Compte-rendu de

Transcription

Compte-rendu de
Marie-Laure SCHWALBACH
Baptiste PEDRONO
Projet tuteuré, réalisé sous la direction de Sabine NOEL
Compte rendu des conférences IUT/CNFPT 2011-2012
1er décembre 2011
Les Wikis, Wikimedia et Wikipédia
Présentation de
Rémi MATHIS, conservateur à la BNF, président de Wikimédia France
et
Sylvain MACHEFERT, Informaticien en charge du système d’information et de documentation
de l’Université de Bordeaux 3
1
Cette conférence, organisée conjointement par l’IUT Michel de Montaigne et le CNFPT,
Délégation Aquitaine, se proposait de donner un éclairage sur les wikis, leur rôle en
bibliothèques et de présenter les projets Wikimedia en s’arrêtant plus spécialement sur
Wikipédia.
Sylvain Machefert, ouvre la journée. Informaticien de formation, il a mis en place la nouvelle
version de Babord + , et est venu aux bibliothèques par l’association Wikimedia auprès de
laquelle il est engagé.
Il propose dans un premier temps d’étudier les principes de la gestion de contenu pour
comprendre le fonctionnement des wikis, leurs principales fonctionnalités.
Les Wikis
Les Wikis sont des gestionnaires de contenu qui permettent de mettre en ligne de
l’information sans être arrêté par la nécessité de la coder en Html. Il suffit simplement de
remplir des «cases», des formulaires.
Bien avant Internet, Paul Otlet1, l’un des pères de la documentation à qui l’on doit la CDU,
travaillait déjà à la mise en commun de contenus et avait envisagé qu’on puisse depuis un
bureau accéder aux contenus à distance, tout comme Vannevar Bush qui imagine dès 1945 le
memex (memory extender) qui pose les bases de l’hypertexte. Dès les débuts du Web (1991),
Tim Berners-Lee l’imagine comme une interface en lecture - écriture permettant d’éditer un
texte au fur et à mesure de sa lecture.
On a longtemps laissé de côté ces possibilités d’édition, se contentant de « surfer », mais dans
les années 2000 apparaissent les outils de gestion de contenu en ligne, les CMS, qui
permettent de créer des sites de A à Z sans créer de code Html. L’écriture se répand sur le net
surtout à travers les blogs
Les Wikis, plus récents, permettent au visiteur d’une page web, d’y effectuer des ajouts, des
corrections, de devenir contributeur, et font apparaître immédiatement les modifications.
Les wikis associent donc à la gestion de contenu la participation des internautes.
Si l’on reprend la définition du Web 2.0 que donne le dico du net on y relève que « le web 2.0
est un concept d'utilisation d'internet qui a pour but de valoriser l'utilisateur et ses relations
avec les autres » et que « internet (y est considéré) comme une intelligence collective où
chaque internaute fait partie d'un réseau social. Plus clairement, le web 2.0 mettrait en scène
l'internaute en lui donnant la possibilité d'interagir et de s'identifier à une communauté. » Des
avancées technologiques comme le fil RSS permettent la mise en place de ces relations
1
On peut lire pour plus d’information L’Homme qui voulait classer le monde, Françoise
Lévie, Les Impressions nouvelles, 2006.
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dynamiques. Le web 2.0 propose des sites multiples qui changent vite. Skyblog est en perte de
vitesse, les sites de partage de contenu comme YouTube, Flickr, ou Delicious sont
caractéristiques du Web 2.0.
Encore un mot sur le web participatif : on y trouve globalement 90% de visiteurs, 9% de
contributeurs occasionnels, 1% de contributeurs actifs. Dans le cas de Wikipédia 90% des
internautes consultent les articles, 9% les modifient ponctuellement et 1% les modifient
activement.
Les wikis : un mouvement open
Les mouvements « open » : open source, open archive, open content, open access s’articulent
tous autour du principe de licence libre. Un contrat type décrit ce que l’on est autorisé à faire
et cadre les usages. Richard Stallman est à l’origine du système d’exploitation libre GNU qui
permet l’utilisation de tous les logiciels libres et de la licence publique générale (GPL), la
licence de logiciel libre la plus utilisée.
