Arras Béthune Lens
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Arras Béthune Lens
NOTE DE CADRAGE STRATEGIQUE DU PROJET DE PREFIGURATION DE CHT FINANCE DANS LE CADRE DU FMESPP 2009 La présente note est établie conformément au cadre proposé par le courrier de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins en date du 24 février 2010. Elle présente la démarche de préfiguration de CHT entre les les Centres Hospitaliers d’Arras, de Béthune et de Lens dont le projet a été retenu par la DHOS pour faire l’objet d’une subvention d’accompagnement du FMESPP à hauteur de 70 000 €. Avril 2010 1 Phase de diagnostic et d’élaboration du plan d’actions 1. Pourquoi avez-vous souhaité faire émerger une démarche de coopération ? A partir d’une analyse commune de l’environnement, les centres hospitaliers d’Arras, de Béthune et de Lens ont perçu l’intérêt de mettre en place ensemble une démarche de coopération susceptible d’améliorer les indicateurs de santé des populations de l’Artois et de pérenniser les équipes médicales autour d’un projet de santé publique. Une démarche l’environnement de coopération fondée sur une vision partagée de La dynamique de coopération entre les CH d’Arras, de Béthune et de Lens est née du constat que les 3 établissements présentaient de nombreuses caractéristiques communes. La matrice présentée ci-dessous montre que les 3 établissements rencontrent des difficultés comparables mais qu’ils disposent d’atouts importants pour adapter l’offre de soins dans un contexte en pleine mutation. Le rapprochement des 3 établissements est ainsi apparu comme le moyen de renforcer leur capacité à répondre aux problématiques complexes auxquelles ils doivent faire face. FORCES Des parts de marché majoritaires pour la médecine (60%) et pour l’obstétrique (61%) Une position dominante sur les soins critiques : des équipes médicales de haut niveau, des activités parfois très spécialisées. Des complémentarités entre établissements en médecine et en chirurgie Des expériences de coopération réussies par le passé (exemple : la cardiologie interventionnelle) Une volonté de travailler ensemble FAIBLESSES OPPORTUNITES Un bassin de population dense (1,1 2 million d’habitants ; 320 habitants / km ) Des besoins de santé importants (cancérologie, maladies cardiovasculaires, maladies chroniques…) Des bassins de recrutement complémentaires Des évolutions réglementaires (PDS, seuils d’activité…) qui poussent au regroupement des plateaux techniques Un cadre législatif, assorti d’incitations financières, propice au développement des coopérations Des taux de fuite importants (21,7%), supérieurs au taux d’attractivité (6,5%) Des parts de marché minoritaires dans le domaine de la chirurgie (45%), avec un faible développement de l’ambulatoire Des équipes médicales incomplètes dans différentes spécialités Une offre publique parfois dispersée, des logiques de filière et de réseau à consolider Des situations budgétaires et financières fragilisées MENACES Une concurrence forte du secteur privé Une évolution encore préoccupante de la démographie médicale Un cadre réglementaire instable, notamment sur les règles de financement Une ouverture des missions de service public à d’autres acteurs de santé Une incertitude sur le maintien des activités dont le faible volume ne permet pas de répondre aux seuils réglementaires, aux exigences de sécurité et aux objectifs d’efficience économique 2 A mesure que les échanges se sont développés, la réunion des CH d’Arras, de Béthune et de Lens au sein d’une Communauté hospitalière de territoire a trouvé sa légitimité grâce à l’affirmation, par les directions et les équipes médicales de valeurs partagées : Une volonté de se mettre au service de la population : l’Artois reste en effet marqué par des indicateurs de santé très défavorables. La CHT doit permettre d’améliorer la réponse aux besoins de santé de la population de ce territoire en lui garantissant une offre de soins de proximité et de qualité. L’attachement aux valeurs du service public hospitalier : la CHT vise à maintenir une offre de soins publique forte, garante de la permanence des soins, de l’accessibilité aux services de santé et de l’égalité de traitement des patients. Le respect de l’histoire et de l’identité de chacun : le renforcement du lien entre les 3 établissements passe par la création d’une culture commune au sein de la CHT. Celle-ci, loin d’effacer les identités propres à chacun des centres hospitaliers, se nourrira de leur histoire, de leurs expériences et leurs compétences respectives. Les enjeux de la coopération La région Nord Pas-de-Calais et le territoire de l’Artois présentent des indicateurs de santé très défavorables, en particulier dans le secteur de Lens où la question de l’accès aux soins des populations est une véritable préoccupation de santé publique. Ces mauvais indicateurs sont liés à l'environnement, à l'histoire culturelle de la région, à insuffisance des habitudes de prévention et à la précarité, avec un impact sur les préoccupations et comportements de santé. Par rapport à la moyenne nationale, la surmortalité1 est ainsi supérieure de : 36% au niveau régional 21,3% pour la zone Artois-Ternois 45,4% pour la zone Béthune-Bruay 63,9% pour la zone Lens-Hénin La surmortalité concerne majoritairement les cancers, les maladies cardiovasculaires, les affections psychiatriques (suicide) et l'alcoolisme. Le bassin de vie de l’Artois arrive en tête au niveau national pour la prévalence des cancers (voies aéro-digestive, sein…) avec une surmortalité prématurée très élevée. Concernant les maladies cardiovasculaires, la surmortalité, déjà supérieure de + 39% pour la région Nord Pas-de-Calais par rapport à la moyenne nationale, peut atteindre jusqu’à + 60% dans l’ancien bassin minier. La prévalence de l'obésité (et de l'obésité sévère) et la prévalence de la maladie diabétique y sont plus élevées que dans les autres régions. L'espérance de vie moyenne d'un diabétique est de deux à quatre ans plus basse dans le département du Pas-de-Calais. Il s'agit essentiellement d’une mortalité précoce dont on sait qu'elle est accessible à une prévention par le biais de la modification des comportements de santé. Le secteur d’activité de la santé représentait, en 2006, 6,3% des actifs occupés dans l’Artois (contre 7,3% en moyenne pour la France métropolitaine). Les perspectives de la démographie médicale constituent une menace pour la pérennité des équipes hospitalières (insuffisance de couverture en neurologie à Arras [et Douai], en diabétologie à Lens…), mais aussi un facteur inquiétant de désertification de la médecine de ville spécialisée dans les zones socialement défavorisées, notamment pour certaines spécialités telles que l'ophtalmologie ou la gynécologie médicale. 