Mémoire de Master 2 Influence de l`urbanisation sur la végétation
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Mémoire de Master 2 Influence de l`urbanisation sur la végétation
Mémoire de Master 2 Mention Géographie environnementale Spécialité Systèmes Géographiques et Environnement Influence de l'urbanisation sur la végétation riveraine dans le secteur du Rhin Tortu au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg : Cartographie de l'occupation du sol et de la végétation le long d'un gradient urbain-rural Maxime Burst Sous la direction de : Michèle Trémolières, Professeur à l'Université de Strasbourg Eugénie Schwoertzig, Doctorante au LHYGES Evalué par un jury composé de : Michèle Trémolières Michel Hoff Anne Puissant Juin 2013 Dominique Schwartz Influence de l'urbanisation sur la végétation riveraine dans le secteur du Rhin Tortu au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg : Cartographie de l'occupation du sol et de la végétation le long d'un gradient urbain-rural Maxime Burst Juin 2013 Remerciements Je tiens tout d'abord à remercier Michèle Trémolières, professeur du Laboratoire d'Hydrologie et de Géochimie de Srasbourg (LHYGES) pour m'avoir permis de réaliser ce stage au sein de la Zone Atelier Environnementale Urbaine (ZAEU) sur un sujet passionnant et qui fait face à une des menaces pour la biodiversité les plus importantes de notre temps. Qu'elle en soit vivement remercié, ainsi que pour le suivi et les relectures apportées à ce mémoire. Je remercie également Eugénie Schwoertzig, doctorante au LHYGES, sans qui les travaux effectués dans le cadre de ce mémoire n'auraient pu voir le jour, si ses travaux de thèse n'avaient permis d'engager l'étude de l'influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale à Strasbourg. Qu'elle soit remerciée également pour les discussions que nous avons pu avoir tout au long de ce stage, aidant au développement de ce sujet de mémoire, et pour les commentaires et relectures ayant été apportées à ce document. Je remercie ensuite tout particulièrement Michel Hoff, président de la Société Botanique d'Alsace (SBA) et expert incontournable de la flore d'Alsace, pour les nombreuses données (Extraits de la BD Brunfels, Listes d'espèces par habitats) ayant permis la réalisation de notre étude. Je le remercie également pour les discussions sans lesquelles ce sujet de stage n'aurait peut-être pas vu le jour, et n'aurait permis par conséquent l'avancé des connaissances sur la flore de la capitale alsacienne. Je remercie aussi le Laboratoire Image, Ville, Environnement (LIVE), ainsi que la Communauté Urbaine de Strasbourg, qui nous ont fourni aimablement les données SIG nécessaires à la réalisation de notre étude. Enfin, je tiens également à remercier l'ensemble des membres du Laboratoire de Botanique et d'Ecologie Végétale du LHYGES (Professeurs, Maîtres de conférences, Thésardes et autres Stagiaires), qui se reconnaitront et sans qui le 3ème étage de l'Institut de Botanique serait sans doute moins convivial. Sur ce, je remercie en dernier lieu les lecteurs/lectrices de ce mémoire, pour la curiosité qu'ils/elles ont eu à s'aventurer au sein de ces premières pages, et leur souhaite (en espérant satisfaire leurs intérêts) une bonne lecture pour la suite ! Maxime Burst Table des matières Introduction.........................................................................................................1 1. Etat de l'art............................................................................................................................1 2. Problématiques......................................................................................................................3 3. Concepts élémentaires et zone d'étude................................................................................3 3.2 Les concepts de l'écologie du paysage................................................................................................3 3.2. Intérêts de l'étude de la biodiversité urbaine et des trames vertes.....................................................6 3.1 Définition de la zone d'étude..............................................................................................................8 Chapitre 1 : Cartographie de l'occupation du sol en terme d'habitats et de la végétation par l'utilisation de la télédétection...................................................................10 1. Préambule : Synthèse des méthodes de cartographie de végétation..............................10 1.1 Cartographie de la végétation par accrétion de données..................................................................10 1.1.1 Les grandes bases de données nationales..........................................................................10 1.1.2 Les bases de données régionales : exemple de l'Alsace....................................................13 1.1.2.1 Les avantages de l'accrétion de données...........................................................14 1.1.2.2 Les limites de l'accrétion de données................................................................14 1.2 Cartographie de la végétation par inventaire d'un réseau de mailles................................................16 1.2.1 Exemple de mailles de 5 km² : L'Atlas de la Flore de Lorraine........................................16 1.2.2 Gagnons en précision : exemples de mailles de 1 km².....................................................17 1.2.3 Cartographies à petites échelles : les programmes de sciences participatives..................18 1.3 Limites des méthodes actuelles de cartographie de la végétation....................................................18 2. Matériel et méthodes : Proposition d'une méthode rapide de cartographie des habitats et de la végétation par l'utilisation de la télédétection.........................................................19 2.1 Acquisition des informations géographiques d'occupation du sol....................................................19 2.2 Identification de liens entre occupation du sol et végétation............................................................21 2.3 Acquisition de listes d'espèces par habitat........................................................................................22 2.4 Tables des correspondances et identification des habitats................................................................23 2.5 Cartographie des habitats sous SIG.................................................................................................27 2.6 Cartographie de la répartition des espèces végétales........................................................................30 2.7 Cartographie de la biodiversité végétale..........................................................................................30 3. Résultats...............................................................................................................................32 3.1 Cartographie des habitats..................................................................................................................32 3.2 Cartographie de la répartition des habitats potentiels des espèces...................................................32 3.3 Cartographie de la biodiversité végétale...........................................................................................34 4. Discussion.............................................................................................................................36 4.1 Les limites méthodologiques de notre cartographie........................................................................36 4.2 Affinage de la cartographie des espèces : de l'habitat potentiel à la présence effective..................................................................................................................................................37 Chapitre 2 : Influence de l'urbanisation sur les caractéristiques des habitats et la biodiversité végétale le long d'un gradient urbain-rural...............................39 1. Préambule............................................................................................................................39 1.1 Influence de l'urbanisation sur les habitats et la biodiversité végétale............................................39 1.2 Le gradient urbain-rural...................................................................................................................40 2. Caractérisation du gradient urbain-rural le long du réseau du Rhin Tortu Ziegelwasser.............................................................................................................................42 2.1 Méthodologie....................................................................................................................................42 2.2 Résultats...........................................................................................................................................42 2.2.1 Gradients d'urbanisation et typologie de l'urbain au rural................................................42 2.2.2 Caractéristiques de l'urbain au rural..................................................................................44 2.2.3 Gradients urbains et modèles radioconcentriques.............................................................45 2.3 Discussion.........................................................................................................................................46 3. Influence de l'urbanisation sur les espaces végétalisés....................................................47 3.1 Méthodologie....................................................................................................................................47 3.2 Résultats : Impact de l'urbanisation sur la qualité des espaces végétalisés......................................47 3.2.1 Surface occupée par chaque espace végétalisé.................................................................47 3.2.2 Fragmentation des espaces végétalisés.............................................................................49 3.2.3 Taille moyenne des entités de chaque espace végétalisé..................................................50 3.3 Résultats : Impact de l'urbanisation sur les trames vertes.................................................................52 3.3.1 Surface occupée par la végétation au sein des trames vertes............................................52 3.3.2 Fragmentation et taille moyenne des entités de végétation des trames vertes..................53 3.4 Discussion.........................................................................................................................................55 4. Influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale..................................................58 4.1 Méthodologie...................................................................................................................................58 4.2 Résultats : Influence de l'urbanisation sur la richesse spécifique moyenne des sites.......................60 4.3 Résultats : Influence de l'urbanisation sur la richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés...............................................................................................................................................60 4.3.1 Richesse spécifique moyenne des différents types d'espaces végétalisés.........................60 4.3.2 Richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés au sein des trames vertes............62 4.4 Résultats : Influence de l'urbanisation sur la composition spécifique..............................................63 4.4.1 Richesse moyenne en espèces spécialistes des sites.........................................................63 4.4.2 Richesse moyenne en espèces spécialistes au sein des espaces végétalisés.....................64 4.4.2.1 Richesse moyenne en espèces spécialistes des différents types d'espaces végétalisés.....................................................................................................64 4.4.2.2 Richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés au sein des trames vertes..............................................................................................65 4.5 Discussion.........................................................................................................................................66 Conclusions et perspectives.............................................................................69 Bibliographie......................................................................................................71 Annexes...............................................................................................................76 Liste des figures Figure 1 : Schéma des unités du paysage................................................................................................4 Figure 2 : Localisation de la zone d'étude le long du réseau du Rhin Tortu - Ziegelwasser...................9 Figure 3 : Répartition en France d'Acer campestre...............................................................................11 Figure 4 : Répartition départementale d'Acer campestre.......................................................................12 Figure 5 : Répartition d'Acer campestre par mailles de 10 km²............................................................12 Figure 6 : Répartition d'Acer campestre par communes en Alsace.......................................................13 Figure 7 : Cartes de la densité de relevés par km² et du nombre d'espèces par km² dans le canton de Zurich......................................................................................................................................................15 Figure 8 : Densité de relevés floristiques et biodiversité totale par quadrats de 500 mètres de côté au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg......................................................................................16 Figure 9 : Répartition d'Acer campestre en Lorraine.............................................................................17 Figure 10 : Nomenclature des surfaces végétalisées et caractéristiques de distinction.........................21 Tableau 11 : Typologie des espaces de l'AITF et analogies avec la typologie d'habitats CORINE Biotopes..................................................................................................................................................22 Tableau 12 : Listes des habitats et richesse spécifique associée de la flore urbaine de Strasbourg......23 Tableau 13 : Tables des correspondances entre les classifications d'occupation du sol et les habitats inventoriés...............................................................................................................................................25 Tableau 14 : Extrait de la classification des habitats.............................................................................26 Tableau 15 : Extrait des interactions entre les différents habitats et définition de habitats complémentaires.....................................................................................................................................28 Tableau 16 : Extrait de la table de présence/absence des espèces par habitat.......................................31 Figure 17 : Distribution des habitats au sein du site RT1......................................................................32 Figure 18 : Habitats potentiels de Acer campestre au sein du site RT1................................................33 Figure 19 : Habitats potentiels de Azolla filiculoides au sein du site RT1............................................34 Figure 20 : Potentiel de biodiversité au sein du site RT1......................................................................35 Figure 21 : Potentiel en espèces spécialistes au sein du site RT1.........................................................35 Figure 22 : Modèles radioconcentriques de l'urbain au rural................................................................41 Figure 23 : Analyse en Composantes principales de la répartition de nos sites d'études.....................43 Tableau 24 : Typologie de l'urbain au rural...........................................................................................44 Figure 25 : Pourcentages d'occupation du sol par chacun de nos grand types d'habitat le long du gradient urbain-rural...............................................................................................................................45 Figure 26 : Gradient urbain-rural et distance au centre-ville (cathédrale de Strasbourg)......................46 Figure 27 : Pourcentage de chaque type d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation.......48 Figure 28 : Fragmentation des espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation.........................49 Figure 29 : Fragmentation de chaque type d'espace végétalisé le long du gradient d'urbanisation......49 Figure 30 : Taille moyenne des entités d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation.........50 Figure 31 : Taille moyenne des entités de chaque type d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation...................................................................................................................................51-52 Figure 32 : Pourcentage de végétation aux abords des structures linéaires...........................................53 Figure 33 : Fragmentation des espaces végétalisés le long de 3 types de structures linéaires..............54 Figure 34 : Taille moyenne des entités de végétation le long de 3 types de structures linéaires..........54 Figure 35 : Calcul de l'indice BioMOS..................................................................................................58 Figure 36 : Schéma de l'automatisation des calculs de richesse spécifique..........................................59 Figure 37 : Richesse spécifique moyenne des sites le long du gradient urbain-rural............................60 Figure 38 : Richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural....61 Figure 39 : Evolution de la richesse spécifique moyenne pour les différents types d'espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural............................................................................................62 Figure 40 : Richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés aux abords de structures linéaires et le long du gradient urbain-rural........................................................................................ .....................63 Figure 41 : Richesse moyenne en espèces spécialistes le long du gradient urbain-rural......................63 Figure 42 : Richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural.............................................................................................................................................64 Figure 43 : Evolution de la richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural..........................................................................................................................65 Figure 44 : Richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés aux abords de structures linéaires et le long du gradient urbain-rural............................................................................................65 Introduction 1. Etat de l'art En l'espace de 11 années, la population mondiale est passée de 6,1 milliards en l'an 2000 à une évaluation dépassant les 7 Milliards au 31 Octobre de l'année 2011 (ONU 2011a). Si les taux de natalité actuels restent constants, les estimations concernant la population mondiale devrait dépasser les 10 Milliards en 2100 (ONU 2011a). Cette population historiquement rurale (attelée au travail de la terre) a subi notamment au cours des deux derniers siècles la révolution industrielle et de nombreux exodes ruraux, entraînant un accroissement des populations urbaines. Cet accroissement n'a ainsi cessé d'augmenter jusqu'à ce jour, et en 2008 pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, plus de la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain (Clergeau 2007). Les villes se sont alors densifiées avec une concentration de leur population au sein de surfaces réduites, permettant ainsi dans des contextes souvent belliqueux, l'établissement de défenses et la réalisation de ceintures de remparts défensifs. Plus récemment, avec la pacification des tensions et l'ouverture de nombreuses frontières, notamment depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les villes ont alors pour la plupart perdu leurs aspects défensifs et ont vu se développer de nouveaux quartiers au sein de leur périphérie. Après les années 1960 et la création de nombreux habitats collectifs, l'étalement urbain s'est fortement accéléré avec plus récemment le désir d'accession des populations à des propriétés individuelles. L'étalement urbain est ainsi plus rapide que l'augmentation de la population (ONU 2011b) et constitue aujourd'hui une menace importante pour les habitats naturels. Concernant la France, en 2006, 3 régions présentaient alors plus de 10 % de territoires artificialisées ; l'Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais et l'Alsace avec respectivement 21 %, 13,5 % et 10,1 % (Corine Land Cover 2006). Les habitats naturels et la biodiversité qu'ils hébergent, sont alors de plus en plus soumis aux menaces de l'urbanisation, qui se traduisent : - d'un côté, par la réduction et/ou la disparition d'habitats naturels et semi-naturels responsable d'une perte directe de biodiversité, - de l'autre, par la fragmentation et la déconnexion des habitats entre eux à l'origine d'une perte différée ou indirecte de biodiversité. En France, pour essayer de pallier aux pertes de biodiversité, de nombreux outils réglementaires ou d'inventaires ont été mis en place (MNHN 2013). On peut citer comme outils réglementaires, les parcs nationaux, les parcs naturels régionaux, les réserves naturelles nationales et régionales, les arrêtés de protection du biotope, les sites Natura 2000,..., et en tant qu'outils d'inventaires, les Zones Naturelles d'Intérêts Ecologiques, Faunistiques et Floristiques (ZNIEFF) de type 1 et 2, les listes rouges de l'Union Internationale de 1 Conservation de la Nature (UICN), ou encore les secteurs recensées à l'inventaire des zones humides remarquables, etc,... L'inconvénient majeur de ces outils réglementaires et d'inventaires est de ne proposer qu'une protection au niveau des entités (tâches) d'habitats, et de ne permettre une connaissance approfondie de la biodiversité qu'au sein de ces dernières, sans s'intéresser aux liens entre elles. Cela revient par conséquent à enrayer la perte directe de biodiversité au niveau de ces tâches d'habitats, sans prendre en compte la perte différée ou indirecte de biodiversité. En ville, les espaces verts, notion introduite dans les textes réglementaires depuis 1961 (Mehdi et al., 2012) constituent les principaux îlots de "Nature" de surfaces conséquentes dans le tissu urbain (Mehdi & Di Pietro 2009). Les Espaces Verts Publics (EVP) rassemblent ainsi "les espaces non bâtis, végétalisés, gérés par le service des espaces verts d'une commune et ouverts au public" (Mehdi 2010). Malgré leur importance sans cesse démontrée, que ce soit en termes des services écosystémiques (épuration de l'air, modération des températures,...), de services sociétaux (supports d'activités sportives, jardins de subsistance,...) ou en terme d'agréments (arbres d'alignements, parcs de détente, jardins ornementaux,...) (Rankovic, Pacteau & Abadie 2012), les espaces verts urbains ne bénéficient cependant d'aucune protection et restent soumis à une importante pression du foncier. Leur biodiversité est alors également soumise à de nombreuses pressions, comme les fréquentations intensives (Mehdi 2010), les modes de gestions non raisonnés (fauches et tontes trop régulières, utilisation des phytosanitaires,...), ou encore les aménagements d'espaces verts (encore trop souvent réalisés sans réflexion autour de leur possible mise en réseau). Par leur isolement au sein d'une matrice urbaine le plus souvent défavorable et leurs tailles souvent modestes dans le cœur des villes, ces espaces verts sont par conséquent voués à l'accueil d'une biodiversité restreinte, et à terme à une perte différée de leur biodiversité (Burel & Baudry 1999). La Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS), est une structure intercommunale française existante depuis le 4 Décembre 1967 et regroupant 28 communes. Au dernier recensement de 2006, la ville de Strasbourg comptait à elle seule 272 975 habitants, ce qui en fait la 7ème ville française la plus peuplée selon L'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Toujours selon l'INSEE, l'ensemble de la communauté urbaine présentait quant à elle 452 509 habitants au recensement de 1999 mais sa population n'a cessée d'augmenter depuis, entraînant un étalement urbain constant (ADEUS-AURM 2007). Les risques de conurbations entre les différentes communes de la CUS sont par conséquent très élevés aujourd'hui. En raison de l'important réseau hydrographique traversant le territoire de la CUS (on peut citer l'Ill, la Bruche, le Rhin Tortu ou encore le canal du Rhône au Rhin), nous avons fait le choix de mener une étude sur la biodiversité végétale le long du réseau du Rhin Tortu Ziegelwasser (secteur sud de la ville). En effet, cette étude a pour vocation a s'inscrire dans le cadre d'un travail de thèse, dont l'objet est l'étude du rôle des corridors fluviaux dans la dynamique de la biodiversité végétale urbaine (Eugénie Schwoertzig 2013 -2016). Nous entendons par réseau, le complexe composé du Rhin Tortu (de son origine située au niveau du 2 plan d’eau de Plobsheim à sa confluence avec l’Ill) et sa diffluence le Ziegelwasser, tous deux anciens bras du Rhin. Ce réseau de cours d'eau orienté Nord-Sud, permet ainsi d'entrevoir un gradient d'urbanisation du centre-ville à la périphérie. Le long de ces cours d'eau, nous tenterons d'étudier l'influence de l'urbanisation sur les habitats "d'espaces verts" et la biodiversité végétale qu'ils hébergent. Afin de comparer ces espaces verts tout au long du gradient d'urbanisation, et afin de lever toutes ambiguïtés, nous définirons par la notion "d'espaces végétalisés", l'ensemble des habitats dit de végétation des milieux urbains aux milieux ruraux. L'étude des métriques d'écologie du paysage telles que la surface occupée par les habitats, leur fragmentation ou encore la taille de leurs entités, permettront alors d'envisager la disponibilité en habitats végétalisés et des liens existants entre eux. Cependant l'étude de ces métriques nécessite la connaissance préalable de la répartition des habitats et des espèces au sein des villes. 