de crédit. Mais avant tout, nous partons à la recherche d'une nouvelle bouteille de gaz. Nous souhaitons nous débarrasser de l'antiquité colombienne et faisons l'acquisition d'une "garafa" neuve, peinte couleur rouille de 10 kgs. Nous laissons la vieille au vendeur. Nous retrouvons ensuite notre stationnement dans une rue terreuse près du supermarché. Maintenant que nous l'avons repéré, tout est beaucoup plus facile mais pas plus rapide. Ce doit être jour de paye parce que la queue aux caisses s'étire en longueur. Un petit tour sur le marché pour acheter des fruits et légumes et nous retournons nous installer dans le parque Güemes. Nous nous rendons à la librairie-papeterie pour compléter notre collection de pins sur les provinces d'Argentine. Nous avons terminé notre parcours commercial dans les temps. Dans ce pays, les commerces ferment à 13 h ou 14 h pour ne rouvrir qu'à 18 h ou 19 h.Il est donc préférable de tout boucler le matin. Nous prenons ensuite le temps de nous connecter sur internet. Le site du transporteur nous précise que le "paquet à été délivré à l'intérieur du pays". Ce qui ne signifie rien du tout. Où a-t-il pu passer ? Arrivera-t-il un jour au camping Inti Punku ? Nous ne pouvons que patienter. En relevant notre boîte e-mail, nous apprenons une triste nouvelle. Nos amis suisses, Heinz et Elzbeth avec qui nous avons passé un mois au Pérou et en Bolivie, sont à Santiago au Chili. Elzbeth est hospitalisée. Elle a été opérée lundi dernier d'une tumeur dans la colonne vertébrale. Il est vrai qu'elle se plaignait de douleurs dans le dos depuis l'Equateur. Nous leur envoyons un petit mot de soutient et leur renouvelons notre affection. Nous leur proposons aussi notre aide si nécessaire. Santiago n'est pas si loin de nous. Nous craignons cependant que cette opération marque la fin de leur voyage. Sans autre nouvelle importante, nous rentrons au camping pour manger et passer le reste de l'après midi. Nous tentons de nous protéger de la chaleur revenue depuis hier. XXXXXX Argentine Santiago del Estero 06/10/2011 Encore une journée au camping Inti Punku. Nous doutons de plus en plus de l'arrivée à bon port de notre carte de crédit. Nous ne patienterons pas au-delà de mardi prochain. Las Termas de Rio Hondo n'est pas une ville qui donne envie d'y stationner aussi longtemps. Nous avons l'impression de perdre notre temps alors que nous avons encore beaucoup de route à faire jusqu'à Ushuaïa. Nous nous occupons tant bien que mal. En fin de matinée, nous sortons pour la première fois les boules de pétanqe que nous promenons depuis deux ans sans les avoir sorties de leur emballage. Georges tient absolument à faire mentionner ici que c'est lui qui a gagné la partie. Aucun livreur à l'horizon pour notre paquet. Nous passons à nouveau l'après midi devant nos ordinateurs respectifs. Il fait une chaleur accablante qui s'estompe à peine avec la tombée de la nuit. XXXXXX Pays Province Argentine Santiago del Date 07/10/2011 Estero Récit Comme nous n'avons toujours pas reçu notre carte de crédit, nous décidons de nous rendreà nouveau au centre ville pour consulter internet. Il fait une chaleur écrasante et lourde. A 9h00 du matin, le thermomètre pointe déjà sur 26°C à l'ombre. Sur le site du transporteur, aucune évolution et impossible de téléphoner à un numéro en "0800" depuis l'étranger. Nous appelons notre plus jeune fils pour qu'il intervienne auprès de la société et attendons des nouvelles. Nous avons des nouvelles de Heinz et Elzbeth. L'opération chirurgicale s'est bien passée et ils espèrent toujours pouvoir poursuivre leur voyage jusqu'à Ushuaïa. C'est ce que nous leur souhaitons de tout notre coeur. Avant de rentrer au camping, nous faisons quelques achats dans les boutiques environnantes. Nous prenons notre repas de midi lorsque j'aperçois par la fenêtre un type en uniforme bleu sombre qui traverse le camping avec une grande enveloppe jaune à la main. Notre carte de crédit est arrivée ! Quel soulagement ! Nous étions vraiment inquiets. Ce n'est jamais rassurant de savoir qu'une carte se balade dans la nature et peut tombet entre n'importe quelles mains. Demain, nous plions bagages. Nous pouvons quitter Las Termas de Rio Hondo, le coeur plus léger. Nous profitons du dernier jour de branchement électrique pour pour suivre le tri de nos photos ; Georges pour la création des calendriers, moi pour notre site internet. Lorsque la nuit tombe, il fait encore une chaleur étouffante. Nous nous couchons avec les premières gouttes de pluie qui s'écrasent sur le camping-car. L'orage gronde. XXXXXX Argentine Santiago del Estero La Rioja 08/10/2011 Nous quittons Las Termas de Rio Hondo, notre carte de crédit en poche. Nous faisons un passage au centre ville pour réaliser quelques achats et informer notre fils de l'arrivée du paquet à bon port. A la caisse du supermarché, comme c'est la coutume par ici, on nous rend la monnaie avec des bonbons. Deux sucreries orange fluo. Un bonbon vaut 20 centimes de pesos. Ils sont sans doute de mèche avec les dentistes du coin. Impossible de tester notre carte. Une queue de dizaines de personnes s'étire sur le trottoir devant l'unique banque de la ville. Nous verrons celà plus tard. Nous jetons un dernier regard à Las termas, plutôt morose sous un ciel gris de plomb. Les vieux couples de thermalistes déambulent sans but précis devant les étalages de marchands de souvenirs. Se laisserontils tenter par les centaines de plats et autre plateaux en bois roux ? par les articles de vannerie et toutes les chinoiseries ? Nous sommes samedis. les gens des campagnes environnantes se rassemblent ici pour faire leurs achats et se retrouver. Beaucoup se déplacent encore sur d'antiques carrioles en bois brut tirées par trois mules en ligne. Le conducteur, debout, les guides en main est fier comme Ben Hur. Des grands pères, coiffés de leur chapeau argentin plat, sont venus jusqu'à leur bistrot préféré à dos d'âne. Sage précaution. Vu leur trogne enluminée, ce sera plus facile pour trouver le chemin du retour. Nous faisons un petit plein de carburant : pas plus de 50 pesos de diesel, rationnement oblige. Nous traversons pour la dernière fois le rio Dulce et ses petits îlots, refuges pour des dizaines de petits cormorans. Direction l'ouest. Nous traversons d'interminables campagnes pauvres et poussiéreuses, semi désertiques, des bois secs et des terres plus ou moins en friche. Au loin, se profilent les premiers reliefs noyés dans les nuages. Nous empruntons plein sud une route qui se promène entre les provinces de Santiago del Estero, Tucuman et Catamarca. A midi, nous faisons une halte dans la petite ville de Frias. Par la fenêtre du campingcar, nous jouissons du spectacle des centaines de sacs plastique à l'abandon qui ornent le paysage. A Recreo, barre à l'ouest de nouveau. Il a du faire un gros orage. Les ruelles en terre des petits pueblos sont couverts de grandes flaques d'eau. Les bas côtés de la route sont boueux et il est impossible d'y faire halte pour la nuit. Nous rejoignons la RN 79, complètement désertique. Quelques petites fermes isolées, d'aspect pauvre et sans électricité. Au lieu dit Rio Pilon, nous demandons l'autorisation de passer la nuit près des bâtiments d'habitation d'une petite estancia. L'endroit est un peu surélevé et plutôt sec. La propriétaire des lieux nous donne son accord. Mais ici, pas une parole de trop. Sans doute l'habitude de la solitude. Il fait froid et le vent pousse de gros nuages gris. Après un bon chocolat chaud, nous nous faufilons sous la couette. XXXXXX Pays Province Argentine La Rioja San Juan Date 09/10/2011 Récit Comme par magie, le ciel, qui était couleur cendre hier, est devenu d'un bleu pur ce matin. Nous avons l'impression d'être dans un paysage complètement différent. Dans la cour de la ferme, les animaux se réveillent. Nous entendons le hénissement du cheval, le gloussement du dindon qui fait sa cour en se pavanant, l'aboiement du chien, les poules. Nous voyons arriver une voiture de police. D'où peut-elle bien sortir ? Nous nous demandons s'ils se sont arrêtés par curiosité ou appelés par les occupants de la ferme, inquiétés par notre présence. Nous ne le saurons jamais. les policiers ne font aucun cas de nous et entre dans la cour avec leur véhicule. Nous ne les intéressons vraiment pas. Avant de partir, nous allons saluer et remercier la femme qui nous avait accueilli hier. Puis, nous reprenons la route. Nous avons prévu de nous rendre au Parque Provincial d'Ischigualasto, aussi appelé Valle de la Luna, dans la province de San Juan. Nous suivons les conseils donnés par des argentins rencontrés à la laguna de Ibera, le mois passé. Peu après notre départ, nous traversons la Salina de la Antigua, une ancienne lagune asséchée qui a fait place à une étendue de sel. Puis, nous suivons d'interminables routes bordés des clôtures des estancias. Sable, buissons rabougris, cactus. Nous approchons des premiers contreforts des Andes et retrouvons avec plaisir la montagne. Nous faisons le plein de carburant à Chamical, au pied d'une barre rocheuse. A partir de Patquia, la route s'élève lentement. Nous arrivons au parc. Déception ! La visite d'effectue uniquement en voiture et en convoi. Comme d'habitude, le tarif est doublé pour les étrangers. Ce qui ne nous donne pas droit pour autant à un guide qui parle notre langue. Nous improvisons rapidement un sandwich avant le top départ. Nous sommes au moins une quarantaine de voitures et avançons dans le nuage de poussière provoqué par celui qui nous précède. Un guadaparque nous arrête successivement devant les cinq formations rocheuses qu'il faut photographier. Clic-clac, nous repartons plus loin. Interdiction de s'évader. Je me fait rappeler à l'ordre alors que je m'étais éloignée du groupe pour respirer un semblan de nature. Seule petite consolation, nous apercevons un guanaco, sorte de gros lama sauvage. Le troupeau se disperse lorsque nous revenons eu centre de visiteurs. Un petit camping nous attend pour passer la nuit derrière les bâtiments de l'administration. Faute de nature, nous profitons d'une connexion internet plutôt bonne. Ce qui nous permet de relever notre boite e-mail. XXXXXX Pays Province Argentine San Juan La Rioja Date 10/10/2011 Récit Aujourd'hui, nous avons prévu de visiter le Parque Nacional de Talampaya qui jouxte celui de Ischigualasto mais dans la province de la Rioja. Nous nsou préparons avec le soleil qui se lève sur le désert. Deux petits "zorros" (renards) gris traversent le camping. Sans doute à la recherche des reliefs de repas laissés par les touristes. Avant de partir, nous décidons de profiter de la connexion internent pour joindre Jean-Pierre, le responsable de Radio Val de Reins, la radio local de notre port d'attache. Nous avons convenu d'un premier contact avant une interview qui sera diffusée sur les ondes. Devant la difficulté de fixer un moment précis pour un entretien téléphonique, nous décidons d'un interview à l'improviste. Exercice difficile pour qui n'y est pas accoutumé. Trouver les mots pour faire partager nos ressentis. Ce qui parait une aventure depuis la France fait partie de notre quotidien et nous nous parait pas d'un grand intérêt pour autrui. Prochain rendez-vosu radiophonique : Ushuaïa. Nous reprenons la route à travers le désert pour quelques kilomètres, le temps de contourner la barrière rocheuse qui sépare les deux parcs. Déception encore une fois. Ici, de nouveau, toutes les visites sont encadrées. Le prix d'entrée est le double de celui réservé aux argentins et il est obligatoire de payer en plus le guide et l'excursion. Le côut effectif de l'entrée par personne est d'au minimum 120 pesos (pour une seule excursion), soit plus cher qu'au parc d'Iguaçu, de renommée internationale. Nous nous résignons. Mais nous ne pourrons pas nous permettre ce genre de plaisanterie tous les jours. Nous montons dans le minibus conduit par Camillo. Eugenie, Elena et Beatriz nous tiennent compagnie. Il faut parcourir 40 minutes de piste dans le lit asséché d'un rio pour rejoindre le cañon d'Arco Iris. Petit clin d'oeil de la nature : un petit tatou se sauve à toutes pattes devant nous. Camillo descend du bus et l'attrape. Nous pouvons le photographier sous toutes les coutures avant qu'il ne lui rende sa liberté. C'est le moment de faire les premières photos. Nous nous arrêtons dans un petit cirque rocheux écrasé de soleil. Nous n'irons pas plus loin avec le véhicule. Un pneu est crevé et Camillo n'arrive pas à démonter la roue, malgé le concours de Georges. Heureusement, nous sommes reliés au reste du monde par une radio. En attendant les secours, nous poursuivons le chemin à pied. Nous prenons tout notre temps ; le garagistge n'habite pas la porte à côté. Sous une chaleur accablante, nous longeons le fond d'un petit cañon teinté de rouge et de vert-de-gris. Eugenie n'oublie pas de verser un peu d'eau de sa bouteille plastique à la Pacha Mama et de lui offrir quelques jolies pierres trouvées sur le sol. L'ambiance devient très "new age". Beatriz est à la traine ; elle ne supporte pas la chaleur. Nous profitons de l'ombre providentielle de quelques rochers pour nous protéger un peu du soleil. Voilà, nous sommes au fond du cañon. Il est temps de faire demi tour. Nous croisons une équipe de promeneurs qui prend notre succession. Un petit miracle a été accompli pendant notre absence : la roue a été changée par un collègue de Camillo. Nous pouvons retourner à la civilisation. Nous sommes de retour sur le parking des bâtiments administratifs du secteur Arco Iris, au bord de la route, en plein désert. Nous y retrouvons un jeune couple suisse déjà rencontré à Cusco et à La Paz. Nous n'avons pas les moyens de nous offrir une seconde excursion. Aussi, nous leur offrons nos billets d'entrée dans le parc qui sont valables jusqu'à demain. Nous avons décidé de passer la nuit sur place. Lorsque nos amis helvètes nous quittent, nous sommes seuls dans le désert. XXXXXX Pays Province Argentine La Rioja San Juan Date 11/10/2011 Récit Nous nous réveillons alors que le soleil colore en rose le sable du désert. Les gardes du par cet les premiers touristes arrivent vers 7h30, brisant le silence. Nous avons prévu de nous rendreà San Juan par la mythique ruta 40 qui relie le notre de l'Argentine à Ushuaïa, traversant ainsi le pays du nord au sud sur plus de 5 000 kilomètres. Pour celà, nous nous détournons au nord sur 60 kilomètres pour rejoindre Villa Union, avant de repartir au sud. En chemin, nous bénéficions de notre premier contrôle phyto-sanitaire. Mais le préposé n'est pas très motivé. Lorsque nous lui déclarons trois mandarine dans le réfrigérateur, il nous laisse passer sans autre forme de procès. La route 76 quiu traverse le parc de Talampaya chemine dans le désert. C'est pour nous l'occasion d'apercevoir tout un troupeau de guanacos. A Villa Union, comme d'habitude, pénurie de carburant. Deux stations sur trois sont à sec. La seule qui sert encore du diesel pratique le prix fort. Mais il nous faut faire le plein pour parcourir les 300 kilomètres qui nous séparent de San Juan. Nous empruntons enfin la RN 40 qui suit une ancienne vallée glaciaire. A gauche, dans le loin, une barre rocheuse. A droite, la chaîne des Andes qui nous sépare du Chili. De petits oiseaux coureurs, gros comme des pintades, traversent devant nous à toutes pattes. Des panneaux routiers annoncent "zona de badenès". Sans doute un apport germanique, un détournement du mot "baden" (bain), pour annoncer des gués. En effet, nous avançons sur de véritables montagnes russes : un coup sur la bosse, un coup dans le baden. Nous circulons sur une couche d'alluvions arrachés à la montagne et parcourus par des torrents d'eau, de pierres et de boues au moment des grands orages d'été. Chaque "baden" signe le passage des flots d'eau orageux qui traversent la route en l'absence de canalisation. Heureusement que le temps est au beau fixe ! La route trace droit dans la vallée. Nous passons près de san José de Jachal. A l'approche de Niquivil, nous traversons une zone désertique couverte de sel. Nous faisons halte dans le village pour manger à l'ombre d'un arbre rabougri. Puis nous poursuivons notre route dans le désert égayé de quelques buissons orangés. Nous gravissons quelques reliefs avant de rejoindre Albardon, dans la banlieue de San Juan. Nous y avons repéré un camping. Mais le gardien, à la mine plutôt antipathique, nous réclame une somme faramineuse. Nous décidons de passer la nuit sur un terre plein caillouteux à l'extérieur du terrain aménagé. Nous sommes installés au bord d'un canal d'irrigation qui capte les eaux venues de la montagnes. Grâce à quoi la campagne environnante est couverte de vergers et de vignes. Nous faisons une petite promenade le long du canal avant de rentrer nous cocooner dans notre petit chez nous. XXXXXX Pays Province Argentine San Juan Date 12/10/2011 Récit En 4 jours, nous avons parcouru plus de 1100 kilomètres. Une moyenne bien supérieure à celle que nous nous étion fixée. Aussi, nous décidons de rester dans les environs de San Juan pour faire des courses et chercher un camping accessible à notre bourse. Après un plein de carburant, nous trouvons l'unique hypermarché de la ville à l'enseigne "Libertad". La plupart du temps, nous nous contentons des petits supermarchés de campagne qui suffisent à nos besoins quotidiens. Mais nous souhaitons renouveler certains produits de luxe comme du gel douche ou du savons liquide pour les mains. Bien sûr, dans ces cas là, nous faisons toujours quelques folies hors de pris : des yaourts nature, du jambon non reconstitué, du fromage bleu, du faux gruyère, une baguette de pain presque vrai, des épinards en conserve. Pour renchérir la note, nous faisons aussi l'acquisition de deux chaises de camping. Nos deux tabourets achetés au Mexique ont rendu l'âme. Le passage à la caisse est une épreuve de patiente. Il n'y a qu'un lecteur de carte pour toutes les caissières. Elles doivent faire la queue pour enregistrer le paiement. Résultat : 1 heure d'attente. Nous sortons du magasin à 13h00. Nous prenons le temps de manger un poulet-frites dans le "patio de comida". Le patio se résume à une salle de restauration commune, entourée d'enseignes de restauration rapide. Avantage : on peut manger ensemble tout en choisissant son restaurant. Pas bête ! Nous retournons au camping-car. Ce qui n'avait été qu'une impression se confirme : le pneu arrière gauche est dégonflé malgé le bol d'air que nous lui avions donné à Las Termas de Rio Hondo. Il nous faut trouver une "gomeria" ouverte. Car c'est l'heure sacrée de la sieste. Finalement nous dénichons un petit atelier à la façade jaune vif. Le patron est juste en train de regarder son émission de télévision préféré. Diagnostic : un nouveau clou que nous pouvons ajouter à notre collection. Nous repartons gonflés à bloc, à la recherche d'un camping. Nous en avons repéré un au sud de la ville à Villa Aberastain. Nous passons devant l'aeroclub qui propose aussi des emplacements pour les campeurs. Mais encore une fois, à 80 pesos, le prix est prohibitif pour un endroit en bord de route, triste et bruyant. Nous passons notre chemin. Quelques kilomètres plus loin, j'aperçois une petite pancarte "camping" indiquant la direction d'une piste sur la gauche. Changement de cap. Nous avons trouvé un camping de la police fédérale argentine. Nous sommes accueillis par Horacio, un représentant du "comité d'entreprise" de la police venu prendre quelques photos pour attester de l'avancée des travaux en cours. Pour le prix : 15 pesos la nuit avec eau, WC, douches et électricité. Le tout est assez rustique, mais nous n'avons pas besoin de plus. Affaire conclue. Nous sommes en pleine campagne sur un terrain bordé de vignes. Nous avons pour compagnie le gardien des lieux et ses trois chiens. XXXXXX Argentine San Juan 13/10/2011 Journée de repos au camping de la police fédérale d'argentine. Il fait gris et froid. Horacio nous a dit qu'à cette période de l'année il devrait faire au moins 30°C. Nous sommes obligés d'enfiler un pull over pour mettre le nez dehors. Chaque fois que nous sortons, nous sommes accompagnés par les trois gros chiens du camping : un bâtard plus ou moins beige tigré aux yeux injectés de rouge, un berger brun et noir et une sympathique bête toute noire à poils longs qui n'avance que sur trois pattes. Ils forment une véritable meute et défendent leur territoire avec force aboiements, grondements et courses poursuites avec leurs congénères qui se risque à approcher. Contrairement aux chiens de France, les canidés du continent américain ne connaissent pas le sucre, tout simplement parce que le sucre en morceau n'existe pas. Nous avions trouvé quelques boites de sucre en morceau au Canada et aux USA. Lorsque nous avons voulu en régaler des chiens, ils se sont retrouvés comme une poule qui aurait trouvé une paire de ciseaux. La plupart n'ont même pas daigner y goûter. De toute façon, la meute du camping semble bien nourrie et passe le plus claire de son temps sur le dos les pattes en l'air à profiter du bon temps. Pendant que je cuisine un peu, je remarque des "carpinchos" miniature dans le petit potager. Ces petits cobayes gris, se baladent entre les plantations et se réfugient sous une vieille citerne à la moindre alerte. Au menu du jour : gratin de courge à la poêle. Comme d'habitude, Georges se charge des pleins et des vidanges. Nous allons devoir rester en autonomie un long week end, loin des campings bruyants investis par les argentins. D'autant que dimanche 16 octobre est ici le jour de la fête des Mères. Nous profitons de l'après midi pour continuer le tri de nos photos. j'ai enfin terminé notre reportage photos au Mexique. 9 mois de retard. Il faut faire avec. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine San Juan San Luis 14/10/2011 Direction le Parque Nacional de la Sierra de las Quijadas, dans la province de San Luis. Se sera pour nous un refuge pour la fin de semaine. Avant de partir, le gardien du camping et son père nous font les honneurs des nouveaux équipements en cours de construction dans l'ancienne maison du gardien : une salle de restauration, une cuisine et des sanitaires, le tout donnant sur une petite terrasse ombragée près de la piscine. Nous nous quittons avec force démonstration d'amitié. Grâce à un détour d'une cinquantaine de kilomètres, nous avons prévu de visiter le sanctuaire de la "Difunta Correa" dans le petit village de Vallecito, à l'Est de San Juan. Nous traversons l'oasis de la capitale provinciale avec ses vignes et ses vergers qui luttent âprement contre le désert. Nous sortons du décor verdoyant pour retrouver un paysage aride fait de sable rose et de buissons secs. Nous passons la petite ville de Caucete pour arriver sur les lieux du pélerinage. Le visiteur est d'abord accueilli par un immense cadran solaire metallique tout à fait original. Un arc de cercle d'une vingtaine de mètres de haut est planté à l'oblique dans le sable. Il est perforé à intervalles réguliers par les heures inscrites en chiffres romains. Les rayons du soleil qui passe à travers les perforations marque l'heure sur un support central toujours à l'ombre. Lorsque nous le visitons le chiffre X s'inscrit en lumière sur le support ombragé. Je voudrais le même dans mon jardin. Après cette visite instructive, nous nous rendons au sanctuaire. Des milliers d'argentins se pressent tous les ans pour la Toussaint et la semaint Sainte pour honorer la "Difunta". Partie à la recherche de son fiancé avec son enfant dans les bras, la "Defunte" aurait été retrouvée morte de soif ici en 1841. Son bébé aurait survécu en tétant le sein de sa mère décédée. Le "miracle" de la "Difunta" n'a jamais permis de sanctifier ni même de béatifier la pauvre femme. Mais son culte est aussi fort que celui de "Gauchito Gil", le petit gaucho. sur le bord des routes, le culte de la Difunta Correa se remarque par les tas de bouteilles plastique remplies d'eau déposées près de petits oratoires. Au sanctuaire, le culte se vit de manière assez originale. Les pélerins apportent ici la maquette de leur maison pour la placer sous la protection de la Difunta. L'endroit est ainsi devenu une véritable petite ville miniature qui s'étend de plus en plus dans le désert. Mais elle semble protéger aussi les automobiles en tout genre : voitures, motos, camions et même bateaux. On apporte ici, des volants, des guidons, des casques, des plaques minéralogiques et même des capots de voitures. Tout ceci forme un étrange bric à brac agrémenté de rubans et de fanions rouges qui flottent au vent du désert. Le sancturaire lui même, aménagé au sommet d'un petit promontoire, abrite deux gisants de la "Difunta Corréa", dans une position plutôt lassive, dans une robe rouge, un bébé au sein. Lorsque nous passons, un homme est religieusement concentré sur un travail important : il refait le vernis à ongle vermillon des pieds de la Difunta. Derrière le sanctuaire, l'amoncellement habituel des bouteilles en plastique. Mais on a le sens pratique. Les bouteilles sont régulièrement compactées pour être recyclées. Nous redescendons jusqu'au village où sont installés les habituels marchands de souvenirs. Les chauffeurs de camion s'arrêtent avec leur engins sur un grand parking en terre battue. Un autre gisant de la Difunta a été installé pour eux. Ils peuvent descendre rapidement de leur engin pour l'honorer et repartir. C'est ce que nous faisons aussi après avoir mangé un morceau dans le camping-car. Nous continuons notre progression dans le désert parcouru par des petites tornades de sables. Parfois l'une d'entre elles traverse la route. Nous essayons de les éviter car elles destabilisent fortement le camping-car. Et toujours des kilomètres de désert privatisés. Nous nous demandons quel peut-être l'intérêt de se rendre propriétaire de terrain pour lesquels le prix de la clôture vaut sans doute plus cher que le la parcelle elle-même. Sans compter le temps qu'il faut consacrer pour réparer ces dizaines voir centaines de kilomètres de clôtures alors que le bétail se retrouve régulèrement de l'autre côté des fils de fer barbelés, sur la route. Un mystère pour nous, qui sera peut-être éclairci un jour. Un nouveau plein d'essence. Nous prenons la direction de San Luis par la RN 147 pour arriver enfin au Parque Nacional de la Sierra de las Quijadas. Heureuse surprise. La Guadaparque nous acceuille aimablement et semble même prendre un peu d'intérêt à notre présence. Ce qui est plutôt rare en Argentine. La plupart du temps, dans les points d'information touristiques, nous avons vraiment l'impression de déranger. Il semblerait que les préposés au tourisme aient bien d'autre chose à faire que renseigner le touriste (boire son maté, regarder la télévision, discuter avec la copine ou le copain). Ici, nous pouvons même faire quelques petites balades à pied sans guide sur le dos. Merveilleux ! Pays Province Date Récit Sur les conseils de notre aimable hôtesse, nous nous installons au bout de la piste, sur le parking où se trouve les points de départ des sentiers. Nous sommes aussitôt accueillis par de jolis petits oiseaux mendiants bleus et jaunes. Ils sont peu sauvages, habitués sans doute à être nourris par les touristes. Georges se fait un plaisir de les photographier sous toutes les coutures. Il n'est pas encore trop tard ; nous avons besoin de nous dégourdir un peu les jambes. Nous partons sur le chemin des "miradores" pour aller admirer le paysage. Le soleil descendant au dessus de la vallée ne nous permet pas de profiter pleinement de la vue depuis les bèlvédères. En revanche, il donne de magnifiques teintes orangées aux collines qui nous entourent. Après une balade d'une heure. Nous retournons au camping-car mais lorsque la lumière décline, nous nous rendons à un mirador pour admirer le coucher du soleil sur la vallée. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée. Nous y retrouvons une jeune femme suisse qui voyage en vélo en Amérique du sud depuis deux ans. Nous sommes rejoints par un argentin originaire de Neuquen, au nord de la Patagonie comme il le dit lui même. Tous quatre, nous attendons silencieusement le déclins du soleil derrière les arrêtes rocheuses en contrebas. Dans un dernier flamboiement, il disparait à l'horizon. Le froid se fait sentir instantanément. Il est temps de se mettre à l'abri. Nous laissons la jeune suissesse et le patagonien au bord de la falaise. XXXXXX Argentine San Luis 15/10/2011 Journée au Parque Nacional de las Quijadas. Pendant la nuit, nous avons bénéficié d'un silence absolu. Nous nous réveillons avec le soleil. Nous avons l'intention de refaire la balade des miradores pour bénéficier de la lumière du matin. Hier, le soleil déclinant nous avait empêché de profiter des vues sur la vallée. Quelques rares touristes argentins parcourent les sentiers au pas de course. Clic-clac, une photo au bèlvédère et on repart. Il faut rentabiliser son temps de congé. Au détour d'un rocher, nous avons le plaisir de surprendre un guanaco. Ces camélidés sont plus grands que les frêles vigognes rencontrées dans les Andes. Ils atteignent au garot la même hauteur qu'un âne mais sont beaucoup plus grâciles. Maintenant, nous savons différencier les lamas, les alpagas, les vigognes et les guanacos. Après avoir photographié l'animal sous tous les angles, nous prenons le chemin du retour. La guadaparque nous attend sur le parking. Elle nous informe qu'il existe une autre randonnée libre sur le sentier des Guanacos. Nous devons signer une décharge pour dégager le parc de ses responsabilités en cas d'accident et ne partir qu'entre 16h00 et 17h00. La fréquentation du chemin est limitée à 30 personnes par jour. 2h30 de balade en liberté dans le parc ! Privilège rare en Argentine ! Nous prenons le temps du repas et d'une bonne sieste avant d'emprunter le sentier mal tracé sous un soleil de plomb. Nous suivons les petits cairns de pierre dans un paysage désolé et pierreux. Le sol est jonché de morceaux de quartz colorés, rouges, orangé, verts. Nous voyons des traces de guanacos dans le lit de petits arroyos asséchés, mais de guanaco, point. Les talus sont couvert de "chaguares", des plantes grasses d'un vert tendre en forme d'étoiles qui luisent au soleil. Des buissons vert bouteille tranchent sur les teintes orangées des formations rocheuses. Nous grimpons le long de corniches qui s'effritent à notre passage pour atteindre finalement l'autre versant du massif montagneux. Nous sommes survolés par cinq condors que nous dérangeons probablement. Leur vol silencieux souligne la quiétude des lieux. Des hirondelles au vol rapide traversent un cañon encaissé, dominé par de hautes colonnes rocheuses qui s'estompent dans la lumière du soleil couchant. Il est temps de rentrer si nous ne voulons pas être surpris par la nuit. Nous avons bien emporté des lampes de poche mais nous n'imaginons pas un seul instant franchir à nouveau les corniches et les coulées pierreuses dans le noir. A notre retour, deux grands bus ont déversé des dizaines de touristes sur le parking. En attendant le retour des argentins qui se sont égayés dans la nature les moteurs des deux véhicules vont tourner pendant plus d'une heure, empestant l'atmosphère. Impossible d'ouvrir une fenêtre. Nous sommes obligés de rester calfeutrés à l'intérieur. Nous pouvons à nouveau respirer après le coucher du soleil quand la horde polluante a enfin vidé les lieux. XXXXXX Pays Province Argentine San Luis Date 16/10/2011 Récit Encore une nuit parfaitement silencieuse dans le parque nacional de la Sierra de las Quijadas. Nous nous apprêtons à partir lorsque nous voyons arriver le jeune couple suisse rencontré pour la dernière fois au parc de Talampaya. Nous discutons un moment sans même avoir l’idée d’échanger nos prénoms. Ils resteront encore anonymes cette fois ci. Nous devons parcourir environ 120 kilomètres dans le désert pour rejoindre San Luis, la capitale de la province. Du sable, des buissons secs et des troupeaux de chèvre sur les bas côtés. Comme d’habitude, nous devinons l’approche de la ville grâce à l’augmentation du nombre de sacs plastique et de tas d’ordures qui agrémentent le paysage Nous profitons d’une connexion internet à la station service pour relever notre boîte e-mail et téléphoner en France. Nous apprenons que notre fils aîné s’est fait agresser à son domicile par une personne à qui il avait donné sa confiance : un coup de couteau dans le dos. Heureusement, il était bien habillé et il n’a été blessé que légèrement. La situation est suffisamment grave pour que nous envisagions de rentrer provisoirement en France. Aussi, bien que nous soyons dimanche, nous arpentons tous les services de police de la ville pour tenter de faire prolonger de un mois notre autorisation temporaire d’importation du véhicule en Argentine. En vain. Seulet la douane peut prendre une décision et les bureaux sont fermés jusqu’à demain. Nous décidons de passer la nuit au pied de l’immeuble de l’administration des douanes pour être dans les bureaux à la première heure. Par bonheur, nous avons la chance de pouvoir nous connecter à nouveau sur internet dans la soirée. Avec le décalage horaire, nous réveillons tout le monde en France. Mais cela nous permet d’avoir d’autres nouvelles. Il semblerait que la situation ne soit pas aussi alarmante que nous le craignions. Notre présence en France n’apporterait pas grand-chose. Nous décidons de laisser passer la nuit qui paraît-il, porte conseil. XXXXXX Argentine San Luis Mendoza 17/10/2011 La nuit a été agitée dans tous les sens du terme. L’inquiétude bien sûr mais aussi le vent qui secouait le camping-car et les fêtards de la boîte de nuit toute proche. Au matin, nous sommes dans un état pitoyable et gardons l’estomac noué. C’est le moment de prendre une décision. Nous avons envie de serrer notre fils très fort dans nos bras mais pourrons-nous lui apporter plus que les paroles de réconfort que nous lui avons déjà prodigué par téléphone. C’est la seconde fois depuis le début de notre voyage que nous sommes confrontés à ce dilemme. Les paroles de notre second fils étaient vraiment rassurantes hier soir. Nous décidons de poursuivre notre route, même si le cœur n’y est pas. Nous traversons des dizaines de kilomètres de désert sans prêter grande attention à ce qui nous entoure. Georges, qui à l’œil rivé sur l’asphalte, me fait remarquer les grosses araignées noires qui traversent la route. Peut-être des mygales ? A Las Horquetas, limite de la province de Mendoza, nous sommes soumis au premier contrôle phytosanitaire sérieux. Heureusement, nous avions planqué les tomates, concombres et poivrons. C’est donc l’unique clémentine laissée dans le réfrigérateur qui est interdite de séjour dans la province de Mendoza. Nous la mangeons donc sur place. Les bananes, quant à elles, ont droit de cité : on ne cultive pas de bananes sous ces latitudes. Il nous faut tout de même débourser 5 pesos pour une sois disant désinfection des roues du véhicule. Nous nous croyons revenus aux passages folkloriques des frontières d’Amérique Centrale. A Monte Coman, nous entrons dans l’oasis de San Rafael. Chaque pouce de vigne et de verger est gagné sur le désert. Les routes bordées de peupliers nous rappellent le sud de la France avec ses tunnels de verdure. Nous arrivons au centre ville. Nous faisons le plein de carburant le moins cher depuis notre séjour en Argentine. Après des achats au supermarché « Vea » nous prenons la direction du cañon del Atuel et de la Valle Grande. Nous sommes encore hors saison touristique. La plupart des campings et des restaurants sont fermés. Nous atterrissons finalement au « Complejo turistico Ayum Elun » au bord du rio Atuel. Le camping est cher pour notre bourse mais nous n’avons pas le courage de chercher autre chose. Nous avons toujours le cœur lourd. Après le repas, je m’installe devant l’ordinateur pour continuer le tri de nos photos pendant que Georges s’accorde une sieste. Nous avons tous les deux besoin de nous détendre. XXXXXX Pays Province Argentine Mendoza Date 18/10/2011 Récit Journée au camping Ayum Elun. Nous avons toujours le cœur serré. Pour nous détendre un peu, nous décidons de partir marcher sur la route qui parcourt le cañon del Atuel. Le temps est au beau fixe. Mais l’influence du sud commence à se faire sentir. Nous n’avons plus de canicule. Les températures sont agréables en journée. Juste un petit chauffage d’un quart d’heure le matin pour notre toilette. Ici, comme partout en Argentine et d’ailleurs dans la plupart des pays que nous avons traversé, impossible de jouir de la nature sans payer. Les lieux touristiques sont entièrement privatisés ou ont été transformés en parques nationaux et parcs provinciaux payants. Pas un sentier dont l’accès soit gratuit. Reste la route, pas toujours agréable à cause du passage des voitures. Par chance, la RP 173 longe par endroit le rio Atuel et nous pouvons tout de même bénéficier de jolies vues sur le cañon, dominé par des montagnes pierreuses teintées de rouge. Ici, tout est organisé pour le touriste : rafting, cabalgatas (promenades à cheval), via ferrata, escalade, accrobranche, etc. Pour amateurs de vacances dynamiques et sportives plutôt fortunés. De retour au camping, nous profitons de la connexion wifi pour joindre notre fils. Nous pouvons avoir une longue conversation qui apaise les esprits de part et d’autre. Nous retrouvons un peu de sérénité. Nous avons reçu plusieurs e-mails d’amis et de connaissances nous disant avoir entendu notre interview par le journaliste de notre radio locale préférée (Radio Val de Reins). Quant à nous, le débit internet est tellement faible qu’il nous est impossible de nous écouter. Un peu frustrant. Je passe le reste de l’après midi dans le camping-car, poursuivant le tri de nos photos, pendant que Georges fait les pleins et les vidanges. XXXXXX Argentine Mendoza 19/10/2011 Nous avons prévu de rejoindre la RN 144 qui relie San Rafael à la RN 40 en suivant la petite route de la Valle Grande. Nous longeons le rio Atuel jusqu’au pied du barrage qui ferme le cañon. Puis, nous nous hissons jusqu’à la retenue d’eau en zigzaguant le long d’une barre rocheuse pour finir par deux tunnels taillés à même le roc. Les eaux du lac, immobiles, reflètent le ciel bleu et les montagnes environnantes. Des petits condors planent silencieusement au dessus de nos têtes. Même si le niveau de l’eau est bas, le spectacle offert par la nature nous charme. Nous poursuivons notre chemin en passant le barrage. La chaussée asphaltée s’arrête là. Nous devons parcourir 46 kilomètres de piste pour rejoindre la retenue d’eau d’El Nihuil. Ce circuit est un véritable enchantement. Les formations rocheuses son d’une variété incroyable. Parfois, les formes sont douces et arrondies, parfois acérées, toujours en équilibre précaire. C’est aussi un festival de couleurs ; vert de gris, blanc, orangé, rouge, etc. Il nous faut trois heures pour parcourir l’ensemble de cette vallée sauvage mais enchanteresse. Seule ombre au tableau (de bord) : le voyant vert qui signale la position 4 X 4 c’est mis à clignoter sans raison et ne s’arrête plus. Pas d’influence sur la conduite. Nous verrons bien. Nous sortons de la vallée par une piste sinueuse pour rejoindre El Nihuil, sur le plateau. Nous profitons de l’unique restaurant du village pour faire une halte bienvenue après ces longues heures de conduite. Puis, nous reprenons la route à travers le désert, à près de 1400 mètres d’altitude. Nous traversons toujours les mêmes paysages désolés et nous nous posons une question à laquelle nous aurons peut-être un jour une réponse : Qui peut bien choisir de devenir propriétaire de ces bouts désert ? La valeur de la clôture (tendue sur des dizaines, voir des centaines de kilomètres) qui entoure les parcelles vaut certainement plus cher que le terrain lui-même. L’utilité même de la clôture nous pose question vu le nombre de bêtes que l’on trouve errantes sur la chaussée. Pays Province Date Récit En approchant de Malargüe, nous découvrons la zone des « tanques » de l’observatoire astronomique Pierre Auger. Nous avions eu l’occasion de voir un reportage à le télévision sur cet observatoire, il y a bien longtemps et nous sommes très surpris de le trouver tout à fait par hasard. 1600 « tanques » (réservoirs) plantés tous les 1500 mètres dans le désert sur une surface grande comme 15 fois la ville de Paris. Ces gros containers beiges et cylindriques sont destinés à recevoir les millions de rayons cosmiques qui bombardent la région comme toute la surface de la planète. Le système est complété par 24 télescopes à fluorescence de haute sensibilité, répartis dans quatre bâtiments sur le pourtour du champ de « tanques ». L’ensemble du système, relié par informatique à l’observatoire centrale permet à 500 scientifiques du monde entier d’étudier les fameux rayons découverts par le français Pierre Auger : Ce qui lui valu le prix Nobel en 1938. Chaque « tanque » porte un nom. J’immortalise « Cohen Junior », planté sur le bord de la route et nous poursuivons notre chemin. La ligne des Andes enneigées apparaît maintenant à l’horizon. Nous retrouvons la ruta 40 et arrivons à l’oasis d’El Chacay. Tous les champs sont entourés de hauts peupliers. Sans doute pour protéger les cultures du vent. Nous parvenons finalement à Malargüe où nous avons décidé de visiter l’observatoire astronomique. Il n’y a qu’une seule visite programmée chaque jour à 17 heures du lundi au vendredi. En attendant l’heure de l’ouverture, nous recherchons un atelier de mécanique pour avoir un avis concernant le voyant vert du 4 X 4 qui persiste à clignoter. L’unique garagiste du coin ne semble pas très intéressé par notre problème. Pour lui, c’est sans importance. Laissons le clignoter. Pour passer le temps, nous nous promenons entre les rangées de peupliers, dans le parc public. Puis nous sommes accueillis, sans soute par une ingénieure qui parle castillan ou anglais. Nous ferons avec. En fait, la visite se résume á un film qui explique la création et les perspectives d’avenir concernant l’observatoire. Nous ne comprenons pas tout. Heureusement que nous avons encore en mémoire le reportage télévisé diffusé en France. Si nous le souhaitons et si nous en trouvons le temps, nous pourrons toujours visiter le site internet de l’observatoire pour avoir plus d’informations (www.auger.org.ar). Nous ne regrettons pas de partager un tout petit peu cette expérience scientifique qui réunie tant de personnes à travers le monde, simplement pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Nous ne sommes pas autorisés à bivouaquer sur le parking de l’observatoire. Mais nous nous installons sur le côté de l’allée sablonneuse qui borde le site pour passer la nuit. XXXXXX Pays Province Argentine Mendoza Neuquen Date 20/10/2011 Récit Nous poursuivons notre descente vers le sud sur la RN 40. Avant de quitter Malargüe, il nous faut faire le plein de carburant pour faire face à la journée de route. Nous ne savons pas à quelle distance se trouve la prochaine station service. A l'enseigne Esso, nous faisons chou blanc : il n'y a plus de diesel. Reste la station YPF. Le camion citerne est en train de charger les cuves. Heureusement, la nouvelle n'a pas encore fait le tour de la ville et nous sommes les seconds dans la file d'attente. Plusieurs voitures sont stationnées aux environs avec un bidon d'huile vide posé sur le toit. En Argentine, c'est le signe que le véhicule est à vendre. Finalement, nous n'attendons que 20 minutes avant de reprendre la route. La ruta 40, en direction de Neuquen, la province la plus haut nord de la Patagonie, se dégrade rapidement. Une courte portion asphaltée fait bientôt place à une zone de travaux, suivie d'une piste en "ripio" (empierrée). Nous supportons tant bien que mal le revêtement du sol en "tôle ondulée", la poussière et le bruit. Mais l'épreuve en vaut la peine. Nous traversons de magnifiques paysages montagneux désertiques. Les oasis se signalent par le vert des peupliers et des saules pleureurs qui cachent les bâtiments des estancias. A Bardas Blancas, nous atteignons le rio Grande et laissons sur notre droite une piste qui mène au Chili, par delà les montagnes enneigées. Nous suivons le cours du rio Grande dont le lit est en grande partie envahi par les touffes d'herbes de la Pampa. Des chèvres, des moutons, des ânes et quelques vaches errent librement, à moitié cachés par la végétation. Ici, pas d'électricité. Certaines estancias ne sont que de pauvres baraques en adobe couvertes de toit en tôle. Les fermiers doivent survivre en autonomie, loin de tout. Celui qui possède une automobile doit parcourir au moins 150 kilomètres avant d'espérer trouver une station service. 150 kms aller plus 150 kilomètres retour. Le plein d'essence est presque entièrement "mangé" par le trajet. Nous imaginons que les paysans se constituent de grosses réserves en bidons qu'ils vont remplir de temps en temps avec leur pick-up. Changement de décor. Une ancienne coulée de lave noircie a obstrué le cours du rio Grande. Celui-ci a du se tailler un passage dans la roche et file maintenant dans un étroit cañon sombre. Nous le traversons sur un petit pont au lieu dit de la "Paserela". C'est aussi une halte pour les voyageurs qui veulent se recueillir devant les oratoires de Gauchito Gil et de la Difunta Correa, disposés côt à côte. Pendant des kilomètres, nous traversons le champ de lave noir avec pour toile de fond un gros volcan enneigé. L'histoire de l'éruption volcanique se lit à ciel ouvert : à gauche la lave qui descend du volcan, à droite la montagne de roches rouges au pied de laquelle coule le rio Grande. On peut nettement voir les coulées de lave noire qui se sont refroidies en arrivant dans la rivière. Le contraste entre le noir de la lave refroidie et le rouge de la montagne est saisissant. A Barrancas, nous franchissons le rio Colorado pour entrer dans la province de Neuquen. Personne au poste de contrôle phytosanitaire. Nous faisons halte pour prendre notre repas de midi puis reprenons la route. Après avoir gravi un relief, nous changeons de versant et découvrons le volcan Tromen. Nous ne le quittons plus jusqu'à Buta Ranquil, traversant une seconde coulée de lave issu de ce nouveau volcan. Il nous faut mainteant trouver un bivouac pour la nuit. Difficile au milieu de ce chaos de pierre. Nous repérons un petit chemin de traverse qui mène à deux petits oratoires. Toujours Gauchito Gil et la Difunta Correa. Un petit parking permet aux voyageurs de faire leurs dévotions. Ce sera parfait pour passer la nuit, à l'abri du vent, entourés de gros tas de lave noire. Depuis le camping-car, nous avons une vue sans partage sur le volcan Tromen, la tête blanche perdue dans les nuages. Dehors, le silence est absolu. Pas un oiseau pas le souffle d'un animal pour perturber l'atmoshère comme figé dans la pierre. XXXXXX Pays Province Argentine Neuquen Date 21/10/2011 Récit Nous avons profité du silence toute la nuit. Ce matin, le volcan Tromen a perdu son toit de nuages et nous pouvont l'admirer dans toute sa beauté, sous les rayons du soleil levant. Nous passons Buta Ranquil, endormie dans son oasis de verdure. En face de nous, une longue ligne de montagnes couvertes de neige. C'est la Cordillera del Viento, la bien nommée dans cette région sans cesse balayée par les vents. Nous nous dirigeons vers Chos Malal. Il nous faut trouver une station service pour faire le plein de carburant. Nous repérons rapidement la station YPF. Il y a du diesel mais nous devons faire la queue pendant 1/4 d'heure. Somme toute, ce n'est rien si l'on compare les longues files d'attente dans les stations des hypermarchés français aux heures de pointe. Nous profitons de notre présence dans la petite ville pour faire quelques achats au supermarché. Puis, à défaut de manger, nous nous nourrissons au Bahia Café avec le "menu del dia" : soupe de légumes (bien légère), poulet à la suisse (couvert de plaques de fromage du genre cheddar) et une salade de tomates. Le dessert ne fait pas partie du programme. Il est 13h30 et nous avons encore 200 kilomètres à parcourir à travers le désert. Nous roulons sur un plateau à environ 1500 mètres d'altitude. Le trajet est d'un ennui mortel : des montagnes pierreuses et grises, du sable et des buissons secs entourés de clôtures, quelques chèvres et des cadavres d'animaux probablement renversés par des automobilistes pressés. Ici, pas de charognard pour assurer le service de nettoyage. Les carcasses sèchent sur place. La RN 40 oblique à l'ouest pour rejoindre Las Lajas situées à seulement 60 kilomètres de la frontière chilienne. Ici, les Andes enneigées s'étendent sous nos yeux du nord au sud sur des centaines de kilomètres. Les caprices de la route nous ramènent vers l'Est, en direction de Zapala. Nous suivons une vallée un peu moins austère, couverte d'herbes de la Pampa. Nous repérons au loin les peupliers. Nous arrivons à Zapala. Nous sommes à la recherche d'une lavanderia. Nous passons au camping municipal, caché dans le "Bosque", le seul coin de verdure de la ville. Nous y passerons la nuit même si nous ne sommes pas enchantés par le spectacle. Le terrain est entouré d'immenses étendues de sacs plastiques livrés au vent. Le gardien du camping nous indique l'adresse de la seule et unique lavanderia de Zapala, près du "terminal de Omnibus". Grâce aux travaux qui font ressembler toute la ville à un chantier, nous nous perdons à plusieurs reprises avant de dénicher la laverie. Surprise : c'est une laverie automatique. Nous n'en avions plus vu depuis les USA. Mais le patron est là pour nous donner un coup de main. Avec nos quatre machines à laver, nous sommes les bienvenus ; il n'avait pas eu de client de toute la journée. Nous passons deux heures à laver et sécher tous nos vêtements et linge de maison. Lorsque nous revenons au camping, vers 19h00, nous sommes épuisés. Il nous faut encore plier et ranger tout notre linge avant de manger un morceau. Avant de nous coucher, nous regardons notre planisphère : nous sommes maintenant à une latitude plus basse que l'Afrique du Sud. XXXXXX Argentine Neuquen 22/10/2011 Nous avons prévu de visiter le Parque Nacional de la Laguna Blanca, situé à une cinquantaine de kilomètres de Zapala. Il fait beau mais la chaîne des Andes disparait dans la brume. Nous parcourons rapidement le chemin qui mène à la lagune, dominée par des montagnes enneigées, à peine distinctes. Nous faisons halte à un mirador pour jouir d'une vue d'ensemble. Un petit condor, intrigué, s'approche de très près et plane juste au dessus de nos tête pour nous identifier puis repart dans le désert. Nous arrivons au centre d'informations au bord de l'eau. Déception une nouvelle fois. Il n'y a pas de sentier de promenade d'aménagé. Juste un petit belvédère pour observer les cygnes sauvages, absents à cette période de l'année. La zone est balayée par un vent glacial. Nous décidons de faire demi-tour pour reprendre la route en direction de Neuquen. Le compte à rebours pour notre visa de 3 mois et déjà bien entamé et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre trop de temps. En retournant sur Zapala, nous avons le plaisir de surprendre un nandou au milieu de la route. Effrayée, la bestiole cherche à se faufiler à tout prix sous les fils de fer barbelés des clôtures. Elle y parvient finalement après moult contorsion et disparait presque instantanément dans le paysage. Sa couleur et sa forme la font facilement confondre avec les buissons gris qui tapissent le désert. A Zapala, nous prenons la ruta 22 et continuons à travers le désert. A midi, nous faisons halte dans une petite ville qui porte le nom charmant de "Cutral-Co", allez savoir pourquoi. Cutral-Co est située en plein milieu de champs pétrolifères. Nous voyons de partout le lent va-et-vient, de haut en bas, des grosses bielles bien huilées qui aspirent le pétrole jour et nuit. Ici, le pétrole brut est traité sur place par les raffineries de la société YPF (Yacimientos Petroliferos Fiscales). Pays Province Date Récit Pas de pénurie de carburant dans les stations services. Nous croisons sans cesse les camions citernes estampillés YPF. La société qui gère les lignes régulières de bus se nomme "El Petroleo". La région semble plutôt riche. Nous voyons de nombreux 4 X 4 étatsuniens flambants neufs et les épaves roulantes, sorties des années 1970 se font plus rare. Comble de l'ironie : ici, dans le désert, le grand luxe c'est de se faire construire une maison en bois. Au nord, dans la région de Misiones, les maisons en bois sont réservées à la population la plus pauvre, en particulier les indigène guaranis. Mais de manière générale, les petites villes et villages argentins ressemblent aujourd'hui encore à des cités de pionniers : maisons en brique et toit en tôle, rues en terre ou empierrées. Priorité à l'utile et l'indispensable. Le beau, se sera pour plus tard. Nous poursuivons notre route au milieu des espaces désolés, semés de puits de pétrole. Nous arrivons finalement à Plottier, dans la banlieue ouest de Neuquen. Nous y avons repéré un camping municipal, au bord du rio Limay. L'endroit est plutôt agréable sous les dizaines d'acacias en fleurs. Ils nous rappellent le temps où nous confectionnions chaque année des beignets de fleurs d'acacia en France, au mois de mai. Malheureusement, à part les fleurs, nous n'avons rien sous la main qui puisse nous permettre de faire des beignets et nous sommes bien fatigués. Nous décidons de nous détendre un peu en faisant une courte promenade le long du rio. Nous sommes samedi soir. Espérons que nous ne profiterons pas trop de l'exubérance de nos amis argentins au cours de la nuit. XXXXXX Argentine Neuquen Rio Negro 23/10/2011 Après le départ des touristes du samedi, la nuit a été plutôt calme. Aujourd'hui, nous quittons la province de Neuquen pour entrer dans celle du Rio Negro. Nous traversons sans encombre la ville de Neuquen, en limite de province. C'est là que se marient les rios Neuquen et Limay pour former le rio Negro. Celui-ci file d'ouest en Est pour rejoindre Viedma, la capitale de province et se jeter dans l'océan atlantique sud. Nous roulons sur des dizaines de kilomètres dans le couloir de verdure de la haute vallée du rio Negro. A droite et à gauche, sur une largeur d'environ 2 kilomètres, des vergers protégés par des haies de peupliers. Le vent du désert, tout proche, rôde en permanence et fait ployer la cime des arbres. Pommiers, poiriers et vignes se succèdent. Mais nous sommes au printemps et les fruits ne sont pas encore gonflés par le soleil d'été. Nous croisons des fabriques de "sidra" et de nombreux "frigorificos", les chambres froides qui servent à conserver les fruits de la saison précédente. Nous passons les villes au nom charmant de Allen, General Roca, Cervantes où nous décidons de faire halte pour acheter des pommes et des poires. Je rêve d'une bonne compote depuis des semaines. Mais de manière générale, les fruits sont chers et les argentins ne connaissent pas la compote de pomme en conserve. Nous achetons 3 kilos de fruits frais et 1 kg de noix sèches. La propriétaire des lieux nous signale qu'aujourd'hui se déroulent les élection présidentielles en Argentine. Les quelques fois où nous avons eu l'occasion de regarder la télévision, dans les restaurants, nous n'avons pas eu l'impression que le thème des élections tenait une place importante dans la ligne éditoriale des journaux télévisés. Nous n'en avions même jamais entendu parler. Ce soir, les argentins auront élu un nouveau président pour une durée de 4 ans. Tout celà ne perturbe pas la suite de notre voyage. A Villa Regina, la vallée se ressert et la zone verte se réduit comme peau de chagrin. A Chinchinales, nous nous retrouvons aux portes du désert qu'on appelle ici la "stepa". De nombreux kilomètres à travers le néant nous attendent encore. Au loin, nous apercevons encore un étroit cordon vert sombre au bord du rio Negro que nous avons quitté pour rejoindre Choele-Choel. Ici, pas de pénurie de carburant. Nous faisons le plein avant d'aller nous installer au camping municipal, situé au milieu du rio Negro, sur la isla 92 (c'est son nom). Pays Province Date Récit Nous sommes dimanche mais le traditionnel asado se passe de manière moins bruyante que dans le nord. Nous regardons presque avec tendresse, ces grandes familles, ces amis qui profitent de leur dimanche de manière nonchante autour des asadores. Le bruit des radios est raisonnable. Tout va bien. Nous nous garons sous les arbres dont l'ombre est si précieuse pour les habitants de ces zones désertiques. Puis nous partons faire paisiblement le tour de l'île. Chacun est venu ici, chercher son petit coin de paradis, à l'abri d'un buisson, d'une butte herbeuse, sur une petite plage cachée. On se prélasse, discute du temps qui passe. Les voitures sont sorties du garage : la Renault 12, cligne du pare-choc. La Renault 6 a pris quelques taches de brunes, sans doute à cause du soleil. L'Ami 8 "Elysée" est toute paimpante dans sa livrée orange. La 404 s'est installée à côté de la 504. Elles discutent avec nostalgie du bon vieus temps. La 2CV s'est faite discrète, derrière un tamaris en fleurs. Le 4 X 4 gris, l'air rustique, est presque mon contemporain : il est né en 1958. Ce petit coin de terre au milieu du rio Negro est un petit condensé de l'Argentine d'aujourd'hui et de l'histoire de l'automobile depuis les années 1970. Ce soir, Georges s'offre uns séance cinéma sur l'ordinateur. Ce n'était pas arrivé depuis bien longtemps. XXXXXX Argentine Rio Negro 24/10/2011 Nous nous octroyons une journée de repos au camping Isla 92 de Choele-Choel. Voilà 5 jours que nous roulons sans discontinuer à travers le désert. Nous n'avons pas trouvé de lieu particulièrement intéressant à visiter qui nous aurait donné envie d'y séjourner quelques temps. sur des milliers de kilomètres, le désert ponctué d'oasis. Georges profite de notre halte prolongée pour faire les pleins et les vidanges. Grâce à lui, l'eau ne tarit jamais des robinets et les WC sont toujours impeccables. On se croirait presque dans une maison avec le tout à l'égoût et l'eau courante. La journée se déroule paisiblement. Pendant que je poursuis le récit de notre récit détaillé, Georges fait le point sur les films de cinéma que nous avons en stock sur notre petit disque dur externe. Il pourra ainsi choisir plus facilement le programme de sa prochaine séance de cinéma. En fait, nous regardons très peu de films car la plupart du temps, les longues journées de route nous terrassent de fatigue et nous nous couchons en même temps que le soleil. Et puis, notre gros ordinateur est glouton. Il exige d'être rechargé après une petite heure d'autonomie. Il nous faut donc trouver des branchements électriques. Avec un peu de nostalgie, nous faisons un retour en arrière et visionnons rapidement les photos que nous avons prises depuis le début de notre voyage. Nous avons traversés des dizaines de pays, vu des paysages extraordinaires. Mais surtout, nous constatons combien le voyage et le temps qui passe nous ont transformés. Nous avons du mal à nous reconnaître sur les clichés rangés au magasin des souvenirs.. Lorsque le soir arrive, nous avons à peine mis le nez dehors. Demain, nous espérons rejoindre l'océan Atlantique. XXXXXX Pays Province Argentine Rio Negro Date 25/10/2011 Récit Nous quittons l'ombre du