Saint Jean-Baptiste de La Salle - Notre
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Saint Jean-Baptiste de La Salle - Notre
Saint Jean-Baptiste de La Salle «Patron et Protecteur des Éducateurs » Pie XII, 1950 Chers pèlerins, Ce dimanche, notre 2ème journée de pèlerinage est placé sous le patronage de Saint JeanBaptiste de La Salle, qui fut déclaré par Pie XII « patron et protecteur de tous les éducateurs de l’enfance et de la jeunesse ». Parcourons les grandes étapes de sa vie et de son œuvre. I. UNE FAMILLE AISEE Jean-Baptiste naît à Reims le 30 avril 1651, d’une famille noble ; il est l’aîné de dix enfants. De génération en génération, on gardait et on faisait fructifier le patrimoine tant matériel que spirituel. Louis de La Salle, son père, est magistrat, secrétaire du roi. Au foyer, la foi est solide et les mœurs austères. Cette atmosphère familiale quasi monacale convient parfaitement à l’enfant qui, de plus, s’isole souvent pour prier. Sérieux, il n’est pas maussade, mais gai ! A neuf ans, il doit partir au collège, ainsi que l’a ordonné Henri IV dans son décret pour la réforme de l’instruction, précisant : « La bonne instruction comprend trois choses : le culte de Dieu, la piété pour les parents et la patrie, le respect des lois et l’obéissance aux magistrats. » II. UNE VOCATION PRECOCE Dès l’âge de onze ans, Jean-Baptiste a le désir d’être prêtre. Cette décision est difficile à accepter par ses parents, surtout par le père : Jean-Baptiste est l’aîné, il lui revient d’assumer la direction de la lignée ! Mais la grande foi du foyer fait accepter le sacrifice. Jean-Baptiste reçoit la tonsure cléricale, tout en demeurant libre d’opter plus tard soit pour le sacerdoce soit pour la vie laïque. Cinq ans après, un parent des La Salle, chanoine du chapitre de Reims, se démet de sa charge au profit du jeune homme. Voilà donc, à seize ans, Jean- Baptiste chanoine prébendé. Il demande les ordres mineurs. À la fin de ses études, il subit avec succès un grand examen sur toutes les parties de la philosophie et obtient le titre de Maître ès arts. Il n’a que dix-huit ans ! Il part pour Paris, étudier la théologie et entre au séminaire de Saint Sulpice. Là, le directeur mène ses séminaristes à un haut degré d’abnégation. III. UN AVENIR ASSURE La mort de sa mère puis de son père, à un an de distance, le met en face d’une responsabilité très lourde : il devient chef de famille. Il doit quitter Saint-Sulpice et revenir à Reims. Il gère avec compétence les biens de famille et suit de près l’éducation et l’instruction de ses frères et sœurs. À 21 ans, Jean-Baptiste veut faire le pas décisif du sous-diaconat, non sans hésitation. En effet, les ordres sacrés ne vont-ils pas le distraire de son devoir d’état, de sa charge de famille ? Il consulte son directeur qui le décide à aller de l’avant. Puis il passe sa licence de théologie. Le 9 avril 1678, à quelques jours de ses 27 ans, Jean-Baptiste de La Salle est ordonné prêtre par l’archevêque de Reims. Voici donc ce fils de noble famille, licencié en théologie et chanoine d’un chapitre illustre. Rien ne semble devoir un jour modifier le cours de son existence. IV. PREMIERE ECOLE ; PREMIERS RENONCEMENTS Mais bientôt, dans sa ville de Reims, naît un projet d’école de garçons et l’on demande au nouveau prêtre son aide. Très vite, par suite de défections, il se retrouve avec la responsabilité entière de l’établissement. Il comprend qu’il ne peut être à la fois bon chanoine de chœur et bon supérieur d’école. Hésitation. Il demande conseil et, comme toujours, obéit sans réserve à la volonté de Dieu. 55 Association Notre Dame de Chrétienté Il doit vivre dès lors avec les maîtres d’école (qui sont des jeunes gens très frustres), ce qui lui coûte beaucoup ! Au début, il concentre son effort sur la formation religieuse des maîtres destinés à enseigner aux enfants, ce qui n’est pas s’éloigner du problème pédagogique mais le résoudre en profondeur. Car l’éducation chrétienne prend “tout l’homme” chez l’enfant, et en premier son âme. Le jeune prêtre insuffle l’esprit d’oraison et de mortification. Il fait aimer la pauvreté : lui-même se dépouille de tous ses biens, qui sont immenses. Hormis le temps passé à l’école, tout est prière, et les récréations se passent en gloses sur la pieuse lecture du réfectoire. Las ! Cet ascétisme monastique pèse aux maîtres : ils s’ennuient… Plusieurs prennent le large. Monsieur de La Salle a le cœur déchiré de ces départs, mais il ne modifie pas le règlement d’une virgule et attend. V. LA NAISSANCE DE L’INSTITUT DES FRERES DES ECOLES CHRETIENNES Bientôt, dans cette communauté de réputation austère, les recrues