L`Héritage du Pouvoir

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L`Héritage du Pouvoir
L’Héritage du Pouvoir
Tome 1 : Retrouvailles
Isabelle B. Price
Edwine Morin
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Chapitre 1
L
Vingt-quatre ans plus tôt
e soleil dardait ses rayons sur la ville. Dans le parc municipal
ombragé par des cèdres centenaires, deux petites filles de
huit ans couraient dans les allées à en perdre haleine. Elles
se poursuivaient, des pistolets en plastique au poing, jouant au
policier et au voleur. Julianne, une petite blonde aux cheveux longs
filait en tête, talonnée par Sara, une brunette légèrement plus grande
qu’elle. L’écart entre elles s’amenuisait rapidement, la policière, Sara,
rattrapant la voleuse, Julianne.
Cherchant à s’en sortir, Julianne bifurqua à sa droite sur une large
étendue d’herbe. Cette action n’eut aucun effet, un simple petit mètre
les séparait désormais. Soudain, Sara bondit en avant et se jeta sur
la petite blondinette. Leurs membres désormais emmêlés, elles
roulèrent dans la pelouse en riant. Au loin, un chien aboya tandis
qu’à leurs côtés, un oiseau s’envolait en piaillant d’énervement.
Les cris de victoire de Sara résonnèrent dans le parc alors qu’elle
immobilisait son amie sous elle. Assise sur son bassin, ses mains
emprisonnaient celles de la voleuse. Un sourire éblouissant aux
lèvres bien qu’essoufflée, elle hurla :
— J’ai gagné !
Soudain Sara ressentit une violente douleur au niveau de la poitrine.
Sa vue se brouilla. Elle lâcha Julianne et porta ses mains à son cœur,
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tétanisée. Julianne, coincée sous elle, l’appela mais aucun son ne
parvint à Sara et celle-ci s’écroula dans l’herbe, blafarde.
— Sara ? Sara ! cria Julianne en se penchant sur le corps inerte de son
amie. Réveille-toi !
La panique s’empara d’elle alors qu’elle secouait la petite brune
inconsciente.
— Mamie ! Mamie ! s’époumona Julianne en cherchant une adulte du
regard.
Les gens continuaient de marcher au loin mais personne n’approchait.
Elles semblaient seules au monde. La peur gagnait la jeune fille qui
continuait à appeler sa grand-mère d’une voix brisée par les sanglots.
Elle se rapprocha à nouveau du corps de Sara et apposa ses deux
mains sur son torse. Ce dernier ne bougeait presque plus. Sous le fin
t-shirt, elle sentit le cœur battre lentement, de manière anarchique.
Julianne ferma alors les yeux, inspira et expira profondément, et, à
travers ses larmes, se concentra sur le muscle cardiaque.
Des crépitements se firent sentir sous ses doigts et l’électricité
statique autour des deux enfants s’intensifia. Soudain, Sara ouvrit les
yeux et prit une brusque inspiration en se redressant. Assise dans
l’herbe, elle dévisageait Julianne qui semblait aussi surprise qu’elle.
Alors qu’elles allaient parler, une femme âgée arriva à leur hauteur et
attrapa la blondinette par les épaules.
— Julianne ! Est-ce que tu viens d’utiliser tes pouvoirs ? Julianne !
lança la femme aux cheveux blancs qui la dévisageait prise de panique
et en colère.
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— Son cœur battait bizarrement, mamie… Je… Julianne bégayait,
perdue.
— Mon Dieu Julianne ! Il faut qu’on parte, vite. Sara reste là ! Je vais
appeler une ambulance, ne bouge pas !
L’adulte attrapa Julianne par la main et l’entraîna avec elle. Cette
dernière observait Sara sans pouvoir détacher son regard de ses yeux
marron doré. Elle voulait parler mais en était incapable. Emmenée
par sa grand-mère, elle disparut bientôt dans les allées du parc…
***
De nos jours
Sara était détective privée à New York. L’agence qu’elle avait créée
avec Marc quelques années plus tôt commençait à rencontrer un
certain succès : le bouche-à-oreille et leur réputation de ne jamais
abandonner une affaire avant de l’avoir résolue leur garantissait un
afflux continuel de clients. Ils étaient si demandés qu’ils pouvaient
désormais se payer le luxe de refuser des contrats, ne gardant que les
cas les plus intéressants.