Logiciel libre, logiciel Open Source ou Free Software ne signifie pas forcément gratuit. Le
« libre » donne la possibilité d’exécuter le logiciel, de l’étudier, de comprendre comment il
fonctionne, de le distribuer, d’en faire des copies, de l’améliorer, d’en modifier le code
source, d’y ajouter des extensions, etc.
Les licences Créative Commons, contrats de licence déclinés dans la législation de nombreux
pays, permettent la réutilisation d’une œuvre par tout le monde en fonction de certains critères
BY : citer l’auteur de l’œuvre,
NC : ne pas en faire un usage commercial,
ND : ne pas produite d’œuvre dérivée (créer une nouvelle image à partir d’une image),
SA (Share-Alike) : les produits dérivés doivent être partagés à l’identique.
Ces critères peuvent être utilisés isolément ou associés.
Les licences Creative Commons ont permis l’explosion des contenus libres. Flickr, par
exemple, propose 200 millions de photos sous licence Creative Commons ; Dogmazic permet
d’écouter des morceaux sous licence libre ; Open Street Map, dans le domaine de la
cartographie, permet à quiconque de consulter des cartes et de contribuer à leur élaboration ;
PLoS ouvre l’accès aux articles scientifiques.
Comment un wiki fonctionne-t-il ?
Les wikis existent depuis 1994. Au départ, essentiellement utilisés par des microcommunautés, ils se sont largement répandus. Wikimatrix dénombre plusieurs centaines de
3
moteurs de wikis. Un wiki peut être hébergé chez un prestataire de service distant ou en local.
L’hébergement local demande un peu de travail mais permet de rester maître de ce que l’on
fait. L’hébergement à distance allège le travail mais rend tributaire du prestataire.
DokuWiki, créé en 2004, est un des moteurs de wiki les plus connus, simple à installer, sans
base de données. Il est souvent utilisé dans les institutions.
MediaWiki, créé en 2002, est utilisé dans les projets Wikimedia ou par Bibliopédia par
exemple. Il offre de nombreuses extensions mais son installation est plus complexe.
Wikipédia
La prévention des bibliothécaires vis à vis de Wikipédia a évolué mais le projet est encore
examiné avec prudence. Wikipédia est l’une des premières sources d’information utilisée. Il
est donc important que la bibliothèque joue son rôle de médiation en expliquant comment
fonctionne l’encyclopédie, en donnant des pistes pour évaluer l’information qu’on y trouve,
en apprenant à l’usager à croiser ses sources lorsqu’il fait de la recherche documentaire.
Jimmy Wales, dans le but de mettre en place un projet d’encyclopédie utilisant les outils
d’Internet, fonde en 2000 Nupedia sur le même modèle éditorial qu’une encyclopédie
classique. En trois ans, 55 articles y sont créés et validés. Larry Sanger, cofondateur de
Nupédia, utilisait un wiki pour constituer la base de brouillons. Cet outil est à l’origine de
Wikipédia lancée le 15 janvier 2001 parallèlement à Nupédia dont le projet s’arrête en 2003.
Le 11 mai 2001, le premier article est publié sur la version française de l’encyclopédie.
Wikipédia entre en 2007 dans le top ten des sites mondiaux. C’est aujourd’hui le 5ème site le
plus visité et le 1er site non commercial, la seule source de revenus dont il bénéficie provenant
des campagnes de dons.
Larry Sanger, en raison de divergences sur la manière de gérer le projet, quitte Wikipédia et
fonde Citizendium qui comporte un comité éditorial chargé de la validation des articles. Les
auteurs peuvent réutiliser le contenu de Wikipédia à condition de le valider et de l’améliorer.
En novembre 2011 cette encyclopédie comptait 16 000 articles.
Google a également tenté de lancer un projet encyclopédique : « Knol » dont la fermeture est
annoncée pour avril 2012.
Les principes fondateurs de Wikipédia
1.
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3.
4.
