Le château fort de Roussillon (Saint-Pierre

Transcription

Le château fort de Roussillon (Saint-Pierre
www.patrimoine-lot.com
le portail patrimoine
un site créé par le Conseil Général du Lot
Le château fort de Roussillon (Saint-Pierre-Lafeuille)
Découvrir
Silhouette en ruines, le château de Roussillon dresse ses murailles et ses
tours au sommet d’un éperon surplombant l’étroite vallée du ruisseau de
Valroufié.
La forteresse, reconstruite au lendemain de la guerre de Cent Ans par la
famille Auriole, allie un corps de logis cantonné de quatre tours rondes à
une basse-cour pourvue d’une barbacane.
Le château de Roussillon :
ruines des tours "du
Carrail" (à gauche) et "de la
chapelle" (à droite)
Erigé au cours du dernier quart du 15e siècle, l'édifice englobe les vestiges
d’un premier château qui fut sans doute la demeure des Roussillon
seigneurs du lieu au 13e siècle.
Un donjon pentagonal, ainsi que des maçonneries appartenant à un logis
placé dans la partie sud-est du château actuel, évoquent en effet la présence
de cette famille de chevaliers à laquelle succédèrent plusieurs propriétaires,
issus non plus de la noblesse, mais de la grande bourgeoisie cadurcienne.
Un pont-levis remplacé par des arches permettait l’accès à la basse-cour
que défendaient les tirs de flanquement des canonnières percées dans deux
tours d’angle.
Le passage d’entrée du logis, protégé par le donjon, menait à une cour
intérieure étroite autour de laquelle s’ordonnaient trois corps de bâtiment
dont une galerie voûtée.
En fond de cour, une tour carrée renferme l’escalier en vis desservant les
niveaux de la demeure.
Des quatre tours qui s’élèvent aux angles, la tour de la Chapelle est la plus
importante ; démantelé, le sanctuaire ne possède plus que sa grande fenêtre
à lancettes de style gothique tournée vers l’Est.
Comme elle, les tours du Carrail, des Ecuries et du Pigeonnier sont pourvues
d’un volume intérieur de plan carré. Leurs ouvertures constituées de fenêtres
à traverse sont ornées de bâtons écotés ou plus simplement comme les
grandes fenêtres à meneaux des corps de logis de moulures chanfreinées.
Abandonné à partir du 17e siècle par ses propriétaires, le château de
Roussillon fut dès lors livré aux vents et servit même de carrière de pierre
jusqu'en 1958.
En savoir plus
Le château de Roussillon, entouré d’un fossé sec, forme un grand quadrilatère cantonné aux angles de
quatre tours rondes, précédé au Nord par une basse-cour aux courtines armées de canonnières et
flanquée de deux tours circulaires dont une est conservée à l’état de substruction.
Notes d’histoire
Au 13e siècle une famille de chevaliers du nom de Roussillon à laquelle on doit vraisemblablement
l’édification du donjon pentagonal tenait le fief du même nom au nord de la ville de Cahors. Dès le
dernier quart du 13e siècle pourtant, il semblerait que plusieurs membres de riches familles de
bourgeois de Cahors aient possédé quelques droits sur la seigneurie : Pierre Ratier cité en 1285, puis
les d’Antejac, enfin les de Jean mentionnés en 1305.
Vers 1360, la seigneurie fut acquise par les Vayrols, anoblis en 1337. Par le mariage de Marguerite en
1430, le fief de Roussillon passa aux Auriole, célèbre famille de caorsins qui s’était enrichie depuis le
13e siècle grâce au grand négoce.
Jean d’Auriole, chevalier, baron de Gramat, seigneur de Loubressac, Peyrilles, Masclat et Roussillon,
fut sans doute à l’origine de la reconstruction de la forteresse vraisemblablement pillée et ruinée par les
Anglais lors de la guerre de Cent Ans. Sa fille Anne, dame de Roussillon et de Peyrilles, épousa au
début du 16e siècle Raymond de Gontaud, seigneur de Cabrerets, plaçant dans sa lignée les Gontaud
qui resteront rattachés à Roussillon jusqu’à la Révolution.
Leur fils Jean, protestant, disparut peu après 1601. Après lui, ses descendants se désintéressèrent des
lieux. L’ancienne forteresse et son domaine furent ainsi affermés en 1728 par Antoine-François de
Gontaud-d’Auriole à une famille de paysans, les Bru.
Charles-Armand de Gontaud-Biron hérita de la seigneurie deux ans après et mourut en 1756. Son
héritier Armand-Louis, duc de Lauzun et de Biron, marquis de Cabrerets, fit refaire les toitures des
tours de son château. Il mourut, guillotiné en 1793 et sans postérité, ses biens revenant à son père
Charles-Antoine, duc de Lauzun qui disparut en 1798.
