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5. ARBITRAGE INTERNATIONAL ET AUTRES MODES DE RÈGLEMENT DES CONFLITS INTERNATIONAL ARBITRATION AND ALTERNATIVE DISPUTE RESOLUTION LES «BRÈVES» de Christophe IMHOOS * La 1re Cour civile du Tribunal fédéral suisse a rendu un arrêt le 8 avril 2005 sur recours contre une sentence arbitrale rendue sous les auspices de la Chambre de commerce internationale (CCI) le 18 août 2004. Se référant à l’article 190 alinéa 2 lettre e de la Loi fédérale suisse sur le droit international privé (LDIP), la recourante soutenait que la sentence attaquée était contraire à l’ordre public matériel, en ce sens qu’elle violait le principe pacta sunt servanda et consacrait un abus de droit manifeste. Le Tribunal fédéral a rappelé que, de façon générale, la réserve de l’ordre public doit permettre de ne pas apporter de protection à des situations qui heurtent de manière choquante les principes les plus essentiels de l’ordre juridique, tel qu’il est conçu en Suisse. Pour qu’il y ait contrariété avec l’ordre public matériel, il ne suffit pas que les preuves aient été mal appréciées, qu’une constatation de fait soit manifestement fausse, qu’une clause contractuelle n’ait pas été correctement interprétée ou appliquée ou encore qu’une règle de droit applicable ait été clairement violée. Une sentence n’est contraire à l’ordre public matériel que si elle viole des principes de droit fondamentaux au point de ne plus être conciliable avec l’ordre juridique et le système de valeurs déterminants. Au nombre de ces principes figurent notamment la fidélité contractuelle, le respect des règles de la bonne foi, l’interdiction de l’abus de droit, la prohibition des mesures discriminatoires ou spoliatrices, ainsi que la protection des personnes civilement incapables. Pour qu’il y ait violation du principe de la fidélité contractuelle, il faut que l’arbitre refuse d’appliquer une clause contractuelle tout en admettant qu’elle lie les parties ou, à l’inverse, leur impose le respect d’une clause dont il considère qu’elle ne les lie pas. Les règles de la bonne foi et l’interdiction de l’abus de droit * Avocat au Barreau de Genève, M.C.J. New York University, ancien Conseiller juriste au secrétariat de la Cour internationale d’arbitrage de la CCI. doivent être comprises à la lumière de la jurisprudence rendue au sujet de l’article 2 du Code civil suisse. Le Tribunal fédéral, sur la base des développements figurant dans l’acte de recours, a considéré que ceux-ci n’établissaient en aucune façon une violation par le tribunal arbitral de l’ordre public ainsi compris (arrêt N° 4 p. 253/ 2004 tiré du site web du Tribunal fédéral suisse : www.bger.ch). La 1re chambre civile de la Cour de cassation française a rendu une décision le 6 juillet 2005 (Sté AIC c. Sté Skansa, arrêt N° 1147, pourvoi N° J 03-15.223) concernant la question de notification aux parties par le centre d’arbitrage (la CCI en l’occurrence) des prorogations de délais qu’il avait accordées. L’acte de mission avait prévu que la sentence devait être rendue avant une certaine date et le centre d’arbitrage procéda à six prorogations de délais, chacune de six mois, pour que la sentence ne soit pas rendue hors délai. Après s’être assurée que les prorogations avaient été réellement accordées, allant jusqu’à dépêcher un huissier au Secrétariat de la CCI, la Cour d’appel de Paris avait décidé, pour la première fois, que les prorogations n’avaient pas à être notifiées. Elle a ensuite confirmé sa solution dans un arrêt postérieur (Paris 12 juin 2003, D. 2003.IR.2486, obs. Th. Clay p. 2477). La Cour de cassation valide cette interprétation en énonçant que le règlement d’arbitrage ne prévoit pas que les prorogations soient notifiées aux parties, et en relevant que la partie demanderesse « avait manifesté sa volonté non équivoque de participer à l’arbitrage jusqu’au prononcé de la sentence et d’accepter les prorogations de délais, de sorte qu’elle avait renoncé à se prévaloir de toute irrégularité de ce chef » (information RDAI / IBLJ, N° 5, 2005 675 LES « BRÈVES » de Christophe IMHOOS aimablement communiquée par M. le Professeur Thomas Clay dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR ; inscription au forum à l’adresse suivante : arbitrage-adr-susbcribe @yahoogroupes.fr). La 1re chambre civile de la Cour de cassation française a rendu une autre décision le même jour (A. Rahman Golshani c. Répub. islamique d’Iran, arrêt N° 1139, pourvoi N° S. 01-15.912) concernant l’exécution en France d’une sentence arbitrale rendue par le Tribunal des