Wikipédia est un projet encyclopédique
Le contenu doit respecter une certaine neutralité
Le contenu est sous licence libre
Wikipédia suit des règles de savoir-vivre
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La neutralité est importante : des bandeaux « conflit d’édition » ont été mis en place pour
signaler les divergences de point de vue et il est recommandé à chaque contributeur de citer
au maximum ses sources.
267 langues sont représentées dans le projet Wikipédia : l’anglais, le français et l’allemand
essentiellement mais aussi le breton, le picard, l’espéranto. L’encyclopédie compte 20
millions d’articles dont 4 millions en anglais et 1,2 million en français. Le périmètre balayé
est très large car le volume est beaucoup moins compté que pour une encyclopédie papier. La
Wikipédia en anglais en version imprimée représenterait 1600 tomes de Britannica.
Organisation de l’encyclopédie
Wikipédia permet plusieurs niveaux de collaboration. On y distingue :
1.
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4.
5.
6.
7.
Utilisateur anonyme (qui clique sur modifier)
Utilisateur enregistré (qui se crée un compte)
Administrateur
Bureaucrate
Arbitre (qui gère les conflits au sein de la communauté)
Bot (un robot)
Checkuser (qui vérifie si deux utilisateurs sont bien deux personnes distinctes)
Les contributeurs sont plutôt des hommes (80%) que des femmes (20%). En France, les
contributeurs actifs (qui effectuent au moins cinq modifications par mois) ne sont pas loin des
5000 et 758 contributeurs sont très actifs. Plus le projet évolue plus les critères d’admissibilité
des articles sont complexes. Les nouveaux venus courent le risque de se faire corriger par les
plus anciens et de se décourager. La règle « ne mordez pas les nouveaux » est difficile à faire
admettre.
Les robots détectent les modifications et vérifient qu’il n’y a pas d’acte de vandalisme. Ils
peuvent annuler les modifications suspectes. 20% des modifications sont réalisées par les
robots.
Les arbitres (5 ou 6 en France) élus par la communauté sont ceux à qui on fait appel quand
deux utilisateurs n’arrivent pas à se mettre d’accord.
Les administrateurs (193 en France soit 2% des utilisateurs) élus eux aussi, n’ont pas de
pouvoir éditorial supplémentaire, mais un pouvoir technique. Ils peuvent bloquer, supprimer,
protéger… une page ; bloquer un utilisateur. La liste des pages supprimées est publique. Ils
réalisent aussi des opérations de maintenance.
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Comment un article est-il créé et évalué ?
Wikipédia en français c’est : 1,2 million d’articles
1,1million redirections d’articles
150 000 pages utilisateurs où les gens se présentent
29 000 pages projet
189 000 catégories
1139 portails thématiques
L’infobox aide à structurer l’article et permet de faire remonter les informations principales.
Les onglets en haut de l’article sont au nombre de trois : « discussion » permet de suivre
l’élaboration de l’article et de voir comment cet article est évalué par les contributeurs ;
« modification » permet d’entrer en édition pour effectuer des ajouts ou des corrections et
d’accéder au code source de l’article ; « historique » permet de suivre les phases de
construction de l’article : modifications, différentes versions, contributeurs. Connaître les
principaux contributeurs est déterminant pour évaluer la page.
En bas de l’article sont indiquées les catégories et portails dans lesquels l’article a été placé.
Par ailleurs, l’on considère qu’en dessous de 50 consultations, l’article n’est pas consulté,
donc potentiellement le processus de relecture n’est pas mis en œuvre. Croiser l’article avec
d’autres visions linguistiques est une autre manière de l’évaluer, notamment sur des affaires
un peu sensibles, politiques par exemple.
Wikipédia offre la possibilité de retrouver tous les articles sur une thématique donnée. Les
liens bleus renvoient à des articles qui existent alors que les liens rouges renvoient à des
articles à rédiger.
Les critères d’admissibilité d’un article sont assez variables et adaptables. On retient
généralement ce qui a déjà fait l’objet d’une production de sources (livres, articles). Mais tout
ce qui a été ajouté par un contributeur doit trouver sa place soit dans un article, soit rattaché à
un article plus général. Il existe un cadre d’admissibilité mais chaque cas est étudié. Une
procédure de vote peut être mise en place, une discussion peut avoir lieu (sur des faits
d’actualité notamment), mais en dernière instance c’est l’administrateur qui décide.