Un dénombrement dressé le 13 juillet 1789 et cité par Edmond Albe décrit l’édifice de la façon
suivante : "Tour appelée du pigeonnier, tour attenante à l’écurie à l’Ouest (on a substitué depuis 1730
des voûtes à impériale aux charpentes du toit), deux tours de la chapelle, tour en pentagone ou tour
carrée, garde-fous, four et fournil, caves voûtées, plusieurs cours, pont de pierre à deux arches."
Les ayant droits dispersés lors de la période révolutionnaire ne furent retrouvés qu’en 1806 ; ils
vendirent alors le château à deux notaires locaux, Pradel et Bernard Bru, ce dernier descendant direct
des anciens fermiers au 18e siècle. Ils entreprirent, sans autre souci que de faire fructifier leurs
affaires, de démanteler l’ancienne demeure déjà abandonnée, vendant les pierres comme matériaux
de construction.
Un paysan du nom de Couderc acheta ensuite le domaine afin de récupérer les terres et les vignes,
laissant encore la bâtisse aux mains des démolisseurs.
Durant près d’un siècle, elle fut ainsi une carrière extraordinaire, inépuisable… jusqu’en mars 1958
lorsque Monsieur et Madame Maillol, jeune couple d’enseignants à Cahors, rencontrent l’étonnante
citadelle meurtrie et se consacrent à sa restauration.
Madame Hourriez (épouse Maillol) concrétise aujourd'hui les nombreuses années qu’elle a dédiées à
la mise en lumière de cette page de l’histoire du Quercy en offrant aux visiteurs un gîte et des
chambres d’hôtes.
Le château
Protégé par sa basse-cour enserrée de courtines armées de canonnières et de tours de flanquement,
le château se développe du Nord au Sud sur un promontoire encerclé d’une excavation évoquant un
ancien fossé sec.
Le donjon primitif du 13e siècle
Marquant l’entrée dans le logis, le donjon est apparenté par son plan pentagonal aux tours primitives
de Laroque-Toirac et Bonaguil en Quercy ou d’Orthez en Béarn (édifié vers 1256).
L’ouvrage, bâti vers le milieu du 13e siècle en appareil de moellons calcaires aux assises régulières, fit
l’objet de remaniements aux 15e et 16e siècles, lorsqu’on compléta son système défensif par des
canonnières placées en direction de l’entrée.
La demeure de la fin du 15e siècle
On accède à la cour intérieure par un passage autrefois muni d’une herse. La galerie qui la bordait au
15e siècle n’est évoquée que par l’enfilade des bases des colonnes monumentales qui supportaient
une voûte répartie en deux vaisseaux parallèles. Dans le mur sud subsistent des départs d’ogives ainsi
qu’un cul-de-lampe finement sculpté de motifs de choux frisé.
Sans doute y avait-il au-dessus un niveau ouvrant sur la chapelle à l’origine aménagée dans la tour
nord-est.
Il ne reste de la demeure que deux ailes placées en L au Sud et à l’Ouest.
Un escalier en vis en pierre, en grande partie remonté il y a quelques années, se développe dans une
tour carrée située au fond de l’ancienne cour intérieure.
La vis dessert la grande cave voûtée du corps de logis occidental appelé la "Chambre de Madame" et
le niveau supérieur de plain-pied sur la cour. L’espace intérieur, d’un seul tenant, était chauffé par une
cheminée monumentale et éclairé par des fenêtres à meneau en pierre.
Les quatre tours de la fin du 15e siècle
La tour de la Chapelle au Nord Est est la plus importante des quatre tours placées aux angles de la
demeure, et à ce titre peut être considérée comme la tour maîtresse du 15e siècle. Les deux premiers
niveaux sont des espaces de plan carré voûté en berceau.
L’étage réservé au sanctuaire était également voûté, mais d’une voûte sur croisée d’ogives dont le
départ d’une des nervures et son culot orné d’une feuille de choux étaient conservés encore en 1967
avant de disparaître accidentellement.
La tour du Carrail au Sud Est, profondément ruinée, avait été dotée au 17e siècle de nouvelles
ouvertures dont certaines sont toujours en place. Le premier niveau s’ouvre vers l’ancien fossé par une
poterne munie d’une herse, tandis que dans les niveaux supérieurs subsistent les vestiges de latrines
aux coffres en encorbellement.