différends irano-américains. L’arrêt de la Cour d’appel de Paris (28 juin 2001) avait déclaré exécutoire cette sentence, alors que, selon le pour voi, « le Tribunal avait statué sans convention d’arbitrage car le Traité conclu entre les États-Unis et l’Iran, qui a institué cette juridiction, ne peut pas constituer, au sens de ce texte, une convention d’arbitrage à laquelle peut adhérer une partie privée ». La première chambre civile répond ici que le demandeur ayant « lui-même formé la demande d’arbitrage devant le Tribunal des différends irano-américains » et ayant «par ticipé sans aucune réserve pendant plus de neuf ans à la procédure arbitrale», il est « irrecevable, en vertu de l’estoppel, à soutenir, par un moyen contraire, que cette juridiction aurait statué sans convention d’arbitrage » (information aimablement communiquée par M. le Professeur Thomas Clay dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). Une juridiction de l’Illinois, dans le cadre d’une vente d’un ordinateur, a jugé qu’est valable la clause compromissoire figurant dans le contrat d’achat en ligne à laquelle le vendeur renvoyait par un lien hypertexte, assimilant la situation à celle d’un contrat comportant plusieurs pages (Hubbert v. Dell Corp., 12 août 2005, cf. adresse www.state.il.us/court/Opinions/AppellateCourt/20 05/5thDistrict/August/Html/5030643.htm ; information aimablement communiquée par M. le Professeur Cédric Manara dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). 676 La Cour d’appel de Stuttgart, en Allemagne, a jugé qu’une partie n’est pas fondée à soulever l’invalidité de la convention d’arbitrage selon l’article V alinéa 1 lettre a de la Convention de New York sur la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères dans le cadre de l’exécution d’une sentence arbitrale rendue en Suisse si elle n’a pas fait valoir ce moyen, disponible au lieu de l’arbitrage (International Arbitration Law Review, 2005, Issue N° 4, N-48). La législation pakistanaise d’application de la Convention de New York sur la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères récemment ratifiée a été promulguée le 14 juillet 2005. Sous forme d’ordonnance pour une période de six mois, elle prendra la forme d’une loi sur l’arbitrage une fois adoptée par le Parlement ( information aimablement communiquée par M. V. Inbavijayan, avocat, dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). Dans les locaux de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti vient de se créer un centre de conciliation et d’arbitrage qui siégera pour la résolution des conflits commerciaux. Cette nouvelle structure devrait contribuer à améliorer l’environnement des affaires dans l’île, en permettant aux entreprises de résoudre leurs différends plus rapidement et à un coût inférieur aux juridictions étatiques. Vingt-cinq médiateurs et cinquante conciliateurs seront formés par deux universités locales qui ont noué des partenariats avec la Chambre de commerce. Issus du monde professionnel et sélectionnés parmi des avocats, des comptables, des notaires et des ingénieurs, les médiateurs et les conciliateurs formeront un groupe d’experts compétents et pluridisciplinaires. La Chambre de commerce et d’industrie a investi environ 300 000 dollars dans ce projet qui a reçu l’appui de la Banque interaméricaine de développement (BID). Par l’octroi d’un don de 750 000 dollars, la BID financera l’équipement du nouveau centre, contribuera à la mise en place de l’organisation de cette structure et à la préparation d’un LES « BRÈVES » de Christophe IMHOOS code éthique pour les arbitres et les médiateurs. La BID a déjà contribué à ce type de projet dans dix-huit pays d’Amérique latine et des Caraïbes ( information aimablement communiquée par M. Grégory Lévy, avocat, dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). l’autre des Chambres de commerce (information aimablement communiquée par M. Anis Bettaieb, dans le cadre du forum de discussion arbitrageADR ; infor mations complémentaires sur la pratique arbitrale de ces trois Chambres : http:// ciamex.over-blog.com/article-577169.html). La Chambre de commerce italienne pour la France (CCIF) (134, rue du Faubourg SaintHonoré 75008 Paris, Tél. +33 (0)1 53 93 73 71 – Fax +33 (0)1 42 89 14 58) vient de créer une Cour d’arbitrage qui a pour mission d’aider les opérateurs économiques franco-italiens à résoudre leurs conflits de manière plus rapide et efficace et d’éviter ainsi que les juridictions de l’un ou l’autre for aient à connaître de l’affaire. Cette Cour a formalisé sa procédure en deux