On peut établir une corrélation entre l’actualité et les modifications d’un article : elles sont
nombreuses à la suite du décès d’une personnalité par exemple, puis se stabilisent.
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La fiabilité de Wikipédia
En 2005, une étude publiée dans la revue « Nature » comparait Wikipédia et Britannica et
concluait que les deux encyclopédies donnaient des résultats équivalents. L’étude concernait
Wikipédia en anglais et des articles scientifiques moins sujets à caution que les articles
touchant aux sciences humaines.
Une autre étude a été faite sur les articles pharmaceutiques. On peut en effet imaginer que le
lobbying des industries pharmaceutiques oriente les articles. Les annales de pharmacothérapie
qui ont étudié ces articles relèvent que les failles des articles concernent surtout des
omissions.
Le guichet du savoir constate que Wikipédia est une source fiable. 7% de leurs réponses
mentionnent Wikipédia.
Harold Kroto, prix Nobel de chimie, trouve que dans son domaine Wikipédia est plus fiable
que les supports papiers.
A côté des ces appréciations positives on en trouve de plus négatives comme celle d’Alain
Rey, linguiste, qui considère que les articles en littérature sont d’une grande pauvreté,
notamment celui sur Flaubert qui « est à pleurer ».
La revue Books s’est fait le spécialiste de la critique de Wikipédia avec Wikigrill réalisée en
partenariat avec l’Universalis. Pierre Assouline, également, a pas mal fustigé Wikipédia.
La validation des contenus de Wikipédia
Toutes les modifications sont publiques. Les nouvelles pages sont toutes listées. On peut
sélectionner un article et suivre ses modifications. Des outils surveillent ces modifications
dont 5 % sont des actes de vandalisme immédiatement corrigées par un robot pour 50%
d’entre elles.
La communauté élit, par des systèmes d’étoiles en haut à droite de l’article, les articles
reconnus de qualités (2400 articles sur WF). Certains de ces articles sont publiés dans la
collection « Les petits bouquins du web ».
Les allemands ont des contributeurs (près de 12000) qui relisent et révisent les articles.
On s’assure de la validité d’un article en vérifiant le nombre de consultations, les références,
les pages liées, les contributeurs ET en croisant ses sources. Un travail que doivent effectuer
les professionnels de l’information.
Vous trouverez ici la présentation de Sylvain Machefert.
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L’après-midi est animée par Rémi Mathis, président de Wikimedia France, contributeur à
Wikipédia, conservateur des bibliothèques et formateur.
Il se propose d’aborder quatre questions : une présentation de Wikimedia, Wikipédia et les
autres projets de la fondation, les partenariats négociés par Wikimedia France, les rapports
entre Wikis et bibliothèques
Wikimedia
La Wikimedia Foundation est une fondation à but non lucratif ayant pour but d'encourager la
croissance, le développement et la distribution de contenus libres et multilingues, et de fournir
gratuitement au public l'intégralité de ces projets basés sur des wikis.
La Wikimedia Foundation fait fonctionner quelques-uns des plus importants projets de
l'édition collaborative, en particulier Wikipédia, un des cinq sites les plus visités au monde.
Elle n’intervient pas sur les contenus qu’elle gère et n’en possède pas les droits éditoriaux (ils
appartiennent aux contributeurs), mais elle possède les tuyaux qui permettent aux projets
d’exister : bande passante, serveurs (5 dans le monde : 2 en Floride, 2 à Amsterdam, 1 en
Virginie). En plus de cette infrastructure technique, la fondation donne aux projets leurs lignes
stratégiques, et une impulsion. Dans le plan stratégique 2011-2015 on trouve des indications
du types : chercher à d’augmenter le nombre de collaboratrices, améliorer la technique,
équilibrer les contributions Nord et Sud au niveau international, un grand projet en direction
de l’Inde, etc.
La fondation se structure autour d’un président, d’un conseil d’administration : le BOARD, de
Chapters
Jimmy Wales, fondateur de Wikimedia en a été le premier président, puis ce fut une française,
Florence Devouard puis Michael Snow et aujourd’hui Ting Chen.