2. Problématiques Les questions auxquelles nous tenterons de répondre sont : - Comment accéder rapidement à la répartition des habitats et des espèces végétales en milieu urbain ? - Existe-t-il un gradient continu d'urbanisation le long du réseau du Rhin Tortu Ziegelwasser ? - Quelles sont les influences de l'urbanisation sur les habitats et la biodiversité végétale ? En conséquence, nous proposons une étude en 2 chapitres complémentaires : - Dans le premier nous présenterons une méthode de cartographie pour accéder aux données de répartition des habitats et des espèces. - Dans le second nous évaluerons l'influence de l'urbanisation sur les habitats et la biodiversité végétale au niveau du réseau du Rhin Tortu - Ziegelwasser. 3. Concepts élémentaires et zone d'étude 3.1 Les concepts de l'écologie du paysage L'intérêt croissant concernant la prise en compte de la perte différée de biodiversité a permis l'apparition, dès le milieu des années 1980, de concepts nouveaux, et le développement d'une science nouvelle : l'écologie du paysage (Forman & Godron 1986, Burel & Baudry 1999). En intégrant les activités humaines au sein de l'écologie au travers d'une approche géographique à l'échelle des paysages, l'écologie du paysage permet alors de proposer des 3 méthodes d'études et des applications concrètes pour enrayer cette perte de biodiversité. Elle permet ainsi de s'intéresser aux liens et aux flux d'espèces entre les différentes tâches d'habitats, indispensables au maintien des populations. Les tâches d'habitats forment alors des "noyaux de biodiversité" (COMOP 2010), plus ou moins isolés au sein d'une matrice, et pouvant être connectés par des corridors plus ou moins linéaires (figure 1). Figure 1 : Schéma des unités du paysage (Liénard & Clergeau 2011) Les habitats favorables à la présence d'une espèce, forment ainsi des "tâches" ou noyaux d'habitats au sein d'une matrice d'habitats lui étant plutôt défavorable. L'ensemble des différents habitats pouvant être exploités par une espèce forment alors "l'adresse" (Ramade 2002) de sa niche écologique fondamentale, c'est à dire les emplacements particuliers où une espèce se rencontre. L'ensemble des conditions physico-chimiques du milieu nécessaires à la présence d'une espèce caractérisent alors la niche écologique fondamentale (selon Hutchinson 1957) sans prise en compte de la fonction des espèces. L'évolution du concept de niche écologique prend aujourd'hui en compte cette fonction ou "profession" de l'espèce au sein de l'habitat (Ramade 2002), dépassant ainsi largement la simple notion de niche écologique fondamentale. Par conséquent, nous nous en tiendrons ici à la définition de Hutchinson et pour lever toutes ambiguïtés, nous parlerons "d'habitats potentiels" des espèces sans aborder les notions plus complexes de "niches écologiques". Lorsqu'une espèce peut exploiter différents habitats, on parlera alors d'espèces généralistes, caractérisées par une large amplitude écologique, leur permettant ainsi de s'établir dans de nombreux habitats, mais également au sein des interfaces de ces derniers. Lorsqu'au contraire, une espèce ne peut exploiter qu'un seul habitat, on parlera alors d'espèces spécialistes, dont les amplitudes écologiques plus restreintes conditionneront ces espèces au sein de niches écologiques plus réduites (Vallet 2009). 4 Pour établir le lien entre les différentes tâches d'habitats, l'écologie du paysage s'attache particulièrement à étudier (Burel & Baudry 1999) : - La quantité d'habitats disponibles (surface totale favorable à une espèce) Permet ainsi de quantifier les surfaces relatives à chaque habitat et de décrire leurs évolutions au cours du temps, ainsi que de mettre en évidence les phénomènes de raréfaction d'habitats : tel est le cas des zones humides, ce qui a notamment conduit à un traité international visant à leur conservation et utilisation durable le 2 février 1971, la Convention de Ramsar (Ramsar 2013). - La fragmentation (Nombre d'entités ou tâches d'habitats favorables à une espèce) Permet d'évaluer le nombre d'entités d'habitats constituant la surface totale d'habitats disponibles. Selon la répartition spatiale de cette surface, le nombre d'entités peut ainsi varier très largement, ce qui peut jouer un rôle essentiel dans le maintien des populations. En effet, plus la fragmentation est importante, plus les surfaces de chacune des entités d'habitats diminuent, ce qui limite l'espace au sein de ces entités pour le maintien de populations viables. - La taille des tâches d'habitats (surface des entités d'habitats disponibles, moyenne des surfaces des entités) Va jouer un rôle important dans le maintien des populations. Ce précepte est dérivé de la théorie biogéographique des îles (MacArthur & Wilson 1967), maintes fois reprise, qui indique qu'un habitat de grande taille est sujet à un taux d'extinction plus faible et possède par conséquent une richesse spécifique plus grande qu'un habitat équivalent de petite taille. Cette théorie peut alors être appliquée au milieu urbain, considérant des "îlots d'habitats" au sein d'un "océan" de matrice urbaine. Mais l'écologie du paysage s'attache également à étudier : - La relation spatiale entre les tâches : la connectivité (distances entre les entités ou tâches d'habitats favorables à une espèce) Toujours selon les enseignements de la théorie biogéographique des îles, la distance entre les entités d'habitats va également jouer un rôle dans le maintien de la biodiversité. En effet, plus les entités d'habitats sont éloignées, plus les flux d'individus ou de diaspores sont réduits, et entraînent par conséquent une diminution du taux de colonisation possible pour les entités d'habitats, ne permettant pas ainsi de contrebalancer les effets des extinctions (Mac Arthur & Wilson 1967). - L'ensemble de la mosaïque d'habitats : l'hétérogénéité (diversité des entités ou tâches d'habitats favorables à une espèce et complexité de leurs relations spatiales) La variété indique alors le nombre d'éléments présents, la diversité donne leur proportion respective en surface et l'hétérogénéité permet alors d'appréhender leurs relations spatiales. L'hétérogénéité est alors importante pour évaluer les potentialités de disséminations 5 des espèces, notamment généralistes et pouvant transiter et s'établir au sein de plusieurs habitats. 3.2. Intérêts de l'étude de la biodiversité urbaine et des trames vertes Face à l'urbanisation croissante et l'étalement urbain galopant, de plus en plus de projets s'intéressant à la biodiversité urbaine voient le jour depuis les années 2000, tel que les projets ECORURB (2003-2012), Sauvages de ma rue (2011-en cours) ou encore la Zone Atelier Environnementale Urbaine (2010-en cours) ! Parmi ces projets, le programme de recherche ECORURB (ECOlogie du RUral à l'URBain) qui a associé 9 équipes de recherche de l'INRA, du CNRS, des Universités Rennes 1 et Rennes 2, ainsi que les collectivités Rennes métropole et la ville de Rennes, fait office de précurseur en la matière sur le territoire français. Il a visé ainsi, depuis 2003, à comprendre les effets de l'urbanisation sur la biodiversité locale et sur l'émergence de risques biologiques au sein de deux villes du Grand Ouest français (Rennes et Angers). Les conclusions de ce programme ont notamment permis de révéler la présence d'une importante biodiversité en milieu urbain, souvent plus importante qu'en périphérie, démontrant ainsi l'intérêt d'intégrer cette biodiversité et les menaces pesant sur elle pour une conservation globale de la biodiversité (Clergeau 2011, Croci 2008, Vallet 2009). Ainsi, les villes apparaissent de plus en plus comme des espaces où l'Homme et la biodiversité peuvent cohabiter, et les études sociologiques menées dans le cadre d'ECORURB montrent qu'elles font face à une demande sociétale en terme de "Nature" de plus en plus importante (Clergeau 2007). De nombreuses villes ont entrepris, depuis parfois plusieurs décennies, l'inventaire de leur biodiversité végétale. On peut citer, outre la ville de Strasbourg (Hoff 2012), les villes proches de Mulhouse (Rastetter 1982) et plus récemment de Nancy (Klein 2009). Outre l'intérêt de posséder un état des lieux de la biodiversité sur son territoire, ces inventaires sont essentiels à la compréhension de l'évolution de la biodiversité d'un territoire et l'évaluation à l'avenir des impacts de l'urbanisation. Ces inventaires au sein de chaque ville, forment alors un pré-requis indispensable pour connaître les disparités locales de la flore, et ainsi pouvoir agir en faveur de la conservation d'un patrimoine naturel identitaire. Se pose alors les questions relatives à ces demandes : Quelle biodiversité pour les villes ? L'espace urbain, puits ou source de biodiversité ? Comment concilier urbanisation et conservation de la biodiversité ? Au vu des derniers travaux s'intéressant à la biodiversité urbaine, réalisés majoritairement au sein de la dernière décennie, les habitats urbains sont en apparente contradiction entre plusieurs phénomènes : L'importante hétérogénéité du milieu urbain offre de nombreux habitats et permet d'héberger une importante biodiversité au sein des villes (Savard et al. 2000). Celle ci est toutefois nuancée par l'homogénéité relative des habitats entre les villes (en raison de l'anthropisation des sols et des gestions particulières de la végétation à l'origine des habitats urbains "semi-naturels" dont les espaces verts) 6 La fragmentation des habitats (Forman & Godron 1986, Burel & Baudry 1999) et sa composante la taille des habitats peuvent être à l'origine d'un déclin de la biodiversité. En effet, la réduction de la taille des habitats entraîne indubitablement la réduction du rapport surface de l'habitat/surface de sa lisière, ce qui a pour conséquence l'augmentation de "l'effet lisière" au sein de ces habitats (Clergeau 2011). L'effet lisière se traduit alors en théorie par un appauvrissement en espèces "spécialistes" de l'habitat et une augmentation de la proportion en espèces dites "généralistes" ayant une large niche écologique et pouvant exploiter plusieurs types d'habitats (Clergeau 2011, Vallet 2009). L'homogénéisation biotique (Abadie 2008, Kühn & Klotz 2006, Schwartz, Thorne & Viers 2006), qui se traduit par une augmentation de la similarité des espèces entre les villes, mais aussi au sein même des villes, par l'apport involontaire d'espèces indigènes généralistes (avec les grandes voies de communication) et l'apport plus ou moins volontaire d'espèces exotiques cultivées et pouvant s'échapper des cultures devenant ainsi subspontanées (Persiaux 2008, Lambinon, Delvosalle & Duvigneaud 2012). Les espèces indigènes généralistes et exotiques, souvent à larges amplitudes écologiques, s'adaptent par conséquent relativement bien aux villes et tendent à entraîner une uniformisation de la végétation, contrebalançant ainsi les effets de l'hétérogénéité. Toutefois les flores des villes divergent cependant encore en raison de leur positionnement géographique, de leurs paysages, des conditions écologiques existantes au sein de leurs habitats et de l'histoire de leurs habitats ! En parallèle, les habitats ruraux, originellement riches en biodiversité, de par l'hétérogénéité des habitats et des conditions locales qui les animaient jusqu'à ces dernières décennies (exploitation sous forme de polyculture-élevage), tendent aujourd'hui à une fragmentation croissante de leur végétation de par l'étalement urbain et la conversion des terres agricoles à des modes d'exploitation de type monoculture de céréales (Maïs, blé,...). Cette fragmentation conduit à une réduction voire une disparition de grandes surfaces d'habitats naturellement riches en biodiversité telles que les prairies sèches ou encore les prairies humides. En Alsace, les prairies humides typiques des Rieds, sont aujourd'hui menacées par le remblaiement de ces zones humides inondables pour la mise en place de monoculture de Maïs (Alsace Nature 2010). De plus, l'usage intensif de produits phytosanitaires au sein de parcelles cultivées tend à une uniformisation de la flore par élimination des adventices des cultures, aggravant encore la perte de biodiversité en milieu agricole. Dans un objectif de conservation de la biodiversité, nous pouvons alors nous poser l'interrogation suivante : Quels rôles pour les habitats urbains et ruraux dans la conservation de la biodiversité ? Il apparaît alors que les villes (très hétérogènes par rapport aux campagnes en voie d'uniformisation) pourraient passer du statut de milieu hostile pour la biodiversité végétale, à 7 celui de "zones refuges" pour la biodiversité, si les différents habitats urbains étaient accessibles aux espèces végétales. En effet, le problème clé caractérisant actuellement le milieu urbain, réside dans la fragmentation et l'hétérogénéité importante des habitats, réduisant ainsi fortement la connectivité et les flux possibles entre espèces (Jongman 1995). En conséquence, les habitats sont fortement soumis aux pertes différées de biodiversité (par extinctions) du fait de leurs isolats au sein d'une matrice défavorable (MacArthur & Wilson 1967, Burel & Baudry 1999). Ces extinctions sont alors d'autant plus élevées que les surfaces des tâches d'habitats sont réduites (Liénard & Clergeau 2011). Afin d'identifier, de maintenir et le cas échant de rétablir les corridors biologiques nécessaires aux flux d'espèces et à la dissémination de leurs diaspores, de grands projets de trames vertes et bleues ont été lancés sur le territoire national. Ces projets ont été engagés suite aux préconisations du Comité Opérationnel Trame Verte et Bleue (COMOP 2010), chargé par l'Etat à la suite du Grenelle de l'Environnement en 2007, de définir les voies, moyens et conditions de mise en œuvre de la Trame Verte et Bleue au niveau national. Le projet de loi « Grenelle 2 « portant engagement national pour l’environnement rappelle ainsi (1) le rôle des corridors pour la préservation de la biodiversité et (2) intègre les continuités écologiques dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) (COMOP 2010). Depuis, la conception et la mise en place de ces trames ont fait l'objet de plusieurs projets, en témoignent les financements accordés par l'ANR Trames Vertes Urbaines (2009-2012). La mise en place de trames vertes urbaines devrait par conséquent constituer à l'avenir une priorité pour enrayer la perte de biodiversité. Par leur rôle clé pour lutter contre les pertes différées de biodiversité, les concepts, méthodes et applications de l'écologie du paysage constituent alors aujourd'hui la base des réflexions concernant la mise en place de ces trames vertes et bleues. En ce sens, la cartographie d'habitats que l'on présentera dans le premier chapitre devrait apporter des éléments de réflexion concernant les potentialités (en termes d'habitats et de biodiversité) de la Communauté Urbaine de Strasbourg. Nous pourrons alors étudier dans un premier temps l'influence de l'urbanisation sur les habitats et la biodiversité végétale à partir des métriques d'écologie du paysage extraites de ces cartographies, et dans un second temps étudier plus en détail l'influence de l'urbanisation sur la qualité de trames vertes potentielles (objet du second chapitre). 3.3 Définition de la zone d'étude Dans le cadre du programme ECORURB 2003-2012, un échantillonnage de sites au niveau des agglomérations de Rennes et Angers a été réalisé au sein de boisements d'environ 1 hectare. La matérialisation d'un gradient d'urbanisation s'est alors effectuée en se basant sur des modèles radioconcentriques allant du centre à la périphérie. Pour accéder à l'influence des métriques d'écologie du paysage, l'occupation du sol a été cartographiée dans un rayon de 500 mètres autour de chacun des sites. Le choix de cette distance de 500 mètres a été motivé par les considérations selon lesquelles cette distance représente la distance maximale de dispersion de la plupart des espèces (Clergeau 2011, Vallet 2009). 8 Dans notre cas, afin d'étudier l'influence de l'urbanisation sur les habitats et la biodiversité végétale de la Communauté Urbaine de Strasbourg, nous avons choisi d'échantillonner 15 sites allant de l'urbain au rural en espérant matérialiser un gradient. Contrairement au programme ECORURB s'intéressant aux sites de bois urbains, et en lien avec les potentialités naturelles offertes par les nombreux cours d'eau confluents au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg (ADEUS 2010), les sites d'étude ont été échantillonnés le long de corridors fluviaux formés par les anciens bras du Rhin du réseau Rhin Tortu Ziegelwasser. En effet, comme mentionné précédemment, l'orientation Nord-Sud du Rhin Tortu de son aval confluent avec l'Ill à son amont prenant source au niveau du plan d'eau de Plobsheim et respectivement du centre ville à la périphérie, a motivé notre choix. Nous avons également choisi de positionner 3 sites le long de la diffluence du Ziegelwasser, se séparant du Rhin Tortu au sein du quartier de la Meinau pour se jeter 3 kilomètres plus loin dans le canal de l'Ill au Rhin au niveau des vestiges de l'ancienne citadelle Vauban (ADEUS 2010). Les sites d'études ont alors été pré-échantillonnés par photo-interprétation d'un orthophotoplan, de façon à être à peu près équidistants entre eux des plus urbains aux plus ruraux et ce sur plus de 10 kilomètres, pour ensuite être visités sur le terrain et géolocalisés au sein d'un habitat de berge le plus homogène possible. Des surfaces de 500 mètres de rayon ont alors été définies autour de chacun des sites pour identifier l'occupation en terme d'habitat et de pouvoir accéder aux métriques d'écologie du paysage nécessaires à notre étude. La zone d'étude retenue, localisée dans la partie sud de la Communauté Urbaine de Strasbourg, peut alors être visualisée ci-dessous (figure 2). Figure 2 : Localisation de la zone d'étude le long du réseau du Rhin Tortu - Ziegelwasser 9 Chapitre 1 Cartographie de l'occupation du sol en termes d'habitats et de la végétation par l'utilisation de la télédétection 1. Préambule : Synthèse des méthodes de cartographie de végétation Actuellement, en France, 2 méthodes permettant d'accéder à une cartographie de la végétation sont mises en œuvre : Une première, souvent la plus utilisée, consiste en une accrétion de données d'observations d'espèces végétales au sein d'une base de données. Une seconde, émergente, consiste en la réalisation d'inventaires de végétation de façon homogène au sein d'un système de mailles plus ou moins fines quadrillant l'ensemble d'un territoire. 1.1 Cartographie de la végétation par accrétion de données Dans ce cas, les observations servant à alimenter la base de données proviennent en majorité de la bibliographie et de relevés de végétation existants. Le travail consiste en une extraction des données d'observations d'espèces végétales et d'informations concernant la localisation de ces observations ou du moins des relevés de végétation afférents. Selon les précisions apportées, ces données peuvent alors être géolocalisées par leurs coordonnées GPS grâce à l'utilisation d'un Système d'Information Géographique (SIG) et pour les plus anciennes par photo-interprétation d'un orthophotoplan provenant de l'acquisition d'images aériennes ou satellitaires. Ainsi, des coordonnées X et Y (longitude et latitude) peuvent être attribuées à chaque observation ou relevé suivant un système de projection. Signalons, Universal Transversal Mercator (UTM), Lambert I, Lambert 2, Lambert II étendu, etc,... Cette méthode permet ainsi la réalisation de grandes bases de données à partir de la littérature plus ou moins abondante selon les régions, et d'établir à partir de celle-ci des cartographies de végétation à grande échelle. 1.1.1 Les grandes bases de données nationales Parmi les principaux projets utilisant cette méthode d'accrétion de données, on peut citer: - La Banque de données Botaniques et Ecologiques "SOPHY", créée et alimentée en nouvelles données par les membres de l'Association d'Information Appliquée à la Botanique (AIAB). Cette base de données a pour but de compiler l'ensemble des données issues des relevés phytosociologiques réalisés sur le territoire de France métropolitaine, et permet par conséquent d'accéder à des données concernant l'abondance des espèces et de caractériser leur cortège floristique (figure 3). 10 Figure 3 : Répartition en France d'Acer campestre (AIAB 2013, en ligne) - La banque de données phytoécologiques forestières de l'ENGREF "EcoPlant", créée et alimentée par l'équipe Ecologie Forestière (LERFOB) de l'ENGREF à Nancy. Elle est axée uniquement sur les habitats forestiers et est destinée à structurer, gérer et permettre l'utilisation des informations contenues dans les relevés phytoécologiques ayant été réalisés dans le cadre des typologies de stations forestières, de thèses ou issues de réseaux de placettes forestières (réseau européen, Renecofor). L'un des principaux atouts de cette base de données est de permettre d'accéder à l'écologie des espèces végétales par la cartographie des principales variables influent directement sur la vie des végétaux comme le pH, la nutrition minérale (Ca, Mg, Na, K échangeables), azotée (C/N, NH4, NO3) ou phosphorée (P2O5); la toxicité (Al et H échangeables) ou encore la réserve utile et l'hydromorphie du sol, cela à partir de la récolte d'échantillons de sol analysés en laboratoire au sein des placettes. - La Flore électronique en ligne "eFlore", créée et alimentée par les membres du réseau de l'association Tela Botanica basée à Montpellier. Elle constitue actuellement la source d'informations sur la Flore de France la plus complète mise en ligne. Elle propose 2 types de cartographies à l'échelle de la France. La première concernant la chorologie départementale avec des données concernant la présence/absence des espèces, issue de l'accrétion de données coordonnée par Philippe Julve (Université Catholique de Lille) pour chaque département avec la collaboration de spécialistes régionaux (figure 4). 11 Figure 4 : Répartition départementale d'Acer campestre (Tela botanica 2013, en ligne) La seconde propose une cartographie des observations par espèce, toujours à l'échelle de la France, par la combinaison de données issues de la base de données "SOPHY", des prospections flore du Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon pour la zone méditerranéenne, et des observations publiques saisies par les membres de Tela Botanica dans l'outil de Carnet en Ligne proposé par le site de l'association (figure 5). Figure 5 : Répartition d'Acer campestre par mailles de 10 km² (Tela Botanica 2013, en ligne) 12 Les cartographies issues de cette méthode d'accrétion de données se font donc le plus souvent à grandes échelles, sur l'ensemble du territoire de la France, et les observations d'espèces végétales sont alors représentées soient en terme de présence/absence, soit d'abondance relative, sur des surfaces allant du département à des mailles pour les plus fines de 10 km². 1.1.2 Les bases de données régionales : exemple de l'Alsace Au niveau régional, des cartographies plus fines peuvent alors être proposées par la méthode de l'accrétion de données. Ainsi, dans le Grand Est de la France, nous pouvons citer l'Atlas de la Flore d'Alsace issu de la base de données "Brunfels", créé et alimenté par les membres de la Société Botanique d'Alsace basée à Strasbourg. Cet Atlas propose alors une répartition d'observations d'espèces végétales par communes sur l'ensemble de la région Alsace et certaines communes limitrophes (figure 6). Figure 6 : Répartition d'Acer campestre par commune en Alsace (Relevés en bleu : avant 1970, en rouge : de 1970 à 1990, en jaune : après 1990 (Société Botanique d'Alsace 2013, en ligne) 13 Les données constituant la base de données "Brunfels" sont issues pour partie de l'accrétion de données bibliographiques et pour l'autre d'inventaires ou de relevés floristiques réalisés par les membres ou communiqués par des partenaires (Conservatoire des Sites Alsaciens, Office National des Forêts,...). L'ensemble est consigné sous forme d'observations ponctuelles d'espèces à une date donnée, un endroit donné et par un observateur donné. Pour une partie des observations, notamment avant les années 2000, les informations de localisation plus ou moins précises accompagnant les relevés (commune, localité, quartier, habitat,...) ont permis leurs géolocalisations par photo-interprétation d'orthophotoplans ou de cartes IGN (échelle 1 : 25000ème), permettant ainsi l'attribution de coordonnées géographiques en projection Lambert II étendu. Pour l'autre partie des observations, souvent les plus récentes, l'acquisition des coordonnées géographiques en projection Lambert II étendu a pu être réalisée par l'utilisation de GPS au cours des observations ou de la réalisation des relevés. Ainsi, certaines observations localisées de manière précise par l'usage de GPS, côtoient au sein de la base de données des observations dont la géolocalisation est plus floue, comme lors de la prise d'une seule coordonnée GPS pour l'ensemble d'un relevé de végétation, ou bien l'attribution d'une coordonnée par photo-interprétation à partir d'informations précisant la localisation. 