1 Source : Observatoire Régional de Santé Nord Pas-de-Calais 3 Effectifs pour 100 000 habitants Professionnels en exercice au 1/01/2008, tous statuts confondus Artois Nord Pas-de-Calais Cardiologues Gynécologues Pneumologues Radiologues Ophtalmologues Oto-rhino-laryngologues 4,9 3,5 2,6 5 3,4 2 9,2 7,7 4,4 11,1 6 3,2 Source : ORS Nord Pas-de-Calais Ces indicateurs confèrent aux établissements publics de santé du bassin un rôle majeur dans le développement d’une offre de soins adaptée pour répondre à l’importance des besoins de santé. Le principal résultat attendu de la démarche engagée par les CH d’Arras, de Béthune et de Lens est une amélioration de l’accès aux soins pour la population. Pour atteindre cet objectif, les 3 établissements ont défini un projet de coopération qui vise : A affirmer la place du secteur public dans le bassin de l’Artois, alors que la plupart des établissements privés sont déjà organisés dans le cadre d’une stratégie de groupe, A proposer une approche globale de santé publique (et pas seulement hospitalière) : d’où l’importance de la prise en charge et de l’éducation en amont en lien avec la médecine de ville et les centres de santé (prévention, accès aux soins) et en aval (soins de suite), A conforter et renforcer les activités de proximité pour bien couvrir les besoins de la population du bassin, A proposer une offre de soins coordonnée permettant de répartir au mieux les compétences et de dégager des ressources pour les besoins émergents ou peu exprimés, A réunir les équipes, notamment autour de plateaux techniques optimisés, pour permettre le développement de techniques de soins de référence dans le bassin, A créer un environnement favorisant la formation, la recherche et les conditions de travail des professionnels de santé, A faire de la CHT l’interlocuteur public dans l’Artois vis-à-vis des populations du bassin mais aussi vis-à-vis du niveau régional (CHRU, Agence régionale de santé, Région…) 2. A l’issue de la démarche de préfiguration, quels objectifs de coopération ont été identifiés ? Bien avant la démarche de préfiguration de la CHT, les hôpitaux publics de l’Artois avaient déjà instauré des coopérations : à titre d’exemple, les activités de coronarographieangioplastie sont réalisées en commun sur le site de Lens par les équipes de cardiologie depuis le début des années 1990, en partenariat avec celle du CH de Douai. Autre illustration, l’implantation réussie de la dialyse en 2008 sur le site de Lens avec le concours des praticiens de Béthune. Pour approfondir la démarche de coopération, les CH d’Arras, de Béthune et de Lens ont fait le choix, dans un premier temps, d’engager leur démarche de coopération sur un nombre limité de filières de prise en charge. La volonté des 3 établissements était en effet d’obtenir des résultats concrets sur des projets ciblés et de s’approprier des méthodes de travail communes afin de créer une dynamique susceptible d’élargir par la suite le champ des coopérations. 4 Les domaines de coopération prioritaires ont été identifiés par les directeurs et présidents de CME début 2008 grâce à un premier travail d’analyse stratégique réalisé avec l’appui de la délégation régionale de la Fédération hospitalière de France (FHF). Une stratégie médicale commune a ainsi été définie autour des 5 axes suivants : Les maladies endocriniennes, la diabétologie, les maladies du métabolisme et de la nutrition La cardiologie interventionnelle La biologie La prise en charge des urgences La prise en charge des Accidents vasculaires cérébraux (AVC) Chacun des 5 axes de coopération retenu présente, d’une part, des enjeux fort en termes de santé publique et, d’autre part, une expérience et / ou des opportunités en matière de coopération inter-hospitalière. Chaque thème est en outre porté par des médecins prêts et volontaires pour travailler ensemble. Pour chaque projet de coopération, des orientations ont été fixées à partir des réflexions menées par les équipes médicales réunies au sein de groupes de travail. Ces orientations sont développées dans le 2e volet de la présente note (pages 11 et suivantes). L’élargissement progressif des coopérations a justifié la mise en place d’une nouvelle approche impliquant davantage les communautés médicales des 3 établissements. Il était en effet nécessaire de réfléchir à une mise en cohérence des actions de coopération dans le cadre d’un projet partagé préfigurant la mise en place de la CHT. C’est dans cette perspective qu’un séminaire stratégique, réunissant les conseils exécutifs des CH d’Arras, de Béthune et de Lens, s’est tenu le 17 novembre 2009. Le séminaire a permis de confirmer la poursuite des 5 projets de coopération médicale engagés et d’identifier 4 nouveaux domaines de coopération possibles : La pneumologie La chirurgie Les soins de suite L’imagerie Au-delà des projets médicaux, l’harmonisation des méthodes et les mutualisations dans le domaine des activités administratives et logistiques sont apparues comme des leviers d’action indispensables pour permettre le déploiement complet des coopérations. Les outils ainsi identifiés comme nécessaires à la mise en œuvre de la coopération sont présentés cidessous au paragraphe n°5. 