camping de Choele-Choel. Direction l'océan Atlantique Sud par la RN 250 et la RP 2. La route principale, bien asphaltée, mène à Vidma, la capitale de la province, en suivant le rio Negro. Jusqu'à Pomona, nous parouconr un corridor vert, dédié à la culture des pommes et de tomates, mais aussi aux plantes fourragères comme la luzerne. Puis, nous plongeons à nouveau dans le désert, égayé par quelques buissons couverts de fleurs oranges. Ici aussi, le printemps ose quelques touches de couleur sur les bord de route, semant des petites fleurs jaunes comme des fleurs de colza. Toute la végétation ploie sous la force du vent froid venu du sud et qui ralentit notre progression. Quelques petits troupeaux de vaches et de chevaux se réunissent autour de rares point d'eau. Sans le voir, nous suivons le canal de 188 kilomètres qui relie Pomona à San Antonio Oest et permet d'approvisionner la côte Atlantique grâce à l'eau douce du rio Negro. Au lieu dit "El Solito" qui porte bien son nom, nous bifurquons plein sud en direction du golfo San Matias. Nous apercevons de loin la grande saline de Gualicho. Bien sûr, propriété privée oblige, impossible de l'approcher. Lorsque nous arrivons à San Antonio Oest nous n'avons pas aperçu un village sur plus de 200 kilomètres de route. Le carrefour avec la RN 3 concentre tout ce qui peut être nécessaire à un routier : stations services et comedors. Nous en profitons donc pour faire le plein de carburant et nous restaurer. Nous découvrons avec surprise mais surtout avec plaisir que le petit restaurant qui nous accueil, perdu au milieu d'une zone de travaux, propose un menu très attrayant et à un prix raisonnable. Nous y mangeons sans doute un de nos meilleur repas argentin, si ce n'est le meilleur. Côté politique, la serveuse nous apprend le résultat des élections présidentielles argentines. C'est Chrisitina Kirchner, la présidente sortante qui est réélue pour 4 ans. La vie publique argentine suit son bonhomme de chemin dans la continuité. Nous décidons de rendre une petite visite à San Antonio Oest, tout proche de là. La ville s'endort tout doucement avec le temps qui passe, au profit de sa rivale, San Antonio Est, de l'autre côté de la baie. Sur le môle, il n'y a plus que deux embarcations de pêche en ordre de marche. Tous les autres ont rejoint le cimetière à bateaux. Quelques vieilles carcasses rouillées s'épaulent mutuellement pour ne pas s'effondrer dans la vase. Un vieux convoi de train à terminé son voyage devant les grilles du port. Une dizaine de wagons rappelle le temps ou le "ferrocarril" traversait la pampa. Aujourd'hui, le train fantôme est borgne, les vitres sont brisées, les fauteuils, les portes, tout le mobilier arraché. Le village de pêche s'éteint peu à peu au profit du grand port marchand de San Antonio Est dédié à l'exportation des fruits du rio Negro à destination de l'Europe et du monde entier. Il est temps de partir à la recherche d'un bivouac pour la nuit. Nous prenons la direction de la cité balnéaire de Las Grutas espérant y trouver un camping. Nous repérons le camping "El Oasis", adossé aux dunes. Il est malheureusement fermé mais l'ouvrier auquel nous nous adressons nous invite à poursuivre la piste jusqu'à la plage, au delà des dunes. Nous n'avions pas revu de plage sur la côte atlantique depuis le parc de Tayrona, au nord de la Colombie. Mais c'était la côte caraïbe, bien différente de l'Atlantique Sud. Nous nous garons sur un petit parking, bien à l'abri du vent et grimpons par la petite allée sableuse qui mène à la plage. Merveille. Des kilomètres de rivage battu par les vagues pour nous tous seuls. Nous nous sentons minuscules et perdus au milieu de cette étendue immense de sable et d'eau. La marée est basse et nous pouvons ramasser quelques petits coquillages. Georges en profite pour photographier quelques oiseaux qui sautillent sur les rochers. Mais le vent froid à raison de nous et nous partons nous mettre à l'abri de l'autre côté des dunes. Nous découvrons alors un petit sentier qui serpente à travers les dunes et nous décidons departir nous balader, protéger du souffle glacial. Il fait presque bon et nous prenons plaisir à la promenade. En grimpant au sommet d'une dune pour voir l'océan, Georges tombe nez à bec ave une mouette en train de couver ses oeufs. Elle s'envole en poussant des cris pleins d'indignation. Quelques photos du nid et Georges redescend bien vite. Plus question de s'aventurer la haut. C'est le temps de la couvaison "please, do not disturb". Nous nous contentont d'observer les mouettes et les rapaces depuis le chemin avant de rentrer au camping-car. La journée à encore été bien longue et nous avons hâte de nous reposer un peu. Les jours ont commencés à grandir et nous nous couchons alors que la nuit n'est pas encore tombée. XXXXXX Pays Province Argentine Rio Negro Date 26/10/2011 Récit Nous passons la journée ici, au bord de la Bahia San Antonio Oeste pour vivre pleinement un grand évènement : nous fêtons aujourd'hui nos 37 ans de mariage. Nous avons décidé d'ériger un monument dans les dunes qui surplombent la plage. Il sera aussi ephémère que le temps qui passe. Pendant que je fais la cueillette de coquillages avec un grand seau, Georges inscrit ce jour important dans le sable. Il dessine chiffres et lettres avec son bâton de marche puis remplit le tracé avec des coquillages. Après deux heures de travail, nous sommes fières de pouvoir lire : "1974-2011 Georges-0chantal 37 ans de mariage". Comme pour un mandala, le souffle du vent rendra bientôt notre oeuvre au néant. Mais nous la fixons sur les cartes mémoire de nos appareils photo. Nous regardons un moment l'océan, maintenant à marée haute et observons les mouettes qui nous invectivent depuis le ciel. Nous sommes un peu trop près de leurs nids, au sommet des dunes. Avec la marée descendante, un vent froid se met à souffler et nous passons l'après midi à l'abri dans le camping-car. Pendant que Georges se penche sur la suite de notre voyage jusqu'à Ushuaïa (encore près de 2000 kilomètres à parcourir), je confectionne un souvenir à l'aide de coquillages glanés sur la plage. Il faut dire que les souvenirs pour accrocher à notre vide poche sont difficile à trouver en Argentine. Pour la seconde fois, nous voyons le soleil se coucher sur les dunes de la Bahia San antonio Oeste. XXXXXX Argentine Rio Negro Chubut 27/10/2011 Direction plein sud. Dans 2 jours, nous espérons atteindre la péninsule de Valdes. Aujourd'hui, nous avons prévu de faire une étape à Puerto Lobos, à la limite de la province du Chubut ; près de 200 kilomètres de route à travers le désert. Nous sommes soumis à un contrôle phytosanitaire peu après San Antonio Oeste. Rien à déclarer. Arpès examen de notre réfrigérateur, nous pouvons repartir. Nous nous demandons où peuvent bien être les vergers qu'il faut protéger dans ce désert venté sur la zone côtière. Nous faisons à Sierra Grande le plein de carburant le moins cher depuis le début de notre prériple argentin. Sans doute parce que nous approchons de la zone pétrolière de Comodoro Rivadavia. Nous profitons de l'auto-servicio (libre-service) proche de la station service pour acheter du pain et des bananes qui ont le droit de circuler en Patagonie. Nous passons un deuxième poste de contrôle sanitaire à Arroyo Verde, lors de notre entrée dans la province du Chubut. Mais le préposé nous fait signe de circuler. Nous ne sommes pas inspectés. Allez savoir pourquoi. Après 9 kilomètres, nous bifurquons à l'est sur la piste qui mène à Puerto Lobos. Nous découvrons un lieu dit désolé, à l'abandon. Les environs sont jonchés de sacs et de bouteilles en plastique. Dommage. L'endroit pourrait être agréable. Nous nous installons au sommet des dunes avec l'océan en contrebas. La marée est descendante et les rochers se découvrent. Après le repas, nous partons faire une balade à pied sur la crête des dunes. Ici, pas de sable. Le sol est couvert de minuscules galets colorés de la taille d'un grain de riz. Nous apercevons dans les vagues ce qui nous semble être des otaries. Nous passons à l'écart des cormorans, goëlands, huîtriers et vanneaux qui animent le paysage pour ne pas les dérangers. Nous photographions les natures mortes crées sur la plage par la marée : coquillages bleus en colimaçon, algues rouges, vertes ou brunes, carpaces de crabes, etc. Nous sommes arrêtés dans notre progression par les eaux d'un rio qui se jette dans l'océan. Nous prenons donc le chemin du retour et rentrons nous mettre à l'abri du vent froid dans le camping-car. Nous scrutons l'horizon depuis les fenêtres : pas de baleine à l'horizon. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 28/10/2011 Récit Nous nous levons avec le soleil mais de gros nuages noirs emplissent rapidement le ciel. Et surtout, un vent de terre se met à souffler quasi en tempête. Nous déplaçons rapidement le camping-car pour tenter de nous abriter près du bâtiment en ruines. Peine perdue. Nous sommes tellement secoués que nous avons du mal à écrire notre journal de bord. L'écriture est complètement tremblotante. Au moment de la toilette, l'eau gicle de la bassine posée sur l'évier. On se croirait à bord d'un bateau. Lorsque nous empruntons la piste de 80 kilomètres qui relie Puero Lobos à la péninsule de Valdes, les premières gouttes de pluie s'écrasent sur le pare brise. Nous parcourons de grandes estancias désertiques. Parfois, nous passons une maison perdue au milieu de nulle part, sans branchement électrique et très probablement sans eau courante. Les grilles anti-passage pour le bétail se succèdent à chaque limite de propriété. Nous voyons ça et là des moutons bien laineux détaler à notre arrivée. Nous croisons la seule et unique voiture de la matinée. Après avoir contourné quelques bourbiers, nous retrouvons la route asphaltée. Les courants terrestres et marins luttent pour prendre possession du ciel. Petit à petit les nuages gagnent sur l'océan. Nous nous dirigeons à l'est par la ruta 2 qui s'enfonce dans la péninsule. Poste de péage. Le droit d'accès à la péninsule de Valdes est 2,5 fois plus cher pour les étrangers que pour les argentins. Nous ne comprenons d'ailleurs pas pourquoi nous payons quelque chose alors que la route trace toujours entre les clôtures des estancias privées sur près de 70 kilomètres. Moutons et guanacos paissent de concert au milieu des buissons desséchés. Lorsque nous arrivons à Puerto Piramides, le port est fermé pour cause de tempête. Les bateaux de prennent pas la mer pour montrer les baleines aux touristes. Ceux-ci errent donc à travers la ville, emmitouflés dans leurs coupesvent. Après un plein de carburant à la station service. Nous parcourons les boutiques avant qu'elles ne ferme pour le reste de l'après midi. Nous avons le plaisir de trouver un magasin qui vend plein de pins pour notre collection. Après quoi, nous partons à la recherche d'un restaurant. C'est aujourd'hui mon anniversaire. Il faut tout de même marquer l'évènement. Nous entrons dans la "Estacion", un établissement bariolé voué au culte des idoles des années 60. Bob Marley y tient une place de choix avec les Beatles. Les chaises oranges cotoient des tables violettes et des coussins bleus et jaunes. Nous prenons un repas agréable sous la charpente en pin : sauté de poisson et légumes. Nous nous laissons tenter par un petit dessert. Je regrette un peu l'absence du gâteau et des bougies d'anniversaire. Nous quittons la Estacion pour flâner à notre tour dans les rues de Puerto Piramides. Nous en avons vite fait le tour. Nous faisons une petite incursion à pied au camping municipal. Nous y rencontrons Katiuscia et son amie Marilena qui voyagent sac au dos avec une tente. Elles ont décidés un voyage de un an autour du monde. Après l'Inde, l'Asie du sud est et l'Australie, les voilà fraîchement débarquées en Argentine (lesmissterresdumonde.com). Nous repérons aussi un gros camion aménagé beige marqué d'une grosse inscription "CHAMACO" et immatriculé en France. Mais il semble déserté à cette heure. Nous partons chercher le camping-car pour nous installer près de nos nouvelles amis de rencontre. Il ne fait pas très chaud et nous leur proposons de venir prendre un thé. Puis, de fil en aiguille, nous décidons une soirée crêpes. Katiuscia et Marilena nous quittent un instant et reviennent peu après avec dans les mains un gâteau marbré surmonté d'une bougie. Georges leur avait dit que c'était aujourd'hui mon anniversaire. Je l'aurai eu finalement mon gateau avec bougie. En fin de soirée, nous saluons rapidement les occupants du camion CHAMACO. Il fait nuit maintenant. Nous repérons dans la pénombre un autre pick-up avec cellule amovible. Nous ferons connaissance demain. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 29/10/2011 Récit Lever 6h00. Nous avons décidé de nous offrir une excursion en bateau pour voir les baleines franches. D'après les touristes qui l'ont déjà expérimenté, nous ne devrions pas être déçus. Avant de partir, nous faisons plus ample connaissance avec la petite communauté française installée au camping. Après Katiuscia et Marilena (qui est belge), nous discutons avec Pierre et Marie-Jo, l'équipage du pick-up aménagé. Se sont deux retraités originaires de la Haute Vienne (telemaquevoyage.canalblog.com). Nous passons ensuite en revue les occupants du camion CHAMACO : Il y a d'abord CHArlotte, MArine et COrantin qui ont donné leur nom au camion ; puis leur parents, Virginie et Laurent ; et enfin, les amis de la famille : Georges le papa avec Marin et Hermine, en visite pour quelques jours. Au total, 8 personnes dans le vieux camion de pompiers aménagé. Les CHAMACO ont déjà passé près de un an en Afrique avant de débarquer tout récemment en Argentine (http://chamaco.kazeo.com). Il est déjà 9h00 lorsque nous partons en quête d'un excursionniste. l'affaire est rapidement conclue. Départ à 10h00. Nous passons le temps en allant jusqu'à un belvédère d'où nous pouvons voir au loin les baleines et les bateaux de touristes. A l'heure dite, distribution de gilets de sauvetage. La troupe sanglée dans des boudins orange se dirige vers les petites embarcation. Ici, pas de port véritable. Les bateaux sont mis à l'eau et tirés sur la plage par de gros tracteurs. Nous grimpons donc sur le "Mimosas III" grâce à une passerelle, directement depuis le sable. Les règles du bord sont édictées : si la baleine se présent à droite, les passagers à la droite du bateau s'assied, ceux de gauche peuvent se lever pour contempler le spectacle. Evidemment, si le cétacé se montre à gauche, la rangée de gauche s'assied pour permettre au rang de droite de faire des photos. Bien, nous pouvons prendre le large. Georges et moi nous sommes installés chacun à un bord pour ne rien rater de la balade. C'est un festival quasi dès le départ. Une grosse baleine s'approche sous la surface de l'eau et surgit à raz le bastingage de mon côté. Un privilège. Il est rare que les baleines s'approchent d'elle même des bateaux. Pas besoin de zoom pour faire la photo souvenir. A cette saison, les mâles ont déserté les lieux. Seules les mères et leurs petits sont encore ici. Mais on a dénombré jusqu'à 1500 cétacés dans les environs. Un baleineau réclame chaque jour ses 200 litres de lait. Les petits ne se nourrissant pas seuls, ils plongent rarement et restent en surface. Ils appellent souvent leur mère partie se nourrir dans les profondeurs. Nous avons l'occasion d'admirer des dizaines de baleines, plus ou moins proches. Nous voyons les grands jets d'eau qu'elles émettent par leurs évents et entendons leurs grognements. L'une d'entre elles se donne en spectacle en faisant plusieurs bonds hors de l'eau. Merveilleux. Pour les touristes, le but du jeu est de photographier la queue de la baleine, à la verticale, au moment où l'animale plonge. C'est LA photo qu'il faut avoir faite. Celle qui s'étale sur tous les dépliants. La balade dure une heure et demi. Il sera difficile de retrouver un site pareil pour observer des cétacés. Magnifique ! Pays Province Date Récit La journée nous réserve encore d'autres bons moments. Nous avons décidé de nous rendre à pied à la "loberia", située à 1 heure de marche de Puerto Piramides. Une promenade en toute liberté. Quelle aubaine ! Nous sommes un peu déçus lorsque nous nous apercevons qu'en faite, on peut aussi se rendre sur le site en voiture et que les piétons doivent emprunter la même piste que les automobiles. Heureusement qu'il n'en passe pas beaucoup car nous comme à chaque fois noyés dans un nuage de poussière. Mais les vues sur l'océan sont tout de même belles et nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur. Nous arrivons, grillés par un soleil de plomb. Pierre et Marie-Jo, venus avec leur pick-up, sont déjà sur les lieux. Depuis le belvédère, nous pouvons admirer une famille d'otaries, appelées ici "lobos marinos", loups de mer. Pourtant, le mâle dominant ressemble plus à un lion qu'à un loup avec sa grosse tête couverte de poils. C'est marée basse. Tout le monde fait la sieste sur les plateformes rocheuses en contrebas. Il y a beaucoup de femelles et plusieurs jeunes. Nous prenons le chemin du retour. Il fait toujours aussi chaud et je me confectionne un "chèche" avec mon foulard. Lorsque nous arrivons au camping, Laurent, de la tribu Chamaco, nous propose de participer ce soir à un barbecue. Nous sommes bien fatigués mais nous n'hésitons pas un instant. Ces moments de convivialité sont toujours un plaisir. Je me porte volontaire pour aller faire quelques courses avec Virginie. Toutefois, Georges et moi n'avons rien avalé depuis ce matin et nous prenons le temps d'un repas rapide, pris sur le pouce. Pendant que Georges prend un peu de repos, je pars avec Virginie, Corantin et Marin à la recherche d'une boucherie. Il nous faut tout de même un peu de viande pour faire le barbecue. Malheureusement, la seule boucherie de Puerto Piramides est fermée et nous ne savons pas à quelle heure elle rouvrira. Finalement, Virginie décide de revenir après son excursion en mer avec les enfants prévue à 18h00. A 20h00, alors que le froid commence à se faire sentir, Pierre décide d'allumer le feu pour le barbecue. Il met un poulet à disposition des convives. Un poulet pour 14, ça ne fait pas beaucoup. Mais Katiuscia et Marilena ont acheté de la charcuterie et Marie-Jo a fait cuire un gros plat de spaghetti et confectionné deux gâteaux aux pommes. Nous avons apporté du pain et des chips. Finalement, nous voyons arriver la tribu Chamaco munie de plusieurs chapelets de saucisses. Le barbecue va pouvoir commencer. Comble du bonheur pour Georges, Pierre a sorti sa bouteille de pastis. Il en rêvait depuis plusieurs mois. Nous sommes tous emmitoufflés dans nos parkas, essayant d'esquiver les escarbilles enflammées qui jaillissent du feu. Nous mangeons les spaghettis glacées. Mais qu'à celà ne tienne. Le gâteau est délicieux et le vin argentin se laisse boire. Nous passons un bon moment, échangeant nos expériences respectives dans les différents coins de notre belle planète. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 30/10/2011 Récit Aujourd'hui, nous avons décidé de faire le tour de la péninsule de Valdes, même si le gardien du camping nous a précisé qu'elle ne présentait aucun intérêt. Nous faisons le tour de nos amis de passage pour les saluer une dernière fois puis nous prenons la piste. Nous avons choisi de faire le circuit dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Nous partons donc en direction de la Punta Delgada, au sud. Bien que nous ayons payé un droit d'accès à la péninsule, ce n'est pas un vrai parc national. Nous circulons toujours entre les barrières des estancias privées. Premier plaisir : nous apercevons un troupeau de nandous d'au moins une vingtaine d'individus qui voisine avec des guanacos. Puis, nous surprenons deux lièvres maras (appelés aussi lièvres de Patagonie) qui ne se sauvent pas à notre approche. Etranges bêtes mi-lièvres, mi-biches. Se sont pourtant bien des lièvres. mais leurs oreilles sont courtes et s'ils possèdent des pattes arrières puissantes, ils broutent à quatre pattes comme des biches. Nous arrivons à Punta Delgada. L'endroit est complètement privatisé par un complexe touristique : consommation minimum obligatoire au restaurant : 100 pesos par personne plus 10 % de service. Le coût du restaurant ne donne pas droit à circuler librement sur le site. Il faut encore payer un guide pour pouvoir regarder les éléphants de mer. Nous quittons les lieux, ne souhaitant pas encourager ce genre de pratique. A cause de l'effondrement des falaises, la route est éloignée du rivage et il est impossible de voir l'océan. La Punta Herculès est également fermée du fait des glissements de terrain. Nous ne pouvons toujours pas voir les éléphants de mer. Nous arrivons à Punta Cantor. Encore un endroit géré par une estancia privée. Mais ici, au moins, un petit sentier longeant l'océan est libre d'accès. Il est cependant interdit de pique-niquer. Pour se restaurer, il faut consommer dans un comédor hors de prix. Nous prenons donc notre repas dans le camping-car. Malgré l'effondrement de plusieurs miradors, nous pouvons tout de même apercevoir des éléphants de mer sur la plage, en dessous du sentier. Depuis le dernier belvédère, nous avons une vue sur la "Caleta Valdes". Ce bras de mer est séparé de l'océan par une énorme digue de graviers qui s'étend sur des kilomètres. Autrefois, la Caleta servait de port pour les bateaux qui venait charger la laine des exploitations installées sur la presqu'île. Aujourd'hui, l'océan apporte 1300 tonnes de graviers par jour et le bras de mer s'allonge sans cesse. Oiseaux et éléphants de mer s'y prélassent toute la journée. Nous voyons de loin un mâle d'éléphant de mer vraiment énorme étendu de tout son long sur un tas de graviers. Si le mâle du lion de mer, ou otarie peut atteindre le poids respectable de 400 kilos, le mâle de l'éléphant de mer peut peser jusqu'à 4000 kilos, soit 10 fois plus. Vraiment impressionnant. Toutefois, sur terre, l'éléphant de mer est vraiment handicapé. Se déplacer de quelques mètres est pour lui un exploit qui l'épuise terriblement. Arpès s'être traîné misérablement, il s'effondre lamentablement dans le sable ou le gravier. Poursuivant notre route, nous avons encore la joie de voir des éléphants de mer depuis un mirador public. Puis, nous découvrons une colonie de pingouins de Magellan. C'est le moment de la couvaison. Les pingouins ont creusé des nids dans le sol jusqu'aux limites du parking et ne semblent pas dérangés par la proximité des touristes. Nous pouvons donc les photographier tout à loisir. Certain se chamaillent en contrebas, sur la plage. Ils lèvent le bec vers le ciel et poussent des cris qui peuvent s'apparenter soit au braiement d'un âne, soit au grincement d'une vieille porte aux gonds rouillés. Le soleil commence à décliner à l'horizon. Nous poussons encore jusqu'à la Punta Norte, cette fois libre d'accès, où nous pouvons observer une dernière fois une colonie d'éléphants de mer sur laquelle règne en maître un énorme mâle. Deux jeunes mâles, un peu en retrait du groupe, déguerpissent aussi vite qu'ils le peuvent lorsque le seigneur et maître se met à pousser des barrissements de colère, les enjoignant de s'éloigner des femelles. Celles ci paraissent minuscules à côté du mâle dominant. Il est vrai qu'elles ne pèsent "que" 500 à 900 kilos, soit 4 fois moins que le mâle. Chacune est flanquée d'un petit, tout gris qui somnole dans le sable. Il est temps de prendre le chemin du retour si nous ne voulons pas être surpris par la nuit. En chemin, nous apercevons de grands troupeaux de guanacos qui s'aventurent jusque sur la route. Nous avons prévu de passer la nuit sur la plage de Pardelas, située à une dizaine de kilomètres de Puerto Piramides. Le bivouac y est libre et on peut encore y admirer les baleines. Nous arrivons au coucher du soleil. Il y a là deux camping-car français. Mais avec l'obscurité qui grandit, nous n'avons guère le temps de faire connaissance. Avant de nous installer dans le camping-car, nous avons encore le temps de voir arriver la tribu Chamaco dans son camion. Avec l'autre camping-car rouge, un peu en retrait, nous serons 5 équipages cette nuit sur la plage de Pardelas. Ce soir, il fait un froid vraiment glacial. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 31/10/2011 Récit Les baleines nous lancent un dernier appel. Nous entendons leur souffle depuis le camping-car. Dès que nous sommes prêts, nous allons les admirer depuis le bord des plaques rocheuses qui forment la plage de Pardelas. Nous en voyons surgir dans toute la baie. Mais nous profitons surtout d'une mère et de son petit à un jet de pierre du rivage. Extraordinaire ! Virginie, Laurent et Georges sont venus nous rejoindre. Puis c'est le tour d'Antonio, Antonella et de deux de leurs enfants ; un couple italo-espagnol rencontré à Cusco, au Pérou. Les deux autres équipages français nous ont quittés de bon matin et nous n'avons pas eu l'occasion de faire plus ample connaissance. Pour nous aussi, il est maintenant temps de partir. Nous rebroussons chemin en direction de Puerto Piramides où nous faisons le plein de carburant. Prochaine étape, Puerto Madryn. Nous devons faire quelques provisions. Depuis hier, nous en sommes réduits aux boîtes de sardines. Nous arrivons dans la ville par la route côtière. L'usine d'aluminium "ALUA" est assez imposante dans le décor. Nous passons sous "l'acqueduc" qui conduit directement l'aluminium, ou le minerais, de l'usine aux cargos ancrés dans le port. Nous nous approvisionnons à l'enseigne "La Anonima". Après quoi, nous maraudons dans la ville à la recherche d'une connexion internet, l'ordinateur portable sur les genoux. Finalement, nous nous garons le long d'un boulevard. La liaison est suffisemment bonne pour nous permettre des conversations vidéo avec la France. Nous relevons aussi notre boîte aux lettres et dépouillons le courrier en provenance du site "le-lien-amérique-du-sud". Nous avons ainsi confirmation des problèmes causés par les volcans chiliens Hudson et Puyehué. Ces volcans se situent sur la carretera australe que nous souhaitions emprunter. Il faudra peutêtre changer notre plan de route. Nous avons aussi des nouvelles de Heinz et Elzbeth. Ils se sont détournés pour venir sur la péninsule de Valdes dans l'espoir de voir les baleines. Nous les reverrons peut-être bientôt. Pour l'instant, il nous faut chercher un endroit pour passer la nuit. Nous empruntons le boulevard de bord de mer qui conduit à Punta Cuevas car nous y avons repéré un camping de l'Automobile Club d'Argentine. Il est bien cher. Mais nous n'avons pas le courage de chercher plus loin. Nous nous installons et en profitons pour faire les pleins et les vidanges avant de nous reposer. XXXXXX Argentine Chubut 01/11/2011 Nous nous réveillons fatigués. En deux mois et demi, nous avons parcouru plus de 10 000 kilomètres. Pour nous c'est beaucoup trop. L'Argentine est un pays immense fait essentiellement de désert. Du nord au sud, le pays s'étire sur plus de 5 0000 kilomètres en ligne droite. La distance correspond pratiquement à celle qui sépare Bruxelle en Belgique, de Dakar, au Sénégal. Il faut parcourir des centaines de kilomètres entre les clôtures des estancias avant de pouvoir faire halte. Seules les stations service et les rares oasis permettent de se reposer un peu. Les sites dignes d'intérêts sont très éloignés les uns des autres. Même si les pistes sont plutôt bonnes, elles éprouvent conducteurs et passagers, surtout quand le vent contrarie la trajectoire, comme c'est toujours le cas en Patagonie. Aujourd'hui, nous avons choisi d'aller visiter la colonie de pingouins de Magellan de Punta Tombo, à près de 200 kilomètres au sud de Puerto Madryn. Heureusement, seuls les 20 derniers kilomètres ne sont pas asphaltés. Le ciel est gris et menaçant. Quelques gouttes de pluie perlent sur le pare-brise. Nous faisons un plein de carburant à Trelew avant de poursuivre toujours plus au sud. A l'horizon, le ciel paraît un pleu plus dégagé et nous espérons retrouver le soleil. Nous empruntons la RP 75 en direction de la côte puis la RP 1 avant d'entre dans la réserve par la piste. Nous sommes méfiants : piste = cailloux = bris de pare brise. Le nôtre est déjà bien abîmé plusieurs "accrocs" et deux impacts que nous avons consolidé comme nous pouvions. Les minibus qui transportent les touristes à toute allure sont les plus à craindre. Mais nous arrivons sur le site sans encombre. Sur le parking, nous sommes abordés par un jeune couple de français assez désespérés. Ils ont loué une voiture et la jauge de carburant s'est détraquée. Ils sont quasi en panne sèche à près de 130 kilomètres du poste à essence le plus proche. Malheureusement, nous ne pouvons pas les dépanner ; nous roulons au diesel et eux à l'essence. Finalement, les agents du poste d'acceuil acceptent de téléphoner à Trelew : un minibus devrait leur apporter un bidon de secours en fin de journée. Pays Province Date Récit Passé la billeterie, nous commençons notre visite de la colonie de pingouins de Magellan. Le circuit de 1,5 kilomètre passe en plein milieu des nids, creusés à même le sol. La colonie s'étend depuis l'océan, jusqu'au sommet des collines environnantes. Des milliers d'oiseaux. Et pas seulement des pingouins. Les prédateurs sont à l'affut. D'énormes goëlands noirs et blancs planent au dessus des nids, attendant la moindre baisse de vigilance pour s'emparer des oeufs. Nous constatons un phénomène étonnant. Nous nous demandions pourquoi les pingoins nichaient si près du chemin sur lequel circulent des centaines de touristes. En fait, une sorte de symbiose s'est créée entre les visiteurs pipèdes et les pingouins. Là où les touristes passent, il n'y a pas de prédateurs. Les goëlands ne s'approchent pas des nids. Les nids près du passage des touristes sont donc privilégiés par rapport aux autres. C'est ainsi que les nids le long du circuit prévu pour les handicapés, très peu fréquenté sont une cible privilégiée pour les goëlands. Nous avons d'ailleurs l'occasion d'en voir un casser un oeuf pour en aspirer le contenu répandu à terre. Autre particularité de la visite : priorité aux pingouins. Les oiseaux circulent sans cesse entre le bord de mer et les collines. Des passerelles ont donc été aménagées pour permettre aux touristes de passer par dessus les chemins empruntés par les pingouins. Mais souvent, ceux ci décident de traverser le sentier au même niveau que les visiteurs. Dans ce cas, le règlement est ferme : priorité aux pingouins. Les humains doivent stopper et attendre que les bestioles se décident à traverser. Elles hésitent parfois un long moment en se dandinant d'une patte sur l'autre avant de se décider à passer. Ici, pas besoin de trépieds et de gros zoom pour faire des photos. Les vedettes sont toutes proches et ne se dérobent pas devant l'objectif. Nous pouvons même photographier les oiseaux couvant leurs oeufs, souvent au nombre de deux, au fond de leur nid. Dans une où deux semaines, les premiers petits vont apparaître. Nous profitons aussi du paysage avec l'océan furieux qui se jette contre les roches rouges de la Punta Tombo. Cormorans, goëlands et pétrels survolent les vagues, à la recherche de nourriture. La visite nous offre encore d'autres petits plaisirs comme un guanaco qui se promène entre les nids des pingouins et plein de petits cobayes gris qui se faufilent à toute allure entre les buissons. Nous profitons pleinement de la balade car nous avons demandé l'autorisation de passer la nuit sur le parking du site. Nous n'avons donc pas besoin de reprendre la route et lorsque la température fraichit, nous nous réfugions à l'intérieur du camping-car pour manger et prendre un peu de repos. Le jeune couple de français en panne d'essence n'est plus là. Nous en concluons qu'ils ont pu obtenir leur bidon d'essence de secours. A la tombée de la nuit, des éclairs zèbrent le ciel en tous sens. L'orage éclate. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 02/11/2011 Récit Un groupe de seize guanacos broute paisiblement près du camping-car. Nous avons tout le temps de les observer pendant que nous prenons notre petit déjeuner. Nous quittons le parking de Punta Tombo alors que les premiers touristes arrivent. Nous avons choisi de rejoindre Camarones par la piste RP 1 que nous avons déjà emprunté au nord de la péninsule de Valdes. La route n'est pas goudronnée mais elle nous économise une longue distance. Nous traversons les estancias où les moutons s'enfuient à notre approche. En Argentine, ils sont élevés en semi liberté et sont très craintifs. Ils sont presque plus difficile à photographier que les guanacos. Certains n'ont pas encore été tondus et conservent leur énorme toison laineuse immaculée. La tête et le poitrail sont couverts d'une épaisse quantité de laine qui les fait un peu ressembler à des lions. Un tatou traverse la route. Il se hâte sur ses courtes pattes. la piste monte et descend selon les caprices du relief. A Cabo Raso, le cap Raz, nous débouchons au bord de l'océan. Une immense plage borde la bahia Vera. Les gros rouleaux qui se jettent sur la grève nous appellent. Nous ferons ici notre halte de midi. La marée descendante laisse apparaître quelques rochers. Nous partons en balade en direction du nord. La plage est couverte de coquilles d'huîtres dans tous les tons de bleu qui brillent au soleil. Nous photographions pleins d'autres coquillages comme des coquilles Saint Jacques et des colimaçons parfois très gros. Je ramasse deux conques avec l'intention de les offrir lors de notre passage en France. Nous observons le manège de tous petits oiseaux gris sur la plage. Au lieu de se sauver à notre approche, ils ralentissent leurs mouvements, se rapprochent lentement des galets gris et s'immobilisent. Si nous ne regardons pas attentivement, nous les perdons de vue ; ils se confondent avec les pierres. Mais la grève est également un véritable cimetière. Nous ne savons pas si ce sont des courants furieux qui ont déposé ici tous les cadavres de pingouins que nous découvrons. Il y a aussi des dépouilles de goëlands et même une otarie en décomposition ; sans compter les nombreux éléments de squelettes en tout genre. Je scrute une flaque d'eau laissée par la marée au milieu des rochers lorsque j'entends tousser. Pourtant, Georges est à une bonne distance, en train d'observer la mer. Je regarde plus attentivement autour de moi. Personne. Soudain, à deux mètres à peine, je vois enfin le tousseur : une femelle éléphant de mer m'observe depuis le rocher sur lequel elle est allongée. Moment d'émotion intense. Je recule doucement et appelle Georges. Nous vivons un moment de grand bonheur. Puis nous laissons en paix le bel animal pour continuer notre promenade jusqu'à une colonie de goëlands. Nous n'irons pas plus loin. Il est temps de revenir sur nos pas. Nous avons encore de la route à faire pour rejoindre Camarones. Mais le chemin du retour nous offre encore un beau cadeau. Une otarie joue dans l'eau. Nous la voyons par transparence évoluer dans le rouleau des vagues. C'est un merveilleux spectacle. Nous mangeons rapidement avant de reprendre la route. Il nous reste encore 80 kilomètres de piste à parcourir avant de rejoindre Camarones. Nous passons Cabo Raso et son ancienne balise. Puis les estancias et les grilles anti-passage pour le bétail se succèdent ainsi que les badenès (gués). Nous croisons la seule et unique voiture de la journée. Je finis par m'endormir. Quelques kilomètres avant Camarones, nous trouvons un emplacement pour passer la nuit, au sommet des dunes, face à la bahia de Camarones. Nous sommes comme sur un balcon au dessus de l'océan. C'est un excellent poste pour observer les esquadrilles de goëlands qui longent la plage en planant sur les courants par groupes de 4 ou de 8 (allez savoir pourquoi). Nous suivons leur manège jusqu'à la tombée de la nuit. Le soleil, qui se couche au dessus des terres, illumine les nuages de toutes les teintes chaudes de la création. Ce soir, nous nous endormirons au son des vagues. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 03/11/2011 Récit Depuis le sommet des dunes, nous avons vu la nuit tomber sur la bahia de Camarones. Le vent est tombé et nous avons passé une nuit paisible. Ce matin, des lapins galopent autour du camping-car. Quelques goëlands matinaux arpentent la pale. Nous quittons notre bivouac de bonne heure dans l'espoir de rejoindre Comodoro Rivadavia dans la matinée. Nous voulons faire faire la vidange d'huile moteur. Avant de quitter Camarones, nous faisons le plein de caburant à l'unique station service du village. Pas question de se laisser surprendre par une panne d'essence en plein désert. Nous réservons nos bidons supplémentaires pour les cas extrèmes. Après 70 kilomètres sur la petite RP 30, nous rejoignons la mythique RN 3 qui relie Buenos Aires à Ushuaïa en longeant la côte atlantique. Nous retrouvons le ballet des poids lourds et le vent qui oblige à tenir ferme le volant. 180 kilomètres d'asphalte sans un village. La dernière station service que nous dépassons indique que le prochain poste à essence se situe à 160 kilomètres d'ici. Toujours le même désert. Nous roulons sur une sorte de plateau à 700 mètres d'altitude. Nous découvrons Comodoro Rivadavia au bas d'une longue descente qui nous ramène au niveau de l'océan. La ville est le berceau de la Yacimientos Petroliferos Fiscales (YPF), la grande société argentine de pétrol. L'entreprise est née en 1904, presque par hasard. Le port avait été créé en 1901 pour permettre d'écouler la production de laine de la région. Malheureusement, Rivadavia manquait d'eau potable. Une compagnie de forage creusa donc un puits de 543 mètres. En vain. Il n'y avait pas d'eau au fond. En revanche, une forte odeur d'hydrocarbure montait du puits. C'est ainsi que fut découvert le premier gisement de pétrole de la région, le 13 décembre 1907. Depuis, Comodoro Rivadavia est devenue la "capitale nationale du Pétrole" et le 13 décembre de chaque année est célébré la fête nationale du Pétrole. Lorsque nous traversons la ville, nous voyons le sigle "YPF" affiché de partout. Sur les bâtiments administratifes et les usines bien sûr mais aussi au fronton des organismes de retraites, des assurances, des clubs de sport, etc. La cité est riche et attire de nombreux argentins en quête de travail. Nous parcourons la ville à la recherche d'un garage Mitsubishi. Il y a bien un salon d'exposition-vente à l'enseigne nippone mais pas de garage. Nous prenons le temps de manger avant de partir à la recherche d'un atelier pouvant assurer la vidange du véhicule. Seule la station Petrobras, à la sortie sud de la ville est équipée pour recevoir les camions et donc les véhicules comme le nôtre. Nous sommes bien accueillis. Mais heureusement que nous avions des filtres à huile en réseve. Le propriétaire des lieux nous propose de passer la nuit derrière l'atelier. Nous acceptons avec plaisir. Il commence à se faire tard et nous avons encore des achats à faire au spermarché. Nous avons repéré une enseigne "Proveerduria" non loin d'ici. Le gardien du parking nous met en garde. Il ne peut pas nous garantire la sécurité du véhicule. Nous décidons de nous séparer. Je pars faire les courses pendant que Georges surveille le camping-car. Lorsque le chariot est garni, je le laisse dans une allée du supermarché et je rejoins Georges qui prend le relais. Celà lui donne l'occasion de compléter les achats avec ce dont il a envie (des gâteaux ou du chocolat bien sûr). Puis nous retournons à la station Pétrobras nous installer pour la nuit, comme nous y avons été invités. Nous bénéficions même d'une petite connexion internet. Nous sommes loin du bivouac au bord de la baie de Camarones. Ce soir, nous serons bercés par le bruit de la circulation sur la RN 3. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Date 04/11/2011 Récit Nous avons passé une nuit correcte, un peu en retrait de la circulation. Depuis plusieurs semaines, les freins de la voiture produisent un bruit strident lorsque nous les actionnons. Par acquis de conscience, nous nous rendons à "l'Empire du Frein" pour consulter un spécialiste. Il semblerait que nous n'ayons pas à nous inquiéter. Nous laisserons donce couiner les freins comme nous laissons clignoter le témoins vert de la postition ' X 4. Nous repartons sur la RN 3 pour peu de temps car nous avons décidé de nous rendre à Rada Tilly, une petite station balnéaire située à seulement 14 kilomètres au sud de Comodoro Rivadavia. Nous y découvrons un camping municipal arboré, très propre et bien équipé : des sanitaires impecables, de l'eau de l'électricité et même une connexion wifi. Léo, le gérant des lieux est sympathique. Nous décidons de nous poser ici pour quelques jours, espérant que la fin de semaine ne sera pas trop bruyante. Rada Tilly est la dernière station balnéaire digne de se nom dans le sud de la Patagonie. L'été la température de l'air peut atteindre les 30°C mais cele de l'eau dépasse rarement les 14°C. Nous partons à la découverte de la ville en longeant la promenade de bord de mer. Pas de commerce, de bar ou de restaurant. La ville ressemble d'avantage à une riche banlieue de Rivadavia qu'à une station touristique. De superbes résidences de tous les styles font fasse à l'océan. Nous avons même la surprise de découvrir une mosquée. Mais après tout, ne somme nous pas au royaume du pétrole ! La plage est déserte et nous en sommes un peu déçu car les dépliants touristiques mentionnent que Rada Tilly est la "mecque" du char à voile. Peut-être qu'en fin de samedi ou dimanche ? Nous passons au point d'informations touristiques pour obtenir des précisions sur le chemin qui mène à la "loberia", la colonie de lions de mer, de Punta Marques. Mais, comme à Puerto Piramides, la promenade à pied se fait sur la même piste que l'accès pour les voitures. Nous renonçons donc à nous y rendre à pied. Peut-être irons nous en voiture ? Mais nous avons surtout besoin de nous reposer. Nous rentrons donc au camping pour manger. Puis nous passons le reste de l'après midi devant nos ordinateurs. Il faut absolument que je mette à jour le récit détaillé de notre séjour en Argentine. J'ai une vingtaine de jours de retard. Pendant ce temps, Georges consulte internet. Il m'apprend que Heinz et Elzbeth ne sont pas loin. Ils nous ont ratés de un jour à la péninsule de Valdes. Nous leur signalons que nous restons au camping de Rada Tilly toute la fin de semaine. Peut-être pourront-ils nous rejoinre ? Ce soir, grâce à internet, nous nous branchons sur une station de radio française. Nous prenons connaissance des dernières informations concernant la crise économique et financière en Europe. Nous trouvons bizarre d'entendre parler français à la radio, si loin de notre port d'attache. Notre quotidien en Argentine et les informations que nous recevons depuis l'autre bout du monde se téléscopent dans nos têtes. Ce soir, le vent s'est levé à nouveau mais nous sommes bien à l'abri entre les rangées d'arbustes. XXXXXX Argentine Chubut 05/11/2011 Journée au camping municipal de Rada Tilly. Aujourd'hui, nous tenons salon. Mes cheveux ont besoin de reprendre des couleurs. L'opération dure quasi toute la matinée et il est presque midi lorsque nous partons faire quelques courses. Première étape, la banque puis, la pharmacie. Suivant les conseils glanés sur le site du "lien-amerique-du-sud", nous achetons des "mascaras" (maques) jetables. En effet, après Ushuaïa, nous espérons toujours aller dans la région du glacier Perito Moreno et de San Carlos de Bariloche. Mais la région subit les effets de l'éruption des volcans Hudson et Puyehué, au Chili. L'ai concentre de nombreuses cendres qui irritent la gorge et les yeux. Mieux vaut s'approvisionner en masques dans une zone non concernée. sur place, les pharmacies sont en rupture de stock. Pour l'instant, nous profitons de la chaleur et du soleil printaniers. Nous allons faire quelques achats au supermarché pour els repas d'aujourd'hui et de demain. Inutile de faire un stock de produits frais. Lundi, nous subirons un nouveau contrôle phytosanitaire lors de notre passage dans la province de Santa Cruz. Au menu du jour : beefsteacks - pommes de terre sautées. Dehors, une troupe de jeunes scouts s'agite pour monter des tentes. Nous passons l'après midi devant nos ordinateurs. Georges boucle nos comptes du mois d'octobre et je poursuis la rédaction de notre récit détaillé. Nous pouvons enfin télécharger et écouter le podcast de l'interview réalisé pour notre radio locale, Radio Val de Reins. Cette pause au camping de Rada Tilly nous permet de récupérer un peu de notre fatigue. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Chubut 06/11/2011 Les scouts ont fait du ramdam toute la nuit. Des jeux quasi militaires jusqu’à minuit. Avec questions réponses genre : CHEF ! OUI CHEF ! et des « LISTO, LISTO » (prêt) à n’en plus finir. Après quoi les enfants se sont couchés et les adultes ont discuté jusqu’à 2h00 du matin. Dès 5h00, les jeunes ont commencé à se manifester de nouveau. Ce matin, Georges est complètement sur les nerfs. Mais nous savions le risque que nous prenions en passant une fin de semaine dans un camping. Nous partons nous balader sur la promenade qui borde la plage. Avec le ciel gris, on se croirait sur une plage du nord. Bien que nous soyons dimanche, les passants sont rares. Quelques promeneurs au bord de l’eau avec leurs chiens. Sur le trottoir, des argentins qui cherchent à perdre des kilos superflus en trottinant, pédalant ou juchés sur des patins à roulettes. L’ambiance est triste et morne. Après avoir longé toute la plage, nous rentrons par l’intérieur de la ville. Nous sommes surpris par les jardinets fleuris et les pelouses impeccables aux portes du désert. Il pousse ici de la lavande, des rosiers, des géraniums et toutes les fleurs que nous trouvons communément en France. Au camping, l’ambiance s’est faite plus bruyante avec l’arrivée des touristes du dimanche et de leurs autoradios. L’air commence à se charger des odeurs de grillades qui aiguisent notre appétit. Pour nous, ce sera boudin-purée. Lorsque nous consultons internet, nous apprenons qu’Heinz et Elzbeth cherchent à nous rejoindre à Rada Tilly. Nous décidons de rester un jour de plus ici pour les attendre. Les scouts plient bruyamment bagages et organisent une cérémonie autour du drapeau argentin accroché sur un lampadaire au centre du camp. Alors que la lumière décline, la pluie se met à tomber. Un dernier appel sur Skype depuis la France. Nous avons le plaisir d’entendre une voix amie avant de nous coucher. XXXXXX Argentine Chubut 07/11/2011 Il fait gris. Comme les scouts ont décampé, la nuit à été paisible. Nous partons à pied faire quelques courses au supermarché. Nous en revenons avec les sacs pleins de légumes pour confectionner une ratatouille. Je me mets aux fourneaux pendant que Georges fait les pleins et les vidanges du camping-car. La ratatouille commence tout juste à mijoter lorsque j’entends une voix familière. C’est Heinz avec son bel accent suisse. Ces retrouvailles sont une grande joie. D’autant que nous nous sommes fait beaucoup de soucis pour Elzbeth qui s’est fait opérer d’une tumeur dans la moelle épinière à Santiago du Chili. Elle se rétablit lentement et avance d’un pas mal assuré, cherchant sont équilibre. Evidemment, nous allons partager ensemble la ratatouille. Nous passons plusieurs heures à table et discutons longuement. Il est 16h00 lorsque nous sortons de table. Heinz et Elzbeth partent tranquillement se promener le long de la plage. Il est temps pour moi de finir de mettre à jour notre carnet de route. J’ai enfin récupéré notre mois de retard sur le récit détaillé de notre voyage. Quant aux photos, mieux vaut ne pas en parler, le curseur s’est arrêté au Belize. En fin d’après midi, nous voyons arriver un pick-up aménagé, immatriculé au Chili. C’est un véhicule de location occupé par un couple allemand qui l’a loué pour deux mois. Nous passons encore toute la soirée, une tasse de thé à la main, dans le camping-car de Heinz et Elzbeth. Nous en profitons pour établir le programme de demain. XXXXXX Pays Province Argentine Chubut Santa Cruz Date 08/11/2011 Récit Nous quittons le camping de Rada Tilly, toujours sous un ciel gris. Heinz et Elzbeth nous rejoindront plus tard. Nous nous sommes donné rendez-vous dans la province de Santa Cruz, à l’intersection avec la piste qui conduit à la Reserva Natural Bosques Petrificados. Avant de reprendre la route, nous passons à l’enseigne « Proveerduria » pour acheter des bidons d’eau potable. Nous voici de retour sur la RN3. Au rond point, nous retrouvons les manifestants déjà aperçus à Comodoro Rivadavia. Ils arrêtent quelques véhicules et font brûler de gros tas de pneus. Pas de caliquot pour expliquer leur mécontentement. Nous apprendrons plus tard que se sont des employés licenciés d’une grosse compagnie pétrolière. Nous avions pourtant l’impression que l’industrie pétrolière ne manquait pas d’avenir dans cette région. Nous franchissons la limite de la province de Santa Cruz sans être soumis à un contrôle phytosanitaire. Difficile de comprendre la logique de ces contrôles. La ruta 3 suit le rivage de l’océan et nous offre de beaux points de vue jusqu’à Caleta Olivia. Je tiens absolument à photographier le « Gorosito », la statue de 13 mètres de haut, plantée au milieu d’un carrefour. Elle à été érigée en 1969 à la gloire des Ouvriers du Pétrole. A la lumière des évènements du jour, le travail des petroleos semble moins glorifié aujourd’hui. Nous nous perdons dans la ville en travaux et visitons involontairement la promenade du bord de mer. Nous retrouvons enfin la porte du sud qui ouvre sur les champs pétrolifères. Nous quittons l’océan pour nous enfoncer dans les terres. Le paysage est de plus en plus désolé. Même les buissons ont disparu. Le décor fait maintenant penser aux steppes de Mongolie et nous sommes bousculés par des vents de plus en plus puissants. Nous faisons halte à Fritz Roy, un point minuscule sur notre carte routière. L’endroit compte tout de même une station service et le comedor Don Esteban. Le menu del dia : hachis parmentier-tiramisu. Nous découvrons même un point d’informations où nous obtenons quelques brochures concernant la province de Santa Cruz. Près de l’entrée, un monument érigé en l’honneur de Facon Grande, héro de la résistance des peones au siècle dernier. Une lutte ouvrière qui finit mal. Alors que les ouvriers agricoles manifestaient pour réclamer des conditions de travail plus décentes, les propriétaires des estancias ont fait appel à l’armée. Facon Grande sera fusillé avec 200 compañeros. Au total, 1500 peones seront passés par les armes. Autres temps, autres luttes. Nous repartons sur une route défoncée. Comme sur de nombreuses chaussées en Argentine, l’asphalte a été mis sur un sol mal renforcé. Résultat les roues des poids lourds ont marqué deux sillons profonds dans le goudron. Il faut rouler comme sur des rails, sans dévier sa trajectoire pour ne pas déséquilibrer le véhicule. Pas facile avec le vent. Georges finit par prendre des douleurs dans les bras et les épaules à force de tenir fermement le volant. Nous arrivons finalement au point Nous passons la fin d’après midi dans le camping-car de nos amis. A l’heure du repas, nous réintégrons notre petit chez nous. Par la fenêtre, nous apercevons Heinz qui cuisine dehors sur son réchaud à essence. Il fait froid et le vent souffle en tournoyant autour du campement. Nous le traitons de fou et restons bien au chaud. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 09/11/2011 Récit Le vent, tombé pendant la nuit, forcit de nouveau ce matin. Heinz et Elzbeth partent les premiers. Nous nous sommes donné rendez-vous au nord de Puerto San Julian, sur la playa « La Mina ». Lorsque nous reprenons la route, la pluie se met à tomber par intermittence. Avec le vent qui redouble de force, la Patagonie devient sauvage, telle que nous la dépeignait notre imagination. Dans une estancia, deux gauchos réunissent un troupeau de moutons. Peut-être pour les tondre. Nous apercevons de nombreux groupes de guanacos. Dans une lagune boueuse et saumâtre est plantée une vingtaine de flamands roses. Quelques couples d’oies bernache se dandinent près des clôtures. Les femelles sont brunes. Les mâles ont la partie avant du corps blanc et la partie arrière gris-noir. Le sol désertique est couvert d’une végétation de plus en plus rase où les mousses et les lichens le disputent à l’herbe. Il n’y a aucun village entre nos deux bivouacs. Seulement un semblant de vie autour de la station YPF à Tres Cerros. Il est presque midi lorsque nous atteignons notre point de chute. Nous apercevons le camping-car de Heinz et Elzbeth, battu par le vent et la pluie. Heureusement, la plage se situe en contrebas des falaises de terre, à l’abri des rafales. Nous faisons tous ensemble une petite balade dans les grosses dunes de galets. Exercice difficile pour Elzbeth pourtant pleine de courage. Nous faisons une cueillette de cailloux et de coquillages. Dans les eaux de la baie flottent de grandes algues noires que nous prenons tout d’abord pour des dauphins. Après le repas, nous décidons de préparer un gâteau à la poêle pour chasser le froid du camping-car. Pendant qu’il chauffe sous la surveillance de Georges, je pars faire un tour sur la plage maintenant ensoleillée. Ce soir, nous partagerons le gâteau avec les pizzas préparées aussi à la poêle par Heinz. Nous passons ainsi encore une belle soirée ensemble pendant que nous nous chauffons aux derniers rayons du soleil qui transpercent le pare-brise. Nous restons autour de la table jusqu’à 20 heures puis rentrons vite nous mettre au chaud sous la couette. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 10/11/2011 Récit Nous avons décidé de rejoindre Puerto San Julian en suivant le circuit côtier qui emprunte l'ancien itinéraire de la RN3. Nous ne le regrettons pas. La piste épouse les contours du rivage, soit par le sommet des falaises, soit en longeant la grève. Dommage que le ciel reste toujours aussi gris. Peu après la playa de "La Mina", nous faisons hatle au belvédère de la "loberia". Attention danger. Impossible d'approcher du bord car les falaises de terre s'effondrent dans l'océan. Mais nous pouvons tout de même observer une colonie d'otaries en contrebas. Elles mènent un grand tapage, poussent des cris, sautent dans l'écume des vagues qui frappent les rochers. Le groupe est bien différent de celui de Puerto Piramides, alangui sur les plateaux rocheux pour somnoler. Le vent froid nous incite à battre en retraite dans la voiture. Nous profitons du paysage suavage pendant les 27 kilomètres de piste. Puerto San Julian apparaît, installée au bord de la baie homonyme. Nous sacrifions au rituel habituel : plein de carburant, quelques courses au supermarché. Nous avons 120 kilomètres de désert à parcourir avant de rejoindre la ville de Comandante Luis Piedra Buena. Nous roulons sur un plateau battu par les vents à environ 200m d'altitude, descendons pour traverser le rio Chico, remontons, descendons à nouveau pour traverser le rio Santa Cruz. Les deux rios se rejoignent dans le même estuaire avant de terminer leur course dans l'océan. Encore 24 kilomètres. Nous arrivons à l'administration du parque nacional de Monte Leone. Heinz et Elzbeth nous ont devancé. Nous nous enregistrons avant de parcourir les 6 kilomètres qui mènent à l'entrée du parc. Nous sommes avertis : la piste est impraticable en temps de pluie. Nous entrons à nos risques et périls. Si nous sommes surpris par la pluie à l'intérieur, nous risquons de ne pas pouvoir ressortir. Qu'à cela ne tienne. Nous avons de l'eau et des vivres pour tenir suffisemment longtemps. Nous croisons de très nombreux guanacos que nous photographions tout à loisir. Sur le parking de la "pingüinera", nous retrouvons le camping-car de Heinz et Elzbeth. Ils ont pris de l'avance sur le sentier car Elzbeth a toujours des difficultés pour marcher. Nous discutons un instant avec un couple d'ardéchois qui visite l'Argentine avec un camping-car de location avant d'emprunter à notre tour le chemin de la pingüinera. Nos amis sont déjà en train d'observer les pingouins de Magellan. Ils sont accompagnés de deux jeunes allemands qu'ils ont pris en auto-stop : Chistian et Nathalie. Les oiseaux sont plus craintifs qu'à Punta Tombo et se laissent moins approcher. Ici aussi, ils sont en train de couver. Depuis le belvédère, nous apercevons en contrebas, des groupes qui profitent des joies de la baignade. Nous faisons demi-tour pour nous rendre à la loberia, la seconde attraction du parc. Après quelques kilomètres en voiture, nous rejoinons le mirador grâce à une longue passerelle de bois qui conduit au sommet des falaises. De là, nous pouvons regarder une grande colonie d'otaries ; des mères avec leurs petits. Certains se prélassent sur les pentes du promontoire rocheux, d'autres nagent entre les rochers. Sur la crête, nous apercevons nos premiers cormorans impériaux. De loin, avec leur costume noir et blanc et leur port vertical, nous les prenons pour des pingouins. Mais aucun pingouin n'est en mesure de voler et de se percher à cette hauteur. Nous observons aussi des oiseaux avec un bec long, fin et courbe comme celui des ibis. Leur tête est jaune. Nous sommes incapable de les indentifier. Notre dernière étape est consacrée à la colonie de cormorans impériaux sur l'isla de Monte Leone. Impossible d'approcher les oiseaux. nous ne pouvons en profiter que de loin. Mais le spectacle est impressionnant. Ils composent trois grosses masses noires sur le plateau rocheux qui abrite aussi des colonies de goëlands. L'odeur qui en émane est plutôt désagréable. Autrefois, le guano sécrété par cette colonie de cormorans était exploité. On peut voir aussi, au même endroit, l'ancienne chaudière qui servait à faire fondre la graisse prélevée sur les otaries, également chassées ici avant d'être protégées. Nous sommes enchantés par notre visite et espérons la prolongée en passant la nuit dans le camping du parc. Mais le concessionnaire nous réclame 40 pesos par personne pour un simple emplacement avec toilettes, en plein vent. Nous décidons de ressortir du parc pour nous installer juste à l'entrée où nous avons repéré une unité de chantier mobile. Il y a largement la place pour les deux camping-cars et la tente de Christian et Nathalie. Heinz a constaté que le pneu arrière droit de son véhicule était dégonflé. Un des ouvriers du chantier qui loge ici propose d'utiliser son compresseur. Est-ce que cela suffira, l'avenir nous le dira. Nous invitons tout le monde pour un souper dans notre camping-car. A 6, nous serons un peu à l'étroit. mais, comme il ne fait pas chaud... Nous casons Christian et Nathalie sur le lit. Les anciens profitent des banquettes. Au menu : pâtes sauce tomate aggrémentées de quelques saucisses plus le reste de notre gateau à la poêle. Heinz est inquiet pour son pneu. Il décide de rebrousser chemin jusqu'à une gomeria qu'il a repéré sur la route en venant ici. Nous nous couchons sans savoir si nos amis reviendrons camper ici. Nous ne sommes pas seuls. Nathalie et Christian ont planté leur tente près de notre camping-car et le campement mobile abrite deux ouvriers. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Santa Cruz 11/11/2011 Heinz et Elzbeth sont revenus dans la nuit. Ce matin, ils partent les premiers avec Christian et Nathalie. Heinz espère trouver un garage Ford à Rio Gallegos pour faire entretenir son camping-car. Nous nous donnons rendez-vous au parc de la Laguna Azul, juste avant la frontière chilienne. En effet, demain nous espérons entrer au Chili et traverser ce petit coin de terre chilienne qui permet d'accéder à la Terre de Feu. L'unité de chantier mobile décampe à son tour, formant un petit train : la pelleteuse tracte le module du groupe électrogène, celui de l'habitation et enfin la citerne d'eau. Les ouvriers se rendent sur un autre chantier. Nous verrons souvent ces campements mobiles le long de la route. Nous sommes les derniers à quitter les lieux. Encore 190 kilomètres à parcourir avant de rejoindre Rio Gallegos, la dernière ville argentine avant le Chili. Les panneaux indicateurs mentionnent maintenant régulièrement le "Puesto de Integracion Austral" et Ushuaïa. Nous approchons de notre but ultime sur le continent américain. Tout le long de notre chemin, nous apercevons des centaines de couples d'oies sauvages, sans doute en train de nicher. Mais aussi des nandous et un grand nombre de flamands roses dans les innombrables lagunes boueuses que nous croisons. Nous avons devant nous en ligne de mire, depuis de nombreux kilomètres, un gros poids lourd rouge-orangé. Nous pouvons le dépasser lorsqu'il stoppe sur le pont qui enjambe le rio Coyle. C'est un bus qui tracte une grosse remorque. En lettres blanches sur rouge, nous pouvons lire : "Road Hôtel". Un hôtel roulant. Une sorte de camping-car grand format. C'est la première fois que nous voyons ce type d'attelage. La remorque sert sans doute de dortoir et de cuisine. Nous poursuivons notre route. Après 50 kilomètres, nous traversons le rio Gallegos et arrivons dans la ville homonyme. Nous subissons un contrôle policier courtois avant de faire halte dans une station service YPF. Après un plein de carburant, nous profitons de la connexion internet. Un message dans notre boîte e-mail nous apprend que Radio France cherche à nous joindre pour une interview dans le cadre d'une émission radio sur la chaîne "Le Mouv". Nous lui donnons rendez-vous à Ushuaïa ainsi qu'à notre radio locale préférée, RVR. Puis nous repartons pour traverser la ville. Rio Gallegos est avant tout une ville de garnison. Nous passons devant un grand monument dédié aux soldats tombés pendant la guerre des Malouines. Les argentins sont très fiers concernant ces îles que les anglais ont tenté de s'approprier. Tout le long des routes du pays, des panneaux bleus mentionnent : "Les îles Malouines sont et seront argentines". Nous poursuivons sur la RN3 en direction du Chili. Nous atteignons la Reserva Provincial Laguna Azul. Le vent qui souffle ne chasse pas les lourds nuages qui se sont accumulés dans le ciel. Il fait froid. Nous nous garons sur le parking herbeux et partons rapidement en quête de la lagune. Elle se cache à quelques pas du parking, derrière un promontoire rocheux. Nous débouchons sur un belvédère. La lagune n'a rien d'azul (bleu). D'un vert bouteille, elle se niche dans le cratère effondré d'un volcan éteint. L'endroit est sauvage. Rien de commun avec nos lacs de cratères, couverts de sapins, comme ont peut les voir en Auvergne. Seuls les casse-cou peuvent se rendre au bord de l'eau en empruntant les éboulis de pierres rouges et grises qui tapissent les pentes. Nous nous contentons d'admirer la lagune depuis les lèvres du volcan. Il est temps de nous mettre au chaud et de manger un peu. Nous n'avons rien avalé depuis notre petit déjeuner. La nuit tombe lorsque Heinz et Elzbeth arrivent enfin. Nous ne pensions plus les voir ce soir. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Chili Tierra del Fuego Date 12/11/2011 Récit La douane chilienne se situe à une quinzaine de kilomètres de notre bivouac. Nous prenons donc tout ntore temps et nous nous présentons à la frontière à 9h00. Un gendarme argentin à cheval nous fait signe. Treillis vert, chapka sur la tête. Il fait froid. Nous nous garons derrière la file d'attente. Le poste de douane n'est pas visible. Le cavalier annonce la couleur : 3 à 4 heures d'attente pour passer au Chili. Les voitures garées sont vides de leurs occupants. Ils sont allés à pied jusqu'aux guichets. Mais nous sommes invités à doubler la file en stationnement pour nous garer près de l'administration. Une longue queue s'est formée à l'entrée du bâtiment, dans un vent glacial. Hommes, femmes, enfants de tous âges. Heinz nous rejoint. Elzbeth, toujours handicapée est restée à l'intérieur du camping-car. Patiente, la file avance très lentement. J'ai si froid que je pars me réfugier un moment dans la voiture. Lorsque nous arrivons à la porte du bâtiment, nous retrouvons un peu de chaleur. Mais surtout, nous apercevons l'énorme pagaille qui règne à l'intérieur. Les douanes argentine et chiliene se partagent le bâtiment. Il n'y a aucune signalétique. Nous savons qu'il faut d'abord faire les formalités pour sortir d'Argentine puis celles pour entrer au Chili. Mais les files d'attente s'entremêlent à l'intérieur du hall d'entrée : celle pour entrer et sortir d'Argentine, celle pour entrer et sortir du Chili, celle pour entrer et sortir le véhicule d'Argentine, celle pour entrer et sortir le véhicule du Chili. Personne n'y comprend rien pas plus les argentins que nous. Finalement pour trouvons la "cola" (queue) qui permet de sortir d'Argentine. Nous profitons de l'interminable attente pour discuter avec nos compagnons d'infortune. Se sont tous des argentins. Comme nous sommes samedi, ils se précipitent tous au Chili pour bénéficier de la zone franche de Punta Arenas. Il paraît qu'on y fait des affaires incroyables. Venus de Rio Gallegos, les argentins organisent ainsi leur journée shopping : 1 heure de route en Argentine, 4 heures de formalité en douane, 1 heure de route au Chili. En partant à 8h00 du matin de Rio Gallegos, ils peuvent espérer arriver à Punta Arenas à 14h00, faire leurs achats et recommencer la balade dans l'autre sens. Enfin, il parait qu'il est plus facile de rentrer en Argentine. Aucun accord n'a été passé entre le Chili et l'Argentine pour favoriser la circulation des personnes dans cette zone géographique si compliquée. Les chiliens doivent passer en Patagonie argentine pour aller en Patagonie chilienne et les Argentins doivent passer en Patagonie chilienne pour aller en Terre de Feu argentine. Un vrai casse tête que personne ne semble souhaiter résoudre. Pour l'instant, c'est toujours la pagaille. Lorsque nous arrivons à faire enregistrer notre sortie d'Argentine, il faut recommencer la queue pour faire viser notre entrée au Chili. Encore 1h30 d'attente. Les argentins encore à l'extérieur du bâtiment sont complètement frigorifiés. Un gendarme argentin "organise" (enfin) les files d'attentes à l'intérieur du hall dans le but de faire entrer un maximum de personnes. Résultat, la queue pour les migrations s'est un peu avancée dans la douane mais la file d'attente pour les véhicules se trouve maintenant dehors. Ca y est !!! Nous avons de beaux tampons tous neufs sur nos passeports. Reste l'autorisation d'importation temporaire du véhicule. Magique !!! nous passons en quelques minutes. Maintenant, déposer au guicher adéquat le formulaire de déclaration des produits importés au Chili. Attention !!! Toute erreur est gravement sanctionnée. Il faut impérativement signaler qu'on transporte des produits d'orignie animal ou végétal. Car ils peuvent se nicher dans n'importe quoi (le toucan en bois pour tante Julie, les boîtes d'épices en poudre, le masque africain, etc.). Nous avions retenu la leçon : toujours cocher la case OUI. Inspection du véhicule. Nous mangeons rapidement les 2 bananes que nous avions conservé. Ca tombe bien, il est 13h00 et nous commençons à avoir faim. Nous avons enfin le feu vert. Le contrôle sanitaire à été plutôt rapide. Peut-être grâce au nombre énorme d'argentins qui passent la frontière aujourd'hui et à la pagaille qui règne. 4 heures de formalités. Record battu, nous n'avons jamais fait pire en matière de douane. Nous voici en Patagonie chilienne. Mais sans un sous. ici, pas d'agent de change. Il n'y a pas de banque jusqu'à Punta Arenas. Mais comme nous n'avons pas l'intention de nous y rendre pour l'instant, nous ne savons pas comment nous allons payer le ferry pour traverser le détroit de Magellan. Heureusement, Heinz a encore en poche quelques pesos chiliens restant de son premier passage au Chili. Nous faisons halte peu après la frontière pour manger dans un petit restaurant vieillot avant de reprendre la route. Direction, la Punta Delgada. Nous avons de la chance. Le ferry est prêt à appareiller. Nous avons juste le temps de monter dessus et nous voilà partis. La traversée est de courte durée. A peine une demi heure. Mais nous avons le temps d'admirer des dauphines noirs et blancs qui entourent le bateau. Lorsqu'un rayon de soleil crève les nuages, nous les apercevons par transparence dans l'eau. Il est déjà temps de débarquer. Nous voici en Terre de Feu chilienne. Pays Province Date Récit Pas de grosse différence avec la Patagonie ; les même estancias bordées de clôtures à l'infini, les moutons, les guanacos et les flamands roses dans les lagunes. Nous faisons un petit détour par Cerro Sombrero. Heinz et Elzbeth veulent faire le plein de carburant. Nous nous félicitons de l'avoir fait avant de passer au Chili ; le carburant ici est beaucoup plus cher. Quasi comme en Europe. Enfin, en Europe quand nous l'avons laissée, il y a deux ans. Nous n'avons plus les références actuelles. Après Cerro Sombrero, la route se transforme en piste. Les chiliens n'ont pas jugé nécessaire d'asphalter cette chaussée qui ne mène qu'en Terre de Feu argentine. La piste est empruntée par tous les camions argentins qui font le transit des marchandises argentines entre la Patagonie et la Terre de Feu. Pas de halte sur le territoire chilien. Ils vont de frontière à frontière le plus rapidement possible. Gare aux cailloux dans le pare-brise. Nous roulons interminablement à la recherche d'un bivouac pour la nuit. La chaussée a été nivelée et comporte de profonds caniveaux de part et d'autre qui empêchent de quitter la voie. Seules les entrées des estancias sont aplanies. Finalement, nous trouvons une piste secondaire qui mène à une petite lagune. Nous l'empruntons pour nous garer sur un bas côté, loin du passage des camions et de la poussière. Nous nous plaçons face au vent pour ne pas être trop secoués. Heinz et Elzbeth nous rejoignent peu après. Un repas rapide. Il est temps de se coucher. A 21h00, le soleil brille toujours. XXXXXX Chili Tierra del Fuego Argentine Tierra del Fuego 13/11/2011 Comme chaque jour, le vent est tombé pendant la nuit et nous avons pu dormir tranquillement. Nous sommes en train de prendre le petit déjeuner lorsque Heinz et Elzbeth reprennent la route. Nous partons peu après. Nous aurons fait un passage, éclair mais obligatoire, au Chili pour rejoindre le territoire argentin de la Tierra del Fuego. La frontière chilo-argentine n'est qu'à 37 kilomètres d'ici et nous l'atteignons rapidement. Changement d'ambiance par rapport à la frontière de la veille. Le vent glacial est toujours là mais le poste de douane chilien est désert. Juste deux chauffeurs de camion argentins. 3 guichets, 3 coups de tampon et nous sortons du Chili. 15 kilomètres plus loin, la douane argentine à San Sebastian. Odeur de caoutchouc brûlé, bruit étrange. Georges regarde par le rétroviseur. Nous venons d'exploser le pneu arrière gauche. La roue repose sur la jante. Surtout ne pas s'énerver. Nous n'avons encore jamais changé une roue. Nous sommes dans le no man's land entre les deux frontières. Le vent permet à peine de se tenir debout. Première étape, descendre la roue de secours du toit. Georges s'aggripe à l'échelle pour ne pas être jeté au sol par les rafales. Bien sûr, l'attache qui maintient la roue est rouillée. Après l'essai de plusieurs outils, nous parvenons à la descendre. Maintenant le cric. Il faut sortir tout ce qui est entreposé sur la banquette arrière. Attention au vent qui menace d'arracher la portière. Nous arrivons à enlever la roue de l'essieu mais pas à remettre l'autre roue qui est gonflée. Le cric, placé au mauvais endroit, ne permet pas de soulever suffisamment la voiture. Il faudrait un engin plus puissant. Le vent menace à chaque instant de renverser le campingcar en équilibre. Personne à l'horizon. Je pars en direction de la douane. Un camion chilien. Je fais des grands signes au chauffeur et nous retournons de concert jusqu'à la voiture. Son pare-brise est grêlé d'impacts de cailloux. On dirait qu'il est passé sous les feux d'une mitraillette. Lorsque nous arrivons, Georges a déjà arrêté le conducteur d'un bus dont le cric a fait merveille. Pour ne pas être en reste, mon chauffeur de camion resserre les écrous de la jante. Merci messieurs. Chacun reprend sa route. Nous voilà en ordre de marche, ou presque. Il faudrait redonner un peu de pression au pneu de secours. C'est alors qu'arrivent Michel et Solange les deux savoyards que nous avions rencontrés à la première douane chilienne. Leur camping-car est équipé d'un compresseur. Décidemment, nous sommes vraiment chanceux. Il nous aura fallu deux heures pour réparer. Nous pouvons repartir, gonflés à bloc. Pays Province Date Récit Nous voici enfin à la douane argentine que nous passons en quelques minutes. Nous retrouvons l'océan Atlantique et longeons la côte jusqu'à Rio Grande. Le paysage est inchangé, nous circulons toujours entre les clôtures des estancias. Mais, au loin, se profile la ligne des Andes enneigées. Nous approchons des montagnes. Pour la première fois depuis bien longtemps, nous retrouvons des arbres. Ce qui nous surprend plutôt. Ces arbres sont providentiels pour l'asado du dimanche. En effet, nous voyons de nombreuses voitures garées en bordure des estancias. Les argentins de la Tierra del Fuego trouvent refuge chaque dimanche dans les bois, à l'abri du vent. On plante la tente pour la journée sur l'herbe verte qui tapisse la forêt. Nous apercevons les panaches de fumée qui signalent la préparation de l'asado. Nous apprendrons plus tard que ces arbres torturés sont des sortes de hêtres. Nous atteignons Tolhuin, niché au bord du lac Fagnano puis longeons le lago Escondido, le lac caché. La route grimpe jusqu'au paso Garibaldi qui offre une belle vue sur les deux lacs. Puis nous redesendons en direction de Ushuahia. Loin d'être sauvage, le décor nous est familier. Il ressemble un peu à ce que nous pouvons voir en France dans le briançonnais. Devant nous, un pick-up aménagé. Nous reconnaissons le camping-car de Maurice et Evelyne que nous avions croisé à la Punta Norte de la péninsule de Valdes (carretteland.com). Nous faisons route ensemble jusqu'au bout du monde. Car nous y sommes enfin, après deux années de voyage. Nous passons entre les deux piliers sur lesquels sont inscrits le nom de la ville. Nous venons de pénétrer dans Ushuaia coincée entre les montagnes et le canal de Beagle. Pour l'instant nous n'avons qu'une hâte : nous installer au camping et prendre du repos. Nous suivons Maurice et Evelyne sans nous poser de question et arrivons tranquillement à bon port. Fernando nous accueille à la Pista del Andino, perchée au dessus de la ville dont nous apercevons toute l'étendue. Le temps du repas et d'une connexion internet et il est temps de se coucher. Demain, nous partirons en quête d'un vendeur de pneumatiques. XXXXXX Pays Province Argentine Tierra del Fuego Date 14/11/2011 Récit Nous nous levons à 6h00. Au programme, donner notre linge à laver, donner une interview radio et changer nos pneus. Nous déposons quatre gros sacs de linges à l'accueil du camping. Nous devrions le récupérer demain. En ce qui concerne l'interview, nous avions donné rendez-vous au journaliste de Radio Val de Reins entre 12h00 et 14h00, heure française. Nous réussissons à joindre Jean-Pierre non sans difficulté et organisons un entretien cahotique sur Skype. Nous sommes heureux de faire partager notre expérience avec notre port d'attache et de garder ainsi le contact. Maintenant, les pneus. Fernando nous a indiqué un revendeur. Lorsque nous arrivons, pas de choix. Un seul type de pneu correspond à nos jantes. Nous payons un prix de Fin du Monde mais notre véhicule est chaussé à neuf. Nous espérons ainsi éviter un autre éclatement de pneu. Etape suivante, le supermarché. Après le filtre sévère des douanes chiliennes, nous devons faire le plein. L'enseigne Carrefour nous ouvre ses portes. Mais pas question de faire un stock de produits frais. Nous repassons la douane dans l'autre sens en fin de semaine. De retour au camping, nous constatons que Radio France cherche à nous joindre pour une interview. La liaison est difficile, Skype fonctionne très mal. Nous finissons pas dénicher le téléphone portable du camping mais il nous faut encore un temps fou pour comprendre quel numéro composer depuis la France. Finalement, nous arrivons à établir la communication et nous nous donnons rendez-vous pour 21h30, heure française, c'est à dire 17h30 au bout du monde, pour un passage en direct. Il est 14h00 lorsque nous nous mettons à table. Nous voyons alors arriver Heinz et Elzbeth et leur racontons nos péripéties. L'heure du rendez-vous radiophonique arrive. Expérience intéressante. Nous avons averti la famille et les amis qui sont à l'écoute. En ligne en même temps que nous, Serge, un autre français installé à Ushuaia. Nous sommes seulement à quelques pâtés de maison de lui et nous nous parlons via Radio France. Autre surprise, Eric, le présentateur nous annonce que notre fils aîné est également en ligne. Délire complet des moyens de communication. Nous parlons à notre fils par le biais d'une radio française alors que nous sommes perdus au bout du monde. Nous écouterons plus tard l'interview sur internet. De retour au camping-car, nous relevons notre boîte e-mail. Nous avons obtenu les coordonnées de transitaires pour l'Australie. Il semblerait qu'il soit également possible d'embarquer le véhicule depuis Buenos Aires, en Argentine. Nous adressons des messages tous azimuth pour obtenir des informations plus précises. Maurice et Evelyne viennent nous informer que Fernando propose de faire un asado demain pour tous les camping-caristes. Nous acceptons volontier de participer à ce repas en commun. Heinz et Elzbeth seront également de la partie. Nous les avons invités pour la soirée et nous passons encore de bons moments ensemble. XXXXXX Pays Province Argentine Tierra del Fuego Date 15/11/2011 Récit Il pleut. Nous prenons donc tout notre temps pour nous préparer et il est 10h00 lorsque nous partons à pied visiter Usuhuaia. Foulards et parkas sont de rigueur. Les montagnes environnantes sont noyées dans les nuages. Ici, pas de vrai trottoir. En Argentine, chacun est chargé d'netretenir l'espace entre sa propriété et la chaussée. Les plus fortunés installent un dallage, cimentent ou bien goudronnent. Certains plantent une pelouse. La plupart laissent le sol en friche. La boue et les flaques d'eau obligent donc à marcher sur la chaussée. Les maisons de Ushuaia sont encore bien souvent en bois. Ce sont plutôt des chalets, des cabanes, posées sur cales. Les plus anciennes sont en bois brut. Les dépliants d'information touristiques racontent que les pionniers s'étaient installés ici sur des terres publiques. Lorsque des titres de propriété ont été émis, les cabanes ont du être déplacées jusqu'à leur emplacement définitif sur des rondins de bois. Toutefois, la cité du bout du monde évolue beaucoup et vite. Une loi favorise l'implantation des usines en Terre de Feu. Ateliers de textile et d'électronique poussent comme des champignons attirant des travailleurs de tout le pays. La ville compte aujourd'hui près de 50 000 habitants. Il se construit des "viviendas", des lotissements avec des habitations en "dur". Quelques immeubles émergent également des toits en tôle. Nous descendons en direction du canal de Beagle et de l'avenidad San Martin, l'artère commerçante d'Ushuaia. Le bord de l'eau est balayé par les vents et nous décidons de rester à l'abri des murs de la ville. Nous en profitons pour faire les magasins avant de nous réfugier chez "Tante Sara". Pendant que nous mangeons notre blanc de poulet assorti de pommes noisettes, nous voyons la pluie tomber à seaux par la baie vitrée. Il faut pourtant nous décider à sortir. Nous nous rendons au point d'informations touristiques pour faire apposer un nouveau tampon sur notre passeport : celui del "Fin del Mundo". Il s'ajoutera à ceux de la "Mitad del Mundo" et du Machupicchu. Puis nous nous rendons jusqu'à l'embarcadère où est planté un grand panneau en bois annonçant : "Ushuaia Fin del Mundo". C'est le lieu où il est INDISPENSABLE de se prendre en photo. Nous sacrifions au rituel. Le cliché nous premettra de faire une carte postale électronique que nous enverrons à la famille et aux amis. Sur le port se baladent des personnes vêtues en bagnards. Elle font la promotions pour les croisières sur le canal de Beagle. Ushuaia a vécu pendant des années autour de son bagne. Créé en 1899, il a accueilli des prisonnier jusqu'en 1947. Les véhicules de l'administration pénitentiaire nous laissent penser qu'il exite toujours une prison ici. Nous affrontons le vent sur le bord du canal pour aller voir le "remolcador" Saint Christopher. Ce remorqueur, aujourd'hui échoué, a vécu son heure de gloire lorsqu'il a tenté de sauver du naufrage le bateau allemand Monté Cervantes qui promenait 1000 touristes dans les eaux tourmentées de la région. Tous les touristes ont été sauvés, même le capitaine. Celà se passait en 1953 et Ushuaia comptait alors 800 habitants. Sur le chemin du retour nous découvrons un monument dédié à la "Capsule". En 1992, les habitants d'Ushuaia ont encapsulé un certain nombre de produits typiques du XXe siècle. Un cadeau fait à leurs descendants à n'ouvrir que dans 500 ans, en 2492. Plus que 481 ans. En attendant, nous visitons le petit marché artisanal couvert, caché derrière le monument. Puis nous passons à "La Anonima" pour acheter de la salade de pomme de terre. Ce sera notre participation au repas du soir autour de l'asado. Lorsque nous rentrons au camping, Hienz et Elzbeth se reposent bien au chaud dans leur camping-car. Dernières occupations avant la soirée : ranger le linge propre et consulter internet. Nous avons quelques réponses à nos e-mail concernant le transfert du camping-car. Mais rien de bien concret encore. Dans la grande salle du camping, Fernando à allumé le feu et commencé à préparer l'asado. Nous retrouvons Heinz, Elzbeth, Maurice, Evelyne mais aussi Michel et Solange arrivés dans la journée ainsi que Frantz et Brigitte, un couple suisse. Nous ne mourrons pas de faim aujourd'hui. Fernando apporte saucisses grillées, boudin, morceaux de boeuf, de porc, de poulet que nous accompagnons avec toutes sortes de salades. les desserts ne manquent pas et le vin non plus. Du vin argentin bien sûr. Nous passons de délicieux moments, chaleureux. Chacun raconte ses aventures vécues dans tous les coins de la planète, heureux de partager ses expériences pour revivre les bons moments avec plaisir et les mauvais avec philosophie. XXXXXX Pays Province Argentine Tierra del Fuego Date 16/11/2011 Récit Journée au camping "La Pista del Andino". Nous sommes fatigués. Sans doute la décompression après avoir atteint le but ultime de notre traversée des Amériques. Nousdevons faire de nouvelles projections. Pour l'heure, comment envoyer notre camping-car en Australie. Trois possibilités semblent s'offrir à nous : depuis le port de Callao, au Pérou, depuis le port de San Antonio, au Chili et depuis le port de Zarate, en Argentine. Nosu sommes en liaison internet avec plusieurs transitaires et attendons des propositions de dates et de prix. La suite de notre voyage en Amérique du Sud dépendra de notre port d'embarquement, côté Pacifique ou côté Atlantique. En attendant, nous nous fixons comme objectif le port de Valparaiso au Chili. De là, nous verrons bien si nous restons au Chili, remontons au nord en direction du Pérou ou retraversons les Andes pour entrer de novueau en Argentine. Pour aujourd'hui, nous nous contentons de décharger nos photos sur l'ordinateur. Nous ne l'avions pas fait depuis notre visite chez les pingouins de Magellan à Punta Tombo. Nous profitons de la connexion internet pour envoyer notre carte postale électronique du "Bout du Monde". Dans l'après midi, Georges s'octroie une bonne sieste. Il a pris froid. Sans doute en changeant la roue dans les rafales de vent glacial de la Terre de Feu. Nous passons la soirée avec Heinz et Elzbeth pour planifier notre itinéraire pour les jours à venir. Nous avons réservé notre traversée du détroit de Magellan au Chili entre Porvenir et Punta Arenas. Ce sera pour dimanche. Nous quittons Ushuaia demain. XXXXXX Argentine Tierra del Fuego 17/11/2011 Nous quittons le Bout du monde. Heinz et Elzbeth font également leurs préparatifs. Nous avons prévu de nous retrouver dans deux jours en Terre de Feu chilienne. Le ciel est gris, chargé de nuages. Quelques formalités avant de laisser Ushuaia : des achats à l'enseigne Carrefour, un plein d'essence et un passage par la boîte aux lettres pour y jeter quelques cartes postales. Nous repassons par le col de Garibaldi. Heureusement que nous avions fait des photos à l'aller. La passe est plontée dans un brouillard mouvant et ascendant. On aperçoit à peine le lago Escondido qui, pour l'occasion, porte bien son nom de lac Caché. Nous l'apercevons à peine à la faveur d'une déchirure dans les nuages. Nous espérons faire une étape courte et nous arrêter au camping de la Laguna del Indio, à Tolhuin, au bord du lac Fagnano. Georges est toujours malade, il ne se sent pas très bien et à besoin de repos. Malheureusement, lorsque nous arrivons au camping, personne pour nous accueillir ; et surtout pas de branchement électrique. Il fait 8°C dehors. Notre chauffage au gaz ne fonctionne plus. Georges à besoin de chaleur. Nous ne pouvons pas passer tout l'après midi avec les brûleurs de la cuisinière allumée. Nous décidons de poursuivre jusqu'à Rio Grande, 100 kilomètres plus loin. Nous retrouvons la côte atlantique dans le brouillard. Lorsque nous nous présentons au camping du club nautique, l'animateur nous annonce qu'il est fermé parce que les sanitaires sont hors d'usage. Mais devant notre mine dépitée, il accepte que nous nous installions sur le terrain, gratis. Pas de sanitaire mais de l'électricité à volonté. L'électricité semble quasi gratuite en Argentine tellement les argentins n'en font pas cas. Nous nous installons dans le camping-car bien chauffé par le radiateur électrique. Avec le brouillard à l'extérieur, nous avons vraiment l'impression d'être dans un cocon. Nous sommes à l'embouchure du rio Grande, au bord de l'océan et nous ne voyons absolument rien. Lorsque nous finissons notre repas, l'après midi est déjà bien entamé. Georges fait une petite sieste. Pendant ce temps, je continue le tri de nos photos. Lorsque le soir arrive, le brouillard se dissipe un peu et nous pouvons nous rendre compte que c'est le moment de la marée basse. XXXXXX Pays Province Argentine Tierra del Fuego Chili Tierra del Fuego Date 18/11/2011 Récit Après notre séjour en Terre de Feu argentine, nous retournons au Chili. La douane se trouve seulement 80 kilomètres de Rio Grande. Nous décidons de rester au camping du club nautico jusqu'au repas de midi pour bénéficier de l'électricité et donc de la chaleur de notre radiateur. Le brouillard s'est levé sur un ciel nuageux et le vent n'a pas démissionné. L'endroit n'est pas franchement attrayant. A marée basse, le rio Grande laisse apparaître de vieilles ferrailles rouillées et toutes sortes de détritus. Sur l'autre rive, nous apercevons un ensemble d'usines. Les abords des lotissement environnants sont laissés à l'abandon, boueux et sales. Nous restons dans notre cocon douillet. Georges met la dernière main aux calendriers que nous souhaitons offrir en fin d'année. Il ne reste plus qu'à trouver une connexion internet digne de ce nom pour les commander en ligne. Peut-être que du côté chilien les opérateurs sont plus performants. A midi, nous finissons tous les restes prohibés à la frontière puis nous quittons Rio Grande. La RN3 longe en grande partie la côte atlantique et nous foyons l'océan gris et terne battre les longues plages de sable qui ne reçoivent jamais aucun baigneur. Nous faisons un gros plein de carburant à la station YPF du San Sebastian argentin. Côté chilien, le diesel est beaucoup plus cher. Comme à l'aller, le passage de la douane argentine est une formalité. Trois coups de tampon en cinq minutes. Nous parcourons les 15 kilomètres de no man's land entre les deux douanes. Espérons que nous ne renouvellerons pas notre exploit de l'aller lorsque nous avons explosé notre pneu. Mais nous arrivons à l'autre bout sans problème. C'est toujours le bazar pour passer la douane chilienne. Il faut faire la queue devant le guichet. Le préposé vous remet un formulaire à remplir et vous demande de partir le remplir plus loin. Puis vous refaites la queue pour donner le formulaire rempli. Et celà trois fois de suite. Nous avons bien essayé de demander les formulaires avant de commencer à faire la queue pour pouvoir les présenter tout remplis au guichet. Mais non, impossible. Il faut faire la queue pour demander le formulaire, partir le remplir et refaire la queue pour présenter le formulaire. Allez savoir pourquoi. Cependant, comme il y a beaucoup moins de monde que lors de notre première expérience, les formalités s'expédient en 3/4 d'heures. Heinz nous attend de l'autre côté de la douane. Il nous fait de grands signes. Elzbeth et lui se sont installés avec leur camping-car sur le parking herbeux de l'hosteria qui jouxte les bâtiments de la douane. Nous n'irons pas plus loin. Nous nous garons à côté d'eux, à l'abri derrière une palissade judicieusement orientée pour protéger des vents d'ouest qui soufflent avec force dans toute la Tierra del Fuego. Nous quittons l'Argentine pour quelques jours. Nous la retrouverons après notre séjour en Terre de Feu et sur le territoire de Magellan chilien. Ainsi va la géographie à l'extrème sud du continent américain. XXXXXX Pays Province Chili Magallanes Argentine Santa Cruz Date 25/11/2011 Récit Après une semaine en territoire chilien, nous venons de passer la nuit dans le Parque nacional Torres del Païné tout près de la frontière argentine. Nous avions mis le réveil à 6h00 pour faire l'excursion en bateau jusqu'au glacier Grey. Vu le temps, nous replongeons sous la couette après avoir allumé les brûleurs de la cuisinière. Il a plu toute la nuit et ce matin, le vent ajoute son souffle au concert de percussions donné par la pluie sur le camping-car. Nous émergeons à nouveau lorsque le thermomètre indique la température raisonnable de 15°C. Nous décidons de faire le tour du parc en voiture, à l'abri des intempéries et abandonnons l'idée de faire des excursions à pied. Les temps est complètement bouché et les sommets disparaissent totalement dans les nuages. Pendant que Georges conduit, je me risque à quelques clichés à travers le pare-brise entre les gouttes de pluie et les balais d'essuis-glace. Nous remontons le cours du rio Païné qui alimente successivement le lago Toro, le lago Péhoé, le lago Nordenskjöld et le lago Païné, tous d'un vert de gris magnifique même par temps couvert. Nous sortons courageusement de la voiture pour aller voir le Salto Chico, déversoir du lac Péhoé où le rio Païné tombe au niveau du lac Toro. Des passerelles de bois, luisantes de pluie, tournent autour de l'hôtel Explora qui envahit le site. Dommage. Nous retournons à la voiture transits de froid et trempés et enclanchons le chauffage à fond pour nous sécher. Nous poursuivons notre balade automobile en direction du nord. Le temps devient plus clément eu fur et à mesure que nous nous éloignons des hauts massifs. Si le vent redouble, la pluie diminue d'intensité et la teméprature remonte. Nous prenons la direction de la laguna Azul. Ce secteur, plus abrité des intempéries abrite des centaines de guanacos et merveille, c'est la saison des naissances. Pour la première fois, nous voyons des bébés guanacos au pied de leur mère. Nous poursuivons notre route jusqu'à la casacade Païné. Ici, le rio descend d'une marche pour tomber au niveau du lago Nordenskjöld. Et là, nous jetons l'éponge. nous en avons assez de subir les rafales de vent qui soufflent certainement à plus de 100 kms / h. Nous décidons de prendre directement le chemin de Cerro Castillo, à la frontière chilo-argentine. Nous avons encore le plaisir d'obersver un long moment une espèce de nandou de petite taille qui vit dans la région. Nous ne savons pour quelle raison, l'animal se laisse photographier sans prendre la fuite. Nous quittons le parc pour retrouver les estancias et les moutons mais aussi de nombreux couples d'oies sauvages. A la douane chilienne, nous retrouvons Maurice et Evelyne, également chassés du Chili par le mauvais temps. Ils ne sont même pas entrés dans le parc de Torres del Païné. Le vent est vraiment infernal et nous nous précipitons dans les bâtiments administratifs pour obtenir nos trois coups de tampon. Une douanière sort rapidement pour déverrouiller le cadenas qui ferme la barrière. Nous voici dans le no man's land entre le Chili et l'Argentine. Quelques kilomètres de piste et nous atteignons les bureaux de l'escadron de gendarmerie argentin, perdu en rase campagne, alimenté en électricité par une petite éolienne. 