1.1.2.1 Les avantages de l'accrétion de données Les avantages de ce type de base de données sont notamment d'accumuler de nombreuses observations au sein d'un territoire, parfois sur une longue période selon les premières dates d'observations d'espèces, permettant ainsi dans l'idéal, un état des lieux de la répartition de la végétation à différents pas de temps. Ces informations sont alors très utiles dans le cadre de suivis de la végétation et d'études de variables pouvant influencer la distribution des espèces, comme les études portant sur l'impact du réchauffement climatique ou encore de l'urbanisation. L'extraction au sein de la base de données "Brunfels", de relevés phytosociologiques réalisés par Emile Issler dans les années 1920 au sein de plusieurs stations du Haut-Rhin, a ainsi permis par relocalisation de ces relevés, de re-effectuer des relevés permettant une étude diachronique de l'influence du réchauffement climatique sur la distribution de la végétation (Volkert 2008). Malheureusement, le manque de relevés phytosociologiques anciens (ou du moins de relevés exhaustifs de végétation), mais également le manque d'informations assurant leurs relocalisations précises sur le territoire de la Communauté Urbaine de Strasbourg, ne permet pas la réalisation d'une étude similaire concernant l'influence cette fois de l'urbanisation sur la répartition des espèces végétales. En effet, les écologues et botanistes ont longtemps délaissés les inventaires floristiques en milieux urbanisés (dans et aux alentours des villes) au profit des milieux naturels ou semi-naturels jugés jusqu'à présent plus intéressants floristiquement (Clergeau 2007). 1.1.2.2 Les limites de l'accrétion de données En parallèle, l'inconvénient majeur de ce type de base de données, vient de la nature même du recensement d'observations ponctuelles d'espèces (effectuées à un endroit donné et à 14 une date donnée). Ainsi, les atlas et cartes de répartition des espèces issus de ces bases de données ne renseignent que sur la présence ponctuelle de ces espèces. Aucune information ne peut ainsi confirmer la présence actuelle d'une espèce en un endroit donné à partir d'une donnée ancienne. En s'affranchissant ou en distinguant simplement les données anciennes (souvent issues de la littérature) des données plus récentes, il est toutefois possible de proposer une cartographie de répartition de la végétation par espèce. Plus contraignant, dans le cadre de l'accrétion de données, les données d'observations des espèces indiquent la présence ponctuelle d'une espèce en un endroit donné, mais n'offrent aucune information concernant l'absence réelle de l'espèce ailleurs. Ainsi, les informations concernant la présence des espèces issues des données d'observations sont conditionnées par la pression d'observation. Cette dernière se doit par conséquent d'être homogène sur l'ensemble d'un territoire à cartographier, condition sine qua non pour la réalisation de cartes présentant les présences et absences réelles de chaque espèce. Lorsque ces conditions ne sont pas respectées, on peut observer sur la figure ci-dessous que la richesse spécifique est fortement corrélée à la pression d'observation (densité de relevés floristiques) (figure 7) Figure 7 : Cartes de la densité de relevés par km² (à gauche) et du nombre d'espèces par km² (à droite) dans le canton de Zurich ; issues de la BD du Centre du Réseau Suisse de Floristique (Info Flora 2013, en ligne) De même, sur notre territoire d'étude, la Communauté Urbaine de Strasbourg, on peut observer sur la figure 8 ci-dessous, que la pression d'observation, hétérogène, conditionne la présence ou l'absence d'observations pour chacune des espèces. 15 Figure 8 : Densité de relevés floristiques (à gauche) et biodiversité totale (à droite) par quadrats de 500 mètres de côté au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg (Hubeny 2012) Pour permettre la réalisation de telles cartes présentant les présences/absences réelles des espèces au sein d'un territoire, des projets d'envergure ont récemment été initiés, développés, et commencent à fleurir et parfois porter leurs fruits, en France et ailleurs, notamment depuis les années 2000. Ces projets, consistent alors en un quadrillage avec des mailles plus ou fines d'un territoire à cartographier, afin d'entreprendre la réalisation de relevés de végétation au sein de chacune de ces mailles de façon la plus homogène possible. 1.2 Cartographie de la végétation par inventaire d'un réseau de mailles A partir d'une surface équivalente de relevés au sein de l'ensemble des différents habitats de chaque mailles, il est alors possible d'accéder à des données de présence/absence, voire parfois à des données d'abondances relatives des espèces sur l'ensemble d'un territoire. 1.2.1 Exemple de mailles de 5 km² : L'Atlas de la Flore de Lorraine Depuis 2002, l'association de botanistes lorrains Floraine, a entrepris un quadrillage du territoire de la région Lorraine sous forme de 1050 mailles de 5x5 km de côté, afin d'y inventorier l'ensemble de la Flore (Floraine 2002). En 10 ans, grâce à l'implication de son réseau de membres, l'association a pu récolter près de 420 000 données d'observations concernant les espèces végétales du territoire lorrain, et qui ont pu être consignées au sein de 16 la base de données Floraine. La distribution des espèces (données de présence/absence) pour l'ensemble de la région Lorraine peut alors être visualisée en ligne et pour chacune des mailles sur le site de l'association (figure 9). Figure 9 : Répartition d'Acer campestre en Lorraine (Floraine 2013, en ligne) Ce travail collaboratif a permis début 2013, soit 10 ans après son lancement, la publication de l'Atlas de la Flore de Lorraine concernant la description et la répartition au sein de la région de 1800 espèces végétales. On peut déjà signaler ici, le fort et long investissement (de l'ordre de la décennie) demandé à un réseau régional de botanistes pour la réalisation d'un atlas à l'échelle d'une région française de surface moyenne (23547 km²) avec une précision de maille de 5 km². 1.2.2 Gagnons en précision : exemples de mailles de 1 km² En Suisse, la collaboration de la Société botanique de Genève et des Conservatoire et Jardin Botanique de Genève ont permis, après 20 ans d'inventaires et d'analyses, la publication d'un des premiers atlas floristique d'échelle cantonale, l'Atlas de la Flore du Canton de Genève basé sur un maillage d'un km². Cet Atlas est le résultat de 106179 observations acquises au sein de 302 mailles sur un territoire de 282,5 km² pendant les 20 années de la durée d'inventaires. On peut alors déduire de ces chiffres, un important et long investissement de la part des botanistes Genevois, qui sans l'accompagnement d'un réseau, implique une longue durée d'inventaires même au sein d'un territoire restreint à 302 mailles d'un km². 17 En France, le Conservatoire Botanique National de Mascarin sur l'île de la Réunion, de par la surface relativement faible de son territoire d'agrément en rapport aux autres régions françaises (2512 km²), s'est lancé depuis 2005, dans la réalisation d'un Atlas de la Flore Vasculaire de la Réunion (AFLORUN). Ce projet ambitieux a pour but le recensement de la flore vasculaire sur l'ensemble du territoire terrestre de l'île selon un système de mailles UTM d'un km². Initialement effectués au sein des différentes séries de végétation, et devant l'ampleur du travail, les prospections ont été recadrées début 2009 uniquement sur les zones altimontaines (série de végétation oligotherme située à plus de 1800 m d'altitude), pour permettre la publication d'un atlas thématique de ce type de végétation d'altitude à la Réunion dans des délais plus raisonnables. En 2011, soit 6 ans après le lancement du projet, seuls 18% du territoire (476 mailles) a été entièrement prospecté pour environ 70 000 observations d'espèces, regroupées en 3370 relevés, dont 90% des zones altimontaines (261 mailles) ! Ce projet est par conséquent le reflet, du long et éprouvant travail d'inventaires nécessaires à la connaissance fine de la répartition de la flore au sein d'un territoire. 1.2.3 Cartographies à petites échelles : les programmes de sciences participatives Pour pallier à cet important effort de prospection, en dehors des associations de botanistes, le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) de Paris, est le premier organisme en France a lancer des programmes de sciences participatives pour la réalisation des inventaires nécessaires aux cartographies de distribution de la Flore, indispensables aux travaux de ses chercheurs. Ainsi, sont nés dans les dernières années, les programmes "VigieFlore" et "Sauvages de ma Rue". Le programme "Vigie Flore" propose alors d'attribuer à des observateurs amateurs (mais ayant toutefois de bonnes connaissances botaniques), une maille de prospection d'un km², choisie aléatoirement au sein d'une surface de 10 km², de façon à couvrir l'ensemble du territoire de France métropolitaine par extrapolation (Abadie 2008). Le risque inhérent concernant le manque de pertinence des observations, en raison du choix de confier les collectes des données à des botanistes non professionnels, reste dans ce cas modéré en raison de l'objectif d'inventaire de la flore commune au sein du territoire national. Le programme "Sauvage de ma rue" lancé en partenariat avec Tela Botanica, forme quant à lui, l'alter ego urbain de son homologue "Vigie-Flore". Ce programme a donc pour objectif l'inventaire de la flore commune des villes de France, en confiant de la même façon, les inventaires dans leur majeure partie aux botanistes amateurs. Ainsi, les observations de chacun peuvent être saisies sur l'interface web du programme, et des bordereaux d'inventaires ainsi que des guides d'aide à la détermination sont proposés (MNHN 2012). 1.3 Limites des méthodes actuelles de cartographie de la végétation Outre ces initiatives permettant d'associer botanistes amateurs et recherches scientifiques (dont l'ampleur des participations et l'efficacité réelle est encore mesurée), nous n'avons pu recenser au travers de la littérature, d'alternatives permettant de diminuer les coûts et le long labeur prospectif visiblement indispensable aux réalisations d'Atlas précis de répartition de la flore, quel qu'en soit l'échelle envisagée ! En effet, nous avons pu voir au 18 cours de ce préambule, que le labeur prospectif reste relativement proportionnel selon les surfaces décroissantes du territoire à cartographier (national, régional, cantonal,...) et la précision croissante envisagée (mailles de 10 km², 5 km², 1 km²,...). Ainsi, l'objectif du travail qui va suivre va consister à proposer une méthode rapide de cartographie de la végétation en s'intéressant aux importants progrès réalisés dernièrement dans le domaine de la télédétection. En effet, les satellites civils de prises de vue optique se multipliant au sein de l'orbite terrestre, avec des capteurs numériques toujours plus précis (anciennement de plusieurs dizaines de mètres de résolution à actuellement quelques dizaines de centimètres de résolution) nous laissent penser que les images acquises récemment pourraient nous aider à cartographier rapidement les potentialités floristiques des territoires. S'en suit la problématique sous-jacente : Comment accéder à la cartographie floristique d'un territoire par l'exploitation d'images issues de la télédétection ? 2. Matériel et méthodes : Proposition d'une méthode rapide de cartographie des habitats et de la végétation par l'utilisation de la télédétection 2.1 Acquisition des informations géographiques d'occupation du sol Les images de la Terre prises perpendiculairement au sol, nécessaires aux réalisations cartographiques peuvent être de 2 types : - Les images aériennes (acquises lors du passage d'un appareil aérien du type petit avion ou ULM) - Les images satellitaires (acquises par les satellites présents au sein de l'orbite terrestre) En général, les images aériennes sont d'une grande précision et sont préférées aux images satellitaires dans le cadre de travaux de cartographie faisant appel à la photointerprétation. Malheureusement, ces images aériennes acquises lors de campagnes de survols à altitudes modérées, ne permettent pas de couvrir de grandes étendues comme le permet les prises de vues acquises par satellites. De plus, ces images aériennes présentent un coût important pour la mise en place des campagnes de survols nécessaires à leurs acquisitions, même sur des zones de surfaces restreintes, et restent relativement onéreuses par rapport aux acquisitions d'images satellitaires. Cela s'explique notamment par le coût divisé de l'usage d'un satellite en rapport aux nombres d'acquisitions possibles par sa couverture totale de la surface terrestre. Face à ces arguments, la quasi-totalité des travaux cartographiques à grandes échelles et utilisant la photo-interprétation, se tournent vers l'usage des images satellitaires. En France, plusieurs projets plus ou moins récents, ont permis la réalisation de cartes d'occupation du sol à différentes échelles et différents degrés de précision. Ainsi, concernant 19 notre zone d'étude, l'agglomération de Strasbourg, nous pouvons disposer des informations cartographiques suivantes : Corine Land Cover France - EAA (European Environment Agency), présentant les occupations biophysiques des sols à l'échelle de la France, par photo-interprétation humaine d'images satellites, avec une précision de 20 à 25 mètres. 3 versions ont été produites et disponibles en ligne ou en téléchargement à : http://sd1878-2.sivit.org/ BD TOPO - IGN, contenant une description des éléments du paysage à l'échelle de départements entiers sous formes de vecteurs de précision métrique. Les fichiers SIG sont alors disponibles sous formes de shapefiles pour chacun des éléments du paysage (Bâti, Réseau routier, Voies ferrées, Hydrographie, Végétation,...). Dans notre cas, les données concernant le département du Bas-Rhin ont pu être récupérées auprès du Laboratoire Image, Ville, Environnement (LIVE) de Strasbourg. BD OCS - CIGAL Alsace, présentant les occupations du sol à l'échelle de la Région Alsace avec une précision permettant l'exploitation au 1/10000ème. Ces informations sont issues d'un projet de Coopération pour l'Information Géographique en Alsace (CIGAL) et sont ainsi disponibles à l'ensemble des organismes publics partenaires. Un seul shapefile en 2 versions (2000 et 2008) contenant l'ensemble des types d'occupation du sol est alors distribué. Végétation 2012 - CUS-SERTIT, présentant les occupations du sol et les différents types de végétation à l'échelle du territoire de la Communauté Urbaine de Strasbourg. Ces informations sont alors issues de l'exploitation de 2 images acquises par le satellite Pléiades 1A pendant les mois d'Avril et d'Août 2012, à la fois en mode multispectral (possédant 4 bandes spectrales dans les domaines de longueurs d'ondes du bleu, du vert, du rouge et du proche infrarouge) et panchromatique (SERTIT 2013). Les précisions de ces 2 images sont variables, allant d'une résolution (taille de pixels) de 2 mètres pour la multispectrale à 0,5 mètres pour la panchromatique. Plusieurs données géographiques complémentaires (BD TOPO IGN, Orthophotoplans aériens,...) ont également été utilisées pour améliorer la précision et permettre certaines photo-interprétations, notamment des surfaces minérales (Bâti, Voirie,...). L'usage combiné des 2 images précédentes se justifie alors par la différenciation des surfaces minérales et aquatiques d'un côté et de la végétation de l'autre. En effet, les surfaces chlorophylliennes relatives à la végétation sont ainsi facilement repérées par leurs bandes spectrales évoluant dans le rouge. Des traitements complémentaires par des approches de textures et des approches orientées objets permettent alors de distinguer les différents types de végétation. La texture permet alors la séparation des végétations basses (bandes enherbées, végétation herbacée) plus lisses, des végétations hautes (Arbres isolés, Bois, Bosquets, Forêts et Haies) plus rugueuses. La distinction des différents types de végétation peut alors être finalisée par l'approche orientée objet, en définissant les caractéristiques géométriques de chacun des types de végétation (figure 10). 20 Figure 10 : Nomenclature des surfaces végétalisées (espaces agricoles et espaces verts) et caractéristiques de distinction (SERTIT 2013) Actuellement le traitement par photo-interprétation de ces images satellitaires n'a permis que la vectorisation des occupations du sol au travers de l'utilisation de typologies plus ou moins détaillées. 2.2 Identification de liens entre occupation du sol et végétation Les bases de données actuelles telles que la base de données "Brunfels" de la Société Botanique d'Alsace, présentent une quantité d'informations concernant la répartition de la flore des milieux urbains et alentours de l'agglomération de Strasbourg. Cependant, comme il a déjà été signalé, ces informations ne renseignent que ponctuellement sur la présence d'une ou plusieurs espèces en tel ou tel endroit et souffrent encore, malgré l'importance des données collectées, d'une pression d'observation insuffisante sur l'ensemble du territoire de la CUS (Hubeny 2012). Afin de pallier à cette hétérogénéité spatiale des observations et afin de pouvoir accéder à une information floristique sur l'ensemble du territoire, nous proposons dans cette partie, une approche de cartographie de la flore basée sur les habitats. Cette proposition nous est motivée par les limites floues existant entre les Modes d'Occupations du Sol (MOS) largement accessibles par le traitement d'images satellites, et une grande partie des habitats propres aux milieux urbains. En effet, contrairement aux milieux naturels largement étudiés, et possédant des typologies précises de leurs habitats, tel que Corine Biotope (ENGREF 1997) ou encore son successeur EUNIS (Louvel, Gaudillat & Poncet 2013), l'artificialisation des sols, les modes de gestion, et les usages destinés aux espaces verts, créent en milieu urbain, une mosaïque d'habitats qui lui sont propres et retrouvés par bon nombre de villes de France, voire d'une grande partie des villes d'Europe. Plusieurs typologies concernant les espaces verts en milieu urbain ont alors été proposées, dont la plus utilisée actuellement a été proposée en 1995 par 21 l'Association des Ingénieurs Territoriaux de France (AITF). On peut remarquer au sein du tableau 11, qu'elle présente cependant certaines analogies avec les habitats CORINE Biotope. Typologie des espaces verts de l'AITF 1. Parcs, jardins et squares 2. Accompagnement de voies 3. Accompagnement de bâtiments publics 4. Accompagnements d'habitations 5. Accompagnement d'établissements industriels et commerciaux 6. Espaces verts des établissements sociaux et éducatifs 7. Terrains de sport 8. Cimetières 9. Campings 10. Jardins familiaux 11. Etablissements horticoles 12. Espaces naturels 13. Arbres d'alignements Typologie CORINE Biotope 8. Terres agricoles et paysages artificiels 84.2 Bordures de haies 85.2 Petits parcs et squares citadins 85.31 Jardins ornementaux 85.2 Petits parcs et squares citadins 85.11 Parterres de fleurs et bosquets de parcs 85.2 Petits parcs et squares citadins 85.11 Parterres de fleurs et bosquets de parcs 85.11 Parterres de fleurs et bosquets de parcs 85.1 Grands parcs 85.32 Jardins potagers de subsistance 85.11 Parterres de fleurs et bosquets de parcs 84.1 Alignements d'arbres Tableau 11 : Typologie des espaces de l'AITF et analogies avec la typologie d'habitats CORINE Biotopes (d'après le site de l'AITF et ENGREF 1997, modifié) Une autre typologie de référence, plus ancienne, inspirée de la loi sur les espaces verts de 1973, propose de classer les espaces verts selon un gradient rural-urbain (De Vilmorin 1976). Ces typologies, faisant appel à chaque fois aux modes de gestions et aux fonctions des espaces verts, exigent cependant un recensement systématique de ces différents espaces verts pour permettre leurs cartographies. En exploitant des informations géographiques mettant l'accent sur la distinction des différents types de végétation au sein de cartographies d'occupation du sol, comme cela a été réalisé par le SERTIT (SERTIT 2013), nous pouvons alors proposer une cartographie des habitats en milieu urbain. Ainsi à partir de cette première cartographie, il nous est par conséquent possible d'envisager cette fois une cartographie de la flore en milieu urbain par l'usage d'images provenant de la télédétection. Le lien indispensable au passage d'une cartographie d'habitats à une cartographie de la flore par espèce, nécessite alors l'adjonction d'une liste d'espèces propre à chacun des habitats par l'utilisation d'une table de correspondance. 2.3 Acquisition de listes d'espèces par habitat A Strasbourg, un important travail d'inventaire de la flore urbaine a été réalisé pour l'essentiel entre septembre 2009 et octobre 2010 par Michel Hoff, président de la Société Botanique d'Alsace et botaniste strasbourgeois confirmé. Ces relevés, au total plus d'un millier, se sont focalisés sur les différents habitats urbains et quasiment tous les quartiers de 22 Strasbourg ont ainsi été visités (Hoff 2012). Ces relevés et les indications d'habitats dans lesquels ils ont été réalisés ont alors été consignés au sein de la base de données "Brunfels" de la Société Botanique d'Alsace. Pour notre étude, nous avons alors décidé d'utiliser les listes d'espèces par habitat issues de ce travail et disponibles au sein de ce dernier sous forme d'annexes (Hoff 2012). Ainsi 24 listes d'espèces, correspondant à des habitats minéraux, végétalisés ou encore aquatiques, ont alors servi de base à notre étude (tableau 12). Liste des habitats 1.1 Flore des trottoirs, des caniveaux et des chaussées de Strasbourg 1.2 Flore des parkings 2. Flore des murs et parois 3. Flore des pieds des arbres d'alignements de Strasbourg 4. Flore herbacée des gazons et pelouses des parcs et des squares 5.1 Flore spontanée et subspontanée des parcs et des squares 5.2 Flore cultivée des parcs et des squares 6.1 Flore spontanée des jardins de plantes ornementales 6.2 Flore cultivée des jardins de plantes ornementales 7.1 Flore spontanée et subspontanée des jardins familiaux 7.2 Flore cultivée des jardins familiaux 8. Flore des friches des jardins 9. Flore des friches industrielles 10. Flore des chantiers 11. Flore des talus routiers 12. Flore des voies de chemins de fer 13. Flore des friches ligneuses 14. Flore des berges herbacées des rivières, des canaux et des étangs 15. Flore des marais et marécages 16. Flore des eaux courantes et stagnantes 17.1 Flore des prairies maigres 17.2 Flore des prairies grasses 18. Flore des berges boisées des rivières, des canaux et des étangs 19. Flore des bosquets Richesse spécifique 129 159 17 91 149 196 192 121 170 128 122 127 169 104 293 241 336 335 29 42 180 215 107 217 Tableau 12 : Listes des habitats et richesse spécifique associée de la flore urbaine de Strasbourg (en gris : habitats minéraux ; en vert : habitats végétaux ; en bleu : habitats aquatiques) (d'après Hoff 2012) Parmi ces listes et nous le verrons dans le point suivant, certaines n'ont finalement pu être utilisées du fait des difficultés relatives à la photo-interprétation de leur habitat. D'autres, ont toutefois pu être fusionnées avec une ou plusieurs listes dont l'habitat a été jugé similaire. 