3. Quel est l’outil qui a été retenu (CHT ou GCS), quels sont les déterminants de ce choix ? Pour les CH d’Arras, de Béthune et de Lens, la coopération constitue l’un des principaux moyens pour garantir aux populations de l’Artois un égal accès aux soins et une même qualité de soins, conformément à l’esprit de la Loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST). L’idée était d’utiliser la loi HPST et les outils qu’elle promeut (CHT, Groupement de coopération sanitaire…) de manière pragmatique pour structurer et accélérer une démarche en gestation. L’article 22 de la loi HPST fait de la CHT la structure de coopération privilégiée pour les établissements publics de santé qui souhaitent définir un projet médical commun. La CHT est ainsi apparue comme la formule la plus adaptée pour définir le cadrage stratégique d’ensemble de la démarche de coopération engagée par les CH d’Arras, de Béthune et de 5 Lens. Reposant en outre sur une base conventionnelle, sans création d’une nouvelle personne morale, la CHT permet aux 3 établissements de marquer leur engagement dans une coopération à la fois ambitieuse et respectueuse de l’identité et de la contribution de chacun. Support de la stratégie globale de coopération entre les 3 partenaires, la CHT ne peut être un cadre définissant avec précision les objectifs et les moyens à mobiliser pour chacun des projets de rapprochement. C’est pourquoi la mise en place de la CHT s’accompagne de modalités de coopération spécifiques pour certains projets. En fonction de la nature et du volume des ressources mises en commun, le choix du cadre juridique de la coopération s’oriente vers une formule souple de type conventionnel2 ou vers la mise en place de structures de coopération de type GCS de moyens3. 4. Quels sont les étapes-clé et les points de passages obligatoires ? Le projet mené depuis 2008 par les CH d’Arras, de Béthune et de Lens montre que certaines étapes sont indispensables pour créer et pour maintenir la dynamique de coopération : Une analyse partagée de la situation Forts des projets de coopération liant d’ores et déjà leurs établissements, les directeurs et les présidents de CME des CH d’Arras, de Béthune et de Lens ont pris l’initiative de se réunir en mai 2008 afin de réaliser, avec le soutien de la délégation régionale de la FHF, une analyse stratégique permettant d’identifier les enjeux de la coopération hospitalière dans l’Artois. Cette réflexion a débouché sur l’élaboration d’échiquiers stratégiques confirmant l’intérêt d’approfondir la coopération entre les 3 établissements. C’est également sur la base de ce travail que les 5 premiers projets de coopération ont été retenus. Un accord des partenaires sur les valeurs et les objectifs du projet Pour les 3 partenaires, l’enjeu de la coopération était avant tout d’améliorer les indicateurs de santé des populations de l’Artois et de pérenniser des équipes médicales autour d’un projet de santé publique. Les partenaires se sont également entendus sur les objectifs secondaires de la coopération (cf. supra, point n°1). Les 3 établissements se sont engagés dans la démarche de coopération avec la volonté de se mettre au service des populations de l’Artois, d’affirmer la place du service public et dans le respect de l’identité et l’histoire de chacun. La définition d’une méthodologie de travail commune La conduite du projet repose sur quelques principes simples : Une implication forte des directions médico-administratives dans le suivi des projets Les directeurs et présidents de CME se réunissent mensuellement afin d’assurer le suivi des projets de coopération en cours et la cohérence d’ensemble de la démarche. 2 La prise en charge des maladies endocriniennes, du diabète, maladies du métabolisme et de la nutrition a par exemple donné lieu à la signature d’une convention cadre le 23 septembre 2009. 3 Un GCS de moyens a été créé par les CH d’Arras, de Béthune, de Douai et de Lens pour permettre la réalisation commune des activités de cardiologie interventionnelle. 6 Une approche pragmatique La démarche de coopération a porté dans un premier temps sur un nombre limité de filières de prise en charge. L’objectif était en effet d’obtenir des résultats concrets sur des projets ciblés et de s’approprier des méthodes de travail communes afin de créer une dynamique susceptible d’élargir par la suite le champ des coopérations. La démarche s’est ainsi construite autour de thèmes présentant des enjeux forts en termes de santé publique et portés par des équipes médicales volontaires pour développer des projets communs. Par ailleurs, en fonction des thématiques, la démarche est restée ouverte à d’autres partenaires : CH de Douai pour les activités de cardiologie interventionnelle, CH d’Hénin-Beaumont pour la prise en charge des maladies endocriniennes et du diabète. A noter que la coopération entre les établissements publics de l’Artois n’exclut pas pour ces derniers la possibilité de mettre en place des partenariats avec d’autres structures. Autre élément de souplesse qui a déjà été évoqué : le choix du cadre juridique a été défini en fonction des caractéristiques propres à chaque projet. Une démarche participative La volonté des équipes médicales de travailler ensemble à constituer l’un des critères lors du choix des premiers projets de coopération. Ces derniers ont été élaborés par les professionnels réunis au sein de groupes de travail. La réflexion s’est ensuite élargie aux membres des conseils exécutifs des 3 établissements réunis le 17 novembre 2009 à l’occasion d’un séminaire stratégique. La démarche doit trouver un juste équilibre pour permettre aux professionnels d’apporter une réelle contribution sans créer de démotivation. Il ne s’agit ni de limiter les échanges à une simple information auprès des équipes, ni de solliciter ces dernières de manière excessive au risque de pénaliser leurs activités de soins. A cet égard, le format du séminaire du 17 novembre 20094 est apparu assez exemplaire : en une demi-journée, le séminaire, qui a réuni près de 40 personnes, a permis de renforcer l’esprit de la communauté, de conforter les orientations stratégiques et ainsi de franchir une nouvelle étape dans le projet de coopération. Des temps de communication ciblés Le projet de CHT a été porté dans un premier temps par les directions médicoadministratives des 3 établissements et par