Les membres de la communauté élisent le conseil d’administration ou BOARD.
Aux USA Jimmy Wales continue de personnaliser Wikipédia alors qu’il ne participe plus que
de loin à l’organisation. Quand la bannière de levée de fonds présente Jimmy Wales, la
fondation reçoit deux fois plus de fonds. Mais derrière Jimmy Wales, on trouve beaucoup de
monde.
A sa création, la fondation ne compte que des bénévoles. En 2005 elle recrute deux employés,
cinq en 2006, 23 en 2008, 75 en 2011. Une croissance rapide qui répond à une recherche de
professionnalisation tout en cherchant à éviter une structure trop rigide. Les prises de décision
se font peu à ce niveau de l’organisation qui doit veiller à l’implication des bénévoles. La
structure grandit mais reste très petite comparée à d’autres comme Google, ou Facebook.
Cette structure n’est qu’un support, le travail sur le fonds reste bénévole.
Les CHAPTERS : sont des organisations par pays. Ils structurent la communauté et donnent
envie aux gens de participer. Les partenariats, les argumentaires, la gestion des contributeurs
s’organise mieux localement. On note des disparités importantes entre les chapters, les plus
importants étant ceux d’Allemagne, de France, du Royaume-Unis et des Pays-Bas.
Wikimedia France
Wikimédia France est une association (loi 1901) qui vise au libre partage de la connaissance
et dont le but est de soutenir en France la diffusion libre de la connaissance et notamment les
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projets hébergés par la Wikimedia Foundation. Créée le 23 octobre 2004, Wikimédia France
regroupe des utilisateurs et participants des projets Wikimedia. Elle est reconnue comme une
association locale par la Wikimedia Foundation, indépendante financièrement et
juridiquement, et obéissant à des règles et à une direction distinctes. Depuis 2007, elle fait
elle-même sa levée de fonds et utilise l’argent ainsi récolté au financement des projets
français et en partie aux projets globaux de la Wikimedia Foundation. En 2008, la levée de
fonds a rapporté 60 000€ et en 2011 plus de 1 000 000 €
Wikimédia France emploie aujourd’hui quatre personnes.
Elle n'héberge pas Wikipédia (quelle qu'en soit la langue), ni aucun des projets de la
Wikimedia Foundation et n'a aucun droit d'édition sur ceux-ci.
Le rôle de Wikimédia France est de soutenir les contributeurs pour qu’ils puissent travailler et
mener leur projet sans trop de problème d’organisation, de gestion de droit, etc.
Wikimédia France va par exemple aider, techniquement ou financièrement, à numériser des
fonds jugés intéressants pour illustrer les articles de Wikipédia. Elle peut aussi mettre en
relation des personnes, des institutions avec des contributeurs, créer des passerelles. Elle
explique ce qu’est Wikipédia, ce qu’est contribuer, présente les projets, ce qu’on peut en faire,
etc. Elle représente la communauté auprès des médias, gère les conflits avec les personnes ou
institutions en cas de diffamation, violation des droits d’auteur ; répond aux critiques ; arbitre
les débats entre contributeurs.
Wikipédia et les autres projets de la fondation
À l’échelle internationale, Wikimedia a mis en œuvre toute une série de projets, le plus
célèbre étant Wikipédia. Parmi les autres projets, nous trouvons Wikimedia Commons : la
base de données Wikimedia photos, sons, vidéo ; Wikisource : bibliothèque numérique ;
Wikinews : textes d’actualité ; Wiktionnaire : dictionnaire en ligne ; Wikiversity : site de
documents pédagogiques ; Incubator : base de projets proposés et développés au fur et à
mesure ; Médiawiki logiciel de wiki ; Wikispecies : inventaire du vivant ; Wikiquote : recueil
de citations ; Wikibooks : publication de livres sur licences libres ; Wikimania : réunion
annuelle des wikipédiens.