2.4 Tables des correspondances et identification des habitats L'objectif de ce travail étant le développement d'une méthode de cartographie rapide, les habitats retenus ici sont par conséquent uniquement ceux accessibles par le traitement et la photo-interprétation d'images issues de la télédétection. Nous avons alors entrepris la 23 réalisation d'une table des correspondances entre les occupations du sol issues des données SIG de la table attributaire de la couche "Végétation 2012" du SERTIT, et les listes d'espèces par habitat issues du travail d'inventaire mentionné précédemment. Les correspondances ont alors été cochées au sein d'une table disponible ci-dessous (tableau 13) en concertation avec Michel Hoff, auteur des relevés floristiques par habitat. Comme nous pouvons le voir au sein de la table, il a pu être attribué aux différentes occupations du sol, une ou plusieurs listes d'espèces selon les cas. Ainsi, au bâti, aux toitures végétalisées, aux eaux artificielles et naturelles, mais encore au réseau ferré ou à la voirie, ont été attribués une seule liste d'espèce selon les correspondances. Pour d'autres, comme les surfaces non végétalisées ou les différents types de végétation (arbres isolées, bois, bosquets, forêts, haies, bandes enherbées et végétations herbacées), et dans le but de n'omettre aucune potentialité, plusieurs listes d'espèces appartenant à des habitats aux correspondances parfois floues (indiquées uniquement par les mentions "flore" ou flore "spontanée" comme dans l'appellation "flore spontanée des jardins familiaux") leurs ont été attribuées. Certaines occupations du sol, ne correspondant à aucune listes d'espèces (cultures supposées d'hiver et de printemps), ou ne permettant pas de les discriminer des autres occupations du sol (bois et forêts), ont fait l'objet de réalisations de listes d'espèces complémentaires. Ces listes d'espèces ont alors été fournies par Michel Hoff, à partir de l'extraction au sein de la base de données "Brunfels", des données d'observations propres à ces habitats sur le territoire de la communauté urbaine de Strasbourg. Ainsi 2 listes complémentaires ont été ajoutées : - 20. La Flore forestière (198 espèces) - 21. La Flore des cultures (180 espèces) A partir de notre table des correspondances, nous avons alors entrepris d'évaluer les listes d'espèces dont les habitats inventoriés au sol sont identifiables par photo-interprétation et par conséquent exploitable pour la suite de notre travail. Ainsi, il a été décidé d'écarter les différents habitats de "friches", faisant appel à un mode de gestion non identifiable sur les images de télédétection. La liste de la "flore des marais et marécages", relative à un habitat également difficilement identifiable, a dès lors également été écartée. La liste "flore des chantiers" faisant appel à un habitat temporaire, ne subsistant parfois que sur le très court terme, a elle aussi été écartée. Enfin, les listes de "flores cultivées", n'intéressant notre étude que de manière limitée, ont pour l'instant été écartées. Néanmoins, après discussions, et afin de ne pas trop impacter le pool d'espèces potentiellement présentes au sein du territoire d'étude, certaines listes initialement écartées ont alors été fusionnées à d'autres ayant été initialement retenues. Il en est ainsi de la liste 13 "flore des friches ligneuses" qui a été intégrée à la liste 19 "flore des bosquets", ainsi que de la liste 15 "flore des marais et marécages" qui a été intégrée aux listes 14 et 18 concernant les flores des berges herbacées et boisées des rivières, canaux et étangs. Les listes 4 "Flore herbacée des pelouses des parcs et squares", 17.1 "Flore des prairies maigres et 17.2 "Flore des prairies grasses", par la difficulté de les distinguer par photo-interprétation, ont toutes 3 été fusionnées au sein de la liste 4. 24 Correspondances entre les classifications de MOS et des habitats inventoriés Classification CUS-Sertit Listes d'espèces par habitat issues de la BD Brunfels 1.1 1.2 2 3 4 5.1 5.2 6.1 6.2 7.1 7.2 8 X Bâti X Toitures végétalisées Cultures supposées d'hiver Cultures supposées de printemps Eau artificiel Eau naturel Réseau ferré Voirie Surface non végétalisée Arbres isolés Bois Bosquets Forêts Haies / Alignements d'arbres Bandes enherbées Végétation herbacée Résultats 9 10 11 12 13 14 15 16 17.1 17.2 18 19 20 21 X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X 19 Listes retenues Listes intégrées à d'autres X X X X X X X X X 14/18 X X X X X X X 4 X X X X X X 4 Listes non retenues Tableau 13 : Tables des correspondances entre les classifications d'occupation du sol (SERTIT 2013) et les habitats inventoriés (Hoff 2012) (les nombres de la troisième ligne correspondent aux listes d'espèces par habitat de la figure 11, ceux de la dernière ligne à correspondent aux listes auxquelles ces listes ont été fusionnées) 25 X A partir de l'identification des correspondances précédentes, une première classification des habitats présents au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg a pu être proposée. Dans l'extrait disponible ci-dessous (tableau 14), nous pouvons alors présenter les listes d'espèces par habitat vis-à-vis de chacune des occupations du sol correspondantes, issues de la classification du SERTIT. Les types d'occupation du sol correspondants aux mêmes listes d'espèces (comme par exemple le bâti et les toitures végétalisées, associés tout deux uniquement à la liste 2 "flore des murs et parois") ont alors pu être regroupés au sein d'un même habitat en l'occurrence l'habitat (a) "végétation des murs et parois". Les surfaces non végétalisées, correspondant à plusieurs listes dont la nature de l'habitat reste similaire, en l'occurrence 1.1 "Trottoirs, caniveaux et chaussées" et 1.2 "Parkings", ont également été regroupées au sein d'un même habitat (f) "végétation des surfaces imperméabilisées". Les types d'occupation du sol relatifs à des types de végétation, ont fait l'objet d'une division selon les combinaisons de leurs listes d'espèces correspondantes. Ainsi, 6 habitats différents pour chaque type de végétation ont pu être identifiés à partir des combinaisons de listes. L'exemple des 6 habitats identifiés à partir des "arbres isolés", ainsi que leurs listes caractéristiques d'espèces et leur code de classification est visible au sein du tableau 14 ci-dessous. Enfin, signalons que les occupations du sol par les bandes enherbées et la végétation herbacée, ne possédant pas de listes d'espèces permettant de les distinguer, ont alors été fusionnées au sein d'un habitat commun de "végétation basse". Classification CUS-Sertit Listes correspondantes Code (en rouge), listes associées (en vert) et intitulé de la classification des habitats Bâti Toitures végétales Cultures d'hiver Cultures de printemps (2) Murs et parois (2) Murs et parois (21) Cultures (a)(2) Végétation des murs et parois (a)(2) Végétation des murs et parois (b)(21) Végétation des cultures (21) Cultures (b)(21) Végétation des cultures Eau artificielle (16) Eaux courantes et stagnantes (c)(16) Végétation aquatique Eau naturelle (16) Eaux courantes et stagnantes (c)(16) Végétation aquatique Réseau ferré (12) Voies de chemins de fer (1.1) Trottoirs, caniveaux et chaussées (1.1) Trottoirs, caniveaux et chaussées (1.2) Parkings (3) Pieds d'arbres d'alignements (d)(12) Végétation des voies ferrées (5.1) Parcs et squares (6.1) Jardins de plantes ornementales (7.1) Jardins familiaux (g1)(3+5.1) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares (g2)(3+6.1) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales (g3)(3+7.1) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux (11) Talus routiers (g4)(3+11) Pieds d'arbres d'alignements des bords routiers (12) Voies de chemins de fer (18) Berges boisées des rivières, des canaux et des étangs (g5)(3+12) Pieds d'arbres d'alignements des bords ferrés Voirie Surface non végétalisée Arbres isolés (e)(1.1) Végétation des chaussées routières (f)(1.1+1.2) Végétation des surfaces imperméabilisées (f)(1.1+1.2) Végétation des surfaces imperméabilisées (g)(3) Végétation des pieds d'arbres d'alignements (g6)(3+18) Pieds d'arbres d'alignements des berges boisées Tableau 14 : Extrait de la classification des habitats (en rouge : codes habitats ; en vert : listes associées) 26 A la suite de cette première classification (issue de regroupements et de subdivisions des occupations du sol en habitats) nous nous sommes intéressé aux interactions et croisements pouvant exister entre nos habitats. Contrairement aux habitats minéraux et aquatiques n'étant pas sujets à interactions, les habitats végétalisés, du fait des nombreuses listes d'espèces qui les caractérisent, sont inévitablement sujets à croisements entre plusieurs habitats. De par leur nature, les habitats de "parcs et squares", "jardins ornementaux" et "jardins familiaux" ne sont néanmoins pas sujet à croisement et forment des entités propres. Ce n'est cependant pas le cas des "bords routiers", "bords ferrés", "berges boisées" et "berges herbacées", qui font appel à des notions de distances, et peuvent ainsi se superposer avec les habitats mentionnés plus haut, mais également entre eux, pour créer des habitats complexes (mosaïque d'habitats). Le tableau 15 présente les interactions potentiellement existantes pour les habitats "d'arbres isolés". La prise en compte de l'ensemble des interactions potentielles entre habitats, nous permet alors d'aboutir à une typologie relativement fine des habitats en milieu urbain, présentant 198 habitats potentiellement présents au sein du territoire de la Communauté Urbaine de Strasbourg (annexe 1). 2.5 Cartographie des habitats sous SIG A partir de la typologie de 198 habitats définie précédemment, il nous est alors possible d'envisager la cartographie de ces habitats sous SIG. Pour permettre la reproductibilité de ce travail par l'ensemble des professionnels concernés par les problématiques nécessitant ce type de cartographie, nous avons choisi d'utiliser le logiciel libre de droit "Quantum GIS" dans sa dernière version 1.8.0 "Lisboa". Grâce à ses outils très semblables à ceux proposés par le logiciel propriétaire "ArcGIS", cela permet également d'étendre la reproductibilité de notre méthode aux utilisateurs des logiciels développés par la société ESRI (Environmental Systems Research Institute). Pour la réalisation de notre cartographie, nous utiliserons : - Une couche SIG "Végétation_2012" produite par le SERTIT pour la Communauté Urbaine de Strasbourg, et présentant les occupations du sol sur l'ensemble du territoire de la CUS ! - Un orthophotoplan de l'Institut Géographique National (IGN) datant de 2007, présentant une résolution de 50 cm par pixel, et centré sur le territoire de la CUS ! Comme détaillé dans le point précédent, les différents habitats de notre typologie seront par conséquent dérivés des types d'occupation du sol de la couche "Végétation_2012". Dans la suite de ce travail, et en raison du poids d'une telle couche (50 Mo), nécessitant de longs calculs lors des phases de géotraitement, les cartographies seront réalisées uniquement sur une zone échantillon de 500 mètres de rayon autour de 15 sites, sélectionnés le long du réseau du Rhin Tortu - Ziegelwasser et dont les caractéristiques seront étudiées dans le prochain chapitre. 27 Classification I triée (a)(2) Végétation des murs et parois (b)(21) Végétation des cultures (c)(16) Végétation aquatique (d)(12) Végétation des voies ferrées (e)(1.1) Végétation des chaussées routières (f)(1.1+1.2) Végétation des surfaces imperméabilisées (g)(3) Végétation des pieds d'arbres d'alignements (g1)(3+5.1) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares (g2)(3+6.1) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales (g3)(3+7.1) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux (g4)(3+11) Pieds d'arbres d'alignements des bords routiers (g5)(3+12) Pieds d'arbres d'alignements des bords ferrés (g6)(3+18) Pieds d'arbres d'alignements des berges boisées 11 12 18 14 11+12 Talus Voies Berges Berges routiers ferrées boisées herbacées 11+18 11+14 12+18 12+14 11+12+18 11+12+14 (g4) (g4a) (g5) (g5a) (g6) (g6a) (g7) (g7a) (g8) (g8a) (g9) (g9a) (g10) (g10a) (g4b) (g5b) (g6b) (g7b) (g8b) (g9b) (g10b) (g4c) (g5c) (g6c) (g7c) (g8c) (g9c) (g10c) Tableau 15 : Extrait des interactions entre les différents habitats et définition de habitats complémentaires (en rouge : les interactions issues de la classification précédente ; en noir : les interactions nouvelles) 28 La première étape de notre cartographie va consister à délimiter notre zone d'étude. A partir de la création d'une couche de points géolocalisant les 15 sites, nous pouvons alors créer une zone tampon de 500 mètres autour de chaque site et unir les résultats à l'aide de l'outil de géotraitement "Tampon". Pour diminuer le poids de la couche d'occupation du sol "Végétation 2012", il convient alors d'utiliser l'outil de géotraitement "découper" afin de découper la couche "Végétation 2012" par la couche matérialisant notre surface d'étude. La couche "Végétation_2012" relative à l'ensemble de la CUS et pesant 50 Mo, et ainsi réduite à une nouvelle couche "Végétation_2012_RTZ" ne contenant ces informations que sur notre zone d'étude et ne pesant plus que 13,7 Mo ! A partir de cette nouvelle couche, nous détaillons sommairement le processus de cartographie par la succession des étapes suivantes : 1. Extraction des différents habitats minéraux et aquatiques de la couche "Végétation_2012_RTZ" et création de nouvelle couches par sélection des entités propres aux différents habitats "Murs et parois", "Cultures", "Eaux courantes et stagnantes", "Voies ferrées", "Chaussées routières" et "Surfaces imperméabilisées". 2. Sélection successive de l'ensemble des entités de "voirie", "réseau ferré" et "eau naturelle et artificielle" pour la réalisation d'une zone tampon de 15 mètres autour de chacun de ces types d'occupation du sol. Cela nous permet l'obtention de 3 couches relatives aux "bords routiers", "bords ferrés" et aux "berges". 3. Digitalisation des surfaces occupées par les "Parcs et squares", "Jardins ornementaux" et "Jardins familiaux" par photo-interprétation de l'orthophotoplan 2007 de l'IGN. Cela nous permet l'obtention de 3 couches de polygones relatives à ces espaces verts. 4. Extraction des différents habitats végétalisés de la couche "Végétation_2012_RTZ" et création de nouvelles couches par sélection des entités propres aux différents habitats "Arbres isolés", "Bois", "Bosquets", "Forêts", "Haies" et "Végétation basse". 5. Découpe des différents habitats végétaux par les 6 nouvelles occupations du sol créées aux points 2 et 3. 6. Découpes supplémentaires des résultats du point 5 par les occupations du sol intervenant dans les différentes interactions. Cela nous permet l'obtention de nos couches d'habitats les plus complexes. 7. Regroupement des 198 couches correspondant aux 198 habitats en un seul dossier et union au sein d'une même couche "Habitats_RTZ". Un schéma récapitulatif de ce processus de cartographie est alors disponible au sein de l'annexe 2. 29 2.6 Cartographie de la répartition des espèces végétales La répartition des espèces végétales ne pouvant être dérivée directement d'observations géolocalisées, nous proposons ici de réaliser une cartographie des habitats potentiels des espèces (montrant l'étendue de leurs niches écologiques fondamentales) et qui sera dérivée de leurs habitats de présence. Ainsi, à partir de la cartographie des habitats, nous pouvons accéder à une cartographie par espèce. A partir de nos listes d'espèces par habitat, nous pouvons alors établir une table des présences des espèces pour chacun des habitats. Nous proposons alors d'attribuer à l'ensemble des espèces et pour chacune des listes, une valeur de "1" en cas de présence et "0" en cas d'absence. L'addition des différentes listes composantes de nos habitats, permet alors d'obtenir la présence des espèces par habitats (tableau 16). En raison de l'addition des résultats de différentes listes au sein des habitats complexes, un indice de fréquence potentielle peut alors être calculé. Cet indice présente une échelle allant de "0" qualifiant l'absence, à un maximum de "5" lorsqu'une espèce est présente dans l'ensemble des listes composantes de son habitat. Ainsi, plus la valeur de l'indice est élevé, plus les chances de présence d'une espèce le sont également. 2.7 Cartographie de la biodiversité végétale A partir de la table de présence des espèces par habitat réalisée précédemment, nous pouvons calculer la richesse spécifique maximale potentielle de chacun de nos habitats, en effectuant le cumul de l'ensemble des différentes espèces présentes au sein des listes correspondantes (annexe 1). Ainsi, nous pouvons proposer une cartographie de la biodiversité végétale sous forme de richesse spécifique. Pour aller plus loin dans notre démarche, nous avons également réalisé des tables d'extraction de listes d'espèces pour chacun des 198 habitats. Ces tables permettent alors d'extraire les listes relatives aux espèces communes entre les différentes listes associées à chacun des habitats, mais également les listes relatives aux espèces différentielles n'étant présentes qu'au sein de certaines combinaisons des listes d'espèces d'origine. Cela nous permet ainsi le calcul supplémentaire de la richesse spécifique en espèces communes aux différentes listes et donc en espèces généralistes, mais surtout le calcul de la richesse spécifique en espèces différentielles et par conséquent uniquement présentes au sein d'un habitat particulier. Ces calculs traduisant par conséquent la richesse en espèces spécialistes pour chacun des habitats seront abordés en détail dans notre second chapitre. 30 Espèces / Habitats Acer campestre L. Acer negundo L. Acer opalus Miller Acer platanoides L. Acer pseudoplatanus L. Achillea millefolium L. Acinos arvensis (Lam.) Dandy Aegopodium podagraria L. Aesculus hippocastanum L. Aethusa cynapium L. Agrimonia eupatoria L. Agrostis capillaris L. Agrostis gigantea Roth Agrostis stolonifera L. Ailanthus altissima (Miller) Swingle Ajuga chamaepitys (L.) Schreber Ajuga genevensis L. Ajuga reptans L. Alcea rosea L. Alisma gramineum Lej. (a) (b) (c) (d) (e) (f) (g) (g1) (g2) (g3) (g4) (g4a) (g4b) (g4c) … (l10a) (l10b) (l10c) 0 0 0 1 0 0 0 0 1 0 1 1 2 1 … 4 5 4 0 0 0 0 1 2 0 0 0 0 1 1 1 1 … 3 3 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 … 1 1 1 … 0 0 0 1 1 2 0 1 1 1 1 2 2 2 5 5 5 … 0 0 0 1 1 2 1 2 2 2 2 3 3 3 5 5 5 0 1 0 1 1 2 1 2 2 2 2 3 3 3 … 5 5 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 … 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1 1 1 1 2 2 2 … 4 4 4 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 1 1 1 … 3 3 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 … 2 2 2 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 … 4 3 3 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 … 4 4 4 … 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 … 2 2 2 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 1 1 1 1 … 4 4 4 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 … 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 … 2 2 2 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 2 1 1 … 3 2 2 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 … 1 1 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 … 1 1 1 Tableau 16 : Extrait de la table de présence/absence des espèces par habitat (les chiffres de 1 à 5 sont indicateurs d'une fréquence potentielle croissante) 31 3. Résultats La méthode développée ci-dessus, nous permet d'entrevoir 3 types de résultats cartographiques sur notre zone d'étude, pouvant aisément être reproduit sur l'ensemble du territoire de la Communauté Urbaine de Strasbourg. 3.1 Cartographie des habitats Premièrement, nous pouvons présenter une cartographie de la distribution des 198 habitats définis précédemment. Ci-dessous (figure 17), nous pouvons ainsi observer le distribution des différents habitats au sein d'un de nos sites d'étude. Afin de clarifier la visualisation des habitats, les différents habitats de végétation (arbres isolés, bois, bosquets, forêts, haies et végétation basse) ont été regroupés sous l'appellation "Différents types de Végétation". Figure 17 : Distribution des habitats au sein du site RT1 (Les différents habitats de végétation ont ici été regroupés au sein d'une légende unique et représentés par différentes nuances de verts) 3.2 Cartographie de la répartition des habitats potentiels des espèces Est présenté page suivante (figure 18) la cartographie des habitats potentiels (étendue des niches écologiques fondamentales) pour une des 747 espèces recensées au sein de nos 32 habitats. Nous pouvons ainsi observer la répartition maximale potentielle de l'érable champêtre (Acer campestre) au sein du site RT1. Nous pouvons alors déduire de sa carte de répartition que l'érable champêtre figure parmi les espèces généralistes pouvant exploiter un grand nombre d'habitats. D'après l'indice de fréquence potentielle, visualisable au sein de la figure 18, nous pouvons également estimer que cette espèce présente de grandes chances d'être retrouvée le long des chaussées routières, des voies ferrées et surtout le long des cours d'eau. Figure 18 : Habitats potentiels de Acer campestre au sein du site RT1 (Absence : 0, Présence : de 1 à 5 selon indice de fréquence potentielle croissante) La figure 19 nous présente au contraire une espèce spécialiste (Azolla filiculoides) n'exploitant qu'un seul type d'habitat, les eaux courantes et stagnantes. Cependant, l'observation de la figure ne permet pas dans ce cas l'utilisation de l'indice de fréquence potentielle et révèle uniquement des informations de présence/absence concernant les localisations potentielles de l'espèce. 33 Figure 19 : Habitats potentiels de Azolla filiculoides au sein du site RT1 (Absence : 0, Présence : de 1 à 5 selon indice de fréquence potentielle croissante) 3.3 Cartographie de la biodiversité végétale Une cartographie de la biodiversité végétale peut également être réalisée au sein de la zone d'étude. Nous pouvons alors observer sur la figure 20 concernant toujours le site RT1, que les sites potentiellement les plus riches en biodiversité sont les sites de bois, bosquets et haies présents au sein des jardins familiaux, des bords routiers, des bords ferrés et des berges. Il est également possible de proposer des cartographies présentant les richesses en espèces spécialistes (figure 21) et généralistes, qu'il peut être important de séparer pour analyser les zones les plus vulnérables aux influences de l'urbanisation, comme nous le verrons dans le second chapitre. 34 Figure 20 : Potentiel de biodiversité au sein du site RT1 (Richesse spécifique maximale potentielle) Figure 21 : Potentiel en espèces spécialistes au sein du site RT1 (Richesse spécifique maximale potentielle) 35 4. Discussion 4.1 Les limites méthodologiques de notre cartographie En définitive, notre méthode de cartographie nous a permis d'accéder à 3 types d'informations cartographiques : - La distribution des habitats au sein d'un échantillon du territoire de la CUS - La distribution des habitats potentiels des espèces présentes au sein de la CUS - La distribution des potentiels de biodiversité au sein d'un échantillon du territoire de la CUS Cependant, cette méthode de cartographie rapide des habitats et de la végétation, présente néanmoins plusieurs limites qu'il est important de signaler : - Tout d'abord, les listes d'espèces par habitat utilisées étant prédéfinies, nous avons fait le choix d'identifier nos habitats à partir de celles-ci, en ne gardant que les habitats identifiables par traitement des images de télédétection. Cela nous pose par conséquent une double contrainte imposée par l'objectif de cartographie rapide. D'un côté, l'ensemble des listes d'espèces existantes ne sont pas par conséquent exploitables, en raison de l'impossibilité d'identifier certains habitats par le traitement d'images (friches, zones humides,...), et de l'autre, certains habitats particuliers a priori identifiables par traitement d'image ou photointerprétation (tels que les stades ou encore les cimetières ne possédant pas de listes d'espèces actuellement définies) ne le sont guère plus ! - Une seconde limite à la précision de nos cartographies, tient au nécessaire recours à la photo-interprétation pour la cartographie de certains habitats. Ainsi dans nos cartographies, les habitats de "parcs et squares", "jardins ornementaux" et "jardins familiaux" ont été digitalisés manuellement par photo-interprétation d'un orthophotoplan, et donc soumis à la précision et interprétation de l'opérateur. La cartographie de ces habitats sur l'ensemble de la CUS notamment à partir de la BD TOPO IGN devrait permettre l'uniformisation de ces données. - Une troisième limite, tient à nouveau au recours à des listes d'espèces prédéfinies par habitat. En raison de ce choix, il peut exister des inadéquations entre les espèces présentes au sein de ces listes et les habitats que nous avons identifiés à partir des images de télédétection. Afin de vérifier la pertinence de notre table des correspondances, et par conséquent de l'attribution d'espèces à chacun des habitats identifiés, il conviendrait la réalisation à l'avenir, de relevés spécifiques à chacun de nos habitats pour l'affinage de leurs listes d'espèces. La réalisation de liens entre les différentes tables d'extraction des listes d'espèces (cumulées, communes et différentielles) propres à chacun des 198 habitats a été établie en ce sens. Ainsi, l'ensemble des calculs réalisées (richesses spécifiques et listes d'espèces) ont été liés sous Excel à une table unique de listes d'espèces de référence, pour une mise à jour automatique de leurs résultats en cas de modifications de ces listes. Néanmoins, cette phase vraisemblablement utile, implique une phase de relevés de terrains plus ou moins longue, en conflit avec les objectifs de cartographie rapide. Concernant les villes ne possédant pas encore 36 de listes d'espèces par habitat, et désireuses de réaliser une telle cartographie de leur territoire, ce point ne devrait cependant pas les concerner, si les étapes d'identification des habitats par télédétection et d'inventaires des espèces se suivent respectivement. 