les équipes médicales impliquées dans les premiers projets de coopération retenus. Afin d’asseoir la dynamique de coopération, il était nécessaire de faire connaître le projet et d’en faire partager les objectifs et le contenu par le plus grand nombre. Des temps de communication ont été organisés dans cette perspective, en direction des professionnels et du grand public. Ce sont d’abord les professionnels des 3 établissements partenaires qui ont été informés et associés au projet de CHT, par différents moyens : information des conseils exécutifs et des conseils d’administration, information des instances représentatives du personnel médical et non médical (CME et CTE), information de l’ensemble des personnels à l’aide des supports de communication internes. A titre d’exemple, un extrait du bulletin d’information mensuel du CH de Lens est présenté en annexe n°2. Plusieurs manifestations ont en outre permis des retours d’expérience et des échanges avec les professionnels de la région Nord Pas-de-Calais : conventions régionales de la FHF du 2 octobre 2009 et du 5 février 2010, colloque organisé à Lille par Décision Santé le 2 février 4 Le séminaire stratégique du 17 novembre 2010 a été préparé et animé par Capgemini Consulting selon la méthode ASE (Accelerated Solutions Environment). Une synthèse du séminaire est présentée en annexe n°1. 7 2010 notamment (communications présentées en annexe n°3). Le projet de CHT de l’Artois a également fait l’objet d’une communication récente dans la presse professionnelle grâce à un article paru dans le numéro de mars-avril 2010 de la Revue hospitalière de France L’article est présenté en annexe n°4. La presse locale a par ailleurs relayé le projet auprès de la population. Les travaux issus du séminaire stratégique du 17 novembre 2009 ont ainsi présentés lors d’une conférence de presse qui a été suivie de plusieurs articles en décembre 2009 (annexes n°5). Une adaptation permanente de la conduite de projet A partir de la réflexion stratégique menée par les 3 partenaires en 2008, plusieurs projets de coopération ont été retenus et ont donné lieu à des plans d’actions et à des mises en œuvre concrètes dès l’année 2009. En fin d’année 2009, il est apparu indispensable d’impliquer davantage les communautés médicales des 3 établissements et de réfléchir à une mise en cohérence des actions de coopération dans le cadre d’un projet partagé. Cette vision commune a été travaillée par les 3 conseils exécutifs lors du séminaire du 17 novembre 2009. Le séminaire a permis d’identifier plusieurs leviers d’actions pour progresser dans la coopération : - Une harmonisation des outils et des règles de gestion (cf. infra, point n°6) La mise en place de modalités de gouvernance et de structures de pilotage adaptées La définition d’un cadre juridique fonctionnel Dès lors que le projet de coopération avait atteint une certaine ampleur, il devenait important d’y consacrer des ressources spécifiques. La demande de subvention par les crédits FMESPP a été formulée dans cette optique. L’objectif est de permettre aux partenaires d’approfondir la démarche de coopération et de passer en « mode gestion de projet » pour piloter le changement. 5. Quelles sont les difficultés à surmonter ? Comme la plupart des projets de préfiguration de CHT, le projet des CH d’Arras, de Béthune et de Lens devra tenir compte de la disponibilité des professionnels qui seront sollicités et des contraintes liées à l’évolution du cadre légal et réglementaire. Au-delà de ces difficultés d’ordre général, les membres des conseils exécutifs ont évoqué ouvertement, lors du séminaire du 17 novembre 2009, les écueils qu’il conviendra d’éviter pour mener à bien le projet commun. Plusieurs risques ont été identifiés dans ce cadre : - Le risque du repli identitaire La prévalence d’intérêts particuliers au détriment des intérêts de la CHT L’émergence possible de nouvelles formes de pouvoirs au sein de la CHT Des logiques concurrentielles entre les partenaires sur certaines activités Une tendance qui pourrait pousser à la spécialisation des établissements La primauté des objectifs financiers dans le choix des projets Une mauvaise articulation entre la CHT et les autres partenariats mis en place par ses membres La mise en place de modes de fonctionnement trop complexes au sein de la CHT Une dimension sociale mal prise en compte 8 Trois facteurs clés ont été mis en avant pour pallier ces difficultés et devront être pris en compte dans la conduite du projet : Créer un sentiment d’appartenance à la CHT Beaucoup d’idées ont été évoquées pour cultiver ce sentiment d’appartenance : des temps de rencontre entre les équipes des 3 établissements, le développement d’une culture de travail en commun, la création d’un « label qualité » qui pourrait se traduire par l’élaboration d’une charte des engagements de la CHT, la mise en place d’une politique de communication commune, etc. Définir « les règles du jeu » de la coopération Plusieurs dimensions doivent être systématiquement instruites pour appuyer les projets de coopération sur des bases solides et éviter toute remise en cause ultérieure : l’évaluation des besoins, la définition des compétences médicales et paramédicales nécessaires, le recours aux plateaux techniques, la structuration des filières de prise en charge, le nombre de sites, les éventuels établissements référents, les objectifs de qualité et l’impact médico-économique. Harmoniser les processus de pilotage La coopération sera facilitée dès lors que les membres de la CHT travailleront selon des référentiels communs et pourront utiliser des outils partagés ou compatibles entre eux. A cet égard, des attentes très fortes ont été exprimées sur l’harmonisation des systèmes d’information, des règles de contrôle de gestion et des processus qualité. 6. A ce stade, quels sont les outils identifiés comme indispensables à la mise en œuvre de la coopération ? 