La tour des Ecuries fut couverte en 1730 d’une voûte "à l’impériale" sur l’emplacement d’un
couronnement initial de mâchicoulis évoqué encore par des consoles en pierre fichées dans la partie
supérieure du mur. Les pièces qui se superposent ici sont toutes voûtées en berceau et possèdent de
belles fenêtres à traverse ornées de larmiers moulurés, de bâtons écôtés et de culots sculptés dont un
porte un écu armorié. Une porte au linteau agrémenté d’un arc en accolade s’ouvrait initialement sur le
deuxième étage du corps de logis occidental où est aménagée aujourd’hui une terrasse.
La tour du Pigeonnier au Sud Ouest, en majeure partie ruinée, conserve à sa basse une salle de plan
circulaire couverte d’une belle voûte appareillée en pierre et accessible depuis la cave du logis ouest.
De plan rectangulaire, les étages supérieurs sont pourvus de canonnières et de plafonds autrefois
planchéiés. Le deuxième étage possédait des latrines, une cheminée, et des corbeaux en pierre
attestent que le troisième était couronné de mâchicoulis.
Valérie Rousset, novembre 2004.
Données issues de l'inventaire
Datation : 13e siècle (?) ; 14e siècle (?) ; limite 15e siècle 16e siècle ; 2e moitié 16e siècle
Style artistique : Gothique
Protection juridique : inscrit au titre immeuble
Propriétaire : propriété d'une personne privée
Classification patrimoniale : Architecture des châteaux et sites fortifiés
Mots clés : château ; donjon ; tour ; pont-levis ; chapelle castrale
Album d'images
Le château de Roussillon
Le château de Roussillon :
Le château de Roussillon
(carte postale ancienne)
plan
Le château de
Roussillon : coupe
vers l'Ouest de la tour
"du pigeonnier"
Le château de Roussillon :
la façade ouest
Le château de Roussillon :
la tour "du
pigeonnier" (arrière plan)
Le château de Roussillon :
la tour "de la barbacane"
Le château de Roussillon :
le logis ouest et la tour "du
pigeonnier"
Le château de Roussillon :
la tour "des écuries" vue
depuis le Sud-Est
Le château de Roussillon :
élévation extérieure est du
logis
Le château de Roussillon :
le portail d'entrée
Le château de
Roussillon : la tour
"des écuries" vue
depuis le Nord-Ouest
Le château de Roussillon :
bases des colonnes de
l'ancienne salle voûtée est
Le château de
Roussillon :
l'ancienne salle
voûtée aujourd'hui à
ciel ouvert
Le château de
Roussillon : fenêtre à
lancettes de
l'ancienne chapelle
gothique
Accès au site
Comment s'y rendre ? :
Depuis Cahors, prendre la N20 en direction de Brive.
Cartographie
Zone : Lambert 2 étendu
X : 530130
Y : 1946680
Le château de
Roussillon : cul-delampe d'une des
ogives de l'ancienne
salle voûtée est
Adresse administrative
Commune : Saint-Pierre-Lafeuille
Canton : Catus
Pays : Pays de Cahors et du Sud du Lot
Lieu-dit : Roussillon
Visites
Le château de Roussillon est ouvert à la visite selon les horaires et tarifs indiqués ci-dessous.
Les prestations suivantes sont aussi possibles : location de salles, chambres d’hôtes et gîte rural (tel :
05 65 36 87 05 ; fax : 05 65 36 82 34).
Bibliographie (ouvrages généraux et publications spécialisées)
Didon Catherine, Châteaux, manoirs et logis. Le Lot, Editions Association Promotion Patrimoine, 1996, pages 150 et 151.
Lartigaut Jean, "Sortie du 3 août. Château de Roussillon, Francoulès, Saint-Pierre Liversou", in Bulletin de la Société des
Etudes du Lot, tome 116, 1995, pages 228 à 232.
Séraphin Gilles, Cahors et la vallée du Lot, Mercuès, Editions Etudes et Communications, collection "Guides Tourisme et
Patrimoine", 1990, 112 pages : notice sur la commune de Saint-Pierre-Lafeuille, page 107.
Sources et documents d'archives
Albe Edmond chanoine, Monographies des paroisses du diocèse de Cahors. Saint-Pierre-Lafeuille, Archives Diocésaines de
Cahors (manuscrit) ou Archives Départementales du Lot (micro-fiches).
Rousset Valérie, Le château de Roussillon : la tour du Pigeonnier. Etude archéologique, manuscrit, Service Départemental de
l’Architecture et du Patrimoine du Lot, 1995.
© Valérie Rousset pour Conseil Général du Lot, 2004 / Inventaire Général, 2005 / Conseil Général du Lot, 2005 16/09/2005
une réalisation www.geosignal.fr