4.2 Affinage de la cartographie des espèces : de l'habitat potentiel à la présence effective Il est important de prendre conscience qu'à ce stade, les cartographies des habitats et des espèces végétales proposées ne constituent qu'un état des lieux de la répartition d'habitats (dont le degré de subdivisions est le résultat d'un choix typologique modifiable), ainsi qu'un état des lieux des étendues de répartition maximale potentielle des espèces végétales (ensemble des habitats potentiels de chacune des espèces). Concernant la cartographie des habitats et pour permettre une adéquation plus juste avec les réalités de terrain, une hiérarchisation des habitats selon plusieurs niveaux de précision pourrait alors être proposée. Contrairement à notre typologie d'habitats, qui présente l'avantage de nécessiter uniquement la photo-interprétation d'images satellites, l'affinage de niveaux typologiques inférieurs nécessiterait la nécessaire prospection du territoire afin d'intégrer des informations inaccessibles par photo-interprétation. Parmi ces informations, on peut citer les habitats difficilement photo-interprétables (friches, zones humides,...), mais également la qualité des habitats (prairies maigres, prairies grasses,...) ou bien encore les modes de gestions (espaces verts à tailles et fauches régulières, espaces verts à tailles et fauches sporadiques,...). La carte d'habitats réalisée ici permet néanmoins d'accéder aux potentialités biologiques, exprimées en richesse spécifique, et de présenter l'ensemble des espèces potentiellement retrouvées au sein du territoire de la CUS sous forme de listes d'espèces pour chaque habitat ! De même, pour une adéquation plus juste de la répartition des espèces végétales, et ne pas se contenter de leur aire de répartition maximale potentielle (ensemble des habitats potentiels des espèces), il conviendrait d'intégrer des informations supplémentaires tel que des variables spatiales et environnementales influant sur la répartition de ces espèces. Cela permettrait alors une modélisation et une cartographie des probabilités de présence des espèces au sein de l'étendue de leurs habitats potentiels, autrement dit une cartographie de la répartition de leurs présences effectives. De nombreux travaux, très récents pour la plupart, vont dans ce sens ! On peut citer les travaux de cartographie statistique des milieux naturels de Suisse (Juget 2010), de modélisation de niches écologiques des espèces (Sampoux et Badeaux 2009), ou encore de modélisation de la distribution spatiale d'espèces végétales (Arnesen, Joly & Nilsen 2008). 2 méthodes de modélisation des probabilités de présence des espèces à partir de variables spatiales et environnementales pourraient alors s'offrir à nous : - L'une, utilisant des données géolocalisées concernant la présence observée des espèces. - L'autre utilisant des données bibliographiques concernant l'autoécologie des espèces, ce qui pourrait également donner une idée de l'étendue de leurs niches écologiques réalisées. 37 La première, permettant de déduire statistiquement l'influence favorable ou défavorable de nombreuses variables sur la distribution des espèces ne peut malheureusement s'appliquer dans notre cas, en raison de la précision approximative de la géolocalisation de nombreuses observations d'espèces dans la base de données "Brunfels" (en rapport aux exigences de l'échelle fine de notre étude). La seconde, ne permettant d'intégrer qu'un nombre limité de variables écologiques, en raison de l'abondance restreinte de littérature présentant l'autoécologie des espèces (du moins pour un échantillon conséquent des 747 espèces recensées au sein de la CUS) (Vallet 2009), mais permettant l'intégration de plusieurs variables paysagères (fragmentation, connectivité,...) pourrait toutefois être appliquée. Ainsi, des variables telles que la luminosité pourraient alors être déduite de la cartographie des habitats (en délimitant par exemple les zones d'ombrage par l'extraction des surfaces sous couvert d'habitats de végétation haute, auxquels serait ajouté les bandes d'habitats, de largeurs variables, exposées à l'ombrage des bâtiments) pour être intégré au sein d'un modèle prédictif. Ainsi, la carte des habitats potentiels des espèces peut alors être utilisée comme une base sur laquelle il est par conséquent possible de réaliser une modélisation de la biodiversité probable (celle vraisemblablement retrouvée en chaque point du territoire) en intégrant les variables explicatives suivantes : - Variables spatiales (inter-habitats) = Filtre du pool d'espèces régional Par exemple : Secteurs géographiques des présences observées d'une espèce (uniquement au Sud, uniquement le long des rivières rhénanes, uniquement le long des rivières issues d'affluents vosgiens,...) - Variables paysagères (inter-habitats) = Filtre du pool d'espèces régional Par exemple : fragmentation, surface des tâches d'habitats, connectivité,... - Variables écologiques (intra-habitats) = Filtre des conditions locales et des interactions biotiques Par exemple: Caractéristiques physico-chimiques des sols, humidité résiduelle, luminosité, compétition entre espèces,... - Variables historiques (inter et intra-habitats) = Filtre dérivé de l'origine des espèces présentes Par exemple : Présence d'arbres et arbustes dont les origines sont antérieures à l'urbanisation des quartiers ! Par l'utilisation de la théorie des filtres (Lortie et al. 2004), il devrait par conséquent être possible d'affiner notre cartographie, en passant des habitats potentiels des espèces à leurs présences effectives, traduisant au mieux la distribution de chacune des espèces ! 38 Chapitre 2 Influence de l'urbanisation sur les caractéristiques des habitats et la biodiversité végétale le long d'un gradient urbain-rural 1. Préambule 1.1 Influence de l'urbanisation sur les habitats et la biodiversité végétale Bien que certaines espèces soient affines des surfaces minérales comme les murs et parois, le ballast des voies ferrées, ou encore les anfractuosités des surfaces imperméabilisées et/ou de la voirie (surfaces caractéristiques du milieu urbain), et en dehors des surfaces en eau propres aux espèces aquatiques, les espaces végétalisés représentent l'essentiel des surfaces favorables à l'expression de la biodiversité végétale en milieu urbain (Clergeau 2007). En conséquence, après avoir fait un tour des caractéristiques des grands types d'occupation du sol le long d'un gradient urbain-rural, nous étudierons plus précisément l'influence de l'urbanisation sur les espaces végétalisés. Nous aborderons les questions suivantes : Quels sont les influences de l'urbanisation sur la surface occupée par les espaces végétalisés ? Quels sont les proportions des différents espaces végétalisés le long d'un gradient d'urbanisation ? Quel est l'impact de l'urbanisation sur la fragmentation et la taille des entités des différents espaces végétalisés ? Suite aux réflexions concernant l'aménagement de trames vertes urbaines pour la dissémination des espèces, nous étudierons ensuite comparativement les intérêts de 3 types de linéaires de végétation (bords routiers, bords ferrés et berges) pour la mise en place de corridors biologiques entre les espaces végétalisés. Nous répondrons alors aux questions suivantes : Comment évolue les surfaces occupées par la végétation aux abords des structures linéaires le long d'un gradient d'urbanisation ? Quel(s) linéaire(s) présente(nt) les meilleures potentialités en terme de surface, fragmentation et taille des entités de végétation ? Enfin, nous aborderons l'impact de l'urbanisation sur la biodiversité végétale totale des sites, puis sur la biodiversité de leurs espaces végétalisés le long d'un gradient d'urbanisation en essayant de répondre aux questions : 39 Quel est l'influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale des sites en terme de richesse spécifique ? Quel est l'influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale au sein de l'ensemble des espaces végétalisés et aux abords des structures linéaires ? Nous détaillerons alors également l'influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale des différents types d'espaces végétalisés, ainsi que sur la biodiversité végétale des espaces végétalisés aux abords des structures linéaires (bords routiers, bords ferrés, berges). Pour finir, nous nous intéresserons à la composition spécifique des différents habitats, afin de pouvoir entrevoir l'impact relatif de la fragmentation et de la taille des entités sur la présence d'une flore diversifiée. Nous évaluerons ainsi les richesses en espèces spécialistes et généralistes de chacun des habitats, afin d'étudier les risques d'extinction des espèces spécialistes et de banalisation de la flore le long d'un gradient d'urbanisation. Nous aborderons alors également les questions suivantes : Quelles sont les habitats les plus riches en espèces spécialistes ? Comment sont-ils répartis le long du gradient urbain-rural ? Quels sont les zones les plus exposées aux extinctions d'espèces spécialistes et de banalisation de leur flore ? 1.2 Le gradient urbain-rural Cette étude de l'influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale, nécessitera tout d'abord la distinction et la définition des milieux et des milieux ruraux ! Nous essaierons ainsi de discriminer et de définir différents types d'urbanisation le long d'un gradient urbain-rural. Mais comment définir l'urbain et le rural ? Dans le cadre des projets récents s'intéressant à l'étude de l'influence de l'urbanisation sur la biodiversité, tel que le projet ECORURB, les définitions du gradient urbain-rural restent malheureusement relativement floues. En effet, les gradients de l'urbain au rural utilisés (Daniel & Lecamp 2004, Clergeau 2007) s'appuient sur des modèles radioconcentriques centrifuges, considérant ainsi un gradient d'urbanisation décroissante du centre à la périphérie des villes. Daniel et Lecamp propose ainsi de discrétiser l'urbanisation en 3 types simples (Urbain, Périurbain et Rural). Clergeau quant à lui, va plus loin dans la discrétisation d'un gradient en proposant 4 types de zones urbaines (centre, péricentre, suburbain et périurbain), en se basant sur les études de Marzluff (Marzluff 2001) (figure 22) : "Au niveau international, les termes de centre-ville, péricentre et suburbain ont été adoptés pour désigner l'urbain, tandis que le terme périurbain était retenu pour décrire l'environnement de la ville, généralement une zone rurale plus ou moins naturelle, plus ou moins productive, plus ou moins construite. Le centre-ville, composé du bâti ancien, présente moins de 15 % de surface de végétation, le péricentre qui correspond à une couronne d'habitation où les jardins sont fréquents, jusqu'à 40 % de végétation et le suburbain où la végétation est présente avec non seulement les jardins des lotissements mais aussi les grandes surfaces de pelouses entre les immeubles, les parcs, cimetières et terrains de 40 sports, la surface de végétation peut atteindre 70 %. La séparation entre l'urbain et le périurbain, la ville et le rural, est généralement déterminée par une distance moyenne entre les habitations inférieure à 200 m, mais les limites restent difficiles à fixer pour la plupart des villes. Les limites extérieures du périurbain sont aussi de plus en plus difficiles à définir, tant l'impact d'une grande ville s'étend loin, et ce d'autant que les grandes villes ont tendance à se rejoindre." Rural Périurbain Périurbain Suburbain Péricentre Urbain Centre Figure 22 : Modèles radioconcentriques de l'urbain au rural selon (Daniel & Lecamp 2004, à gauche) et (Clergeau 2007, à droite) En se positionnant au sein de notre zone d'étude, nous essaierons alors de répondre à la question plus générale : Existe-t-il un gradient continu d'urbanisation le long du réseau du Rhin Tortu Ziegelwasser ? Et aux questions sous-jacentes : Peut-on alors discrétiser une typologie de milieux de l'urbain au rural ? Comment se répartissent ces milieux le long du Rhin Tortu ? Quels sont leurs caractéristiques (Pourcentage des grands types d'occupation du sol, fragmentation,...) ? Et pour finalité : Comment l'urbanisation influence la répartition des habitats ? 41 2. Caractérisation du gradient urbain-rural le long du réseau du Rhin Tortu - Ziegelwasser 2.1 Méthodologie Afin de caractériser l'urbanisation le long de notre zone d'étude, nous avons choisi de réaliser une Analyse en Composantes Principales (ACP) sur 7 grands types d'habitats (Bâti, Cultures, Eau, Voies ferrées, Voirie, Surfaces imperméabilisées et Végétation) structurant l'occupation du sol de nos sites. L'ACP devrait alors nous permettre d'identifier les grands habitats structurant la répartition des sites selon 2 axes principaux, et ainsi de classer nos sites selon leurs affinités. Nous réaliserons notre ACP à l'aide du logiciel libre "R". Nous pourrons alors proposer une typologie par discrétisation de zones allant de l'urbain au rural en s'appuyant sur les caractéristiques de nos sites et l'établissement de valeurs seuils, que nous présenterons alors brièvement. Enfin, nous pourrons vérifier à partir du gradient d'urbanisation défini précédemment, si les distances de nos sites par rapport au centre-ville (cathédrale de Strasbourg) présentent effectivement un gradient continu d'urbanisation permettant ainsi de valider les modèles radioconcentriques de l'urbain au rural. 2.2 Résultats 2.2.1 Gradients d'urbanisation et typologie de l'urbain au rural Les résultats de l'Analyse en Composantes Principales (figure 23) présentent la distribution de nos sites d'études (nommés de RT1 à RT12 pour le Rhin Tortu et de Z1 à Z3 pour le Ziegelwasser) selon un plan à 2 axes. En observant l'orientation par rapport à ces axes de nos variables habitats nous pouvons alors interpréter ces axes. On peut alors observer que les variables "Bâti", "Surfaces imperméabilisées", "Voirie" et "Voies ferrées" caractéristiques de l'urbain, prennent toutes la même direction selon l'axe 1 qui représente 56,7 % de la variance totale. Au contraire les variables "Eau", "Cultures" et "Végétation" dont les 2 dernières au moins sont caractéristiques de milieux ruraux sont orientées à l'opposé des premières sur le premier axe. Nous pouvons alors déduire de ces résultats que l'axe 1 est indicateur d'un gradient d'urbanisation de sa partie négative à sa partie positive. En s'intéressant maintenant au second axe, nous pouvons voir que la variable "Végétation" s'oppose aux variables "Cultures" et "Eau", ce qui indique que ce second axe représente une distinction au sein des milieux ruraux entre les milieux agricoles dans sa partie négative et les milieux forestiers dans sa partie positive pour 25,6 % de la variance totale. Nos 2 axes principaux, matérialisant 2 gradients de l'urbain au rural et des milieux forestiers aux milieux agricoles au sein du rural, représentent ainsi 82,3 % de la variance totale. 42 Figure 23 : Analyse en Composantes principales de la répartition de nos sites d'études Si l'on observe maintenant le répartition de nos sites d'études au sein de l'ACP, on peut alors observer des sites plus ou moins groupés, indicatifs de leur appartenance à un même milieu. Ainsi, selon l'axe 1, nous pouvons séparer nos sites en 4 degrés d'urbanisation selon leurs caractéristiques communes : - Les sites les plus urbains comme Z1, RT2 et Z1 forment alors un premier groupe caractérisé par moins de 60 % de végétation et cultures et plus de 15 % de bâti. Ces caractéristiques en rapport à la typologie des zones urbaines de Clergeau (Clergeau 2007), nous permet de les qualifier comme faisant partie du "Péricentre". - Les sites RT1, Z3 et RT3 forment alors un second groupe, un peu moins urbain, à moins de 60 % de végétation et cultures et entre 5 et 15 % de bâti. Nous pouvons alors qualifier ces sites de "Suburbain". - Puis, les sites RT4, RT5 et RT6 forment un troisième groupe, caractérisé cette fois par moins de 60 % de végétation et cultures, mais plus de 1 % de bâti, à cheval sur le premier axe et représentant ainsi les milieux caractéristiques du "Périurbain". 43 - Enfin, les sites RT9, RT8, RT10, RT7, RT11 et RT12 forment un quatrième groupe, dont l'ensemble des sites se situent dans la partie négative du gradient d'urbanisation et présentant plus de 60 % de végétation et cultures, mais moins de 1 % de bâti. Nous pouvons alors qualifier ces sites comme appartenant au "Rural". En complément, par l'analyse de l'axe 2, nous pouvons alors séparer les sites ruraux en 3 groupes : - Un premier, regroupant les sites RT8 et RT7, présentant plus de 80 % de forêts et pouvant être qualifié de "Forestier". - Un second, constitué par les sites RT10, RT11 et RT12, présentant moins de 20 % de forêts et pouvant être qualifié "d'Agricole". - Enfin, un dernier groupe constitué uniquement du site RT9, présentant des caractéristiques intermédiaires entre les 2 derniers groupes et par conséquent entre 20 et 80 % de forêts, pouvant alors être qualifié de "Rural mixte". Nous pouvons alors présenter la typologie de l'urbain au rural ci-dessous (tableau 24), matérialisant ainsi le gradient d'urbanisation. Urbain Rural Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole < 60 % Veg + Cult & > 15 % de Bâti < 60 % Veg + Cult & entre 5 et 15 % Bâti > 60 % Veg + Cult & > 1 % Bâti > 60% Veg + Cult dont 20 à 80 % de Forêts & < 1 % Bâti > 60 % Veg + Cult dont > 80 % Forêts & < 1 % Bâti > 60 % Veg + Cult dont < 20 % Forêts & < 1 % Bâti Tableau 24 : Typologie de l'urbain au rural (valeurs seuils selon caractéristiques des sites) 2.2.2 Caractéristiques de l'urbain au rural Sur la figure 25, nous pouvons visualiser les caractéristiques des différents degrés d'urbanisation selon le gradient urbain-rural. Nous pouvons alors observer une décroissance de l'urbain au rural du pourcentage de bâti, des surfaces imperméabilisées et des voies ferrés, qui sont des caractéristiques de l'urbanisation. Nous pouvons également observer une croissance du pourcentage de végétation de l'urbain au rural avec un maximum de 97 % en milieu Forestier. On observe néanmoins que les cultures ont tendance à remplacer la végétation en milieu Agricole, par augmentation de l'urbain au rural. Outre les caractéristiques utilisées pour la caractérisation des degrés d'urbanisation, nous pouvons mentionner que le pourcentage de chaussées routières diminue de l'urbain au rural, avec cependant un pourcentage non négligeable en milieu rural mixte, qui s'explique par la passage d'un important axe routier, la Route Nationale 353, faisant liaison avec l'Allemagne et traversant le site RT9. Enfin, on peut également signaler les importants pourcentages de surfaces en eaux des milieux Suburbain, Rural mixte et Agricole. Ceci s'explique pour le premier milieu par la confluence au sein du site RT1 de nombreux cours d'eau et canaux (L'Ill, le Rhin Tortu et les 44 Pourcentage de surface occupée au sein des sites par chaque type d'habitat canaux du Rhône au Rhin), pour le deuxième milieu par la présence de petits étangs de pêche en bordure forestière, et pour le troisième milieu par la présence d'une importante gravière. 100% 90% 80% 70% Végétation 60% Surfaces imperméabilisées 50% Chaussées routières 40% Voies ferrées 30% Eau Cultures 20% Bâti 10% 0% Figure 25 : Pourcentages d'occupation du sol par chacun de nos grand types d'habitat le long du gradient urbain-rural 2.2.3 Gradients urbains et modèles radioconcentriques La figure 26 reprenant le gradient urbain-rural définis par l'ACP, nous montre la distance de chacun des sites au centre-ville matérialisé par la Cathédrale de Strasbourg. Les différents sites sont alors représentés sous forme de codes colorimétriques, repris de notre typologie, selon leur appartenance à un degré d'urbanisation (Péricentre = Pourpre, Suburbain = Rouge foncé, Périurbain = Orange, et pour les milieux ruraux : Rural mixte = Vert clair, Forestier = Vert foncé, Agricole = Jaune). Nous pouvons alors observer que les degrés d'urbanisation définis au sein de notre typologie se répartissent globalement selon la distance au centre-ville. Les degrés d'urbanisation les plus élevés sont en effet les plus proches du centre (2551 mètres en moyenne pour le Péricentre) tandis que les degrés d'urbanisation plus faibles s'en éloignent progressivement (avec en moyenne 2895 mètres pour les sites Suburbains, 5906 mètres pour les sites Périurbains et 9627 mètres pour l'ensemble des sites Ruraux). On peut néanmoins signaler que certains sites Forestiers sont plus proches en moyenne du centre avec 8502 mètres que les sites Agricoles avec 10441 mètres. Enfin, le site RT1 classé en Périurbain et néanmoins le site le plus proche du centre avec 1544 mètres. 45 12000 RT12 Distance au centre-ville (cathédrale de Strasbourg) (en mètres) RT11 RT10 RT9 10000 RT8 RT7 8000 RT6 RT5 6000 RT4 RT3 4000 Z1 RT2 2000 Z3 Z2 RT1 0 Figure 26 : Gradient urbain-rural (de gauche à droite selon les coordonnées de l'ACP) et distance au centre-ville (cathédrale de Strasbourg) 2.3 Discussion Au vu de nos résultats, le gradient d'urbanisation obtenu à partir de notre ACP sur 7 grands types d'habitats (Bâti, Cultures, Eau, Voies ferrés, Chaussées routières, Surfaces imperméabilisées et Végétation) permet de valider globalement l'utilisation de modèles radioconcentriques du centre-ville à la périphérie (Daniel & Lecamp 2004, Clergeau 2007). Cependant, nous pouvons tout de même noter quelques particularités qui font mentir ces modèles basés uniquement sur la distance au centre-ville. En effet, le classement de nos sites du plus urbain au plus rural par l'ACP ne suit pas une corrélation parfaite avec la distance au centre. Ainsi, nous pouvons relever que le site RT1, le plus proche du centre, n'apparaît pas cependant comme le plus urbain au sein de notre ACP. Ceci peut alors s'expliquer par les caractéristiques naturelles du site, qui se trouve à la confluence de nombreux cours d'eau, et par conséquent en zones potentiellement inondables. Ce site se situe également dans la zone de ceinture de glacis historiques (libres de toutes constructions) destinée à protéger la ville de Strasbourg du temps des fortifications Vauban (ADEUS 2010). Cette exemple démontre ainsi le poids de l'histoire et des caractéristiques naturelles des villes sur leur urbanisation. La Ville de Strasbourg à proximité immédiate du Rhin a ainsi dû s'adapter aux nombreux cours d'eau traversant son territoire (Anciens bras du Rhin, l'Ill et plusieurs affluents vosgiens), et aux anciennes voies romaines traversant le Rhin ayant été établies du temps d'Argentorate (l'ancien nom romain de la ville) modifié depuis en Strasbourg (de l'Allemand "strasse" et qui signifie la "ville des routes"). Les nombreux cours d'eau et anciennes voies de communication ont ainsi structuré l'urbanisation de la ville, limitant son développement selon un modèle radioconcentrique, ce qui est à l'origine de sa structure en étoile (ADEUS 2010) et qui permet de la qualifier de "ville archipel" (Selmi 2011). 46 3. Influence de l'urbanisation sur les espaces végétalisés 3.1 Méthodologie A partir des données extraites des tables attributaires de nos cartographies d'habitats (aires et nombres d'entités de chaque habitat pour chacun de nos sites), nous pouvons alors effectuer les calculs suivants sous Excel : - Pourcentage de surface occupée par chaque espace végétalisé (en additionnant les entités des différents espaces végétalisé pour chacun des sites et en divisant par la surface totale du site, à savoir 785365 m² pour un rayon de 500 mètres et en multipliant par 100) - Indice de fragmentation des espaces végétalisés (rapport du nombre d'entités d'un type d'espace végétalisé sur le pourcentage d'aire occupée par cet espace végétalisé) - Taille moyenne des entités de chaque espace végétalisé (rapport du pourcentage de l'aire occupée par un type d'espace végétalisé sur son nombre d'entités) Ces calculs sont alors réalisés pour chacun des 15 sites de 500 mètres de rayon et 785365 m² de surface. Les résultats sont ensuite regroupés par l'addition de chacun des sites suivant notre typologie des milieux de l'urbain au rural (Péricentre, Suburbain, Périurbain, Rural mixte, Forestier et Agricole) et divisé par le nombre de sites les composant. Nos résultats peuvent ainsi être présentés et comparés le long du gradient urbain-rural. Nous proposons également, à la suite des calculs pour l'ensemble des espaces végétalisés, de calculer ces métriques paysagères (Aire, Indice de fragmentation et Surface moyenne des entités) sur les linéaires de végétation relatifs aux espaces végétalisés des 3 types d'abords de structures linéaires (bords routiers, bords ferrés et berges), afin de comparer la qualité de ces abords pour la mise en place de trames vertes urbaines. 3.2 Résultats : Impact de l'urbanisation sur la qualité des espaces végétalisés 3.2.1 Surface occupée par chaque espace végétalisé Nous pouvons observer sur la figure 27, le pourcentage de chaque type d'espace végétalisé le long du gradient d'urbanisation. On peut alors tout d'abord remarquer que les 47 Pourcentage de surface occupée au sein des sites par chaque type d'espaces végétalisés arbres isolés présentent un pourcentage infime de la végétation totale tout au long du gradient urbain-rural. Les bois et bosquets présentent également des surfaces très faibles, mais décroissantes de l'urbain au rural. Les surfaces de forêts tendent quant à elles à augmenter le long de ce gradient. Il faut néanmoins signaler que les surfaces de forêts en milieu Rural sont très disparates, et représentent plus de 95 % de la végétation des espaces végétalisés en milieu Forestier tandis qu'elles ne représentent que 7,3 % de la végétation des espaces végétalisés en milieu Agricole, et 37,8 % en milieu Rural mixte forestier/agricole. Le milieu Périurbain présente quant à lui, un fort pourcentage de surfaces de forêts (57,3 %) qui s'explique par la présence de ce milieu en bordure de la forêt du Neuhof le long du Rhin Tortu. Les surfaces de haies présentent quant à elles une distinction entre les milieux du Péricentre et Suburbain d'un côté (à plus de 6 % de la surface occupée par les espaces végétalisés) et les milieux Périurbains et Ruraux de l'autre (inférieur à 2,5 %). Enfin, la végétation basse ne présente pas de tendance nette le long du gradient d'urbanisation. On peut tout de même signaler le fort pourcentage (22,5 % des espaces végétalisés) en milieu Rural mixte, s'expliquant par la présence de nombreuses prairies en bordures forestières, ainsi que les relativement fort pourcentages en milieux urbains (15,9 %, 20,9 % et 14,7 %), respectivement pour le Péricentre, le Suburbain et le Périurbain, et s'expliquant par la présence de nombreuses pelouses soit au sein des parcs et squares, soit au sein des enceintes sportives (ex : stades de Football). 