Le contrat en cours avait été commandé par M. Wallace, un richissime
père de famille désireux d’enquêter sur les nouvelles relations de sa
fille. Sara avait flairé une affaire intéressante. Marc, lui, s’était montré
peu convaincu. Il était persuadé que Wallace s’inquiétait simplement
à l’excès pour sa progéniture. Après avoir insisté pour prendre le cas,
Sara avait mené ses recherches et découvert l’existence d’un réseau
de drogue à l’intérieur de la très prestigieuse université de Columbia.
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L’organisation mafieuse vendait ses produits à des étudiants fortunés
en manque de sensations fortes par l’intermédiaire d’une fraternité
du campus. Une série de morts par overdose avait commencé à attirer
l’attention des autorités et Sara avait rapidement fait le lien entre la
drogue et le changement de comportement de la fille Wallace, ellemême étudiante à Columbia.
L’enquête avait pris une nouvelle tournure et Sara et Marc avaient
décidé de réunir assez de preuves pour livrer les informations à la
police et faire tomber le réseau. Conscients que cette affaire pouvait
les mener vers une reconnaissance internationale, ils restaient
discrets et patients. Pour tenir, ils s’imaginaient déjà quittant leur
petit appartement du Queens et développant leur entreprise à
une autre échelle. Seulement, les choses avançaient lentement et
prenaient plus de temps que prévu. La police, certainement sous la
pression du maire de New York et des actionnaires, avait déployé
des moyens de grande envergure et les dealers se faisaient discrets
en attendant que les choses se tassent. Sara avait réussi à localiser,
parmi tous les étudiants impliqués dans cette affaire, le chef des
opérations et depuis près de sept jours, Marc et elle se relayaient
devant chez lui à l’affût du moindre faux pas. Les heures de planque
étaient longues et frustrantes, il ne se passait rien depuis une
semaine. Marc venait encore d’y passer la nuit entière, au froid,
dans sa voiture, pour un résultat nul. Il était cinq heures du matin et
Sara allait bientôt remplacer son associé et prendre sa place dans le
véhicule de surveillance. Avant cela, il lui restait deux bonnes heures
pour se défouler. Chaussant ses baskets et ignorant les ténèbres dans
lesquels la ville était plongée, elle prit la direction de Central Park à
petites foulées.
Sara faisait son jogging quotidien dans les allées du grand parc de
Manhattan. Le vent frais fouettait son visage, son souffle chaud créait
un petit nuage de buée à chaque expiration et sa queue de cheval se
balançait en rythme sur ses épaules. Ils étaient peu d’inconscients
à avoir bravé le froid hivernal en cette heure matinale et la jeune
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femme appréciait le calme qui lui était offert avant de commencer sa
journée. Profitant de ses derniers instants de repos et de détente, la
jeune femme allongea ses foulées, filant à vive allure.
Au détour d’un virage, elle entendit soudain des cris et des hurlements
étouffés. Son sang se glaça et elle accéléra en direction des bruits. Elle
se stoppa derrière d’imposants arbres et découvrit une jeune femme
blonde qui se débattait face à deux agresseurs. Lorsque l’un des deux
hommes immobilisa cette dernière et que son acolyte s’approcha
d’elle menaçant, un objet indéterminé à la main, Sara sortit de sa
cachette de fortune et se précipita sur lui. Elle lui assena un crochet
du droit suivi d’un violent uppercut qui l’envoya à terre, sonné.
En position de garde, ses pieds ancrés au sol, elle se retourna alors
vers l’autre homme qui tenait toujours la jeune blonde contre lui.
Il lui bloquait les deux mains et l’empêchait de faire le moindre
mouvement. Menaçante, Sara l’observa et lui lança :
— Lâche-la !
Devant cette arrivée opportune, la blonde, silencieuse et pâle, cessa
de s’agiter et observa sa sauveuse. L’assaillant desserra soudain son
étreinte et poussa sa victime en direction de Sara sur laquelle elle
s’écroula. Toutes les deux s’écrasèrent au sol, surprises.
Sara se releva rapidement pour faire face à l’homme qui avait dégainé
une épée du fourreau accroché à sa taille. Qui utilise encore ce genre
d’arme à notre époque ? se demanda la brune interdite devant la lame
qui s’élevait dans sa direction. Le criminel fit plusieurs moulinés
avec le sabre avant de l’attaquer sans crier gare. Sara se baissa alors,
s’accroupit et le faucha d’un mouvement circulaire de la jambe. Il
tomba lourdement, son épée volant à plusieurs mètres derrière lui.