3 chevaux se sont réfugiés au milieu des bâtiments pour se protéger du vent. Ici, pas d'ordinateur. Les entrées et les sorties sont enregistrées soigneusement sur de grands registres, façon années 50. Nous obtenons nos trois coups de tampon en quelques minutes. Nous venons de passer la douane la plus rapide de notre voyage. Quand le petit poste de douane sera informatisé, il faudra sans doute au minimum 1/2 heure. Nous voici de nouveau en Argentine. Et nous retrouvons en même temps, presque instantanément le soleil. Comme si le mauvais temps s'arrêtait au raz de la frontière chilienne. La piste nous conduit jusqu'à la RN40, goudronnées à cet endroit. Tapi Aïké. Une minuscule station service perdue au milieu de nulle part. Il y a tout de même un restaurant de l'autre côté de la route. Le pompiste tourne les manivelles pour remettre à zéro les compteurs des prix et des litres. Nous pouvons faire le plein de carburant. Heureusement nous étions presque à sec. Lorsque je sors de la voiture pour me rendre aux toilettes, le vent manque de m'arracher le bras en même temps que la portière et je dois m'arquebouter de toutes mes forces pour arriver à refermer la porte. Même opération en sens inverse. Nous repartons. A droite, la RN5 qui conduit à Rio Gallegos. En face, la RN40 qui part plein nord mais se transforme en piste. 65 kms de "ripio". Le paysage est sauvage et désert. Quelques moutons. Des cygnes blancs dans une lagune laiteuse. Le bruit de la piste nous fait oublier que le vent souffle en tempête. Lorsque nous faisons halte, nous l'entendons qui hurle autour du camping-car. Nous retrouvons enfin la chaussée asphaltée. Au loin, le lago Argentino qui brille sous les rayons du soleil. Puis la route descend jusqu'aux rives lac. Commes la plupart des lacs de glacier, ses eaux sont d'un beau vert. Nous arrivons à El Calafaté. Nous trouvons rapidement le camping "El Niriguao" que nous avion repéré, au bord de l'arroyo Clafaté. Il est temps de prendre du repos après cette longue journée. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Santa Cruz 26/11/2011 Journée repos. Nous prenons tout notre temps pour nous préparer avant de partir visiter El Calafaté. Dans le sac à dos, l'ordinateur portable. Nous aimerions trouver une connexion internet pour savoir si nous avons des informations concernant le transfert du camping-car vers l'Australie. Nous rejoignons la ville par une petite passerelle au dessus de l'arroyo Calafaté. Pas très propre l'arroyo Calafaté. A quelques pas de là, nous passons devant le camping "El Ovejero". Michel, Solange, Maurice et Evelyne y sont installés. Nous nous renseignons sur les prix : le double de notre camping. Certe avec accès à un "petit" internet mais ça fait tout de même cher la connexion. D'autant qu'ils sont garés sur le parking au milieu du bruit et des voitures du restaurant. Nous resterons dans notre camping rustique. Mais nous profiterons tout de même ce soir de la "parilla libre" avec chanteur local organisé par le restaurant. Ce sera l'occasion de passer un moment convivial avec nos amis de rencontre. Nous poursuivons notre chemin pour déambuler sur l'avenidad San Martin, la seule rue commerçante de la ville. nous appécions surtout la température ambiante, bien plus élevée que dans le parc chilien de Torres del Païné, malgré le ciel gris. Dans le paseo de artesañia, nous repérons le "Librocafé" au premier étage d'un des chalets en bois du petit centre commercial. Il offre un wi-fi au chaud derrière ses baies vitrées. Il est midi. Nous en profitons pour commander deux sandwiches que nous avalons en consultant notre boîte e-mail. Nous avons une réponse d'un transitaire pour le port de San Antonio au Chili. Mais nous souhaitons consulter plusieurs offres et adressons de nouveaux messages à d'autres transitaires. Puis nous poursuivons notre visite de la ville. Dans les vitrines des confiseurs, chocolats et confiture de calafaté. Le calafaté est une baie inconnue en Europe. Un dépliant nous apprend que la plante est un berberis, buisson épineux dont une variété sert de haie dans nos jardins. Mais ici, elle produit des fruits qui ressemblent à nos myrtilles. Ce ne doit pas être la saison de la cueillette car nous n'en avons pas aperçu dans la campagne. Mais on peut la déguster ici en confiture ou en glace. Les marchands d'articles de sport pour l'escalade et la randonnée ne manquent pas non plus. Georges en profite pour s'acheter une nouvelle paire de chaussures ; les siennes viennent de lâcher et prennent l'eau. Il faut dire qu'elles ont vu du pays et marchaient depuis le Guatemala. Nous faisons le tour des agences de voyage pour connaître les prix des excursions en bateau vers les glaciers du parc national. Retour au camping. En attendant l'heure de la "parrilla libre" (grillades et buffet à volonté), Georges s'offre un moment de repos pendant que je poursuis la rédaction de notre récit détaillé. 19h30. Nous partons pour notre soirée restaurant. Nous passons un agréable moment autour du repas avec Michel, Solange, Maurice et Evelyne. Vers 21h00, un jeune chanteur argentin s'installe sur l'estrade avec sa guitare. Julian Baldo interprète des chansons du folklore argentin et uruguayen pour le plus grand plaisir des nombreux retraités qui passent la soirée ici. Plusieurs clients d'un âge certain entreprennent de danser sur des musiques de "Chacarera" et de danse du foulard. Les pas et les mouvements des bras sont plutôt lents et très codifiés. C'est pour nous une découverte. Bien que ce soit un repas organisé pour les touristes, nous passons une bonne soirée. XXXXXX Argentine Santa Cruz 27/11/2011 Nous avons décidé fermement de ne rien faire du tout aujourd'hui. Lever 8h30. Georges a tout de même besoin d'une séance coiffeur. Le temps de lui couper les cheveux et de nous préparer et il est déjà midi. Au menu, repas fraîcheur pour nous purger des excès d'hier : jambon, haricots vert, yaourt nature, pomme. Ca fait vraiment du bien. Nous passons l'après midi devant nos ordinateurs respectifs. Je poursuis la rédaction de notre récit détaillé pendant que Georges installe le CD acheté lors de la soirée d'hier dans notre bibliothèque sonore. Depuis sa dernière mise à jour, le logiciel du baladeur fait des siennes et bientôt, tout est bloqué. Nous n'avons plus accès à rien ; ni au baladeur, ni à la sonothèque. Georges bataille une grande partie de l'après midi contre le matériel défaillant. Finalement, il jette l'éponge, sans toutefois éteindre l'ordinateur. On ne sait jamais... Mieux vaut passer à autre chose. Il se plonge alors dans l'atlas routier chilien pour évaluer le nombre de kilomètres qu'il nous reste à parcourir pour atteindre le port de San Antonio, au Chili. C'est peut-être d'ici que nous embarquerons le camping-car pour l'Australie. Lorsque le soir arrive, nous n'avons pas mis le nez dehors de toute la journée. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Santa Cruz 28/11/2011 Georges à laissé tourner l'ordinateur toute la nuit avec le baladeur connecté. Résultat, ce matin, le baladeur fonctionne de nouveau et nous avons accès au logiciel. Les voies de l'informatique sont souvent impénétrables. Après le petit déjeuner, nous partons à la recherche du lago Argentino. Sur la carte, El Calafaté se situe au bord du lac. En pratique, une grande partie de la baie n'est qu'une lagune asséchée, boueuse et exhalant des odeurs pas très agréables. La propriétaire du camping nous conseille donc de nous promener à la sortie de la ville, en direction de l'Est. Nous rejoignons la réserve écologique municipale de la laguna Nimez, coincée entre la route et le lac. L'entrée est bien sûr payante. Nous ne savons pas pourquoi puisque l'ensemble est visible depuis la route. Nous longeons la clôture de la réserve jusqu'à son extrémitée. De là, une piste mène gratuitement au bord du lac. Les oiseaux aquatiques, qui ne respectent aucune clôture, sont tous en dehors de la réserve, posés sur les bancs de sable du lac, sur fond de montagnes enneigées. Georges s'en donne à coeur joie avec l'appareil photos : flamands roses, goëlands, mouettes, sternes, oies sauvages. La force du vent est raisonnable et nous pouvons longer un moment la plage de graviers avant qu'elle ne rejoigne la piste. Nous choisissons de grimper au sommet de la colline qui domine la grève pour avoir une vue d'ensemble sur le lago Argentino. Mais le plus grand lac d'Argentine est impossible à embrasser d'un seul regard. Nous ne voyons qu'un fragment des eaux vertes irisées par le soleil, la plus grande partie étant masquée par les reliefs. Le retour par l'autre versant du cerro est moins agréable car le chemin longe la décharge municipale. C'est pour nous l'occasion de voir l'envers du décor. Le vent joyeux a décidé de décorer le paysage à sa façon en accrochant de longues guirlandes de sacs en plastiques sur les grillages qui limitent la décharge. De longues bandes de plastique, agrippées aux clôtures, se tortillent dans les rafales. Sans commentaire. Nous rentrons au camping pour manger avant de retourner au cyber café pour une nouvelle connexion internet. Radio France cherche à nous joindre pour un nouvel interview en direct. Mais impossible d'utiliser le téléphone du café. Ce sera pour une autre fois. Pour l'instant, nous partons déguster un chocolat chaud gratuit. La vendeuse nous avait remis deux bons lorsque Georges s'était acheté des chaussures. Sans doute pour nous consoler après tout l'argent que nous avions dépensé dans son magasin. La consolation est toutefois de courte durée car nous entrons peu après dans une agences de voyages pour réserver une excursion en bateau pour demain. Nous choisissons le tour avec visite de tous les grands glaciers du parc. Il faut encore ouvrir en grand le porte monnaie. Mais on ne voit pas tous les jours le glacier Perito Moreno. Nous sommes en train de décharger nos photos sur l'ordinateur lorsque Georges aperçoit Heinz et Elzbeth. Nous leur avions laissé un message sur internet et ils nous ont enfin retrouvé. Nous en sommes vraiment très contents. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 29/11/2011 Récit Lever 6h00. Le minibus de l’agence de voyage passe nous prendre à 7h15 pour nous conduire à Punta Bandera où nous devons embarquer pour l’excursion des glaciers. Tous les bus et minibus, plus qu’aux trois quart vides, convergent vers le port, situé à 47 kilomètres de El Calafaté. Les départs en bateau se font tous à 9h00. Dès 8h30, une file d’attente s’organise dans un froid vif. Les pares-vent, installés autour du port artificiel, peinent à protéger des bourrasques venues des glaciers. La file s’ébranle. Nous parcourons les différents pontons avec nos tickets à la main. Des employés trient les touristes pour les faire embarquer sur les différents bateaux. Nous sommes aiguillés vers le catamaran Chonek. Plutôt luxueux le Chonek avec ses deux ponts chauffés et éclairés par de larges baies vitrées. Sur le pont supérieur, à l’avant, le poste de pilotage et le salon VIP « Captain’s Club », séparé du commun des mortels par une cloison vitrée. Les privilégiés ont droit à un maître d’hôtel particulier et à des petits en-cas. Ils sont surtout aux premières loges grâce aux deux petits balcons privatifs qui permettent de sortir faire des photos sans bousculade. Le carré VIP est vite investi par un groupe de touristes français. Les commentaires sont tous en anglais et espagnol même si la majorité des voyageurs sont francophones ou hispanophones. Agaçant. Les commentaires en espagnol sont même parfois « oubliés ». Un comble ! Le bateau prend le large et pénètre dans le Brazo Norté, le bras nord de la zone des glaciers. Le temps est plutôt clément et nous avons la chance d’apercevoir les montagnes environnantes même si le ciel est gris. Nous découvrons les premiers icebergs que les argentins appellent des timpanos. Selon la densité de la glace, la lumière qui les traverse leur donne des teintes plus ou moins bleutées. Leur forme suit les volontés du ciseau tranchant des intempéries. Quelques rayons de soleil. Agréable à travers les vitres. Mais Georges descend à la proue sur le pont inférieur dès que le bateau ralentit sa progression pour permettre de mieux admirer le décor. Moment traditionnel : le commandant et un marin harponne un iceberg pour en détacher un morceau. Il servira à rafraichir les verres de whisky servis au carré VIP. Photos souvenir. Nous passons devant le canal qui conduit au glacier Upsala. Ce dernier ne se visite plus. Il fond à grande vitesse et tout le chenal est obstrué par des icebergs. C’est le plus grand du parc mais il régresse de 200 mètres chaque année. Nous pénétrons dans le canal Spegazzini qui mène au glacier du même nom. Georges me propose de le rejoindre à l’une des proues du catamaran. Mais lorsque j’y arrive, le bateau n’a pas terminé sa course et il souffle un vent terrible. J’ai l’impression que ma tête va imploser tellement la pression est forte. C’est donc avec soulagement que je sens le navire ralentir enfin. J’en garderai un mal de tête pour le reste de la journée. Nous restons au pied de la falaise de glace pour admirer les séracs. Puis, le catamaran reprend sa course pour revenir au Brazo Norté. Il faut encore une bonne heure de navigation avant de rejoindre le mythique glacier Perito Moreno. Pendant ce temps, la télévision du bord diffuse un reportage sur le phénomène de rupture du glacier. Le Perito Moreno finit sa course dans une rivière qui se jette dans un bras du lac Argentino. Chaque année, le glacier avance jusqu’au moment où il coupe la rivière. Celle-ci ne peut plus s’écouler dans le lac. Finalement, la pression du glacier sur la rive opposée et le travail de la rivière font exploser le pont de glace. Le spectacle est grandiose. Cette année, le glacier Perito Moreno est arrivé à ce point de rupture. L’eau de la rivière ne peut plus s’écouler. Chacun espère assister au phénomène. Ce ne sera malheureusement pas pour nous. Lorsque nous arrivons au glacier vedette, nous sommes époustouflés par les falaises de 60 mètres de haut qui dominent le bateau. Les grands séracs aux formes acérées sont vraiment impressionnants. Nous restons une heure dans les parages du Perito Moreno, guettant la chute des morceaux de glace. Lorsqu’un bloc se détache, chacun y va de son cri de bonheur. Photos. Lorsque la glace atteint la surface du lac, une grosse vague se forme qui progresse en direction du large. Nous avons vécu une journée complète de navigation sur le lago Argentino. L’heure du retour a sonnée. Tous les bateaux convergent à la même heure en direction du port de Punta Bandera. Débarquement à 16 heures. Les bus et minibus sont au rendez-vous. Le nôtre nous reconduit au camping où nous avons hâte de nous reposer. Après le repas, nous prenons le temps de regarder notre moisson de photos sur l’ordinateur. Puis je m’attèle à l’écriture de notre carnet de route argentin. Belle journée mais combien fatigante. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 30/11/2011 Récit Journée repos. Nous nous apprêtons à reprendre la route demain. Heinz et Elzbeth nous rendent visite au camping et proposent de nous conduire jusqu’au supermarché La Anonima avec leur camping-car. Il y a bien un magasin en centre ville mais l’autre, plus grand, est situé à la périphérie de El Calafaté. Il faut faire le plein de ravitaillement. Nous ne trouverons pas de véritable commerce sur notre route avant au moins 5 jours. Après nos achats, Nos amis s’installent dans le même camping que nous. Pendant que Heinz bricole dans son camping-car, nous retournons au Libro café pour nous connecter sur internet. Comme c’est l’heure du repas, nous commandons deux sandwichs végétariens. Sur notre boîte e-mail, des informations concernant notre traversée maritime pour l’Australie. Malheureusement pas très bonnes. Notre correspondante australienne s’avère impuissante à nous embarquer depuis l’Amérique du Sud. Notre contact à San Antonio, au Chili, reste dans l’imprécision. Nous avons peut-être une ouverture avec un agent de Buenos Aires, Argentine. Les démarches ne sont vraiment pas simples lorsqu’on veut suivre une voie inusitée. De retour au camping, nous invitons Heinz et Elzbeth à venir déguster une mousse au chocolat faite « maison ». En attendant, nous engageons la conversation avec un couple de motards australiens installés au camping. Ils nous communiquent les coordonnées de transitaires qui sont accoutumés au transit des motos entre l’Australie et le continent sud américain. Je retourne donc en ville pour me connecter à nouveau sur internet et établir de nouveaux contacts. Il ne faut négliger aucune piste. Pendant ce temps, Georges s’occupe de faire de ménage ainsi que les pleins et des vidanges du camping-car. Nous passons la soirée dans notre petit chez nous avec nos suisses préférés qui ont la gentillesse de nous offrir un nouveau pins pour ajouter à notre collection. Avec ce voyage en tandem, notre séjour en Amérique du Sud prend une tournure que nous n’avions pas imaginée grâce à l’amitié solide qui s’est installée entre nous. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 01/12/2011 Récit Après 6 jours passés à El Calafaté, nous quittons la ville en compagnie de Heinz et Elzbeth. Direction El Chalten dans le secteur nord du parc des Glaciers. Mais impossible de faire le plein de carburant avant de partir. Les deux stations service sont à sec. Nous avons suffisamment de diesel dans le réservoir pour la journée et nous détenons encore nos deux bidons de réserve. De quoi faire au moins 500 kilomètres. Nous espérons pouvoir nous approvisionner d’ici là. Heinz roule devant. Nous avons tout notre temps pour rejoindre El Chalten, plus au nord, au bord du lac Viedma. Nous retrouvons la RN40 qui longe le lac Argentino par l’Est. La vue est dégagée et nous apercevons au loin, sur notre gauche, la chaîne des Andes. Un petit troupeau de nandous dans la « stepa ». Un guanaco saute une clôture avec agilité. Le ciel se dégage au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers le nord. Ici, la ruta 40 est entièrement asphaltée. Nous roulons avec plaisir. Le thermomètre indique une température extérieure qui grimpe jusqu’à 15°C. Nous atteignons le lago Viedma et empruntons la route provinciale 23 qui long le lac par sa rive nord. Encore une centaine de kilomètre à parcourir avant de rejoindre El Chalten. Le paysage est magnifique. Plusieurs miradors aménagés le long de la route permettent d’admirer les Andes avec le glacier Upsala, le glacier Viedma dont la langue vient lécher le lac et surtout, le mont Fitz Roy, haut pic de pierre de 3405 mètres qui émerge de la glace. Les perspectives évoluent au fur et à mesure de notre avancée. Nous atteignons finalement El Chalten. Une petite station service de campagne nous permet de faire un plein de carburant à prix d’or. C’est notre plein le plus cher d’Argentine. Mais avec cette pénurie chronique, mieux vaut tenir que courir. Nous nous installons près du départ du sentier Fitz Roy, sur un parking herbeux à l’autre bout du village. Nous partons en randonnée après le repas. El Chalten est réputée pour être un des plus grand centre de trekking d’Argentine. Nous prenons notre temps. Nous jouissons du soleil, du paysage et des fleurs. Le sentier est bordé d’anémones blanches et de buissons de notros, toujours d’un rouge aussi vif. La vue s’égare jusqu’au fond de la vallée du rio de la Vuelta, encadrée de montagnes. Nous grimpons à travers la forêt de lengas. Elzbeth, encore bien handicapée par son opération, décide de s’arrêter et d’attendre notre retour. Nous poursuivons donc la randonnée avec Heinz jusqu’au mirador. De là, nous avons une vue splendide sur le mont Fitz Roy. Tout est calme, serein et majestueux. Nous jouissons du spectacle en silence en compagnie d’autres randonneurs avant de redescendre pour retrouver Elzbeth. A notre retour, nous profitons des derniers rayons du soleil, assis dans nos fauteuils de plein air. De nombreux touristes français et suisses nous saluent. Des conversations s’engagent. Nous finissons la soirée autour d’un plat de spaghetti. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 02/12/2011 Récit Nous avons passé une nuit tranquille sur le parking herbeux du sentier Fitz Roy. Aujourd’hui, nous avons prévu de faire une autre promenade avec Heinz et Elzbeth en direction de la laguna Torré. Le ciel est couvert mais les sommets sont dégagés. Le début du sentier est ardu car il grimpe raide au dessus de la ville. Peu de faune. Nous observons tout de même un lièvre et quelques oiseaux qui se cachent dans les lengas (sortes de hêtres). Ici des buissons de notros qui apportent toujours une note flamboyante dans le décor. Là des touffes de fleurs jaunes qui ressemblent à de minuscules iris sauvages. Et encore des petites fleurs jaunes et rouges, hautes sur tige dont la corolle fait penser à des orchidées. Nous trouvons quelques buissons épineux de calafaté qui portent des baies ressemblant à des myrtilles. Nous en avions mangé dans des pâtisseries mais n’en avions jamais vu dans la nature. Nous découvrons aussi avec surprise des violettes…..jaunes. Des vrais violettes avec les mêmes pétales, les mêmes feuilles mais jaunes, des jaunettes en quelque sorte. Il nous faut près de 2 heures pour rejoindre le mirador. De là, nous avons une vue splendide sur les aiguilles du mont Torré, planté dans les glaciers. Sur notre droite, en partie masqué par un relief, nous apercevons le mont Fitz Roy. Comme au théâtre, le ciel soulève son voile gris pour laisser le soleil illuminer la scène de tous ses feux. Photos souvenir. Nous prenons le chemin du retour après le un pique-nique. Une variante du sentier nous permet de rejoindre El Chalten en surplombant le rio Fitz Roy. Ses eaux vertes sont alimentées par le glacier et les cascades qui tombent en contrebas dans la gorge. On pourrait se croire dans nos alpages. Après un moment de repos dans le camping-car, nous partons nous installer dans un café pour utiliser une connexion internet et boire un mauvais chocolat chaud. La connexion est lente mais nous avons des nouvelles concernant un embarquement le 18 janvier 2012 depuis le port de Zaraté à Buenos Aires. Nous nous empressons de réserver une place sur le Ro-Ro en partance ce jour là. Enfin, une bonne nouvelle qui va nous permettre d’organiser au mieux la fin de notre séjour sur le continent sud américain. Nous sommes toujours dans le café lorsque nous voyons arriver toute la tribu des CHAMACO que nous avions laissé à la péninsule de Valdez. Laurent, Virginie, Charlotte, Marine et Corentin se dirigent vers le sud et Ushuaia. Nous vers le nord. Nous ne nous voyons donc que l’espace d’une soirée et les chances de nous revoir sont quasi nulles. Aussi, après un repas au restaurant « Como Vaca » avec Heinz et Elzbeth, nous passons la soirée dans le gros camion de pompier aménagé de la petite famille. C’est l’occasion d’échanger des informations. Nous les renseignons sur la Terre de feu ; ils nous parlent de la carretera australe chilienne qu’ils viennent de parcourir. XXXXXX Pays Province Argentine Santa Cruz Date 03/12/2011 Récit Un nouveau camping-car s’est installé pendant la nuit. Ce sont les 4 Vagabonds. Une famille française avec deux garçons. Nous n’aurons pas le temps de faire plus ample connaissance. Nous faisons nos adieux aux CHAMACO que nous ne reverrons sans doute pas. Nous quittons El Chalten sous le soleil pour rejoindre la RN40, l’axe nord-sud de l’ouest argentin. Il y a pénurie de carburant depuis plusieurs jours dans la région. Heureusement que nous avons une réserve dans des bidons. Nous devrions pouvoir tenir jusqu’au Chili. Nous roulons sur l’asphalte jusqu’à Tres Lagos puis retrouvons un mauvais « ripio ». La ruta 40 est en cours de réfection sur des dizaines de kilomètres, sans doute depuis longtemps et pour encore de nombreuses années. Nous roulons sur une déviation mal empierrée qui longe le tracé de la future route. Le voyage n’est pas très agréable car nous circulons souvent entre deux murs de terre érigés par les bulldozers. Et attention aux éclats de pierre sur le pare-brise ! A midi, nous trouvons un espace dégagé au milieu d’un chantier pour faire une pause repas. Seul moment sympathique : un renard gris vient nous rendre visite. Il est probablement attiré sur le chantier par les ouvriers qui doivent le nourrir. Nous poursuivons notre route chaotique en direction du lago Cardiel où nous avons prévu de passer la nuit. Dans la stepa, nous apercevons quelques femelles guanacos avec leurs petits qui gambadent. Nous croisons un fourgon chilien de location aux couleurs vives. Les occupants nous font signe. Ils ont besoin de carburant. Leur jauge est presque à sec. Ils sont à la recherche de l’estancia « Siberia » qui, parait-il, détiendrait de l’essence. Nous ne pouvons malheureusement pas les renseigner et encore moins les dépanner au risque de tomber nous aussi en panne de carburant. Pour éviter les détours et donc une consommation de diesel supplémentaire, nous décidons de camper au carrefour avec la piste qui conduit au lago Cardiel. Nous n’irons pas voir le lac. L’endroit est absolument désert. Le sol sablonneux est parsemé de coussins arrondis, couverts de minuscules fleurs blanches et mauves. Pas de voiture sur les pistes. La température est clémente. Il fait 21°C. Le silence s’installe. Demain, il nous faudra puiser dans notre réserve de carburant. Ce sera la première fois depuis le début de notre voyage. XXXXXX Argentine Santa Cruz 04/12/2011 La nuit a été étoilée et la lune, comme un gros lampadaire, a éclairé notre campement une grand partie de la nuit. Ce matin, nous nous réveillons sous un beau ciel bleu. Le silence n’est troublé que par les cris de quelques bestioles non identifiées. Bien qu’installés non loin de la chaussée, nous n’avons entendu passer aucune voiture. Nous prenons notre petit déjeuner alors qu’Heinz, toujours aussi matinal, profite déjà du grand air. Avant de reprendre la route, Georges fait le plein du réservoir d’essence. Nous partons les premiers. La RN40 est couverte de « ripio » jusqu’à sa jonction avec la route qui conduit à Gobernador Gregores par le nord. 67 kilomètres de gravier et de caillasse. Et surprise, nous retrouvons l’asphalte pour une soixantaine de kilomètres. La ruta 40 est en cours d’aménagement et les portions goudronnées sont de plus en plus longue. C’est ainsi que nous roulons par intermittence sur la piste et sur le macadam. Le vent, soufflant toujours de l’ouest semble perdre de la force à mesure que nous montons au nord. La nature nous fait encore aujourd’hui de beaux cadeaux. Nous avons le bonheur d’admirer à deux reprises des nandous entourés d’une portée de 10 à 15 petits d’une cinquantaine de centimètres de haut. Le spectacle de leur fuite à la force de leurs pattes déjà puissantes est vraiment charmant. Nous avons l’occasion de photographier ces oiseaux coureurs pendant toute la journée et en particulier pendant notre pause de midi. Nous croisons aussi quelques guanacos et leurs petits ainsi que des petits tatous qui traversent la route à toute vitesse. Nous sommes toujours préoccupés par la pénurie de carburant. Il ne nous reste plus qu’un bidon de réserve. Nous découvrons donc avec soulagement une petite station de campagne qui n’est pas à sec à Bajo Caracoles. Nous pourrons tenir jusqu’au village de Perito Moreno où nous espérons trouver une station pour faire le plein. Mais nous nous sommes certains de pouvoir tenir jusqu’à Chile Chico, au Chili où il n’y a pas de pénurie, même si le carburant y est beaucoup plus cher. Il nous faut maintenant chercher un bivouac pour passer la nuit. Nous faisons finalement halte le long de la RP97 qui conduit à « la Cueva de los Manos ». Nous n’irons pas visiter ces grottes aux peintures rupestres. Situées à 50 kilomètres de là, il est interdit d’y dormir. Nous n’avons pas envie de faire ce détour de 100 kilomètres aller-retour. Nous finissons la soirée dans le camping-car d’Heinz et Elzbeth. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Santa Cruz Chili Aysen 05/12/2011 La nuit a été parfaitement tranquille et nous nous réveillons encore sous un grand soleil. Nous prenons la direction du village de Perito Moreno, toujours par la RN40. La route est en perpétuel état de réfection et pendant près de 30 kilomètres, la piste longe une chaussé asphaltée qui n’est pas encore ouverte à la circulation. Nous apercevons encore un nandou entouré d’une portée de 8 petits qui se sauvent à notre approche. Puis un tatou traverse la route devant nous à vive allure. Avec le vent qui s’est levé, les moutons des estancias sont couchés au milieu des buissons pour se protéger des rafales. Nous retrouvons la route goudronnée 80 kilomètres avant Perito Moreno. Il est près de midi lorsque nous atteignons la ville. Nous partons immédiatement en quête de la station service YPF. Notre camping-car est assoiffé et il faut reconstituer notre réserve. Par chance, la station propose aussi des douches et une zone wifi. Pendant qu’Heinz et Elzbeth profitent des installations sanitaires, nous nous connectons sur internet. Nous avons reçu une seconde offre concernant la traversée de notre camping-car vers l’Australie, cette fois, via l’Afrique du Sud. Nous envoyons une demande de réservation. Nous verrons bien si une des deux réservations arrive a son terme. Nous reprenons la route en direction de Chile Chico à la frontière chilienne. Le lago Buenos Aires s’offre à nous dans son immensité. Nous faisons halte sur le seul accès public pour le repas de midi. Ses eaux d’un bleu profond sont parcourues par de grosses vagues couronnées d’écume blanche. En toile de fond, les Andes ; merveilleux ! La pause est l’occasion de finir les restes avant de passer la frontière. Aucun produit frais ne peut entrer au Chili. Elzbeth prépare des omelettes avec ses derniers œufs. J’apporte nos dernières bananes. Nous laissons un oignon en pâture aux douaniers dans le réfrigérateur. Nous poursuivons notre chemin le long du lac dont les rives sont malheureusement entièrement privatisées, comme d’habitude. Impossible de l’approcher. Nous atteignons Los Antiguos. Située à seulement 3 kilomètres de la frontière, la ville jouit d’un microclimat qui permet la culture des cerises, des fraises et des framboises. C’est aussi une petite station touristique plutôt luxueuse. Le passage des deux douanes n’est qu’une formalité. Nous commençons à être habitués aux exigences de chacun et nous sommes les seuls à passer à cette heure là. Nous voilà à Chile Chico et au Chili. Un petit supermarché nous permet de racheter quelques produits frais. Nous nous installons pour la nuit dans le village au bord du lac Buenos Aires. Mais ses eaux ont changé de nom en passant la frontière ; le lac s’appelle maintenant lago General Carrera. Nous sommes à l’abri du vent et jouissons d’une très belle vue sur l’eau, les rochers et les montagnes. XXXXXX Pays Province Chili Valparaiso Argentine Mendoza Date 29/12/2011 Récit Après 24 jours passés au Chili, depuis l'extrème sud jusqu'à Valparaiso, nous nous apprêtons à quitter le pays pour rejoindre à nouveau l'Argentine. Si tout va bien, nous embarquerons le camping-car sur un cargo à Zaraté, le port de Buenos Aires, le 18 janvier 2012. Aujourd'hui, nous quittons la côte pacifique. La voiture s’élève au dessus de la petite anse de Laguna Verde. Nous voyons pour la dernière fois l’océan Pacifique depuis le continent américain. L’Australie nous attend sur la rive opposée. Nous roulons à distance de l’eau, parallèlement au rivage, contournant Valparaiso et Viña del Mar par l’intérieur des terres. Nous rejoignons ainsi la petite ville qui répond au nom charmant de « Con-Con ». Nous y croisons un surprenant convoi exceptionnel chargé sans doute d’un élément d’usine très lourd. Le plateau est déplacé par deux camions : un qui tracte et l’autre qui pousse. Des employés ouvrent la voie en soulevant les fils à l’aide de longues perches. L’ensemble est suivi par une interminable file de véhicules dont les chauffeurs patientent avec philosophie. Prenant la direction de Quillota, nous traversons une campagne semi-urbanisée couverte de pâturages desséchés et de quelques bosquets. Puis, en approchant des vallées centrales, nous découvrons des vergers d’orangers et des cultures de fleurs sous serres. D’ailleurs, la petite ville de Hijuelas se proclame capitale de la fleur. A Llay-Llay (prononcer Yaï-Yaï), nous prenons la direction de Los Andes et de la frontière chilo-argentine. La route file au milieu d’une vallée verdoyante qui s’enfonce au cœur des Andes, prenant lentement de l’altitude. Nous faisons halte au restaurant « El Saucé » pour le repas de midi. Nous décidons alors de poursuivre notre route jusqu’en Argentine et de passer la frontière aujourd’hui. Un plein d’essence à la dernière station Copec. Nous changeons nos derniers pesos chiliens dans une petite guérite au bord de la route. Après notre dernier péage routier chilien, nous entamons l’ascension en direction du « Christ Redentor » à 3880 m. Ce sera pour nous un vrai chemin de Croix. Malgré la révision complète que nous avons fait faire à Valparaiso, le moteur se met à chauffer dès les premiers kilomètres de côte. Nous sommes partis ce matin du niveau 0 à Laguna Verde. Nous devons atteindre le tunnel au sommet du col qui marque le passage sur le versant Est des Andes. Nous nous apercevrons avec joie que le tunnel ne se trouve qu’à 3185 m d’altitude. Mais il nous faudra tout de même 3 heures pour parcourir les 33 kilomètres de côte. Nous avancons en première, en position 2 X 2, à 10 km/h avec le chauffage au maximum (32°C) et les vitres grandes ouvertes. Malgré cela, nous devons faire plusieurs haltes pour laisser refroidir le moteur et chaque redémarrage en côte chauffe à nouveau le circuit d’eau. Il faut dire que le thermomètre extérieur affiche 50°C. Nous n’avons pas choisi le meilleur moment pour franchir les Andes. Le fait que nous ne soyons pas les seuls en difficulté ne nous console guère. Au fur et à mesure de notre ascension, nous voyons en dessous de nous le spectacle impressionnant des camions qui grimpent le long de la série de lacets. Devant nous, l’un d’eux perd tout son chargement de cartons bleus. Nous voilà stoppés dans notre élan. Encore un nouveau démarrage en côte. C’est avec un immense soulagement que nous atteignons l’entrée du tunnel. Nous avons cru un instant que nous allions devoir renoncer et chercher une autre voie. L’obscurité du tunnel, taillé à même le roc, refroidit le moteur et notre moral remonte aussi vite que l’aiguille de la température s’éloigne de la zone d’alerte. La poste frontière mixte se situe 13 kilomètres après le tunnel. C’est sur cette portion de route que nous passons au pied de l’Aconcagua, le sommet le plus haut de tout le continent américain avec ses 6659 m d’altitude. Après toutes nos difficultés pour arriver jusqu’ici, le passage de la frontière nous parait une simple formalité. D’ailleurs, nous enregistrons notre sortie du Chili et notre entrée en Argentine en moins d’une demi-heure. Nous pouvons continuer notre descente sur le versant argentin des Andes. Cette fois nous apprécions mieux le paysage qui est magnifique avec ses teintes rouge sombre. Une petite halte au Puente del Inca, à 2770 m, nous permet d’immortaliser sur la carte mémoire le fameux pont naturel au dessus du rio de Las Cuevas. Les eaux chaudes qui suintent sur la roche ont laissé un épais dépôt jaune sur l’arche naturelle. Nous ne nous attardons pas trop car il souffle un vent terrible et nous sommes vraiment fatigués. Nous poursuivons notre descente à travers les montagnes désertiques jusqu’à l’oasis de Uspallata, à 1880 m d’altitude. Nous faisons halte au premier camping que nous trouvons sur notre chemin. Ce soir, nous passerons la nuit au Ranquil Luncay, à l’abri des rangées de trembles. Cerise sur le gâteau, nous bénéficions d’une connexion wifi. Comme nous espérons passer le Nouvel an ici, nous pourrons joindre famille et amis. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Mendoza 30/12/2011 La nuit a été plus paisible que nous l’imaginions un vendredi soir dans un camping argentin. Nous avons pour voisins une famille avec trois enfants et un groupe de motards. Mais ces derniers ont quitté le camping de bon matin en laissant leurs tentes. Sans doute pour visiter la région. Nous profitons du soleil et de la chaleur pour entreprendre un grand ménage. Objectif du jour : la chambre. Il faut tout évacuer : le sommier à lattes, le matelas et toutes les corbeilles dans lesquelles nous rangeons nos livres. Ce récurage en profondeur nous occupera jusqu’au début de l’après midi. Pour le repas, nous essayons de diminuer le stock de conserves. Nous avons trouvé des produits frais presque tout le long du chemin et l’épicerie nous reste sur les bras. Au menu : reste de viande du restaurant de la veille, petits pois Del Monté des USA, tranches d’ananas du Canada venus tout droit de Thaïlande : nous aurions presque pu les rapporter dans leur pays d’origine. Après ce repas international, nous passons l’après midi devant nos ordinateurs jusqu’à ce que nous entamions une longue conversation avec nos voisins les motards, revenus de leur excursion. Gustavo, Hernan et leur compagnon viennent de las Varillas ans la région de Cordoba. Comme d’habitude, nous discutons sur les bienfaits comparés de nos pays respectifs mais aussi de la crise économique mondiale qui jette dans la misère des millions de personnes. Gustavo nous explique qu’à Buenos Aires, les commerces d’alimentation sont tenus par les immigrants chinois tandis que les boutiques de vêtements appartiennent aux boliviens. Pour lui, c’est parmi ces nouveaux migrants que se recrute la majorité des délinquants de la mégapole. Nous connaissons bien peu de l’Argentine mais sentons les tensions créées comme partout dans le monde par les profondes inégalités sociales. Nous renonçons à poursuivre la discussion lorsque nous nous apercevons que nous sommes dévorés par les mouches noires. Ces affreux insectes nous ont dévoré bras et jambes, emportant des morceaux entiers de peau en guise de trophée. Mais avant de nous quitter, nous échangeons nos coordonnées et immortalisons notre rencontre avec nos appareils photo. Je me couche avec le soleil. Mais Georges profite de la connexion internet. Son moral est au plus haut. Il a retrouvé la chaleur. Plus besoin de chauffage au petit matin pour faire la toilette. Plus besoin de se réfugier sous la couette le soir. Il peut veiller jusuqu'au milieu de la nuit. XXXXXX Pays Province Argentine Mendoza Date 31/12/2011 Récit Dernier jour de l’année 2011. Il y a un an, nous étions à San Cristobal de Las Casas, au Mexique. Aujourd’hui encore, le temps se dilue dans l’espace. Citoyens du monde, nous avons parfaitement conscience qu’en chaque point de la planète, les terriens inaugurent la nouvelle année au fur et à mesure de la rotation de la Terre sur elle-même. L’Australie qui nous attend aura fêté l’an nouveau alors que nous entamons à peine le dernier jour de l’année 2011. En France, famille et amis entrerons en 2012 4 heures avant nous. Pour l’instant, nous profitons de la chaleur et du soleil pour continuer le nettoyage à fond du camping-car. J’ai la tête dans un placard lorsque j’entends la voix familière de Heinz. Nos amis ont passé la frontière aujourd’hui et nous rejoignent comme convenu pour fêter le Nouvel An. Ce sont les ultimes moments que nous passerons ensemble. Nous avions prévu de manger au restaurant mais ici, tout est fermé dès 18 heures. Heinz propose d’organiser une soirée pizzas. Pendant que nous joignons la France par internet pour souhaiter la Bonne Année, notre suisse préféré part faire des achats au village. En fin d’après midi, nous installons une table de fête. Nos voisins de camping font de même. Déjà des pétards explosent dans tous les coins de l’oasis d’Uspallata. Puis, lorsque la nuit tombe, nous apercevons les premiers feux d’artifice à travers le rideau des trembles. Nous commençons le repas avec un roulé jambon-fromage-noix offert par un couple d’argentins de Mendoza. Puis Heinz met en œuvre tous ses talents culinaires pour nous préparer des pizzas à la poêle. Elles sont délicieuses. Nos argentins de Mendoza nous offrent alors des empanadas à la viande. En échange, nous leur offrons du vin. Finalement, nous faisons table commune à l’heure du dessert même si l’homme du couple à la voix de plus en plus pâteuse. Il faut dire que, depuis le début de la soirée, il a renoncé au verre pour s’abreuver uniquement au goulot de la bouteille. Heureusement, si nous avons un peu de difficulté pour comprendre ce qu’il nous raconte, il reste parfaitement courtois et charmant. Lorsque les argentins accueillent la nouvelle année, nous nous embrassons tous à la faible lueur des quelques bougies qui éclairent l’évènement. Nous poursuivrons une conversation un peu décousue avec une bûche glacée et une coupe de champagne chilien à la main jusqu’à deux heure du matin avant de nous glisser avec plaisir dans notre lit. XXXXXX Pays Province Argentine Mendoza Date 01/01/2012 Récit Premier jour de l’année 2012. Nous entamons un agenda tout neuf pour écrire notre journal. Ce matin, le réveil est un peu difficile car nous nous sommes couchés à 2 heures du matin. C’est notre dernier jour en compagnie de nos amis. Après plusieurs mois de voyage pendant lesquels nos routes se sont unies à de nombreuses reprises, nous nous quittons définitivement demain, sans doute pour ne plus jamais nous revoir. Nous profitons de cette belle journée pour continuer le récurage du camping-car en vue de son embarquement pour l’Australie. Pendant que Georges astique les coffres extérieurs, je plonge la tête dans les coffres intérieurs. Je saisis l’occasion pour faire le point sur l’état de nos réserves. Nous ne pourrons pas tout utiliser avant le départ du cargo. Espérons que les produits en stock pourront faire la traversée ! Après le repas de midi, nous poursuivons notre labeur. Georges s’attaque à la penderie, je récure les semelles des chaussures avec une vieille brosse à dents. Pas une trace de terre étrangère n’est tolérée en Australie. Pendant que nous travaillons avec acharnement, le camping se remplit des touristes du dimanche. C’est le jour sacré de l’asado. Les familles argentines se sont installées tout autour de la pelouse centrale, près des asadorès. Comme d’habitude, l’odeur du feu de bois et des grillades envahit l’atmosphère. La petite piscine est prise d’assaut et chacun se rafraichit au coude à coude. C’est aussi le premier jour des vacances d’été et les cabañas sont maintenant occupées pour quelques semaines. En fin de journée, j’entame une partie de pétanque en compagnie de Heinz et Elzbeth sous le regard étonné des argentins. C’est le moment où nous voyons arriver Michel et Solange déjà rencontrés à de nombreuses reprises. Ils devaient passer les fêtes de fin d’année à San Carlos de Bariloche. Mais les cendres du volcan Puyéhué tombent sans cesse et couvrent toute la ville d’une épaisse couche grise rendant la respiration difficile. Ils ont donc quitté la station touristique et se dirigent maintenant vers le nord de l’Argentine. Ils projettent de faire le même voyage que nous, mais en sans inverse, en remontant jusqu’au Canada. Nous passons le début de soirée dans le camping-car de Heinz et Elzbeth autour d’un Fernet-Branca-Fanta. Les argentins préfèrent le mélanger à du coca-cola mais nous n'avons pas testé. Lorsque nous nous couchons, le camping s’est vidé de ses touristes du dimanche. Demain, nous reprenons la route en direction du port de Zaraté. XXXXXX Pays Province Argentine Mendoza Date 02/01/2012 Récit Heinz et Elzbeth quittent Uspallata à bord de leur camping-car. Nous leur faisons des signes d’adieu. Ils disparaissent de notre vue. Il va falloir ranger tous ces bons moments passés ensemble au magasin des souvenirs. Nous saluons aussi Michel et Solange que nous ne reverrons sans doute pas. Les pages de notre vie sur le continent américain sont en train de se refermer à tout jamais. Avant de partir, nous allons faire quelques courses au village que nous découvrons. Nous étions restés 4 jours sous l’ombre bienveillante des trembles du camping. La petite station touristique de montagne attend avec impatience le passage du rallye du Dakar qui doit passer ici demain. Les touristes commencent à affluer pour profiter de l’évènement mais aussi pour jouir de la fraicheur relative de la montagne. Nous achetons les derniers souvenirs que nous rapporterons en France : 4 tasses à maté avec leurs bombillas. C’est vraiment la seule chose un peu typique en Argentine. Puis nous entamons la longue descente le long du rio Mendoza qui conduit jusque dans la plaine. La rivière, chargée de boue, se faufile entre les montagnes désertiques et rouges avant de mêler ses eaux à la retenue du barrage de Potrerillos qui sert sans doute de réservoir à la ville de Mendoza. Nous croisons de longues files de camions et de voitures de tourisme qui montent en direction d’Uspallata et du Chili. C’est le moment du départ pour les vacances d’été comme en France au mois de juillet. Les argentins qui le peuvent, fuient la chaleur intense du désert pour tenter de trouver un peu de fraicheur sur les hauteurs. Pour notre part, nous nous enfonçons dans la fournaise. Agréablement installés dans la voiture climatisée, nous voyons la température extérieure grimper en flèche jusqu’à 45°C. Une grande raffinerie de pétrole marque l’arrivée sur Mendoza. Nous traversons rapidement la ville pour chercher un coin ombragé où nous pourrons faire halte pour le repas de midi. La région est réputée pour ses vignobles, gagnés sur le désert à grand renfort d’irrigation. Partout des bodegas invitent à la dégustation. Sur le bord de la route, des marchands de « régionalès » proposent huile d’olive et de raisin, « aceitunas » (olives), miel, jambon sec, vin, etc. Mais pas question de faire des réserves ! Nous faisons halte dans le quartier de Maïpu et mangeons dans l’ombre maigre d’un arbre desséché avant de poursuivre notre route. Nous sommes fatigués par la chaleur et les nuits écourtées. Nous décidons de faire halte à environ 60 kilomètres de Mendoza, sur une place ombragée de Santa Rosa. Nous n’irons pas plus loin aujourd’hui. Nous avons vraiment besoin de nous reposer. Dans le camping-car ouvert aux quatre vents, le thermomètre grimpe jusqu’à 37°C. Nous sommes terrassés. Pendant que Georges s’accorde une sieste, je m’installe devant l’ordinateur pour continuer l’écriture de notre récit détaillé. Mais je dois bien vite renoncer. L’ordinateur est bouillant. Repos forcé. Je me plonge dans un livre. A 21 heures, il fait encore 33°C. XXXXXX Pays Province Argentine Mendoza San Luis Date 03/01/2012 Récit Nous avons eu chaud toute la nuit mais l’endroit était paisible. Objectif du jour : parcourir environ 200 kilomètres sur la RN7 en direction de Buenos Aires. Avant de partir, Georges fait le plein de carburant avec nos deux bidons de réserve. Nous ne devrions plus en avoir besoin. Après les avoir vidés, nous les laissons sur place au bord de la rue. Nous pensons qu’ils pourront peut-être intéresser quelqu’un dans le village. Retour sur la RN7. J’ai un peu de mal à fixer mon attention sur le paysage. J’ai avalé cette nuit un médicament pour dormir et comme je le fais rarement, son efficacité a été multipliée. Résultat, je m’endors sans cesse en route. Les vignobles se font de plus en plus rares pour faire place au désert. Un péage à La Paz. Nous quittons la région de Mendoza à Desaguadero pour entrer dans celle de San Luis. Les contrôles phytosanitaires semblent se concentrer sur les véhicules qui vont en direction de Mendoza car nous ne sommes pas inquiétés. En revanche, nous subissons un nouveau péage. Sur le territoire de San Luis, l’autopista est plantée de lampadaires tous les 50 mètres sur des dizaines de kilomètres. Le seul but de ces lumières semble être d’éclairer le désert la nuit (si elles fonctionnent). Nous avons le sentiment d’un gâchis financier énorme alors que le réseau routier est loin d’être totalement asphalté. Peut-être à cause des vacances d’été, la route est très peu fréquentée. Elle semble empruntée uniquement par les camions argentins et chiliens qui font la navette entre le port de Valparaiso au Chili, sur la côte Pacifique et le port de Buenos Aires en argentine, sur la côte Atlantique. Nous apprécions les bienfaits de la climatisation. Dehors, il fait plus de 35°C et nous voyons des tornades de sable balayer le désert. Toujours les mêmes interminables clôtures qui bordent la route et privatisent des hectares de néant. Après avoir contourné la ville de San Luis, nous passons un nouveau péage. Il est près de 14 heures. Nous n’avons pas fait de pause. Nous avons repéré sur la carte la petite route n°36 qui se dirige vers le nord en direction du réservoir d’eau de la Dique de Las Carreteras. Nous l’empruntons, espérant y trouver un endroit ombragé pour passer le reste de la journée. Un gros bouquet d’arbres nous fait signe près de l’entrée d’une estancia. Nous nous installons, tentant de nous préserver au mieux de la chaleur. Pendant que je me repose, Georges fait le bilan financier de l’année 2011. Mon chef comptable préféré me rassure quant à l'état de notre porte monnaie. Nous avons tenu notre budget, malgré tous les ennuis mécaniques que nous avons rencontrés. XXXXXX Pays Province Argentine San Luis Cordoba Date 04/01/2012 Récit A 800 mètres d’altitude, la nuit a été rafraichissante. Il ne fait que 20°C dans le camping-car lorsque nous nous réveillons au milieu de notre bouquet d’arbres. Il faut dire que nous avons dormi toutes fenêtres ouvertes. Nous retrouvons la RN7 et poursuivons notre chemin toujours plus à l’est en direction de Buenos Aires. Une halte à la station YPF de Fraga pour faire le plein de carburant. Nous repartons. Une patrouille de police nous fait signe d’arrêter. En quittant la station service, nous avons oublié de remettre les codes, obligatoires en Argentine. Le préposé nous annonce le montant de l’amende : 1500 pesos (environ 270 € de ce jour là). Nous sommes décomposés. La note est salée. Mais nous sommes en tort. Rien à redire. Dans le bureau mobile, le policier commence à rédiger la contravention. Notre adresse en Argentine ? Nous n’en avons pas. Le formulaire des douanes précise que nous sommes en transit. Problème : comment dresser procès verbal sans domiciliation dans le pays ? Je sens la faille. S’il vous plait monsieur l’agent, soyez bons pour nous. Nous conduisons depuis plus de 3 mois en Argentine et s’est la première fois que nous oublions d’allumer les lumières. Nous nous attendons à ce qu’il nous demande une « propina ». Mais non, l’homme est honnête et nous parait tout à coup franchement sympathique car il nous laisse repartir sans autre forme de procès. Direction Villa Mercedes où nous espérons trouver une banque. Nous tournons un bon moment dans la ville avant de trouver une place pour stationner. Pendant que Georges part en quête d’un distributeur de billets, je tente, en vain, de me connecter sur internet. Avec la chaleur, je n’ai pas le courage de cuisiner et nous décidons de manger dans le restaurant situé juste de l’autre côté de la rue. Sa qualité principale : il est climatisé. Nous reprenons la route. Il faut avaler des kilomètres. Toujours les mêmes rangées de lampadaires qui s’arrêtent brusquement lorsque nous quittons la province de San Luis pour entrer dans celle de Cordoba. Pour le gouvernement de Cordoba, la RN7 ne semble pas être une priorité. Nous retrouvons une route étroite, mal asphaltée et pleine de rapiéçages. En revanche, la campagne est beaucoup plus verte. Nous venons de pénétrer dans la zone de culture intensive qui s’étend jusqu’aux portes de Buenos Aires. Nous passons Vicuña Mackenna qui semble un important nœud routier. La bourgade est constituée presque uniquement de stations services, d’aires de repos, d’hôtels et de restaurants à l’intention des camionneurs. Nous poursuivons et bifurquons en direction du petit village de Cautiva, totalement ignoré des cartes routières. Nous réveillons l’unique policier du village en le tirant de sa sieste pour lui demander l’autorisation de camper. Il nous parle de la sécheresse qui sévit ici depuis plus de 2 mois avant de nous indiquer un parking où nous pourrons passer la nuit. Nous nous installons près de l’arche qui marque l’entrée du pueblo. Pas d’ombre. Il ne faut pas être trop gourmand. XXXXXX Pays Province Argentine Cordoba Date 05/01/2012 Santa Fé Récit Nous quittons Cautiva. Prochaine étape, le petit village d’Aaron Castellanos près de la laguna La Picasa dans la province de Santa Fé. Nous avons repéré ce pueblo sur la carte et il nous semble suffisamment petit pour y passer la nuit. Environ 200 kilomètres sur la RN7, toujours en direction de Buenos Aires. Rien de particulier pendant le trajet. Nous traversons toujours la zone de culture intensive où les champs de tournesols s’étalent en grandes flaques jaunes. Les plantations de maïs semblent chétives et desséchées. Il doit y avoir du soja mais nous ne savons pas l’identifier. Dans les pâturages jaunis, les vaches noires ou brunes doivent endurer le soleil et la chaleur intense. Pas d’arbre pour procurer une ombre bienveillante. Sur la route, le va et vient des camions est incessant. Nous passons Laboulaye puis Rufino où nous quittons la province de Cordoba pour entrer dans celle de Santa Fé. Encore une trentaine de kilomètres et nous bifurquons au nord en direction d’Aaron Castellanos. La carte routière est trompeuse. Le pueblo d’environ 300 habitants ne se trouve pas du tout au bord de la lagune. Renseignement pris, celle-ci se situe à quelques kilomètres d’ici et semble presque à sec. Mais le village comporte un minuscule camping au milieu des maisons éparpillées sous les arbres. Le WC se résume à une cabane puante avec un simple trou dans le sol. La piscine contient une eau verdâtre sur laquelle flottent des feuilles mortes. Cependant, l’endroit est propre et deux immenses thuyas offrent une ombre accueillante. Les passants nous saluent aimablement. Nous nous installons. Georges a l’occasion de photographier trois gros perroquets verts. Nous apprécions moins le s pigeons qui logent juste au dessus du camping-car et décorent à leur façon la vitre de la dinette. Après le repas de midi, Georges poursuit le nettoyage des placards pendant que je m’octroie une sieste. Dehors, les villageois ont investi la piscine aux eaux douteuses pour se rafraichir. Nous entendons les cris des enfants. Dans l’après midi, je mets à jour nos carnets de route du Chili et de l’Argentine. Il ne fait plus que 30°C dans le camping-car lorsque nous nous couchons, toutes fenêtres ouvertes. XXXXXX Argentine Santa Fé Buenos Aires 06/01/2012 Nouvelle journée sur la RN7 en direction de Buenos Aires. La chaleur est intense. Rien de particulier à signaler. Nous traversons toujours d’ouest en est la plaine infinie dédiée à la culture du blé, du maïs, du soja et du tournesol. Nous passons JB Alberdi, Vedia ; des lieux dits qui servent d’étape pour les chauffeurs de camion avec stations services et comedores. Il est midi lorsque nous atteignons la ville de Junin. Nous faisons halte dans la station service Esso pour nous connecter sur internet. Bien nous en prend ! Un message du transitaire nous informe que nous devons passer aux bureaux Mercomar de Buenos Aires avant de nous rendre au port de Zarate. Nous qui espérions éviter la capitale argentine ! Nous annonçons notre arrivée pour lundi matin. Nous passons un long moment sur internet à chercher des informations pour bivouaquer dans la ville avec le camping-car. Pendant ce temps, la télévision de la cafétéria diffuse les nouvelles du jour. La présidente de l’Etat argentin, Christina Kirchner, s’est faite opérer d’une tumeur à la glande tyroïde et tout le monde est suspendu aux bulletins médicaux officiels. Autre sujet du jour : la « ola de calor », la vague de chaleur qui écrase la région. Une grande partie des plantations que nous avons traversées est déjà inutilisable et perdue. Nous savourons la climatisation de la cafétéria. Mais lorsque nous sortons, nous sommes assommés par la chaleur. Nous avons décidé de passer deux nuits au balnéario de Junin pour entrer dimanche dans Buenos Aires. Nous espérons que la circulation y sera moins dense. Le balnéario est situé à 10 kilomètres de Junin au bord de la laguna Gomez, dans un espace pompeusement baptisé « Parque Natural ». L’entrée du parc est payante bien sûr et le prix du camping municipal est prohibitif par rapport à la qualité des installations. Mais que trouver de mieux à 250 kilomètres de la capitale ? Le terrain jouxte l’autodromo mais fort heureusement, il n’y a pas de course automobile de programmée. La laguna est au plus bas. Les rives sont jonchées de poissons morts entourés de myriades de mouches. Une odeur de pourriture nous prend à la gorge. Ce qui n’empêche pas les estivants de se baigner dans les eaux stagnantes. Nous retournons nous réfugier à l’ombre maigre du camping. Il fait 37°C dans le camping-car. Tout le monde est affalé dans des chaises ou sur des matelas. Nous passons la fin d’après midi devant nos ordinateurs. Ce qui n’améliore pas la température ambiante. La nuit s’annonce difficile. Demain, nous poursuivrons le nettoyage du camping-car. XXXXXX Pays Province Argentine Buenos Aires Date 07/01/2012 Récit Finalement, la nuit a été plus fraîche que prévu et il ne fait que 20°C dans le camping-car lorsque nous nous réveillons. Nous profitons de notre séjour au camping pour continuer le nettoyage en profondeur de la cellule. Après le repas, je m’installe devant l’ordinateur. Nous imprimons plusieurs documents qui nous serons sans doute nécessaires lundi pour établir les papiers d’embarquement du véhicule. Puis, je poursuis le tri de nos photos pendant que Georges fait les pleins et les vidanges. En fin de journée, nous voyons arriver des familles qui s’installent avec chaînes stéréo et gros hauts parleurs. Ils se préparent à faire la fête. Nous prenons la fuite et allons nous réfugier à la station service Esso de Junin. Si nous devons profiter du bruit, autant que ce soit gratuitement. Il est presque 19 heures lorsque nous nous garons sur le parking. Nous profitons de la connexion internet pour relever notre boîte e-mail. Nous avons confirmation de notre rendez-vous pour lundi et avons obtenu les coordonnées bancaires de Mercomar pour pouvoir effectuer un virement international en dollars. Nous ne disposons pas en « cash » de toute la somme nécessaire pour payer le transfert du camping-car en Australie. Nous nous couchons, bercés par le ronron d’un groupe électrogène. XXXXXX Argentine Buenos Aires 08/01/2012 Minuit. La boîte de nuit du coin se met en route. Nous n’aurons pas réussi à échapper à l’enfer du samedi soir. Maigre consolation, nous profitons gratuitement de la sono à fond depuis le parking de la station service. Impossible de fermer l’œil, même avec mes bouchons d’oreilles. Nous entendons les « boum-boum » lancinants des boîtes à rythmes. 