5 types d’outils ont été identifiés parmi les leviers d’actions indispensables pour progresser dans la coopération : Des processus de pilotage économique et de contrôle de gestion harmonisés L’harmonisation des processus de pilotage économique et de contrôle de gestion constitue une étape essentielle pour permettre davantage de transparence au sein de la CHT et faciliter les comparaisons entre ses membres. L’objectif à terme est d’améliorer la connaissance des coûts ainsi que le suivi des recettes et des dépenses. Ce travail d’harmonisation permettra en outre à la CHT de gagner en crédibilité auprès de ses interlocuteurs. Un état des lieux préalable est à mener au sein de chaque établissement. Une organisation reposant sur une structure de type stratégique (comité de pilotage) et sur une structure plus opérationnelle (cellule médico-financière) sera ensuite de nature à faire avancer rapidement la réflexion. Les démarches qualité concertées L’harmonisation des processus liés à la qualité des soins comporte des enjeux importants en termes d’amélioration de la continuité des soins et de réduction des délais de prise en charge. L’élaboration de référentiels communs facilitera la collaboration des professionnels au sein de la CHT. Elle pourra également aider les établissements à respecter les normes réglementaires. Des démarches communes pourraient être mises en œuvre sur différents chantiers à court terme (évaluation des pratiques professionnelles, cartographie des risques, accréditation des laboratoires, etc.) et à moyen terme, les établissements devant s’engager dans la démarche de certification V2010. 9 Une gestion des ressources humaines coordonnée Le développement de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences présente un intérêt particulier au sein de la CHT. C’est dans ce cadre que les membres de la CHT pourront définir les ressources médicales et non médicales nécessaires à la production de l’offre de soins, envisager ensemble des recrutements pour la constitution d’équipes communes et bâtir des plans de formation favorisant le déploiement de pratiques professionnelles communes. Une gouvernance institutionnelle souple La réussite du projet de CHT est conditionnée par la mise en place à court terme d’une structure de pilotage de la CHT. Celle-ci est indispensable pour maintenir la dynamique de coopération, prendre les arbitrages qui permettront de faire avancer le projet, et permettre à la CHT de communiquer avec ses interlocuteurs. Cet organe de pilotage qui pourrait prendre la forme d’un Comité de coordination sera notamment en charge de la communication autour de la CHT. Le mode de gouvernance de la CHT s’appuiera sur des règles de fonctionnement claires et partagées, sur des structures de pilotage qui ne créent pas de nouvelles formes de pouvoirs et sur des procédures internes peu complexes. Un système d’information partagé, commun à la CHT L’harmonisation des systèmes d’information apparaît comme un élément fondamental du rapprochement des 3 établissements. Un système d’information partagé contribuera à améliorer la continuité des soins par la constitution d’un dossier patient unique. Il s’agit en outre d’un outil indispensable pour faciliter l’accès à l’expertise médicale. Toutefois, les 3 établissements disposent actuellement de peu d’outils communs. La démarche d’harmonisation nécessitera par conséquent des efforts et des investissements importants pour rendre les systèmes d’information interopérables et, le cas échéant, envisager la mise en place d’une solution unique pour la CHT. Préparation de la phase opérationnelle 1. Quel est le plan d’actions identifié pour mettre en œuvre la coopération ? Le plan d’actions proposé s’articule autour de 3 volets : Consolider la dynamique médicale autour des projets Cadrer la méthodologie de conduite des projets communs à partir des équipes médicales Soutenir la dynamique des projets de coopération engagés et, pour chacun d’entre aux, élaborer un plan d’actions détaillé précisant : - Les objectifs Les porteurs de projet La feuille de route et l’échéancier Les indicateurs de suivi et les modalités d’évaluation 10 Evaluer les opportunités de coopération dans les 4 nouveaux domaines identifiés lors du séminaire du 17 novembre 2009 (pneumologie, chirurgie, imagerie, soins de suite et de réadaptation) Définir le cadre juridique et institutionnel de la CHT Analyser l’impact des évolutions réglementaires récentes et rédiger la convention constitutive de la CHT telle que prévue par l’article L. 6132-2 du Code de la santé publique Examiner l’opportunité de compléter le cadre de la CHT par une structure de type GCS pour la réalisation en commun de certaines activités Définir les modalités de gouvernance et les structures de pilotage de la CHT (préciser la composition des instances de pilotage, les processus de décision et d’arbitrage…) Construire une démarche d’harmonisation des processus et des outils pour chacun des domaines suivants : Les processus de pilotage économique et de contrôle de gestion Les systèmes d’information Les processus qualité La gestion des ressources humaines 2. Quels rapprochements, complémentarités, mises en commun, vont être mis en œuvre ? Le travail réalisé par les équipes médicales au cours de l’année 2009 a permis de dégager les principales orientations des 5 projets de coopération prioritaires. Les maladies endocriniennes, la diabétologie, les maladies du métabolisme et la nutrition Les diabétologues des CH d’Arras, de Béthune, d’Hénin-Beaumont et de Lens ont identifié plusieurs axes de collaboration à approfondir. Leurs travaux ont débouché sur la signature, en septembre 2009, d’une convention de partenariat5 entre les 4 établissements fixant les objectifs suivants : 5 Etablir le projet médical du territoire de l’Artois, dans le champ de la diabétologie, de l’endocrinologie, de la prise en charge des personnes obèses et de l’éducation thérapeutique du patient. Ecrire, filière par filière, le parcours du patient, du dépistage aux prises en charge sur chaque site et, pour les activités de recours, formaliser dans chaque discipline les liens avec les services de recours du bassin de l’Artois et avec le CHRU. La convention est présentée en annexe n°6. 