100,00 90,00 80,00 70,00 60,00 50,00 40,00 30,00 20,00 10,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Végétation basse 15,96 20,90 14,75 22,54 1,52 11,12 Haies 6,37 6,73 2,34 1,89 Forêts 9,02 11,24 57,29 37,79 95,81 7,30 Bosquets 2,67 2,66 1,02 0,57 0,01 0,43 Bois 1,97 2,06 0,83 0,69 1,17 Arbres isolés 0,02 0,06 0,01 0,00 0,02 1,61 Figure 27 : Pourcentage de chaque type d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation 48 3.2.2 Fragmentation des espaces végétalisés Les figures 28 et 29 montrent que l'indice de fragmentation décroit de l'urbain au rural aussi bien pour l'ensemble des espaces que pour chaque type d'espace végétalisé pris séparément. Toutefois, le milieu rural présente une distinction entre le milieu forestier très peu fragmenté et le milieu agricole qui apparait plus fragmenté que le milieu périurbain. 90,00 80,00 Indice de fragementation 70,00 60,00 50,00 40,00 30,00 20,00 10,00 0,00 Végétation Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 80,04 67,49 18,59 10,68 1,66 26,04 Figure 28 : Fragmentation des espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation Indice de fragmentation de chaque type d'espaces végétalisés 2000 1800 1600 1400 Arbres isolés 1200 Bois 1000 Bosquets Forêts 800 Haies 600 Végétation basse 400 200 0 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Figure 29 : Fragmentation de chaque type d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation 49 3.2.3 Taille moyenne des entités de chaque espace végétalisé Sur la figure 30 on constate que l'aire moyenne des entités d'espaces végétalisés est dans l'ensemble inversement proportionnelle à la fragmentation. Ainsi, les surfaces des entités d'espaces végétalisés du Péricentre et Suburbain ne dépassent pas en moyenne 2350 m². Dans les milieux Périurbain et Rural mixte, les aires moyennes des entités apparaissent nettement plus élevées avec plus de 10000 m². Les autres milieux ruraux apparaissent encore une fois disparates, avec les milieux forestiers présentant des entités dont l'aire moyenne est très élevée (57775 m²), et les milieux agricoles qui présentent des entités dont la surface est beaucoup plus faible (5341 m²) se situant entre le Suburbain et le Périurbain. Aire moyenne des entités (en m²) 20000,00 18000,00 16000,00 14000,00 12000,00 10000,00 8000,00 6000,00 4000,00 2000,00 0,00 Végétation Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 1989,68 2350,84 10359,22 10869,81 57775,26 5341,86 Figure 30 : Taille moyenne des entités d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation Au contraire de la fragmentation, la taille moyenne des entités de chaque type d'espace végétalisé varie indépendamment de la tendance globale pour l'ensemble des espaces végétalisés. Les différentes tendances peuvent alors être visualisées sur la figure 31. A la lecture des différents résultats, il est important de bien prendre en compte l'échelle de l'axe des ordonnées. Les aires moyennes des entités étant très différentes pour chacun des types d'espaces végétalisés, nous les avons par conséquent représentées sous plusieurs graphiques. Nous observons que les aires moyennes des entités d'arbres isolés et de bosquets sont les plus faibles de l'ordre de 6 à 30 m² et décroissent globalement de l'urbain au rural, avec cependant des entités de tailles importantes pour ces types d'espaces végétalisés au sein du milieu Agricole. Les entités des bois, forêts, haies et végétation basse, présentent des aires moyennes beaucoup plus élevées, avec dans l'ordre croissant, des aires de 68 à 438 m² pour la végétation basse, 232 à 449 m² pour les haies, 416 à 1313 m² pour les bois et 1025 à 57690 m² pour les forêts. Contrairement aux arbres isolés et aux bosquets, ces entités présentent alors un accroissement de leur taille de l'urbain au périurbain, avec cependant quelques particularités. En milieu rural, les bois et les haies présentent une aire maximale en milieu Agricole alors qu'ils sont absents du milieu Forestier. Toujours en milieu rural, les forêts présentent au 50 Aire moyenne des entités (en m²) contraire des aires maximales pour le milieu Forestier tandis que ces aires en milieu Agricole sont plus faibles et se situent entre les aires des forêts des milieux Suburbain et Périurbain. Enfin, concernant la végétation basse, les aires des entités sont maximales pour le milieu Rural mixte, élevées pour le milieu rural et plus faibles pour le milieu Forestier se situant entre les aires de la végétation basse du Péricentre et Suburbain. Ceci s'explique par la présence de grandes prairies dans le milieu Rural mixte (situé à la frontière des milieux forestiers et agricoles), de prairies plus réduites entre les parcelles cultivées du milieu Agricole, et de clairières de faibles surfaces dans le milieu Forestier. 35,00 30,00 25,00 20,00 15,00 10,00 5,00 0,00 Aire moyenne des entités (en m²) Arbres isolés 1400,00 1200,00 1000,00 800,00 600,00 400,00 200,00 0,00 Aire moyenne des entités (en m²) Bois 35,00 30,00 25,00 20,00 15,00 10,00 5,00 0,00 Bosquets Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte 29,68 28,76 24,73 6,16 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte 595,37 763,24 1134,31 416,54 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 29,07 26,28 27,18 23,15 9,75 23,23 51 Forestier Agricole 29,25 Forestier Agricole 1313,26 Aire moyenne des entités (en m²) 70000,00 60000,00 50000,00 40000,00 30000,00 20000,00 10000,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 1025,30 1209,03 8757,31 9574,42 57690,33 3274,61 Forestier Agricole Aire moyenne des entités (en m²) Forêts 500,00 400,00 300,00 200,00 100,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte 241,85 232,59 293,51 411,32 Aire moyenne des entités (en m²) Haies 449,05 500,00 400,00 300,00 200,00 100,00 0,00 Végétation basse Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 68,40 90,95 122,18 438,22 75,17 262,20 Figure 31 : Taille moyenne des entités de chaque type d'espaces végétalisés le long du gradient d'urbanisation 3.3 Résultats : Impact de l'urbanisation sur les trames vertes 3.3.1 Surface occupée par la végétation au sein des trames vertes La figure 32 donne les résultats du pourcentage de surface occupée par la végétation aux abords de 3 types de structures linéaires et selon le gradient urbain-rural. Ce pourcentage est issu de la division de la surface de végétation présente au sein des bords routiers, bords ferrés et berges, par la surface totale occupée par ces abords de structures linéaires. Le pourcentage de végétation croît progressivement de l'urbain au rural quelque soit le type de structure. Nous remarquons une rupture en milieu Agricole avec un pourcentage de végétation nettement moindre, se situant entre le Suburbain et le Périurbain pour les bords routiers, et une végétation présentant quant à elle son plus bas pourcentage (69,3 %) pour les berges. 52 Pourcentage de végétation En comparant les différents abords de structures linéaires, nous observons un pourcentage de végétation nettement plus élevé tout au long du gradient urbain-rural concernant les berges, par rapport aux bords routiers et bords ferrés (dont les pourcentages de végétation apparaissent sensiblement équivalents). 100,00 90,00 80,00 70,00 60,00 50,00 40,00 30,00 20,00 10,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Bords routiers 30,04 44,44 61,86 72,96 95,86 48,49 Bords ferrés 46,80 49,80 62,03 Berges 78,50 78,44 89,60 92,64 99,65 69,35 Figure 32 : Pourcentage de végétation aux abords des structures linéaires 3.3.2 Fragmentation et taille moyenne des entités de végétation des trames vertes La figure 33 présente la fragmentation des espaces végétalisés le long de 3 types de structures linéaires et selon le gradient urbain-rural. Nous constatons que la fragmentation de la végétation des bords routiers décroit progressivement de l'urbain au rural. Concernant les bords ferrés, cette fragmentation apparaît la plus élevée pour le milieu Suburbain et plus faible pour les milieux du Péricentre et Périurbain, qui ne montrent pas de tendance selon le gradient d'urbanisation. Concernant les berges, la fragmentation de la végétation apparaît la plus élevée en milieu très urbain (Péricentre et Suburbain), la plus faible en milieu Périurbain, Rural mixte et Forestier, et présente une fragmentation intermédiaire entre les précédentes, et relativement élevée pour le milieu agricole. Si l'on compare maintenant les linéaires de végétation entre eux, on peut voir que : - En milieu urbain (Péricentre, Suburbain et Périurbain), les bords routiers et ferrés apparaissent les plus fragmentés, tandis que les berges apparaissent moins fragmentées. - En milieu rural et notamment Agricole, nous constatons une tendance contraire avec des berges qui apparaissent plus fragmentées, tandis que les bords routiers le sont moins. 53 160,00 Indice de fragementation 140,00 120,00 100,00 80,00 60,00 40,00 20,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Bords routiers 148,01 106,80 75,39 27,28 6,78 47,54 Bords ferrés 84,78 96,26 69,73 Berges 53,92 59,59 30,98 29,87 4,87 42,64 Figure 33 : Fragmentation des espaces végétalisés le long de 3 types de structures linéaires En nous intéressant maintenant à la taille moyenne des entités de végétation le long des 3 types de structures linéaires (figure 34), on observe une relation inverse à la fragmentation. Ainsi, la taille moyenne des entités de végétation des bords routiers croît de l'urbain au rural, celle des bords ferrés ne présente toujours pas de tendance nette, et celle des berges est la plus faible en milieu urbain (Péricentre, Suburbain), la plus élevée en milieu Périurbain, Rural mixte et surtout Forestier, et intermédiaire entre les précédentes en milieu Agricole. La comparaison des différents abords de structures linéaires, nous montre alors une taille moyenne des entités de végétation plus importante au sein des berges, qu'au sein des bords routiers et bords ferrés en milieu urbain, alors qu'elle est sensiblement similaire en milieu rural. Aire moyenne des entités (en m²) 400,00 350,00 300,00 250,00 200,00 150,00 100,00 50,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Bords routiers 53,13 75,30 137,10 287,88 1158,34 184,94 Bords ferrés 92,08 71,56 111,85 Berges 147,50 141,77 258,96 262,91 1797,62 187,55 Figure 34 : Taille moyenne des entités de végétation le long de 3 types de structures linéaires 54 3.4 Discussion Les surfaces de végétation tendent à augmenter des milieux les plus urbains vers les milieux plus ruraux, avec néanmoins une surface de végétation très faible pour le milieu agricole. Cette tendance s'explique par les forts pourcentages de surfaces minérales (bâti, voirie, voies ferrés, surfaces imperméabilisées) caractérisant les milieux les plus urbains, ainsi que les pourcentages élevés de cultures en milieu agricole. Les milieux les plus urbains présentent une végétation plus importante que le milieu agricole en raison d'un plus grand nombre d'entités malgré leur taille moyenne plus faible. En effet, même si les surfaces de végétation sont plus fragmentées en milieu urbain, la fragmentation équivalente des surfaces minérales tel que le bâti permet la présence de nombreuses entités de végétation interstitielles (MNHN 2012). Ce n'est cependant pas le cas en milieu agricole, où les monocultures intensives actuelles (Maïs, blé,...) ont nécessité de nombreux remembrements de parcelles pour l'optimisation de leurs rendements (Burel & Baudry 1999), expliquant ainsi le nombre réduit d'espaces de végétation interstitiels. Concernant les types de végétation associés à chacun des milieux le long du gradient d'urbanisation, il est intéressant de remarquer que les surfaces forestières sensiblement équivalentes entre les milieux les plus urbains (Péricentre et Suburbain) et le milieu agricole, présentent pour les milieux Périurbain et Rural mixte des surfaces forestières se rapprochant du milieu typiquement forestier. En observant les localisations de ces sites, nous remarquons que ces sites intermédiaires sur le gradient d'urbanisation se situent en bordure de la forêt du Neuhof aujourd'hui classée en Réserve Nationale (MEDDE 2012) expliquant ainsi en partie leurs forts pourcentages de végétation. La fragmentation décroit des milieux urbains aux milieux ruraux avec cependant l'exception des milieux agricoles. Ces résultats confirment ainsi, l'impact important de l'urbanisation sur les espaces végétalisés naturels ou semi-naturels lors des processus d'étalement urbain (Aguejdad 2009), mais également pour le milieu agricole l'impact des zones de cultures. En effet les exploitations agricoles actuelles, passées pour la plupart de polycultures-élevages à des monocultures intensives de céréales, ont ainsi entraîné la réduction voire la suppression des nombreuses haies, aidant traditionnellement à la séparation des cultures et à l'ombrage du bétail (Burel & Baudry 1999). Proportionnellement inverse à la fragmentation, la taille des entités augmente de l'urbain au rural. Cependant des évolutions différentes existent selon les types de végétation. L'augmentation de l'urbain au rural de l'aire moyenne des entités de bois, forêts, haies et végétation basse, s'explique par le relâchement de la pression foncière au fur et à mesure de l'éloignement des sites par rapport aux zones d'activités du centre (ADEUS-AURM 2007). Les tendances à la diminution de l'urbain au rural des surfaces moyennes des entités d'arbres isolés et des bosquets peuvent s'expliquer en partie, par les faibles surfaces accessibles à la végétation en milieu urbain et par conséquent l'intérêt de ces formations de petites tailles (relativement aux autres types de végétation) pour le verdissement des villes (Merlin & Choay 2009). Quels que soient les buts recherchés, ornementaux ou services d'ombrage, la pleine expression de ces formations végétales est ainsi envisagée. L'utilisation de critères 55 géométriques (dont des gammes de surfaces) par le SERTIT pour la réalisation de l'identification des différents types d'espaces végétalisés par télédétection (SERTIT 2013), peuvent néanmoins également expliquer cette diminution. Ainsi, au sein des milieux ruraux, les arbres isolés et bosquets de grandes tailles se confondent plus facilement au sein des types de végétation de tailles supérieures comme les bois ou les haies de par les séparations moins nettes de ces formations en raison d'une fragmentation moins élevée. Notons également la présence de grandes entités de végétation basse au sein du milieu Rural mixte, laquelle est à relier avec la présence de prairies de tailles conséquentes au sein de ce milieu situé à l'interface des forêts et des cultures. Cette information est alors particulièrement intéressante pour la conservation des dernières prairies sèches et/ou humides, très menacées en Alsace (Alsace Nature 2010), en démontrant ainsi l'impact de l'extension des cultures sur la diminution des surfaces en habitats prairiaux. Jusqu'à présent nous avons pu voir que, bien que les espaces végétalisés urbains soient très fragmentés, ces mêmes habitats en milieu rural présentent actuellement des tailles très réduites, et sont par conséquents menacés de disparition à court ou moyen terme selon les évolutions des occupations des sols actuelles (CORINE Land Cover 2006). Ce constat combiné aux menaces liées aux usages importants de produits phytosanitaires dans et aux abords des cultures font craindre un effondrement dramatique de la biodiversité au sein des milieux ruraux. Au contraire en milieu urbain, le désir d'un retour de "Nature" de plus en plus exprimé par les citadins (Clergeau 2007) a permis à Strasbourg et d'autres villes de France d'engager depuis 2008 les programmes "Ecophyto 2018" (Ministère de l'Agriculture et de la Pêche 2008). Il apparaît par conséquent important de pouvoir réaliser des liens entre ces milieux urbains et ruraux de manière à permettre aux espèces de se disséminer au sein des "îlots" ou entités d'habitats pouvant constituer des "zones refuges". Ainsi, il est par conséquent intéressant d'évaluer la qualité des habitats de végétation accompagnant les structures linéaires tel que les routes, les voies ferrées ou encore les berges de cours d'eau. Comme pour l'ensemble de la végétation des sites, les surfaces de végétation aux abords des structures linéaires augmentent des milieux urbains aux milieux ruraux, avec également la particularité d'un relativement faible pourcentage pour le milieu agricole. La fragmentation et la taille moyenne des entités de végétation aux abords de ces mêmes structures linéaires présentent également des tendances similaires à celles établies pour l'ensemble de la végétation des sites. Par conséquent, l'étude de la végétation au sein des potentielles trames vertes pourrait ainsi refléter l'influence de l'urbanisation sur l'ensemble d'un même milieu. Ce résultat confirme alors la possible extrapolation d'informations (comme par exemple les richesses spécifiques retrouvées au sein des différents habitats) sur l'ensemble d'un milieu. La réalisation de relevés de végétation dans un échantillon de sites pourrait ainsi permettre d'envisager les potentiels de biodiversité à moindre efforts. En nous intéressant maintenant à la comparaison des abords de structures linéaires entre eux, à l'exception du milieu agricole, on a observé des pourcentages de végétation ainsi que des tailles moyennes des entités nettement supérieures pour les berges par rapport aux bords routiers et ferrés, tandis que la fragmentation était nettement moindre et ce tout au long 56 du gradient d'urbanisation. Par conséquent les linéaires de végétation accompagnant les cours d'eau au sein de notre zone d'étude présentent une meilleure qualité (en terme de corridors biologiques) pour la dissémination des espèces végétales. L'intérêt d'un aménagement prioritaire des berges de cours d'eau pour la mise en place de trames vertes urbaines, notamment au sein de la ville de Strasbourg, prend alors corps au travers de ces résultats. Il ne faut pas cependant négliger le potentiel des bords routiers et ferrés qui pourront alors être utilisés comme trames secondaires formant des liens transversaux entre les abords de cours d'eau. Le milieu agricole, est un cas particulier dans la mesure où la fragmentation est plus élevée, mais que les tailles moyennes des entités sont équilibrées entre les bords routiers et les berges. Nous pouvons alors expliquer ces résultats par l'évolution des exploitations agricoles actuelles, qui pendant des années voire des décennies ont plus facilement étendu leurs cultures jusqu'aux bords des cours d'eau que des bords routiers. En effet, les abords routiers (utiles à la sécurisation des axes routiers) restent pour la majorité propriétés de l'Etat ou de collectivités, ceci se traduisant le plus souvent par la présence de bandes enherbées au sein des milieux ruraux et progressivement remplacées par des surfaces imperméabilisées (trottoirs, parkings,...) au sein des milieux plus urbains. Au contraire, les berges de cours d'eau sont le plus souvent propriétés des exploitants agricoles jusqu'à la ligne de séparation des rives, permettant ainsi la mise en culture ou le défrichement en l'absence de politiques environnementales contraignantes. Toutefois, en France, les politiques environnementales adoptées suite au Grenelle de l'Environnement en 2007, demandent de plus en plus d'efforts aux exploitants comme la mise en place d'un "couvert environnemental permanent" d'au moins 5 mètres de large aux abords des cours d'eau (Lafitte & Cravero 2010). Cette notion désigne "un couvert végétal ayant comme fonction principale la protection des sols contre l'érosion et la protection (zone-tampon) des cours d'eau, de nappes, aquifères ou de zones humides vulnérables face à la turbidité de l'eau, l'eutrophisation par apport de nitrates et phosphates, aux pollutions par les pesticides,..." (Lafitte & Cravero 2010). Le Grenelle de l'Environnement ajoute alors une dimension fonctionnelle supplémentaire de "corridor biologique" à ces couverts dans le cadre de la Trame bleue (COMOP 2010). De plus dans le cadre des mesures de verdissement de la Politique Agricole Commune (PAC), les subventions sont aujourd'hui accordées aux exploitants agricoles sous peine de "Bonnes Conduites AgroEnvironnementales" (Groupe PAC 2012). En France, ces subventions sont alors accordées par la protection d'au moins 3 % du territoire exploitable (seuil minimum pour 2012), devant alors être converti en "Surfaces Equivalentes Topographiques" (SET), surfaces dédiés au bon fonctionnement écologique des territoires (Groupe PAC 2012). 57 4. Influence de l'urbanisation sur la biodiversité végétale 4.1 Méthodologie Les études permettant de quantifier la biodiversité à grande échelle restent encore rares aujourd'hui. En effet, les données d'inventaires nécessaires à ces travaux sont souvent trop fragmentaires ou inégalement réparties sur l'ensemble d'un territoire. Seuls les ambitieux projets d'inventaires par maille peuvent espérer cartographier la richesse en espèces avec justesse. Les inventaires nécessaires sont longs et sont réalisés au mieux dans des mailles d'un km². Pour cartographier la biodiversité au sein d'une ville et de ses environs, il est par conséquent nécessaire de descendre en deçà du km². En conséquence, Linéard et Clergeau ont récemment proposé une méthode de cartographie basée sur l'utilisation de cartes d'occupation du sol pour une première approche qualitative de la biodiversité (Liénard & Clergeau 2011). Leur méthode consiste alors en une pondération à dires d'experts (sur une échelle de 0 à 1) de la biodiversité présente au sein de différents types d'occupation du sol (Forêts, Etangs, Cultures,...). Ils ont ainsi pu présenter des cartographies qualitatives de la biodiversité par occupations du sol, mais également par communes en calculant un indice représentant le potentiel de biodiversité appelé BioMOS (figure 35). Avec : IBioMOS : indice global BIOMOS par commune Ibdv i : indice de pondération de biodiversité d’un habitat i Sbdv i : surface de l’habitat i ΣSbdv : somme des surfaces d’habitat Figure 35 : Calcul de l'indice BioMOS (Liénard & Clergeau 2011) Grâce à l'existence d'inventaires réalisés au sein de différents habitats de la ville de Strasbourg (Hoff 2012), nous pouvons proposer d'adapter la méthodologie ci-dessus afin de permettre une approche quantitative de la biodiversité. Dans le premier chapitre a été définie une typologie de 198 habitats auxquels ont été attribuées une ou plusieurs listes d'espèces. Chacun des habitats possède par conséquent un potentiel de biodiversité (richesse spécifique maximale) qui est défini par le cumul du nombre d'espèces uniques retrouvées au sein de ses différentes listes. Pour accéder à ce potentiel de biodiversité nous avons réalisé sous Excel, des tables de calculs correspondant à chacun des habitats. En raison de l'affinage possible des listes d'espèces par réalisation d'inventaires complémentaires, ces tables de calculs ont été automatisées. 198 tables de calculs ont ainsi été réalisées et mises en liaison avec une table source contenant les listes d'espèces par habitat et un table de sortie avec les résultats sous forme de richesse spécifique. Nous nous sommes également intéressé à la distinction des richesses en espèces spécialistes et généralistes. Ainsi, pour chacun des habitats, les tables de calculs ont été bâties 58 de manière à sortir l'ensemble des listes d'espèces communes et différentielles aux différentes listes les composant. A partir de la liste des espèces communes (à l'ensemble des listes d'espèces composant un habitat) et des listes d'espèces différentielles de cet habitat, il est alors possible (en identifiant les espèces uniquement rencontrées dans cet habitat par rapport aux autres listes) d'établir les listes d'espèces spécialistes et généralistes de ce dernier. Une succession d'opérateurs conditionnels, nous permet alors de constituer les listes d'espèces communes et différentielles d'un habitat, ainsi que les listes d'espèces spécialistes et généralistes. Nous pouvons alors extraire automatiquement les richesses en espèces spécialistes et généralistes dans notre table de sortie (figure 36). Table de calcul (a) Table source Table de sortie Table de calcul (b) Table de calcul (Etc,...) Listes d'espèces par habitat d'origine (Hoff 2012) Listes d'espèces communes et différentielles par habitat + listes d'espèces spécialistes et généralistes Richesse spécifique totale, en espèces spécialistes et en espèces généralistes Figure 36 : Schéma de l'automatisation des calculs de richesse spécifique Après le calcul des différentes richesses spécifiques pour chacun des habitats, nous pouvons alors intégrer ces résultats à la table attributaire de notre cartographie des habitats, ce qui nous permet ainsi une visualisation de la répartition de la biodiversité sur notre zone d'étude. Il est alors possible d'extraire de cette dernière cartographie, les informations nécessaires à l'étude de l'influence de l'urbanisation sur le potentiel de biodiversité. Le potentiel de biodiversité (richesse spécifique moyenne) des sites peut alors être calculé à partir de l'indice BioMOS, en remplaçant l'indice de pondération de la biodiversité par nos richesses spécifiques calculées : Potentiel de biodiversité (site) = De même, nous pouvons alors calculer le potentiel de biodiversité des espaces végétalisés (ensemble des habitats de végétation), des différents types d'espaces végétalisés, et des espaces végétalisés aux abords des structures linéaires (trames vertes potentielles), en ne sommant que leurs habitats relatifs. 