L’homme se releva malgré tout et chargea Sara qui venait juste de se
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redresser. Prise au dépourvu, elle n’eut pas le temps de l’esquiver
et le choc fut d’une violence inouïe. L’épaule de l’homme heurta
brutalement sa poitrine lui coupant le souffle. Propulsée en l’air, elle
s’écroula quelques mètres plus loin, inconsciente.
L’agresseur se redressa alors, un sourire machiavélique plaqué
sur le visage, et s’approcha de la blonde qui avait observé la scène
horrifiée. Alors qu’il n’était plus qu’à quelques pas d’elle, il réalisa
bientôt qu’elle avait un briquet en main. Toute peur avait déserté son
visage. Elle apparaissait à présent déterminée et sûre d’elle. Un éclair
de panique traversa le visage de l’homme quand elle se redressa et
alluma le Zippo qui brillait dans les rayons matinaux du soleil. Le
frottement de la pierre fit naître une flamme qui s’éleva dans les airs.
La blonde approcha son autre main et la leva. La flamme s’agrandit
alors instantanément et fut propulsée par un nouveau geste de la
jeune femme en direction de l’homme. Désarmé et incapable de
l’éviter ce dernier se mit alors à brûler dans un cri aigu de douleur.
La blonde se désintéressa immédiatement de sa victime et jeta un
regard rapide à terre, là où se trouvait son autre agresseur. Elle constata
avec colère que celui-ci avait profité d’une minute d’inattention pour
prendre la fuite. Il était déjà hors de portée et elle n’avait pas le temps
de lui courir après. Refermant son Zippo et le repositionnant dans sa
poche, elle se précipita auprès de la femme qui venait de la sauver.
Son visage lui semblait familier sans qu’elle ne puisse se l’expliquer.
S’agenouillant à ses côtés, elle dégagea son visage recouvert par ses
longs cheveux bruns. Alors qu’elle la retournait pour l’allonger plus
confortablement sur le dos, elle réalisa que cette dernière ne respirait
plus. La panique s’empara une nouvelle fois de la blonde mais pour
de toutes autres raisons. Elle ne pouvait pas être responsable de la
mort d’une innocente. Non ! pensa-t-elle. Elle posa ses doigts dans
son cou à la recherche d’un pouls. Rien.
Déglutissant avec difficulté, fébrile, la blonde ouvrit la veste de sa
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sauveuse et déchira son t-shirt pour avoir accès à sa poitrine. La
brassière de sport qu’elle découvrit dissimulait une petite poitrine
qui éveilla son désir sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Refusant
de s’arrêter sur ce sentiment, elle détailla le petit renflement rond
au-dessus du sein de sa sauveuse. Un pacemaker, comprit-elle
rapidement.
La jeune femme posa alors sa main droite à plat sur l’appareil et se
concentra. Ce dernier envoya une première décharge électrique puis
une seconde et le cœur de la brune se remit à battre. Sa main droite
toujours sur la petite machine, elle positionna son autre paume sur
le cœur de la brune. Les battements étaient faibles mais réguliers et
ils gagnaient en force à chaque seconde.
Le cri de l’homme en train de brûler avait cessé. Un tas de cendre se
tenait maintenant à l’endroit où il avait été quelques minutes plus
tôt. La blonde se redressa, sortit son téléphone de sa poche et fit le
911 pour prévenir les secours. Avant de partir elle lança un dernier
regard à la femme à terre, inconsciente et murmura :
— Merci belle inconnue. Nous sommes quittes maintenant.
Son téléphone portable toujours à la main, elle composa un numéro
mémorisé par cœur et, alors que le répondeur de son interlocuteur
venait de se déclencher, énonça froidement :
— C’est Julianne. J’ai été repérée. Deux Traqueurs m’ont attaquée. J’ai
dû utiliser mes pouvoirs. Je dois quitter la ville le plus vite possible.
Elle raccrocha, puis ôta et détruisit la carte SIM de son mobile avant
de jeter celui-ci dans une poubelle. Elle remit ensuite la capuche de
son sweat-shirt sur sa tête et disparut d’un pas rapide loin du lieu de
l’attaque.
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éditions Reines de Cœur.
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© 2015 Reines de Cœur
Conception graphique : © Christelle Mozzati
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sous quelque forme que ce soit. Cette œuvre est une œuvre fiction. Les noms propres,
les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination des auteurs,
soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction pour construire le décor mais ne
prétendent en aucun cas refléter une réalité existante. Toute ressemblance avec des
personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux,
serait une pure coïncidence.
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