Wikimedia Commons :
Sur ce site, chaque personne peut déposer des photos, réutilisables par tout à chacun, sous
licence libre et gratuite. Il faut seulement citer l’auteur (la plupart des photos sont sous BYSA, licence virale qui permet de s'assurer qu'une œuvre dérivée reste libre). Des photos de
Flickr y sont importées par des robots. Commons est principalement utilisée par des
contributeurs particuliers et aujourd’hui de plus en plus par les institutions. Wikimedia
Commons est actuellement en discussion avec de nombreuses institutions culturelles pour
récupérer un certain nombre de photos et ainsi les partager. Ce peut être un moyen de
collaboration avec une bibliothèque. La base de photos est bien organisée et facilement
utilisable. Aux USA les photos réalisées par les fonctionnaires dans le cadre de leur travail
sont dans le domaine public. La loi est bien plus coercitive en Europe. Le droit d’auteur
français est très compliqué, contraignant, inadapté aux usages actuels. Tout bâtiment non
standardisé est soumis au droit d’auteur. Sa photographie est une oeuvre dérivée d’une œuvre
sous droit d’auteur et contrevient au droit. Le viaduc de Millau, une bouche de métro, ne
peuvent être photographiés et proposés légalement. L’exception au droit d’auteur qui existe
sur la liberté de panorama dans le droit européen ne vaut pas en France (Wikimédia France
milite pour l’instauration de la liberté de panorama en France). Seuls les lieux publics, dans
les pays qui ont la liberté de panorama, ne sont pas soumis au droit d’auteur. On peut donc
photographier le nouveau Bundestag, mais pas la pyramide du Louvre. En conséquence, les
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photos utilisées sont très souvent américaines et non européennes. On a l’impression qu’il n’y
a pas d’art contemporain en France : si on veut montrer une photo d’une œuvre de Le
Corbusier, pour satisfaire aux droits, on choisira une œuvre suisse plutôt que la chapelle de
Ronchamp. En bloquant leurs photos les institutions françaises ne contrôlent pas leur image.
Cet état de fait est en train de changer petit à petit. Un projet a permis de réaliser 170000
photos de monuments historiques associées à une base des monuments historiques et des
articles sur les monuments historiques. Le concours Wiki loves monuments a permis
d'importer dans Commons 170 000 photos de monuments historiques, ensuite utilisées dans
des articles de Wikipédia. Les photos sont accompagnées de la référence de la base Mérimée
et de métadonnées.
Wikisource :
C’est une bibliothèque numérique. Les textes déposés, de grands documents du domaine
public qui servent de source à Wikipédia, sont réutilisables. Les livres scannés sont retapés
par les contributeurs pour donner un texte numérique natif. Un onglet source indique où en est
le travail sur chacune des pages. 75000 textes sont proposés en français. Wikisource est un
projet issu de Wikipédia. Le but de Wikimedia est de lier Wikipédia et Wikisource. Les
contributeurs créent des liens entre les deux projets : l'article sur Victor Hugo sur Wikipédia,
par exemple, présente un lien vers les œuvres de cet écrivain dans Wikisource.
Wiktionary, Wiktionnaire :
Est un dictionnaire qui fonctionne par langues, donne pour chaque mot l’étymologie, le sens,
les synonymes, les antonymes, les dérivés, le sens du mot dans d’autre langue ou contextes
culturels. Le lexique est arrêté par les utilisateurs. Il intègre les néologismes (voir
bibliothécarisation ou liseuse)
Wikiquote :
Est un recueil de citations. La version française a été fermée deux ans après sa création pour
avoir réutilisé des sites de citation Internet. Il est nécessaire de référencer les citations et de les
situer dans un contexte. Des liens existent donc de wikiquote vers wikisource
Wikibooks :
Est l’édition numérique de textes pédagogiques sous licence libre. Ex. Comment contribuer à
Wikipédia ?
Wikiversité :
Est un site de partages pédagogiques.
Wikinews :
Une agence de presse libre, des articles d’actualité.
Wikispecies :
Un inventaire du vivant, répertoire des espèces.
Médiawiki :
Le logiciel développé par la fondation, sous licence libre.
Les partenariats négociés par Wikimedia France
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À l’échelle nationale, Wikimédia France a mis en œuvre certains projets avec le concours de
différentes institutions culturelles comme les musées ou les bibliothèques.