59 Nous pouvons alors égéalement accéder aux habitats les plus riches en espèces originales (espèces spécialistes), et identifier le long de notre gradient d'urbanisation les milieux hébergeant le plus grand nombre de ces espèces. 4.2 Résultats : Influence de l'urbanisation sur la richesse spécifique moyenne des sites La figure 37 montre la richesse spécifique moyenne (c'est-à-dire la moyenne du nombre d'espèces pouvant potentiellement être retrouvées au sein des habitats) pour les différents milieux le long du gradient d'urbanisation. Le Péricentre présente une richesse spécifique moyenne plus faible (221 espèces) que les milieux Suburbain, Périurbain et Rural mixte et le milieu Suburbain présente la richesse spécifique la plus élevée avec plus de 238 espèces en moyenne. La richesse spécifique moyenne décroit ensuite le long du gradient d'urbanisation jusqu'aux milieux ruraux. Parmi les milieux ruraux, le milieu agricole présente alors la plus faible richesse spécifique avec en moyenne 200 espèces. Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 250,00 240,00 230,00 220,00 210,00 200,00 190,00 180,00 Richesse moyenne Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 221,04 238,61 227,76 224,56 202,64 200,48 Figure 37 : Richesse spécifique moyenne des sites le long du gradient urbain-rural 4.3 Résultats : Influence de l'urbanisation sur la richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés 4.3.1 Richesse spécifique moyenne des différents types d'espaces végétalisés Les figures 38 et 39, donnent la richesse spécifique moyenne le long du gradient urbain-rural pour l'ensemble des habitats d'espaces végétalisés, ainsi que l'évolution de la richesse spécifique moyenne pour les différents types d'habitats d'espaces végétalisés pris séparément. 60 Contrairement à la richesse spécifique moyenne pour l'ensemble des habitats (incluant surfaces minérales, surfaces en eau et surfaces végétalisées), la richesse spécifique pour les espaces végétalisés est la plus élevée pour le Péricentre avec 369 espèces en moyenne, suivi de près par le milieu Suburbain avec 364 espèces. Les milieux Périurbain et Rural mixte présentent alors une richesse spécifique moyenne plus faible (de 255 à 264 espèces en moyenne), le milieu Forestier encore bien plus faible avec seulement 206 espèces en moyenne, tandis que le milieu Agricole surprend avec la richesse spécifique la plus élevée en milieu rural qui est également plus élevée que pour le milieu Périurbain avec 309 espèces en moyenne. Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 400,00 350,00 300,00 250,00 200,00 150,00 Végétation Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 368,94 364,42 255,26 263,88 206,39 308,62 Figure 38 : Richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural La richesse spécifique moyenne des différents types d'espaces végétalisés (figure 39), décroit en général des milieux les plus urbains aux milieux les plus ruraux. Seuls les arbres isolés semblent présenter une richesse spécifique moyenne plus élevée du Péricentre au milieu Rural mixte, pour ensuite chuter en milieu Agricole. Il est important de signaler que la très faible surface occupée par ces arbres isolés ne permet pas de tempérer l'influence de certaines entités plus riches en biodiversité que la moyenne générale de ce type d'habitat. Si l'on observe maintenant les richesses spécifiques moyennes entre les différents types d'habitats d'espaces végétalisés, nous pouvons alors les classer du plus riche au moins riche avec respectivement, les bois, puis les haies et bosquets, la végétation basse, les arbres isolés et enfin les forêts. 61 550,00 Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 500,00 450,00 400,00 350,00 300,00 250,00 200,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Arbres isolés 303,22 317,96 313,88 332,00 181,00 Bois 492,38 483,12 481,91 460,90 464,49 Bosquets 438,28 435,08 428,41 398,47 385,00 399,03 Forêts 301,31 290,88 219,50 206,54 204,69 213,24 Haies 438,22 437,06 430,49 418,44 Végétation basse 353,16 360,74 335,37 337,69 412,16 318,40 333,60 Figure 39 : Evolution de la richesse spécifique moyenne pour les différents types d'espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural 4.3.2 Richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés au sein des trames vertes La richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés le long des bords routiers, bords ferrés et berges est donnée dans la figure 40. Les 3 types de "trames vertes potentielles" présentent une tendance identique à celle pour l'ensemble des espaces végétalisés avec une richesse spécifique moyenne décroissante de l'urbain au rural, avec cependant toujours l'exception représentée par le milieu Agricole. Remarquons toutefois que les bords ferrés absents du milieu rural ne permettent pas de leur associer cette tendance tout au long du gradient d'urbanisation. On peut également remarquer que la variation de la richesse spécifique est plus accentuée pour les berges que pour les bords routiers et ferrés. Enfin en comparant la richesse spécifique moyenne entre les 3 types d'abords de structures linéaires, on observe que tout au long du gradient d'urbanisation, elle est la plus élevée le long des bords routiers, suivi de près par les bords ferrés, tandis que les berges apparaissent moins riches en moyenne. 62 Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 500,00 450,00 400,00 350,00 300,00 250,00 200,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Bords routiers 442,10 435,95 413,08 410,33 387,90 412,69 Bords ferrés 404,51 421,61 406,68 Berges 365,27 373,12 300,15 315,35 257,14 368,73 Figure 40 : Richesse spécifique moyenne des espaces végétalisés aux abords de structures linéaires et le long du gradient urbain-rural 4.4 Résultats : Influence de l'urbanisation sur la composition spécifique 4.4.1 Richesse moyenne en espèces spécialistes des sites Rappelons que les espèces spécialistes sont les espèces rencontrées uniquement dans l’habitat considéré. Sur la figure 41 on note une évolution globalement croissante de la richesse en espèces spécialistes de l'urbain au rural (de 30 espèces en moyenne pour le Péricentre à plus de 40 espèces en moyenne dans le milieu Périurbain et les milieux ruraux). Les milieux ruraux sont cependant plus riches en espèces spécialistes pour le milieu Forestier avec une richesse moyenne de 44 espèces spécialistes, tandis que le milieu Agricole n'en présente que 37 en moyenne. Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 50,00 45,00 40,00 35,00 30,00 25,00 Série1 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 29,91 33,97 41,13 40,54 44,19 37,77 Figure 41 : Richesse moyenne en espèces spécialistes le long du gradient urbain-rural 63 4.4.2 Richesse moyenne en espèces spécialistes au sein des espaces végétalisés 4.4.2.1 Richesse moyenne en espèces spécialistes des différents types d'espaces végétalisés Sur la figure 42, nous observons que les plus fortes richesses (57 espèces spécialistes en moyenne) se trouvent au sein des milieux les plus urbains (Péricentre et Suburbain), tandis que les milieux plus ruraux présentent des richesses beaucoup plus faibles (moins de 50 espèces spécialistes). Parmi les espaces végétalisés des milieux ruraux, le milieu Agricole présente quant à lui le plus grand nombre d'espèces spécialistes avec 49 espèces en moyenne. Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 60,00 58,00 56,00 54,00 52,00 50,00 48,00 46,00 44,00 42,00 40,00 Végétation Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole 57,27 56,97 47,40 46,43 44,80 48,98 Figure 42 : Richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural Si l'on compare la richesse moyenne en espèces spécialistes entre les différents types d'espaces végétalisés (figure 43), nous observons alors que les bois présentent les plus fortes richesses avec en moyenne plus d'une centaine d'espèces. Les haies, bosquets, forêts et la Végétation basse présentent quant à eux des richesses plus faibles de l'ordre d'une cinquantaine d'espèces spécialistes, et les arbres isolés une richesse encore plus faible de l'ordre de 25 espèces en moyenne. L'évolution des richesses moyennes en espèces spécialistes pour les différents types d'espaces végétalisés montre une perte d'une dizaine à une vingtaine d'espèces des milieux les plus urbains aux plus ruraux, sauf pour les arbres isolés qui montrent une tendance à l'augmentation. 64 Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) 120,00 100,00 80,00 60,00 40,00 20,00 0,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Arbres isolés 23,04 26,35 26,10 31,00 Bois 109,72 104,90 103,06 94,97 Bosquets 60,14 58,66 56,93 46,36 41,00 46,71 Forêts 54,95 54,79 46,46 45,40 44,86 46,41 Haies 60,22 60,16 58,82 53,53 Végétation basse 50,34 52,25 46,07 46,07 Forestier Agricole 12,00 97,41 51,09 41,77 45,39 Figure 43 : Evolution de la richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés le long du gradient urbain-rural 4.4.2.2 Richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés au sein des trames vertes Richesse spécifique moyenne (en nombre d'espèces) Au sein des surfaces végétalisées des abords de structures linéaires, nous pouvons observer sur la figure 44 une tendance globalement décroissante de la richesse moyenne en espèces spécialistes de l'urbain au rural et ce pour les bords routiers et berges du moins. Du fait de l'absence des bords ferrés en milieu rural, la tendance est cependant plus floue pour ce type d'abord. Signalons également que le milieu Agricole présente toutefois la richesse la plus élevée au sein des zones rurales pour les bords routiers et les berges, avec une différence nettement plus accentuée au sein de ces dernières. 80,00 75,00 70,00 65,00 60,00 55,00 50,00 Péricentre Suburbain Périurbain Rural mixte Forestier Agricole Bords routiers 75,30 72,02 68,15 62,15 63,29 63,70 Bords ferrés 69,94 71,73 69,44 Berges 65,92 67,67 59,63 57,48 53,57 62,55 Figure 44 : Richesse moyenne en espèces spécialistes des espaces végétalisés aux abords de structures linéaires et le long du gradient urbain-rural 65 4.5 Discussion Dans cette partie, nous avons choisi d'évaluer l'influence de l'urbanisation sur 2 types d'indicateurs de biodiversité : - Le potentiel de biodiversité totale, représenté par la richesse spécifique moyenne au sein des sites ou des habitats (cumulant l'ensemble des espèces pouvant potentiellement être présentes) - Le potentiel de biodiversité en espèces spécialistes, représenté par la richesse moyenne en espèces spécialistes au sein des sites ou des habitats (cumulant l'ensemble des espèces spécialistes propres aux différentes listes d'espèces composant un habitat et retrouvées uniquement au sein d'elles ou dans leur association). Concernant le potentiel de biodiversité totale, nous avons pu voir au niveau des sites de 500 mètres de rayon, une richesse spécifique moyenne décroissante du milieu suburbain aux milieux ruraux et une richesse relativement faible pour le Péricentre par rapport au milieu Suburbain. Ces résultats sont alors à rapprocher de ceux concernant le potentiel de biodiversité totale pris uniquement sur les espaces végétalisés et qui nous ont montré une richesse spécifique moyenne légèrement supérieure pour le Péricentre par rapport au milieu Suburbain. Nous pouvons alors déduire que la richesse spécifique moyenne prise au sein de l'ensemble des habitats du Péricentre chute en raison des surfaces minérales pauvres en espèces et prépondérantes au sein de ce milieu. Selon nos résultats, le milieu Suburbain présente alors le meilleur compromis entre biodiversité et quantités d'espaces végétalisés pour un potentiel de biodiversité élevé au sein de l'ensemble de sa mosaïque d'habitats. Ce résultat pourrait alors avoir des conséquences sur les politiques d'aménagement du territoire au travers d'outils tel que les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) ou encore les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU), qui pourraient ainsi intégrer des valeurs seuils de surfaces végétalisées et de surfaces minérales pour une optimisation du potentiel de biodiversité. Nous constatons que les milieux Agricole et Forestier présentent un faible potentiel de biodiversité pour l'ensemble de leur mosaïque d'habitats, tandis qu'en considérant les espaces végétalisés ce potentiel reste faible en milieu Forestier mais augmente fortement en milieu Agricole. Si l'on met ce résultat en rapport avec les surfaces de végétation et la fragmentation de ces milieux, le milieu Forestier très végétalisé et peu fragmenté présente néanmoins un faible potentiel de biodiversité, tandis que dans le milieu Agricole possédant peu d'espaces végétalisés mais relativement plus fragmentés, subsiste un potentiel de biodiversité important. Ce résultat démontre ainsi l'importance de la préservation des derniers espaces végétalisés en milieu Agricole et notamment les prairies sèches et humides, mégaphorbiaies ou encore les pelouses naturelles et semi-naturels riches en espèces, face aux monocultures intensives (DGALN 2007). Ainsi en Alsace, et notamment dans les Rieds accompagnant les cours d'eau (comme dans la partie amont du Rhin Tortu), il est important de pouvoir protéger ces habitats humides souvent riches en espèces patrimoniales et parfois protégées comme l'Iris de Sibérie (Iris siribica), le Glaïeul palustre (Gladiolus palustris) ou encore l'Oeillet superbe (Dianthus superbus) (ODONAT 2003). 66 Les différents types d'espaces végétalisés présentent des richesses spécifiques moyennes très différentes qui tendent à diminuer le long du gradient urbain-rural. Les bois et les haies dont les caractéristiques structurelles se situent à l'intermédiaire des autres types d'espaces végétalisés (SERTIT 2013), présentent alors logiquement les potentiels de biodiversité les plus élevés par leur possibilité de regrouper des espèces présentes au sein des types d'espaces végétalisés proches. Plus surprenant, les forêts présentent les potentiels de biodiversité les plus faibles, ceux-ci diminuant fortement des milieux les plus urbains (Péricentre et Suburbain) en arrivant au milieu Périurbain et aux milieux ruraux. Bien que l'étude des espèces exotiques n'ait pu être abordée dans ce mémoire, nous pouvons émettre l'hypothèse que ces dernières participent grandement au potentiel de biodiversité des forêts (qui sont les plus fragmentées et réduites en surface) au sein des milieux les plus urbains,. En revanche leur participation devrait être plus limitée au sein des milieux plus ruraux, qui nous le rappelons jouxtent la forêt du Neuhof, dont les surfaces beaucoup plus vastes et moins fragmentées ont récemment été mises sous protection lors de la création en 2012 de la Réserve Naturelle Nationale du massif forestier de Strasbourg-Neuhof/Illkirch-Graffenstaden (MEDDE 2012). Malgré la qualité des surfaces de végétation des berges (démontrée dans la partie précédente), leur potentiel de biodiversité apparaît nettement moindre que celui des bords routiers et des bords ferrés. Cependant, en admettant que les bords routiers et les bords ferrés sont propices à l'accueil de nombreuses espèces exotiques compétitives et souvent généralistes, en raison des disséminations facilitées par les voies de transports (MEDDE 2013), ce potentiel de biodiversité n'a que très peu de chances de traduire une richesse en espèces locales dont la conservation est d'autant plus importante pour la préservation d'un patrimoine naturel identitaire (MEDDTL 2011). Outre les espèces exotiques, les espèces indigènes généralistes (ayant de larges amplitudes écologiques et pouvant exploiter plusieurs habitats) ne présentent pas par conséquent de priorités de conservation. En revanche, les espèces spécialistes (à amplitudes écologiques réduites et ne pouvant exploiter qu'un seul type d'habitat) participant beaucoup à la présence d'une flore diversifiée, sont par conséquent beaucoup plus menacées (Townsend, Begon & Harper 2003). En conséquence nous proposons de comparer les résultats des potentiels de biodiversité totale et des potentiels de biodiversité en espèces spécialistes. Pour l'ensemble des habitats, une augmentation des richesses moyennes en espèces spécialistes de l'urbain au rural, apparait en contradiction avec les richesses spécifiques moyennes toutes espèces confondues. Cela met par conséquent en évidence une diversité spécifique potentiellement plus importante au sein des milieux ruraux par rapport aux milieux plus urbains. Cela met également en évidence le rôle des déplacements humains (plus important en milieu urbain) dans la dissémination des espèces généralistes et l'homogénéisation biotique (Abadie 2008). Signalons que pour les milieux urbains, les nombreuses espèces généralistes sont néanmoins concentrées au sein des surfaces minérales (notamment voies ferrés et chaussées routières) : en témoignent les pourcentages supérieurs à 90 % en espèces généralistes de ces habitats (visible au sein de l'annexe 1). En témoigne également la richesse élevée en espèces spécialistes des espaces végétalisés en milieu urbain 67 et diminuant au sein des milieux plus ruraux. Néanmoins, cette richesse élevée en espèces spécialistes des espaces végétalisés en milieu urbain est cependant à prendre avec précautions. En effet, encore une fois nous pouvons émettre l'hypothèse que les espèces exotiques plus nombreuses en milieux urbains (Clergeau 2011) peuvent participer de manière conséquente à l'augmentation de ce potentiel de biodiversité au sein des espaces végétalisés. Ainsi, de nombreuses espèces exotiques échappées des Jardins ornementaux, des Parcs et squares ou encore des jardins familiaux, devenant ainsi subspontanées au sein des villes (Hoff 2012), peuvent également être spécialistes de certains habitats particuliers. La comparaison des richesses moyennes en espèces spécialistes entre les différents types d'espaces végétalisés nous a montré une richesse plus importante pour les bois, suivi d'une richesse sensiblement similaire entre les haies, bosquets, végétation basse et forêts. La très forte richesse spécifique moyenne des bois explique alors leur richesse moyenne en espèces spécialistes également élevée. Ce résultat est notamment intéressant car il nous permet de confirmer l'intérêt de ce type d'espace végétalisé et notamment son choix pour la réalisation des études dans le cadre du programme ECORURB (Clergeau 2011, Vallet 2009). De plus, nous avons vu que ces bois présentent la particularité de diminuer en surfaces des milieux ruraux aux milieux plus urbains, augmentant "l'effet lisière" défavorable aux espèces spécialistes (Vallet 2009). Il paraît ainsi important de pouvoir retrouver de grandes entités de ce type d'espace végétalisé (riche en biodiversité) au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg, ce qui pourrait notamment être pris en compte dans les projets actuels de Parcs Naturels Urbains (CUS 2011). On peut alors aussi remarquer que les forêts dont la richesse spécifique moyenne pour l'ensemble des espèces nous est apparue comme la plus faible, présente une richesse moyenne en espèces spécialistes sensiblement équivalente aux autres types d'espaces végétalisés confirmant ainsi le choix de mise en Réserve Naturelle Nationale du massif forestier du Neuhof (MEDDE 2012). Enfin, les richesses moyennes en espèces spécialistes des abords de structures linéaires étant de tendances sensiblement similaires aux richesses spécifiques moyennes pour l'ensemble des espèces, nous pouvons considérer que ces espaces végétalisés (même au contact direct des surfaces minérales) peuvent présenter des conditions stationnelles permettant l'accueil et le transit d'espèces spécialistes. Cette information ouvre par conséquent de nombreuses perspectives en terme de conservation de la biodiversité urbaine et confirme le rôle de "corridor biologique" de ces trames vertes urbaines potentielles. 68 Conclusions et perspectives Par l'étalement urbain sans cesse croissant, entraînant la perte indéniable de nombreux espaces végétalisés au sein et aux abords des villes et la perte d'espaces à caractères naturels au sein de leurs périphéries, il est important de pouvoir cartographier la distribution des habitats au sein des territoires. Outre la perte directe d'habitats favorables à l'expression d'une forte diversité végétale, les habitats restants sont soumis à une forte fragmentation et diminution de leur taille notamment à cause de la mise en réseau d'infrastructures de transport (Chaussée routières, Voies ferrées ou encore diverses surfaces imperméabilisées) destinées à créer le lien entre les espaces bâtis (habitations, lieux de travail, centres culturels,...). Cette fragmentation s'opère alors au niveau des habitats, qui constituent les supports de la biodiversité ! La cartographie des habitats revêt ainsi un intérêt certain et représente un outil de choix pour orienter les décisions d'aménagement, à condition de connaître la biodiversité qu'ils hébergent. Face aux limites des cartographies actuelles des espèces végétales et de la biodiversité en général, la méthode de cartographie basée sur les habitats proposée ici présente un bon compromis entre les méthodes actuellement utilisées : - Elle permet une cartographie précise à l'échelle des habitats particulièrement bien adaptée à la réalisation d'Atlas de répartition des espèces à grandes échelles, à l'instar des méthodes basées sur les accrétions de données. - Elle permet également la prise en compte la répartition des espèces et de la biodiversité sur l'ensemble d'un territoire, à l'instar des méthodes basées sur des inventaires par mailles. Ces caractéristiques font ainsi de cette méthode un outil cartographique particulièrement bien adapté aux villes et agglomérations, en alliant précision et couverture de l'ensemble des habitats potentiels des espèces. La méthode développée présente néanmoins quelques limites dont la photointerprétation de certains habitats ou encore la mise en correspondance des habitats accessibles par télédétection avec des listes d'espèces ayant été réalisées préalablement au sein d'habitats inventoriés sur le terrain. Il conviendrait par conséquent à la suite de ce travail, de pouvoir standardiser la digitalisation de l'ensemble des habitats de notre typologie par des méthodes de traitements d'images satellites. Des travaux de géomatique proches de ceux réalisés par le SERTIT (approches orientées objets, utilisations complémentaires d'images panchromatiques et multispectrales allant dans le proche infrarouge,...) pourraient alors être envisagés en ce sens. Concernant les listes d'espèces par habitat, la réalisation d'un échantillon de relevés propres à chacun des habitats de notre typologie au sein des villes devrait permettre à l'avenir une meilleure sensibilité de notre cartographie. L'utilisation de listes préexistantes sur Strasbourg a néanmoins été essentielle à la mise en place et la calibration de la méthode, qui n'aurait pu être envisagée si des campagnes de relevés de végétation avaient dû être réalisées pendant la durée de ce stage. 69 Avec ou sans relevés de végétation préexistants, la méthode de cartographie développée dans ce travail permet alors d'accéder rapidement à une cartographie des habitats, des habitats potentiels des espèces et de la biodiversité au sein d'un territoire tout au long d'un gradient urbain-rural. L'accessibilité de plus en plus grande aux images satellites à hautes résolutions en fait de plus un outil largement reproductible pour un bon nombre de villes en France, en Europe, voire au niveau mondial. Les cartographies réalisées ici ont prouvé leurs intérêts pour l'étude de l'influence de l'urbanisation sur la répartition des habitats, des espèces végétales et de la biodiversité. Ainsi, nous avons mis en évidence que les milieux les plus urbains ainsi que les milieux les plus agricoles sont les moins favorables à une pleine expression des potentiels de biodiversité. Cependant ces milieux sont apparus les plus riches en espèces en ne prenant en compte que leurs espaces végétalisés. Il serait par conséquent intéressant dans le cadre d'une optimisation du potentiel de biodiversité tout au long d'un gradient urbain-rural (des villes aux campagnes), de pouvoir définir des valeurs seuils de surfaces minérales, surfaces en eau, surfaces de cultures et surfaces de végétation, en se rapprochant d'un équilibre entre quantité et qualité des espaces végétalisés. Il est alors également important de savoir comment ces espèces vont pouvoir se disséminer pour reconquérir les espaces végétalisés montrant de moindres potentiels de biodiversité le long du gradient d'urbanisation. L'étude de trames vertes potentielles (les linéaires végétalisés) nous a alors permis de mettre en évidence la relativement bonne qualité des linéaires de cours d'eau par rapport aux bords routiers et bords ferrés au sein de notre zone d'étude. La préservation des berges au sein des milieux Suburbain et Périurbain, ainsi que la restauration prioritaire des berges de cours d'eau au sein du Péricentre et du milieu agricole devraient alors être envisagées. La cartographie d'habitats, d'habitats potentiels des espèces et de la biodiversité se veut être un outil au service du gestionnaire et de l'aménageur, qui par la hiérarchisation des priorités concernant la biodiversité végétale, vont pouvoir décider des orientations à donner concernant l'aménagement et la gestion des différents espaces végétalisés. Signalons enfin que les politiques d'aménagement définies au sein de documents d'urbanisme tels que les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) ou encore les Plans Locaux d'Urbanisme (PLU), se doivent depuis la loi portant engagement national pour l'environnement dite Grenelle II du 12 Juillet 2010, de renforcer la préservation de la biodiversité et des écosystèmes (notamment via la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques). Pour finir, il nous est alors paru important de décomposer cette biodiversité en 2 types d'indicateurs. Les potentiels de biodiversité pour l'ensemble des espèces et pour les espèces dites spécialistes ont alors présenté des tendances contraires le long de notre gradient d'urbanisation, démontrant une tendance à l'homogénéisation biotique au sein de milieux les plus urbains. Signalons enfin que ces tendances sont néanmoins apparues sensiblement égales pour les seuls espaces végétalisés, avec des potentiels de biodiversité les plus importants pour les milieux les plus urbains (peut-être liés à une prépondérance en espèces exotiques). Il serait par conséquent intéressant de pouvoir envisager une suite à cette étude en s'intéressant à un troisième type d'indicateur : les potentiels de biodiversité en espèces indigènes et exotiques ! 