6 heures. L’heure de nous lever. C’est également l’heure à laquelle s’arrêt le bruit infernal de la boîte de nuit. Nous prenons donc paisiblement notre petit déjeuner avec des cernes sous les yeux qui tombent jusque dans le bol. C’est dans un piteux état que nous reprenons la route. Une halte à « La Anonima » de Junin nous permet d’acheter quelques produits frais. Nous avons épuisé une grande partie de notre stock de conserves. La RN7 coupe tout droit à travers les champs à haut rendement, nourris au « Roundup », au « Pioneer » et autres produits agro-chimiques. Nous passons Chacabuco et découvrons les élevages intensifs de poulets en arrivant à Areco. Comme au Pérou, mais dans une moindre mesure, les longs hangars de bois abritent des milliers de poulets en rangs serrés. En approchant de Lujan, environ 100 kilomètres avant la capitale, les bosquets se font plus nombreux et encadrent des champs plus petits. Nous faisons halte à San Andres de Giles pour le repas de midi avant de rejoindre le flux de plus en plus dense des véhicules qui convergent vers Buenos Aires. Mais nous sommes dimanche et la circulation est relativement fluide. L’autoroute compte maintenant 2 X 4 voies et nous apercevons les premières tours de la ville. Plan en main, nous devons trouver le parking du « Buquebus » qui accueille les camping-cars dans le quartier de Puerto Madero. Bien sûr, nous ratons la sortie et partons en direction de La Plata. Demi-tour. Nous payons deux fois le même péage en moins de 3 minutes. Une fois dans un sens, une fois dans l’autre. Nous trouvons finalement l’avenida Moreau de Justo qui longe les anciens docks en brique transformés en bars et restaurants. Nous suivons les quais jusqu’à la gare maritime des Buquebus, les ferries qui assurent la liaison entre Buenos Aires et l’Uruguay, sur l’autre rive du rio de la Plata. Deux camping-cars allemands et un camping-car brésilien sont déjà installés sur le parking. Nous nous garons et partons repérer les bureaux de Mercomar, en plein centre ville. Ils ne sont pas très loin de la gare maritime et nous profitons du reste de la journée pour visiter un peu Buenos Aires. Le quartier de Puerto Madero est hérissé de grands buildings de verre arborant les noms de toutes les grandes banques de la planète. Nous avons décidé de rejoindre la plaza du 25 de Mayo par les rues bordées d’immeubles plus modestes. Dans un carrefour, un attroupement. Ce sont les membres d’une équipe en train de tourner un film publicitaire. Sur la plaza, nous prenons quelques clichés du palais du gouverneur, tout rose sur fond de ciel bleu. Pays Province Date Récit De là, nous empruntons la calle Defensa. Nous venons de découvrir l’endroit où se presse le maximum de touristes sur 3 mètres de larges et plusieurs kilomètres de long. Nous n’irons jamais jusqu’au bout tant la foule est dense. Tout le long de la rue, sans interruption, sur les deux côtés et sur plusieurs kilomètres se serrent d’innombrables marchands de souvenirs, de tout et de rien. Marchands de bimbeloteries, de bijoux, de tableaux, d’aquarelles, de bonbons, de vêtements, de chapeaux, d’instruments de musiques s’alignent à perte de vue. Nous en profitons pour faire quelques emplettes de dernière minute avant de rebrousser chemin. En arrivant au camping-car, nous avons le plaisir de constater que nous bénéficions d’un peu d’ai frais venu du rio de la Plata. La nuit est tombée et la lune veille au dessus de la gare maritime lorsque nous voyons s’amarrer un énorme ferry tout contre le camping-car. A une heure avancée de la nuit, nous entendons toujours le bruit insistant des turbines qui n’ont pas été coupées. Je n’ai pas l’habitude de pousser des jurons, mais bon sang ! Quand et où pourrons nous enfin dormir en toute sérénité ? XXXXXX Argentine Buenos Aires 09/01/2012 Le Buquebus (bateau-bus) n’a pas coupé ses moteurs de toute la nuit. Impossible de fermer l’œil. Avec le bruit de la boîte de nuit de Junin, voilà maintenant deux nuits que nous passons pratiquement sans dormir. Nous sommes épuisés. D’autant que la chaleur est écrasante. Nous avons rendez-vous avec Sylvia AMATO de la société Mercomar. Elle travaille pour le compte de la compagnie maritime Wallenius qui a déjà transféré notre camping-car de Zeebrugge à Halifax et de Panama à Cartagena. Le 277, de la calle du 25 de Mayo n’est pas très éloignée du parking du Buquebus. Mais les rues relativement paisibles du dimanche se sont transformées en un torrent bruyant, bouillant et malodorant, charriant camions, bus, taxis et voitures particulières. Lorsque nous parvenons au 6e étage de l’immeuble, nous sommes rapidement reçus par Sylvia et Arturo, copie conforme de Manfred, l’intermédiaire que nous avions employé à Cartagena, en Colombie ; d’origine allemande, pansu et la tête blanche. Nous imaginions parler en anglais mais finalement, notre espagnol est maintenant suffisamment correct pour que nous puissions nous exprimer dans cette langue. Cela facilitera les choses. Arturo ne sera pas obligé de nous accompagner à Zaraté pour effectuer les démarches avec le port et la douane. Le rendez-vous a seulement pour but de faire connaissance. Aucun dossier n’a encore été préparé. Tout devrait être prêt demain. Le plus compliqué semble d’obtenir le coût exact du transfert. Mais il nous faut une somme précise pour demander un virement international à notre banque. Autre problème, le cargo a une semaine de retard. Il devrait appareiller le 26 janvier au lieu du 18 janvier. Et nous ne pouvons laisser notre véhicule que 5 jours avant le départ, sous peine de payer des frais de stockage. Nous ne pourrons donc laisser le camping-car que le 19 janvier. Nos billets d’avion pour la France sont du 21 janvier. C’est encore faisable mais nous ne pourrons pas attendre l’appareillage. Nous prenons rendez-vous pour demain afin de rencontrer Sylvio, l’agent portuaire qui nous pilotera à Zaraté. Nous rentrons au camping-car pour nous reposer un peu et manger. Le gardien transpire à grosses gouttes sur ses tickets de parking. Nous attendons la fin de la sieste pour partir visiter un autre quartier de Buenos Aires. Sylvia nous a conseillé de nous promener dans les rues piétonnes du centre ville et en particulier, dans la calle Florida. Mais la chaleur est vraiment insoutenable, même à l’ombre. Nous ne goûtons guère la balade. Nous nous réfugions dans les galeries marchandes climatisées où nous achetons encore quelques souvenirs. Partout nous voyons des références à la France, principalement en matière de restauration. Nous passons devant « le Fournil de Pierre » et « la Brioche Dorée ». Pays Province Date Récit L’axe centrale de la calle Florida est envahie par des marchands à la sauvette qui ont étalé leurs mantas (couvertures) au sol pour vendre des tas de tout et de rien. A telle point qu’il est presque impossible de traverser la rue pour se rendre d’un côté à l’autre. Comme à Valparaiso, au Chili, se sont sans doute de pauvres gens qui tentent de survivre en vendant ce qu’ils peuvent. Nous entrons chez « Freddo » pour manger une glace. La glace est mauvaise mais la salle est climatisée et nous pouvons nous reposer un peu. En longeant les façades, nous avons le plaisir d’être arrosés par l’eau qui dégoutte des climatiseurs installés sur les immeubles. Bien sûr, ils fonctionnent à plein régime. Nous prenons le chemin du retour en empruntant la seconde rue piétonne qui n’est pas du tout commerçante mais offre beaucoup d’ombre. C’est l’heure de la sortie des bureaux. C’est aussi l’heure de la levée des fonds. Nous croisons des dizaines de fourgons blindés tous garés devant les innombrables succursales de banques. Finalement, nous rentrons au camping-car complètement épuisés par la fournaise. L’air venu du rio de la Plata n’est qu’un léger souffle qui ne rafraichi en rien le camping-car. Nous nous écroulons, inertes espérant en vain que la fraicheur arrive. XXXXXX Argentine Buenos Aires 10/01/2012 Comme hier, le Buquebus c’est amarré contre le camping-car pour passer la nuit. Mais cette fois en silence car les machines ont été coupées. Nous avons dormi presque correctement en dépit de la chaleur toujours plus intense. A 9h00, nous sommes de nouveau dans les bureaux de Mercomar. Sylvia AMATO arrive avec une « pré-facture » qui nous permet de contrôler la somme exacte à verser. Il faut maintenant établir la facture définitive. Patiente, patiente. Nous devons maintenant contacter notre banquier pour qu’il effectue un virement international. Heureusement que nous avons apporté notre PC portable. Nous pouvons téléphoner grâce à Skype. Nous versons une partie de la somme en espèce avec notre réserve de dollars US à la banque HSBC du coin. Nous avons rendezvous à 13h00 avec Sylvio, l’agent portuaire. Nous avons le temps d’aller nous restaurer au « Pékin ». C’est le self-service qui sert de cantine aux employés de bureau du quartier. Ici on mange pour 2,60 pesos les 100 grammes. C'est-à-dire les 100 grammes de nourritures, de boisson, d’assiettes, de plateaux, etc. Pour manger moins cher, mieux vaut se contenter des barquettes en plastique. Mais pour 26 pesos (environ 5€ à cette date), nous consommons à deux 1 kg de nourriture, de boisson, d’assiettes et de plateaux. Retour dans les bureaux de Mercomar. Nous faisons connaissance avec Sylvio. Il passera nous prendre à l’hôtel de Zaraté le 19 janvier à 10h00. Nous effectuerons toutes les démarches et il nous ramènera à Buenos Aires. Un dernier appel téléphonique à notre banquier. Il est en train d’effectuer les démarches pour le transfert de fonds. Nous quittons Buenos Aires sous un ciel menaçant. Avec la chaleur infernale, des nuages orageux se sont accumulés. Nous sommes sur l’autopista 9 lorsque l’orage crève. Quelques minutes et le ciel bleu réapparait. Pendant plusieurs dizaines de kilomètres nous cherchons en vain du carburant. Toutes les pompes sont à sec. Nous trouvons finalement du diesel en nous éloignant de la zone urbanisée. Arrivée à Zaraté. Difficile de trouver le discret hôtel « Residencial Norte » que nous avions repéré sur internet. Il est pourtant tout proche du centre ville. Il est simple, sans climatisation mais propre ; à la hauteur de note budget. Nous commençons à vider le camping-car puis Georges va le parquer dans la cour d’un autre hôtel avec le propriétaire. Il revient trempé de la tête aux pieds. La pluie s’est remise à tomber avec force. Nous profitons de la connexion internet pour relever notre boite e-mail. Nous apprenons ainsi que le transfert de fonds prendra 1 semaine. C’est beaucoup. Espérons que la somme sera créditée sur le compte de Mercomar avant les démarches d’embarquement. Fatigués, nous nous couchons dans le vrombissement du ventilateur. XXXXXX Pays Province Argentine Buenos Aires Date 11/01/2012 Récit La fenêtre de notre chambre, au rez-de-chaussée de l’hôtel Norte s’ouvre sur la rue et nous profitons au maximum du bruit de la circulation. En particulier la nuit avec les voitures qui passent, vitre ouvertes, autoradios à fond. Notre sommeil est haché par ces bruits nocturnes. En revanche, avec la pluie, la température a chutée et il fait presque frais lorsque nous portons nos sacs de linge à la lavanderia. Nous en profitons pour faire une petite balade dans les rues du centre ville. Zaraté ne ressemble pas à une ville portuaire. Le rio Parana est assez éloigné du centre et on n’aperçoit ni container ni grue. La ville semble assez aisée. Les vitrines des boutiques sont plutôt luxueuses même si les caliquots et les enseignes qui s’enchevêtrent au dessus de la chaussée donnent un aspect anarchique et désordonné. De retour à l’hôtel, nous prenons notre repas dans la salle de restauration. La télévision diffuse des images de Buenos Aires. Nous reconnaissons la calle Florida, la rue piétonne que nous avons arpentée il y a deux jours. Mais son aspect à changé. Les centaines de marchands à la sauvette qui envahissaient la rue ont été chassés. C’est le thème du reportage. Les commerçants légaux ont œuvré pour faire place nette et débarrasser la calle Florida des « manteros », ceux qui étendent leur « manta » pour vendre sur le pavé. Il est probable que la rue retrouvera ses manteros dans quelques jours ; c’est leur seul moyen de survie. Nous passons l’après midi dans la chambre. Après avoir cherché en vain un hôtel à proximité de l’aéroport de Buenos Aires, les uns étant beaucoup trop cher, les autres n’ayant plus de chambre de disponible, nous décidons de rester à l’hôtel Norte jusqu’au jour du départ en avion. Le propriétaire de l’hôtel nous a trouvé un taxi qui nous conduira directement de Zaraté à l’aéroport. Nous avons aussi le plaisir de joindre la famille par internet. Notre séjour en France se précise. En un mois, nous ne pourrons sans doute pas rendre visite à tous ceux qui souhaitent nous accueillir. Nous profitons du reste de l’après midi pour nous reposer. XXXXXX Argentine Buenos Aires 12/01/2012 Séance coiffure dans la chambre de l'hôtel Norte de Zaraté. Entre la teinture et la coupe de mes cheveux, l’opération prend presque toute la matinée. Nous avons juste le temps d’aller récupérer notre linge à la laverie avant de nous installer dans la salle de restauration pour notre repas de midi. Comme un rituel nous mangeons en regardant les dernières nouvelles à la télévision. Les bulletins d’information sont quasi vides. Chaque reportage dure une dizaine de minutes avec toujours les mêmes images en boucle et les mêmes commentaires bavards et hasardeux des journalistes. Ainsi, 3 ou 4 gros titres sans intérêt permettent de boucler la demi-heure d’informations entrecoupée d’espaces publicitaires. Aucun sujet économique ou social n’est abordé. Même le thème des manteros de la calle Florida commence à s’épuiser. Les journalistes préfèrent arpenter les plages de Mar del Plata à la recherche de jolies filles à interroger. Aucune nouvelle concernant les différentes provinces du pays. Comme si l’Argentine se résumait aux accidents de la circulation sur les voies rapides de Buenos Aires. Mais ce n’est pas propre à l’Argentine. Les télévisions de tout le continent diffusent la même bouillie. C’est pratique pour manger sans se creuser la cervelle et nous comprenons tout. Après cette plongée dans le monde médiatique, nous partons sacs au dos, armés pour le nettoyage du camping-car. Il est garé dans la cour de l’autre hôtel que possède le propriétaire. Faute de clients, il est actuellement fermé et nous sommes tranquilles pour continuer notre récurage en profondeur. Nous avons l’impression de ne jamais en voir la fin tant nous avons à cœur de traquer la poussière dans les moindres recoins. Et il faut tout emballer et caler pour la traversée. A 18h00, nous avons bien avancé le travail mais il reste encore à faire. Nous décidons d’arrêter pour aujourd’hui et rentrons épuisés à l’hôtel. A notre retour, nous sommes contactés sur internet par Jean-Pierre, le journaliste de radio Val de Reins, notre radio locale préférée. Nous prenons le temps de donner une longue interview. Puis, après un repas rapide nous retrouvons notre lit avec plaisir. XXXXXX Pays Province Argentine Buenos Aires Date 13/01/2012 Récit Journée de repos. Nous prenons tout notre temps pour prendre le petit déjeuner et nous préparer. Au bulletin d’informations nous voyons les images d’un paquebot de croisière qui a fait naufrage sur les rives d’une île italienne. 4000 passagers à bord. 3 morts, 70 disparus. Le bateau s’est drossé contre la digue du petit port à l’heure du souper avant de se coucher sur le flanc, à moitié immergé. Les bourses européennes jouent le yoyo et l’économie française file un mauvais coton, jetant des milliers de travailleurs dans la misère. Le bateau France est lui aussi en plein naufrage. Nous tâtons ainsi un peu de l’ambiance qui nous attend dans notre pays. Un petit tour dans les rues de Zaraté pour faire quelques achats alimentaires. Je rentre à l’hôtel pendant que Georges par faire un retrait bancaire. Il peste contre les distributeurs de billets. Les retraits sont limités à 1000 pesos, soit environ 180 € à la date d'aujourd'hui. C’est une constante depuis notre passage en Amérique Centrale. Impossible d'avoir plus de 200 €. En France, on vante les cartes bancaires et leurs capacités hebdomadaires mais dès que nous nous trouvons à l’étranger nous rencontrons toujours des difficultés pour pouvoir disposer de notre argent. Nous passons l’après midi dans la chambre entre la lecture et nos ordinateurs. Je profite de ce voyage immobile pour avancer un peu le tri de nos photos. Nous relevons notre boîte e-mail et répondons à nos messages. Une journée tranquille. Nous en avions bien besoin. XXXXXX Argentine Buenos Aires 14/01/2012 La nuit a été plus qu’agitée. Une fête était organisée dans un coin de la ville et des voitures pétaradantes ont circulé toute la nuit devant nos fenêtres. Autoradios à fond, crissements de pneus jusqu’au lever du jour. Aux premiers rayons du soleil, le calme est revenu. Les fêtards sont allés s’effondrer quelque part à l’ombre. Ils sont fous ces Argentins !!! C’est donc dans un état semi-comateux que j’empoigne la tondeuse pour couper les cheveux de Georges. Je défriche avec ardeur. Je n’ai pas mis le bon sabot à la tondeuse et je viens de lui raser une partie du crâne à blanc. Crise de nerf ! J’éclate de rire. La coupe est plutôt « fun ». On essaye de camoufler ça au mieux. On sait bien que ça repoussera mais Georges aurait aimé être plus présentable pour les retrouvailles en famille. Après cet exploit capillaire, nous retournons au camping-car pour finir le nettoyage. Nous y passons encore tout l’après midi découvrant sans cesse de nouveaux nids à poussière. Mais à la fin, tout parait en ordre. Le poste de conduite est entièrement vidé. Tout est calé dans les placards. Espérons que la douane et les services portuaires ne trouveront rien à redire. Nous gardons en mémoire les mauvais moments passés au port de Manzanillo, au Panama. De retour à l’hôtel, nous faisons un petit tour sur internet avant de nous offrir une soirée cinéma à la télévision. Des films de la MGM sous titrés en espagnol. De l’action et quelques dialogues au vocabulaire limité. Ca va, on peut suivre le scénario. Nous sommes samedi soir. Nous nous apprêtons à une nouvelle nuit agitée. XXXXXX Argentine Buenos Aires 15/01/2012 La nuit a été beaucoup plus calme que nous ne l’imaginions. Ou alors, nous nous habituons au tapage nocturne. Programme du jour : rien, nada, farniente. C’est dimanche. La journée s’écoule rythmée par les petites habitudes que nous avons prises comme les repas dans la salle de restauration. Le bulletin d’informations, à la télévision, ne parle que du naufrage du bateau Concordia. Autre sujet abordé, la France qui s’enlise dans la crise économique et sociale. Ce n’est pas sans conséquence pour notre voyage car avec la baisse du cours de l’euro, notre pouvoir d’achat s’émousse de jour en jour. Le reste de la journée s’écoule devant l’écran de nos ordinateurs sous les palles du ventilateur qui vrombissent. En soirée, nous tentons de regarder une série télévisée française sur internet. En Argentine, les programmes français ne sont pas censurés comme dans les autres pays d’Amérique latine. Mais la lenteur du débit sur internet permet à peine de visionner les vidéos. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Buenos Aires 16/01/2012 Journée habituelle à l’hôtel Norte de Zaraté. Nous nous rendons au camping-car pour enlever la roue de secours fixée sur le toit et la loger à l’intérieur de la cellule. Puis, nous confions le véhicule au lavadero situé de l’autre côté de la rue pour un dernier nettoyage. Après le repas de midi, nous allons le récupérer pour le garer à nouveau dans la cour de l’hôtel désaffecté. Nous passons le reste de l’après midi devant nos ordinateurs. Le temps s’écoule avec la lenteur d’un goutte à goutte. Si tout se passe comme prévu, dans 3 jours, nous remettons le camping-car aux autorités portuaires de Zaraté. L’attente commence à nous peser. XXXXXX Argentine Buenos Aires 17/01/2012 La température recommence à monter. Il fait de plus en plus chaud. Chaque mouvement devient un exploit. Les ventilateurs de la chambre suffisent à peine à assécher nos peaux moites. Nous passons la journée à l’hôtel. Georges cherche des informations sur l’Australie pendant que je poursuis l’écriture de notre récit détaillé. En fin de journée, nous sommes contactés par Radio France. Eric LANGE, l’animateur de « Allo la Planète », nous propose de participer à l’émission de demain par téléphone. Un petit essai préalable avec le téléphone de l’hôtel et nous nous donnons rendez-vous pour demain 17h30, 21h30 heure française. Le soir, nous retrouvons notre lit dans une chaleur infernale. La nuit va être difficile. XXXXXX Argentine Buenos Aires 18/01/2012 J'ai suffoqué de chaud. Cette nuit, la chaleur a été si intense que j'ai ressenti des difficultés pour respirer. L'été dans la région de Buenos Aires est vraiment difficile à supporter. Dans la matinée, nous allons au camping-car pour terminer le nettoyage. Il faut encore laver le sol. Comme nous avons épuisé nos réserves de nourriture, nous passons chez un traiteur pour acheter de la "comida a llevar", de la nourriture à emporter : poulet grillé, tarte aux épinards-carottes. Nous passons l'après midi dans la chambre, économisant chacun de nos mouvements. A 17H30, comme convenu, nous entrons en relation avec Eric Lange, l'animateur d'"Allo la Planète" sur Radio France. Après le repas du soir, nous nous offrons une soirée télévision. XXXXXX Argentine Buenos Aires 19/01/2012 C'est le grand jour. Nous remettons le camping-car au port de Zaraté. A 8H00, nous allons le chercher dans la cour de l'hôtel désaffecté et nous le garons devant l’hôtel Norté. Silvio arrive comme prévu à 10H00, flanqué d’un quidam et de son épouse enceinte. Nous Nous ne comprenons pas leur rôle dans le scénario, si ce n’est que le quidam conduit la voiture. Une heure suffit pour accomplir toutes les démarches. Pa s de contrôle de véhicule par la douane qui se contente d’enregistrer la sortie du camping-car du territoire argentin. Nous remettons les clefs du véhicule à un agent portuaire, rien de plus. Nous n’avons aucun document en retour et sommes un peu inquiets. Le Galaxy Leader devrait arriver au port de Zaraté le 29 janvier et repartir le 30 janvier. Silvio nous explique qu’il arrive environ 1 cargo par semaine qui peut contenir plus de 3000 véhicules. 20 chauffeurs se chargent d’entrer 200 véhicules par heure sur 5 niveaux de ponts élévateurs. Nous allons quitter le continent américain sans avoir la certitude que notre voiture sera bien embarquée le 29 janvier. Et si l’opération s’effectue normalement, elle devra être renouvelée au port de Manzanillo, au Panama : débarquement, réembarquement sur un autre cargo dont nous ignorons tout. De retour à l’hôtel, nous tentons de nous rassurer un peu en envoyant un e-mail à Silvia Amato notre transitaire de l’agence Mercomar. Nous souhaitons qu’elle nous confirme par écrit le détail des opérations. Nous passons le reste de l’après midi dans la chambre de l’hôtel, souffrant toujours autant de la chaleur intense. Pays Province Date Récit XXXXXX Argentine Buenos Aires 20/01/2012 Dernier jour à l'hôtel Norté de Zaraté. Nous passons le temps entre les repas achetés chez le traiteur du coin et nos ordinateurs. Surtout, économiser les mouvements pour éviter de transpirer à grosses gouttes. Nous installons les ventilateurs tout près des ordinateurs pour tenter de les rafraîchir un peu. Ils sont bouillants et nous devons les éteindre régulièrement. Nous imprimons nos cartes d’embarquement pour le vol en direction de Frankfurt, Allemagne. Demain, nous nous envolons pour la France. XXXXXX Argentine Buenos Aires Allemagne Frankfurt 21/01/2012 Nous employons la matinée à boucler nos bagages. A 11H00, nous prenons un repas anticipé dans la salle de restauration. A 12H00, comme prévu, un copain du propriétaire de l’hôtel vient nous chercher pour nous conduire à l’aéroport Ezeiza de Buenos Aires. 1H30 plus tard, il nous dépose devant le Terminal A. Dernières bouffées de chaleur sur l’asphalte. Nous pénétrons dans l’atmosphère climatisée de l’aéroport. Nous nous sentons déjà loin de l’Argentine. Les aéroports nous semblent toujours hors du temps et de l’espace, suspendus entre deux mondes. Nous sommes très en avance. Notre avion de la Luftansa ne décolle qu’à 18H10. Nous patientons dans le grand hall d’accueil jusqu’à l’heure d’ouverture des guichets de la compagnie aérienne. Opération enregistrement des bagages. Nos trois sacs, munis de leurs étiquettes, s’éloignent inexorablement sur le tapis roulant pour disparaître derrière le décor dans un monde mystérieux et inaccessible. C’est l’heure de passer le contrôle de l’immigration. Passage de nos bagages à main dans le scanner. Passage de nos personnes sous le portique détecteur de métaux. Rien à signaler. Même nos bouteilles d’eau on passé l’épreuve sans encombre. Nous nous installons dans l’espace d’attente de la porte 3. L’avion est déjà en place au bout de son sas. Ce qui ne l’empêche pas de décoller avec près d’une demi-heure de retard. Les dernières images de l’Argentine disparaissent derrière un rideau de nuages. Nous allons absorber les 4 heures de décalage horaire en survolant toute la côte atlantique au dessus du Brésil avant de traverser l’océan pour passer au dessus du Portugal. Enfin, nous survolerons la France pour atterrir à Frankfurt en Allemagne. De là, nous rejoindrons la France. Pour l’instant, tous les passagers sont installés en rangs serrés dans la classe économique. Devant nous, dans l’espace famille, une jeune mère avec ses deux filles turbulentes et un bébé capricieux. L’espace et le temps sont abolis. Plateaux repas. Nous nous calons tant bien que mal pour la nuit au son des réacteurs du Boing 747. XXXXXX