Un partenariat conclu avec le Château de Versailles a permis à un contributeur de Wikipédia
d’être reçu en tant que résident au Château pour étudier quels articles concernant Versailles
pourraient être faits dans l’encyclopédie et comment amener les employés ou amis du château
à collaborer à Wikipédia qui est le deuxième site Internet amenant le plus de visiteurs à
Versailles. Le même travail est réalisé à Londres avec le British Museum.
La ville de Toulouse a conclu un partenariat général autour du photographe, pyrénéiste
Eugène Trutat dans lequel peuvent se glisser toutes les institutions qui le souhaitent. Ce projet
devrait aider à renforcer les relations entre les institutions de la ville, et engage
particulièrement la bibliothèque et le musée. Toute l’œuvre d’Eugène Trutat est versée dans
Commons.
Un autre partenariat est en cours avec les Archives Nationales de France : rédaction d’articles
dans l’encyclopédie sur les séries d’archives et présentation des Archives Nationales.
Les Archives Départementales sont elles aussi très demandeuses. Elles travaillent avec des
communautés importantes comme les généalogistes et ont acquis une habitude du travail
collaboratif.
Les partenariats conclus avec le Musée de Cluny et le Musée National d’art moderne du
Centre Georges Pompidou permettent de produire des articles sur ces établissements et de
reprendre les textes réalisés par les musées à l’occasion d’expositions comme par exemple
l’article sur la chasse au Moyen Age réalisé pour l’exposition Gaston Phébus. Le Musée
National d’art moderne du Centre Georges Pompidou fait des articles sur les œuvres mais
sans pouvoir en proposer une reproduction.
Dans ces partenariats avec les institutions culturelles Wikimedia apporte des solutions, une
formation, une aide logistique, des ressources, une motivation ; les institutions effectuent le
travail.
Wikis et bibliothèques
Wikimedia France a établi de nombreux partenariats avec des institutions culturelles dont des
bibliothèques. L’un des tout premiers partenariats fut établi avec la Bibliothèque Nationale de
France. C’est elle qui a initié le dialogue avec Wikimedia France sur les problèmes pratiques
de numérisation de textes qu’elle rencontrait. En avril 2010, Wikimedia France et la
Bibliothèque nationale de France ont rendu public un accord sur la mise en ligne de fichiers
provenant de Gallica. Les textes numérisés par les bibliothèques, souvent anciens, dans des
typographies non reconnues par les OCR sont versés dans Wikisource pour y être relus. Il n'a
pas encore été décidé si les textes seront réimportés dans Gallica ou pas
La bibliothèque Mazarine, à peu près invisible sur Internet, a proposé à Wikimedia, des
photos de ses salles actuelles et plus anciennes. Ces photos sous licence libre ont été intégrées
dans Wikipédia.
Rennes II a développé un programme de numérisation des textes en breton. Un projet de
partenariat est à l’étude. Pour le moment, Rennes II se content de mettre des liens dans
Wikipédia vers leur bibliothèque en ligne.
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Vous retrouverez ici la présentation de Rémi Mathis.
En conclusion
Gérer son image, diffuser ce qu’on produit, remplir son rôle de bibliothécaire, médiateur de
l’information.
Wikimedia, peut aider les bibliothèques, notamment celles qui présentent une spécificité en
terme de fonds ou d’architecture, à gérer leur image numérique en diffusant sur elles des
informations fiables et de bonnes photos et les aider à répondre à leurs problèmes de visibilité
comme nous l’avons vu pour la bibliothèque Mazarine.
Les bibliothèques produisent du savoir, il est intéressant pour elles de diffuser au maximum
leurs travaux et de les offrir largement. L’utilisation des données que l’on construit met en
valeur le travail que l’on réalise.
Le wiki est une forme d’utilisation d’Internet qui permet un travail collaboratif, de travailler
ensemble facilement. Il peut être un outil de travail interne pour la bibliothèque.
Le Web sémantique reposera sur des données structurées. Rien n’est plus structuré
aujourd’hui que Wikipédia et les bibliothèques.
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