textes : le Règlement d’arbitrage (mis en place en 2004) et le Règlement de conciliation début 2005. Pour plus de renseignements : www. france-italie.net (information aimablement communiquée par M. Grégory Lévy, avocat, dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). Les statistiques 2004 de la Cour internationale d’arbitrage de la CCI viennent d’être publiées : 561 demandes d’arbitrage ont été reçues par la Cour de la CCI ; ces requêtes concernaient 1 682 parties originaires de 116 pays différents ou territoires indépendants ; dans 11,6 % des affaires, l’une au moins des parties était une entité publique ou semi-publique ; le lieu de l’arbitrage était situé dans 49 pays différents à travers le monde ; des arbitres de 61 nationalités différentes ont été nommés ou confirmés selon le Règlement d’arbitrage de la CCI ; le montant en litige a excédé un million de dollars US dans 58,8 % des nouvelles affaires ; 345 sentences ont été rendues. Des statistiques plus détaillées sont publiées dans le rapport statistique 2004 qui figure dans le Bulletin de la Cour internationale d’arbitrage de la CCI, Volume 16/N° 1 (www.iccwbo.org/court/french/right_topics/stat_ 2004.asp). Vient également de se créer une nouvelle institution permanente d’arbitrage : « la Cour atlantique d’arbitrage international Agadir-Iles Canaries ». L’initiative en revient aux Chambres de commerce d’Agadir (Maroc), de Las Palmas et de Santa Cruz de Tenerife (Espagne). Cette coopération entre les milieux économiques marocains et espagnols est le signe fort d’une volonté de sécurisation des rapports entre les opérateurs du commerce, de l’industrie et du transport maritime oeuvrant dans cette zone d’activité (Souss Massa Drâa, Iles Canaries). Elle consacre l’instauration d’un espace commun d’arbitrage pour résoudre les différends commerciaux. La présence des deux Ministres de la Justice marocain et espagnol, marque le soutien des autorités étatiques à cette démarche (on dénombre environ un millier d’entreprises espagnoles implantées au Maroc, représentant plus de 20 % des investissements directs au Maroc). Les demandes d’arbitrage sont introduites auprès de l’une ou The UNCITRAL Working Group on International Arbitration and Conciliation (WG), expects to present to the Commission, for approval during the UNCITRAL 2006 Plenary, a legislative package. The subject matter will be: (1) the writing requirement of the agreement to arbitrate, and (2) Interim Measures in arbitration (IM). The international arbitration community considered widely the IM project, with special focus on the power of arbitral tribunals to issue ex-parte IM (Provisional Orders in the WG’s Draft). Scarce attention has been given to the writing requisite. The WG will meet in Vienna on 3-7 October 2005 and again in New York (23-27 January 2006). Although all issues may be reopened, the WG considers the IM package as practically agreed; with some refining and polishing to be done 677 LES « BRÈVES » de Christophe IMHOOS during the October meeting. Once the WG finishes the IM draft, it will resume its work on the writing requisite of the agreement to arbitrate. (IBA Legal Practice Division, Arbitration Committee Newsletter, September 2005, p. 53) Le prochain congrès de l’International Council for Commercial Arbitration (ICCA) se tiendra du 8 au 10 juin 2006 à Dublin, en Irlande, sous les auspices du barreau irlandais (International Arbitration Law Review, 2005, Issue N° 4, N-52). Le Centre de Médiation et d’Arbitrage de Paris (CMAP) organise plusieurs fois par an une formation à l’arbitrage. Les prochaines débutent fin septembre et octobre. Cette formation a pour principal objectif de permettre de pratiquer l’arbitrage (rédaction de l’acte de mission jusqu’à la sentence arbitrale) et de maîtriser l’ensemble des règles de la procédure d’arbitrage ; c’est une des rares formations de ce niveau à être dispensée en français. Les enseignants (le Professeur Éric Loquin, le Président Ivan Zakine, le Président Jean-Luc Sauvage, etc.) sont des praticiens reconnus de l’arbitrage et interviennent sous la coordination de M. Jean-Pierre Ancel, Président de la première Chambre civile de la Cour de cassation et Président de la Commission d’agrément et de nomination du CMAP (Inscriptions et renseignements : CMAP, 39, avenue Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris – Tél. : +33-(0)1 44 95 11 40 – Fax : +33-(0)1 44 95 11 49 – E-mail : [email protected] – site web www.cmap.fr). L’Institut du droit des affaires internationales de la CCI organise du 10 au 13 octobre 2005, à