11 Optimiser les ressources médicales et renforcer l’équipe médicale sur le secteur de Lens. Utiliser l’expérience du réseau ville-hôpital de Béthune, dans le domaine de la prévention et de l’éducation thérapeutique du patient en l’étendant progressivement aux secteurs de Lens, Hénin-Beaumont et Arras, en optimisant les ressources existantes et en les coordonnant au sein de chaque secteur et au niveau du bassin. Assurer une couverture de l’ensemble du bassin pour le traitement par pompe à insuline. Coordonner les besoins de permanence et de continuité des soins en lien avec les disciplines partenaires telles la cardiologie, la neurologie vasculaire, la chirurgie vasculaire, la chirurgie urgente et réglée des amputations, et l’ophtalmologie, en décrivant les filières d’amont et d’aval. La cardiologie Les cardiologues des CH d’Arras, de Béthune, de Douai et de Lens ont défini un projet de coopération reposant sur les 6 orientations suivantes : Conforter l’organisation et le fonctionnement en commun des activités d’angiographie Compléter et enrichir la coopération médicale dans le domaine de la rythmologie interventionnelle Repenser l’organisation de la permanence des soins Structurer l’activité de soins de suite de cardiologie autour d’un ou plusieurs sites publics Mettre en place une filière de prise en charge de l’insuffisance cardiaque Identifier sur le territoire de l’Artois le ou les sites de référence pour l’imagerie cardiaque en coupe Le premier chantier mis en œuvre par les 4 établissements partenaires consiste à développer ensemble une activité de pose de défibrillateurs cardiaques implantables. Ce projet repose sur la constitution d’un Groupement de Coopération Sanitaire (GCS)6 qui, à terme, pourra intégrer d’autres activités de cardiologie interventionnelle. La biologie L’état des lieux et l’analyse des opportunités réalisés par les biologistes des CH d’Arras, de Béthune et de Lens ont permis de dégager 4 orientations fondant le projet de coopération : Créer les conditions pour préserver le niveau de performance et d’efficience des laboratoires des centres hospitaliers publics Mettre en place une démarche qualité commune dans la perspective de la certification des laboratoires (norme 15 189) Développer des pôles de compétences susceptibles de répondre aux besoins du territoire et de constituer des éléments d’attractivité pour les jeunes biologistes Conforter le management médical des activités de biologie La neurologie Le CH de Lens participe au projet « Télé-AVC » qui a vocation à couvrir les territoires de l’Artois et du Hainaut. 6 La convention constitutive du GCS est présentée en annexe 7. 12 Motivation du projet Les 4 unités neuro-vasculaires existantes dans l’Artois et le Hainaut (Béthune, Lens, Maubeuge et Valenciennes) ne permettent pas une couverture optimale de ces 2 territoires. Il en résulte pour les patients, en fonction de leur localisation sur ces territoires, une perte de chances accrue et un risque de handicap aggravé. Les objectifs du projet Les équipes de neurologie des CH de Lens et de Valenciennes ont proposé de réorganiser la prise en charge des AVC grâce aux moyens de la télémédecine. Le projet consiste dans un premier temps à mutualiser la permanence médicale. La permanence pourrait ainsi être assurée par l’une des 4 Unités neuro-vasculaires (UNV) qui disposerait alors d’un neurologue de garde sur place. Le patient victime d’un AVC serait orienté vers l’Unité de soins intensifs neuro-vasculaires la plus proche. L’équipe présente sur place aurait recours à l’infrastructure régionale de télé imagerie pour transmettre au neurologue de garde les examens cliniques et neuroradiologiques nécessaires à la décision de déclenchement de la thrombolyse. Par la suite, des transferts de compétences pourraient être organisés pour permettre aux établissements ne disposant pas d’une UNV de pratiquer la thrombolyse. A terme, ces établissements pourraient obtenir la reconnaissance d’une UNV. Mise en œuvre opérationnelle Le projet médical et les solutions techniques sont en cours d’élaboration par 2 groupes de travail. Un comité de pilotage, associant l’ARH Nord Pas-de-Calais, suit l’avancement global du projet. Outre la prise en charge des AVC, la coopération des CH d’Arras, de Béthune et de Lens dans le domaine de la neurologie pourra s’étendre à d’autres thématiques. Les urgences La réflexion des établissements de l’Artois visant à améliorer la prise en charge des urgences s’articule autour des axes suivants : Améliorer le fonctionnement du SAMU et la coordination entre le Centre 15 et les SMUR en : - Renforçant la régulation par la création d’une ligne de garde supplémentaire grâce à la participation des urgentistes des établissements du bassin - Mettant en place un fonctionnement mutualisé des équipes SMUR sur le territoire - Développant le recours aux Transports Infirmiers Inter Hospitaliers (TIIH) Harmoniser l’organisation des services d’urgences au sein de chaque établissement Dans un second temps, participer à la mise en place du réseau des urgences Le séminaire du 17 novembre 2009 a confirmé la poursuite de ces 5 projets de coopération médicale et a identifié 4 nouveaux domaines de coopération possibles : La pneumologie Il existe des besoins de prise en charge importants qui appellent un renforcement des prises en charge de proximité et une organisation des filières entre les établissements de la CHT. 13 La chirurgie La concurrence est très forte sur le territoire dans le domaine de la chirurgie et, pour certaines spécialités, le maintien d’une offre de soins publique n’est pas assuré dans le temps. Dans ce contexte, comment maintenir une offre de qualité ? Comment évoluer vers des équipes communes en lien avec le CHRU de Lille ? Les soins de suite et de réadaptation (SSR) Les établissements de la CHT ne sont pas autonomes en matière de SSR et les solutions proposées ne permettent pas toujours une prise en charge de proximité pour les patients. Les évolutions réglementaires récentes conduisent vers une spécialisation des services de soins de suite et offrent une opportunité aux établissements publics pour se positionner sur des filières spécifiques (hématologie, obésité, endocrinologie notamment). L’imagerie Le contexte de raréfaction des compétences médicales invitent les établissements de la CHT à repenser l’organisation de la permanence des soins, notamment au moyen de la télémédecine. 