arrivent nombreuses. M. de La Salle fait une sélection. Puis sa première tâche est de transformer sa communauté mi-séculière mi-religieuse en un véritable Institut religieux. Parmi ses disciples, il en choisit douze, puis après une longue retraite, en la fête de la Sainte Trinité de 1686, les douze disciples ainsi que Monsieur de La Salle prononcent leur vœu d’obéissance. L’Institut des Frères des Écoles chrétiennes est né. Dès la fin de l’année, ils sont une soixantaine. Le fondateur rédige les premières règles de son Institut, dont tous les articles convergent vers ce but : « Que le Frère éducateur arrive à comprendre, à force de détachement et d’amour, que ce monde d’enfants sur lequel il veille et auxquels il inculque le goût du savoir et de la dignité humaine n’est autre que la fortune du Père confiée à ses mains. » VI. L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE Celui qu’on appellera « le prophète et le père de l’enseignement populaire en France » conçoit d’abord une réforme de l’enseignement primaire par deux moyens : - le premier est l’institution du noviciat des Frères, véritable école normale d’instituteurs, car il sait que « l’attention de l’enfant est essentiellement contemplative et qu’il sera plus sensible à un témoignage de vie qu’à un étalage de science ». - le second moyen est de faire « couler dans l’âme de la masse enfantine, tel un lait maternel, la science concrète… nécessaire dans leur vie de simple artisan ou boutiquier, ainsi que la conscience droite et la foi en Dieu. » Le redressement moral des élèves s’ensuit tout naturellement. Alors les familles, si heureuses d’une telle transformation, confient de plus en plus leurs enfants aux Frères. Les écoles des Frères, gratuites, se multiplient, malgré jalousies, persécutions, défections… Son principe fondamental d’éducation tient en deux points : - faire son devoir d’état avec perfection, - pas d’innovation sans besoin réel. Ses innovations seront pourtant d’importance ! Un point capital, où l’école impose sa supériorité et son prestige, est l’enseignement catéchétique ; l’enseignement populaire de la doctrine par le catéchisme est, pour Monsieur de La Salle, le fondement de l’école primaire où il voit “le noviciat du christianisme”. Au chapitre des corrections corporelles, alors d’un usage général, il imprime une marque personnelle : ces corrections ne doivent intervenir qu’une fois tous les autres moyens épuisés et jamais sous le coup de la colère. Frères et élèves doivent accéder à la politesse des manières, conforme à la haute conception que le christianisme a de l’homme. La vraie politesse n’est-elle pas faite de maîtrise de soi, de douceur et même d’humilité ? Il insiste particulièrement sur la ponctualité. Toute sa Règle pour les Frères tend à la maîtrise de soi-même, si nécessaire à un éducateur chrétien qui doit être un exemple vivant pour les enfants. 56 Association Notre Dame de Chrétienté VII. L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE PROFESSIONNEL Le fondateur ouvre aussi, dans la maison du Noviciat, une école pour des plus grands, avant-première de l’enseignement technique professionnel. Il conçoit un programme riche en matières scientifiques, nouveauté à l’époque ! Il y ajoute les langues vivantes et la musique. Lui-même écrira un manuel, résumé de toutes ses méthodes d’éducation et d’enseignement pour les écoles chrétiennes. VIII. LA MORT ET LA GLOIRE DES AUTELS L’organisation et la croissance de l’Institut vont s’accomplir, mais non sans adversités venant de l’extérieur comme de l’intérieur. Pourtant, jour après jour, le fondateur persévèrera, avec l’humilité et la fermeté d’un saint. Après une quantité impressionnante d’épreuves, de calomnies, de maladies, ses dernières paroles seront celles qu’il avait répétées sa vie durant, dans la peine comme dans la joie : « J’adore en toutes choses la conduite de Dieu à mon égard!» C’était le Vendredi Saint 7 avril 1719, à Rouen, où il fut enterré. Jean-Baptiste de La Salle fut canonisé en 1900 par Léon XIII et proclamé «patron des enseignants » par Pie XII, en 1950. Sa fête est célébrée le 15 mai. Chers amis pèlerins, Gardons en mémoire ce que Saint Jean-Baptiste de La Salle disait aux Frères des Écoles chrétiennes : « Attachez-vous universellement à ce qui est de la Foi ; fuyez la nouveauté, suivez la tradition de l’Église, ne recevez que ce qu’elle reçoit, condamnez ce qu’elle condamne, approuvez ce qu’elle approuve soit par les conciles, soit par les souverains Pontifes, rendez-lui en tout une prompte obéissance. » En cette Année de la Foi, pouvons-nous avoir meilleur maître ? 57 Association Notre Dame de Chrétienté