son siège, à Paris, son traditionnel séminaire « PIDA » sur l’étude d’un cas pratique selon le Règlement d’arbitrage de la CCI. Travaillant en petits groupes et dans une simulation interactive avec des experts internationaux de l’arbitrage – parmi lesquels des personnalités ayant participé à l’élaboration et la mise en œuvre du Règlement d’arbitrage de la CCI –, les participants approfondiront leurs connaissances et leur pratique de ce 678 Règlement. (R enseignements et inscriptions auprès de l’Institut du Droit des Affaires Internationales de la CCI, 38, cours Albert 1 er, F75008 Paris – Tél. +33-(0)1 49 53 28 28 – Fax +33-(0)1 49 53 30 30 – E-mail [email protected] – site web www.iccconference.com). L’Institut pour l’Arbitrage International (IAI) organise à Paris au Cercle de l’Union Interalliée, le 20 octobre 2005, un séminaire sur le thème « Les émanations des États dans l’arbitrage international » (renseignements et inscription auprès de Mme Nanou Leleu-Knobil, International Arbitration Institute (IAI), c/o Shearman & Sterling LLP, 114, av. des Champs-Élysées, F-75008 Paris – Fax: +33-(0)1 53 89 70 70 – site web www.iaiparis.com). L’Institut du droit des affaires internationales de la CCI en collaboration avec l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE) et l’Association européenne des juristes d’entreprise (AEJE) organise le 25 octobre 2005, au siège de la CCI, à Paris, un séminaire sur le thème « Arbitrage et Managers » dont le but et de procurer aux juristes d’entreprise et directeurs impliqués dans la négociation de contrats internationaux un aperçu pratique de l’arbitrage commercial international et comment utiliser ce type de règlement des litiges (Renseignements et inscriptions auprès de l’Institut du Droit des Affaires Internationales de la CCI, 38, cours Albert 1er, F75008 Paris – Tél. +33-(0)1 49 53 28 91 – Fax +33-(0)1 49 53 30 30, E-mail [email protected], site web www.iccconferences.com). Un nouveau livre a paru : il s’agit du « Guide pratique de l’arbitrage et de la médiation commerciale », écrit par les Professeurs Pascal Ancel, Marie-Claire Rivier, Yves Reinhard, Maîtres André Boyer, Philippe Genin et par HenriJacques Nougein (Éditeur LexisNexis, coll. Pratique professionnelle – Procédure, 273 pages). Pour plus d’informations : http://boutique.lexisnexis.fr/jcshop/boutique.html (information aima- LES « BRÈVES » de Christophe IMHOOS blement communiquée par M. le Professeur Thomas Clay dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). Deux livres également importants viennent de paraître : en premier lieu, la publication des actes du Congrès de l’Association internationale de droit judiciaire qui s’est tenu à Paris et à Dijon en septembre 2004. Publié sous la direction des Professeurs Loïc Cadiet (dir.), Thomas Clay et Emmanuel Jeuland, ce livre, édité par LexisNexis, dans la collection « Pratique professionnelle » s’intitule « Médiation et arbitrage . Alternative Dispute Resolution. Alternative à la justice ou justice alternative ? Perspectives comparatives ». Fort de 442 pages, cet ouvrage s’organise sous forme de rapports généraux; la première partie est consacrée à la médiation : « Médiation et institution judiciaire » (Giuseppe Tarzia), « Médiation et droit des contrats » ; (Charles Jarrosson), « Médiation et contentieux familial » (Jacques van Compernolle), « Médiation et contentieux de la consommation » (Burkhard Hess), « Médiation et contentieux des affaires » (Paul Le Cannu), « Médiation et contentieux du travail » (Françoise Favennec-Héry) ; la seconde partie du livre est consacrée à l’arbitrage : « La circulation des conventions d’arbitrage » (Pierre Mayer), « L’indépendance et l’impartialité de l’arbitre dans l’arbitrage international » (Johnny Veeder), « La contribution de l’arbitrage à l’harmonisation internationale des règles de procédure civile » (Konstantinos Kerameus), « Le juge d’appui » (Dominique Hascher), « Les mesures provisoires et l’arbitrage (François Knoepfler). Pour en savoir plus, cf. : http://boutique.lexisnexis.fr/jcshop/boutique.html. En second lieu, est paru « Le recueil de sentences arbitrales du CEPANI. 1985-1995 » sous la direction de Guy Keutgen, aux éditions Bruylant (448 pages). Chaque décision est commentée dans la langue où elle est rendue. Un résumé est joint dans deux autres langues. Un relevé des mots clés en facilite la consultation. Pour en savoir plus : http:// www.bruylant.be/fr/index.php (information aimablement communiquée par M. Grégory Lévy, avocat, dans le cadre du forum de discussion arbitrage-ADR). 679