70 Bibliographie ABADIE JC., 2008. La nature ordinaire face aux pressions humaines : le cas des plantes communes. Méthodes de suivis et évaluation de l'impact des activités humaines. Thèse de Doctorat, Muséum National d'Histoire Naturelle, 216 p. ADEUS-AURM (Agence de Développement et d'Urbanisme de l'Agglomération Strasbourgeoise Agence d'Urbanisme de la Région Mulhousienne), 2007. 30 ans d'urbanisation en Alsace : consommation foncière et fonctionnement du territoire. 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d'alignements 91 3 88 3,30 96,70 (g1)(3+5.1) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares 219 9 210 4,11 95,89 (g2)(3+6.1) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales 161 8 153 4,97 95,03 (g3)(3+7.1) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux 163 6 157 3,68 96,32 (g4)(3+11) Pieds d'arbres d'alignements des bords routiers 307 21 286 6,84 93,16 (g4a)(3+5.1+11) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des bords routiers 310 29 281 9,35 90,65 (g4b)(3+6.1+11) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des bords routiers 326 27 299 8,28 91,72 (g4c)(3+7.1+11) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords routiers 321 25 296 7,79 92,21 (g5)(3+12) Pieds d'arbres d'alignements des bords ferrés 262 13 249 4,96 95,04 (g5a)(3+5.1+12) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des bords ferrés 289 20 269 6,92 93,08 (g5b)(3+6.1+12) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés 261 18 243 6,90 93,10 (g5c)(3+7.1+12) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords ferrés 260 16 244 6,15 93,85 Classification finale (g6)(3+18) Pieds d'arbres d'alignements des berges boisées Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 12 169 181 6,63 93,37 (g6a)(3+5.1+18) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des berges boisées 253 18 235 7,11 92,89 (g6b)(3+6.1+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des berges boisées 219 17 202 7,76 92,24 (g6c)(3+7.1+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des berges boisées 217 15 202 6,91 93,09 (g7)(3+11+12) Pieds d'arbres d'alignements des bords routiers et ferrés 312 35 277 11,22 88,78 (g7a)(3+5.1+11+12) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des bords routiers et ferrés 347 44 303 12,68 87,32 (g7b)(3+6.1+11+12) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et ferrés 334 41 293 12,28 87,72 (g7c)(3+7.1+11+12) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords routiers et ferrés 329 39 290 11,85 88,15 (g8)(3+11+18) Pieds d'arbres d'alignements des bords routiers et berges boisées 302 31 271 10,26 89,74 (g8a)(3+5.1+11+18) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des bords routiers et berges boisées 340 39 301 11,47 88,53 (g8b)(3+6.1+11+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et berges boisées 321 37 284 11,53 88,47 (g8c)(3+7.1+11+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords routiers et berges boisées 319 35 284 10,97 89,03 (g9)(3+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des bords ferrés et berges boisées 270 22 248 8,15 91,85 (g9a)(3+5.1+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des bords ferrés et berges boisées 319 29 290 9,09 90,91 (g9b)(3+6.1+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés et berges boisées 295 27 268 9,15 90,85 (g9c)(3+7.1+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords ferrés et berges boisées 297 25 272 8,42 91,58 (g10)(3+11+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des bords routiers, ferrés et berges boisées 343 45 298 13,12 86,88 (g10a)(3+5.1+11+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des parcs et squares et des bords routiers, ferrés et berges boisées (g10b)(3+6.1+11+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins de plantes ornementales et des bords routiers, ferrés et berges boisées (g10c)(3+7.1+11+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords routiers, ferrés et berges boisées 372 54 318 14,52 85,48 360 51 309 14,17 85,83 359 49 310 13,65 86,35 (h)(19+20) Bois 349 92 257 26,36 73,64 (h1)(19+20+5.1) Bois des parcs et squares 398 102 296 25,63 74,37 (h2)(19+20+6.1) Bois des jardins de plantes ornementales 382 98 284 25,65 74,35 (h3)(19+20+7.1) Bois des jardins familiaux 381 98 283 25,72 74,28 Classification finale (h4)(19+20+11) Bois des bords routiers Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 115 310 425 27,06 72,94 (h4a)(19+20+5.1+11) Bois des parcs et squares et des bords routiers 454 128 326 28,19 71,81 (h4b)(19+20+6.1+11) Bois des jardins de plantes ornementales et des bords routiers 445 122 323 27,42 72,58 (h4c)(19+20+7.1+11) Bois des jardins familiaux et des bords routiers 442 122 320 27,60 72,40 (h5)(19+20+12) Bois des bords ferrés 403 107 296 26,55 73,45 (h5a)(19+20+5.1+12) Bois des parcs et squares et des bords ferrés 434 118 316 27,19 72,81 (h5b)(19+20+6.1+12) Bois des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés 425 113 312 26,59 73,41 (h5c)(19+20+7.1+12) Bois des jardins familiaux et des bords ferrés 425 113 312 26,59 73,41 (h6)(19+20+18) Bois des berges boisées 388 102 286 26,29 73,71 (h6a)(19+20+5.1+18) Bois des parcs et squares et des berges boisées 426 112 314 26,29 73,71 (h6b)(19+20+6.1+18) Bois des jardins de plantes ornementales et des berges boisées 410 108 302 26,34 73,66 (h6c)(19+20+7.1+18) Bois des jardins familiaux et des berges boisées 408 108 300 26,47 73,53 (h7)(19+20+11+12) Bois des bords routiers et ferrés 456 141 315 30,92 69,08 (h7a)(19+20+5.1+11+12) Bois des parcs et squares et des bords routiers et ferrés 475 155 320 32,63 67,37 (h7b)(19+20+6.1+11+12) Bois des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et ferrés 471 148 323 31,42 68,58 (h7c)(19+20+7.1+11+12) Bois des jardins familiaux et des bords routiers et ferrés 468 148 320 31,62 68,38 (h8)(19+20+11+18) Bois des bords routiers et berges boisées 456 126 330 27,63 72,37 (h8a)(19+20+5.1+11+18) Bois des parcs et squares et des bords routiers et berges boisées 479 140 339 29,23 70,77 (h8b)(19+20+6.1+11+18) Bois des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et berges boisées 469 133 336 28,36 71,64 (h8c)(19+20+7.1+11+18) Bois des jardins familiaux et des bords routiers et berges boisées 466 133 333 28,54 71,46 (h9)(19+20+12+18) Bois des bords ferrés et berges boisées 431 118 313 27,38 72,62 (h9a)(19+20+5.1+12+18) Bois des parcs et squares et des bords ferrés et berges boisées 459 129 330 28,10 71,90 (h9b)(19+20+6.1+12+18) Bois des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés et berges boisées 448 124 324 27,68 72,32 (h9c)(19+20+7.1+12+18) Bois des jardins familiaux et des bords ferrés et berges boisées 447 124 323 27,74 72,26 (h10)(19+20+11+12+18) Bois des bords routiers, ferrés et berges boisées 480 153 327 31,88 68,13 Classification finale (h10a)(19+20+5.1+11+12+18) Bois des parcs et squares et des bords routiers, ferrés et berges boisées Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 168 330 498 33,73 66,27 (h10b)(19+20+6.1+11+12+18) Bois des jardins de plantes ornementales et des bords routiers, ferrés et berges boisées 492 160 332 32,52 67,48 (h10c)(19+20+7.1+11+12+18) Pieds d'arbres d'alignements des jardins familiaux et des bords routiers, ferrés et berges boisées 489 160 329 32,72 67,28 (i)(19) Bosquets 258 41 217 15,89 84,11 (i1)(19+5.1) Bosquets des parcs et squares 333 48 285 14,41 85,59 (i2)(19+6.1) Bosquets des jardins de plantes ornementales 309 46 263 14,89 85,11 (i3)(19+7.1) Bosquets des jardins familiaux 311 44 267 14,15 85,85 (i4)(19+11) Bosquets des bords routiers 354 63 291 17,80 82,20 (i4a)(19+5.1+11) Bosquets des parcs et squares et des bords routiers 394 73 321 18,53 81,47 (i4b)(19+6.1+11) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des bords routiers 381 69 312 18,11 81,89 (i4c)(19+7.1+11) Bosquets des jardins familiaux et des bords routiers 380 67 313 17,63 82,37 (i5)(19+12) Bosquets des bords ferrés 327 56 271 17,13 82,87 (i5a)(19+5.1+12) Bosquets des parcs et squares et des bords ferrés 373 64 309 17,16 82,84 (i5b)(19+6.1+12) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés 359 61 298 16,99 83,01 (i5c)(19+7.1+12) Bosquets des jardins familiaux et des bords ferrés 359 59 300 16,43 83,57 (i6)(19+18) Bosquets des berges boisées 312 50 262 16,03 83,97 (i6a)(19+5.1+18) Bosquets des parcs et squares et des berges boisées 364 57 307 15,66 84,34 (i6b)(19+6.1+18) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des berges boisées 340 55 285 16,18 83,82 (i6c)(19+7.1+18) Bosquets des jardins familiaux et des berges boisées 341 53 288 15,54 84,46 (i7)(19+11+12) Bosquets des bords routiers et ferrés 387 87 300 22,48 77,52 (i7a)(19+5.1+11+12) Bosquets des parcs et squares et des bords routiers et ferrés 416 98 318 23,56 76,44 (i7b)(19+6.1+11+12) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et ferrés 409 93 316 22,74 77,26 (i7c)(19+7.1+11+12) Bosquets des jardins familiaux et des bords routiers et ferrés 407 91 316 22,36 77,64 (i8)(19+11+18) Bosquets des bords routiers et berges boisées 390 73 317 18,72 81,28 (i8a)(19+5.1+11+18) Bosquets des parcs et squares et des bords routiers et berges boisées 421 83 338 19,71 80,29 Classification finale (i8b)(19+6.1+11+18) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et berges boisées Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 79 327 406 19,46 80,54 (i8c)(19+7.1+11+18) Bosquets des jardins familiaux et des bords routiers et berges boisées 406 77 329 18,97 81,03 (i9)(19+12+18) Bosquets des bords ferrés et berges boisées 361 66 295 18,28 81,72 (i9a)(19+5.1+12+18) Bosquets des parcs et squares et des bords ferrés et berges boisées 400 74 326 18,50 81,50 (i9b)(19+6.1+12+18) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés et berges boisées 383 71 312 18,54 81,46 (i9c)(19+7.1+12+18) Bosquets des jardins familiaux et des bords ferrés et berges boisées 384 69 315 17,97 82,03 (i10)(19+11+12+18) Bosquets des bords routiers, ferrés et berges boisées 415 98 317 23,61 76,39 (i10a)(19+5.1+11+12+18) Bosquets des parcs et squares et des bords routiers, ferrés et berges boisées 440 109 331 24,77 75,23 (i10b)(19+6.1+11+12+18) Bosquets des jardins de plantes ornementales et des bords routiers, ferrés et berges boisées 430 104 326 24,19 75,81 (i10c)(19+7.1+11+12+18) Bosquets des jardins familiaux et des bords routiers, ferrés et berges boisées 430 102 328 23,72 76,28 (j)(20) Forêts 176 44 132 25,00 75,00 (j1)(20+5.1) Forêts des parcs et squares 274 53 221 19,34 80,66 (j2)(20+6.1) Forêts des jardins de plantes ornementales 243 50 193 20,58 79,42 (j3)(20+7.1) Forêts des jardins familiaux 244 50 194 20,49 79,51 (j4)(20+11) Forêts des bords routiers 328 63 265 19,21 80,79 (j4a)(20+5.1+11) Forêts des parcs et squares et des bords routiers 372 74 298 19,89 80,11 (j4b)(20+6.1+11) Forêts des jardins de plantes ornementales et des bords routiers 355 70 285 19,72 80,28 (j4c)(20+7.1+11) Forêts des jardins familiaux et des bords routiers 351 70 281 19,94 80,06 (j5)(20+12) Forêts des bords ferrés 304 54 250 17,76 82,24 (j5a)(20+5.1+12) Forêts des parcs et squares et des bords ferrés 352 64 288 18,18 81,82 (j5b)(20+6.1+12) Forêts des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés 337 60 277 17,80 82,20 (j5c)(20+7.1+12) Forêts des jardins familiaux et des bords ferrés 335 60 275 17,91 82,09 (j6)(20+18) Forêts des berges boisées 237 53 184 22,36 77,64 (j6a)(20+5.1+18) Forêts des parcs et squares et des berges boisées 313 62 251 19,81 80,19 (j6b)(20+6.1+18) Forêts des jardins de plantes ornementales et des berges boisées 287 59 228 20,56 79,44 Classification finale (j6c)(20+7.1+18) Forêts des jardins familiaux et des berges boisées Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 59 223 282 20,92 79,08 (j7)(20+11+12) Forêts des bords routiers et ferrés 381 79 302 20,73 79,27 (j7a)(20+5.1+11+12) Forêts des parcs et squares et des bords routiers et ferrés 408 91 317 22,30 77,70 (j7b)(20+6.1+11+12) Forêts des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et ferrés 400 86 314 21,50 78,50 (j7c)(20+7.1+11+12) Forêts des jardins familiaux et des bords routiers et ferrés 396 86 310 21,72 78,28 (j8)(20+11+18) Forêts des bords routiers et berges boisées 366 73 293 19,95 80,05 (j8a)(20+5.1+11+18) Forêts des parcs et squares et des bords routiers et berges boisées 401 84 317 20,95 79,05 (j8b)(20+6.1+11+18) Forêts des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et berges boisées 386 80 306 20,73 79,27 (j8c)(20+7.1+11+18) Forêts des jardins familiaux et des bords routiers et berges boisées 381 80 301 21,00 79,00 (j9)(20+12+18) Forêts des bords ferrés et berges boisées 337 63 274 18,69 81,31 (j9a)(20+5.1+12+18) Forêts des parcs et squares et des bords ferrés et berges boisées 380 73 307 19,21 80,79 (j9b)(20+6.1+12+18) Forêts des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés et berges boisées 364 69 295 18,96 81,04 (j9c)(20+7.1+12+18) Forêts des jardins familiaux et des bords ferrés et berges boisées 361 69 292 19,11 80,89 (j10)(20+11+12+18) Forêts des bords routiers, ferrés et berges boisées 408 89 319 21,81 78,19 (j10a)(20+5.1+11+12+18) Forêts des parcs et squares et des bords routiers, ferrés et berges boisées 433 101 332 23,33 76,67 (j10b)(20+6.1+11+12+18) Forêts des jardins de plantes ornementales et des bords routiers, ferrés et berges boisées 424 96 328 22,64 77,36 (j10c)(20+7.1+11+12+18) Forêts des jardins familiaux et des bords routiers, ferrés et berges boisées 420 96 324 22,86 77,14 (k)(3+19) Haies 291 44 247 15,12 84,88 (k1)(3+19+5.1) Haies des parcs et squares 347 51 296 14,70 85,30 (k2)(3+19+6.1) Haies des jardins de plantes ornementales 325 49 276 15,08 84,92 (k3)(3+19+7.1) Haies des jardins familiaux 329 47 282 14,29 85,71 (k4)(3+19+11) Haies des bords routiers 372 66 306 17,74 82,26 (k4a)(3+19+5.1+11) Haies des parcs et squares et des bords routiers 404 76 328 18,81 81,19 (k4b)(3+19+6.1+11) Haies des jardins de plantes ornementales et des bords routiers 391 72 319 18,41 81,59 (k4c)(3+19+7.1+11) Haies des jardins familiaux et des bords routiers 391 70 321 17,90 82,10 Classification finale (k5)(3+19+12) Haies des bords ferrés Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 59 290 349 16,91 83,09 (k5a)(3+19+5.1+12) Haies des parcs et squares et des bords ferrés 384 67 317 17,45 82,55 (k5b)(3+19+6.1+12) Haies des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés 370 64 306 17,30 82,70 (k5c)(3+19+7.1+12) Haies des jardins familiaux et des bords ferrés 374 62 312 16,58 83,42 (k6)(3+19+18) Haies des berges boisées 332 53 279 15,96 84,04 (k6a)(3+19+5.1+18) Haies des parcs et squares et des berges boisées 374 60 314 16,04 83,96 (k6b)(3+19+6.1+18) Haies des jardins de plantes ornementales et des berges boisées 354 58 296 16,38 83,62 (k6c)(3+19+7.1+18) Haies des jardins familiaux et des berges boisées 358 56 302 15,64 84,36 (k7)(3+19+11+12) Haies des bords routiers et ferrés 401 91 310 22,69 77,31 (k7a)(3+19+5.1+11+12) Haies des parcs et squares et des bords routiers et ferrés 425 102 323 24,00 76,00 (k7b)(3+19+6.1+11+12) Haies des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et ferrés 417 97 320 23,26 76,74 (k7c)(3+19+7.1+11+12) Haies des jardins familiaux et des bords routiers et ferrés 416 95 321 22,84 77,16 (k8)(3+19+11+18) Haies des bords routiers et berges boisées 400 76 324 19,00 81,00 (k8a)(3+19+5.1+11+18) Haies des parcs et squares et des bords routiers et berges boisées 427 86 341 20,14 79,86 (k8b)(3+19+6.1+11+18) Haies des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et berges boisées 415 82 333 19,76 80,24 (k8c)(3+19+7.1+11+18) Haies des jardins familiaux et des bords routiers et berges boisées 416 80 336 19,23 80,77 (k9)(3+19+12+18) Haies des bords ferrés et berges boisées 376 69 307 18,35 81,65 (k9a)(3+19+5.1+12+18) Haies des parcs et squares et des bords ferrés et berges boisées 407 77 330 18,92 81,08 (k9b)(3+19+6.1+12+18) Haies des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés et berges boisées 393 74 319 18,83 81,17 (k9c)(3+19+7.1+12+18) Haies des jardins familiaux et des bords ferrés et berges boisées 398 72 326 18,09 81,91 (k10)(3+19+11+12+18) Haies des bords routiers, ferrés et berges boisées 423 102 321 24,11 75,89 (k10a)(3+19+5.1+11+12+18) Haies des parcs et squares et des bords routiers, ferrés et berges boisées 445 113 332 25,39 74,61 (k10b)(3+19+6.1+11+12+18) Haies des jardins de plantes ornementales et des bords routiers, ferrés et berges boisées 437 108 329 24,71 75,29 (k10c)(3+19+7.1+11+12+18) Haies des jardins familiaux et des bords routiers, ferrés et berges boisées 438 106 332 24,20 75,80 (l)(4) Végétation basse 307 39 268 12,70 87,30 Classification finale (l1)(4+5.1) Végétation basse des parcs et des squares Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 47 299 346 13,58 86,42 (l2)(4+6.1) Végétation basse des jardins de plantes ornementales 330 46 284 13,94 86,06 (l3)(4+7.1) Végétation basse des jardins familiaux 324 43 281 13,27 86,73 (l4)(4+11) Végétation basse des bords routiers 384 60 324 15,63 84,38 (l4a)(4+5.1+11) Végétation basse des parcs et squares et des bords routiers 408 71 337 17,40 82,60 (l4b)(4+6.1+11) Végétation basse des jardins de plantes ornementales et des bords routiers 401 69 332 17,21 82,79 (l4c)(4+7.1+11) Végétation basse des jardins familiaux et des bords routiers 394 66 328 16,75 83,25 (l5)(4+12) Végétation basse des bords ferrés 362 52 310 14,36 85,64 (l5a)(4+5.1+12) Végétation basse des parcs et squares et des bords ferrés 392 62 330 15,82 84,18 (l5b)(4+6.1+12) Végétation basse des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés 379 59 320 15,57 84,43 (l5c)(4+7.1+12) Végétation basse des jardins familiaux et des bords ferrés 374 56 318 14,97 85,03 (l6)(4+14) Végétation basse des berges herbacées 395 70 325 17,72 82,28 (l6a)(4+5.1+14) Végétation basse des parcs et squares et des berges herbacées 417 80 337 19,18 80,82 (l6b)(4+6.1+14) Végétation basse des jardins de plantes ornementales et des berges herbacées 409 78 331 19,07 80,93 (l6c)(4+7.1+14) Végétation basse des jardins familiaux et des berges herbacées 406 75 331 18,47 81,53 (l7)(4+11+12) Végétation basse des bords routiers et ferrés 414 79 335 19,08 80,92 (l7a)(4+5.1+11+12) Végétation basse des parcs et squares et des bords routiers et ferrés 433 92 341 21,25 78,75 (l7b)(4+6.1+11+12) Végétation basse des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et ferrés 428 88 340 20,56 79,44 (l7c)(4+7.1+11+12) Végétation basse des jardins familiaux et des bords routiers et ferrés 423 85 338 20,09 79,91 (l8)(4+11+14) Végétation basse des bords routiers et berges herbacées 450 95 355 21,11 78,89 (l8a)(4+5.1+11+14) Végétation basse des parcs et squares et des bords routiers et berges herbacées 466 108 358 23,18 76,82 (l8b)(4+6.1+11+14) Végétation basse des jardins de plantes ornementales et des bords routiers et berges herbacées 463 105 358 22,68 77,32 (l8c)(4+7.1+11+14) Végétation basse des jardins familiaux et des bords routiers et berges herbacées 458 103 355 22,49 77,51 (l9)(4+12+14) Végétation basse des bords ferrés et berges herbacées 435 83 352 19,08 80,92 (l9a)(4+5.1+12+14) Végétation basse des parcs et squares et des bords ferrés et berges herbacées 454 95 359 20,93 79,07 Classification finale (l9b)(4+6.1+12+14) Végétation basse des jardins de plantes ornementales et des bords ferrés et berges herbacées Richesse spécifique Richesse Richesse Poucentage Pourcentage potentielle spécifique spécifique d'espèces en espèces (Ensemble en espèces en espèces spécialistes généralistes des espèces spécialistes généralistes cumulées) 91 357 448 20,31 79,69 (l9c)(4+7.1+12+14) Végétation basse des jardins familiaux et des bords ferrés et berges herbacées 445 88 357 19,78 80,22 (l10)(4+11+12+14) Végétation basse des bords routiers, ferrés et berges herbacées 471 116 355 24,63 75,37 (l10a)(4+5.1+11+12+14) Végétation basse des parcs et squares et des bords routiers, ferrés et berges herbacées 485 131 354 27,01 72,99 (l10b)(4+6.1+11+12+14) Végétation des jardins de plantes ornementales et des bords routiers, ferrés et berges herbacées 483 126 357 26,09 73,91 (l10c)(4+7.1+11+12+14) Végétation basse des jardins familiaux et des bords routiers, ferrés et berges herbacées 479 124 355 25,89 74,11 Annexe 2 : Schéma du processus de cartographie sous SIG (Nota Bene : Découpe supplémentaire des couches "Habitats.shp" pour l'ensemble des interactions (cf. Tableau 15) = 48 habitats (shapes orange + vert + violet) + 150 interactions supplémentaires soit 198 habitats ! Bords routiers.shp Bords ferrés.shp 18 Découper Habitats.shp Sites.shp Berges.shp Tampon 15 mètres + Découper Tampon 500 mètres Chaussées routières.shp Arbres isolés.shp Voies ferrées.shp Sites_RTZ.shp Bois.shp Eaux courantes et stagnantes.shp Découper Végétation_2012_RTZ.shp Bosquets.shp Sélection + enregistrer sous nouvelle couche Forêts.shp Murs et parois.shp Haies.shp Cultures.shp Végétation basse.shp Végétation_2012.shp Surfaces imperméabilisées.shp Parcs et squares.shp Orthophotoplan_2007.shp Digitalisation Jardins ornementaux.shp Découper 18 Habitats.shp Jardins familiaux.shp Résumé Selon l'ONU (Organisation des Nations Unis), l'explosion démographique actuelle combinée à une concentration des populations sans cesse plus importante au sein des aires urbaines, est à l'origine aujourd'hui d'un étalement urbain sans précédent. L'urbanisation est ainsi devenue en ce 21ème siècle, une des menaces les plus importantes concernant les habitats naturels et la biodiversité. Une étude a été réalisée sur le réseau hydrographique du Rhin Tortu-Ziegelwasser dans la Communauté Urbaine de Strasbourg, avec l'objectif d'évaluer la qualité des habitats et de la biodiversité végétale le long d'un gradient urbain-rural. Une cartographie de l'occupation du sol, des habitats potentiels des espèces et de la biodiversité, basée sur l'identification des habitats par télédétection, a été réalisée. Elle a permis d'analyser l'influence de l'urbanisation sur les espaces de végétation au travers des métriques de l''écologie du paysage : surfaces occupées, fragmentation et tailles des entités de différents habitats. La distance au centre-ville montre des discontinuités dans le gradient urbain-rural. Les milieux les plus urbains et les milieux agricoles apparaissent paradoxalement avec des espaces de végétation de moins bonne qualité (surfaces réduites et plus fragmentées) mais possèdent de plus forts potentiels de biodiversité. Afin d'envisager la préservation de la biodiversité végétale, nous avons pu montrer l'intérêt prioritaire que constitue les berges de cours d'eau (nombreux au sein de la ville de Strasbourg) pour le maintien et/ou la mise en place de trames vertes urbaines. Mots clés : Biodiversité urbaine, Trames vertes, Cartographie, Habitats, Végétation, Ecologie du Paysage, Fragmentation, Etalement urbain, Corridors fluviaux, Strasbourg. Abstract According to the UN (United Nations), the current population explosion combined with a concentration of population ever more important in urban areas, is today causing an unprecedented urban sprawl. Urbanization has become in the 21st century, one of the greatest threats to the conservation of natural habitats and biodiversity. A study was conducted on the Rhin Tortu-Ziegelwasser river system in the Urban Community of Strasbourg, with the aim to assessing the quality of habitats and biodiversity along an urban-rural gradient. Mapping land use, potential habitats of species and biodiversity, based on the identification of habitats by remote sensing was performed. It was used to analyze the influence of urbanization on vegetation areas through metrics of landscape ecology (occupied areas, fragmentation and sizes of entities of different habitats). The distance to the city center then shows discontinuities in the urban-rural gradient. The most urban and agricultural areas appear paradoxically with spaces vegetation of lower quality (smaller and more fragmented surfaces) but with stronger potential biodiversity. To consider the preservation of plant biodiversity, we have shown that the primary interest is the banks of rivers (many in the city of Strasbourg) for the maintenance and / or the establishment of urban greenways. Keywords : Urban biodiversity, Greenways, Cartography, Habitats, Vegetation, Landscape Ecology, Fragmentation, Urban sprawl, River corridors, Strasbourg.