3. Pour certains projets, la phase de préfiguration a-t-elle permis de rédiger la convention constitutive, de préparer un plan de communication… ? quels sont les outils identifiés et mis en œuvre ? Quelles sont les limites rencontrées, notamment sur le plan juridique ? 2 projets de coopération ont débouché sur des mises en œuvre concrètes au cours de la phase de préfiguration. Les maladies endocriniennes, la diabétologie, les maladies du métabolisme et la nutrition Les diabétologues des CH d’Arras, de Béthune, d’Hénin-Beaumont et de Lens ont mené un travail qui a permis de cibler les enjeux, de repérer les coopérations existantes et d’identifier les axes de collaboration à approfondir. Ce travail a débouché sur des propositions d’actions de coopération. Celles-ci répondent à une logique de réseau et portent principalement sur la définition de niveaux de prise en charge, la création de filières ainsi que la mise en commun d’expertises et de ressources médicales et paramédicales. Le projet médical de territoire ainsi défini a été formalisé dans le cadre d’une convention de partenariat signée par les directeurs, les présidents de CME et les diabétologues des 4 établissements partenaires le 23 septembre 2009. La signature de la convention a fait l’objet d’actions de communication au sein des établissements et également dans la presse (illustrations en annexe n°8). 2 orientations contenues dans la convention vont faire l’objet d’une mise en œuvre prioritaire : L’extension du réseau de prévention Il existe depuis 1999 un solide réseau ville-hôpital de prévention des maladies cardiovasculaires et du diabète sur le secteur de Béthune (association PREVART). La logique de réseau est en revanche peu développée sur les secteurs de Lens, d’Arras 14 et d’Hénin-Beaumont. L’objectif consiste non seulement à mettre en place des réseaux sur ces 3 secteurs avec des professionnels des établissements publics, des généralistes et des spécialistes mais aussi à établir une coordination des projets à venir pour développer l’articulation ville/ hôpital et ainsi garantir une harmonisation des politiques. Le contexte de mise en place des ARS apparaît favorable au montage de dossiers de financement pour permettre d’étendre sur le bassin la dynamique créée par PREVART. L’association PrevaLens a été constituée début 2010 pour porter le projet sur le secteur de Lens. La structuration de la filière de prise en charge de l’obésité Le CH d’Arras et le CH de Béthune, en lien avec le secteur privé pour la prise en charge chirurgicale, proposent une offre de soins complète. En revanche, il existe une carence importante d’offre de premier recours sur le secteur de Lens. L’un des enjeux de la construction de la filière de prise en charge de l’obésité est donc d’améliorer l’accès aux soins des patients du secteur de Lens. Avec le concours des équipes médicales d’Arras et de Béthune, il est proposé d’organiser, sur le site de Lens, la prise en charge médicale de l’obésité et le repérage des patients éligibles au traitement chirurgicale. Les patients pourraient ainsi bénéficier à Lens de la préparation à l’intervention chirurgicale qui serait réalisée au CH d’Arras. La cardiologie interventionnelle Les besoins croissants et l’extension des indications de pose de défibrillateurs cardiaques implantables (DCI) ont justifié en 2009 une révision du SROS et la mise en place d’un appel à candidatures afin d’identifier 3 centres supplémentaires de pose de DCI dans la région Nord Pas-de-Calais, dont un sur le territoire de l’Artois. Le projet conçu par les équipes des CH d’Arras, de Béthune, de Douai et de Lens a débouché sur l’inscription du CH de Lens, pour le compte du GCS constitué entre les 4 établissements, sur la liste des établissements pour lequel l’Assurance maladie prend en charge les DCI. Le projet a rencontré des difficultés liées à l’évolution du cadre réglementaire relatif, d’une part, aux activités de cardiologie interventionnelle et, d’autre part, aux GCS. L’appel à candidatures pour l’inscription sur la liste de l’Assurance maladie constituait en effet un dispositif transitoire dans l’attente de l’application des dispositions des décrets du 14 avril 20097. Le nouveau cadre réglementaire va entraîner une nouvelle révision du SROS et un renouvellement des autorisations avant la fin de l’année 2010. Par ailleurs, la création du GCS entre les 4 établissements intervenait après la promulgation de la loi HPST mais avant la publication du décret d’application relatif aux GCS. L’organisation souhaitée au départ Le cadre juridique a fait obstacle à l’organisation des soins définie initialement. Celle-ci prévoyait un recours au plateau technique du CH de Lens pour la pose des DCI et la surveillance post-interventionnelle immédiate des patients. Après 72 heures d’hospitalisation et sous réserve que la situation hémodynamique du patient soit stabilisée, il était proposé de transférer ce dernier sur le site de l’établissement ayant réalisé la consultation préopératoire. Il était ainsi envisagé de constituer 4 filières distinctes de prise en charge des patients, permettant à chacun des établissements d’assumer la responsabilité des patients 7 Décret n°2009-409 du 14 avril 2009 relatif aux con ditions d’implantation et décret n°2009-410 relatif aux conditions techniques de fonctionnement applicables aux activités interventionnelles sous imagerie médicale, par voie endovasculaire, en cardiologie. 