LE SEUIL DE RENTABILITE
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LE SEUIL DE RENTABILITE
LE SEUIL DE RENTABILITE 1-définition : Le seuil de rentabilité (ou point mort, ou break-even point) est le niveau d'activité (mesuré par la production, le chiffre d'affaires ou la quantité de biens vendus) pour lequel l'ensemble des produits couvre l'ensemble des charges. A ce niveau d'activité, le bénéfice est donc nul. Le niveau du seuil de rentabilité n'est pas absolu : il dépend de la période temporelle considérée. En effet, la distinction entre coûts fixes et coûts variables ne se justifie qu'au travers d'un jeu d'hypothèses déterminées : par exemple tôt ou tard un coût fixe peut devenir variable. En outre, malgré leur appellation statique, les frais fixes n'ont rien d'immuable : ils augmentent traditionnellement par paliers. Si votre activité se développe au point de nécessiter de nouveaux recrutements, ou si vous déménagez dans des locaux plus spacieux, il faudra bien entendu recalculer vos frais fixes, qui augmentent d'autant. On distingue par ailleurs : · Le point mort opérationnel : c’est le chiffre d’affaires qui couvre les frais fixes et des frais variables de production. Il caractérise la stabilité de l’activité industrielle mais peut faire oublier les coûts de financement. · Le point mort financier : c’est le chiffre d’affaires qui couvre la totalité des coûts (opérationnels et fixes). Il intègre les frais financiers supportés par l'entreprise mais ne tient pas compte du coût des capitaux propres. Le point mort opérationnel est calculé en rapportant les coûts fixes de l'entreprise à la marge sur coût variable ( (CA Coûts variables) / CA ). Le point mort financier s'obtient en ajoutant les frais financiers aux coûts fixes dans la formule précédente. Exemple : une entreprise réalise un chiffre d'affaires de 150 K€ et supporte 90 K€ de frais fixes et 50 K€ de frais variables. Sa marge sur coûts variables est de 150 - 50 = 100, soit un pourcentage du chiffre d'affaires : 100/150 = 66,67%. Le point mort est donc de : 90/66,67% = 135 K€. Dans cet exemple, l'entreprise se situe à 11,1% au-dessus de son point mort. Le calcul d'un point mort et son étude statique permettent d'évaluer la stabilité des profits, la capacité bénéficiaire " normale " de l'entreprise, et l'importance réelle des écarts entre résultats réalisés et résultats annoncés. Le bénéfice est d'autant plus stable et son évolution d'autant plus significative que l'entreprise est éloignée de son point mort. L'analyse de l'évolution du point mort au cours du temps révèle la stratégie industrielle de l'entreprise. La recherche d'économies d'échelle se traduira par une hausse du point mort et donc par une plus grande sensibilité de l'entreprise aux évolutions de la conjoncture économique. La recherche de flexibilité et de souplesse industrielle se traduira par une baisse du point mort, mais peut-être aussi par une moindre rentabilité potentielle. 2-rôle : Il existe autant de seuils de rentabilité que de prix de vente possibles. L'art de la fixation des prix consiste à déterminer le meilleur, ou le moins mauvais, pour la rentabilité de l'entreprise. Tant qu'un produit n'atteint pas son seuil de rentabilité, il perd de l'argent ; quand la situation dure trop longtemps, le produit est généralement retiré du marché. Le calcul du seuil de rentabilité est donc un élément important dans la décision de commercialiser ou de continuer la diffusion d'un produit. Pour une entreprise, la détermination du seuil de rentabilité est nécessaire, car c'est un facteur de décision pour le lancement d'un nouveau produit sur le marché, ou son retrait ; - Il permet de calculer le montant du chiffre d’affaires à partir duquel l’activité est rentable, ou la date à laquelle l'entreprise commencera à faire du bénéfice ; - - Il permet de savoir où se situe la marge réellement dégagée par la société à un moment donné ; Il permet d’étudier le taux de risque de se trouver en déficit, et corrélativement d’apprécier la sécurité dont dispose l’entreprise si la conjoncture devient défavorable ; Il permet de mieux étudier et analyser le rôle et la répartition des charges entre fixes et variables ; notamment il oblige à calculer la marge sur coût variable (MCV), dont l’intérêt est d’éviter les inconvénients de l’imputation des charges fixes aux différents coûts des produits de la société. Si pour conquérir un nouveau marché, l'entreprise doit investir et augmenter ses frais fixes, la prise en compte du seuil de rentabilité permet de décider de l'opportunité de conclure cette affaire. 3-les limites : - c'est un système prévisionnel. La décision dépend donc de la qualité des données entrées dans le calcul de la marge, lui-même fonction du choix des données (quelle dépense est prise en compte ? selon quel critère ?) et de leur exactitude (le contrôle de leur réalité n'est possible qu'a posteriori). - c'est un système normatif : certains coûts sont exclus, d'autres intégrés selon des clés de répartition souvent calculées de manière standard. Il ne représente donc qu'une simplification de la réalité. - et pourtant, c'est un système peu normé : les méthodes sont différentes d'une entreprise à l'autre, ou d'un exercice à l'autre. Il n'existe pas de "catalogue" des coûts à prendre en compte. La comparaison est donc difficile. - c'est un système utile pour effectuer des analyses "Coût Profit Volume" et des simulations de gestion. Dans la plupart des cas, ces analyses se fondent sur une modélisation simplifiée de la réalité. - c'est un système linéaire, c'est-à-dire qu'il fonctionne dans l'hypothèse où l'accroissement des ventes passe par un accroissement des coûts dans la même proportion. Ce système théorique n'existe pas dans la réalité, aucune dépense n'est parfaitement linéaire. Il existe principalement deux effets qui contredisent cette linéarité : l'effet de seuil et l'hétérogénéité des économies d'échelle. Les effets de seuil : les machines ont des capacités de production qui ne peuvent pas être poussées au-delà d'un certain seuil ; pour les dépasser, même de quelques unités, il faudra réinvestir dans une autre machine, ce qui double l'investissement, nécessite de l'espace en proportion plus importante que l'augmentation de production envisagée... L'hétérogénéïté des économies d'échelle : certaines productions peuvent être accrues sans impact sur les coûts. Par exemple, doubler la cadence d'une machine ne double pas nécessairement le coût d'entretien ni la consommation d'énergie ni le nombre d'ouvriers affectés à cette machine. Dans ce cas, la production supplémentaire coûte moins cher que la production initiale, on dit que le coût marginal de production est plus faible que le coût initial. - enfin, en cas de multi-production, il n’est pas possible de calculer un seuil de rentabilité par produit dès lors que les charges fixes sont communes à l’ensemble des produits (ex : les différents tarifs de taxi). - le seuil de rentabilité peut être calculé très simplement dans les entreprises qui revendent en l'état les produits qu'elles ont achetés. Dans les entreprises à production complexe (multiples produits, plusieurs chaînes de transformation...), le calcul suppose la mise en place d'un système d'information analytique. Version au 10/04/2012