15 qu’il suit habituellement et de facturer directement les séjours correspondant à son activité. Parallèlement, il était proposé que les charges de fonctionnement du GCS soient couvertes par des contributions en nature et/ou financières des établissements membres, réparties au prorata de l’utilisation des services du groupement par chacun d’eux. Les obstacles réglementaires Il est apparu que cette organisation, bien que cohérente du point de vue de la prise en charge du patient, entrait en contradiction avec la réglementation sur les aspects relatifs aux Pharmacies à Usage Intérieur (PUI) et au PMSI. L’organisation décrite précédemment impliquait en effet la prise en charge au sein des installations du CH de Lens, mises à la disposition du GCS, de patients relevant juridiquement des CH d’Arras, de Béthune et de Douai. Or, l’article L 5126-1 du Code de la Santé Publique prévoit que l’activité des PUI est limitée à l’usage particulier des malades des établissements pour lesquels elles ont été constituées. Cette disposition légale s’opposait par conséquent à la possibilité pour la pharmacie du CH de Lens de délivrer des médicaments et des dispositifs médicaux aux patients relevant des 3 autres établissements partenaires du GCS. Par ailleurs, il était nécessaire que chaque établissement dispose de lits identifiés au sein du GCS pour être en mesure d’assurer une facturation directe des séjours. Or, la seule activité de pose de DCI ne permettra pas à court terme d’identifier un lit pour chaque établissement. En outre, l’hypothèse de séjours « multi-sites » pour les patients nécessitant une hospitalisation prolongée allait à l’encontre du principe de rattachement de chaque séjour à un numéro FINESS unique. Les options possibles La possibilité de recourir au mécanisme des prestations inter-établissements a été examinée. Si ce dispositif semblait de nature à répondre aux difficultés observées sur le plan juridique, il ne permettait cependant pas de garantir la sécurité de la prise en charge des patients. Le transfert du patient dans l’établissement d’origine dans les 24 heures suivant la pose du DCI aurait en effet présenté de nombreux risques (risque de déplacement de sonde, risque d’hématome, etc.) susceptibles de mettre en jeu le pronostic vital du patient et d’entraîner des surcoûts importants liés à la nécessaire médicalisation des transports. En l’absence de validation médicale, les prestations inter-établissements ne pouvaient être utilisées dans le cadre du projet de coopération des CH publics de l’Artois. Dans ce contexte, la réalisation des séjours au CH de Lens et le rattachement de l’ensemble des patients à cet établissement sont apparus comme les seules solutions compatibles avec la réglementation relative aux PUI et avec les règles de facturation. Pour préserver l’esprit dans lequel le projet de coopération a été conçu initialement, la facturation directe des séjours par le CH de Lens devait pouvoir s’accompagner de modalités de compensation pour les 3 autres membres du GCS qui contribuent aux charges de fonctionnement. Il importait en effet que l’ensemble des établissements partenaires du GCS puisse bénéficier du développement de l’activité. Or, le GCS de moyens se présente aujourd’hui uniquement comme un outil de répartition de charges. Aucune disposition légale ou réglementaire ne prévoit explicitement la possibilité d’un partage de recettes dans le cadre d’un GCS. La solution consistant pour le CH de Lens à assurer directement la facturation et à reverser une partie des recettes d’activité aux établissements partenaires du GCS a été proposée à l’ARH Nord Pas-de-Calais qui en a accepté le principe. Les statuts du groupement ont ainsi été approuvés par arrêté du directeur de l’ARH en mars 2010. La pérennité du montage devra toutefois être confirmée au regard du décret relatif aux GCS issu de la loi HPST. Les modalités de gestion de cette activité, voire des autres activités de cardiologie interventionnelle, et notamment le titulaire des autorisations, devront en effet être décrites dans le cadre du dossier de renouvellement des autorisations établi en 2010. La poursuite 16 de l’organisation actuelle (autorisation détenue par le CH de Lens et mutualisée au profit de l’ensemble des partenaires dans le cadre du GCS) est souhaitable pour éviter le transfert de l’autorisation au GCS qui, de fait, érigerait ce dernier en établissement de santé. La possibilité de mutualiser, au sein d’un GCS, une autorisation détenue par l’un des membres n’est cependant plus explicitement prévue par la loi HPST. 4. Indicateurs d’évaluation proposés Des modalités d’évaluation et des indicateurs ont été proposés dans le cadre des 2 projets présentés précédemment. La convention relative à la prise en charge des maladies endocriniennes, du diabète, des maladies du métabolisme et de la nutrition prévoit la mise en place d’un Comité de pilotage associant diabétologues, directeurs et présidents de CME des 4 établissements partenaires. Le Comité de pilotage assure le suivi de la convention et en ajuste le contenu le cas échéant. A ce titre, il préciser les plans d’actions nécessaires à la mise en place des actions les plus complexes et évalue les mesures mises en place. En ce qui concerne les activités de cardiologie interventionnelle, la convention constitutive du GCS inclut les dispositifs permettant une évaluation régulière de l’activité et de son équilibre médico-économique. Le règlement intérieur du GCS comporte en outre un volet décrivant le suivi et l’évaluation de la qualité de la prise en charge. A ce titre, les dossiers des patients relevant d’une potentielle indication de DCI, avec ou sans resynchronisation, seront discutés lors de réunions collégiales bimensuelles. Les praticiens intervenant dans le cadre du Groupement participent à des actions d’évaluation de leur activité, notamment en constituant un fichier des patients accessible 24 heures sur 24, en remplissant systématiquement une carte européenne à chaque implantation et en participant au protocole commun d’étude de suivi des DCI. Le groupement mène ainsi une démarche constante d’amélioration de la qualité. Dans le cadre de cette dynamique d’amélioration, des évaluations périodiques seront effectuées et porteront notamment sur l’activité du GCS, la satisfaction des patients, les délais de prise en charge et les événements significatifs. Pour les autres projets, les indicateurs d’évaluation feront partie des plans d’actions qui seront définis dans le cadre de la mission d’accompagnement. 17